La plage: problèmes cutanés et risques mortels
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La plage: problèmes cutanés et risques mortels
ac t u e l La plage: problèmes cutanés et risques mortels Anja Wysocki Dermatologie, Luzerner Kantonsspital Luzern La plupart des êtres humains prennent des vacances au bord de l’eau pour se détendre. Ils ne s’informent pas toujours suffisamment sur le pays à visiter, notamment en matière de risques pour la santé, et cette négligence peut coûter cher. En Europe, où la mobilité est très élevée, le réseau EuroTravNet a recensé en 2008 presque 7000 cas de maladies infectieuses au retour de voyages, dont 12% affectaient les tissus cutanés [1]. Des dangers existent également tout près de chez nous, et nous avons tendance à les négliger. Cet article donne un aperçu succinct et non exhaustif des risques liés à la baignade. Risques universels Noyade En Europe, la noyade cause environ 20 000 décès chaque année et représente la deuxième cause de mortalité accidentelle après les accidents de la circulation. En raison d’une hydrographie abondante, les noyades sont également nombreuses en Suisse: 36 en 2007 et en 2009, 43 en 2010, et même 90 pendant l’année de canicule 2003, selon les statistiques de noyades de la Société suisse de sauvetage (SSS). Le risque est particulièrement élevé dans les plans et cours d’eau ouverts, où surviennent 9 noyades sur 10. La disparité entre les sexes est frappante: 80% des victimes sont des hommes et 20% des femmes. Six enfants et huit adolescents en moyenne se noient chaque année en Suisse, la plupart d’entre eux après une chute subite dans l’eau (www.slrg.ch). Un choc thermique peut survenir lorsque la température de l’eau est inférieure à 10 à 12 °C, et une hypothermie au-dessous de 28°C. D’autres facteurs déterminants sont l’inhalation liquidienne et les traumatismes. On peut encore mentionner en passant des maladies rares comme l’urticaire au froid et la mastocytose qui, dans l’eau froide, peuvent entraîner une libération accrue d’histamine conduisant à un ensemble de symptômes de choc. L’auteure déclare ne pas avoir de lien financier ou personnel en rapport avec cette contribution. Erythème solaire A la plage, bien des vacanciers et des sportifs rafraîchis par la baignade ne se protègent pas suffisamment du rayonnement solaire, et lorsqu’ils en ressentent les effets il est déjà trop tard. Le rayonnement UV est réfléchi par l’eau et le sable, et son intensité sous 50 cm d’eau claire se situe toujours entre 50 et 80% de sa valeur en surface. De plus, les gouttes d’eau sur la peau agissent comme des loupes et concentrent encore le rayonnement. Effets à long terme: héliodermie et cancer de la peau Le photovieillissement est un effet indésirable de l’exposition excessive de la peau au soleil qui ne se manifeste qu’après des dizaines d’années. A cet égard, comme à celui de la prévention du cancer cutané, c’est au cours des années à venir que les nouveaux produits protégeant la peau du rayonnement UVA et UVB vont devoir faire la preuve de leur efficacité. Les produits anti-UVB sont déjà utilisés depuis longtemps, mais leur facteur de protection, autrefois trop faible, ne prévenait que des coups de soleil et non des dommages photo-induits. Il faut appliquer un agent de protection solaire de catégorie très haute (facteur de protection solaire 50+) au moins 30 min avant l’exposition. Le facteur de protection UVA figure aussi sur les produits, et il doit être supérieur au tiers du facteur de protection UVB. En cas de séjour prolongé dans l’eau, il faut porter des vêtements protégeant adéquatement contre les UV. Requins La dangerosité des requins est nettement exagérée dans nos imaginaires. Le film «Les dents de la mer» de Steven Spielberg, sorti