Prévention des troubles musculo-squelettiques auprès du personnel
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Prévention des troubles musculo-squelettiques auprès du personnel
IFPEK Institut d’appartenance Prévention des troubles musculo-squelettiques auprès du personnel soignant : Le rôle de l’ergothérapeute au sein de son équipe. UE 6.5 S6 Evaluation de la pratique professionnelle et recherche En vue de l’obtention du diplôme d’Ergothérapeute CURZILLAT Laura Année 2013/2014 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale. IFPEK Institut d’appartenance Prévention des troubles musculo-squelettiques auprès du personnel soignant : Le rôle de l’ergothérapeute au sein de son équipe. UE 6.5 S6 Evaluation de la pratique professionnelle et recherche En vue de l’obtention du diplôme d’Ergothérapeute Sous la direction de Mr GUICHOUX Jean-François CURZILLAT Laura Année 2013/2014 Remerciements : Je tiens à remercier toutes les personnes ayant permis l’élaboration de ce mémoire : Mon maitre de mémoire, Mr GUICHOUX pour son accompagnement, son encouragement et ses conseils tout au long de ce travail. Les professionnels qui ont pris le temps de m’accorder un entretien. Mes proches, ma famille, mes camarades, mes colocataires, mon ami qui m’ont soutenu pendant ces trois années. Un grand merci plus particulièrement à mes parents sans qui rien n’aurai été possible et à Delphine, Sandra, Aurélie et Jean-Luc pour leur patience et leur aide. MERCI. « Un problème prévu et un problème en moins » (Maurice DANTEC) SOMMAIRE Introduction ............................................................................................................................... 1 1 2 3 4 Problématique ................................................................................................................... 2 1.1 Une situation interpelante : les soignants, une population à risque .......................... 2 1.2 Lectures préliminaires ................................................................................................. 3 1.3 L’ergothérapeute un acteur de terrain : ce que nous apporte un entretien. ........... 10 1.4 Question de recherche et hypothèse ........................................................................ 14 Partie théorique :............................................................................................................. 15 2.1 Les TMS, un problème de santé publique ................................................................. 15 2.2 La prévention des TMS .............................................................................................. 20 2.3 L’ergothérapeute au sein d’une équipe .................................................................... 25 L’enquête ......................................................................................................................... 27 3.1 Construction de l’enquête ......................................................................................... 27 3.2 Présentation des résultats et analyse ....................................................................... 29 Discussion ........................................................................................................................ 41 4.1 Retour sur l’hypothèse .............................................................................................. 41 4.2 Les limites de ce mémoire ......................................................................................... 45 4.3 Autres pistes de réflexion .......................................................................................... 47 Conclusion .................................................................................................................................... Bibliographie ................................................................................................................................ Table des matières....................................................................................................................... Annexes ........................................................................................................................................ Introduction Actuellement, l’ergothérapie est une profession sollicitée dans différents domaines. Ce thérapeute intervient auprès de personnes en situation de handicap ayant des âges et des pathologies très variés. Depuis quelques années, c’est une profession en pleine expansion. D’après une étude du Ministère de la Santé le nombre d’ergothérapeutes en France est passé de 4241 en 2001 à 8539 en 20131. Avec le vieillissement de la population, les ergothérapeutes sont de plus en plus sollicités dans les structures accueillant des personnes âgées. Dans ces établissements, l’ergothérapeute s’intègre dans une équipe pluridisciplinaire où collaborent aides-soignants, infirmiers, aides-médico-psychologiques, médecins … Avec l’augmentation de l’espérance de vie, les résidents deviennent de plus en plus dépendants et les soins de nursing de plus en plus lourds pour le personnel. Les soignants se plaignent régulièrement de douleurs majoritairement au niveau du dos et des épaules, on parle de Troubles MusculoSquelettiques (TMS). Des études montrent que la profession d’aide-soignant est très touchée par ces pathologies. Au sein de ces structures, l’ergothérapeute peut avoir un rôle à jouer dans la prévention des TMS auprès du personnel soignant de son établissement. A travers ce mémoire de fin d’étude je souhaite aborder le rôle de l’ergothérapeute dans la prévention des troubles musculo-squelettiques, en intra établissement et au sein d’une équipe soignante. Dans une première partie, nous exposerons ce questionnement, son origine, ainsi que les différentes étapes qui ont permis de délimiter notre champ d’exploration autour de la question de recherche suivante : En quoi et comment, l’ergothérapeute peut-il être une personne ressource, dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante? Dans une seconde partie, nous présenterons les éléments de réflexion et les concepts dans une partie théorique. Puis, nous détaillerons les résultats et l’analyse de l’enquête réalisée auprès d’ergothérapeutes et d’aides-soignants avant de vérifier l’hypothèse de recherche. Ce mémoire se finalise par une discussion sur l’ensemble de ce travail afin de proposer des pistes recherches ultérieures. 1 Etude de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l´Evaluation et des Statistiques (DREES) 1 1 Problématique 1.1 Une situation interpelante : les soignants, une population à risque Le thème de ce mémoire prend racine suite à une constatation faite en stage. En effet, lors d’un stage fractionné en MAS (Maison d’Accueil Spécialisé) et IME (Institut Médico Educatif), j’ai pu observer que de nombreux soignants se plaignaient de douleurs articulaires et musculaires essentiellement au niveau du dos, des épaules, et des genoux. Les plaintes les plus fréquentes venant des aides-soignants Dans cet établissement, les groupes de soin sont très disparates. Cependant, au sein d’un groupe, le niveau de dépendance et d’autonomie des résidents est quasi homogène. Ainsi, certains groupes nécessitent des manipulations plus lourdes et plus nombreuses. Les aides demandées pour les actes de la vie quotidienne, par les patients aux soignants, sont eux aussi plus conséquents dans certains groupes. Ces gestes sont réalisés de façon répétitive plusieurs fois dans la journée et avec une certaine rapidité d’exécution. Ces différentes contraintes sont-elles à l’origine des douleurs chez le soignant ? Toujours durant ce stage, j’ai pu assister à deux formations. L’une sur l’utilisation du lève-personne auprès des aides-soignants et l’autre sur la manutention réservée aux primoarrivants. Ces deux situations ont pour but d’assurer la sécurité du patient en rappelant aux soignants les bons gestes de manutention. Ceci contribue à la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces différentes observations m’ont amenée à me questionner sur le sujet : Comment pouvons-nous améliorer le quotidien du personnel soignant et de ce fait celui des résidents ? Quel est la légitimité de l’ergothérapeute de former un soignant, ayant déjà eu une formation similaire lors de leur formation initiale ? Quelle attitude et quelle posture, l’ergothérapeute, doit-il adopter auprès de ses collègues? Ainsi, ma question de départ est : Comment l’ergothérapeute peut-il intervenir auprès du personnel soignant afin de prévenir les troubles musculo-squelettiques ? 2 1.2 Lectures préliminaires 1.2.1 Les T.M.S. (troubles musculo-squelettiques) D’après l’INVS, les TMS sont en expansion depuis 10 ans. Ils représentaient près de 40000 maladies indemnisées en 2008 par le Régime général de la sécurité sociale. Ceci engendre un coût direct annuel de près de 800 millions d’euros. D’après l’association ARIS (Association Régionale pour l’intégration Sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap), ceci représente 60% de l’ensemble des maladies professionnelles indemnisées en France. Les troubles musculo-squelettiques sont la première maladie professionnelle déclarée en France. On peut donc dire que les TMS sont un problème de santé publique puisqu’ils touchent une grande partie de la population et engendre des dépenses importante en matière de santé. Les TMS regroupent une quinzaine de maladies qui affectent les muscles, les tendons et les nerfs des membres et de la colonne vertébrale. Ils sont majoritairement caractérisés par de la douleur. D’autres symptômes peuvent être présents comme « la maladresse, la perte ou diminution de la force ou encore la raideur » (ARIS). Les causes d’apparition de la maladie sont multiples. On peut distinguer les facteurs individuels (âge, sexe, antécédents médicaux, …) et les facteurs environnementaux. Ces derniers sont divisés en deux sous parties: les facteurs biomécaniques comprenant la répétition des gestes, les efforts excessifs, les zones articulaires extrêmes et le travail en position maintenue. Les facteurs psycho-sociaux comme par exemple le stress. En tant qu’ergothérapeute, nous pouvons agir majoritairement sur les facteurs biomécaniques qui sont nombreux chez le personnel soignant. Les TMS peuvent engendrer chez un individu de nombreux désagréments. En effet, ils peuvent générer des situations de handicap, isoler l’individu socialement et professionnellement ou encore altérer sa qualité de vie. 1.2.2 La prévention D’après le petit Larousse, la prévention (ou prophylaxie) est « l’ensemble des moyens mis en œuvre pour éviter l’apparition, l’expansion ou l’aggravation de certaines maladies. » L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classe la prévention en 3 catégories : 3 la prévention primaire : lorsque l’on agit avant l’apparition de la maladie en jouant sur les facteurs de risque ; la prévention secondaire : Permet de détecter la maladie ou la lésion qui la précède à un stade où l’on peut intervenir utilement en dépistant la maladie et en évitant l'apparition des symptômes cliniques ou biologiques la prévention tertiaire : Permet de limiter les complications et les séquelles de la maladie et de son traitement en favorisant la réinsertion sociale : adaptation du poste de travail, éducation thérapeutique,... Dans le cas de la prévention des TMS des personnels soignants, nous nous situons majoritairement dans la prévention primaire. Cependant, la prise en charge peut être plus personnalisée, c’est-à-dire plus spécifique à un individu. Dans ce cas, la prévention sera secondaire comme par exemple avec les rendez-vous de médecine préventive ou tertiaire avec l’éducation thérapeutique, les écoles du dos … La prévention dans le milieu hospitalier est favorable à différents niveaux c’est-àdire : au personnel, à la structure, et aux patients. En effet, elle permet aux personnels d’éviter l’apparition et l’aggravation de la maladie, ou le passage à la chronicité. Ceci évite une dégradation de l’état physique du soignant. Elle assure au niveau du patient, une sécurité. En effet, la douleur du soignant peut engendrer des gestes ou des positions algiques pouvant engendrer des mouvements incontrôlés, hésitants ou brusques. Ces actions d’évitement de la douleur, peuvent entraîner la chute du patient ou encore des situations maltraitantes. En prévenant l’apparition de la douleur et des TMS chez le soignant, en lui apprenant, par exemple, à utiliser des positions sécurisées pour lui, il aura moins de risques de se mettre, ainsi que le patient, dans une position inconfortable. Dans les cahiers de préventique : les TMS Troubles musculo-squelettiques, on peut lire que la prévention des maladies dues au travail est favorable pour les employeurs. En effet, l’apparition de TMS au sein du personnel entraîne des coûts élevés pour l’entreprise; une contre-productivité, les salariés prennent plus de temps et sont moins efficaces, et une augmentation de l’absentéisme. De plus, l’absence de prévention dans une entreprise pose des problèmes d’ordre éthique; un employeur ne doit pas laisser le personnel se « dégrader ». La prévention des TMS peut aussi éviter les tensions et incompréhensions au sein d’une équipe. Elle redonne donc à l’entreprise une nouvelle dynamique. 4 1.2.3 La profession d’aide-soignante Une personne devient aide-soignant (AS) suite à une formation qui se déroule en un an. A la fin de celle-ci, les étudiants obtiennent un diplôme national ou diplôme d’état. Ce diplôme est équivalent à un Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP). D’après l’ONISEP : « La formation prépare au soin, à la prévention et à l'éducation à la santé. L'aide-soignant préserve et restaure le bien-être et l'autonomie du patient. Il l'accueille, l'informe, l'accompagne et lui dispense les soins d'hygiène et de confort, en s'adaptant à ses besoins et à son degré d'autonomie. Placé sous la responsabilité de l'infirmier, il observe la personne, mesure les principaux paramètres liés à son état de santé, et transmet ses observations pour que soit maintenue la continuité des soins. » Huit modules sont à acquérir pour l’obtention du diplôme d’état d’aide-soignante2, soit 595 heures d’enseignement pédagogique. Six stages cliniques sont aussi à valider soit, au total, 24 semaines. Durant leur formation, elles étudient le domaine de l’ergonomie dans le module 4. Il dure 35 heures et permet aux futurs aides-soignants d’acquérir les techniques de manutention et de mobilisation du patient tout en tenant compte de la sécurité de chacun. La notion de prévention des troubles musculo-squelettiques est donc abordée lors de leurs études initiales. Pendant mes études secondaires, j’ai travaillé, deux étés, en tant qu’agent de service hospitalier (ASH) faisant fonction d’aide-soignant (AS), dans une maison de retraite. Cette qualification signifie que l’ASH peut être amené à exécuter des soins identiques aux aidessoignants (soins d’hygiène, aide aux repas, …). Elle travaille seule ou en binôme avec un aidesoignant. Cet emploi d’été m’a permis de découvrir et de me rendre compte des difficultés du métier. En effet, cette profession demande une bonne condition physique. Le rythme imposé par l’institution, la manutention, le manque de temps et parfois, d’aides techniques et d’aménagement sont des obstacles à un bon fonctionnement. Ces contraintes peuvent mettre les soignants dans des conditions difficiles parfois imprudentes. Par exemple, par manque de temps et d’effectif, l’AS va devoir réaliser la manutention d’une personne grabataire seule et dans la précipitation. Elle va ainsi se mettre dans une position dangereuse pour elle et pour le patient. Les horaires parfois contraignants et le stress peuvent aussi entrainer une fatigue et ainsi une fragilité physique favorisant les TMS. 2 Complément d’information sur la formation d’aide-soignant en annexe n°1 5 Ces emplois d’été m’ont aussi permis de comparer les approches et visions du métier d’ergothérapeute et d’aide-soignant. Dans un premier temps, j’ai été gênée par le fait de faire à la place de la personne. Cependant, je me suis vite rendu compte qu’on ne peut pas toujours laisser la personne faire seule si l’on veut respecter les horaires imposées par la structure (toilette de 7h30 à 9h30, déjeuner de 8h à 10h …). J’ai eu l’impression que les AS avaient tendance à faire à la place de la personne par manque de temps, mais aussi un peu par empathie. Après avoir fait ce constat, je me suis renseignée auprès des AS. Dans leur formation, l’un des premiers principes qu’on leur apprend est de préserver l’autonomie et l’indépendance de la personne. Dans la mesure du possible et suivant les structures les AS laissent la personne faire seul puis « réajuste » à la fin. Certaines d’entre elles préfèrent que les choses soient bien faites quitte à ce que ce soit elles qui les fassent. L’ergothérapeute quant à lui vise comme objectifs principaux l’autonomie et l’indépendance. De par sa formation, il a tendance à laisser faire la personne. Il va observer et évaluer la personne pour, ensuite, trouver avec elle des compensations. Prenons l’exemple des soins d’hygiène d’un résident réalisés le matin. L’ergothérapeute n’a généralement qu’une, voire deux personnes en bilan d’autonomie en chambre, l’AS quant à elle peut avoir jusqu’à dix personnes. La contrainte de temps, et donc le rythme imposé, n’est pas la même. L’ergothérapeute peut avoir plus de temps en chambre avec la personne qu’un aidesoignant si il le souhaite. Il a plus de liberté dans l’organisation de son emploi du temps. L’approche de l’AS et celle de l’ergothérapeute ne peuvent donc être que différentes mais complémentaires. Ces deux professions ont appris les mêmes principes lors de leur formation initiale : conserver l’autonomie et l’indépendance de la personne. Cependant, leur approche n’est pas la même. D’un côté, l’ergothérapeute cherche à évaluer et maintenir les capacités de la personne en trouvant des moyens de compensations (matérielles, organisationnelles, techniques, …). De l’autre, l’aide-soignant cherche à maintenir les capacités en essayant de laisser, au maximum, la personne réaliser sa toilette seule. L’un cherche à mettre en place, ci-nécessaire, des moyens de compensation pour que la personne puisse réaliser les actes de la vie quotidienne seule, l’autre cherche, seulement, à ne pas les suppléer. 6 1.2.4 L’ergothérapeute L’ergothérapeute est un professionnel de santé. D’après le répertoire des métiers de la FPH son objectif principal est de développer, restaurer et maintenir l’indépendance, l’autonomie et la participation sociale de la personne. Pour cela, il évalue les déficiences, les capacités et les performances de la personne. Puis, il va analyser les besoins, les habitudes de vie, les facteurs environnementaux et les situations de handicaps. Après avoir posé un diagnostic ergothérapique, il va pouvoir agir au niveau moteur, sensitif, sensoriel, cognitif, mental ou psychique. Pour cela, il va mettre en place des moyens du domaine de la rééducation, de la réadaptation, de la réinsertion, de la réhabilitation psychosociale et de la psychothérapie. Il peut être aussi amené à préconiser des aides techniques, humaines et/ou animalières et à aménager ou modifier l’environnement matériel de la personne (ex : aménagement de la salle de bain). Ceci permet de faire en sorte que l’environnement de la personne ne soit plus un obstacle dans la vie de tous les jours. L’ergothérapeute considère la personne dans son ensemble c’est-à-dire un être humain avec ses capacités/incapacités, ses intégrités/déficiences, sa personnalité et ses envies et besoins. Il prend en compte l’environnement matériel, humain ou financier dans lequel le patient évolue. Pour finir, il doit respecter les habitudes de vie de la personne. L’ergothérapeute évolue au sein d’une équipe pluri-professionnelle dans le but d’optimiser la qualité de suivi de la personne. Dans certains services, l’ergothérapeute peut être amené à mettre en place un plan d’intervention pour améliorer le quotidien de ses collègues de travail, comme par exemple les aides-soignants, et ainsi prévenir l’apparition d’éventuelles maladies professionnelles. Deux de mes premières interrogations étaient : - Quels moyens l’ergothérapeute peut-il mettre en place pour ce genre d’intervention? - Et en quoi est-il légitime à mettre en place des actions de prévention des TMS? Suite aux lectures effectuées, trois moyens de prévention reviennent de façon récurrente : L’aménagement du poste de travail. La formation et l’information : aux gestes et postures, aux pathologies … La préconisation d’aides techniques. 7 Compte tenu du référentiel de compétences selon l'annexe II de l'arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d'État d'ergothérapeute, on peut voir que sept compétences définissant le champ d’intervention d’un ergothérapeute sur dix sont utilisées pour l’application de ces moyens. Détaillons les différentes démarches à suivre dans la mise en place d’action de prévention des TMS. Afin de pouvoir établir un plan d’intervention, l’ergothérapeute doit, dans un premier temps, évaluer les risques liés à l’apparition des TMS. Pour cela, il doit observer les soignants lors de l’exercice de leur pratique afin d’identifier les situations à risque ainsi que les éléments environnementaux favorisant ou au contraire limitant l’apparition de ces pathologies. L’ergothérapeute devra aussi tenir compte des besoins et des attentes des aides-soignants ainsi que de ceux des résidents. Le bien-être et la sécurité des patients est une priorité. Ces informations pourront être recueillies par entretien ou questionnaire. Tous ces éléments vont permettre à l’ergothérapeute d’établir un plan d’intervention. Les demandes et les contraintes environnementales pouvant évoluer, l’ergothérapeute adapte perpétuellement sa prise en charge. Pour prévenir l’apparition des TMS, l’ergothérapeute peut utiliser différents moyens de prévention : la préconisation d’aides techniques, les formations ou encore l’aménagement de l’environnement de travail. Lors de la préconisation d’aides techniques, l’ergothérapeute doit expliquer son utilité, son fonctionnement ainsi que sa maintenance aux personnels. Après son installation, il doit s’assurer que ce matériel est utilisé correctement, à bon escient, et réévaluer son bénéfice pour le résident et pour le soignant. Les formations de prévention que peut mener un ergothérapeute sont généralement réalisées en groupe. Il est donc nécessaire qu’il sache dans un premier temps prendre en charge le groupe puis l’animer, l’encadrer et capter son attention. Il doit tenir compte des niveaux des personnes présentes et savoir s’adapter à leurs capacités et connaissances. Pour cela, il doit être disponible, à l’écoute, trouver la bonne distance thérapeutique et créer une relation d’aide et de confiance. Ceci, une fois établi permettra de mieux accompagner les soignants dans leur quotidien. 