Vieillissement normal et pathologique
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Vieillissement normal et pathologique
MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Année Universitaire 2006 - 2007 Épidémiologie Les chiffres de la population française Vieillissement normal et pathologique H. BLAIN Centre de Gérontologie Clinique Antonin Balmes CHU Montpellier La France se situe au 8e rang des pays européens en ce qui concerne la proportion des 65 ans et plus, et est au premier rang en ce qui concerne les 85 ans et plus Épidémiologie Épidémiologie Espérance de vie à la naissance Espérance de vie (en années) en fonction de l’âge en France en 2000 • fonction du sexe (la surmortalité masculine ne se réduira qu’après 2025 selon les dernières estimations) • du niveau socio-économique • du niveau éducatif • du mode de vie (alcoolisme, tabagisme…) • de la pénibilité professionnelle. 60 ans 75 ans 85 ans Homme 20.3 10.1 5.2 Femme 25.7 13 6.5 (Source INSEE) Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Année Universitaire 2006 - 2007 Épidémiologie Définition vieillissement normal Espérance de vie (en années) en fonction de l’âge en France en 2000 Le vieillissement normal se définit comme l’ensemble des processus moléculaires, histologiques, physiologiques et psychologiques qui accompagnent l’avancée en âge. Le vieillissement est physiologique Facteurs génétiques + Environnement vieillissement Théories du vieillissement (1) • Théories génétiques du vieillissement – Durée de vie maximale constante des espèces (drosophile 1 mois, homme 150 ans) – Formes génétiques de vieillissement (progeria, T21) – Effet des manipulations génétiques (nématode Caenorabditid elegans et drosophile (sur-expression SOD) – Longévité homogène jumeaux homozygotes > hétérozygotes – Différences génétiques chez centenaires (moins d’apoE4) – Potentiel de division cellulaire limité et proportionnel à longévité espèce (théorie d’Hayflick) – Espérance de vie // capacités de réparation Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Théories du vieillissement (2) • Théorie des mutations somatiques, de l’accumulation des erreurs dans séquences d’ADN → altérations protéiques • Télomères : séquences nucléotidiques d’ADN répétées au bout des chromosomes linéaires. Perte d’1 T à chaque division jusqu’à l’arrêt cellulaire. Télomérases → immortalité (longueur du télomère // longévité) • Vieillissement programmé : mort programmée : apoptose programmée par des gènes (horloge) Vieillissement physiologique Année Universitaire 2006 - 2007 Théories du vieillissement (3) • Théorie oxydative impliquant les radicaux libres (protection anti-radicalaire ↓ avec âge : SOD, catalases, GPX) (soleil, radiations, vitamine E, A) • Théorie de la glycation des protéines (réticulation ou cross-linking) : diabète : modèle formation des AGE (advanced glycation end products) : ponts entre macromolécules (collagène) • Théorie impliquant les heat shock proteins (HSP) : ↓ avec âge 3 Profils d’avancée en âge Vieillissement normal Diminution des réserves fonctionnelles Réduction des capacités de l’organisme à s’adapter aux situations d’agression En fonction des capacités de réserve Vieillissement réussi maintien des capacités fonctionnelles de réserve Vieillissement usuel diminution légère des capacités fonctionnelles non attribuable à une pathologie de l’organe Vieillissement avec fragilité diminution modérée des réserves exposant à un risque accru de décompensation fonctionnelle face à une agression. Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Année Universitaire 2006 - 2007 La composition corporelle Principales modifications observées au cours du vieillissement normal • réduction relative de la masse maigre • augmentation proportionnelle de la masse grasse à poids stable • diminution du volume de l’eau extra-cellulaire. Le système nerveux central • diminution modérée du nombre de neurones corticaux (dopaminergiques et cholinergiques), altération de la plasticité neuronale : – moindre efficience des phénomènes de compensation et de suppléance : vulnérabilité cérébrale en cas d’agression, s’exprimant par une confusion – perte de l’intégrité des processus d’apprentissage des notions nouvelles attentionnels et – réduction et déstructuration du sommeil (réduction de sécrétion de mélatonine par l’épiphyse) – une réduction de la sensation de soif, par désensibilisation des récepteurs hypothalamiques, risque de déshydratation Le système nerveux périphérique et autonome • SNP : Altération de la