Mémoire Libre : La production du dessin animé au

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Mémoire Libre : La production du dessin animé au
Mémoire Libre :
La production du dessin animé au Maroc
Encadré par :
Réalisé par :
Zoulikha MAAROUFI
Kaoutar BADIL
Professeur à l’ESCA Ecole de Management
Patricia ESSOMBA
Youssef RYADI
Niveau d’étude : 1ére année
Année scolaire : 2010-2011
Remerciement
En préambule à ce mémoire, nous adressons nos remerciements les plus sincères aux
personnes qui nous ont apporté leur aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce mémoire
ainsi qu’à la réussite de cette année universitaire.
Nous tenons à remercier sincèrement Madame Zoulikha MAAROUFI, qui en tant
qu’encadrant du mémoire, s'est toujours montré à l'écoute et très disponible tout au long de la
réalisation de ce mémoire, ainsi que pour l'inspiration, l'aide et le temps qu'elle a bien voulu
nous consacrer et sans qui ce mémoire n'aurait jamais vu le jour.
Nos remerciements s’adressent également à notre coach Madame Fatima BOUHALI qui
nous a guidé et conseillé tout au long de la réalisation de notre travail.
Nous adressons nos plus sincères remerciements au directeur des ressources humaines
Monsieur Franck BEUGNIET et Monsieur Abdallah EL FAKIR, responsable de la 2D et 3D
à SIGMA TECHNOLOGIES, ainsi que toute l’équipe qui travaille au sein de cette entreprise
pour leur soutien qui a été d’une très grande aide.
Enfin, nous exprimons notre gratitude à Monsieur GUESSOUSS directeur de l’école Jeanne
d’Arc ainsi que la direction de l’école primaire Amina Bintou Wahab et tous les élèves qui
ont accepté de répondre à nos questions.
Merci à toutes et à tous.
Nous dédicaçons ce travail à Monsieur Thami GHORFI, directeur Générale de l’ESCA
école de Management ainsi qu’à tous les lecteurs et espérons avoir pu leur transmettre
notre vision pour le développement d’un nouveau marché au Maroc : celui de la
production de dessin animé.
Sommaire
Introduction Générale
 Définition
 Historique
 Le dessin animé occidental
 Le dessin animé Japonais
 La numérisation du dessin animé
Chapitre 1 : le secteur de la production de dessins animés
Section 1: Présentation de ce secteur au niveau international
A- La production des dessins animés : coûts de production, coût de revient et
principaux intervenants.
B- L’audience
Section 2 : Le marché marocain
A- La production du dessin animé
B- Les diffuseurs
Chapitre 2 : La place du dessin animé dans la société marocaine
Section 1 : Apports et rôle du dessin animé
A- Rôles psychologiques et éducationnel du dessin animé
B- Rôles socio-économiques du dessin animé
Section 2 : Contraintes et opportunités du développement du secteur de la production de
dessins animés au Maroc
A- Les contraintes (entretien)
B- Les opportunités
Enquête sur les opportunités de développement de ce marché
Conclusion générale
Annexes
Web graphie
Bibliographie
Introduction
Expositions, concerts, festivals de dance, sont mis en place quotidiennement à travers le
monde. Toutes ces manifestations qui semblent déjà faire partie intégrante de la culture de
l’homme contemporain sont des représentations de l’art. Ce dernier peut être défini comme
l’expression de créations humaines d’un idéal esthétique.
Jusqu’en 1964, on n’avait répertorié que Huit grands arts. Cette classification des arts excluait
la bande dessinée, présente pourtant depuis les années 1830. C’est sous l’impulsion de Morris,
créateur de Lucky Luke que finalement en 1964 on a décidé de lui donné la place qu’elle
méritait, en faisant d’elle le neuvième art. Une autre forme d’art découlant de cette dernière,
mériterait elle aussi de connaître la consécration : il s’agit de la production de dessins animés.
a)
Définition :
En 1925, dans l’encyclopédie mensuelle Larousse le dessin animé est défini comme : une
suite de dessins ( ordinairement de naïfs bonshommes , exécutés à la main par le moyen d une
plume, d’un pinceau , etc. ..) qui analysent toutes les phases successives d’un mouvement, et
qui, cinématographiés , paraissent à la projection doués de la mobilité des êtres vivants ) et les
classe dans la catégorie des « trucs » cinématographiques.
Auguste Pawlowski, illustre écrivain ; a apporté un sens nouveau à ce concept en le
définissant comme un mode d’un genre plus étendu appelé animation artificielle qui vise soit
à reproduire des mouvements réels difficilement saisissables, soit à réaliser des mouvements
fictifs ou schématiques.
L’encyclopédie en ligne Wikipédia définit le dessin animé comme une technique de film
d'animation consistant à donner l'illusion du mouvement en projetant différents dessins
successifs représentant les différentes étapes de ce mouvement
b)
Historique :
Le dessin animé occidental
En 1833, Joseph Plateau et Simon Stampfer s’inspirant de la roue de Faraday, créent
simultanément les disques stroboscopiques, Ils fonctionnaient sur le principe de la synthèse du
mouvement des images, et sur la présentation intermittente et successive d’une série d’images
fixes. Il y a donc deux choses qui naissent ensemble à ce moment là le cinéma en général et le
cinéma graphique, qui nous intéresse.
Le cinéma graphique se définit par un phénomène spécifique, fondé sur une méthode ou un
principe technique commun, à savoir la synthèse du mouvement image par image, chacune de
ces images étant produite, inscrite, par quelque méthode graphique, qu’elle soit manuelle ou
issue d’un dispositif de traçage ou d’impression.
On peut s’étonner qu’il ait fallut attendre treize ans après l’invention du cinéma (1895 pour
que naisse le dessin animé 1908. De fait, il fallut attendre que les caméras s’équipent d’un
système d’enregistrement image par image.
L idée de filmer des dessins animés image par image vient à Emile Cohl après qu’il ait assisté
à la projection d’un film d’objets animés, l’Hôtel hanté, de James Stuart Blackton, qui fait un
triomphe à Paris, en mars 1907, On y voit le mobilier d’un hôtel bouger tout seul comme par
magie. Le public est enthousiaste, le film est qualifié de meilleur film du mois par la presse et
Gaumont en distribue 150 copies sur toute L’Europe.
Avant de poursuivre, il serait bon de rappeler que l’expression « cinéma d’animation » qui
s’applique aujourd’hui à tous les films de prise de vue image par image, n’a été utilisé qu’à
partir des années 1950. En 1908 ; pour tous ces films, on utilisait le terme dessin animé. On a
mis des décennies à intégrer que dans ces dessins animés ; il n y avait pas uniquement du
dessin, mais aussi de l’animation d’objets, de poupées, ou de papiers découpés, de la
pixilation, etc. Le mot cinéaste n’existait pas, on disait cinématographiste. D’ailleurs, Emile
Cohl se disait cinématographiste.
A partir des années 1900 le cinéma graphique , avec Blackton , mais surtout Cohl puis Mccay
, donne ses premiers films au moyen du cinéma photographique , les dessins animés ,
(l’expression apparaît à cette époque ) , Emile Cohl , qui réalise le premier véritable dessin
animé cinématographique en 1908 , intitulé Fantasmagorie .
Durant quelques années, l’intense production de cohl (plus de quatre vingt films entre 1908 et
1910 ; dont la plupart intègrent des procédés des dessins animés ou d’animation) Constitua ;
mis à part les quelques films précédents de Blackton ; la première et seule forme existante de
dessin animé, distribuée en Europe et aux US, et très appréciée de la critique et du public. De
plus, son séjour aux Etats-Unis chez Eclair en 1912 et 1914 ; durant lequel il collabore à la
première série en dessin animé ; the Snookums, d’après la bande dessinée de Georges
McManus ; contribua à disséminer la technique qu’il avait inventé parmi les studios de la
côte Est.
C’est dans ce concept que Winsor Mccay ; auteur américain renommé de bandes dessinés
réalise en 1911 un premier dessin animé nommé Little Nemo ; d’après son personnage célèbre
du même nom.
Deux années après le premier film de McCay et au moment où Cohl travaille à Fort Lee
( aux Etats-Unis ) pour Eclair , les premiers studios américains de dessins animé sont créés :
en 1913 par Raoul Barré , en 1914 par John Randolph Bray qui s’associe avec Earl Hurd ,
détenteur du brevet du Cel Process , ou dessin sur Celluloïd transparent ) , en 1915 par
William Randolph avec l’international film service . Avec l’avènement de ces studios, on
assiste au début de l’industrialisation du dessin animé aux Etats-Unis dont Emile Cohl fut un
témoin direct : « …une autre révolution s’opérait dans la création des bandes de dessins
animés. Ce n’est plus l’artiste isolé qui élabore et tourne sa bande, c’est tout un atelier de
dessinateurs. Nous voici en plein dans l’habituelle conception américaine : Le dessin animé
est industrialisé. et les croquis se font en série, Dix ou quinze personnes, maintenant sont
attelées à la besogne et celle-ci qui demandait primitivement plusieurs semaines d’un travail
acharné ; est exécutée en quelques jours, par toute une équipe, Cette taylorisation du travail
permet la mise sur pied d’une bande en cinq, six jours. »
L’intense production initiale et purement mercantile des premiers studios durant les années
1910, sous forme de séries livrées hebdomadairement, était de qualité très médiocre comparée
aux films précédents de Cohl et de McCay. Réalisés rapidement, ces films adaptaient
rapidement les gags stéréotypés des comics, bien moins efficace à l’écran que sur le papier,
sans la moindre réflexion quand à la nouveauté du dessin animé.
Le dessin animé devient progressivement un bouche-trou pour programmes plus ou moins
imposé au public. L’évolution du cartoon américain des années 1920 aux années 1930 a
consisté à reconquérir une attractivité comparable à celle qu’avaient atteinte les films de Cohl
et McCay, et dont la clé semblait perdue, dans le cadre d’une intense compétition entre les
studios. Du cartoon burlesque aux longs métrages narratifs en dessins animés ; cette quête de
l’attractivité s’est principalement construite dans le cinéma industriel sur un nouveau type de
personnage cinématographique ; au moyen de l’acteur animé.
Initiée par Otto Messmer. avec Félix au début des années 1920 ; cette invention fut
essentiellement incarnée des années 1930 a 1950 par le studio Walt Disney et les nombreux
animateurs qui s’y succédèrent, parmi lesquels UB Iwerks , Norman Fergusson ; Fred
Moore ; Art babitt , Bill tytla . Ce long et exigeant travail collectif ; industrieux et industriel,
abouti avec les longs métrages à partir de 1937 a une nouvelle forme de cinéma graphique
d’une grande complexité de mise en œuvre .
Mais ce modèle complexe s’est initialement construit au sein de la veine burlesque et
caricaturale des années 1920 1930, et l’a conservée en grande partie.
Cette veine continue de se développer en tant que telle dans toute une lignée de court métrage,
plus explicitement désignés sous le nom de cartoons, Des satires absurdes et hilarantes de Tex
Avery à la violence répétitive des poursuites Tom & Jerry, Coyotte et bip bip, le cinéma
graphique du gag maintient la réalité matérielle et conceptuelle du dessin animé comme outil