en 1975, a contribué à la réputation meurtrière de ces poissons cartilagineux. Mais la réalité est toute différente. On trouve des statistiques sur les risques liés aux requins et à leurs attaques sur les sites Web du International Shark Attack File (ISAF) et du Shark Accident Victim Network (SAVN). Selon ces sources, les attaques spontanées de requins font tout au plus dix victimes par an dans le monde. Ces chiffres sont à comparer aux 750 000 t de poissons cartilagineux finissant chaque année comme prises accessoires dans les filets de pêche, soit environ 70 à 100 millions de requins et de raies. Cette pratique de pêche a déjà entraîné l’extinction de 70 espèces de requins parmi les 500 connues. Animaux marins venimeux actifs Au niveau mondial, env. 150 millions de baigneurs entrent chaque année en contact avec des animaux marins venimeux. Dans la suite, je vais passer en revue une série de risques très répandus, mais aussi certains risques insolites et exceptionnels en rapport avec des animaux vivant en eau douce ou salée. Les venins des animaux marins sont des mélanges complexes de substances de nature essentiellement protéique [2]. Le contact cutané avec des méduses représente la cause la Forum Med Suisse 2011;11(26):446–451 446 ac t u e l plus fréquente de lésions dues aux animaux marins [3]. On trouve par ex. des informations systématiques sur les animaux venimeux sous www.toxinfo.org, ou encore des conseils d’ordre général concernant le traitement sur le site www.apothekenumschau.de (en allemand). Les raies armées Les raies regroupées sous cette appellation portent un ou deux aiguillons venimeux nantis de denticules rétrogrades sur leur appendice caudal (fig. 1 x). En 2006, la mort du réalisateur de documentaires Steve Irwin – connu sous le nom de Crocodile Hunter – suite à une piqûre de raie pastenague avait attiré l’attention du public sur ce groupe de poissons. Les symptômes comprennent de vives douleurs, des affections cardiovasculaires et un choc. La thérapie consiste à traiter la partie affectée avec de l’eau de 40 à 45 °C (les protéines complexes du venin sont thermolabiles), à poser un bandage selon la technique de pression-immobilisation et à traiter le choc. Les vives Ces poissons, dont la robe se confond avec le sol marin (fig. 2 x) et qui s’enfouissent dans le sable à proximité des plages en période de frai, vivent dans l’Atlantique, la mer Noire, la Méditerranée, et la Baltique. Ce sont les poissons les plus venimeux d’Europe, et leur première nageoire dorsale comprend 5 à 7 épines reliées à une glande à venin [2]. La piqûre peut entraîner des douleurs aiguës et une nécrose localisée des tissus, mais elle n’est pas mortelle. Sur le plan du traitement, il faut extraire l’épine et instaurer une prophylaxie antitétanique. La meilleure mesure de prévention consiste à porter en permanence de solides chaussures de bain. Le poisson pierre Le poisson pierre se rencontre dans l’océan Pacifique et l’océan Indien, notamment près des côtes de l’île Maurice, et son corps couvert d’excroissances cutanées et taché de couleurs claires et foncées, à l’apparence d’une pierre, lui offre un excellent camouflage (fig. 3 x). Dans sa nageoire dorsale, il est armé de fortes épines (capables de percer des chaussures de bain) qui sont reliées à des glandes secrétant un venin similaire à celui des cobras [2]. Les symptômes s’étendent de l’œdème sous-cutané et de la nécrose localisée des tissus à la paralysie nerveuse et à l’arrêt respiratoire. Le traitement comprend à nouveau l’immersion du membre atteint dans de l’eau chaude, car ce venin est lui aussi thermolabile. Un contrepoison a été élaboré en Australie, mais il doit être administré dans les minutes qui suivent l’envenimation [4]. Figure 1 Raie dans la zone de plongée «Stingray City» aux îles Caïman. © Durdenimages / Dreamstime.com. Cnidaires (méduses, polypes) L’appareil venimeux des cnidaires est formé d’un très grand nombre de capsules urticantes libérant leurs toxines (cytolysines et neurotoxines) sous l’effet d’un contact. Les méduses se laissent en général entraîner par les courants marins, mais elles peuvent également se mouvoir par contraction musculaire. Les polypes sont quant à eux fixés au sol ou sur un support [2]. Le danger pour l’homme est très différent d’une espèce de méduse à l’autre: il vaut donc la peine de les classer par ordre de danger [5]. Figure 2 Vive (Trachinus draco). © Hans Hillewaert. Figure 3 Poisson pierre. © jxpfeer / Dreamstime.com. Forum Med Suisse 2011;11(26):446–451 447 ac t u e l Méduses inoffensives pour l’homme La méduse aurélie (Aurelia aurita) On la trouve en mer du Nord et en mer Baltique. Il s’agit d’une méduse inoffensive ne provoquant qu’une réaction locale. Elle est sans danger pour l’homme, car le venin contenu dans ses cellules urticantes, quoique fortement toxique, ne pénètre pas la peau humaine. Cette méduse translucide à l’ombrelle gélatineuse peut atteindre 40 cm de diamètre, et elle doit son nom à ses quatre organes génitaux en forme d’oreille. Parmi les autres méduses inoffensives, mentionnons Cotylorhiza tuberculata, communément appelée méduse œuf au plat, et les cténophores, un groupement d’espèces ressemblant aux méduses. Méduses peu dangereuses pour l’homme (réactions locales et passagères) La méduse striée du pacifique (Chrysaora melanaster) Cette méduse du Pacifique et de la partie tropicale de l’Atlantique doit son nom à son ombrelle striée, mesurant quelque 35 cm de diamètre. Elle produit des venins neurotoxiques et cardiotoxiques. Le contact provoque des douleurs pouvant durer plusieurs heures. Il existe une possibilité de sensibilisation au venin particulier de cette méduse. Le deuxième contact peut provoquer une réaction anaphylactique. Parmi les autres méduses peu dangereuses pour l’homme, citons la méduse poumon (Rizosthoma pulmo), la plus grande méduse de la Méditerranée. Elle peut atteindre un diamètre de 60 cm. Méduses présentant un danger moyen pour l’homme Ces méduses provoquent des réactions locales moyennes à fortes, et il peut survenir des réactions générales allant des nausées et vomissements jusqu’à la perte de connaissance. La méduse pélagique (Pelagia noctiluca) Cette méduse d’une rare beauté (fig. 4 x), luminescente de nuit, est localisée dans la Méditerranée, autour de la Grande-Bretagne et dans la zone tropicale de l’Atlantique. L’espèce forme de larges bancs de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de spécimens. Le contact avec la méduse pélagique provoque des douleurs piquantes, et provoque des vésicules guérissant après plusieurs semaines. La méduse crinière de lion (Cyanea capillata) Elle est appelée ainsi en raison de son aspect. Cette espèce est présente dans l’Atlantique, la Manche, la mer du Nord et la mer Baltique. La méduse à crinière de lion possède une ombrelle mesurant jusqu’à 50 cm de diamètre bordée de quelque 150 tentacules longues d’environ 1 m. Le venin des nématocystes des tentacules peut causer des réactions locales urticariennes. Méduses présentant un grand danger pour l’homme Cela signifie: réactions fortes sur le plan local, réactions générales à risque létal. La cuboméduse d’Australie ou box jellyfish ou guêpe de mer (Chironex fleckeri, classe des Cubozoa) La cuboméduse d’Australie (fig. 5 x) se rencontre dans le Pacifique occidental ainsi qu’au nord et à l’est du littoral australien. Pendant la haute saison (de mai à octobre), elle séjourne de préférence dans les eaux peu profondes. Elle possède quatre bras dont chacun est prolongé