sensibilité profonde : risque majoré d’instabilité posturale et de chutes • SNA : réduction de la sensibilité des récepteurs aux catécholamines, – réduction de la fréquence cardiaque à l’effort – moindre sensibilité aux β-mimétiques et β -bloqueurs. altération de la régulation du baro-réflexe exposant à un risque accru d’hypotension orthostatique Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Année Universitaire 2006 - 2007 Le système cardiovasculaire Les organes des sens • altération de la fonction diastolique du VG – réduction de l’accommodation gênant la vision de près (presbytie), – augmentation de charge intra-auriculaire – opacification du cristallin (cataracte), à l’origine de sensation de vision floue et d’éblouissements à la lumière – diminution de principalement (presbyacousie) l’acuité auditive sur les sons – augmentation de son épaisseur et diminution de sa compliance portant aigus L’appareil respiratoire – réduction de la capacité de diffusion de l’oxygène fréquence des troubles du rythme auriculaire Perte de la systole auriculaire + VG non compliant = risque d’IC • augmentation de la PAs – diminution de la compliance artérielle résultant de l’augmentation des fibres collagènes et de la réduction des fibres élastiques (artériosclérose) – altération de la vasomotricité artérielle par dysfonction endothéliale L’appareil digestif • diminution des sécrétions chlorhydro-peptiques • augmentation du temps de vidange gastrique – réduction de la capacité ventilatoire – réduction du débit expiratoire de pointe par diminution du volume des muscles respiratoires – diminution de la compliance pulmonaire et du calibre des bronches distales. • ralentissement du transit intestinal • réduction du flux splanchnique • diminution de la masse et du débit sanguin hépatique (réduction de l’effet de premier passage hépatique) pouvant modifier le métabolisme des médicaments Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique L’appareil locomoteur Année Universitaire 2006 - 2007 L’appareil urinaire • réduction de la masse musculaire : – diminution des fibres « rapides » de type II (métabolisme anaérobie) +++ (exercice intense et rapide) – diminution moindre du nombre de fibres musculaires lentes de type I (métabolisme oxydatif) par ↓ capillarisation et activité enzymatique • déclin de la consommation maximale d’oxygène ou VO2 max (1 % par an) qui est un reflet global de l’aptitude cardio-circulatoire • réduction de la densité minérale osseuse – Femme ménopausée++ (carence oestrogénique) – Augmente le risque fracturaire, • amincissement et fragilité accrue du cartilage articulaire – par réduction du nombre de chondrocytes – par réduction du contenu hydrique et modification du contenu en glycosaminoglycanes de la matrice extracellulaire. L’appareil endocrinien – chez la femme ménopausée : baisse de la sécrétion ovarienne en œstrogènes • disparition des cycles menstruels • réduction du nombre de néphrons fonctionnels • altération de la fonction tubulaire diminution de la filtration glomérulaire et des capacités d’élimination du rein aggravée en présence d’autres facteurs calcul de la clairance de la créatinine selon Cockroft (140-âge)x poids (Kg) créatinine (µmol/l)x0,814 x0,85 pour les femmes MDRD (Modification of Diet in Renal Disease) Tient compte de l’age, du sexe, de la créatininémie et de l’albuminémie (calculable avec MDRD calculator sur Google (mot clé : MDRD) La peau et les phanères – atrophie épidermique, diminution du nombre de mélanocytes, aplanissement de la jonction dermoépidermique et altérations des composants de la matrice extra-cellulaire dermique • involution de l’utérus et des glandes mammaires • diminution des sécrétions et atrophie vulvo-vaginales, favorisant le développement d’infections urinaires – chez l’homme : diminution progressive de la sécrétion de testostérone et augmentation du volume de la prostate – une tolérance à la charge en glucose réduite, témoignant d’un certain degré d’insulinorésistance – altération des fibres élastiques en peau photo-exposée : présence de rides – réduction de croissance des cheveux, des ongles et du nombre de mélanocytes : grisonnement des cheveux – réduction de l’activité des glandes sébacées, sudoripares : xérodermie Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Le système immunitaire • dysrégulation immunitaire variable selon état de santé et état nutritionnel • altération de l’immunité à médiation cellulaire – modification de la répartition des LT4 : augmentation des TH2 et baisse des