comique, dans le double registre du personnage et du graphe.
La mise au point du son optique synchrone au début des années 1930 a accentué les rapports
particuliers du cinéma graphique à la structure musicale et à la musique par des nouvelles
possibilités de synchronisation et de synthèse graphique du son. Au début du film abstrait ;
Survage, Eggeling, Richter et dans une certaine mesure Ruttman ont fait référence au modèle
musical par analogie opératoire, dans la recherche de modèles de construction du rythme et
d’articulation du temps par la forme visuelle. D’autre part la composition de musiques
spécifiques ; jouées par les orchestres lors de la projection ; est utilisé par Ruthman dès son
premier opus ; puis par Leger par le ballet mécanique sur une partition synchronique de
Georges Antheil, L’animation des aventures du Prince Achmed est précisément construite sur
une partition musicale expressément composée.
Le film sonore apporte au début des années 1930 la possibilité d’utiliser une musique
enregistrée de façon synchrone ; que l’on peut alors analyser et partitionner image par image ;
et d’autre part ne nécessite plus la présence de l’orchestre lors des projections.
Alexeiff écoute à d’innombrables reprises Nuit sur le Mont Chauve de Modest Moussorgski ;
dans l’obscurité ; pour en imaginer les visions. Chronomètre en main, il en compose ensuite
une partition graphique pour déterminer les durées ; les intensités et le tempo des actions à
créer sur l’écran d’épingles. Cependant la musique choisie par le cinéaste pour son premier
film est d’un genre bien particulier ; elle est en partie narrative, évoquant explicitement un
sabbat ; de la tombée de la nuit à l’aube. C’est-à-dire qu’elle fournit le thème évocateur sur
lequel l’imagination peut vagabonder, qu’elle peut interpeller et illustrer. La musique est ici
autant source d’imagination et de visions que structures rythmique du film.
Le long métrage Fantasia de Disney qui contient par ailleurs une reprise de Nuit sur le Mont
Chauve constitue en 1940 une tentative d’hybridation de l’absolue synesthésie du cartoon
sonore avec la musique symphonique. Le Duca note que « Devant Fantasia ; nous sommes
éblouis mais notre adhésion est assez rare ». Cette expérience démontre a contrario que le
véritable potentiel esthétique de la synesthésie ne peut se réduire à une synchronisation du
cartoon avec la musique symphonique classique, mais nécessite une réflexion sur la nature de
la musique, du son et des images employés, de leurs structures propres, afin de créer les
conditions d’interactions plus subtiles et ouvertes .
L’utilisation pionnière du son dans le dessin animé par le studio Disney viendra renforcer
l’illusion de présence physique, avec « le son qui vient du dessin » ; et aura encore bien
d’autres conséquences sur la composition des mouvements, notamment avec la musique et
ensuite et surtout la voix humaine. L’attractivité synesthésique de cette formule fit sensation à
ses débuts dans les Silly Symphonies ; et marqua le début du succès et de l’influence mondiale
de Disney. Ainsi, au début des années 1930 ; une technique ou plutôt un ensemble de
techniques développées par le studio Disney ont conduit à un état de l’art du dessin animé
narratif complètement renouvelé. Un nouveau standard sur lequel tout le dessin animé
burlesque, comique et caricatural a pu se développer et se maintenir, avant, pendant, et après
les développements de l’acteur animé et des longs métrages, et dont on retrouve toujours les
règles essentielles dans les longs métrages contemporains, qu’ils soient tracés à la main ou au
moyen de modèles numériques.
Norman Fergusson réalise en 1934 une séquence ou Pluto se débat avec un papier tuemouche collant dans Playful Pluto ; considérée comme une des premières occurrences d’un
jeu d’acteur animé fondé sur la personnalité et la séquence d’expressions de son état d’esprit ;
rendues visibles et sensibles au spectateur, c’était le mouvement de pensées de Pluto ; plutôt
que les mouvements de son corps qui racontaient l’histoire. Le tempo des actions n’est plus
issu de la musique mais est conduit par l’animateur en fonction des nécessités du jeu de
l’acteur dessiné ; qui inclut l’expression de ses pensées ; de ses états d’âme. L’animateur
devient ainsi un acteur cinématographique d’un nouveau genre, au moyen des dessins, qu’il
mime, répète ; s’observant dans un miroir ; pour construire les poses clés de l’action. Il
projette et transpose ces jeux du corps et des expressions sur le personnage animé ; par une
utilisation précise des mouvements au lieu de la synthèse graphique. Il y a là une invention ;
l’animation de personnages ou character animation accomplie selon une nouvelle sensation ;
une mobilité fluide et rythmée ; une plasticité dynamique et complexe des sujets animés.
L’animation de figures explicitement humaines, testée dans quelques courts métrages de cette
époque, semblait paradoxalement moins vivante et attirante que les caricatures animales. Le
passage de personnages à figures animés animales, aux personnages à figures animées
humaines se fit dans « Blanche Neige », premier long métrage réalisé en 1936. En effet de
nouvelles méthodes furent employées, une sculpture de la tête de l’héroïne servit de modèle
aux dessinateurs dans un souci de modélisation et solidification réaliste du personnage et de la
scène. On filma des modèles humains, souvent les animateurs eux-mêmes effectuant certains
des gestes prévus dans les scènes, comme aide à la construction de l’animation .
Le dessin animé japonais
Le Japon possède une longue tradition du cinéma graphique depuis les années 1910, mais
dans le domaine du dessin animé commercial , cette nation a fini par conquérir à partir des
années 1980 , avec quelques longs métrages de premier ordre, une attractivité mondiale,
fondée sur des techniques renouvelées, issues en partie de l’animation limitée pour les séries
télévisées, puis au final tout aussi sophistiquées, sinon plus, que celles des studios américains,
qu’elles intègrent en partie. Elles se sont surtout avérées beaucoup plus variées et inventives.
Sur le fond d’une nouvelle industrie produisant des milliers de vidéos et de séries télévisées ,
le dessin animé japonais s’est étendu en quelques décennies à toutes sortes de registres, du
conte grave ou merveilleux au film noir ou guerrier, du film historique à la plus extrême
fantaisie, du fantastique à de nouveaux réalismes, de la science-fiction à l’érotisme et à la
pornographie. Ceci contrairement au dessin animé industriel occidental qui est resté cantonné
dans le registre de la comédie, de la féerie ou du conte tous publics, une des seules
alternatives notables ayant été incarnée en France par Paul Grimault dans les années 1940,
avec la collaboration de Jacques Prévert au Petit Soldat (1947) puis au long métrage La
Bergère et le Ramoneur (1953) devenu le Roi et L’Oiseau en 1980, dont l’influence fut
revendiquée au Japon par Isao Takahata.
La numérisation du dessin animé
C’est par la vidéo et la télévision, par l’image électronique, que le processus de numérisation
du cinéma a commencé dans les années 1980, selon des approches artistiques expérimentales
(le Digital Image Articulator de Steina, Woody Vasulka et Jeffrey Schier, processeur d’images
vidéo en temps réel développé en 1978-1980) ou industrielles (les « palettes graphique »,
notamment La Paintbox de la société Quantel qui apparaît en 1981). Ces dernières ont permis
grâce à un programme spécifique fonctionnant avec un spécifique fonctionnant avec un stylet
et une tablette, les premières formes manuelles de dessin électronique et numérique.
Les débuts lents et ingrats de la figuration animée en 3D firent longtemps douter l’industrie de
la possibilité de réaliser des longs métrages par cette technique et d’aller au-delà de ses
emplois d’appoint. Les premiers résultats ; dont on critiquait la rigidité et la froideur ;
contrastaient avec les spéculations relatives aux bouleversements que ces techniques étaient
censées annoncer. C’est finalement par le biais de la reprise des méthodes et de l’esthétique
du cartoon et de l’acteur dessiné mises en place par le studio Disney que la 3D accéda au long
métrage au cours des années 1990.
Ainsi apparurent des films adaptant le modèle des cartoons comme Toy story en 1995 de John
Lasseter; ou Shrek de Andrew Adamson et Vicky Jenson (produit Dreamworks) en 2001. Le
premier, s’adaptant habilement aux limites esthétiques de la 3D en utilisant des artéfacts
comme personnages, les jouets , et quelques représentations humaines très limitées ; le second
jouant explicitement de sa dette et filiation disneyenne sur un monde parodique et auto
référentiel ; Les films d’animation calculés en 3 dimensions ont ainsi constitués une nouvelle
technique spécifique qui finit par remplacer totalement le dessin animé manuel au EtatsUnis .
Aujourd’hui, les dessins animés occupent une place importante dans le monde. Il n’y a qu’à
voir la panoplie de personnages devenus cultes comme mickey mouse, popeye , rémi, Sangoku
pour s’en rendre compte. Malgré le succès qu’ils rencontrent ailleurs dans le monde, il semble
pourtant que le Maroc ne l’a pas encore vraiment intégré dans sa société. Nous essayerons
donc dans notre mémoire de déterminer pourquoi la société marocaine devrait s’intéresser et
essayer de se lancer dans la production de dessins animés, et de savoir quelle est la place
qu’occupe la production du dessin animé dans la société marocaine et quelles sont ses
perspectives.
Pour ce faire, nous commencerons par présenter le secteur de la production de dessin animé à
l’international en nous basant sur des statistiques, puis nous présenterons ce secteur au Maroc.
Ensuite, grâce à l’interview faite avec un professionnel de l’animation, et l’étude statistique
que nous avons réalisé, nous présenterons successivement les contraintes et les opportunités
présentes sur le marché marocain pour ce secteur.
CHAPITRE 1 : Le secteur de la production des dessins animés
Section 1 : Présentation de ce secteur au niveau international
Il serait extrêmement difficile de faire un classement exact et exhaustif de l’ensemble des
pays producteurs de dessins animés, ceci à cause du nombre important de facteurs qu’il
faudrait prendre en considération (coût de production, de revient, nombre de copies de films
distribués …) et surtout à cause de l’insuffisance d’informations sur ce type de classement.
Toutefois, trois pays sont reconnus comme étant les plus importants producteurs de films et
séries d’animation : les Etats-Unis qui réunissent 45% de l’offre, le Japon et la France qui en
réunissent 20% chacun. Pour ces pays, la production de dessins animés est une véritablement
bénéfique. En effet grâce à ce secteur, ces géants de la production engrangent des bénéfices
considérables, certaines chaînes diffusent leurs réalisations en continu, et les spectateurs de
leurs films et séries d’animation se comptent en millions, voire même en milliards à travers le
monde. Nous nous intéresserons ici à deux aspects de ce secteur en nous appuyant sur le cas
de la France et des Etats-Unis :