par une quinzaine de tentacules. Grâce à ses yeux munis de lentilles très développées, elle est capable d’éviter les obstacles. Chaque tentacule contient des millions de capsules urticantes qui, une fois sti- Figure 4 Méduse pélagique (Pelagia noctiluca). © Vilainecrevette / Dreams time.com. Figure 5 Cuboméduse. © Daleen Loest / Dreamstime.com. Forum Med Suisse 2011;11(26):446–451 448 ac t u e l phore marin, c’est-à-dire d’une colonie comportant quatre types de polypes et médusoïdes. On la trouve dans les mers tropicales et subtropicales, plus fréquemment dans la partie tropicale de l’Atlantique, les Caraïbes en particulier, et en Méditerranée. La colonie est munie de flotteurs contenant des gaz (CO2 et N2) lui permettant de rester à la surface des mers, et de filaments pêcheurs d’une longueur pouvant aller jusqu’à 50 m partant sous les flotteurs. Les nématocystes produisent un composé de protéines toxiques contenant des élastases, des endonucléases, des collagénases et une cytotoxine, la toxine de Physalia physalis. Le contact cutané provoque des lésions en forme de lacérations, accompagnées de violentes douleurs. La réaction systémique peut aller jusqu’à l’hémolyse ou la défaillance cardiovasculaire. Traitement des piqûres de méduses [7] Figure 6 Galère portugaise. © U.S. Department of Commerce, National Oceanic and Atmospheric Administration. mulées, se déchargent sous une pression de 150 atmosphères et pénètrent facilement dans l’épiderme humain. Le contact provoque une douleur foudroyante et un érythème; plus tard, il entraîne des nécroses dont la guérison laisse des cicatrices. Les symptômes généraux, dont la gravité dépend de l’étendue du contact cutané, peuvent aller jusqu’à la perte de connaissance, l’arythmie et l’arrêt respiratoire. Les meilleures mesures de prévention consistent à observer les recommandations aux baigneurs et les alertes signalant les méduses, qui ne sont manifestement pas toujours respectées en Australie [6]. La méduse irukandji (Carukia barnesi) La méduse irukandji est extrêmement dangereuse. Elle vit le long des côtes d’Australie du Nord. Les nématocystes contenant le venin se trouvent directement sur son ombrelle, dont le diamètre est de 2 à 3 cm, et non sur les tentacules. Le syndrome d’Irukandji survient environ 5 à 45 minutes après les piqûres. Il se traduit par: insensibilité aux doigts et aux orteils, céphalées, tachycardie, hypotension, défaillance cardiaque et œdème pulmonaire. La galère portugaise (Physalia physalis) La galère portugaise, ou physalie (fig. 6 x) n’est pas une méduse proprement dite: il s’agit d’un siphono- En général – Sortir immédiatement de l’eau. – Ne pas laver la lésion à l’eau douce pour éviter que les cellules urticantes se déchargent. – Rincer à l’eau salée. – Enlever les tentacules encore présents sur la peau, par ex. avec du sable ou une carte de crédit. – Refroidir. – Faire en sorte que les sauveteurs n’entrent pas en contact avec des parties de méduses. – Mesures de premier secours. – Analgésiques. – Antihistaminiques. – Antisérum (cuboméduse). Mesures locales selon l’espèce de méduse Cuboméduse: vinaigre de ménage. Galère portugaise: pas de vinaigre, uniquement eau salée. Méduse striée du Pacifique: bicarbonate d’ammonium (poudre à lever). Méduse pélagique: solution de sulfate de magnésium (sel d’Epsom). Après contact avec une méduse et une fois que les soins aigus ont été pratiqués et les nématocystes ôtés, on peut traiter la peau avec une crème contenant une combinaison de cortisone et d’antibiotiques, afin d’endiguer les réactions inflammatoires locales ainsi que les surinfections. Les résidus tardifs, comme les cicatrices et les hyperpigmentations postinflammatoires, devraient faire l’objet d’un contrôle chez le dermatologue et d’un traitement (crème de protection solaire, de manière résolue, selon l’état: crème cicatrisante, éventuellement crème éclaircissante, crème occlusive à court terme à base de cortisone, cryothérapie, etc.). Méthodes plus récentes Appliquée sous forme de spray, la lidocaïne exerce un effet local analgésique et selon [8], elle freinerait la décharge des nématocystes. L’observation de la symbiose entre le poisson clown et l’anémone de mer a permis aux chercheurs de découForum Med Suisse 2011;11(26):446–451 449 ac t u e l Figure 7 Oursin. © Giave83 / Dreamstime.com. vrir une substance proche de la silicone et protégeant le poisson de l’anémone. On a réussi à synthétiser une substance analogue (nommée «Safe Sea»), dont la protection se révèle toutefois insuffisante contre les piqûres de cuboméduses. Il faut extraire les épines le plus rapidement possible, si besoin après application d’une crème kératolytique [2]. Les cônes (conidés) Les cônes, considérés comme les plus beaux coquillages au monde, sont très dangereux, et le venin de certaines espèces peut être mortel pour l’homme. On les trouve dans les mers tropicales et subtropicales ainsi que dans le bassin Indopacifique. Leur venin se compose d’une cinquantaine de toxines différentes (conotoxines). Leur appareil venimeux se termine à la pointe par deux harpons dans lesquels s’engage une dent exsertile, qui se projette en avant pour piquer la proie [2]. La réaction locale, infime, avec hypoesthésie sur le site de piqûre, est rapidement suivie de paralysie musculaire et respiratoire. Il faut alors initier le plus rapidement possible des mesures de traitement de premier secours. Larva migrans Les larves des ankylostomes divers des pays chauds d’Asie, d’Afrique, d’Europe méridionale, d’Amérique centrale et du Sud et du sud des Etats-Unis sont transmises sur la plage via les matières fécales des chiens et des chats. Elles infestent les baigneurs marchant à pieds nus ou couchés à même le sable. L’être humain fait figure d’hôte accidentel. Les larves ayant pénétré par voie cutanée avancent de quelques millimètres à quelques centimètres par jour en formant des canaux de forme très irrégulière et provoquent une affection dermatologique associée à des démangeaisons pénibles, la larva migrans cutanée. Elles meurent au bout de quatre semaines, car l’homme n’est qu’un hôte accidentel pour ce parasite qui ne peut pas s’y développer. Les fortes démangeaisons provoquées par les larves conduisent la victime à consulter pour un traitement. Les crèmes à base de thiabendazole en application topique guérissent la lésion en quelques jours. Certains auteurs préconisent un antihelminthique systémique par albendazole (400 mg/jour per os pendant 1 semaine) [9]. Notre propre expérience a montré que la thérapie locale, im- Les oursins (échinidés) Les oursins (fig. 7 x) sont présents dans toutes les mers du monde et ils causent principalement des lésions traumatiques. En raison des réactions tissulaires marquées, il est probable que les épines de certaines espèces contiennent du venin. L’oursin diadème vit dans les mers tropicales et possède un colorant bleu qui, s’il pénètre dans la peau, provoque un «tatouage». Maladies parasitaires Forum Med Suisse 2011;11(26):446–451 450 ac t u e l pliquant peu d’effets indésirables, est efficace même dans des cas étendus. Risques lors de baignades en eau douce Le candirù ou poisson vampire du Brésil (Vandellia cirrhosa) Le candirù est un poisson d’eau douce de l’Amazonie de l’ordre des siluriformes. Il est translucide et mesure 2,5 cm. Sa technique consiste à se loger dans les branchies d’autres poissons pour se nourrir du sang de sa victime. S’il est attiré par l’urine ou le sang de baigneurs, il remonte le flux d’urine et se loge dans l’urètre, causant d’atroces souffrances à sa victime. Il est nécessaire de recourir à l’opération chirurgicale pour le déloger. La dermatite du baigneur («puces de canards») L’homme est encore une fois un hôte accidentel passager pour ce parasite, une cercaire du Trichobilharzia szidati, qui se trouve dans les lacs à une température de plus de 20 °C. Les véritables hôtes en sont les oiseaux aquatiques. Les sites de pénétration des cercaires se couvrent en premier lieu de vésicules rouges de petite taille, et c’est seulement au deuxième contact, par amplification de la réaction de défense, que se manifestent des efflorescences urticariennes accompagnées de violent prurit pouvant durer trois semaines. On peut soulager les symptômes par l’application topique de crèmes stéroïdiennes et l’administration d’antihistaminiques p.o. Autres maladies Citons encore au passage, parmi d’autres maladies tropicales, la schistosomiase, les filarioses et l’ulcère tropical phagédénique, d’origine infectieuse ou faisant suite à des piqûres d’insectes ou à des lésions parfois minimes. Perspectives Dans une perspective de prévention, il serait souhaitable qu’avant de partir et en arrivant sur les lieux, les voyageurs se préoccupent davantage de se renseigner sur les particularités du pays où ils passent leurs vacances. En ce qui concerne les traitements préventifs et curatifs appropriés contre l’envenimation par des animaux marins, il faut poursuivre la recherche. Les comportements à risque pour l’être humain et l’environnement, tels que la plongée à proximité de méduses ou de requins ou la baignade dans l’Amazone, en présence de piranhas, de crocodiles et de candirùs, devraient appartenir au passé. L’idéal esthétique devrait s’adapter aux connaissances médicales selon lesquelles une peau claire équivaut à une peau en bonne santé et non le contraire. Selon des connaissances récentes, il ne suffit pas d’éviter le coup de soleil: une peau bronzée signifie déjà que l’ADN est endommagé et que le risque de cancer cutané est accru. Je remercie chaleureusement la professeure Nanna Y. Schürer. Son ouvrage [2] a suscité mon intérêt pour ce sujet et j’ai profité de l’excellent développement concernant les animaux marins venimeux. Correspondance: Dr Anja Wysocki Oberärztin Dermatologische Abteilung Luzerner Kantonsspital CH-6000 Luzern 16 [email protected] Références 1 Field V, Gautret P, Schlagenhauf P, Burchard GD, Caumes E, Jensenius M, et al. Travel and migration associated infectious diseses morbidity in Europe. BMC Infect Dis. 2010;10:330. 2 Schürer N. Gefahren im Badeurlaub. In: Plewig G, Tomas P (Hrsg.) Fortschritte der praktischen Dermatologie und Venerologie 2006. Springer, Heidelberg. 2007:346–54. 3 Brown TP. Diagnosis and management of injuries from dangerous marine life. MedGenMed. 2005;7(3):5. 4 Currie BJ. Marine antivenoms. J Toxicol Clin Toxicol. 2003;41(3): 301–8. 5 Litschauer-Poursadrollah M, Mayer DEY, Hemmer W, Jarisch R. Quallen und Gifttiere als Gefahr beim Baden. Dtsch Med Wochenschr. 2010;135:1073–7. 6 Sandro JJ, Usher K, Buettner P. «To swim or not to swim»: the impact of jellyfish stings causing Irukandji Syndrome in Tropical Queensland. J Clin Nurs. 2010;19(1–2):109–17. 7 Altmeyer P, Bacharach-Buhles M. Dermatitis medusica. In: Enzyklopädie der Dermatologie. Springer2008:L24.83. 8 Birsa LM, Verity PG, Lee RF. Evaluation of the effects of various chimicals on discharge of and pain by jellyfish nematocysts. Comp Biochem Physiol C Toxicol Pharmacol. 2010;151(4):426–30. 9 Veraldi S, Bottini S, Rizzitelli G, Persico MC. One-week therapy with oral albendazole in hookworm-related cutaneous larva migrans: A retrospective study on 78 patients. J Dermatol Treat. 2011. (Epub ahead of print). Forum Med Suisse 2011;11(26):446–451 451