8 Cette explication incarne les compétences suivantes 3: « Compétence 1. Évaluer une situation et élaborer un diagnostic ergothérapique. » « Compétence 2. Concevoir et conduire un projet d'intervention en ergothérapie et d'aménagement de l'environnement. » « Compétence 3. Mettre en œuvre et conduire des activités de soins, de rééducation, de réadaptation, de réinsertion et de réhabilitation psychosociale en ergothérapie. » « Compétence 4. Concevoir, réaliser, adapter les orthèses provisoires, extemporanées, à visée fonctionnelle ou à visée d'aide technique, adapter et préconiser les orthèses de série, les aides techniques ou animalières et les assistances technologiques. » « Compétence 5. Élaborer et conduire une démarche d'éducation et de conseil en ergothérapie et en santé publique. » « Compétence 6. Conduire une relation dans un contexte d'intervention en ergothérapie. » « Compétence 10. Former et informer. » La prévention des TMS fait donc bien partie des champs d’intervention d’un ergothérapeute. Bien que seulement sept compétences aient été relevées et détaillées, les autres peuvent aussi être utiles. Lors d’action de prévention en intra, l’ergothérapeute passe du statut de collègue de travail au statut de formateur. L’interaction entre les personnes et les rôles de chacun sont modifiés. On peut se poser la question de l’incidence sur les interventions proposées. En effet, on passe d’un état d’attente réciproque à un état d’attente plus unilatéral. Cette double « étiquette » amène à différentes questions : 3 - La relation d’aide thérapeutique est-elle influencée par ce double statut ? - La distance thérapeutique peut-elle être respectée ? Ou l’affect est-il présent ? - Les conseils donnés par un collègue sont-ils mieux intégrés ? ou moins bien ? Compétence extraite du portfolio des étudiants en ergothérapie 9 1.3 L’ergothérapeute un acteur de terrain : ce que nous apporte un entretien. Pour mon entretien exploratoire, j’ai choisi d’interroger Mme G, ergothérapeute et membre d’un CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) travaillant au sein d’une EMSIS (Equipe Mobile de Soins Infirmiers Spécialisés). Sa double étiquette et le fait qu’elle ait écrit des articles sur la prévention des troubles musculo-squelettiques auprès du personnel soignant m’ont paru intéressant. De plus, ceci m’a permis de montrer que mon sujet est bien une problématique soignante pouvant concerner les ergothérapeutes. Lors de l’entretien personnel que j’ai pu avoir avec elle, Mme G m’a tout d’abord présenté la structure. L’équipe de soin, composée d’infirmiers et d’aides-soignants, intervient à domicile auprès de personnes en situation de handicap physique parfois associée à une situation de handicap psychique. Cette structure a une capacité de prise en charge de 40 personnes permanentes et de 15 temporaires. Durant une journée, l’équipe peut intervenir dans 30 domiciles différents. Le rôle de l’ergothérapeute dans cet établissement est, majoritairement, d’adapter et de préconiser des aides techniques et des aménagements du domicile, de s’occuper de la gestion du matériel (achat, location, …), de former et informer les soignants sur l’utilisation du matériel et la manutention. La prévention des troubles musculo-squelettique est l’un des axes politiques dans la gouvernance de l’EMSIS. En effet, d’après Mme G, pour que la mise en place d’une action de prévention fonctionne, il faut que l’ensemble de l’établissement, c’est-à-dire la direction et l’équipe soignante, soutiennent et impulsent ce projet. L’EMSIS propose, environ tous les 5-6 ans, à ses salariés, la formation PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique). Elle dure 21h est permet aux salariés d’analyser et de connaitre les risques liés à l’activité physique et, ainsi, être acteur de la prévention les concernant. A la fin de celle-ci, les salariés obtiennent un certificat d’acteur PRAP. La prévention des TMS dans une entreprise doit être traitée de manière globale. Ce n’est pas une affaire spécifiquement ergothérapeutique, toute l’équipe est impliquée. Concernant le rôle de Mme G dans cette structure, elle propose aux soignants qui en ont besoin des séances en groupe de 4 heures. Durant celle-ci, les soignants peuvent échanger sur les problèmes qu’ils ont rencontrés lors de leurs tournées concernant la manutention et l’utilisation du matériel de transfert. Mme G considère que ces ateliers sont 10 à titre d’information, et non de formation. En effet, le personnel soignant a déjà dans sa formation initiale acquis le gestuel de manutention. Cependant, la théorie et la pratique vues en cours ne sont pas toujours reproductibles dans la réalité. En effet, les situations rencontrées sont souvent plus complexes, les patients ont parfois plusieurs handicaps associés, et l’environnement de travail n’est pas toujours adapté à la bonne pratique de manutention. Le soignant doit donc s’adapter et associer plusieurs techniques. Le but ici est donc de trouver des solutions aux problèmes rencontrés en trouvant une position adaptée et sécurisée pour le patient et pour le soignant. Si nécessaire, des aménagements seront préconisés et essayés à domicile par l’ergothérapeute, le soignant et le patient. Ces ateliers se déroulent dans les locaux de l’EMSIS ce qui permet aux soignants d’être dans un lieu neutre et bien veillant pour se mettre en situation. Ainsi, le soignant n’a pas le regard « critique » du patient. Il a le droit de se tromper et de recommencer autant de fois que nécessaire. Il va aussi pouvoir se mettre en situation de patient afin de décomposer les déplacements naturels du corps lors de translation, et comprendre ainsi ce que peut ressentir le patient. De plus, cela permet de voir différentes situations et d’échanger avec les collègues, de ce qui ne serait pas possible au domicile du patient. L’ergothérapeute est aussi chargé de sensibiliser les patients et leurs familles à la prévention des TMS lors de la visite de préadmission. Les patients doivent accepter les règles mis en place pour la prévention des TMS. Notamment, le fait que les soignants ne portent pas mais que d’autres moyens seront mis en place, afin de préserver la santé des soignants. Lors de certains soins, le temps d’intervention peut être allongé afin de permettre aux équipes de ne pas agir dans la précipitation et ainsi de prendre le temps d’adopter de bonnes postures. Ils doivent aussi comprendre qu’ils restent lors de toutes les démarches au centre de cette prévention. En effet, un soignant qui travaille dans un confort optimal, sans risque de se blesser et sans appréhension, effectuera des soins de meilleure qualité et ne mettra pas le patient en danger. L’équipe sera, de plus, efficace sur la durée et l’intervention d’intérimaire ne sera pas nécessaire. Les patients ne verront donc pas leur quotidien modifié et ne devront pas expliquer leurs rituels chaque matin aux remplaçants. D’autres moyens ont été mis en place par l’équipe pour prévenir les TMS. Dans un premier temps, l’équipe soignante a établi un planning avec des groupes équilibrés. Ces groupes ont été formés selon le niveau d’indépendance et d’autonomie des patients afin que les tournées requièrent la même énergie psychique et physique. De plus, les soignants 11 n’ont pas de groupe attitré et peuvent être amenés à se déplacer aux domiciles de tous les patients. Suite à des plaintes répétées des soignants, de fatigues et de douleurs (physiques et psychiques), l’analyse de pénibilité de l’INRS a été utilisée. Cette grille permet de coter la pénibilité des manutentions à un ou deux soignants en fonction du niveau d’autonomie, du poids de la personne et du type de transfert. Elle permet d’expliquer et de justifier aux responsables de service la nécessité de passer de un à deux soignants par un test validé et normé, coté de 0 à 3. Cette grille a permis d’instaurer un système de binôme et ainsi, un gain de la qualité de travail et une diminution des blessures des soignants. Au sein de l’EMSIS, cette grille est réalisée tous les 18 mois. Ce n’est pas un outil typiquement ergothérapeutique mais il est complémentaire à notre pratique. L’analyse de la pénibilité de l’INRS peut être un support de base pour la mise en place d’aides techniques. Seule une partie de l’étude est utilisée. Après un accident, une intervention est mise rapidement en place. Une analyse par le biais de l’arbre des causes est réalisée. Cette méthode est disponible sur le site de l’INRS. Elle consiste à identifier de façon structuré les différents facteurs ayant pu intervenir lors de cette accident. Une fois réalisée, cette analyse est expliquée au reste de l’équipe. Elle permet de bien comprendre les circonstances de l’accident dans le but de ne pas les reproduire. Dans certains cas, un passage en binôme est nécessaire. Dans d’autres, des aides techniques seront mises place. Si l’accident s’est produit à domicile, le patient sera sollicité afin de revoir l’organisation de ces soins. D’après Mme G, les troubles musculo-squelettiques ont des conséquences à différents niveaux : Pour la structure : Les TMS ont un coût élevé. En effet, un budget par établissement est voté chaque année pour acheter du matériel de levage ou de manutention. Les responsables de service, la direction et parfois l’ergothérapeute se réunissent chaque fin d’année pour établir ce budget. Il est nécessaire de le voter afin d’améliorer le matériel existant obsolète ou vieillissant, car un arrêt de travail coûte très cher à la collectivité. La lutte contre les TMS est une priorité majeure pour toute direction d’établissement responsable. Si le personnel de l’établissement est en arrêt, la CRAM pénalise par des amendes très lourdes les 12 établissements. A chaque arrêt de travail, il y a du personnel à former, cela à un coût sur le bon fonctionnement de l’établissement, mais surtout sur la qualité des soins ou de services des résidents. De plus, des intérimaires doivent être engagés pour remplacer le personnel soignant. Pour l’équipe : En effet, les membres de l’équipe restants doivent encadrer les intérimaires ce qui peut entrainer un risque de surmenage, facilitant l’apparition de blessures, TMS ou accidents. Pour la personne atteinte : Il se peut que les troubles musculo-squelettiques s’aggravent ou que de nouveaux apparaissent. Les TMS affectent aussi bien physiquement le personnel touché par la maladie, que psychiquement par la mise à l’écart plus ou moins importante de leur place dans la société active (besoin d’aide pour différentes tâches à réaliser, invalidité due au TMS…). Sur les patients : Les TMS mettent les soignants dans des positions délicates et douloureuses. Ainsi, ils ont plus de risque de mettre le patient dans des situations inconfortables ou insécurisées. De plus, lorsqu’un intérimaire remplace une personne en arrêt de travail, il lui faut un temps d’adaptation pour connaître les patients, leurs habitudes et les locaux. Cette situation, demande aux patients de devoir expliquer ses soins et ses habitudes de vie aux remplaçants plusieurs fois dans la journée. Ceci, peut être désagréable pour le soignant et le patient. La mise en place d’une action de prévention est un travail de longue haleine et demande de revoir l’ensemble de l’organisation de la structure. Le début peut être décourageant : une hausse des TMS peut être constatée. En effet, l’équipe étant plus sensibilisée, elle peut les déclarer plus facilement. Dans cette structure, la prévention des TMS est inscrite dans la fiche de poste de l’ergothérapeute presque depuis la création du poste. Le rôle de ce dernier a donc été établi sans remise en question. Dans une autre structure, l’ergothérapeute devra peut-être créer et/ou défendre sa place dans cette action de prévention. 13 1.4 Question de recherche et hypothèse Comme on a pu le voir, ma réflexion a pris racine suite à un stage effectué au semestre 4 de ma formation et suite à une expérience personnelle en tant qu’agent de service hospitalier dans une maison de retraite. Ces mises en situation m’ont permis de constater que la problématique des TMS est très présente chez les aides-soignants, notamment à cause des contraintes élevées de ce métier Suite à ces premières observations, des lectures préliminaires ainsi qu’un entretien exploratoire avec un ergothérapeute ont permis d’éclaircir certains points de ma réflexion. Au sein d’une structure, l’ergothérapeute peut être amené à réaliser des formations auprès du personnel soignant, à mettre en place des aides techniques ou encore à aménager l’environnement de travail de ses collègues. Ces actions peuvent intervenir dans la prévention des TMS. Mais sont-elles utiles ? La mise en place d’action de prévention des TMS par l’ergothérapeute a-t-elle une influence sur la collaboration établie entre l’ergothérapeute et les aides-soignants ? Tout ceci nous amène à la question de recherche : En quoi et comment, l’ergothérapeute peut-il être une personne ressource, dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante? Par cette question, nous cherchons à explorer la manière dont les ergothérapeutes peuvent avoir un rôle majeur dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante. L’hypothèse est la suivante : L’ergothérapeute peut se retrouver dans deux positions différentes : celle de collègue au quotidien, et occasionnellement celle de formateur. Cette double étiquette est facilitatrice pour la prévention des TMS, et cela lui permet d’être identifiée comme une personne ressource par le personnel soignant. 14 2 Partie théorique : 2.1 Les TMS, un problème de santé publique 2.1.1 Une maladie en pleine expansion ayant des répercussions sur le travail Les TMS sont la cause principale d’incapacités physiques dans la population. Leur nombre a été multiplié par dix au cours des dix dernières années selon l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT). De 2007 à 2011, le nombre de maladie professionnelle est passé de 32 959 à 42 852.4 Une importante proportion de ces incapacités est reliée au travail. Tous les secteurs d’activité sont touchés, que ce soit l’industrie, l’agroalimentaire, la construction ou le secteur des services. Dans les pays industrialisés, les TMS sont les pathologies professionnelles les plus répandues. En 2010, elles représentent 85% des maladies professionnelles et ont entraîné 9,7 millions de journées perdues. Soit un coût moyen de 21512 euros.5 Les TMS sont indemnisés, en tant que maladies professionnelles au titre des tableaux numéros 57,69, 79, 97 et 98, depuis 2000. Par exemple : TABLEAU N°57: Affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail.6 TABLEAU N°98: Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes.7 En 2006, 32 500 TMS ont été indemnisées en France sur la base du tableau 57. Ils sont à l’origine de 57% des interruptions temporaires de travail (ITT) dont le coût moyen est estimé à 15 244,90 €. Si l’on s’attarde sur le risque de troubles musculo-squelettique chez le personnel soignant, « on estime ainsi, que les problèmes de stress, anxiété et dépression sont 2 fois supérieurs parmi les soignants travaillant en hôpitaux que dans le reste de la population salariée et qu’un soignant sur 5 en souffre »8 En 2010 le nombre de victimes de TMS dans le Comité Technique Nationale I (=secteur d’activité) - activité services II (santé …) est de 4 Cf annexe n°2 : tableau sur l’indice de fréquence des TMS et dénombrement du nombre de victimes par tableau de maladie professionnelle de la CNAMTS. 5 Sources CNAMTS : Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés 6 Cf annexe n°3 7 Cf annexe n°4 8 INRS 15 67129. C’est le deuxième secteur d’activité le plus touché, après celui du commences et de l’industrie. D’après l’étude PRESS NEXT relative à la santé, la satisfaction au travail et l’abandon du métier de soignant en France, les TMS représentent le principal problème de santé déclaré par le personnel soignant avec une prévalence de 56,4%. 2.1.2 Quels sont les différentes manifestations cliniques ? Les TMS ont des signes cliniques variés. Elles peuvent être mises en évidence par différents symptômes tel que la douleur, la raideur, la diminution de la motricité, des troubles de la coordination ou encore une perte de force. Cependant, la composante commune à toutes ses pathologies est une douleur intense et lancinante associée à une gêne fonctionnelle survenant lors ou en dehors de l’activité professionnelle. Au toucher, la zone concernée est sensible et douloureuse même en passif. Dans un premier temps, la gêne est localisée à une articulation. Elle est déclenchée lors de certaines activités de travail et disparait à leurs arrêts. Au cours du temps, le maintien de ses mouvements et/ou positions douloureuses accentue progressivement ces complications. La gêne devient douleur. Elles vont, dans un premier temps, se limiter à la vie professionnelle puis vont atteindre la vie personnelle et le quotidien de la personne. Le sommeil peut être perturbé et le moral de la personne affecté. Non traités, les TMS peuvent évoluer vers un handicap sérieux. Cette évolution lente des TMS permet de les dépister rapidement et d’intervenir avant qu’ils deviennent irréversibles. Cependant, les différents signaux d’alertes du corps ne sont pas toujours pris aux sérieux : « c’est rien, ça passera ! ». Les absences se font de plus en plus importantes. A partir d’un certain niveau, lorsque les salariés commencent à s’habituer à leurs douleurs, le retour complet à un état sans gènes et sans douleurs n’est plus possible. 2.1.3 Des pathologies très différentes L’INRS (Institut National de recherche et de Sécurité) définit les TMS comme un ensemble de pathologie affectant les tissus mous péri-articulaire des membres et de la 9 Cf annexe n°5 :Tableau sur le nombre de victimes de TMS par CTN entre 2007 et 2011 de la CNAMTS. 16 colonne vertébrale. Ainsi, les muscles, les tendons, les gaines synoviales, les bourses séreuses, la micro vascularisation ou encore les nerfs peuvent être touchés. D’après le guide pratique de prévention de l’ANACT (Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail), les TMS peuvent faire intervenir, à la fois : « Des inflammations des tendons (tendinites et ténosynovites) notamment dans l’avant-bras et le poignet, le coude et les épaules ; Des douleurs et des troubles fonctionnels des muscles (myalgies) survenant principalement dans la région du cou et des épaules ; Une compression des nerfs intervenant en particulier dans le poignet (syndrome du canal carpien) ; Des dégénérescences de la colonne vertébrale, généralement dans la nuque et la région lombaire ; Des inflammations des bourses séreuses notamment aux coudes et aux genoux (hygroma). » Les zones principalement touchées sont : les membres supérieurs : l’épaule (tendinopathie de la coiffe des rotateurs), le coude (épicondylite), le poignet (syndrome du canal carpien). le dos (lombalgie, sciatique). les genoux (hygroma du genou). les chevilles. 2.1.4 Le processus d’apparition Les TMS sont des pathologies multifactorielles à composantes majoritairement professionnelles. Ces troubles résultent d’un déséquilibre entre contraintes de travail (gestuelles et psychologiques) et capacités individuelles. Pour un même TMS, la combinaison des facteurs de risques peut être différente en fonction de chaque individu et des composantes de son métier. On peut classer ces facteurs de risques en trois grandes parties : Les caractéristiques personnelles, Les facteurs biomécaniques, Les facteurs psychosociaux, 17 2.1.4.1 Les caractéristiques personnelles, Ce sont les informations qui permettent d'identifier directement ou indirectement une personne. Elles sont composées : Prédisposition aux TMS 10 : De l’âge, Après 40 ans, dus à une diminution des capacités fonctionnelles. Du sexe, Féminin De l’hérédité, Antécédent familial, … De la morphologie : Trop petit, trop grand, en surpoids, de faible masse musculaire, … De l’état physiologique, Forme physique, grossesse, ménopause, … Des habitudes de vie : Personne sédentaire ou hyperactive ayant un faible niveau socioculturel, un rôle peu ou pas valorisé dans la société, un manque d’expérience, …. Des antécédents médicaux Tabagisme, fractures, diverses pathologies telles que l’ostéoporose, le diabète, l’hypothyroïdie, le rhumatisme inflammatoire. … Du caractère Personne passive, négligente, démotivée, apathique ou au contraire trop dynamique. De l’état psychologique Dépressive, … 2.1.4.2 Les facteurs biomécaniques, Ce sont les facteurs liés aux mouvements du corps humain. Ils sont liés à la réalisation d’une tâche. Ils semblent, aux premiers abords, inoffensifs mais, c’est leurs apparitions récurrentes qui les rendent dangereux. Ils sont visibles à l’œil nu et sont donc les premiers identifiés. 10 D’après les guides de prévention des TMS de l’INRS 18 Les facteurs favorisants l’apparition des TMS sont : • La répétitivité : C’est la fréquence et la rapidité de survenue d’un geste ou d’une posture. Au travail, la rapidité d’exécution d’une tache peut être plus ou moins importante. Une cadence de travail élevée ne laisse pas le temps aux salariés de récupérer entre chaque mouvement, le corps se fatigue plus vite et devient plus fragile. La répétitivité entraîne une certaine monotonie du geste. Cette régularité peut amener une certaine lassitude. La personne va être moins attentive à ses gestes et réaliser des gestes inadaptés pouvant être facteurs de risque. • Les efforts excessifs : Tout geste nécessite la contraction et la décontraction des muscles. Lors d’efforts excessifs comme les ports de charge ou les activités en position statique prolongée (travail sur ordinateur, ..), les muscles sont contractés de manière plus importante ou plus longue ce qui exerce une traction sur les myofibrilles (composants du muscle) et sur les tendons qui peuvent alors être fragilisés. Les muscles seront ainsi plus rapidement fatigables. • Les postures et les gestes avec des amplitudes articulaires extrêmes : Les gestes en rotation, flexion et extension extrêmes, c’est-à-dire supérieurs aux amplitudes articulaires de confort peuvent sur-solliciter et fragiliser le muscle. Les postions prolongées comme la position accroupie, le travail bras au-dessus de la ligne des épaules, sont aussi sources d’apparition de TMS 2.1.4.3 Les facteurs psychosociaux, Les facteurs psychosociaux concernent l’interaction entre le salarié et son environnement social et professionnel (patron, collègues, patients, …). C’est aussi la façon dont l’individu perçoit et conçoit son travail et son environnement professionnel. Ils comprennent : • L’intérêt du travail ; • La qualité des relations hiérarchiques ; • La qualité du collectif de travail ; • L’ambiance de travail ; • Le niveau d’autonomie perçue ; • L’insécurité de l’emploi ; 19 • Le stress, la pression temporelle ; • Le sentiment d’inutilité du geste. Ils peuvent avoir des retentissements importants sur le développement psychologique de la personne (isolement, dépression, perte de motivation et d’envie). Le stress ou la perte d’intérêt peuvent entraîner des gestes mal réalisés ou des postures incorrectes facilitant les TMS. 2.1.4.4 Les facteurs environnementaux : D’autres facteurs liés au travail, peuvent entraîner la survenue de TMS comme les variations thermiques ou les températures extrêmes, les vibrations, le bruit, le matériel de mauvaise qualité, le manque de place, l’encombrement, l’éclairage… 2.1.5 Conclusion sur les TMS Les troubles musculo-squelettiques sont la première maladie professionnelle. Elle comprend un grand nombre de pathologies différentes et son apparition est multifactorielle. Il est donc important de prendre en compte autant la conception des postes et des locaux que l’organisation du travail, le management des équipes et les relations sociales dans l’entreprise. Les conséquences des TMS étant importantes, aussi bien pour les salariés que pour les employeurs et les patients, la prévention est donc une bonne préconisation. 2.2 La prévention des TMS 2.2.1 Qu’est-ce que la prévention ? D’après l’OMS11, « La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus, par le moyen d’une action collective concertée visant à : assainir le milieu; lutter contre les maladies; enseigner les règles d’hygiène personnelle; organiser des services médicaux et infirmiers en vue d’un diagnostic précoce et du traitement préventif des maladies; 11 Organisation mondiale de la santé. 