La production

L’audience
A- La production de dessins animés
. On peut classifier les dessins animés selon la longueur du format en trois catégories :

Les longs métrages

Les moyens métrages

Les courts métrages
Nous on a décidé de s’intéresser aux longs métrages, et à la production audiovisuelle.
a- Les longs métrages
Un long métrage est un film d'une durée significative, mais dont la définition précise dépend
des normes reconnues par tel pays ou organisation .En France, selon les textes en vigueur
du Centre National de la cinématographie, la durée d'un long métrage est supérieure à une
heure, plus exactement à 58 minutes et 29 secondes, c'est-à-dire l'équivalent d'une bobine de
film de 35 mm standard de 1 600 mètres. L'Academy of Motion Picture Arts and Sciences,
l'American Film Institute, et le British Film Institute définissent un long métrage (feature film
en anglais) comme un film de 40 minutes ou plus. Ces définitions sont aussi valables pour les
films d’animation.
Les longs métrages d’animation sont produits par de grosses maisons de production (comme
Pixar, Disney,) ou par des producteurs indépendants. Mais quelque soit le producteur, ce sont
des films qui nécessitent des budgets importants, et donc des financements considérables.
Selon le Centre National de Cinématographie(en abrégé CNC), un film (d’animation)
français est un film produit et financé intégralement ou majoritairement par des partenaires
français. Si l’on s’en tient à cette définition, selon l’étude la plus récente du CNC réalisée
entre 2002 et 2008, au total entre 1999 et 2008, on compte cinquante-cinq films d’animation
agréés c’est-à-dire reconnus par le CNC comme des productions françaises (une fois qu’une
œuvre reçoit l’agrément, et donc est reconnue comme une production française, elle a droit
aux différentes aides de la CNC). Sur les cinquante-cinq, seulement quarante- quatre sont
sortis en salles de cinéma françaises.
Le devis moyen des films d’animation, c’est-à-dire le budget dont ont besoin les producteurs
pour couvrir toutes les dépenses, s’établit à 10,25 Millions d’Euros. Le devis médian (c’est-àdire le montant pour lequel 50 % des films ont un devis supérieur et 50 % des films ont un
devis inférieur) s’établit à 5,95 Millions d’Euros1.
Ces coûts étant relativement élevés, certains producteurs (surtout les petits producteurs
indépendants) ne peuvent pas subventionner eux-mêmes leurs films d’animation. Ils reçoivent
donc des aides de nombreux organismes tels que :

Le CNC (à condition qu’elle leur accorde l’agrément)

Les Sociétés pour le financement de l'industrie cinématographique et
audiovisuelle(SOFICA).