TH1 – baisse de synthèse d’IL-2 par les lymphocytes – diminution de la prolifération des LT après stimulation • conservation de l’immunité à médiation humorale (LB, réponse Ac) • Réponse vaccinale conservée Année Universitaire 2006 - 2007 Aspects relationnels et psychologiques (1) • En cas de vieillissement réussi : – involution très lente des fonctions sensorielles, motrices et intellectuelles – développement au cours de la vie d’ intérêts multiples, non exclusivement professionnels – conservation de rapports harmonieux avec les enfants, petits-enfants et amis le vieillissement s’accompagne de modifications peu marquées de ces paramètres « on vieillit comme on a vécu » ; Ajuriaguerra Aspects relationnels et psychologiques (2) Aspects relationnels et psychologiques (3) • en cas d’involution sensorielle, motrice et intellectuelle, d’un appauvrissement affectif, des contacts sociaux ou des pôles d’intérêt : • chaque personne vieillissante va négocier de nouveaux équilibres fonction : – plus grande difficulté d’adaptation aux situations nouvelles, qui induit : • un sentiment d’insécurité (angoisse de s’échapper à soi-même, sentiment d’impuissance, d’inutilité et de dépréciation) • un surinvestissement du présent • une sécurisation par l’habitude (l’univers se rétrécit, la personne s’accroche à ses acquis, s’enlise dans la matérialité) • un désinvestissement affectif (les échanges sont moins nombreux, favorisant l’apparition des troubles mentaux par manque de stimulation). – mise en échec d’une série de contrôles et de mécanismes de stabilisation de l’affectivité, à l’origine de passages à l’acte (délinquance sénile, alcoolisme, délits de mœurs) – de ses ressources propres – de sa personnalité antérieure • Cet équilibre fragile entre la résignation passive et le refus explique un certain nombre de traits de caractère ou de réactions assez souvent observées chez la personne âgée : – les sautes d’humeur – Les conduites répétitives (sécurisantes) – l’investissement libidinal sur : • leur propre personne • leur patrimoine – des conduites agressives (agitation anxieuse) ou régressives. Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Année Universitaire 2006 - 2007 Règles hygiéno-diététiques Vieillissement pathologique prévention Traitements hormonaux de la ménopause • THS (uniquement pour le signes climatériques) • SERM (os trabéculaire, avant 70 ans, si pas de CI) • SAS (stéroïdes d’action sélective + sur os, cerveau, vaisseaux, action PG sur l’endomètre et androgénique sur le cerveau (libido) mais cutané): tibolone Livial ®) → ↑ AVC • • • • • • • • • • Le respect d’un poids idéal La prévention de la dénutrition L’hygiène dentaire et des prothèses L’abstinence tabagique L’activité physique La photoprotection La prévention des déficiences auditives La prévention de l’incontinence La stimulation intellectuelle L’intégration sociale Les vaccinations • Les capacités de réponse vaccinale sont maintenues chez le sujet âgé mais leur efficacité est moins durable • grippe : tous les ans • pneumocoque tous les 5 ans • tétanos-polio tous les 10 ans Risque osseux / risque vasculaire et néoplasique Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Dépistage et traitement du diabète • maintenir une HBA1c < 7-7,5% • prévient les complications cardiovasculaires et améliore l’espérance de vie sans incapacité des sujets âgés diabétiques. Dépister et traiter précocement les troubles cognitifs chez le sujet âgé ACE Dépistage et traitement de l’athérosclérose et des cardiopathies emboligènes • Statines • attention aux hypoglycémies MMSE 5 mots Horloge IADL Année Universitaire 2006 - 2007 consultation spécialisée • Antiagrégants • anticoagulants Prévention de la chute • L’évaluation permet le dépistage et la prise en charge adaptée des sujets à risque de chute – le dépistage et le traitement des pathologies oculaires, cochléo-vestibulaires et neuro-génératives – le dépistage et le traitement des affections podologiques (cors, callosités), articulaires (coxarthrose, gonarthrose), ophtalmologiques – la prudence vis-à-vis de l’utilisation des psychotropes (benzodiazépine en particulier) et des hypotenseurs – la prévention de la dénutrition – le maintien d’activités physiques (prévention de la sarcopénie et maintien de l’aptitude physique) – la rééducation des troubles de l’équilibre – l’adaptation de l’environnement aux capacités du sujet Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Prévention de la iatrogénie • Pathologie iatrogénique : fréquente et grave (polypathologie, polymédication, modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques liées à l’âge) • nécessité d’adaptation du traitement : – – – – – au poids à la clairance de la créatinine (formule de Cockcroft) à l’albuminémie aux fonctions cognitives aux capacités physiques et sensorielles (prudence vis-à-vis des anticoagulants chez les chuteurs et des médicaments en gouttes en cas de baisse de l’acuité visuelle…) – aux autres traitements : vérification de l’absence d’interaction médicamenteuse • réévaluation et la réadaptation régulière de la thérapeutique. Prévention du vieillissement cutané et capillaire • Utilisation de topiques à base de rétinoïdes, d’acides alpha-hydroxy-acides (qui inhibent l’activation des métalloprotéinases dermiques par les rayons ultra-violets) ou d’anti-radicalaires (vitamine C concentrée à 5 %). • Les traitements interventionnels (peelings, resurfaçages laser, dermabrasion, techniques de comblement des rides, toxine botulinique, lifting, blépharoplastie) peuvent être discutés en fonction du rapport bénéfices / risques • En l’absence de contre indication, pour ralentir la chute des cheveux : – les solutions de minoxidil à 5% associées à une solution de trétinoïne à 0,025 % dans les 2 sexes – l’acétate de cyprotérone chez la femme ou le finastéride chez l’homme Année Universitaire 2006 - 2007 Dépister et traiter la dépression du sujet âgé • Symptômes dépressifs : 15 % après 65 ans, et prévalence des états dépressifs majeurs 3 %. • Souvent méconnue et sous-diagnostiquée : mode de présentation le plus souvent atypique ou paucisymptomatique. • Des affects dépressifs après 70 ans chez un sujet sans passé dépressif, peuvent constituer les premiers symptômes d’une démence. • Fréquence des idées suicidaires et et des actes suicidaires violents et réussi • Actions préventives collectives pour réduire le retentissement de la dépression et le risque suicidaire : – dépistage systématique de la dépression à l’aide d’échelles telles que la Geriatrics Depression Scale (GDS et mini-GDS) – développement de consultations et de services de psychogériatrie – amélioration des conditions de vie : mesures d’aide individuelle, familiale et sociale Dépistage et traitement des déficiences visuelles • La protection face aux rayons UV réduit le risque de cataracte et DMLA • L’équilibration de la glycémie et l’abstinence vis-à-vis du tabac préviennent la DMLA • La baisse de l’acuité visuelle, parce qu’elle expose au risque de chute et de désocialisation et parce qu’elle retentit sur la qualité de vie, doit être dépistée et traitée chez le sujet âgé • Quand un traitement chirurgical de la cataracte est indiqué, la technique de référence est la phacoémulsification avec mise en place d’un implant dans le sac capsulaire, pratiquée le plus souvent sous anesthésie locale • La photothérapie dynamique s’adresse uniquement aux formes exsudatives de DMLA. Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes MIF Vieillissement Item 54 : Vieillissement normal et pathologique Dépistage et traitement des déficiences auditives L’approche préventive recommande d’inclure le dépistage de la déficience auditive dans l’examen médical périodique, et le port de prothèses auditives, en cas de besoin. Année Universitaire 2006 - 2007 Rechercher et traiter l’insuffisance cardiaque • Diurétiques • IEC, ARA II • Aldactone • Certains béta-bloquants (carvédilol, bisoprolol, Metoprolol) Dépistage et traitement précoce du cancer chez la personne âgée • Dépistage du cancer du sein : mammographie annuelle ou au moins bi-annuelle jusqu’à 75 ans, et bi-annuelle ou au moins tous les 3 ans ensuite sans limitation d’âge pour les femmes ayant une espérance de vie > 4 ans. • La recherche de sang dans les selles / an permettrait de réduire la mortalité par cancer colorectal de 30%. (réservé aux sujets âgés chez lesquels une coloscopie et éventuellement un geste chirurgical sont réalisables) • Le toucher rectal régulier + dosage du PSA en cas de suspicion de cancer de la prostate, est recommandé après 50 ans Conclusion • L’allongement de l’espérance de vie sans incapacité nécessite sur le plan médical: – la connaissance et l’application des règles d’hygiène de vie et des mesures médicales prévenant le vieillissement pathologique – le dépistage précoce et la prise en charge des pathologies dont l’avancée en âge représente un facteur de risque et qui doivent être différenciées du vieillissement physiologique Janvier 2007 H. BLAIN Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes