Partez avec Jean des Cars à Monaco

Transcription

Partez avec Jean des Cars à Monaco
Partez avec Jean des Cars
!
à Monaco
!
du 10 au 12 avril 2015
!
Jean des Cars a le goût de l’histoire et du récit. Historien,
auteur notamment de La saga des Grimaldi (réédition
Phébus) et de Inoubliable Grace de Monaco (Editions du
Rocher) ce conteur hors pair des grandes dynasties
d’Europe a bien connu le prince Rainier et la princesse
Grace. Témoin privilégié de la vie monégasque, Jean des
Cars continue de tisser des liens privilégiés avec le prince
Albert de Monaco et sa famille. Nos visites, entre autres, du
Palais Princier, du Musée Océanographique, de l’Opéra et
nos échappées du côté des villas Ephrussi de Rothschild et
Kérylos seront rythmées par les connaissances et la verve
de cet éminent spécialiste. Un week-end princier à Monaco
à ne pas manquer. Et quelle belle manière de rentrer dans
la grande histoire de ce petit Etat en compagnie de ce
monégasque de cœur !
VOYAGES A LA UNE : - Quelle est l’histoire
de Monaco, thème de l’une de vos
conférences de ce week-end princier?
JEAN DES CARS : - C’est une histoire que les
gens connaissent mal et qui est fascinante. Et
c’est une erreur de croire que les petits pays ne
peuvent pas avoir une grande histoire. La
Principauté de Monaco qui n’a pas toujours été
une principauté mais une seigneurie est un sujet
unique dans l’histoire européenne. Ce petit
morceau de territoire qui était plus grand
qu’aujourd’hui et qui englobait Menton et
Roquebrune Cap-Martin jusqu’au Second Empire
français, est une position stratégique. Le Rocher
avec son port en eaux profondes était déjà connu
du temps des Romains. La saga des Grimaldi a
débuté au XIIIe siècle par l’arrivée, la nuit, comme
dans un roman d’Alexandre Dumas, de François
Grimaldi venu de Ligurie. Déguisé en moine, il a
pris le Rocher par ruse. Ce qui est intéressant
c’est que ce petit morceau de territoire va être
revendiqué par tout le monde. A un moment ce
sera un protectorat espagnol sous Charles Quint.
C’est d’ailleurs Charles Quint qui décide que le
Seigneur de Monaco sera un Prince de Monaco.
Mais c’est Louis XIV qui décidera qu’il aura droit
au titre d’Altesse sérénissime.
- Pourquoi la Principauté de Monaco fait-elle
autant rêver ?
- Cela remonte au prince Charles III qui a eu
l’idée géniale
d’autoriser les jeux avec la
construction d’un Casino via la Société des bains
et mer et de créer en 1866 le quartier de
Monte-Carlo, un quartier mondain et élégant.
Très astucieusement il prévoit que les joueurs
!
venant de France ou d’Italie, auront un retour
gratuit assuré en train ou en bateau dans un
rayon de 50 kilomètres. Le développement de ce
quartier sera marqué par un autre événement, la
construction de l’Opéra de Monte-Carlo et de la
ravissante salle Garnier dont je vous ouvrirai les
portes.
- Nous découvrirons aussi, entre autres, le
Musée Océanographique, œuvre visionnaire
du prince Albert Ier dont vous évoquerez
l’extraordinaire parcours.
- Le prince Albert Ier est un personnage
fascinant digne de Jules Verne. C’était un grand
navigateur doublé d’un grand scientifique.
Océanographe, il est l’inventeur du « monde du
silence » qu’il avait présenté au pied de la tour
Eiffel lors de l’exposition universelle de 1889. Il
fait ensuite construire le Musée Océanographique.
Cet homme brillant, complet a eu l’idée de
l’Institut international de la paix, organisme
chargé de régler les contentieux bien avant la
Société des Nations et d’une police internationale,
ancêtre d’Interpole.
- Autres figures mythiques, celles du prince
Rainier III et de la princesse Grace auxquels
vous avez consacré de nombreux ouvrages.
Quel couple formaient-ils ?
- J’avais posé cette question à Rainier qui m’avait
répondu : « Nous formions une très bonne
équipe ». Ils se complétaient, ils étaient parfaits
dans leur rôle. En 1956, le mariage avec Grace a
été un miracle. La mise en scène par la MGM de
leur union a été une grande réussite. Grace que
j’ai très bien connu, a été comme l’a dit François
Truffaut lors du dîner que nous avions organisé
en son honneur, « parfaite dans tous ses rôles ».
Elle avait de la classe, de la tenue. Elle est
devenue la personne qui symbolisait la
Principauté tout en n’ayant jamais renié
Hollywood.
- En tant que témoin privilégié quel souvenir
gardez-vous de la princesse Grace ?
- Il y en a un très émouvant alors que j’étais
journaliste à Paris-Match. La princesse, pourtant
toujours très ponctuelle, arrive en retard,
décoiffée, très émue, s’excuse en me disant : « Il
faut absolument que je parle tout de suite au
prince, qu’il appelle le préfet des Alpes-Maritimes.
Je viens de prendre cette route très dangereuse,
quelqu’un va se tuer ». C’est cette même route
descendant de Rocagel où elle a trouvé la mort
des années plus tard. Elle avait eu ce
pressentiment… Mais cette route n’est pas
comme on le dit souvent, celle que l’on voit dans
La Main au collet d’Alfred Hitchcock.
- Quel destin !
- Grace a tourné La Main au collet avant de
rencontrer Rainier. Il y a un plan du film où,
après la fameuse course en voiture, Cary Grant
et Grace Kelly s’arrêtent sur le bas côté, avec, en
arrière plan, le Rocher. Et Cary Grant de dire à
Grace : « Vous êtes venue en Europe pour vous
marier ». C’était un an et demi avant le mariage
de Rainier et de Grace…
- Vous qui avez également bien connu le
prince Rainier III, quel genre d’homme étaitil?
- Monaco doit énormément au prince Rainier qui
était un vrai politique, un patron d’une grande
autorité, un immense travailleur. N’oublions pas
qu’il avait mis Onassis à la porte parce qu’il avait
essayé de mettre la main sur Monte-Carlo et
Monaco. Rainier m’avait dit un jour: « Dans un
petit pays les problèmes sont tout de suite
immenses ». Et c’était vrai. Cet homme plein de
charme et d’humour connaissait ses dossiers par
cœur, exigeait des réponses dans la journée, avait
redressé les finances, bâti un nouvel état et
construit une nouvelle image. Leurs enfants ont
grandi en même temps que la Principauté.
- Avec la naissance du prince héritier
Jacques et de sa jumelle Gabriella, la
pérennité de la Principauté est garantie.
- Il y a une curiosité intéressante mais qu’on
oublie souvent : les femmes ont toujours pu
succéder aux hommes. Des femmes ont ainsi
régenté Monaco. Si on va dans l'histoire récente,
la mère du prince Rainier, la princesse Charlotte,
avait été acceptée par la République française en
1918 comme enfant naturelle du prince Louis II.
Elle avait été reconnue par la République parce
qu’en 1918 le seul héritier direct des Grimaldi
était un cousin allemand… Mais il n’était pas
!
question après quatre ans de guerre mondiale
d’admettre aux portes de la République française
un souverain allemand !
- La succession est-elle toujours soumise à
l’approbation de la France ?
- Absolument. Un nouveau souverain de Monaco
doit être confirmé par la République française. Et
il y a eu un cas particulièrement intéressant
lorsque Caroline a épousé le prince Ernst August
de Hanovre. Elle a du avoir deux autorisations
formelles. La première de Jacques Chirac
président de la République et la seconde de la
reine d’Angleterre Elisabeth II puisque les
souverains britanniques sont descendants des
Hanovre depuis 1714.
- Au cours des siècles quelles ont été les
relations avec la France ?
- Les grandes relations avec la France datent du
traité de Péronne en 1641 préparé par Richelieu,
signé par Louis XIII qui fait de la France le
protecteur de la sécurité et de la défense de ce
petit territoire. En revanche les princes de
Monaco servent au service de la France et
s’engagent, un peu comme dans la Légion
étrangère, pour défendre son territoire. C’est une
vieille tradition. Par exemple, à la bataille de
Fontenoy
au
XVIIIe
siècle,
Voltaire
écrit : « Monaco perd son sang ». Le prince de
Monaco qui servait les armées de Louis XV avait
été blessé. Plus tard Honoré V au moment de
l’Empire français a été chambellan de Joséphine.
Et il s’était engagé au service de la France alors
en guerre.
- Comment analysez-vous la crise de 1962
qui opposa la France du général de Gaulle à
la Principauté des Grimaldi?
- Le Prince Rainier m’avait expliqué la vraie raison
selon lui de cette crise de 1962 avec le général
de Gaulle. Il y avait effectivement des problèmes
d’harmonisation fiscale. Mais en 1962 c’est la fin
de la guerre d’Algérie. Et certaines banques
monégasques avaient reçu des fonds appartenant
à de riches familles pieds-noirs. Des
investissements faits sur la demande tacite mais
incontestable de la France. De Gaulle n’en n’avait
pas été informé. Lorsqu’il l’a appris, il a été
furieux. Ce fut le déclic. Par ailleurs, comme de
Gaulle n’aimait pas les Américains, il était
persuadé dans ses fantasmes que Grace était
devenue un de leurs agents. Grace a été
fantastique dans cette guerre stupide de barrière
douanière qui faisait mentir la très jolie phrase de
Colette en 1949, à l’avènement de Rainier :
« Monseigneur votre pays est le seul dont les
frontières soient des fleurs ».