Les producteurs français bénéficient aussi des préachats des chaines de télévision. En
d’autres termes, les chaînes leur achètent des œuvres avant la fin de production.
En 2008 par exemple, le CNC a soutenu sept projets de long métrage d’animation dans le
cadre de l’aide au développement pour un montant total de 306 000 Euros, les SOFICA leur
ont apporté 5,46 Millions d’Euros. Le groupe Canal+ a placé dans l’animation 6,7% de ses
investissements dans la production cinématographique française, soit environ 2,33 Millions
d’Euros. Le groupe TPS (qui a disparu en 2008 au profit de Canalsat), avait investit cette
année là près de 890 000 Euros dans trois longs métrages d’animation.2
Ainsi on remarque qu’en France de nombreux investissements sont réalisés pour soutenir les
producteurs d’animation et les encourager à produire plus.
Mais les investissements et budgets de production français restent tout de même assez
insignifiants comparés à ceux qu’enregistrent les Etats-Unis. En effet le budget moyen d’un
film d’animation est de 150 Millions de dollars, et ils font des recettes pouvant atteindre des
milliards de dollars.3
Par exemple, la maison de production Pixar , a gagné avec « Ratatouille » en 2007 près de
206 Millions de dollars sur le territoire américain, 415 Millions de dollars à l’international, et
621 Millions de dollars mondialement pour un budget de 150 Millions de dollars.
Mais son plus gros bénéfice reste celui que lui a fait gagné le film « Toy story 3 » en 2010. Ce
film qui a nécessité un budget de 200 Millions de dollars, a fait gagné à Pixar près de 415
Millions seulement sur le territoire américain, 648 Millions à l’international, et mondialement
près de 1 Milliards de dollars (Ce chiffre est un véritable record de vente)
La maison de production Dreamwork a enregistré les résultats suivants avec la saga shrek :
1
Le marché de l’animation Télévision et cinéma, production, diffusion, audience (rapport CNC 2008)P 28
2
Le marché de l’animation Télévision et cinéma, production, diffusion, audience (rapport CNC 2008) P 10 à 15
3
Shrek , premier opus de la série, a nécessité un budget de 60 Millions de dollars, et a rapporté
près de 267,6 millions de dollars à Dreamwork sur le territoire américain, 216,7 Millions dans
le reste du monde et 484,4 millions mondialement.
Shrek 2, deuxième volet de la saga a nécessité un budget de 150 millions de dollars, et a
engrangé 441,2 millions de dollars sur le sol américain, 479,6 millions dans le reste du monde
et 920,6 millions mondialement.
Shrek le troisième , troisième volet de cette série à succès, a nécessité un budget de 160
millions de dollars, et DreamWorks dit avoir vendu 15,6 millions d'exemplaires de
Shrek The Third (le troisième) dans le monde et engrangé un chiffre d'affaires de 179,4
millions de Dollars, essentiellement grâce au DVD, mais aussi à des entrées au cinéma à
l'étranger.
Shrek, forever after, dernier opus de la saga a nécessité un budget de 135 Millions de dollars,
et a rapporté près de 752 Millions de dollars.
La saga totalise un budget de 500 Millions de dollars et a fait gagné près de 2,75 milliards de
dollars à DreamWork.
b- La production audiovisuelle
En France, les premières sources de financement de la production audiovisuelle d’animation
sont :

Les financements nationaux. Dans lesquels on retrouve les financements faits par les
producteurs eux-mêmes, les aides apportées par le COSIP, et les préachats faits par les
chaines.

Les financements étrangers.
En 2008, par exemple, les financements français alloués à la production du dessin animé
s’élevaient à 108,7 Millions d’Euros au total. Le montant des financements faits par les
producteurs était de 27,4 Millions d’Euros. Le COSIP a couvert 18,5% des devis des œuvres,
et a apporté environ 107 800 Euros. Les diffuseurs (les chaines de télévision) ont apporté 46,7
Millions d’euros. Leur part dans le financement était de 26,4% et se répartissait comme suit :

Les chaînes publiques ont commandé 153 heures dont 143 heures en tant que premiers
diffuseurs, pour un apport total de 23,8 Millions d’Euros. En moyenne, ces chaînes
investissent 164 010 Euros par heure en tant que premiers diffuseurs, contre 159 003 Euros en
2007, soit une progression de 3,0 %. Le coût horaire moyen de ces programmes progresse de
4,0 % à 601 000 Euros. France 2 apporte 1,9 Millions d’Euros pour un total de 21 heures
d’animation dont 11 heures en tant que premier diffuseur. France 3 (hors France 3 Régions,
qui n’investit pas dans l’animation en 2008) apporte 18,2 Millions d’Euros pour un total de 99
heures de programmes toutes en tant que premiers diffuseurs. Au total, France 3 couvre 29,5
% du financement de ses programmes d’animation. France 5 apporte 3,7 Millions d’Euros à
33 heures de programmes d’animation toutes en tant que premier diffuseur.
 Les chaines privées ont apporté en 2008 11,2 Millions d’Euros pour un niveau de
commande atteignant 78 heures dont 68 heures en tant que premiers diffuseurs. Leur apport
horaire était de 145 000 Euros. TF1 a apporté 7,8 Millions d’Euros (+16,3 % par rapport à
2007) pour 46 heures d’animation toutes en tant que premier diffuseur. TF1 a apporté 7,8
Millions d’Euros (+16,3 % par rapport à 2007) pour 46 heures d’animation (+25,9 %), toutes
en tant que premier diffuseur. M6 réduit a investit 2,5 Millions d’Euros pour 20 heures de
programmes dont 10 heures en tant que premier diffuseur.

Huit chaînes du câble, du satellite et de la TNT payante ont participé au financement
de programmes d’animation, soit le même nombre qu’en 2007. Elles interviennent
essentiellement en tant que deuxièmes diffuseurs (61,4 % du volume total). Elles participent
au financement de 118 heures de programmes d’animation dont 45 heures en tant que
premiers diffuseurs (+76,7 %). Leur apport total était de 4,8 Millions d’Euros. La contribution
de ces chaînes représente 11,9 % de l’ensemble des apports des diffuseurs sur le genre. En
2008, leur taux de couverture en tant que premiers diffuseurs s’établit à 10,2 % des devis.
 Canal J est le premier investisseur des chaînes du câble, du satellite et de la TNT payante
dans l’animation. Sa participation était de 2,6 Millions d’Euros. Son financement total est de
44 heures de programmes dont 26 en tant que premier diffuseur.
 Les investissements de Télétoon s’élevaient à 1,1 Millions d’Euros. Toutes ces heures sont
financées en tant que deuxième diffuseur en 2008.
 Disney Channel apporte 770 000 Euros à la production de programmes d’animation en
2008 pour 21 heures de programmes dont 16 heures en tant que premier diffuseur.
Les apports étrangers demeurent toutefois la première source de financement du genre (28,3
% du total,). En moyenne, ils couvrent 30,1 % des devis entre 2004 et 2008. 173 heures
d’animation bénéficient d’un financement étranger en 2008, soit 66,9 % du volume total
produit. En 2007, 77,8 % du volume d’animation mis en production avaient bénéficié d’un
financement étranger (244 heures).L’ apport étranger total était de 14,1 Millions d’Euros dont
6,9 Millions d’apports en coproduction et 7,2 Millions de préventes. Parallèlement, 65 heures
de coproductions minoritairement françaises sont produites dans l’année, financées par un
apport étranger total de 28,8 Millions d’Euros dont 18,8 Millions d’apports en coproduction et
10,0 Millions de préventes. .
B- L’audience

Le public des films d’animation en salle de cinéma
En France, selon l’étude la plus récente du CNC, le public des films d’animation est composé
à part presque égale d’adultes et d’enfants.
Toutefois, les films d’animation français sont particulièrement appréciés par les femmes qui
sont les plus nombreuses parmi les adultes à aller regarder des films d’animation en salle de
cinéma (elles composent en moyennent 53% du public adulte). Les films Azur et Asmar, et
Kirikou et les bêtes sauvages présentaient en 2008 un public féminin à plus de 56%.
La tranche d’âge adepte de film d’animation va de 3 à plus de 50 ans. Cette étude nous montre
aussi que le public adulte est composé à 60% de personnes au chômage.
On peut découper le public des films d’animation en trois selon la fréquence à laquelle ils
vont en salles de cinéma :
 les spectateurs occasionnels, qui vont au moins une fois par an et moins d’une fois par
mois
 les spectateurs réguliers qui vont au moins une fois par mois et moins d’une fois par
semaine.
 les spectateurs assidus, qui vont au moins une fois par semaine
En 2008, la part des spectateurs occasionnels dans le public des films d’animation composent
ainsi 43,6 % du public, contre 37,7 % en 2007, 39,7 % en 2006 et 28,6 % en 2005. Cette
progression s’explique par la sortie en 2008 de films d’animation ayant attiré un large public
d’occasionnels, à la différence des autres années. Ainsi, 5 films d’animation sur les 18 sortis
en salles en 2008 comptent plus de 50 % d’occasionnels dans leur public, tels que
Madagascar 2 : la grande évasion (59,2 % d’occasionnels) ou les Chimpanzés de l’espace
(55,5 %).
Les moins de 25 ans sont particulièrement représentés au sein du public des films
d’animation français. Certains films d’animation français ont réussi à toucher très largement
les moins de 25 ans : Astérix et les Vikings et Arthur et les Minimoys en sont les meilleurs
exemples. Ils attirent près de 60 % de 3-25 ans.
La part du public occasionnel dans les films d’animation français (39,5 %) est plus élevée
que celle des films d’autres nationalités. Néanmoins, ce sont les réguliers qui composent la
plus grande partie du public des films français d’animation (44,3 %).
Le public des films d’animation américains est relativement jeune. Il est composé à 36,1 %
de 3-14 ans et à 20,4 % de 15-24 ans. Les 3-14 ans représentent plus de 50 % du public de
deux films d’animation américains : les Chimpanzés de l’espace (52,5 %) et Bienvenue chez
les Robinsons (51,5 %) Les CSP+ (17,1 %) et les seniors (9,3 %) sont moins représentés
dans le public du cinéma d’animation d’Outre-Atlantique.
Globalement, les films d’animation européens présentent la même structure de public que les
films d’animation français et américains.
Section 2-Le marché marocain
A- La production de dessin animé
Au Maroc, le marché de la production de dessins animés est encore inexploité. En effet on ne
répertorie qu’un producteur de dessins animés : l’entreprise SIGMA technologies. Cette
entreprise de production a réalisé en 2007 « Adam et Ramzy », premier dessin animé
entièrement conçu et produit au Maroc.
L'histoire raconte les aventures de Ramzy et Adam, des jumeaux âgés de six ans qui,
souhaitant faire un cadeau à leur maman, décident de jeûner pour la première fois. Tous les
jours, les deux petits garçons racontent leurs péripéties amusantes pendant le mois sacré et
enseignent en même temps et à chaque épisode une qualité ou une valeur morale aux jeunes
téléspectateurs arabes. La série est diffusée depuis 2007 sur la chaîne quatarie Al Jazeera
Children et a été réalisée et écrite par Abdelhamid Benali, concepteur., et Evelyne Fouché qui
a dans sa carrière écrit les scénarios de plusieurs grands dessins animés français comme les
Mondes Engloutis, Titeuf ou encore d'autres plus classiques comme Les Malheurs de Sophie
ou la Chèvre de Monsieur Seguin. Ce dessin a vu le jour car la réalisatrice, lors de son séjour
au Maroc s’est rendu compte que rien n’était diffusé pour les enfants sur les chaînes
nationales pendant la période du Ramadan. De ce fait, elle a réfléchit sur le concept d'une
série TV dessin animé qui pourrait être diffusée chaque jour de Ramadan et qui expliquerai,
de manière drôle et sympathique, les valeurs du mois de Ramadan aux enfants. Dans une
interview accordée au site d’information Yabiladi.com, la réalisatrice explique que pour que la
série soit appréciée par les enfants des pays arabes et majoritairement musulmans, il a fallu
essayer d'expliquer les valeurs du Ramadan avec une petite histoire drôle et légère, montrer
toujours l'exemple aux enfants, et rester constamment positif. Par exemple, ne pas dire "il ne
faut pas être méchant", mais plutôt : "il faut être gentil". Pour arriver à ce résultat, elle a dû
faire énormément de recherches sur le Mois de Ramadan et la religion pour ne pas faire faire
aux héros des actes totalement interdits pendant le Mois de Ramadan. Evelyne Fouché a été
scénariste de la première saison mais pour la deuxième, la chaîne à souhaité que les scénarios
soient directement faits en langue arabe, pensant que ca poserait moins de soucis
linguistiques. L’équipe de production a donc dû faire appel à plusieurs scénaristes et il a été
difficile de faire une homogénéité d'écriture.
L’équipe engagée dans la production d’Adam et Ramzy comptait environ une trentaine de
personnes et la première saison a couté 10 Millions de Dirhams.
A l’instar d’Adam et Ramzy qui a été réalisé en 3D, les producteurs marocains utilisent
surtout cette technique. Ceci principalement parce que c’est plus rapide et plus simple à faire
que le dessin animé classique (réalisé en 2D).
Jusqu’à présent on répertorie au Maroc un long métrage déjà réalisé (mémoire de l’ombre), et
un projet en cours(the Companions of the Elephant) :

Mémoire de l’ombre (Tamuktit n Umalu)
Ce film qui a été produit et réalisé au Maroc par le réalisateur libyen Madghis Afoulay rend
hommage à l’une des figures emblématiques de l’histoire Amazighe : Jughurtha. Connu pour
sa vigueur, sa prestance et surtout son intelligence, le roi amazigh a lutté contre l’invasion
romaine à la fin du deuxième siècle avant l’ère chrétienne. Premier du genre au Maroc et
véritable performance, ce dessin animé a nécessité un an de travail. Ce sont les ombres de
comédiens jouant les différentes scènes qui ont d’abord été filmées, puis découpées, placées
dans le décor dessiné image après image, et ensuite montées. A raison de vingt-quatre images
par seconde, sur une durée de 1h18, on peut imaginer le nombre d’heures de labeur nécessaire
pour réaliser ce long métrage.

The Companions of the Elephant
C’est l’une des grosses productions en cours au Maroc. Son nom fait référence à la sourate
« Al fil et ashabe al fil ». Il s’agit d’un film en 3D sur lequel travaille une équipe de Sigma
Technologies. Conduite par Abdellah El Fakir, la fiction est financée par un homme d’affaires
du Golfe. Le film en question relate une histoire citée dans le Coran, entre les ans 570 et 571 :
celle du Roi Abraha qui a dirigé une troupe de 60.000 hommes et 13 éléphants au sud de
l’Arabie pour détruire La Mecque et détourner le pèlerinage et le commerce vers San’a.
Quand le roi ordonna à ses troupes de monter à l’assaut de La Mecque, une tempête surgit, le
ciel se chargea de nuages et un essaim d’oiseaux apparut dans le ciel. Ces oiseaux lapidèrent
les agresseurs avec des milliers de petites pierres et eurent raison des troupes du roi. Le
budget pour ce film est de 20 à 25 millions de dollars (environ 200 millions de DH) et la
sortie est prévue pour 2012.
B- Les diffuseurs
Malgré les efforts des jeunes producteurs marocains, les chaînes de télévision nationales ne
diffusent pas leurs réalisations. Certains animateurs en mal de notoriété, ont trouvé une
alternative pour faire connaitre leurs œuvres : internet. Ils recourent à des galeries virtuelles,
des sites spécialisés de partage de vidéos et images, tels que le site américain CG Network, et
YouTube. Le Net devient donc un accélérateur de diffusion qui permet une présence virtuelle
universelle. Une manière de faire apprécier son travail par un large public averti, mais
également de tisser des liens et échanger via des forums entre connaisseurs de la sphère de la
3D. C’est notamment le cas pour Busdaz , une création marocaine de dessins animés en 3D et
pour Rachid Jadir, dont les travaux sont depuis un moment sur Yahoo, et des galeries
virtuelles telles que YouTube et Casa Free Show Time. C’est d’ailleurs de cette façon qu’il a
fait connaitre Rass Derb, l’animation qui l’a rendu célèbre dans le milieu de l’animation. Ce
court-métrage retrace de façon assez simple et drôle le quotidien de nombreux jeunes
marocains oisifs dans des quartiers populaires comme Sbata ou Derb Soltane à Casablanca
CHAPITRE 2 : La place du dessin animé dans la société
marocaine
Section 1 : Apports et rôles du dessin animé
A- Rôles psychologiques et éducationnels du dessin animé
Un monde ne peut être conçu sans images. Notre œil s’est tellement familiarisé à ce
foisonnement d’images que nous l’avons banalisé, et on ne peut nier que l’image a pénétré
notre vie, en fait partie intégrante, et ce depuis des millénaires. Au cours de la projection d’un
film, nous sommes devenus capables de trouver son origine et même la nationalité du créateur
juste en analysant (de façon inconsciente) les informations que nous renvoient les images du
film. Dans le cas du dessin animé personne ne confondrait un Walt Disney américain, un Paul
Grimault Français avec une production tchèque ou japonaise .Chez les enfants, les images
occupent une place encore plus importante que chez l’adulte, et permettent de capter plus
facilement son attention sur une information donnée. Fragile et malléable, l’enfant enregistre
et croit à tout ce qu’il reçoit comme image et comme information. De ce fait, les dessins
animés exercent sur eux une véritable influence et joue pour ces derniers un rôle non
négligeable sur les plans éducationnel et psychologique.

la dimension scolaire du dessin animé.
« Tout divertissement est plus efficace que l’école, parce qu’il fait appel à l’émotion, et non à
l’intelligence », disait l’anthropologue américaine Hortense Powdermaker. En effet, les
dessins animés peuvent être un excellent moyen pour apprendre aux enfants à parler une autre
langue, à compter et même à lire. De plus ils peuvent être un outil de transmission, un moyen
de sensibilisation, un vecteur des valeurs morales propres à une société. Ils peuvent même
permettre d’apprendre aux enfants le respect de la nature, l’importance de l’écologie, la notion
de recyclage. Par exemple, le programme « Vinz et Lou mettent les pieds dans le plat »
soutenuparle Ministèredel’AgricultureetdelaPêche français, est un dessin animé diffusé sur
internet qui permet à chaque épisode de comprendre comment manger intelligemment pour
avoir de bonnes habitudes alimentaires c’est-à-dire savoir ce que l’on met dans son assiette,
manger àdes heures fixes, cuisiner plutôt que grignoter, diversifier ce qu'on mange...
Prenons maintenant le cas du dessin animé « Dora l’exploratrice » qui résume assez bien de
quel façon les dessins animés peuvent avoir une fonction éducative. Ce dessin animé à
vocation ludo-éducative, c’est-à-dire qui cherche à éveiller les enfants tout en les distrayant, a
pour personnage principal Dora, une fillette américano-hispanique âgée de sept ans. Cette
double-nationalité fait donc d’elle une petite fille bilingue. D’ailleurs dans la version
originale, elle parle anglais en apprenant de temps en temps des mots en espagnol aux enfants,
et dans la version française, elle parle français et apprend des mots en anglais aux enfants. En
plus ce dessin destiné aux enfants âgé de cinq à sept ans permet d’inculquer aux enfants les
apprentissages fondamentaux de la maternelle à savoir la reconnaissance des chiffres, des
formes, des couleurs….
Un autre point intéressant de ce dessin c’est que les créateurs ont inclut dans son contenu
narratif des caractéristiques qui font de Dora un genre d’amie-professeur, qui s’impose
naturellement dans l’esprit du jeune téléspectateur et lui inculquant les notions du respect
d’autrui, et de tolérance. En effet, le fait que Dora soit issue d’une minorité ethnique fait
d’elle « l’amie » d’origine latino américaine. Ceci habitue donc l’enfant à la différence et lui
apprend le respect des personnes d’une autre race, d’une autre culture, bref des enfants
différents d’eux.
En outre, Dora dans chaque épisode, demande aux enfants de l’aider à résoudre les problèmes
auxquels elle est confrontée. Ainsi, les enfants regardent le dessin animé tout en réfléchissant.
Au fil de l’épisode, elle leur laisse un laps de temps pour réfléchir et donne ensuite la solution
en remerciant les enfants de l’avoir aidé. Elle les inclut donc dans sa réussite, ce qui contribue
à développer l’estime de soi chez les enfants, les encourage à ne pas abandonner, à réfléchir et
leur prouve qu’ils sont capable de faire beaucoup de choses.
En somme, les dessins animés peuvent jouer le rôle d’éducateur. Mais il faut tout de même
noter que même si les dessins animés sont un excellent moyen de transmission et d’éducation,
il ne doivent pas prendre la place des parents, et ces derniers doivent malgré tout rester bien
attentifs à ce qu’ils permettent à leur enfants de regarder, car tous les dessins ne sont pas
inoffensifs et même bénéfiques pour eux. En fait il y’en a même qui diffusent des messages
de violence, de haine, et qui sont parfois à connotation sexuelle.
Toutefois, ce ne sont pas là les seules influences que les dessins animés peuvent avoir sur les
enfants. En fait ils influencent beaucoup la personnalité des enfants et ont un impact
psychologique assez important sur ces derniers qu’il conviendrait d’étudier en détail.

Les rôles psychologiques du dessin animé
 Les identifications des enfants aux héros de dessins animés :
Les enfants tendent à s’identifier à leurs héros préférés. Cette identification est un acte de
création psychique indispensable à la construction de l’individu. En effet c’est en se
différenciant des autres tout en les imitant, que l’enfant dès sa deuxième année, commence à
s’humaniser vraiment. Jusqu’alors il était nourri, lavé et habillé par la maman. Le dessin
animé l’aidera à sortir de cette routine de passivité, il voudra expérimenter les choses tout
seul. De plus, retrouver des personnages à la télévision ou dans une histoire racontée par les
parents le sécurise et le met en joie.
De nombreux scénarios utilisent comme thème central le petit qui se croit, ou que les autres
prennent pour inférieur et font de lui un héros qui se sert de son handicap pour se sortir de
toutes les situations. Par exemple, sa petite taille est un atout pour le rusé « petit poucet » et la
souris de « Tom and Jerry » recèle dans son petit cerveau assez d’astuces pour rouler de gros
chats aussi futés que Tom. Ainsi, voir sur écran des petits qui se débrouillent bien, se tirent
haut la main de situations compliquées apporte de l’espoir au jeune enfant qui s’identifie aux
héros.
 La différenciation du bien et du mal :
Si on demande à un enfant de moins de six ans : « Comment reconnaît-on quelqu’un de gentil
de quelqu’un de méchant ? » Il répondra automatiquement : « ça se VOIT, s’il est gentil il
parle doucement, s’il est méchant il crie mais encore quelqu’un qui est gentil il fait des
bisous, quelqu’un de méchant il tape. » Les enfants ont tendance à classer les êtres qui les
entourent en deux grandes catégories : les gentils et les méchants. Ceci est dû au fait qu’à six
ans, les enfants n’ont pas encore accès à ce qui est appelé en psychologie l’ambivalence, qui
nous fait voir le monde de façon plus nuancée.
Les dessins animés peuvent donc aider les enfants à faire cette différence grâce à des
scénarios à la fois drôles et éducatifs qui leur montrerait ce qui est à faire, ce qui ne l’est
pas ,ce qui est bénéfique , ce qui ne l’est pas . Grâce à une représentation idéale, le dessin
animé joue cette fonction d’ange gardien de la valeur morale.

La distraction
Mis à part sa dimension éducative, le dessin animé promet à chaque enfant de se distraire via
des scénarios dignes des contes des mille et une nuits et de se projeter dans un monde féérique
et magique.
Les enquêtes menées auprès des parents de jeunes enfants dans le monde, révèlent d’ailleurs
que le dessin animé a remplacé le conte. Dans leur contenant même, les dessins animés et le
conte classique comportent de nombreux points communs car tous deux retracent une histoire
située dans un cadre imaginaire, avec généralement un point de départ suffisamment
intéressant pour capter l’attention, puis l’un des protagonistes devient le héros du récit en
résolvant une énigme ou en dénouant un conflit. La seule différence qu’on pourrait relever
c’est que lorsque comme dans le conte traditionnel le récit est oral, chaque membre de
l’auditoire se fait sa propre représentation des protagonistes. Alors que dans le dessin animé le
graphisme des personnages est tellement familier, que même si nous n’avons pas eu accès au
dessin animé durant notre enfance, nous ne pouvons pas nous figurer différemment les
personnages.
Cette proximité du dessin animé avec le conte est l’une des principales raisons qui font que ce
type de production est du succès chez les tout-petits. En effet des études psychologiques ont
montré que les jeunes enfants affectionnent plus particulièrement une histoire qui évolue selon
le schéma d’un conte. Et en fait, qu’ils connaissent déjà le scénario ne nuit pas, l’essentiel
étant de rencontrer les personnages dont le comportement leur est familier.
Ainsi le dessin animé a un impact très important et a une influence bénéfique sur la
personnalité des enfants. Toutefois, ses apports ne peuvent être limités à la dimension
humaine. En fait la production de dessins animés pourrait présenter de nombreux avantages
pour le Maroc s’il se lançait dans ce secteur.
B- Rôles socio-économiques du dessin animé
La création d’un produit national répondant à la demande du marché marocain jusque là
dominé par les produits internationaux, pourrait jouer les rôles suivants :

Sur le plan socioculturel, un dessin animé typiquement marocain pourrait contribuer à
la valorisation de la riche culture marocaine. Ceci, dans la mesure où, ce dessin animé,
produit selon les normes internationales, mais avec les valeurs marocaines, peut permettre de
véhiculer la culture marocaine ( textile, gastronomie , traditions… ) au-delàs des frontières du
Royaume et devenir de ce fait un outil touristique parfait.
Sur le plan économique, il pourrait être bénéfique à plusieurs niveaux :

 la création de nouveaux types d’emplois au Maroc.
En effet l’animation est un domaine à la fois artistique et culturel, mais aussi managérial.
De ce fait, la production d’un film d’animation requiert diverses compétences et donc une
équipe composée de personnes ayant diverses qualifications, et diverses formations dans
les domaines techniques(comme par exemple directeur technique qui requiert des
compétences graphiques et informatiques), managériales(comme par exemple chef de
projet qui nécessite non seulement des connaissances techniques de pointe, mais aussi des
qualités gestionnaires.), et surtout artistique( comme par exemple Storyboarder qui
nécessite d’avoir des connaissances en dessin).

L’utilisation du dessin animé comme outil de publicité et de communication.
Ayant développé un dessin animé qui sera devenu assez familier aux enfants, on pourra
l’utiliser pour vendre des produits(un peu comme un acteur qu’on emploierait pour faire
vendre un parfum, ou une marque de café) . D’ailleurs le Maroc commence déjà à
converger en ce sens. Il n’y a qu’à remarquer la multitude de publicités faites par le biais
de l’animation pour les opérateurs téléphoniques ( IAM et Meditel ) , mais aussi certaines
boissons gazeuses ( Fanta ) et d’autres produits marocains ( C’bon , Mr Propre ).
 La mise en vente de produits dérivés:
L’expérience pourrait s’élargir et s’étendre à des produits dérivés, comme des figurines de
héros que les enfants auraient vu partager des couscous à l’écran. Ce phénomène de mise sur
le marché de produits dérivés de dessins animés a déjà plus de trente ans dans les grands pays
producteurs de dessins animés. En effet, depuis les années 1970-1980, les journalistes ont
régulièrement relevé des phénomènes de véritables ruée vers les figurines de héros cultes
qu'ils ont qualifié parfois de Star Wars-mania, de Tortues Ninjas-mania, de Batman-mania,
de Babaromania, d'Harry Pottermania ou parfois, d'opérations Pokémon ou Digimon.
Pour avoir le droit de vendre des produits dérivés, les entreprises doivent signer un contrat de
concession avec l’ayant droit ou avec un représentant sur un territoire particulier du
propriétaire d’un droit d’exploitation. Une fois le contrat signé, elles deviennent donc des
« licenciées », c’est-à-dire qu’elles ont l’autorisation de vendre le produit dérivé(en
l’occurrence la figurine de dessin animé) pour une durée limitée. Par exemple, la société de
« Panoplies César » possède des contrats de concession avec StudioCanal Licence (filiale de
la chaîne de télévision Canal Plus) pour Télétubbies, avec Hyphen pour Lucky Luke, avec
Saban pour Power Rangers ou Sissi, etc.
D'autres licences, plus « prestigieuses » en termes de retombées médiatiques et plus
« lucratives » en termes de chiffre d'affaires, se retrouvent dans les rayons des magasins. C’est
le cas des produits dérivés Tortues Ninjas (plus de 5 milliards de dollars entre 1987 et 1994),
de Batman (4 Milliards de dollars de 1989 à 1996), du Roi Lion (1,5 Milliards de dollars de
1994 à 1995), des Pokémon (considéré comme le plus grand succès de l'histoire des licences
de divertissement avec, entre 1996 et 2002, 17 milliards dollars) ou encore d'Harry Potter
(évalués par certains experts à au moins 10 milliards d'euros).
En somme si le Maroc se lance dans la production des dessins il pourrait suivre le modèle des
grands pays producteurs et les entreprises de production pourraient amasser d’importantes
sommes d’argent grâce aux produits dérivés et à la publicité. Mais, pour l’instant ce secteur
n’est pas encore assez développé et rencontre encore trop de difficultés.
Section 2- Les contraintes et les opportunités du développement
du secteur de la production de dessins animés au Maroc
A- Les contraintes :
Les professionnels sont unanimes : le film d’animation au Maroc en est encore à ses débuts.
Monsieur Abdellah El Fakir, responsable de la 2D et de la 3D à Sigma technologies, nous a
donné les différents problèmes que rencontrent les producteurs de films d’animation au
Maroc lors de l’interview qu’il nous a accordé.
La principale difficulté rencontrée au Maroc est le fait que pour l’instant, le secteur n’est pas
professionnel et de jeunes animateurs et concepteurs 3D et 2D comme El Fakir trouvent
énormément de difficultés à produire leurs réalisations. En effet, le film d’animation marocain
n’est pas encore arrivé à «arracher» la confiance des producteurs, encore moins celle des
chaînes nationales. D’ailleurs Les chaînes marocaines préfèrent faire des achats « au kilo »
que de produire ou d’acheter des séries ou des films d’animation locaux. En d’autres termes,
comme nous l’explique El Fakir, elles préfèrent aller au Japon, ou en France et acheter des
dessins de qualité plutôt médiocre, ou déjà un peu dépassés plutôt que des productions
marocaines. Ceci principalement parce que ca leur revient moins cher. C’est une question
purement financière.
En outre produire un film d’animation est coûteux et nécessite la mobilisation de plus de 300
personnes. Hors, outre le non professionnalisme du secteur et l’absence de diffuseurs, le film
d’animation au Maroc souffre de la carence de moyens financiers En effet, aucun soutien
officiel n’a été accordé jusqu’à présent au secteur. D’après Monsieur El Fakir, les autorités
officielles, notamment le centre cinématographique marocain(CCM), ne s’intéressent pas au
secteur. Aucune subvention n’a été octroyée à un projet local.
Quant à la formation, plusieurs professionnels estiment que le manque d’écoles spécialisées
contribue à ce que ce cinéma reste toujours embryonnaire dans notre pays. Il n’existe pas au
Maroc d'écoles spécialisées en la matière et les écoles généralistes n’arrivent pas à former
correctement les animateurs d’après El Fakir.
Il faut dire aussi que pour l’instant, l’animation n’est associée qu’à la publicité. D’ailleurs M
El Fakir affirme que les plus gros revenus de Sigma, sont réalisés grâce à la conception de
films d’animation pour les spots publicitaires de diverses entreprises.
B- Les opportunités
Malgré toutes les embuches rencontrées par le marché de la production de dessins animé au
Maroc, tout n’est pas totalement sombre pour ce dernier. En effet, bien que l’Etat ne semble
pas décidé à appuyer les producteurs de dessins animé, ce secteur peut avoir sa place au
Maroc. Les nombreux festivals d’animation organisés et la présence d’un important marché
potentiel en sont la preuve.

Les différents festivals
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Maroc porte quand même un certain intérêt à
la production des films d’animation. Depuis quelques années déjà, des festivals sont organisés
pour encourager le développement de l’animation au Maroc.
Le FICAM (Festival International de Cinéma d’Animation de Meknes) : ce festival a été créé
sous l’impulsion de Serge Grazziani, directeur de l’Institut français en 2001. Lors de sa
première édition, seulement six films ont été projeté. Depuis lors, le FICAM a bien évolué. En
effet, depuis 2006, on assiste même à l’organisation d’une compétition qui récompense le
meilleur court-métrage du Grand Prix Aïcha d’un montant de 50000 Dh. De plus depuis cette
année là, des invités prestigieux venus des quatre coins du monde s’invitent au festival tel que
Isao Takahata, grand réalisateur japonais, Alexandre Petrov(qui a reçu un Oscar en 1999).
Le FICAM qui a réussi à dénicher plusieurs jeunes talents tout au long de ses dix années
d’existence, va bientôt mettre en place une école privée spécialisée à but non lucratif. «Cette
école, dont le siège sera à Meknès, ouvrira ses portes fin 2011. Le financement sera assuré par
Aïcha. L’objectif de la mise en place de cet établissement est d’offrir aux jeunes une
formation adéquate. Une aubaine pour les férus du cinéma d’animation marocains. Cette école
pourrait, espérons-le, chasser plusieurs idées reçues sur le cinéma d’animation.
Suivant l’exemple du FICAM, de nombreux autres jeunes ont décidé de créer d’autres
festivals. C’est le cas de Younès Mouslih, et Rachid Anssar, qui ont décidé en 2010 de créer
un festival de cinéma d’animation à Casablanca appelé Casanim.

La présence d’un important marché potentiel
Pour étudier les potentialités du marché marocain, n’ayant pas de données documentaires,
nous avons décidé de réaliser une étude sur terrain. Nous avons distribué des questionnaires
dans deux types d’école : une privée et une publique afin d’avoir des informations sur
différentes couches de la population (voir questionnaire dans l’annexe.). De cette étude
statistique, qui portait sur 150 enfants âgés de 9 à 16 ans, nous avons obtenu différents
résultats qui nous ont permis de connaitre un peu mieux une partie du marché marocain.
Objectif de l’enquête : connaitre les attentes du marché en ce qui concerne les dessins animés
Echantillon : 150 enfants pris au hasard sur la ville de casablanca
Mode d’administration : en face à face
Outil de dépouillement : Sphinx
Questionnaire voir annexe
 A la question : « Regardes-tu des dessins animés ? », on a eu les réponses suivantes :
Nombre
sans réponse
Oui
Non
Total
fréquence
1
0,7%
146
97,3%
3
2,0%
150
100,0%

A la question « Aimerais-tu voir un héros marocain », on a obtenu les réponses
suivantes :
Aimerais-tu voir un nombre fréquen
dessin animé
ce
marocain ?
sans réponse
1
0,7%
Oui
76
50,7%
Non
24
16,0%
aucune
49
32,7%
importance pour
moi
Total
150
100,0%
Ainsi, comme nous pouvons le constater, il existe au Maroc un important marché potentiel.
Car sur les 150 enfants interrogés, 146 déclarent regarder des dessins animés. De plus sur les
150, 76, soit un peu plus de la moitié aimeraient voir un héros marocains. Toutefois pour
répondre aux attentes de ce marché, il faudrait que les producteurs lancent sur le marché un
dessin animé présentant les caractéristiques que nous donnent les graphiques ci-après :

A la question dans quelle langue préfères-tu les voir on a obtenu les résultats suivants
(dans ce cas, les enfants pouvaient choisir deux réponses à la fois. Ce qui explique qu’ici on a
un nombre de réponses supérieur au nombre d’enfants qui ont participé à l’étude statistique) :
.
Etablissement
Langue choisie
sans réponse
Arabe
Français
anglais
TOTAL
sans
réponse
Privé
1
0
0
0
1
public
2
11
67
8
88
Total
0
31
50
1
82
3
42
117
9
171
Ces résultats démontrent que contrairement à ce qu’on pourrait penser, les producteurs ne
devraient pas se concentrer sur la production de dessins animés en langue Arabe. La plupart
des enfants déclarent préférer les voir en Français, et ce, qu’ils fréquentent une école privée
(ce qui suppose qu’ils viennent de familles aisées), ou un établissement public (ce qui laisse
supposer qu’ils viennent de familles plus défavorisées.).
Mais faire un dessin animé en français n’est pas suffisant pour prétendre répondre totalement
aux attentes du jeune public marocain. Selon le sexe et l’âge, les jeunes spectateurs ont des
attentes différentes. Notre étude nous a montré les résultats suivants :

A la question quel type de dessin animé préfères-tu, on a obtenu les résultats suivants
filles
Garçons
5
1
Educatif
37
11
Féérique
53
9
Mangas
22
23
Fantastique
33
13
sans réponse
sans réponse
Educatif (comme il était une
fois la vie)
Féérique (comme Winx ou les
Walt Disney)
Mangas (comme Bleach ou
Naruto)
fantastique, aventure (comme
Spiderman)
Total
de 9 à 11 de 11 à
de 14 à
Total
ans
14 ans
16 ans
1
4
1
12
28
8
6
48
10
48
4
62
5
38
2
45
7
33
6
46
35
151
21
207
Comme le montrent ces résultats, les préférences varient selon l’âge et le sexe :
 Les filles préfèrent largement le type « féérique » aux autres, tandis que les garçons
ont une nette préférence pour les dessins animés de type « mangas ».
 Entre neuf et onze ans les enfants préfèrent regarder des dessins qui leur apprennent
des choses. Alors qu’entre 11 et 14 ans, ils préfèrent la magie et la fantaisie des
Disney.
Toutefois un point important que ces résultats nous permettent de mettre en évidence
est que quelque soit l’âge et le sexe, les dessins animés de type « féérique » sont ceux
qui réunissent le plus de voix. Maintenant nous allons essayer d’étudier la rentabilité
de ce marché à partir de la consommation de produits dérivés à l’aide du graphique cidessous :

A la question « Quel type de produits dérivés achètes-tu ? » on a obtenu les
résultats suivants :
produits dérivés
Non réponse
Peluches
5
15
écussons, bijoux, sacs
26
Cartes
34
Jeux-vidéos
97
Jeux de société
Je n'en possède pas
47
14
produits dérivés
Non réponse
Peluches
écussons, bijoux, sacs
Cartes
Jeux-vidéos
Jeux de société
Je n'en possède pas
TOTAL OBS.
Nb. cit.
5
15
26
34
97
47
14
150
Fréq.
3,3%
10,0%
17,3%
22,7%
64,7%
31,3%
9,3%

A la question à quelle fréquence achètes-tu des dessins animés ? on a obtenu les
résultats suivants :
fréquence
Non réponse
1 ou 2
3 ou 4
5 et plus
TOTAL OBS.
Nb. cit.
15
54
28
53
150
Fréq.
10,0%
36,0%
18,7%
35,3%
100%
Ainsi ces résultats nous permettent de mettre en évidence le fait que au Maroc, la vente des
produits dérivés peut être véritablement rentable. Car comme on le constate, sur les 150
enfants interrogés, 97 achètent des jeux vidéos, et 53 en achètent cinq et plus par an.
En somme, on peut retenir du marché marocain que :

Déjà il existe, est bien présent et à certaines attentes

En plus il est plutôt rentable si on tient compte du fait du nombre important dans
l’échantillonnage qui achète des produits dérivés.
Donc là une seule question se pose, qu’attendent les producteurs et l’Etat pour satisfaire les
besoin de ce marché ?
Conclusion générale :
L’essor du dessin animé dans le monde et son indéniable importance ailleurs dans le monde
nous a poussés à nous interroger sur la place qu’il occupe actuellement et celle qu’il pourrait
occuper dans la société marocaine. Pour ce faire, nous nous sommes aidés de nombreuses
recherches documentaires, ainsi que de la rencontre avec des professionnels de l’animation au
Maroc, et des enfants, leur principale cible. Au terme de ce mémoire, nous avons appris que le
dessin animé est une production à part entière, qui a connu un véritable essor dans le monde,
grâce à son originalité et sa capacité de faire projeter les téléspectateurs, dans un monde
fantastique. Dans le monde, il a su gagner du terrain, économiquement, socialement et
culturellement, et tout un processus de création a vu le jour, faisant de ce dernier une véritable
industrie mêlant art et business. Le dessin animé est un acteur à part entière dans l'économie
d'un pays car c'est à la fois un outil de transmission de valeur et un facteur d'investissement et
de création d'emplois.
Toutefois, au Maroc, ce type de production a encore beaucoup de chemin à faire pour
émerger. En effet la production animée voit à peine le jour et devrait se développer pour
proposer un produit à l'allure marocaine, mêlant art, culture et commerce. Pour l’instant, ce
marché reste encore non concurrentiel dans le Royaume, et, méconnu et insignifiant au niveau
international.
Mais avec la libéralisation du secteur audiovisuel au Maroc, il a peut être une chance
d’exister, et de trouver son chemin dans notre culture ayant comme atout d’être à la fois
orientale et occidentale.
Annexes
Comment bien choisir un dessin animé ?
Emmener un enfant voir un spectacle ou un long métrage de dessin animé , implique le
renseignement des parents et des éducateurs sur la teneur du spectacle , en fonction du désir
de l’enfant mais aussi de leurs propres critères moraux , sociaux , et éducatifs .

Qu’y a-t-il au programme ? : Le choix préférentiel est d’abord lié à la consultation du
programme puis à l’évaluation du contenu du film, sélectionné en fonction de l’âge ,et des
intérêts de l’enfant .

Tenir compte de l’âge de l’enfant : En principe les heures de programmation sont
calculées par les diffuseurs en fonction du rythme de vie des enfants . Les tout petits se lèvent
très tôt , les premières émissions du matin sont généralement diffusées à leur intention . Les
plus grands doivent souvent attendre des moments plus tardives .

La durée : La durée d’une émission est également fonction de l’âge de celui qui la
reçoit. Plus l’enfant est jeune, plus courte est sa capacité d’attention . Avec la télévision , la
difficulté consiste justement à éteindre le poste , alors que plusieurs films d’animation
s’enchaînent , le risque d’« hypnose » est garanti si la durée du programme n’a pas été limitée
dès le départ

Les messages transmis : Si le contenu de l’histoire ne semble pas respecter les enfants
ou ne correspond pas aux valeurs que vous voulez transmettre- même si la séduction s’exerce
sur l’enfant par un marketing adroit , il faut expliquer à l’enfant pourquoi vous ne souhaitez
pas qu’il regarde ce film .

Le langage : L’impact de l’image semble, à premier vue, primordial dans un film,
d’animation, mais si captivante que soit cette image, ce n’est pas une raison pour négliger la
qualité des dialogues, et des commentaires qui l’accompagnent.

La forme du langage : Il doit être clair et bien formulé de façon à ce que le jeune
public comprenne le contenu.

Le fond : C’est le contenu essentiel

L’esthétique : le tracé des couleurs sont des éléments importants dans le choix des
dessins animés. L’éducation du goût passe par la confrontation avec des dessins originaux,
harmonieux, en accord avec les émotions qui veulent être transmises.
Bibliographie
Emile Cohl, l’inventeur du dessin animé
Par Pierre Courtet-Cohl, Bernard Genin, et Isao Takahata pour la préface
Le cinéma graphique : une histoire de dessins animés : des jouets d’optique au cinéma
numérique
Par Dominique Willoughby
La psychanalyse des dessins animés
Par Geneviève Djénati
Web graphie
http://www.ficam.ma/
http://www.cnc.fr/web/fr
http://www.yabiladi.com/article-culture-776.html
http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/IMG/pdf_dora.pdf

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