20 mettre en œuvre des mesures sociales propres à assurer à chaque membre de la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de la santé ». La politique de santé publique, ainsi que la prévention sont prises en charge par le Ministère. D’après l’OMS « la prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». Elle distingue 3 types de prévention : Primaire : Permet d’éviter l’apparition de la maladie en jouant sur les facteurs de risque des TMS : formation et information. Secondaire : Permet de détecter la maladie ou la lésion qui la précède à un stade où l’on peut intervenir utilement en dépistant la maladie et évitant l'apparition des symptômes cliniques ou biologiques : dépister l’épisode des premiers signes de TMS pour éviter la chronicisation ; aménagements du poste de travail et de l’organisation. Tertiaire : Permet de limiter les complications et les séquelles de la maladie ou de son traitement en favorisant la réinsertion sociale : adaptation du poste de travail, éducation thérapeutique,... L’ergothérapeute peut intervenir dans les trois types de prévention. 2.2.2 Pourquoi prévenir ? L’apparition de troubles musculo-squelettiques peut avoir de nombreuses conséquences sur la personne atteinte. La douleur associée aux TMS peut entraîner une kinésiophobie12. Ainsi, la personne atteinte va diminuer son activité physique pouvant aller jusqu’à l’inactivité ou encore l’arrêt de travail. Moins la personne va bouger moins elle va en avoir l’habitude et des faiblesses musculaires peuvent apparaître. C’est le processus de déconditionnement. Ce cercle vicieux peut entraîner une irritabilité et une fatigabilité pouvant impacter sur l’ensemble des systèmes qui nous entourent (famille, travail, loisirs, …). Mais, l’apparition des TMS peut aussi avoir de nombreuses répercussions, au sein d’un établissement, comme par exemple des pertes financières, une augmentation des cotisations, accidents du travail, maladies professionnelles, un coût humain, de nombreux remplacements, une désorganisation du travail, une chute de la productivité, une inquiétude des salariés et des problèmes d’image de l’établissement. 12 = peur de se faire mal en bougeant 21 Dans le milieu hospitalier, la prévention des TMS du personnel soignant a aussi un impact sur la prise en charge des patients/résidents. En effet, éviter l’apparition de douleurs et de gênes chez le soignant entraîne chez lui plus d’assurance et lui permet d’être entièrement consacré aux soins qu’il prodigue et non à ses maux. Ainsi, il n’a plus de gestes brusques involontaires ou d’hésitation à le réaliser due à la douleur. Les soins peuvent être réalisés en toute sécurité. Il est donc nécessaire d’utiliser une prévention primaire, c’est à dire d’agir sur les facteurs de risques décrits précédemment afin d’éviter tous ces désagréments. 2.2.3 Des obligations et des responsabilités Tout employeur a des obligations vis-à-vis de ses salariés. D’après l’article L4121-1 du code du travail : « Le chef d'établissement prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs de l'établissement, y compris les travailleurs temporaires. Ces mesures comprennent des actions de prévention des risques professionnels, d'information et de formation ainsi que la mise en place d'une organisation et de moyens adaptés. Il veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes.» De plus, en vertu de l'article L. 461-4 du Code de la Sécurité sociale, "tout employeur qui utilise des procédés de travail susceptibles de provoquer les maladies professionnelles visées à l'article L. 461-2 est tenu d'en faire la déclaration à la caisse primaire d'assurance maladie et à l'inspecteur du travail". Ciblons nos recherches aux lois sur la prévention des TMS concernant le personnel soignant. Dans le domaine de la santé, les professionnels sont souvent amenés à faire de la manutention. En effet, si l’on prend l’exemple des aides-soignants, ils réalisent de nombreux transferts avec les patients (comme par exemple le passage du lit au fauteuil) et transportent des matériaux de nursing qui peuvent être parfois très lourds. Des ports de charges lourds ou des manutentions mal réalisées peuvent entraîner de nombreuses complications comme la lombalgie. 22 Dans le code du travail, plusieurs textes de lois réglementent les manutentions manuelles en voici quelques-unes : Extrait de l’article R233-13-3 : « …lorsque la manutention manuelle ne peut pas être évitée, l’employeur doit organiser les postes de travail de façon à éviter ou à réduire les risques dorsolombaires en mettant à disposition des travailleurs des aides mécaniques ou, à défaut de pouvoir les mettre en œuvre, les accessoires de préhension propres à rendre leur tâche plus sûre et moins pénible.» Extrait de l’article R233-13-3 : « Le levage des personnes n'est permis qu'avec les équipements de travail et les accessoires prévus à cette fin. Toutefois, des équipements de travail non prévus pour le levage de personnes peuvent être utilisés pour accéder à un poste de travail ou pour exécuter un travail lorsque l'utilisation d'équipements spécialement conçus pour le levage des personnes est techniquement impossible ou expose celles-ci à un risque plus important lié à l'environnement de travail. » Extrait de l’article R231-72 : « Un travailleur ne peut être admis à porter d’une façon habituelle des charges supérieures à 55 kilogrammes qu’à condition d’y avoir été reconnu apte par le médecin du travail, sans que ces charges puissent être supérieures à 105 kilogrammes » Extrait de l’article R234-6 : « Pour les travailleuses, le poids maximum de charge pouvant être porté a été fixé à 25 kilogrammes » Au niveau européen, des réglementations ont aussi été établies dans le but d’améliorer l’environnement de travail et ainsi de prévenir les TMS, notamment en milieu hospitalier. Directive 89/391/CEE du Conseil du 12 juin 1989 concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l'amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail. Directive 90/269/CEE du Conseil du 29 mai 1990, concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à la manutention manuelle de charges comportant des risques, notamment dorsolombaires, pour les travailleurs. Directive 93/104/CE : concernant l’aménagement du temps de travail. Ces différents textes de loi permettent aux employés de bénéficier de la démarche de prévention et obligent les employeurs à prendre soin de la santé de leurs salariés. 23 2.2.4 Des moyens très divers Les actions de prévention des TMS passent par une première étape d’analyse des conditions de travail dans le but de déceler les éventuelles situations à risque. Des outils existent et sont aussi facilement accessibles pour les professionnels de la prévention que pour les employeurs. En voici quelques exemples : Quelques outils pour l’analyse des situations de travail et des risques de TMS Étude des postes de travail Check List OSHA : recherche des facteurs de risques aux postes de travail tels que la répétitivité, l’effort, les amplitudes articulaires, les vibrations… Rapide à utiliser (environ 10’ par poste), ne nécessitant pas de compétences particulières en ergonomie. Analyse du travail Questionnaire TMS : recueil de données subjectives sur les plaintes liées aux TMS, les symptômes de stress, les facteurs psychosociaux et le vécu au travail. Simple d’utilisation, résultats à interpréter à la lumière de l’analyse des situations de travail. OREGE : outil de repérage et d'évaluation des gestes, permettant une analyse fine des contraintes biomécaniques (efforts, postures contraignantes, répétitivité des gestes). Outil reposant sur Évaluation des sollicitations l’observation de l’opérateur à son poste, prenant en compte l’activité biomécaniques de travail et s’appuyant sur un dialogue entre l’opérateur et l’utilisateur. Durée d’évaluation d’un poste de travail de 1 à 2 heures, nécessitant des compétences en ergonomie. INRS, 2011 Une fois les situations problématiques décelées, différents moyens peuvent être mis en place : La mise en place d’aides techniques : L’achat d’un lève-personne, d’un robot de cuisine, de lits médicalisés, … sont autant de matériels retardant la survenue des TMS. En effet, ils permettent à leurs utilisateurs d’éviter certains gestes nocifs ou répétitifs. Ainsi, l’homme s’adapte à son environnement. L’aménagement du poste et de l’espace de travail : En aménagent l’environnement matériel de travail d’une personne, il devient facilitateur pour la personne. Ce moyen à les mêmes effets que la mise en place d’aides techniques, il évite aux salariés de se retrouver dans des situations à risques en agissant sur les facteurs biomécaniques. 24 L’organisation du travail : Une bonne organisation du travail que ce soit lors d’une activité, durant une journée ou une semaine peut permettre d’éviter les situations de stress, les gestes avec des amplitudes articulaires extrêmes. Elle peut permettre de fractionner l’activité et d’alterner les actes lourds avec des actes plus légers, c’est-à-dire moins sollicitant ou moins risqués La formation et l’information des salariés : Ce dispositif permet de sensibiliser les salariés au TMS. Ces temps d’échange peuvent permettre aux personnes de mieux comprendre pourquoi ils doivent prendre soin d’eux, comment ils doivent le faire et quels sont les moyens qu’ils ont à leur disposition. Ils peuvent aussi permettre de comprendre l’utilité des aides techniques, des aménagements, de bien s’organiser, d’utiliser des gestes et postures adaptés et de protection. Mieux comprendre, c’est mieux se protéger. Le but étant que les salariés deviennent acteurs de leur santé. 2.3 L’ergothérapeute au sein d’une équipe 2.3.1 Une personne ressource en terme de TMS L’ANFE13 définit l'ergothérapeute comme « un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur le lien entre l'activité humaine et la santé. L'objectif de l'ergothérapie est de maintenir, de restaurer et de permettre les activités humaines de manière sécurisée, autonome et efficace. Elle prévient, réduit ou supprime les situations de handicap en tenant compte des habitudes de vie des personnes et de leur environnement. L'ergothérapeute est l'intermédiaire entre les besoins d'adaptation de la personne et les exigences de la vie quotidienne en société. » Au cours de sa formation, l’ergothérapeute acquiert des connaissances en sciences humaines, sociales et en droit, en sciences médicales, en analyse d’activité, en méthodes, techniques et outils d’intervention de l’ergothérapeute. L’ergothérapeute travaille dans les domaines de l’éducation, la rééducation, la réadaptation ou encore la réhabilitation, par l’activité. L’ergothérapeute est donc l’un des professionnels qui, de par sa formation peut contribuer à mettre en place des actions de prévention des TMS. L’ergothérapeute peut donc intervenir auprès des équipes soignantes pour prévenir l’apparition des troubles musculo-squelettiques. Il est habilité à évaluer les risques liés aux 13 Association Nationale Française des Ergothérapeutes 25 comportements et aux conditions de travail (conditions matérielles et humaines) et à proposer une information/formation aux professionnels. Il peut aménager l’environnement de travail, transmettre des techniques de manutention protégeant le rachis ou encore participer à la mise en place d’une école du dos qui aurait pour principe la prophylaxie rachidienne. 2.3.2 L’ergothérapeute au sein d’une équipe interdisciplinaire Une équipe interdisciplinaire est composée de différentes professions. Le but étant de confronter les savoirs et les opinions des différents professionnels afin d’avoir une vue globale sur le patient et sa problématique. Ceci permet d’avoir une meilleure compréhension de la situation et ainsi une meilleure analyse des besoins et attentes du patient. Les moyens thérapeutiques mis en place ne seront que plus efficaces. Le travail interdisciplinaire implique une interaction importante entre les différents membres : une bonne communication. Ce mode de fonctionnement a des avantages pour le patient mais aussi pour les professionnels qui s’enrichissent mutuellement de par leurs connaissances propres. 26 3 L’enquête 3.1 Construction de l’enquête 3.1.1 Objectif de l’enquête L’approfondissement des différents concepts clés dans la partie théorique a permis d’apporter quelques pistes de réponses à la question de recherche : En quoi et comment, l’ergothérapeute peut-il être une personne ressource, dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante? Cependant, il est nécessaire de recueillir des informations sur la réalité du terrain. L’objectif étant d’assembler le plus d’éléments possibles en lien avec notre hypothèse afin de la valider ou non. L’hypothèse est la suivante : L’ergothérapeute peut se retrouver dans deux positions différentes : celle de collègue au quotidien, et occasionnellement celle de formateur. Cette double étiquette est facilitatrice pour la prévention des TMS, et cela lui permet d’être identifié comme une personne ressource par le personnel soignant. 3.1.2 Choix de la population interrogée J’ai choisi d’interroger deux populations cibles différentes : Les ergothérapeutes Les aides-soignants J’ai interviewé six personnes : trois ergothérapeutes et trois aides-soignants de trois établissements différents. On obtiendra ainsi, un binôme ergothérapeute/aide-soignant dans chaque structure. Les binômes permettent d’assurer que les professionnels rentrent bien dans les critères d’inclusion détaillés ci-dessous. L’objectif étant de croiser les entretiens afin de pouvoir en dégager des ressemblances/des diverges de points de vue et de ressenti sur les interventions de l’ergothérapeute. Le regard des aides-soignants sera surement plus critique et nous permettra d’avoir un retour sur leurs vécus par rapport à la place que peut avoir leur collègue ergothérapeute, lors de certaines situations comme les formations. Afin de restreinte le champ des possibles et de faciliter l’analyse des données, j’ai choisi d’interviewer des personnes : 27 Travaillants au sein de maison de retraite ou d’EHPAD (Etablissement et Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). Dans ce type de structure, les résidents sont souvent très dépendants. Ainsi, les aides-soignants sont souvent sollicités et doivent réaliser de nombreuses manutentions au cours de la journée. Travaillant dans une structure concernée par la prévention des TMS. Cela signifie pour le soignant, qu’il a ou a pu bénéficier d’actions de prévention mises en place par l’ergothérapeute. Pour l’ergothérapeute, qu’il est chargé par la structure d’actions de prévention (formations, aménagements, …) Situées à Rennes et ses environs. Mon stage de mars/avril se déroulant dans les alentours de Rennes, ceci permet d’aller plus facilement en contact direct avec les différents interlocuteurs. 3.1.3 Choix de l’outil Pour mon recueil de données, j’ai choisi d’utiliser l’entretien. L’objectif est de recueillir l’interprétation des ergothérapeutes et des aides-soignants concernant certaines situations en lien avec la prévention des TMS. Ainsi que, l’influence de la « double étiquette », collègue au quotidien et à l’occasion formateur, que peut avoir l’ergothérapeute. Le but étant de récolter des donnés qualitatives et non quantitatives, il me semble plus judicieux d’utiliser cette méthode. Deux grilles d’entretien ont été réalisées : une pour les ergothérapeutes et une pour les aides-soignants. Bien qu’elles soient adaptées à chaque profession, elles sont composées des mêmes items pour faciliter l’analyse et la comparaison des réponses aux questions des deux populations. Ces items sont les suivants : Présentation de la personne : Cette partie permet de connaitre la personne interrogée : le nombre d’année d’expérience, son parcours, les formations qu’elle a réalisé en lien avec le sujet. Collaboration et pluridisciplinarité : Plus haut, nous avons parlé de pluridisciplinarité et de collaboration entre les aides-soignants et les ergothérapeutes, il me fallait vérifier si celle-ci existait bien. Ces questions vont aussi permettre de savoir, quel type de collaboration existe et, si les rôles de chacun sont bien identifiés entre ces deux corps de métier. Ainsi, on va mieux connaitre le fonctionnement de l’équipe et l’interaction entre ses membres. 28 Moyens de prévention : Ici, on va chercher à établir une liste des moyens de prévention mis en place. Puis, on s’intéressera à leurs mises en application et à leurs efficacités. Influence de la « Double étiquette » : Dans l’hypothèse, nous avons évoqué le terme de « double étiquette » que peut avoir l’ergothérapeute. Il s’agit d’expliquer les impacts qu’elle peut avoir sur la prévention des troubles musculo-squelettiques, et ainsi si elle est plutôt facilitatrice ou obstacle. La plupart des questions posées sont semi-directives dans le but de laisser la personne s’exprimer ouvertement. Cette grille d’entretien a servi de trame, les questions ne sont pas forcément posées dans l’ordre et ne sont pas toujours dictées mot pour mot à la personne interrogée. Durant les entretiens, je me suis efforcée de garder le fil des pensées de la personne, tout en essayant de la recadrer lorsqu’elle s’éloigne du sujet. Les grilles d’entretien utilisées sont en annexe de ce document (Annexe n°6 et n°7). 3.2 Présentation des résultats et analyse Suite à un échange de mail, j’ai pu obtenir trois entretiens avec des ergothérapeutes et trois entretiens avec des aides-soignants. (Retranscription des entretiens à la fin de ce mémoire (Annexe n°8).) Pour la suite de ce mémoire, on nommera les ergothérapeutes interrogés : E1, E2 et E3 et les aides-soignants : AS1, AS2 et AS3. 3.2.1 Présentation du panel 3.2.1.1 Les ergothérapeutes Année de diplôme. Nombre d’année dans structure. Formation annexe en lien avec les TMS. Ergothérapeute 1 Ergothérapeute 2 Ergothérapeute 3 2009 1986 2005 1,5 25 6 GAPA GAPA (Geste et Activation de (Geste et Activation de la Personne Agée) la Personne Agée) ø 29 On constate que les trois ergothérapeutes interrogés ont obtenu leur diplôme d’état d’ergothérapie à des dates très différentes, allant de 1986 à 2009. On observe que leurs années d’ancienneté au sein de la structure dans laquelle elles sont salariées, est aussi très hétérogène : 1,5 ans, 6 ans et 25 ans. Pour finir, deux des trois ergothérapeutes ont réalisé une formation GAPA (Geste et Activation de la Personne Agée). L’ergothérapeute E2, a pu constater au cours de sa carrière, une certaine avancée au niveau de la prévention des TMS. « En sachant qu’entre 88 et maintenant, il y a des choses qui ont pu évoluer. […]Avec l’évolution du matériel, ça a permis au personnel d’être un petit peu moins en situation à risque. […] dans les nouvelles formations d’aides-soignants et d’AMP, d’infirmière il y a ce genre de technique qui est abordée …». Depuis quelques années, la prévention des TMS est devenue une réelle préoccupation. Avec les nouvelles avancées technologiques et l’intégration des notions de protection dans leur formation initiale, les soignants ont de meilleures conditions de travail. 3.2.1.2 Les Aides-soignants Formation initiale. Aide-Soignant 1 Aide-Soignant 2 Aide-Soignant 3 Aide-Soignant Aide Médico- Aide-Soignant psychologique Nombre d’année dans structure. 8 en tant que AS et 7 16 quelques années en tant que ASH. Ont-elles participé à une formation en lien Oui, avec les TMS, réalisé formation gestes et par l’ergothérapeute postures. Oui, formation GAPA. Oui, Formation gestes et postures. de l’établissement ? Se sentent-elles concernées par la Oui Oui Oui prévention des TMS ? En ce qui concerne les aides-soignants, on constate que le nombre d’années d’expérience au sein de leur établissement va de 7 ans à 16 ans. Ils n’ont pas la même formation initiale, l’un d’entre eux est AMP (Aide Médico-Psychologique). Cependant, ils ont 30 tous pu bénéficier d’une formation en lien avec la prévention des TMS et se sentent tous concernés par ce type d’action préventive. L’un d’entre eux dira : « On a tous ça » (AS3), « le corps à partir d’un moment il commence à montrer quelques signes de fatigue, de douleur. » (AS2). 3.2.2 Pluridisciplinarité et collaboration 3.2.2.1 Un enrichissement mutuel L’idée principale qui se dégage des entretiens réalisés est que les ergothérapeutes sont très en lien avec les aides-soignants, bien qu’ils réalisent très peu d’activités en binôme. Lorsqu’il y a des activités en commun, les principales sont les toilettes thérapeutiques, l’apprentissage des mobilisations, et les transferts lors de situations difficiles. Leurs échanges sont majoritairement axés sur les besoins du résident. Pour les ergothérapeutes, cette collaboration est basée sur un échange d’informations entre elles et les aides-soignants. Elles trouvent cette dynamique très enrichissante. L’ergothérapeute E3, dira en parlant des aides-soignants « certains sont un peu mes yeux », « elles connaissent très très bien les résidents. Elles connaissent toutes les petites habitudes ». Quant à l’ergothérapeute E1, elle dit apprendre de nouvelles techniques de manutention lorsqu’elle échange avec « des aides-soignantes qui ont 20 ans ou 25 ans de métier ». Elles affirment toutes les trois que ce ne sont pas seulement les aides-soignants qui se réfèrent aux ergothérapeutes pour avoir des informations. Mais, que les ergothérapeutes peuvent également avoir besoin des connaissances des AS. 3.2.2.2 Une perception différente de la collaboration Au niveau de la collaboration et de la pluridisciplinarité, les ergothérapeutes et les aides-soignants ont quelques divergences de point de vue. Selon les propos tenus par les ergothérapeutes, les deux professions ont besoin de se référer l’une à l’autre de manière réciproque. « ça dépend des fois c’est moi […] Mais des fois c’est elles... » (E3). L’une des aides-soignantes confirmera : « c’est moitié/moitié » (AS2). Les deux autres AS quant à elles, ont un propos différent. Elles affirment que c’est elles qui se réfèrent majoritairement à l’ergothérapeute : « En général, c’est nous » (AS3). D’après l’une d’entre elles, ceci est expliqué par le fait que c’est l’AS qui est le premier lien avec le patient: 31 « c’est nous qui voyons les petits soucis », « on suit beaucoup les résidents » (AS1). Les AS ont une connaissance plutôt empirique des situations de terrain. En effet, elles sont au quotidien avec les résidents. Cette position est très intéressante puisque cela signifie qu’elles ont une bonne connaissance des patients et de leurs habitudes de vie. En ce qui concerne le lien créé entre l’ergothérapeute et les AS. Deux des trois ergothérapeutes disent se sentir en marge des équipes de soin : « les équipes de soin elles font corps » (E1), « je ne suis pas à l’intérieur des équipes » (E2). D’après les ergothérapeutes, la vision entre les deux professions est différente ce qui engendre quelques difficultés : « …, elle peut être compliquée des fois. »(E1), « ils sont souvent très ancrés dans leur manière de faire » (E3) « ce qui n’est pas toujours facile, ça dépend des soignants » (E3). La formation initiale de ces deux professions étant différente, ils n’ont pas développé le même regard et n’ont pas les mêmes priorités et réalités de travail. Lors de la mise en place de certaines actions de prévention, ces divergences de point de vue pourraient être un obstacle. Cette distance entre les ergothérapeutes et les équipes de soin n’a pas été relevé par les aides-soignantes. Est-elle moins ressentie par les AS ? N’ont-elles pas osé le dire ? N’estelle pas réelle ? 3.2.3 Moyens de prévention des TMS Dans la partie théorique, nous avions repéré différents moyens de prévention des TMS qui pouvaient être mis en place dans les structures de soin. Lors des entretiens réalisés auprès d’ergothérapeutes et d’aides-soignantes, trois moyens de prévention ont été cité : les formations, la mise en place et l’apprentissage d’aides techniques et enfin l’aménagement de l’environnement de travail. Par contre, si dans la partie théorique, l’organisation du travail est un élément cité comme étant une action de prévention, elle n’a pas été évoquée par les personnes interrogées. Lors des entretiens, les aides-soignantes ont identifié les formations, et le matériel mis à leurs dispositions, comme étant des moyens de prévention des TMS. Elles ont aussi repéré le rôle que peut avoir l’ergothérapeute envers le résident. Cependant, elles se réfèrent rarement d’elles-mêmes à l’ergothérapeute pour lui demander des conseils sur leurs pratiques. Lorsqu’une aide aux transferts est demandée par les aides-soignants, c’est l’intérêt du patient qui passe en premier. 32 3.2.3.1 Les formations Si on s’attarde sur les formations réalisées, E2 et E3, qui ont été formé à la méthode GAPA, réalisent des formations d’une à deux journées par an, avec des groupes de 8 à 10 soignants. Elles s’appuient sur les principes de cette méthode : faire participer la personne âgée et lui demander de coopérer. Le but est de maintenir l’autonomie de celle-ci dans les actes de la vie quotidienne, et ainsi de faciliter l’activité des soignants. La formation réalisée aux soignants, par ces deux ergothérapeutes se déroule en deux temps : une partie théorique et une partie pratique. Elles abordent différents thèmes : les principes de prévention et de protection, « une sensibilisation du corps dans l’espace » (E2), l’apprentissage de l’utilisation des différentes aides techniques. Ces deux ergothérapeutes s’appuient sur les difficultés réelles que rencontrent les aides-soignants. L’une des ergothérapeutes réalise un recueil, auprès des personnes participantes, afin de récolter les attentes, les difficultés qu’elles ont pu rencontrer ainsi que leurs connaissances à ce sujet. Pour elle, ce questionnaire est nécessaire : « il est quand même important par rapport à une certaine efficacité recherchée auprès des collègues » (E2). Ce recueil lui permet d’adapter le contenu de sa formation et de gagner du temps pour la mise en pratique. L’ergothérapeute E1, qui n’a pas eu de formation annexe en lien avec les TMS, n’a pas organisé ses formations de la même manière. Tous les ans, elle propose une formation gestes et postures d’une journée avec 2 ou 3 personnes de l’établissement (soignants, agents d’entretien, …) et avec d’autres personnels d’EHPAD de la même association. Elle y aborde les grands principes de manutention et l’utilisation du matériel. A la fin de cette formation, un récapitulatif de poche plastifié est distribué aux participants. Il rappelle les grands principes abordés en formation. Tout comme les deux autres ergothérapeutes interrogés, E1 se réfère à des situations concrètes qui ont pu poser problème aux personnes présentes. En plus de cette formation, elle réalise des rappels « flash » pour sensibiliser un maximum de personne. Ces temps se déroulent après les transmissions, durent 30 min, et sont organisées sur plusieurs jours. Ces deux contextes de formation différents montrent bien que l’ergothérapeute a développé des actions de formation et d’information en lien avec la prévention des TMS. Cependant, des formations complémentaires peuvent leur être proposées, pour développer leurs connaissances, telles que la formation GAPA qui se déroule sur 15 jours. 33 Concernant les aides-soignants, leur avis sur le contenu des formations est plutôt positif : « ça nous remet un petit peu à jours », «dès qu’on a des difficultés, […] on se remémore un peu la formation ou même les cours qu’on avaient », « les astuces sont toujours bons à prendre » (AS1), « ça fait beaucoup de bien » (AS2), … 3.2.3.2 Les aides techniques et les aides aux transferts Ponctuellement, les ergothérapeutes informent les soignants sur l’utilisation du matériel mis à leur disposition. Le but est de faciliter l’usage de ses aides et d’optimiser leurs options: « la bascule de dossier quand on apprend correctement à l’utiliser, à escamoter les accoudoirs ou les reposes jambes ou les palettes au fauteuil, c’est tout de suite facilitateur également pour se mettre en bonnes conditions de transferts et pour faciliter la mise en station debout, par exemple, d’un résident.» (E2). L’une des ergothérapeutes organise systématiquement des formations aux nouveaux arrivants. Dans sa structure et avec l’aide de la cadre de santé, « un projet d’immersion régulier dans les services pour aller rappeler, vérifier sur le terrain, en situation réelle l’application des conseils » (E2) est mis en place. Les aides-soignants affirment que les aides techniques sont bénéfiques pour leur pratique : « c’est plus facile pour toi et c’est plus facile pour le résident aussi » (AS3). 3.2.3.3 Aménagements de l’environnement de travail En ce qui concerne l’aménagement de l’environnement de travail, les ergothérapeutes n’utilisent que très rarement ce moyen de prévention. Elles peuvent intervenir lors de situations spécifiques, comme le remaniement ou la rénovation de la structure, ou encore lors de l’aménagement des chambres des résidents. L’une des ergothérapeutes, a joué un rôle « préventif auprès de la direction » (E1) lors du renouvellement du sol de l’EHPAD. Une autre a été sollicité pour « aller voir une collègue de la restauration, qui est de petite taille, et qui semble avoir des difficultés par rapport à la hauteur du plan de travail, pour couper le pain » (E2). La dernière, quant à elle, a été sollicitée pour « voir l’aménagement de la chambre » (E3) des résidents. Cependant, l’une des ergothérapeutes dira « Je ne suis pas du tout experte dans ce domaine-là, mais mon œil d’ergothérapeute et de formatrice peut effectivement apporter à un certain moment, un éclairage on va dire. » (E2) ou encore « je ne vais pas avoir d’actions sur des éléments extrinsèques comme le revêtement au sol … » (E1). Les ergothérapeutes 34 rencontrés doutent de leur apport dans le domaine de l’aménagement de l’environnement de travail, ainsi que de l’interaction qu’elles peuvent avoir sur les éléments matériels de la structure. Pourtant, elles ont toutes les trois joué un rôle à un moment donné dans l’aménagement de l’environnement de travail. Comme on a pu le voir dans la partie problématique de ce mémoire, l’une des compétences de l’ergothérapeute est de « conduire un projet d’intervention en ergothérapie, et d’aménagement de l’environnement » Elles sont donc toutes les trois bien dans leurs champs d’intervention. L’aménagement de l’environnement de travail est bien un moyen que peut utiliser l’ergothérapeute pour la prévention des TMS. Cependant, ce moyen est souvent mis en place lors de situations spécifiques comme une rénovation ou un remaniement de la structure. Ce moyen étant utilisé que très rarement, les aides-soignants ne l’ont pas identifié comme un moyen de prévention. 3.2.3.4 Une prévention quotidienne spontanée Si l’on s’attarde sur la pratique de l’ergothérapeute en EHPAD, en parallèle des temps formels de formation, les ergothérapeutes agissent au quotidien, et parfois sans que ce soit leur but premier, sur les facteurs de risques liés aux TMS « pas de distinction entre moi, la manière dont je prends en charge des résidents et la prévention des TMS […] tout doit être lié » (E3), « elle fait sa prévention un peu en permanence […]C’est vrai que la prévention il y a la formation mais il y a aussi la présence quotidienne de l’ergo qui fait que ça nous aide beaucoup aussi » (AS2). L’utilisation d’aides techniques pour le résident, notamment les aides aux transferts réduisent le nombre de facteurs biomécaniques entrainant l’apparition des TMS pour le soignant. Comme on a pu le voir un peu plus haut, les demandes d’aides techniques partent avant tout d’un besoin pour le résident. L’ergothérapeute en répondant à ce besoin doit aussi prendre en compte les attentes des aides-soignants. La démarche ergothérapeutique tient compte du résident dans sa globalité, c’est-à-dire de ses facteurs personnels, de ses habitudes de vie, mais aussi de son environnement matériel et humain. C’est alors tout naturellement que l’ergothérapeute va tenir compte des besoins des AS lors de la réalisation de son plan d’intervention thérapeutique pour le patient. 35 3.2.3.5 Des limites à l’application de ces moyens de prévention Au début de ma problématique, je me suis posée la question de la légitimité de l’ergothérapeute à former d’autres soignants de l’équipe médicale ayant déjà eu une formation initiale possédant un module contenant une partie sur la manutention. Lors des entretiens un ergothérapeute dira : « les aides-soignants, pour la plupart, ont eu des formations à la manutention au cours de leur formation. La formation qui est courte. Certains les ont assimilé, d’autres pas et ils ont beaucoup appris sur le tas. S’ils ont eu une bonne formation, comme ils disent, sur le tas, ça va, les techniques sont bonnes sinon, c’est une catastrophe. » (E3). D’après elle, la formation initiale des AS étant assez courte, les techniques de manutention ne sont pas toujours intégrées à leurs sorties. Une formation complémentaire peut être un plus dans leurs pratiques. Cependant, les ergothérapeutes constatent que les conseils et les aides mis en place ne sont pas toujours utilisés. L’ensemble des professionnels s’accordent pour dire que le temps est un obstacle à l’intégration des actions de prévention pour les aides-soignants. Les ergothérapeutes entendent souvent : « On n’a pas le temps », « ça prend du temps » (E3). Les AS confirment « c’est faisable mais c’est toujours le manque de temps » (AS1) … Un autre obstacle a été identifié celui de l’environnement. En effet, les aides-soignants nous parlent de l’agencement des chambres des résidents qui interfèrent au bon déroulement des soins : chambre double, encombrée, de petite taille … « on a des chambres doubles. Donc l’encombrement des chambres, c’est un peu notre galère » (AS2), « et comme les chambres ne sont pas forcément adaptées et quand le résident veut pas forcément enlever des meubles ça devient compliqué. » (AS3). Les ergothérapeutes se rendent « compte que ce n’est pas forcément évident d’appliquer ce qui parait évident sur les temps de formation » (E3). Avis partagé par les aides-soignantes qui affirment toutes les trois, ne pas toujours mettre en pratique les conseils et, ne pas toujours utiliser le matériel mis à leur disposition. « Ses conseils sont importants mais par contre des fois, on ne peut pas toujours les appliquer. On va dire qu’il y a la théorie et puis, après, la pratique qui fait que ce n’est pas toujours possible. » (AS2). De plus les ergothérapeutes pensent qu’il est difficile de faire changer les habitudes qu’ont pu prendre les aides-soignants lors de leur carrière « les anciens qui ont pris vraiment des habitudes de travail et qui dès qu’ils se trouvent en situation de travail […] le naturel revient au galop. » (E2). Cependant, d’après elle, « les jeunes, ils ont quand même une 36 sensibilisation un petit peu différente à ça » (E2). Pour cette ergothérapeute, les jeunes sont plus sensibilisés à la prévention des TMS que les plus anciens. Elle imagine que la nouvelle génération d’aides-soignants intégrera plus facilement ces moyens de protection dans leurs pratiques professionnelles. Une aide-soignante affirme le contraire « quand on commence et qu’on est jeune on ne voit pas forcément les choses de la même façon. Et plus on avance et plus on se rend compte qu’on doit se préserver » (AS2). 3.2.4 Influence de la « Double étiquette » sur la prévention de TMS 3.2.4.1 Un avantage dans la pratique des ergothérapeutes Les professionnels répondent à l’unanimité que la double étiquette de l’ergothérapeute est facilitatrice pour la prévention des TMS. Pour les ergothérapeutes, le fait d’exercer à l’intérieur de la structure est un avantage majeur. Ceci leur permet d’avoir une meilleure connaissance du personnel soignant et de leur environnement de travail : « dans la mesure où en tant que collègue, je connais très bien le contexte de travail de mes collègues aussi. Donc, je suis à même de les voir en situation réelle, de voir à quoi ils sont réellement confrontés dans l’application de ce qu’on peut leur demander je dirai que c’est facilitateur pour adapter le contenu de la formation et de l’apport à la réalité de terrain. » (E2). Les aides-soignants confirment ce fait : « elle nous voit travailler. […]Elle connait plus les difficultés qu’on rencontre » (AS1), « Avec quelqu’un qu’on connait, qui connait les résidents, qui connait l’institution, qui connait nos contraintes, qui connait plein de choses » (AS2). En effet, il peut y avoir quelques différences entre le travail prescrit et le travail réel qu’effectue une personne. Un intervenant extérieur n’aurait peut-être pas connaissance de l’organisation de l’établissement, du quotidien des AS, des contraintes environnementales, mais aussi des résidents et de leurs pathologies. Cette proximité avec les soignants permet à l’ergothérapeute d’adapter au mieux ses actions de prévention des TMS. De plus, grâce à cette double étiquette, l’ergothérapeute peut s’appuyer sur des exemples concrets lors des formations. Ceci lui permet d’avoir un point d’accroche et ainsi de faciliter la compréhension des aides-soignants : « On cible une personne de la résidence […] on peut plus se mettre dedans, voir la situation » (AS1). Pour les aides-soignants cette proximité avec le formateur favorise les échanges : « il y a un climat déjà qui est instauré… Qu’avec un intervenant extérieur, il faut un petit peu de temps pour s’apprivoiser. Le temps 37 de faire connaissance » (AS2), « parce qu’on se connait, on peut mieux se parler » (AS2). De plus, les aides-soignants apprécient de pouvoir garder un lien avec l’ergothérapeute après la formation : « Et pis du coup, après la formation si on a des questions, elle est toujours là » (AS1), « c’est vachement riche pour nous parce que si c’était un formateur extérieur qu’on se rappelle plus d’un truc et bin, voilà…si c’est un formateur extérieur, il n’est pas là » (AS2). Cette proximité et le lien, qui est déjà instauré, favorisent les échanges. Les soignants connaissent déjà la personne qui est en face d’eux, cela leur permet d’avoir plus d’assurance en eux. Ils se permettent plus facilement d’expliquer les difficultés qu’ils ont pu rencontrer, ou de critiquer les aides et conseils proposés. Ceci permet à l’ergothérapeute d’avoir un retour sur les moyens qu’il a mis en place, et ainsi de prendre conscience de certaines complications qu’il avait mal appréciées. « ça me permet qu’ils me parlent de leur quotidien, des difficultés qu’ils peuvent avoir dans leurs quotidiens, des fois où je n’avais pas forcément conscience. » (E3). Les commentaires que font les AS permettent à l’ergothérapeute de découvrir des difficultés dont il n’avait peut-être pas connaissance auparavant, et ainsi, de réajuster les moyens mis en place. Les temps de formation permettent donc à l’ergothérapeute de mieux connaitre, et mieux comprendre le quotidien de ses collègues soignants. Tout comme les ergothérapeutes, l’une des aides-soignantes pense que les temps de formation, temps d’échange permettent de mieux connaitre les compétences de l’autre : « on connait un peu plus le travail de l’autre aussi » (AS1). En effet, les ergothérapeutes ont constaté qu’après les temps de formation, les soignants participants aux formations, connaissaient mieux les champs d’intervention de l’ergothérapeute : « ils savent quand m’appeler, pourquoi » (E2), « ça permet aux aides-soignantes, aux infirmières et à l’équipe d’avoir un autre regard sur notre travail » (E1). De plus, grâce aux formations, les demandes sont plus précises et un lien de confiance se crée. Les ergothérapeutes parlent d’échange de savoir et pensent que c’est « Beaucoup plus riche que si l’on reste que collègue. » (E3). Jusque ici nous avons parlé des avantages de la double étiquette de l’ergothérapeute. Nous avons pu remarquer que les soignants et l’ergothérapeute en étaient les principaux bénéficiaires. Cependant, la structure est aussi avantagée. « Pour la structure elle-même c’est une facilité de mise en œuvre et de gestion de formation » (E2). En effet, la proximité de l’ergothérapeute facilite l’organisation des différentes formations, par exemple, il est plus malléable au niveau des horaires qu’un intervenant extérieur et, il pourra réaliser un suivi de cette formation au quotidien. 38 En conclusion, les trois aides-soignantes pensent, que cette double étiquette, est positive pour elles et pour leur pratique professionnelle. Une aide-soignante affirmera aussi : « ça permet d’aller plus loin et c’est tout bénéfique pour le résident. » (AS3). 3.2.4.2 Des éléments freins On a pu voir que le double statut de l’ergothérapeute : collègue au quotidien et à l’occasion formateur, est plutôt un aspect facilitateur pour la prévention des TMS en intra établissement. Cependant, les ergothérapeutes ont su dégager quelques points négatifs. Une ergothérapeute s’exprime : « Et après, c’est là que ce n’est pas évident d’être en collègue direct quelques fois. C’est de s’autoriser justement à prendre cette position d’observateur, de formateur, de rappel à l’ordre. C’est vrai qu’il y a des collègues qui peuvent aussi ne pas forcément le prendre très bien. » (E2). En effet, le fait d’être parfois formateur peut mettre l’ergothérapeute dans des situations délicates où il doit reprendre ses collègues, les corriger sur certaines situations. Une autre dira : « Pas facile, parce qu’a un moment donné on est celui qui a le savoir et qui va le transmettre. Cela sous-entend que l’autre n’a pas le savoir et que ça a forcément une relation un peu hiérarchique de celui qui sait, celui qui ne sait pas » (E1). D’après elle, lors des formations, un rapport hiérarchique peut apparaitre ou l’on passe d’un état d’attente réciproque, en tant que collègue, à un état d’attente plus unilatéral, celui d’élève à formateur. Une des ergothérapeutes contredit cet aspect « Je ne suis pas au-dessus des autres » (E3). D’après les aides-soignants, l’aspect hiérarchique ne se fait pas ressentir « ça reste une collègue » (AS3), « elle est proche de nous », « Et elle ne se la joue pas en disant : « je suis ergo ». […] On sait que hiérarchiquement, elle pourrait être une supérieure hiérarchique mais vous voyez, il y a même pas cette barrière-là » (AS2). Les AS ont conscience que les ergothérapeutes ont un apport théorique plus important. Cependant, elles montrent bien que l’ergothérapeute ne se place pas au-dessus d’eux. En effet, il n’est pas là pour donner le savoir mais pour les amener à analyser leurs pratiques. Un autre désavantage a été relevé, du a cette double étiquette, celui du manque de recul de l’ergothérapeute. En étant quotidiennement en contact avec les soignants et au sein même de la structure, l’ergothérapeute a plus de difficultés à avoir une vision globale de la situation et des contraintes rencontrées par ses collègues. « C’est-à-dire qu’un œil extérieur peut avoir une distance que j’ai peut-être plus forcément parce que je suis trop 39 baignée dedans. C’est-à-dire, une distance d’observation. Un œil un peu plus critique pour apporter des solutions auxquels on pense pas, quand on est trop le nez dessus, voilà. » (E2). 3.2.4.3 Des approches relationnelles différentes. En ce qui concerne l’influence de ce double statut, l’avis est très mitigé chez les ergothérapeutes. Au contraire, chez les AS, l’avis est unanime, la double étiquette n’a pas d’influence sur les rapports qu’elles peuvent avoir avec l’ergothérapeute. Une des ergothérapeutes pense que cette double position a un « retentissement positif » (E1). En effet, pour elle, les formations permettent de créer de la proximité entre elle et les soignants. Une autre, trouve qu’il n’est pas toujours évident de se positionner en tant que formateur sans tenir compte des liens que l’on peut avoir avec ses collègues : « je pense qu’en fonction de sa propre personnalité, on arrive ou pas, à se positionner, comment dire … de manière, j’ai envie de dire presque non affective, de manière euh … ouais, le plus objective possible » (E2). Pour terminer, la dernière dira : « pour moi ce n’est pas ni obstacle ni facilitateur, c’est le relationnel il est tel qu’il est. » (E3). Les aides-soignants pensent que : « […] pour nous c’est la même. Donc les relations, le respect, il est là qu’elle ait son étiquette de formateur ou son étiquette ergo » (AS2), « je ne pense pas que ça peut déranger » (AS1), « ça reste une collègue comme n’importe laquelle » (AS3). Elles pensent toutes les trois que si la relation établie en amont est de bonne qualité, elle n’a pas d’impact sur les formations. « c’est la même personne qui a plusieurs casquettes mais ça ne change pas ses qualités humaines » (AS2). Pour cela elle pense que l’ergothérapeute doit être disponible : « je pense qu’on s’entend bien avec l’ergothérapeute parce que justement, elle est beaucoup présente avec nous » (AS1), « je pense, après c’est mon avis, qu’il faut s’investir parce que si tu restes dans ton coté ergo et tu as les soignants de l’autre côté, ça met une barrière » (AS3). 40 4 Discussion 4.1 Retour sur l’hypothèse Au vu de la partie théorique et de l’enquête, nous pouvons interroger notre question de recherche et notre hypothèse. En quoi et comment l’ergothérapeute, peut-il être une personne ressource, dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante? Hypothèse : L’ergothérapeute peut se retrouver dans deux positions différentes : celle de collègue au quotidien, et occasionnellement celle de formateur. Cette double étiquette est facilitatrice pour la prévention des TMS, et cela lui permet d’être identifié comme une personne ressource par le personnel soignant. Suite aux entretiens réalisés, nous avons pu remarquer que la collaboration ergothérapeute/aide-soignant est essentiellement construite sur l’échange. La communication est donc un élément important qui va permettre de véhiculer des informations, de rassurer et d’influencer. Cette relation déjà établie est une base intéressante à l’élaboration d’actions de prévention. En effet, lors de toutes actions de prévention, l’objectif est de véhiculer des messages de sensibilisation aux personnes concernées. (Le but étant de leur faire adopter une attitude visant à « prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus »14.) Mais pour avoir la possibilité de transmettre des connaissances, il faut qu’une relation soit créée. D’après le petit Robert : "Une relation est une activité ou une situation dans laquelle plusieurs personnes sont susceptibles d'agir mutuellement les unes sur les autres. C'est un lien de dépendance ou d'influence réciproque dans quelque domaine que ce soit. Ce sont des modalités pratiques, concrètes par lesquelles deux ou plusieurs personnes communiquent ou se fréquentent...". Dans ce contexte où l’ergothérapeute réalise des actions de prévention 14 OMS (organisation mondiale de la santé) définition de la santé publique 41 auprès de l’équipe dans laquelle il est intégré, les bases sont déjà présentes. La collaboration et les liens installés entre collègues sont donc bien facilitateurs. Dans la partie théorique, ainsi que lors de nos entretiens, nous avons pu constater que les ergothérapeutes, travaillant en EHPAD sont sollicités pour la prévention des TMS auprès de leurs collègues. En effet, ils ont su mettre en place des moyens limitant les facteurs de risque des TMS. Selon les propos tenus par les personnes interrogées, les soignants semblent avoir associé l’ergothérapeute de leur structure comme référent de ces moyens de prévention : formation et préconisation d’aides-techniques. En ce qui concerne les responsables de la structure, ils ont bien identifié le champ de compétence de l’ergothérapeute, notamment dans l’aménagement de l’environnement. L’ergothérapeute peut alors être « référent » pour ces actions de prévention des TMS. Cette notion vient renforcer notre hypothèse. Attardons nous sur la double étiquette que peut avoir l’ergothérapeute : collègue au quotidien et à l’occasion formateur. Lorsqu’il réalise sa fonction de membre de l’équipe, l’ergothérapeute évolue auprès des mêmes résidents et dans le même environnement que le personnel soignant. De plus, étant dans la même équipe pluridisciplinaire que les personnes qu’il peut être amené à former, il les connait personnellement. Ainsi, il a une connaissance globale des soignants, des résidents, de la structure mais aussi des difficultés régulières que peuvent rencontrer les équipes de soin. Ceci va lui permettre d’adapter au mieux les actions de prévention qu’il met en place. Lors des formations, il peut ainsi donner des exemples concrets, ce qui permet une meilleure adhésion de l’équipe à la formation et favorise l’application des techniques sur le terrain. Cette collaboration a aussi pour avantage de créer une certaine proximité, entre l’ergothérapeute et les AS. Ceci facilite d’avantage la participation et la déclaration de certaines difficultés lors des formations. Les informations complémentaires ainsi que l’avis et le ressenti des aides-soignants permettent à l’ergothérapeute d’approfondir ses connaissances sur la pratique des soignants et de réajuster au mieux les moyens de prévention déjà mis en place. Cependant, lors des formations, les aides-soignants expriment principalement, les difficultés qu’ils rencontrent par rapport aux actions menées par l’ergothérapeute. C’est-à-dire qu’ils exposent les difficultés rencontrées au niveau des aides aux transferts mises en place et des techniques de manutention vues en formation mais pas 42 au niveau de l’organisation de l’équipe. Lors de formation interne à la structure, les personnes présentes peuvent s’autocensurer de peur des répercussions que leurs propos peuvent avoir sur le groupe. Ce phénomène sera d’autant plus présent dans une équipe où les conflits sont fréquents. Cette autocensure peut surement éviter que l’équipe se disloque et favoriser la cohésion de groupe. L’apport personnel sera moins important que lorsque les formations sont réalisées en externe, sans membres de l’équipe. Dans ce cas, les personnes peuvent s’exprimer librement aussi bien sur les actions de prévention mises en place dans sa structure que sur les défaillances de son équipe. Les temps de formation permettent aussi aux aides-soignants de mieux cerner les champs de compétence de l’ergothérapeute. Ceci leur permet d’identifier lorsqu’il est pertinent pour eux de faire appel à un ergothérapeute. Sa présence au quotidien dans les équipes assure un suivi de la formation et un accompagnement des aides-soignants Nous avons détaillé jusqu’ici les facteurs qui confirment l’hypothèse de départ : la double étiquette est facilitatrice pour la prévention des TMS. En nous appuyant toujours sur l’enquête et la partie théorique, nous pouvons relever d’autres aspects qui vont tempérer cette hypothèse. On a pu voir que l’ergothérapeute évolue au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Lors de la collaboration entre celui-ci et les aides-soignants, quelques divergences de perception peuvent se faire ressentir. En effet, ces deux professions ayant une formation initiale spécifique, ils acquièrent des approches et des savoirs faire différents, qui peuvent entrainer la mise en place de stratégies et de priorités propres à chacune de leur profession. Ainsi, dans certains cas, ces nuances de point de vue peuvent être source d’incompréhensions pouvant nécessiter des ajustements et/ou des compromis pour faciliter la collaboration entre ces deux professions, et ainsi permettre une meilleure communication. Sans cela, les échanges pourraient devenir plus complexes. Cette difficulté peut devenir un obstacle à ce que l’ergothérapeute soit identifié comme personne ressource dans la prévention des TMS. 43 Mais serait-ce différent avec un autre professionnel ou avec un ergothérapeute externe à la structure ? Une autre limite des interventions de prévention en interne est que l’ergothérapeute étant au quotidien avec les soignants, il peut avoir plus de difficultés à prendre du recul sur les conditions de travail de ses collègues. Cette distance permet d’avoir une vue d’ensemble de la situation. Au fil des années, une routine peut s’installer et l’ergothérapeute peut passer à côté de certaines contraintes rencontrées par les soignants. Une personne extérieure aurait-elle une meilleure vue d’ensemble de la situation ? L’affect et l’implication sont-ils en cause dans ce manque de distance ? Suite aux entretiens, on a pu voir que la notion de relation inter personnelle est très subjective. Chaque personne interprète et vit les choses à sa façon. Tout être humain a une personnalité qui lui est propre, elle peut être aussi bien obstacle que facilitatrice. Dans la problématique, cette notion m’avait questionné. Au début de ce mémoire, la proximité crée dans les situations de travail était, pour moi, un frein à la mise en place d’actions de prévention. Or, cette notion n’est pas ressortie comme-telle dans les entretiens. En effet, ce lien est d’avantage perçu comme facilitateur. Pour les personnes interrogées, c’est un avantage qui permet d’améliorer les connaissances en l’autre. De plus, un professionnel doit savoir adopter la bonne distance thérapeutique qu’il soit avec un résident ou avec un soignant. Les liens plus ou moins forts qu’il a avec les soignants de son équipe ne doivent pas être perceptibles lors de la mise en place des différentes actions de prévention notamment lors des formations. On peut donc se poser la question : comment cette situation serait-elle gérée dans une équipe plus conflictuelle et ou la collaboration est moins idéaliste? A la vue des éléments ci-dessus, l’hypothèse ne peut être que partiellement validée. 44 4.2 Les limites de ce mémoire Lors de l’élaboration de ce mémoire, nous avons pu rencontrer certaines limites. La première difficulté est que je n’ai pas su trouver assez de littérature sur : la prévention des TMS auprès du personnel soignant le rôle de l’ergothérapeute dans ce domaine. En ce qui concerne la réalisation de l’enquête, on peut remarquer plusieurs limites. Tout d’abord, l’ensemble de mes entretiens ne se sont pas déroulés en direct. La structure, où deux des personnes interrogées travaillent, n’est pas desservi par les transports en commun. Les entretiens ont donc dû être réalisés par téléphone. Bien que ces deux entretiens se soient bien déroulés, il est cependant moins aisé de rebondir sur les propos de la personne interrogée à distance et de percevoir ses réactions. En effet, dans ce genre de situation, le langage non verbal n’est pas présent. Certaines informations peuvent alors nous échapper. Pour l’un des binômes, n’ayant pas eu de réponse favorable des collègues aidesoignant, j’ai interviewé une aide-médico-psychologique (AMP). Bien que cette personne ne rentre pas dans mes critères d’inclusion définies au préalable, j’ai accepté cet entretien car : Le nombre d’entretiens réalisés auprès des soignants aurait été insuffisant. L’AMP interrogée fait fonction d’aide-soignante, c’est-à-dire qu’elle réalise les même actes que les aides-soignants et travaillent souvent en binôme avec ces derniers. En tant que soignante, elle rencontre les même facteurs de risques que les aidessoignantes : manutention, gestes répétitifs, rythme élevé, … Elle est donc aussi considéré comme personne à risque au niveau des troubles musculo-squelettique. Elle a participé aux formations de prévention réalisées par l’ergo. Le principal inconvénient de cet entretien est la différence de connaissance de base entre les AMP et les aides-soignants. En effet au cours de leur formation de 1 an, les AMP n’ont pas de cours sur la manutention ni de sensibilisation aux gestes et postures. Les connaissances de base ne sont pas les mêmes. Lors de la retranscription des entretiens, je me suis rendue compte que ceux réalisés avec les aides-soignantes sont assez positifs concernant la pratique ergothérapeutique. Je me pose donc la question de l’influence d’un entretien dans la réponse des personnes 45 interrogées. Ma présence et mon statut de futur ergothérapeute ont-ils entrainé un effet induit dans les dires des soignants ? Leur avis est-il réellement aussi positif ? De plus, je pense que le fonctionnement des aides-soignants et des ergothérapeutes en binôme peut aussi entrainer des propos convenus chez les AS. En effet, elles peuvent avoir des appréhensions concernant l’impact que peuvent avoir leurs dires auprès de l’ergothérapeute. il était donc essentiel que les entretiens soient anonymes. On peut alors penser qu’un entretien aurait été plus judicieux pour les aides-soignants. De plus, les ergothérapeutes interrogés sont bien intégrés à leur équipe de soin et la collaboration établie avec les aides-soignants est de bonne qualité. Encore une fois, on peut se demander si les réponses auraient été différentes avec des professionnels évoluant dans une atmosphère moins propice à des démarches pluridisciplinaires. Certaines questions de la grille d’entretien auraient pu être plus précises. De plus, l’utilisation de questions ouvertes pose quelques limites. Lors des entretiens, je voulais laisser un maximum de liberté aux personnes interrogées afin de ne pas influencer leurs réponses. Cependant, il n’est pas toujours facile de laisser la personne s’exprimer librement tout en essayant de la guider da sa réflexion. De plus, les réponses étant très riches, il n’est pas toujours évident de ressortir uniquement les informations essentielles à notre enquête. Les résultats de ce mémoire ne peuvent être considérés que comme le début d’une réflexion. La faiblesse de l’échantillon rencontrée minimise la portée des constats. Il aurait été sans doute nécessaire de s’entretenir avec un plus grand nombre de personne. De plus, on a pu voir que le double statut de l’ergothérapeute était plutôt facilitateur. Cependant, le biais de cette constatation est que les personnes interrogées interviennent naturellement ensemble. Il aurait été intéressant d’avoir des binômes moins soudés. Un entretien avec une personne ayant une vue plus externe de la situation comme un cadre ou un responsable d’établissement, aurait pu également nous apporter un regard encore différent et compléter notre recueil de données. 46 4.3 Autres pistes de réflexion 4.3.1 Quelles attitudes doit adopter un ergothérapeute formateur auprès des soignants ? Cette piste de réflexion a pris naissance suite aux entretiens réalisés avec les soignants. Tout au long de ces échanges, les aides-soignantes ont décrit les comportements qu’adoptaient les ergothérapeutes de leur établissement, leurs qualités, leurs défauts, mais aussi ce qu’elles attendent de leurs pratiques. En m’appuyant sur les propos des soignants et sur mes connaissances personnelles, je vais essayer de répondre à cette question. Les qualités principales des ergothérapeutes qui ont été citées lors des entretiens sont : la disponibilité et une présence quotidienne. En EHPAD, l’ergothérapeute doit tout mettre en œuvre pour répondre aux attentes, aux besoins et aux craintes des résidents et de l’équipe. Son attention doit être particulièrement centrée sur le patient. Il lui est demandé d’être réactif dans la mise en application de ses plans d’intervention. Pour cela, l’ergothérapeute doit adopter une attitude d’écoute et s’intégrer à l’équipe. C’est une relation d’aide basée sur des échanges. La communication va permettre de véhiculer des informations, de rassurer et d’influencer. D’après Antoine BIOY et al15, « l’influence est avant tout une action exercée sur un autre pour que ce dernier rejoigne un point de vue, fasse un choix ou adopte un comportement allant dans le sens de ce qui est désiré par celui qui exerce l’influence.» Lors de formation et/ou de mise en place d’aides techniques, l’influence qu’il exerce par ses propos ne doit pas empêcher l’expression des participants. De plus, l’ergothérapeute ne doit pas être dans l’ordre mais dans la suggestion. Pour cela, il doit toujours agir dans l’intérêt du patient et des soignants et non dans son propre intérêt. Il doit leur donner toutes les informations nécessaires pour qu’ils puissent avoir le droit de choisir ce qui leurs convient le mieux afin de prévenir la survenue de TMS. Par exemple, lors des formations de manutention ou lors de la mise en place d’aides aux transferts, l’ergothérapeute doit expliquer clairement l’intérêt des moyens utilisés pour le soignant, mais aussi pour le résident. Le but étant que les soignants comprennent l’utilité de ses techniques et matériels, 15 Co-auteur du livre Communication soignant-soigné : Repères et pratiques, 2013. 151p. 47 tout en ayant la liberté de choix, de les mettre en pratique ou non. Ceci va permettre de laisser à chacun son approche personnelle. Grace à cela, les soignants vont pouvoir analyser seuls leurs pratiques. L’ergothérapeute sert d’appui à cette démarche de réflexion. Une confiance et un respect mutuel doit être installé entre les aides-soignants et l’ergothérapeute. De plus, ce dernier ne doit pas se placer au-dessus des soignants. Il ne doit pas y avoir de rapport hiérarchique, ni de jugement. Bien que le statut de formateur puisse conférer à l’ergothérapeute une relation hiérarchique, cet aspect parait anecdotique par rapport à l’approche systémique que peut avoir l’ergothérapeute. D’après Marie Chantal Morel Bracq16, le modèle systémique consiste à « mieux comprendre les interactions entre le patient, sa famille et l’institution pour repérer les failles du système, mieux intervenir sur le dysfonctionnement et fonder le processus thérapeutique engagé ». Elle ajoutera que : « le thérapeute reconnait la compétence des acteurs du système et cherche à développer leur autonomie ». En effet, dans sa démarche de prévention, l’ergothérapeute prend en compte les différentes interactions que peuvent avoir les aides-soignants avec leurs environnements. Il s’intéresse aux relations établies au sein du groupe ainsi qu’avec les individus gravitant autour (patients, autres professionnels, familles des patients, …). Il doit donc aussi analyser le rapport qu’il a avec les aides-soignants. Cette approche installe, instinctivement, l’ergothérapeute à un rapport d’égale à égale avec les soignants. Lors de la mise en place d’action de prévention, l’ergothérapeute doit être congruent et empathique. D’après Antoine BIOY et al, l’empathie est : « ressentir et comprendre la vie intérieur d’autrui.» En ce qui concerne la congruence, d’après J.M LABELLE17 « c’est donc se mettre en mouvement vers l’autre pour le rejoindre là ou lui-même se porte vers moi. Ce qui convient, c’est ce qui vient avec, ce qui correspond à nos routes respectives là où elles se croisent, se rencontrent, pour un temps limité, dans un espace circonscrit, sans jamais pour autant se confondre. Ainsi, en tant que congruente et réciproque, la relation d’aide permet à chacun d’avenir à soi, sans que l’un s’impose à l’autre, le dépossède de lui-même, le contraigne à devenir autre que lui. ». C’est un état d’harmonie ou les deux professionnels sont dans une entente parfaite où chacun s’accorde à l’autre toute en gardant son identité et en répondant à ses attentes. 16 Marie-Chantal Morel-Bracq est ergothérapeute, Cadre de santé (1983), Directeur des Soins, Directrice de l’Institut de Formation en Ergothérapie du CHU de Bordeaux 17 Jean Marie LABELLE Docteur d'État ès Lettres et Sciences humaines. Maître de conférences de sciences de l'éducation à l'Université Louis-Pasteur de Strasbourg et professeur associé à l'Université de Montréal 48 L’ergothérapeute doit être à l’écoute et tenir en considération les plaintes et les avis des soignants. Pour cela, il doit savoir se remettre en question et parfois accepter que les moyens qu’il a proposés ne soient pas les plus adaptés à la situation. Ceci va lui permettre d’adapter sa prise en charge et de répondre plus spécifiquement à leurs besoins. 4.3.2 Quels sont les avantages de la mise en place d’actions de prévention des TMS réalisées par un ergothérapeute en intra ? On a pu voir que la mise en place d’actions de prévention des TMS réalisées par un ergothérapeute en intra–établissement, a des avantages pour les soignants et pour l’ergothérapeute. Mais a-t-elle un impact sur d’autres individus ? POUR LE RESIDENT : Dans ce mémoire, les soignants ont beaucoup été évoqués, mais qu’en est-il des résidents ? La prévention des TMS auprès des soignants a-t-elle un impact sur leur prise en charge ? Il me semble que la prévention des TMS auprès des soignants permet d’améliorer le bien-être du résident. En effet, les formations proposées par l’ergothérapeute de l’établissement entrainent une cohérence au sein de l’équipe. Dans une structure toutes les personnes n’ont pas le même parcours professionnel et donc pas les mêmes habitudes et les mêmes pratiques. Une formation sur la manutention ou sur l’utilisation des aides aux transferts permet aux soignants d’homogénéiser leur pratique. Ainsi, le patient peut avoir plus facilement des repères ce qui va favoriser son autonomie et son indépendance. Les formations permettent d’avoir un regard collectif de la prise en charge des résidents. C’est un temps où les différents professionnels peuvent échanger sur les difficultés rencontrées au quotidien, et sur les compensations qu’ils ont mis en place pour les résoudre. Ceci permet à l’équipe de se poser la question d’une certaine synergie de groupe. Pour certains, c’est aussi le moment de prendre du recul et de s’interroger sur sa pratique en se comparent aux autres. Ceci va uniformiser la prise en charge des résidents et permettre aux différents acteurs d’œuvrer dans le même sens. En parallèle, l’intégration des bons gestes de manutention va éviter, chez le soignant, certains mouvements qui peuvent être, sans le vouloir, agressifs voire maltraitants. En effet, 49 lors des formations, si les manutentions pratiquées doivent être un moyen de prévention, elles doivent également avoir un retentissement favorable pour le patient. Elles peuvent ainsi permettre d’éviter tous mouvements de tractions notamment au niveau des épaules, ainsi que les points de pression importants sur une zone réduite,… De plus, l’apprentissage des gestes de prévention limitent les situations à risque. En effet, la prévention dans l’apparition de douleurs subite liée aux TMS peut limiter les mouvements incontrôlés, brusques ou les phénomènes de lâchage, qui dans les cas les plus graves, pourraient aller jusqu’à la chute du résident. Ainsi, nous pouvons donc dire, que la prévention des TMS chez le soignant contribue à la bienveillance pour l’usager. L’HAS définit ce concept comme « une manière d’être, d’agir et de dire soucieuse de l’autre, réactive à ses besoins, respectueuse de ses choix et de ses refus. » POUR LA STRUCTURE : Pour la structure, les formations permettent d’améliorer et d’uniformiser la pratique des soignants, ce qui va améliorer la démarche collective de soins. En effet, les personnes qui se forment pour améliorer la qualité d’accompagnement rayonnent entre les soignants et avec le résident. C’est-à-dire, que les principes vus en formation, sont transmis de façons informelles aux membres de l’équipe n’y ayant pas participé. La formation interne permet sans doute de repenser, collectivement, l’accompagnement des patients et de se poser des questions pouvant remettent une équipe en projet. Ceci est bénéfique pour le résident. Si Cette démarche de formation figure dans le projet de la structure, l’établissement va être valorisé aux yeux des patients, de leurs proches, des différents professionnels … 50 Conclusion Dans un contexte d’évolution permanente de la pratique ergothérapeutique, ce mémoire nous permet d’aborder une notion peu habituelle en ergothérapie : la prévention des troubles musculo-squelettiques auprès des collègues de travail soignants. Dans ce mémoire, la réflexion menée à partir d’une problématique ciblée a permis de développer la notion de prévention des TMS, chez le personnel soignant travaillant dans des structures de type EHPAD, et de considérer le rôle de l’ergothérapeute dans ce domaine. Pour cela, nous avons essayé de comprendre le contexte global dans lequel les actions de prévention sont mises en place. Nous nous sommes alors intéressés à la collaboration entre l’ergothérapeute et les aides-soignants. Nous avons pu constater que le lien déjà créé, ainsi que la connaissance que peut avoir l’ergothérapeute de la profession des soignants, sont favorables à la mise en pratique des moyens de prévention. En effet, bien que l’ergothérapeute n’ait pas les mêmes missions que les aides-soignants, il rencontre au quotidien les mêmes difficultés. Cette compréhension qu’il a de la structure et de la réalité du terrain est un atout à l’élaboration de son plan d’intervention. Nous nous sommes aussi attardés sur la posture pédagogique qu’adopte l’ergothérapeute lors des formations en lien avec la prévention des TMS. Nous avons pu observer que lorsqu’il est formateur, l’ergothérapeute n’a pas une position d’enseignant mais plus de tuteur. Il ne va pas apporter le savoir, mais amener les soignants à analyser leurs pratiques professionnelles. Là également, cette analyse sera d’autant plus pertinente que l’ergothérapeute et les aides-soignants ont des pratiques partagées. Ce mémoire s’appuyant sur des notions parfois subjectives, comme les relations interpersonnelles, je n’ai pu apporter qu’une réponse partielle et contextualisée aux lieux d’exercice où j’ai rencontré les différents professionnels. J’espère cependant avoir amené un autre regard, sur la position de l’ergothérapeute dans la prévention des TMS auprès de soignants travaillant dans des structures de type EHPAD. 51 Bibliographie LIVRE Atain Kouadio Jean-Jacques et al, 2006. Les TMS troubles musculo-squelettiques. Bordeaux : Préventique. Bioy Antoine, Bougeois Françoise et Negre Isabelle. Communication soignant-soigné : Repères et pratiques. 3ème éd. Bréal, juin 2013. 151 p. (IFSI – Formations paramédicales). Fouquet B. et Hérisson C. Activité musculaire et travail, 2004. In Muscle et pathologies professionnelles. Paris : Masson. pp 1-25. (Collection de pathologie locomotrice et de médecine orthopédique). Fouquet B. et Hérisson C. Historique-Epidémiologie-Législation, 2002. 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Ergothérapies n°26, pp. 11 -13. 52 Barmont Alain et Zahler Bruno, 2005. Troubles musculo-squelettiques (T.M.S et problématique du maintien ou du retour au poste de travail. Ergothérapies n°17, pp 13-25. Charreyron Déborah, 2013. Contribution de l’ergothérapeute à la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein de l’Equipe Mobile de Soins Infirmiers Spécialisés (EMSIS). Ergothérapies n°50, pp 31-35. INVS, 2010. TMS d’origine professionnelle : une préoccupation majeure. BEH Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n°5-6. 24p. TRAVAUX UNIVERSITAIRES Gaillard Pascal, 2007. L’adaptation des postes de travail des soignants à leur état de santé : l’implication du directeur des soins. Mémoire de l’Ecole Nationale de la Santé Publique. Rennes. RAPPORT ET RECOMMANDATION Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT), 2008. Guide Pratique de Prévention des Troubles Musculo-Squelettiques à destination des PME. Consultable sur internet : http://www.anact.fr/web/publications/NOTINMENU_affichage_document?p_thingIdToSho w=4565307. (Consulté le : 15.10.13). Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS) Villeneuve Jocelyn, 2001. Programme de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) chez le personnel soignant : maux de dos. Consultable sur internet : www.asstsas.qc.ca/programme-tms.html. (Consulté le : 29.09.13). Assurance maladie risques professionnels, 2011. Rapport de Gestion 2011. Consultable sur internet : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fileadmin/user_upload/document_PDF_a_telech arger/brochures/Rapport%20de%20gestion%202011.pdf. (Consulté le : 31.10.13). Estryn-Behar Madeleine, 2004. Etude PRESST NEXT Santé, satisfaction au travail et abandon du métier de soignant. 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Consultable sur internet http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006073189&idAr ticle=LEGIARTI000006743137&dateTexte=&categorieLien=cid. (Consulté le : 13.12.10) 54 Ministère du Travail et de l’Emploi, 2014. Article R233-13-3 du code du travail abrogé par Décret n°2008-244 du 7 mars 2008 - art. 9. Consultable sur internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=4AB6010A2255CDDD7D3607 6AFA5F1EA2.tpdjo03v_1?idArticle=LEGIARTI000018511800&cidTexte=LEGITEXT0000060720 50&categorieLien=id&dateTexte=20080430 (Consulté le : 13.12.10). Ministère du Travail et de l’Emploi, 2014. Article R231-72 du code du travail abrogé par Décret n°2008-244 du 7 mars 2008 - art. 9. Consultable sur internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=6229BB5703C92005C0E984D 7D81ACA92.tpdjo05v_2?idArticle=LEGIARTI000018512710&cidTexte=LEGITEXT00000607205 0&dateTexte=20080430 (Consulté le : 13.12.10). Ministère du Travail et de l’Emploi, 2014. Article R231-72 abrogé par Décret n°2008-244 du 7 mars 2008 - art. 9. Consultable sur internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=6229BB5703C92005C0E984D 7D81ACA92.tpdjo05v_2?idArticle=LEGIARTI000018512710&cidTexte=LEGITEXT00000607205 0&dateTexte=20080430 (Consulté le : 13.12.10). Ministère du Travail et de l’Emploi, 2014. Article R234-6 abrogé par Décret n°2008-244 du 7 mars 2008 - art. 9. Consultable sur internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072050&idAr ticle=LEGIARTI000018511175&dateTexte=20110524 (Consulté le : 13.12.10). INTERNET Site internet Association Nationale Française des Ergothérapeutes (ANFE), 2014. Site officiel de l’ergothérapie te des ergothérapeutes. [En ligne]. Disponible sur le site internet : http://www.anfe.fr/ (Consulté le 28.10.13). Page de site internet Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP), 2014. Fiche métier aide-soignant(e). [En ligne]. Disponible sur le http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/aide-soignant-e site internet : (Consulté le 28.10.13). 55 Table des matières Introduction ................................................................................................................................................. 1 1 2 Problématique .................................................................................................................................... 2 1.1 Une situation interpelante : les soignants, une population à risque ........................................... 2 1.2 Lectures préliminaires .................................................................................................................. 3 1.2.1 Les T.M.S. (troubles musculo-squelettiques) ....................................................................... 3 1.2.2 La prévention........................................................................................................................ 3 1.2.3 La profession d’aide-soignante ............................................................................................ 5 1.2.4 L’ergothérapeute .................................................................................................................. 7 1.3 L’ergothérapeute un acteur de terrain : ce que nous apporte un entretien. ............................ 10 1.4 Question de recherche et hypothèse ......................................................................................... 14 Partie théorique : .............................................................................................................................. 15 2.1 Les TMS, un problème de santé publique .................................................................................. 15 2.1.1 Une maladie en pleine expansion ayant des répercussions sur le travail .......................... 15 2.1.2 Quels sont les différentes manifestations cliniques ? ........................................................ 16 2.1.3 Des pathologies très différentes ........................................................................................ 16 2.1.4 Le processus d’apparition................................................................................................... 17 2.1.4.1 Les caractéristiques personnelles,.............................................................................. 18 2.1.4.2 Les facteurs biomécaniques, ...................................................................................... 18 2.1.4.3 Les facteurs psychosociaux, ....................................................................................... 19 2.1.4.4 Les facteurs environnementaux : ............................................................................... 20 2.1.5 2.2 Conclusion sur les TMS ....................................................................................................... 20 La prévention des TMS ............................................................................................................... 20 2.2.1 Qu’est-ce que la prévention ? ............................................................................................ 20 2.2.2 Pourquoi prévenir ? ............................................................................................................ 21 2.2.3 Des obligations et des responsabilités ............................................................................... 22 2.2.4 Des moyens très divers ...................................................................................................... 24 2.3 L’ergothérapeute au sein d’une équipe ..................................................................................... 25 3 2.3.1 Une personne ressource en terme de TMS........................................................................ 25 2.3.2 L’ergothérapeute au sein d’une équipe interdisciplinaire ................................................. 26 L’enquête........................................................................................................................................... 27 3.1 Construction de l’enquête .......................................................................................................... 27 3.1.1 Objectif de l’enquête .......................................................................................................... 27 3.1.2 Choix de la population interrogée ...................................................................................... 27 3.1.3 Choix de l’outil .................................................................................................................... 28 3.2 Présentation des résultats et analyse ........................................................................................ 29 3.2.1 3.2.1.1 Les ergothérapeutes ................................................................................................... 29 3.2.1.2 Les Aides-soignants .................................................................................................... 30 3.2.2 Pluridisciplinarité et collaboration ..................................................................................... 31 3.2.2.1 Un enrichissement mutuel ......................................................................................... 31 3.2.2.2 Une perception différente de la collaboration........................................................... 31 3.2.3 Moyens de prévention des TMS ......................................................................................... 32 3.2.3.1 Les formations ............................................................................................................ 33 3.2.3.2 Les aides techniques et les aides aux transferts ........................................................ 34 3.2.3.3 Aménagements de l’environnement de travail.......................................................... 34 3.2.3.4 Une prévention quotidienne spontanée .................................................................... 35 3.2.3.5 Des limites à l’application de ces moyens de prévention .......................................... 36 3.2.4 4 Présentation du panel ........................................................................................................ 29 Influence de la « Double étiquette » sur la prévention de TMS ........................................ 37 3.2.4.1 Un avantage dans la pratique des ergothérapeutes .................................................. 37 3.2.4.2 Des éléments freins .................................................................................................... 39 3.2.4.3 Des approches relationnelles différentes. ................................................................. 40 Discussion .......................................................................................................................................... 41 4.1 Retour sur l’hypothèse ............................................................................................................... 41 4.2 Les limites de ce mémoire .......................................................................................................... 45 4.3 Autres pistes de réflexion........................................................................................................... 47 4.3.1 Quelles attitudes doit adopter un ergothérapeute formateur auprès des soignants ?..... 47 4.3.2 Quels sont les avantages de la mise en place d’actions de prévention des TMS réalisées par un ergothérapeute en intra ? ....................................................................................... 49 Conclusion ...................................................................................................................................................... Bibliographie .................................................................................................................................................. Table des matières......................................................................................................................................... Annexes .......................................................................................................................................................... Annexes Sommaire des annexes Annexe n°1 : Compléments d’information sur la formation d’aide-soignante Annexe n°2 : Tableau : Indice de fréquence des TMS et dénombrement du nombre de victime par tableau de maladie professionnelle (MP). Annexe n°3 : Tableau n° 57 des maladies professionnelles Annexe n°4 : Tableau n° 98 des maladies professionnelles Annexe n°5 : Tableau : Nombre de victime des TMS Annexe n°6 : Grille d’entretien ergothérapeute Annexe n°7 : Grille d’entretien aide-soignant Annexe n°8 : Retranscription des entretiens : Annexe n°8.1 : Entretien ergothérapeute E1 Annexe n°8.2 : Entretien ergothérapeute E2 Annexe n°8.3 : Entretien ergothérapeute E3 Annexe n°8.4 : Entretien aide-soignante AS1 Annexe n°8.5 : Entretien aide-soignante AS2 Annexe n°8.6 : Entretien aide-soignante AS3 Annexe n°1 Compléments d’information sur la formation d’aide-soignante18 La formation conduisant au diplôme professionnel d'aide-soignant comporte 1 435 heures d'enseignement théorique et clinique, en institut et en stage. Elle peut se faire de façon continue ou discontinue sur une période ne pouvant excéder deux ans. Théorie Découpage sous forme de huit modules permettant l'acquisition de huit compétences avec cours magistraux, travaux dirigés (17 semaines soit 595 heures). Présence obligatoire aux enseignements. Module 1 : Accompagnement d'une personne dans les activités de la vie quotidienne (4 semaines) Module 2 : L'état clinique d'une personne (2 semaines) Module 3 : Les soins (5 semaines) Module 4 : Ergonomie (4 semaines) Module 5 : Relation – Communication (2 semaines) Module 6 : Hygiène des locaux hospitaliers (1 semaine) Module 7 : Transmission des informations (1 semaine) Module 8 : Organisation du travail (1 semaine) Chaque compétence fait l'objet d'une validation spécifique. Plusieurs types d'épreuves peuvent être organisés pour évaluer les modules de formation : épreuves écrites (questions à réponse ouverte et courte, questions à réponse rédactionnelle, questions à choix multiples, cas cliniques ou productions écrites) épreuves orales (entretien avec un jury sur un sujet, exposé d'un thème), individuelles ou collectives épreuves pratiques (préparation et réalisation de gestes techniques en salle de travaux pratiques ou en structure de soins) mise en situation professionnelle (participation du candidat à la prise en charge d'une personne dans la réalisation d'une ou de plusieurs activités de la vie quotidienne ou d'un ou plusieurs soins, dans des structures où le candidat est en stage depuis au moins 5 jours) Stages Au nombre de 6 (24 semaines soit 840 heures). Ils sont hospitaliers ou extra- hospitaliers avec encadrement adapté. Les objectifs de stage sont définis avec les responsables d'encadrement. Cette formation doit permettre à chaque élève d'acquérir des compétences lui permettant de contribuer à une prise en charge globale des personnes en milieu hospitalier ou extrahospitalier. A chaque stage, les responsables de l'accueil et de l'encadrement de l'élève évaluent son niveau d'acquisition pour chacune des unités de compétences, sur la base d'un support d'évaluation. Au terme des six stages, l'équipe pédagogique réalise le bilan des acquisitions de l'élève en établissant le total obtenu à chaque unité de compétence. Chaque compétence est validée si l'élève aide-soignant obtient une note au moins égale à la moyenne pour chacune d'elles. 18 Extrait de la page internet : http://www.aide-soignant.com/article/etudes/presentation/as/la-formation Annexe n°2 Extrait du rapport de gestion 2011 de l’Assurance maladie19 19 Consultable sur internet : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fileadmin/user_upload/document_PDF_a_telecharger/brochures/R apport%20de%20gestion%202011.pdf). Annexe n°3 Tableau n° 57 des maladies professionnelles Modifié par Décret n°2012-937 du 1er août 2012 - art. 1 Affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail DÉLAI de prise en charge LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX susceptibles de provoquer ces maladies Tendinopathie aiguë non rompue non calcifiante avec ou sans enthésopathie de la coiffe des rotateurs. 30 jours Travaux comportant des mouvements ou le maintien de l'épaule sans soutien en abduction (**) avec un angle supérieur ou égal à 60° pendant au moins 3 h 30 par jour en cumulé. Tendinopathie chronique non rompue non calcifiante avec ou sans enthésopathie de la coiffe des rotateurs objectivée par IRM (*). 6 mois (sous réserve d'une durée d'exposition de 6 mois) Travaux comportant des mouvements ou le maintien de l'épaule sans soutien en abduction (**) : - avec un angle supérieur ou égal à 60° pendant au moins deux heures par jour en cumulé ou - avec un angle supérieur ou égal à 90° pendant au moins une heure par jour en cumulé. DÉSIGNATION DES MALADIES -AEpaule Rupture partielle ou transfixiante de la coiffe des rotateurs objectivée par IRM (*). 1 an (sous réserve d'une durée d'exposition d'un an) Travaux comportant des mouvements ou le maintien de l'épaule sans soutien en abduction (**) : - avec un angle supérieur ou égal à 60° pendant au moins deux heures par jour en cumulé ou - avec un angle supérieur ou égal à 90° pendant au moins une heure par jour en cumulé. (*) Ou un arthroscanner en cas de contre-indication à l'IRM. (**) Les mouvements en abduction correspondent aux mouvements entraînant un décollement des bras par rapport au corps. -BCoude Tendinopathie d'insertion des muscles épicondyliens associée ou non à un syndrome du tunnel radial. 14 jours Travaux comportant habituellement des mouvements répétés de préhension ou d'extension de la main sur l'avant-bras ou des mouvements de pronosupination. Tendinopathie d'insertion des muscles épitrochléens 14 jours Travaux comportant habituellement des mouvements répétés d'adduction ou de flexion et pronation de la main et du poignet ou des mouvements de pronosupination. Hygroma : épanchement des bourses séreuses ou atteintes inflammatoires des tissus sous-cutanés des zones d'appui du coude. 7 jours Travaux comportant habituellement un appui prolongé sur la face postérieure du coude. 90 jours - forme aiguë ; - forme chronique. Syndrome canalaire du nerf ulnaire dans la gouttière épithrochléo-oléocranienne confirmé par électroneuromyographie 90 jours (sous réserve d'une durée d'exposition de 90 Travaux comportant habituellement des mouvements répétitifs et/ou des postures maintenues en flexion forcée. (EMG) jours) Travaux comportant habituellement un appui prolongé sur la face postérieure du coude. -CPoignet - Main et doigt Tendinite. 7 jours Ténosynovite. 7 jours Syndrome du canal carpien. 30 jours Syndrome de la loge de Guyon. 30 jours Travaux comportant de façon habituelle des mouvements répétés ou prolongés des tendons fléchisseurs ou extenseurs de la main et des doigts. Travaux comportant de façon habituelle, soit des mouvements répétés ou prolongés d'extension du poignet ou de préhension de la main, soit un appui carpien, soit une pression prolongée ou répétée sur le talon de la main. -DGenou Syndrome de compression du nerf sciatique poplité externe. 7 jours Travaux comportant de manière habituelle une position accroupie prolongée. - hygroma aigu des bourses séreuses ou atteinte inflammatoire des tissus souscutanés des zones d'appui du genou ; 7 jours Travaux comportant de manière habituelle un appui prolongé sur le genou. - hygroma chronique des bourses séreuses. 90 jours Travaux comportant de manière habituelle un appui prolongé sur le genou. Tendinite sous-quadricipitale ou rotulienne. 7 jours Travaux comportant de manière habituelle des mouvements répétés d'extension ou de flexion prolongées du genou. Tendinite de la patte d'oie. 7 jours Travaux comportant de manière habituelle des mouvements répétés d'extension ou de flexions prolongées du genou. 7 jours Travaux comportant de manière habituelle des efforts pratiqués en station prolongée sur la pointe des pieds. Hygromas : -ECheville et pied Tendinite achiléenne. Code de la sécurité social20 20 Consultable sur www.legifrance.gouv.fr Annexe n°4 Tableau n° 98 des maladies professionnelles Créé par Décret n°99-95 du 15 février 1999 - art. 1 JORF 16 février 1999 Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes DÉSIGNATION DES MALADIES Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1 avec atteinte radiculaire de topographie concordante. Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5, avec atteinte radiculaire de topographie concordante. DÉLAI de prise en charge LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX SUSCEPTIBLES de provoquer ces maladies 6 mois (sous Travaux de manutention manuelle habituelle de charges lourdes réserve d'une effectués : - dans le fret routier, maritime, ferroviaire, aérien ; durée dans le bâtiment, le gros œuvre, les travaux publics ; - dans les d'exposition de 5 mines et carrières ; - dans le ramassage d'ordures ménagères et ans) de déchets industriels ; - dans le déménagement, les gardemeubles ; - dans les abattoirs et les entreprises d'équarrissage ; dans le chargement et le déchargement en cours de fabrication, dans la livraison, y compris pour le compte d'autrui, le stockage et la répartition des produits industriels et alimentaires, agricoles et forestiers ; - dans le cadre des soins médicaux et paramédicaux incluant la manutention de personnes ; - dans le cadre du brancardage et du transport des malades ; - dans les travaux funéraires. Code de la sécurité social21 21 Consultable sur www.legifrance.gouv.fr Annexe n°5 Extrait du rapport de gestion 2011 de l’Assurance maladie22 22 Consultable sur internet : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fileadmin/user_upload/document_PDF_a_telecharger/brochures/R apport%20de%20gestion%202011.pdf). Annexe n°6 Grille d’entretien Ergothérapeute ème Je suis étudiante en 3 année en ergothérapie à l’école de Rennes et dans le cadre de ma formation, je réalise un mémoire de fin d’étude. Je viens vous poser quelques questions sur la place que peut avoir l’ergothérapeute dans la prévention des troubles musculo-squelettiques en intramuros. « En quoi et comment l’ergothérapeute peut-il être une personne ressource dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante? » Cet entretien est enregistré et sera retranscrit sur papier. Aucun signe distinctif (prénom, nom, nom de la résidence, …) n’apparaitra lors de l’écriture du mémoire. Je vous remercie de m’accueillir et de prendre de votre temps afin de répondre à mes questions. Présentation : 1. Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 2. Depuis combien de temps avez-vous votre diplôme d’ergothérapeute ? 3. Combien avez-vous d’années d’expériences en ehpad ? 4. Quelles sont les formations que vous avez effectué dans le cadre de votre propre formation continue en lien avec la prévention des troubles musculo-squelettique ? Pluridisciplinarité et collaboration : 5. Travaillez-vous souvent en collaboration avec les aides-soignants pour des actions de prévention de TMS ou autres ? (Par exemple pour la toilette, l’habillage, les transferts ou pour les activités de groupe …) 6. Que pouvez-vous me dire sur le type de collaboration avec les autres personnels avec qui vous travaillez ? 6.1. Vous arrive-t-il de vous référer aux aides-soignants ? Moyens de prévention des TMS: 7. Avez-vous mis en place des actions de préventions des TMS auprès de vos collègues soignants. Si oui, lesquelles ? 8. Quelles actions de prévention avez-vous mis en place dans votre établissement ? 9. Comment se déroulent-elles ? 10. Les aménagements proposés sont-ils utilisés et les conseils réalisés ? L’influence de la « Double étiquette »: 11. Vis-à-vis de vos collègues, que pensez-vous de la double étiquette collègue au quotidien et à l’occasion formateur que vous pouvez avoir ? Est-ce plutôt facilitateur ou obstacle dans la prise en charge des TMS? 12. Que pensez-vous de cette double position vis-à-vis de l’équipe? 12.1. Au niveau relationnel ? 12.2. Au niveau du travail ? Annexe n°7 Grille d’entretien aide-soignant ème Je suis étudiante en 3 année en ergothérapie à l’école de Rennes et dans le cadre de ma formation, je réalise un mémoire de fin d’étude. Je viens vous poser quelques questions sur la place que peut avoir l’ergothérapeute dans la prévention des troubles musculo-squelettiques en intramuros. « En quoi et comment l’ergothérapeute peut-il être une personne ressource dans la prévention des troubles musculo-squelettiques au sein d’une équipe soignante? » Cet entretien est enregistré et sera retranscrit sur papier. Aucun signe distinctif (prénom, nom, nom de la résidence, …) n’apparaitra lors de l’écriture du mémoire. Je vous remercie de m’accueillir et de prendre de votre temps afin de répondre à mes questions. Présentation : 1. Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 2. Depuis combien de temps avez-vous votre diplôme d’ergothérapeute ? 3. Combien avez-vous d’années d’expériences en Ehpad ? 4. Vous sentez vous concerné par la prévention des troubles musculo-squelettique (lombalgie, tendinopathie, …) ? Pluridisciplinarité et collaboration : 5. Travaillez-vous souvent en collaboration avec l’ergothérapeute pour des actions de prévention de TMS ou autres ? (Par exemple pour la toilette, l’habillage, les transferts ou pour les activités de groupe …) 6. Que pouvez-vous me dire sur le type de collaboration que vous avez avec les autres professionnels avec qui vous travaillez ? 7. Vous arrive-t-il de vous référer à l’ergothérapeute ? Moyens de prévention des TMS: 8. Des actions de prévention des TMS ont-elles été mises en place dans votre établissement, par l’ergothérapeute ? Si oui, lesquels ? 9. Comment se déroulent-elles ? 10. Les conseils et aménagements proposés sont-ils utiles ou /et réalisables ? L’influence de la « Double étiquette » : 11. Que pensez-vous de la double étiquette collègue au quotidien et à l’occasion formateur que peut avoir l’ergothérapeute ? Est-ce plutôt facilitateur ou obstacle dans la prise en charge des TMS? 12. Que pensez-vous de cette double position vis-à-vis de l’équipe? a. Au niveau relationnel ? b. Au niveau du travail ? Annexe n°8 Retranscription des entretiens Annexe n°8.1 : Entretien de l’ergothérapeute E1 Annexe n°8.2 : Entretien de l’ergothérapeute E2 Annexe n°8.3 : Entretien de l’ergothérapeute E3 Annexe n°8.4 : Entretien de l’aide-soignante AS1 Annexe n°8.5 : Entretien de l’aide-soignante AS2 Annexe n°8.6 : Entretien de l’aide-soignante AS3 Annexe 8.1 : Entretien de l’ergothérapeute E1 Présentation et remerciements Dans un premier temps est-ce que vous pouvez vous présenter ? Moi, c’est Ergothérapeute 1. Je suis ergothérapeute diplômée en 2009 de l’école de Montpellier. Je suis passée par plein de postes différents : en rééducation, en neurologie, en rhumatologie/traumatologie. J’ai également travaillé pour la MDPH. Pour le gériatrique et l’hospitalier de l’hôpital d’Annecy. J’ai travaillé dans un petit hôpital local avec du SSR, soin palliatif, EHPAD. Puis, je suis partie à l’étranger pendant un an sans exercer l’ergothérapie. Et là, ça va faire 1 an et demi que je suis à temps plein en CDI en EHPAD. Voilà. Au cours de votre parcours, avez-vous fais des formations en lien avec les TMS ? Pas du tout. Euh … les formations par rapport à tout ce qui est TMS et techniques de manutention datent de ma formation initiale à l’école. Après, c’est vraiment la pratique professionnelle et l’expérience, en rencontrant différents professionnels et des situations concrètes avec les patients qui, en fait, ont enrichi ma pratique et mes connaissances. Mais, sinon, je n’ai pas fais de formation particulière. Et sinon dans votre parcours, avez-vous déjà été amené à faire des formations ? Alors oui, c’était des formations sous différents types. Des formations plus sous formes de rappel par rapport à l’utilisation d’un matériel, et du coup en lien avec des techniques de manutention qui sont en lien avec l’utilisation d’un matériel donné et de prévention justement par rapport aux soignants. Prévention d’économie rachidienne, ce genre de chose. D’accord. Que pouvez-vous me dire sur le type de collaboration que vous avez avec les autres professionnels ici ? Par rapport aux TMS ou en règle général ? En général mais aussi par rapport aux TMS. Alors en règle général, dans tous les postes où je suis passée la position de l’ergothérapeute est particulière parce qu’on est un peu à michemin, on est à l’intersection de beaucoup de professions. On a des champs de compétences qui se superposent. Après, on est vraiment un métier de lien et de coordination donc on a vraiment besoin des autres pour travailler. Quand je dis les autres c’est l’équipe mais c’est du résident en premier, de la famille, des intervenants extérieurs. Donc on a vraiment un métier de lien. Faut vraiment faire en sorte de travailler en collaboration. Donc c’est aussi un point fort mais ça peut être aussi des difficultés rencontrées. Parce que en général, les équipes de soins elles font corps et nous on arrive là pour les embêter avec du matériel, avec des techniques de manutention, des gestes, des petits protocoles, des techniques à suivre et euh … voilà. Faut vraiment bien expliquer l’intérêt pour le résident ou pour le patient et pour le soignant. Ça va dans les deux sens. Après, en rééducation les mondes sont un peu scindés c’est-à-dire qu’il y a la partie soin où les soignants, les infirmiers s’occupent du patient vraiment pour le soin et les rééducateurs sont vraiment pour la partie rééducation/réadaptation. En EHPAD, on est vraiment dans un lieu de vie et dans les lieux de vie du coup les taches peuvent être un peu confondues. Par exemple, en rééducation, là où je refuserai d’accompagner quelqu’un aux toilettes, au WC, là je vais le faire. Faire une toilette intime que je ferai peut être pas en rééducation, là peut-être que je vais le faire aussi. La vision et la collaboration entre les soignants et l’ergothérapeute, elle peut être compliquée des fois. Il faut faire preuve de beaucoup de … comment on dit … diplomatie et vraiment bien expliquer tout ce qu’on fait, sans jugement et sans se mettre au-dessus « de » parce qu’on n’a pas de rôle hiérarchique. Mais vraiment, voilà c’est du transversal, en fait. Et après, par rapport aux troubles musculo-squelettiques, c’est un petit peu pareil parce qu’on est là pour leurs apporter des conseils. Mais la façon dont on va amener les conseils et la façon dont on va expliquer les choses, il faut vraiment faire en sorte de leur expliquer l’intérêt pour le résident et aussi pour elles. Voilà, si on veut arriver de but en blanc en voulant imposer une technique sans expliquer pourquoi, en le marquant dans le plan de soin, ça va pas marcher, y a une grande partie de relationnel dans notre métier avec le résident mais beaucoup avec le soignant aussi. D’accord. Voilà. Est-ce qu’il y a des actions que vous faites en binôme avec les aides-soignantes ? Oui, il y a beaucoup d’action qu’on fait en binôme dans les prises en soin. On ne dit pas prise en charge ici, on dit prise en soin et accompagnement. Euh bin … ça peut être des toilettes thérapeutiques qu’on peut faire en binôme par exemple. Parce que ça nécessite un accompagnement particulier ou une évaluation. Par rapport aux manutentions sur les transferts. Elles peuvent m’appeler et me dire : « là, Mme X, elle perd l’équilibre ou euh elle est en difficulté. Je le fait mal, je me fais mal au dos, ce n’est pas la bonne technique et ce que tu peux voir, venir ». Donc là, j’interviens. Je donne des conseils, on voit ensemble. Moi, des fois aussi je peux être en difficulté, donc aussi c’est un échange. Des fois, je tombe sur des aides-soignantes qui ont 20 ans ou 25 ans de métier et qui connaissent des techniques qui moi, en fait, m’enrichissent. Ce n’est pas parce que je suis ergothérapeute, que je connais toutes les techniques en manutention. Voilà, après en binôme, c’est toutes les réflexions autours des projets de vie, autours de l’accompagnement du résident en règle générale. Est-ce que vous vous référez aux aides-soignantes ? Oui, j’estime que c’est un travail de collaboration, comme j’ai dit au début, et que ça va dans les deux sens. Donc, j’apprends autant que j’espère que les aides-soignantes apprennent de moi. Avez-vous mis en place des actions de prévention des TMS auprès de vos collègues aides-soignantes ? Si oui, lesquels ? Une fois par an, je fais un rappel flash, parce que une formation de manutention, c’est au minimum une journée de formation. Du coup, au niveau de l’organisation de la direction, ils peuvent ne pas me dégager un certain nombre de soignants pour revoir globalement toutes les techniques. Alors, ce que je fais, c’est que je fais une fois par an des rappels flash, après les temps de transmission quotidienne. Donc, je fais un rappel de 14h30 à 15h. Ça dure 30 min sur plusieurs jours pour trouver un maximum de personne selon leurs temps de présence et on revoit les grandes techniques de manutention pour préserver aussi son dos et aussi sur l’utilisation du matériel. Quand il y a un nouveau matériel qui arrive ou un nouveau siège de douche ou un nouveau enfile bas qui évite de se casser le dos en deux. Voilà donc, j’interviens aussi plus ponctuellement, quand il y a une demande particulière. Donc c’est au moment de la formation. Mais est-ce qu’il y a un côté aménagement du poste de travail ? Mise en place d’aides techniques ? Du coup, c’est plus par rapport aux résidents. C’est l’utilisation d’aides techniques pour le résident. Les aides-soignantes, elles, dans leurs travails, moi je ne vais pas avoir d‘action sur des éléments extrinsèques comme le revêtement au sol, la moquette. C’est juste horrible pour transporter le charriot de soin qui est très très lourds. Mais là, à mon niveau je peux rien faire à par le signaler au directeur. Euh … si, ce que j’ai fait par exemple, le revêtement du sol va être renouvelé, on va avoir du lino et moi j’ai tout de suite signalé, de mon point de vue ergo à la direction : « attention quel type de lino vous prenez parce que dans d’autres résidences de la même association, on a eu des remontés comme quoi il était trop mou trop trop instable et les chariots de soin s’enfonçaient, les lèves personnes s’enfonçaient. » Voilà, mon rôle il est préventif auprès de la direction. Au moment des travaux prenez en compte les remarques des autres résidences et je leur ai dit que le lino qu’ils avaient choisi ne fonctionnait pas. Les infirmières aussi m’ont sollicité par rapport à du matériel pour faire les pansements ou faire des soins au sol, des soins de pieds par exemple. Parce que souvent elles doivent se mettre à quatre pattes ou mettre un genou au sol alors que le sol pourrait être souillé d’urine ou autres choses. Voilà, j’ai essayé de trouver du petit matériel pour optimiser leur travail par des petits tabourets bas qui soient pliants, qui soient lavables. Mais après, du coup, l’achat ne dépend pas de moi mais de la direction. Voilà. Et du coup, quand vous faites des rappels flash comment se déroule la séance ? J’essaye de toucher un maximum de personne donc là, je travaille en collaboration avec l’infirmier coordinateur qui me dit : tu auras tel, tel, tel professionnel présent ce jour-là. J’essaie de voir les infirmières, les aides-soignantes, les ASH aussi j’ai vu les secrétaires parce que des fois les secrétaires peuvent être amené à déplacer les résidents et déplacer des fauteuils, et du coup, voilà. C’est après un temps de transmission, ça dure une demi-heure. J’essaye d’avoir 5/6 personnes au maximum faut pas que ça embolise leur travail de la journée. Faut que les informations soient bien efficaces. Donc, c’est des démonstrations et après je remets une petite fiche plastifiée qui rappelle les grand principes de manutention. Je crois que j’en ai une-là. Voilà, par exemple. Tu peux la garder d’ailleurs. Merci. Voilà, donc sur les grands rappels, les grandes règles, sur les transferts, sur l’utilisation du matériel qu’elles peuvent garder dans leurs poches et puis c’est interactif. Puis, souvent après je personnalise la formation en ciblant sur leurs difficultés des personnes qui sont présentes. Par exemple : « Aide-soignante 1, quelles difficultés as-tu le plus sur le matériel ? Ou qu’est ce qui est le plus difficile pour toi ? » Et là, je réponds aux questions plus ciblées. D’accord. Du coup les Aides-soignantes peuvent venir vous voir et dire d’elles-mêmes leurs besoins ? Les questions se font indirectement parce que le relationnel est un peu compliqué. Et souvent pendant les transmissions ça va pas être : « ah j’ai du mal à faire cette technique là où le transfert », c’est avec « Madame X le transfert est difficile ». « D’accord. Bon bin, ça veut dire qu’on va les revoir, peut être que tu ne t’y prends pas bien». Enfin voilà, ce n’est pas de tourner les choses négativement mais proposer d’autres solutions, en fait. Mais, elles me sollicitent par l’intermédiaire de résidents pas directement par rapport à leurs connaissance à elles. D’accord. Ce qui est particulier, mais c’est d’autres moyens d’action. Donc là, je vais plus vous poser des questions par rapport à la double étiquette que vous pouvez avoir de collègue mais aussi de formateur. Du coup, vis-à-vis de vos collègues que pensez-vous de la double étiquette collègue au quotidien et à l’occasion formateur que vous pouvez avoir ? Est-ce que vous pensez que c’est plutôt facilitateur ou au contraire obstacle ? Euh … je pense que ça peut être facilitateur. J’ai toujours la fâcheuse manie de voir toujours les choses de manière optimiste, je prends toujours le positif d’une situation. C’est vrai que ce n’est pas facile. Pas facile, parce qu’a un moment donné on est celui qui a le savoir et qui va le transmettre. Cela sous-entend que l’autre n’a pas le savoir et que ça a forcément une relation un peu hiérarchique de celui qui sait, celui qui ne sait pas. Après, moi j’amène la chose de façon positive parce que j’estime que ça va être des échanges, des échanges de savoir. C’est-à-dire que de la façon dont je vais amener les choses je vais toujours demander, mais vous comment vous faites. Et du coup, je vais répondre : « ah c’est bien, mais moi je peux vous montrer une autre façon de faire ». Il faut toujours être dans la valorisation du travail qu’elles font. Après, je trouve que c’est toujours intéressant comme posture d’avoir cette double étiquette parce que du coup ça permet aux aides-soignantes, aux infirmières et à l’équipe d’avoir un autres regard sur notre travail. Parce que souvent le travail des ergothérapeutes est mal connu. On va pas dire méconnu ce n’est pas le cas, mais mal connu ou mal interprété. Et du coup, là, d’avoir une autre posture et de leur montrer qu’on peut leur apporter des choses, plus positives et bin je trouve que ça sert, ça sert notre métier en fait. Et puis, oui, qu’est-ce que je voulais dire d’autre, … et puis, oui, aussi après c’est que en tant que professionnel, c’est à nous de savoir à un moment donné en tant qu’ergothérapeute la posture qu’on va adopter au moment où on y va. Il faut venir humblement, mais il faut aussi avoir un minimum de prestance. C’est comme quand on prend la parole en publique, quand on a quelques choses à dire et expliquer quelques choses. Il faut savoir l’incarner et être sure de ce que l’on dit. Être sure de soi quoi. Voila D’accord. Et le fait d’être vraiment en intramuros ? Que ce soit l’ergothérapeute de l’établissement qui fasse les actions de prévention ? Euh … Au moins je connais les personnes que je vais former après voilà, ça va être que des rappels. La dernière formation que j’ai faite, c’était les deux. J’ai formé un groupe de 7 personnes. Il y avait 3 personnes de mon équipe et 4 autres personnes d’autres résidences. Je n’ai pas vu de différence. C’est-à-dire, que c’était aussi l’intelligence des soignants qui étaient là de respecter aussi la posture de formateur que j’avais cette fois ci. Après, c’est à la bonne volonté de chacun aussi. Des fois, quand on connait une personne, on peut avoir un avis sur elle. Est-ce que ça influence ou pas les actions de prévention ? Bah non, à un moment donné, il faut que si j’ai moins d’affinité avec tel ou tel soignant parce que je ne suis pas d’accord par rapport à la façon dont elle s’occupe des personnes. Et bah, au contraire, je me dis bon c’est peut être l’occasion de lui faire passer un message en disant : « bah peut être que la tu ne fais pas, ce n’est pas super bien la façon dont tu fais et regardes comment je fais et essaye d’apprendre quelques choses quoi. » C’est toujours la vision positive que j’ai, c’est peut-être qu’à ce moment-là, je vais avoir un moyen d’action pour essayer de la tirer vers le haut quoi. Après j’essaye de faire abstraction des personnes avec qui j’aime, j’aime moins bien travailler. C’est mon rôle de professionnel de savoir prendre du recul aussi quoi. Parce qu’après en tant qu’ergothérapeute, il faut qu’on ait la bonne distance approprié avec les soignants. C’est-à-dire, qu’on fait partie de l’équipe, on peut faire des choses comme des toilettes, mais en même temps, on ne fait pas partie de l’équipe parce que les toilettes on ne peut pas les faire de la même manière. Est-ce que cette double position a des retentissements au niveau relationnel avec les autres soignants ? Oui, retentissement positif. Parce que les quelques personnes avec qui j’ai fait la formation bah du coup, c’est comme si elles avaient échangé un petit moment intime avec moi que les autres ont pas eu. Elles m’ont vu sous un autre jour, je les ai vus aussi sous un autre jour. Et du coup, après, quand on se croise dans les couloirs : « -Ah, tiens, t’as essayé cette technique là que je t’ai montré ? – Ah ça marche super, merci beaucoup d’avoir fait ça ». Puis du coup, elles vont diffuser un peu l’info auprès de l’équipe et du coup ça valorise notre travail. Donc c’est positif en tant qu’ergothérapeute puis voilà. Puis après, c’est une ambiance de fille, parce qu’on est dans un lieu de vie où 95% de l’équipe est féminine. C’est très bien que les infos circulent malgré moi. Donc je les utilise aussi à bonne escient. Je veux dire, je ne me laisse pas avoir quoi. Et au niveau du travail ? Au niveau de la collaboration, est-ce que cette double étiquette a une influence ? Euh … si dans le travail, euh si ça a une influence. Je ne sais pas trop comment y répondre. L’équipe sait que je fais des formations donc elles savent que je détiens un certain savoir. Mais après, c’est un savoir que je partage de façon informel, tout au long de la journée. Ce n’est pas forcément quand j’ai l’étiquette de formateur que je sais plus que quand je ne l’ai pas. C’est-à-dire que les formations quelque part, je les fais un peu tous les jours avec tout le monde quand il y a besoin. Mais c’est sure que quand j’ai la posture de formateur et bah là, on rappel tout et on essaie de faire, … comment dire, on ré-évoque toutes les situations qui peuvent être problématique, de façon plus théorique du coup. Et dans la vie quotidienne et au travail c’est plus en lien avec la pratique de tous les jours. Très bien, l’entretien est terminé. J’ai fait le tour des thèmes que je souhaitais aborder. Merci de m’avoir accordé de votre temps. Annexe 8.2 : Entretien de l’ergothérapeute E2 Présentation et remerciements Est-ce que vous pouvez vous présenter, dans un premier temps ? Alors moi je suis ergo dans un Ehpad, foyer de vie depuis plus de 25 ans maintenant. La présentation c’est concernant le cadre de mon travail ou l’activité proprement dite liée à la prévention des risques ? D’abord, depuis combien de temps vous êtes diplômé, votre parcours … Depuis 86. D’accord. Je suis diplômée depuis 86 et je travaille ici depuis 88, août 88. Voilà, et assez rapidement, c’est vrai que, j’ai eu à intervenir auprès de mes collègues dans ce qu’on appelle la prévention des lombalgies, par le passé. Voilà, sous forme de séances de formation, de sensibilisation à tout ce qui est à risque pour le squelette par rapport aux différentes charges qu’ils ont à porter aux quotidiens, aux différents types de soins qu’ils ont à administrer, aux différentes mauvaises postures ou risque de mauvaises postures qui pouvaient exister. Dans ce cadre-là, je leurs faisais un rappel, un rappel anatomique. Voilà, du squelette et puis ensuite une démonstration des bonnes et des mauvaises préconisations. En sachant qu’entre 88 et maintenant, il y a des choses qui ont un peu évolué c’est plutôt les outils dont on dispose, peutêtre pour passer le message qui on put évoluer. Et puis, également tout ce qui est matériel de transfert etc. tout ce qui est : aides au quotidien pour les personnels. Moi quand, je suis arrivée à l’Ehpad ici, il n’y avait pas de lits médicalisés par exemple. Ils travaillaient dans d’autres conditions qu’actuellement. Au fil du temps, c’est vrai qu’avec l’arrivée … là, si je vais dans tous les sens faut m’arrêter ! Non, continuez, allez-y. Donc, c’est vrai qu’au fil du temps, et bin avec l’apparition des lits médicalisés avec l’apparition aussi des fauteuils plus spécifiques, fauteuil de confort etc. Et avec l’évolution globale du matériel, ça a permis aux personnels d’être un petit peu moins en situation à risque. Malgré que malheureusement il y a les habitudes qui sont là et puis l’impression toujours de perdre du temps en faisant plus attention en montant les lits, en allant chercher le lève personne au lieu de porter la personne, des choses comme ça. C’est vrai que c’est des messages qui ont eu certaines difficultés à passer en particulier avec les anciens collègues. Au fil du temps, c’est vrai que dans les nouvelles formations d’Aides-soignantes et d’AMP, d’Infirmier et bin y a ce genre de technique qui est abordé, ce genre de souci, tout ce qui est prévention liée au squelette et bin c’est abordé dans les différentes études. Donc du coup, les plus jeunes, ils ont quand même une sensibilisation un petit peu différente à ça. Il y a moins cette notion de perte de temps. Voilà. D’accord. Et du coup, dans votre établissement vous travaillez en collaboration avec des aides-soignantes ? Dans le quotidien ? Dans mon activité d’ergothérapie ? Oui. Oui, tout le temps oui. Tout le temps en lien avec les équipes. Après je ne suis pas à l’intérieur des équipes, en fait, je les croise beaucoup. Je les rencontre en fonction des besoins des résidents. C’est vrai que c’est surtout la structure EHPAD qui va être concerné par tout ce qui est prévention des TMS mais n’empêche que le foyer de vie également. Parce que bin ce n’est pas parce qu’on n’a pas porté et accompagné des gens au quotidien qu’on n’a pas le risque de prendre des mauvaises attitudes ne serait-ce que quand on est en réunion et qu’on doit s’assoir correctement, qu’on doit prendre des notes. Voilà, les différents professionnels de l’établissement, on eut à un certain moment, y compris l’administratif, y compris les gens de l’hôtellerie/ restauration, des cuisines, des services techniques. Tous les professionnels ont eu à un certain moment, ont été concernés par cette information, formation, recyclage, par moment je sais plus très bien comment l’appeler. Mais c’est vrai que ceux qui sont le plus concernés c’est les soignants de l’EHPAD. Sachant que l’EHPAD, il est sur deux niveaux. Il y a 65 résidents accueillis. Et le GMP il est un peu en dessous de 700. Donc voilà, c’est une dépendance moyenne on va dire. GMP ? Le Gir Moyen Pondéré, C’est ce qui donne un peu la photographie de la dépendance dans l’établissement. Ah oui, d’accord. Donc je travaille effectivement au quotidien, je les croise, je les vois les collègues sur les situations de travail. Moi, j’ai été formé à Montpellier par le SIFAM à la méthode GAPA : Gestes et Activation pour Personne Agée. C’est une méthode spécifique pour l’accompagnement de la personne âgée dans le quotidien avec le souci de prévention au niveau du personnel. De prévention aussi de la douleur au niveau de la personne âgée et de préservation maximum de sa participation dans les différents moments de soin. C’est ça la méthode de gestes et activation. Ce n’est pas une méthode de manutention tout à fait comme à l’hôpital ou dans d’autres structures. C’est vraiment avec la participation de la personne âgée au quotidien. Donc ce qui se passe, c’est que quand je fais les formations, en général, on sort le personnel du service et à chaque fois il y a un rappel des grands principes de prévention, de protection, etc qui se fait. Il y a un petit peu de sensibilisation des placements du corps dans l’espace. Il y a un travail entre stagiaires dans les différents types de situations qu’ils ont a rencontré, de manutention, de soin au lit ou au fauteuil, de rehaussement, de retournement. Donc ça, s’est vu en dehors du service dans un premier temps et puis, ensuite, il y a normalement une partie application sur le terrain. Sur en général une ou deux journées, pas plus, et après, bin c’est vrai que le temps que tout le monde passe en formation, ça prend un certain temps. On est à peu près 30-35 soignants même 40 soignants dans l’établissement. On est seulement 70 professionnels. Donc après, les autres c’est des services logistiques et les autres services parallèle quoi. Mais au niveau des soignants c’est 35-40 personnes concernées par tout ce qui est manutention on va dire et où le dos est beaucoup sollicité. Pas que le dos d’ailleurs, les épaules, les bras, les cervicales enfin à différents niveau quoi. Après, au quotidien, il m’arrive de les observer en situation de travail, souvent c’est en passant dans les services. C’est là que je me rends compte que ce n’est pas forcément évident d’appliquer ce qui parait évident sur les temps de formation quand on est sur le temps de travail. Dans ces cas-là, je me permets de temps en temps de rappeler aux gens : bin attention là, le lit il faudrait le monter. Et la réponse que j’ai souvent c’est : « Ah bah là je l’ai pas fait mais d’habitude je le fais ou alors, ouais mais c’est bon, on n’a pas le temps de monter et descendre le lit, ça prend du temps ». Voilà le genre de réponse qui va être faite. Pour le lève personne, c’est une petit peu pareil. Pour certains appareils, c’est un petit peu pareil, c’est tout de suite la notion de temps qui va être mise en avant. Et après c’est là que ce n’est pas évident d’être en collègue direct quelques fois. C’est de s’autoriser justement à prendre cette position d’observateur, de formateur, de rappel à l’ordre. C’est vrai qu’il y a des collègues qui peuvent aussi ne pas forcément le prendre très bien. Qu’on se permette de dire : « Attention là, tu devrais enlever les cale-pieds du fauteuil ; tu devrais mettre ton fauteuil comme ça, pour que ce soit plus efficace, pour éviter de te faire mal ; attention t’es assis de travers, t’es que sur une fesse ». Enfin voilà, il y a plein de situations comme ça au quotidien où, on se trouve pas forcément confortable quoi. D’accord. Du coup, les aménagements proposés, les conseils donnés ne sont pas toujours mis en place ? Voilà, ils ne sont pas forcément toujours appliqués. Comme je disais toute à l’heure, il y a quand même une nette différence avec ce qui se passait il y a une petite dizaine d’année. On voit que là comme je disais toute à l’heure, on a quand même tout le temps des nouveaux professionnels qui arrivent dans la structure. Soit même des contractuels qui ont fait des remplacements ailleurs ou soit des collègues qui ont eu des expériences dans d’autres établissements, ou qui sont fraichement sortie de formation et qui du coup ont quand même un abord un petit peu différent vis-à-vis de ça. Par contre, ce qui est dure, c’est avec les plus anciens. Les anciens qui ont pris vraiment des habitudes de travail et qui dès qu’ils se retrouvent en situation de travail, même si elles trouvent ça très bien quand on est en formation et bien, le naturel revient au galop. C’est vrai que ce n’est pas évident. D’accord, et ces formations que vous faite, elles sont tous les combien ? Alors en fait, j’en fais à peu près deux sessions par an. Sur des groupes d’environ huit personnes. Et jusqu’à présent, je demandais, pour les soignants, que ce soit des sessions de deux jours. D’accord. Et toute à l’heure vous m’avez parlé d’une formation que vous aviez fait, vous. Est-ce que vous en avez fait d’autres au cours de votre formation en lien avec la prévention ? Non en dehors de cette formation-là, que j’ai faite en 2003-2004, je crois. C’était trois fois une semaine pour avoir le certificat d’aptitude aux fonctions d’animation SIFAM pour le geste et activation des personnes âgées, c’est GAPA. Je n’ai pas eu d’autres formations spécifiques dans ce cadre-là. Il est possible que ce soit un peu insuffisant. Mais, en même temps, d’un autre coté l’avantage, c’est d’être à l’intérieur de la structure, au près des collègues. Pour la structure elle-même c’est une facilité de mise en œuvre et de gestion de formation. Là, en ce moment avec la cadre de santé, on est en train de revoir la façon d’organiser ses sessions de formations pour leurs donner une efficacité plus importante pour faire de façon spécifique au nouveau arrivant une sensibilisation et même plus que ça un apprentissage du matériel systématique. Donc sous forme de petite formation justement sur le matériel utilisé dans l’établissement et après avec un projet d’immersion régulière dans les services pour aller rappeler, vérifier sur le terrain en situation réel l’application des conseils, des démonstrations qui auront été faite. Dans mon expérience, sinon, de formatrice, c’est vrai que je suis sortie en 86, j’ai fait des petites sessions de formation auprès des auxiliaires de vie. Au départ, avant d’être en poste ergo, quand j’étais en recherche d’emploi, j’ai fait des petites sessions, c’était prévention des lombalgies. Comme je disais toute à l’heure, c’était tous les gestes de la vie quotidienne, c’était pour les auxiliaires de vie donc comment faire à domicile auprès des personnes pour éviter de se faire trop mal. J’ai eu cette expérience-là. Et pis sinon, j’ai aussi participé au niveau de l’IRTS, il y a très longtemps maintenant, ou j’ai fait plusieurs sessions comme ça de sensibilisation en fait, à ce qui est prévention. À l’époque, on parlait de prévention des lombalgies. C’est vrai que ce qu’on appelle TMS, c’est une appellation relativement récente si on veut en tout cas dans le langage courant. Bien qu’au niveau de tout ce qui est CHSCT c’est quelque chose qui est pris en compte dans tous les domaines, dans toutes les entreprises. Mais dans le passé on en parlait pas autant que maintenant. Là, vous me parliez des formations, qu’au quotidien, il vous arrivait de reprendre les personnes sur les gestes et postures, est ce que vous voyez d’autres actions que vous avez mis en place de façon formel ou informel ? Je dirais l’apprentissage quand même du matériel à la disposition des personnels et des résidants. L’apprentissage de l’utilisation pardon. Ça faut y revenir régulièrement. Par exemple les fauteuils conforts avec la bascule d’assise, la bascule de dossier quand on apprend correctement à les utiliser, à escamoter les accoudoirs ou les reposes jambes ou les palettes au fauteuil, c’est tout de suite facilitateur également pour se mettre en bonnes conditions de transfert et pour faciliter la mise en station debout, par exemple, d’un résident. Quand il y a une participation au transfert, on demande et du coup moins d’effort pour la personne aidante quoi, Ça peut être ça. J’ai été sollicité à certains moment pour donner mon avis par rapport à…, je ne suis pas ergonome, je n’ai pas de formation en ergonomie simplement ma formation d’ergothérapeute qui remonte à 86 mais pour avoir un œil sur l’aménagement bin de la plonge par exemple en cuisine. Là, ce matin on m’a sollicité pour aller voir une collègue de la restauration qui est de petite taille et qui semble avoir des difficultés par rapport à la hauteur du plan de travail, pour couper le pain. Donc on m’a demandé de voir avec elle, si effectivement il y a avait pas réponse à apporter au niveau de l’aménagement de son poste. En tout cas de son organisation. Donc on me demande, ponctuellement, des choses aussi précises que ça. Après moi j’ai mes limites forcément. Je ne prétends pas, je suis pas du tout experte dans ce domaine-là mais mon œil d’ergothérapeute et de formatrice peut effectivement apporter à un certain moment, un éclairage on va dire. Ainsi que dans l’aménagement des espaces, des chambres des résidents. D’accord. Je vais revenir au niveau des formations que vous faite. Vous disiez qu’il y avait un temps plus théorique et un temps pratique, c’est ça ? C’est ça, oui. Et le temps théorique, comprend quoi ? Comme je disais toute à l’heure, je prends un schéma de face et de profil du squelette, de façon à expliquer concrètement, sur image, ce que ça donne quand on bascule le bassin et quand on le fait pas. Quand on change de position et de posture. Voilà, au niveau de la théorie Et puis, après, c’est de montrer. On va dire que c’est théorico-pratique. C’est-à-dire que je montre en même temps ce que ça peut donner en exagérant certaines positions, certains mouvements et ce que ça peut avoir comme incidence justement sur le squelette. Et sinon, il y a encore un truc important c’est que depuis quelques années, depuis que j’ai eu la formation GAPA. Il y a un recueil normalement avant. J’ai le nom des gens qui vont en formation et du coup je leurs distribue un questionnaire de manière à recueillir aussi leurs attentes spécifiques. Leurs limites quand ils en ont aussi savoir quel est leurs historiques au niveau de leurs problématiques et de leurs connaissances. Parce qu’en deux jours en plus, c’est très court. C’est long mais c’est court en même temps. Pour l’ampleur de ce qu’il peut y avoir à donner comme information et surtout pour l’appropriation des procédures, c’est vraiment court. Donc c’est vrai que ce temps de recueil d’information il est quand même important par rapport à une certaine efficacité recherchée auprès des collègues. Je vais revenir sur la collaboration que vous avez avec les Aides-soignantes. Vous disiez que vous passiez dans les services. Est-ce que ça vous arrives d’avoir des activités, on va dire en binôme avec elles ? Réellement, les Aides-soignantes, non. Ça va être très très très ponctuel. Par exemple là, on a une personne dont la dépendance à augmenter énormément suite à un traumatisme. Donc, il y a eu des précautions particulières à prendre à cause d’une atteinte au niveau des cervicales. Pour le premier levé par exemple, pour les 2-3 premiers levés, il y a eu une collaboration entre moi, l’Aide-soignante et l’infirmière de manière à le réaliser dans les meilleures conditions possibles. Dans ce cas-là, oui, à chercher le matériel, à chercher comment faire pour que la personne soit dans les meilleures conditions et l’aménagement de l’espace et également le personnel pour limiter les conséquences au niveau des TMS. Et quand il y a collaboration, est ce que c’est vous qui vous référez aux Aides-soignantes ou c’est elles qui viennent vers vous ? Que ce soit aussi bien pour la prévention des TMS, gestes et postures et tout ça, que d’autres actes plus spécifiques avec le patient. Alors dans la suite des formations, comme je disais toute à l’heure, je passe dans les couloirs et puis je constate qu’il y a des difficultés à appliquer certaines préconisations. Donc, j’y vais spontanément auprès de la personne concernée. A d’autres moments, ça peut être les cadres qui ont observé ou qui ont vent d’une difficulté pour une personne et qui me demande de me rapprocher d’elle pour voir et essayer de trouver une solution. Et à d’autres moments, ça peut être directement les infirmières ou les Aides-soignantes qui m’interpellent en me disant : « Voilà, on à tel difficultés avec tel personne, est ce que tu peux venir avec nous pour voir comment est-ce qu’on peut s’y prendre pour améliorer les choses ? » Il y a différents cas de figures en fin de compte. D’accord. Là, je vais vous parler un peu plus de la double étiquette que peu avoir l’ergothérapeute. Que pensez-vous de la double étiquette, collègue au quotidien et à l’occasion formateur que vous pouvez avoir ? Est-ce que c’est plutôt facilitateur ou au contraire est ce que c’est obstacle pour la prise en charge des TMS ? Et bin aussi bizarre que ça peut être, c’est une réponse de normand mais ça peut être les deux. Dans la mesure où en tant que collègue, je connais très bien le contexte de travail de mes collègues aussi. Donc, je suis à même de les voir en situation réel de voir à quoi ils sont réellement confrontés dans l’application de ce qu’on peut leur demander et qui n’est pas forcément … enfin ce qu’on leur demanderai en théorie si c’était par exemple un formateur de l’extérieur, qui connait pas l’environnement de travail, le cadre de travail. Et moi, c’est vrai que du coup, j’aurai une autre façon d’aborder les choses parce que je sais qu’il y a aussi des limites qui sont liées à l’environnement aux matériels, à la structure, à un certain nombre de chose comme ça. D’accord ? Donc dans ce cadre-là, je dirai que c’est facilitateur pour adapter le contenu de la formation et de l’apport à la réalité de terrain. Là, où ça peut être un obstacle, c’est ce que je disais toute à l’heure, c’est qu’en fonction des personnalités et bin ce n’est pas aussi facile que ça de se placer en tant que observateur que … je ne vais pas trouver le terme mais que de se permettre de faire certaines observations ou certaines restrictions, certaines critiques on va dire. Mais ça, c’est individuellement que ça se gère. C’est-à-dire que suivant la personnalité qu’on a en tant qu’ergo aussi, on est plus ou moins à même d’être capable de se positionner par rapport aux collègues avec lesquels on travaille tous les jours et pour certaines depuis plus de 20 ans. Donc voilà, pour moi ça peut être aussi un peu délicat. Mais, le gros avantage c’est de connaitre la réalité du terrain. Après peut être que ça, en même temps que je te parle je me dis que ça peut être aussi un inconvénient. C’est-à-dire qu’un œil extérieur peut avoir une distance que j’ai peut-être plus forcément parce que je suis trop baignée dedans. C’est-à-dire, une distance d’observation. Un œil un peu plus critique pour apporter des solutions auxquels on pense pas quand on est trop le nez dessus, voilà. Et du coup, pour vous ce serai quoi la bonne position à avoir, quand on est formateur? La bonne position à avoir, comme je disais toute suite, pour moi, c’est d’être capable d’avoir un œil critique et de l’assumer. Et d’apporter aussi, suffisamment de,… En tous cas, ce que je fais peut-être pas moi, assez, c’est d’être à l’affut de tout ce qui est innovation, de tout ce qui est progrès, dans le domaine de la protection des TMS. Donc une connaissance qui évolue dans le temps. Peut-être en lien, voilà. Pour moi par exemple, peut-être que du recyclage, je ne sais pas comment on peut l’appeler. Ce serai bien parce que ma formation, elle date déjà d’il y a 10 ans. Donc il y a peut-être une autre façon d’aborder les choses, maintenant. Pour aller plus loin, pour être plus efficace, pour être plus pertinent dans ce qu’on fait. Très bien. Et du coup, est ce que cette double position qu’on peut avoir, est ce qu’elle a une influence au niveau relationnel ? Elle peut à un certain moment, oui. Après, c’est vraiment une histoire de positionnement individuel aussi, en tant qu’ergothérapeute. Je pense qu’en fonction de sa propre personnalité, on arrive ou pas, à se positionner, comment dire … de manière, j’ai envie de dire presque non affective, de manière euh … ouais, le plus objective possible. Et je pense que ça peut se faire. Toute à fait. Et c’est vraiment une histoire d’autogestion de l’ergo. Je pense que ce n’est pas du tout incompatible. Après ce que je crois qui est intéressant, c’est de pourvoir faire ce type de formation en binôme avec un autre professionnel de l’établissement, ce que je ne fais pas. Moi, j’ai toujours été détaché toute seule pour le faire. Mais, je sais que dans certains établissements, il y a des ergo qui le font et qui l’on fait par exemple en binôme avec un Kiné ou en binôme avec une Infirmière, ou en binôme avec une Aide-soignante. Sachant que les deux, par exemple, avaient eu, je pense à la formation GAPA mais ça peut être d’autre type de formation donc les deux ayant le certificat et bin sont complémentaires au niveau de leurs approches et sont peut-être plus crédibles et plus assises dans leur position de formateur. Et c’est vrai que ça, je pense que c’est une dimension qui peut être vraiment à prendre en compte de pouvoir être en binôme à intervenir dans ce cadre-là. Et du coup, au quotidien, est ce que ça change quelques choses au niveau de la collaboration que vous avez avec vos collègues ? Non, je pense. Je ne pense pas. Au contraire, je pense que ça peut que renforcer. Même que ce positionnement-là, il n’est pas facile avec certain individu. Je crois que ça peut que renforcer le travail de collaboration puisque ça fait un pôle d’intervention supplémentaire au pôle proprement dit des activités en ergothérapie ou des accompagnements de résident. C’est vraiment quelques choses de plus quoi, que cette aspect-là de collaboration, de complémentarité, de conseil. Moi, je trouve que c’est très riche au contraire. D’accord. Bon bin très bien. J’ai fait le tour de mes questions. Je vous remercie d’avoir pris du temps pour y répondre. Annexe 8.3 : Entretien de l’ergothérapeute E3 Présentation et remerciements Dans un premier temps, est ce que vous pouvez vous présenter brièvement ? Je suis Ergothérapeute 3, je suis ergothérapeute depuis 2005 et je travaille ici depuis 2008. Est-ce que vous avez fait des formations continues en lien avec la prévention des TMS? A moi ou aux autres ? Vous. Moi, j’ai fait une formation sur les gestes et activation de la personne âgée : GAPA. Que du coup j’enseigne un peu aux salariés. Au niveau TMS, c’est un peu près tout. Vous l’avez fait il y a longtemps ? Il y a 3 ans, je crois. A peu près. D’accord. Est-ce que dans la vie de la structure, vous travaillez beaucoup en collaboration avec les Aides-soignantes ? Oui, beaucoup. Parce que du coup, j’ai qu’un mi-temps pour les étages. J’ai qu’un mi-temps pour 140 résidents et du coup, je n’ai pas le temps de voir tout le monde. Donc je forme plus les soignants pour qu’ils appliquent les bonnes méthodes pour respecter les capacités des résidents et en même temps eux se protéger. Et je fonctionne beaucoup avec le matériel, tout ce qui est verticalisation, lève personne. Toutes les aides aux transferts. Et est-ce que vous participé aux toilettes ou autres ? Quand il y a besoin oui. Je participe plus pour faire une évaluation, quand elles sont en difficultés par rapport à des mobilisations ou à des transferts qui sont difficiles parce que la personne et plus dépendante. Ou voilà, dans certaines situations de fracture du col du fémur ou des choses comme ça où elles ont des fois besoins de tout réévaluer et où j’interviens dans ce cas-là. D’accord, et est ce qu’il y a des activités que vous proposés en binôme ? Alors, après, je fais la toilette avec elle, en fait. On est en binôme Aide-soignant/Ergo. En général, je fais une ou deux fois et après voilà, je donne mes conclusions. Parce que je n’ai pas le temps d’y aller tous les matins. Et sinon votre rôle dans la structure ? Compliqué. (Rire) En fait, j’ai deux rôles distincts parce que du coup, je suis à mi-temps pour les 140 résidents ou là, j’interviens pour tout ce qui est, enfin, je n’ai pas le temps de faire des prises en charge individuelles. Donc je suis plus, du coup sur la formation des soignants sur tout ce qui est matériel : fauteuil roulant, lit, évaluation des résidents, aménagement des chambres, de la structure et … Enfin, il y a beaucoup de choses. Et j’ai un autre mi-temps sur le PASA de la maison où je suis responsable du PASA donc sur mon mi-temps. Le PASA c’est ? Pôle d’Activité et de Soin Adapté donc pour les personnes Alzheimer. D’accord. Du coup, c’est des journées qui sont bien distinctes dans la semaine. Et dans le cadre du PASA du coup pareil vous mettez en place des activités ? Alors là, oui c’est que basé sur la prise en charge de groupe, voir individuel de personne qui ont Alzheimer avec des activités que je fais en collaboration avec les Aides-soignants et des AMP. Bien, que pensez-vous de la collaboration que vous pouvez avoir avec les Aides-soignants au quotidien ? Moi, j’apprécie beaucoup. Enfin j’aime beaucoup travailler avec les aides-soignantes. Parce qu’en général elles connaissent très très bien le résident. Elles connaissent toutes les petites habitudes. Ils sont souvent très ancrés dans leur manière de faire, et du coup j’essaie de les orienter vers autres choses et d’autres manières de faire. Ce qui n’est pas toujours facile, ça dépend des soignants. Donc après, je sais qu’ici, par exemple, ils aiment beaucoup les verticalisateurs, qu’ils l’utilisent assez facilement. Donc la dessus, je n’ai pas beaucoup de travail par rapport à ça. Des fois, c’est plus pour limiter cet outil là que l’inverse. Après, je suis plus aussi pour leur transmette moi, mes connaissances de la personne, d’autres manières de faire pour qu’il intègre ça petit à petit. C’est un travail de longue haleine. J’ai loin d’avoir fini. Quand vous travaillez avec les Aides-soignantes, est ce que c’est vous qui allez vers elles ou c’est plutôt l’inverse ? Ça dépend, ça dépend des fois c’est moi qui y vais parce que j’ai besoin d’un renseignement ou de savoir comment elles font avec la personne. Mais des fois c’est elles qui me demandent aussi quand elles y arrivent plus. Quand je disais que je fais des toilettes évaluatives, en général, c’est à la demande des Aides-soignantes. Après ça fait 6 ans que je travaille ici donc voilà, la collaboration se fait naturellement. D’accord. Du coup, cette collaboration elle s’est installée petit à petit ? Oui, ce n’est pas du jour au lendemain. Disons que quand je suis arrivée ici, ce n’est pas du jour au lendemain. J’ai dû créer le poste et c’est vrai que j’y ai passé beaucoup beaucoup de temps dans les services à discuter avec les Aides-soignantes à voir comment elles travaillaient parce que je savais qu’avec un mi-temps pour 140 résidents, je n’allais pas y arriver toute seule. Donc si je n’avais pas des gens sur qui j’avais compté dans chaque service. Certain sont un peu mes yeux. C’est : « tel personne elle a besoin de ça, faudrait revoir tel personne, je pense qu’on peut faire des transferts de tel et tel manière ». Du coup, moi j’y vais après pour évaluer. Mais c’est vrai qu’il y a vraiment besoin d’avoir des Aides-soignants, des référents. J’ai des Aides-soignants référents dans la maison. Du coup, pour revenir plus sur la prévention des TMS, est ce que vous avez mis en place des actions de préventions ? Alors, je fais des formations tous les ans, des formations sur la manutention et tout ce qui tourne autour des résidents parce que du coup j'en profite pour revoir tout ce qui est positionnement, la manipulation des fauteuils. Je leur fait découvrir d’autres aides aux transferts comme les disques, les guidons de transferts ou toutes ces genres de chose. Et ça j’en fais une peu près deux sessions par ans pour chaque séjour c’est deux jours avec à peu près dix soignants. Ce qui est plutôt pas mal. Et en plus de ça, je fais partie du CHSCT depuis deux ans, où, du coup, c’est plus des actions globales pour la maison et justement essayé de voir si on peut faire autre chose, si le matériel est bien adapté, si voilà. On va dire essayer de réfléchir un peu plus globalement. Et vous avez des exemples d’aménagement que vous avez pu faire par rapport aux TMS ? Des aménagements tout ce passe… je ne fais pas de distinction entre moi, la manière dont je prends en charge des résidents et la prévention des TMS. Parce que pour moi, tout doit être lié. Donc c’est-à-dire que si il y a des transferts qui sont beaucoup trop compliqués, que le résident à beaucoup de difficulté, moi, j’interviens déjà pour évaluer voir les capacités du résident, voir l’aménagement de la chambre et comment les soignants gèrent des moments un peu critique qui sont les transferts. Donc voilà tout se fait en lien. Enfin, je ne distingue pas tous les éléments, pour moi, ça fait partie de l’environnement et le but c’est de facilité le travail des Aides-soignants pour que déjà ça se passe bien avec les résidents, pour que leur dos soit protégé, parce que nous, c’est beaucoup des problèmes de dos et voilà. Si tout est lié, tout fonctionne. Si on distingue trop les éléments ça marche plus. Vous, quand vous leurs expliquez un transfert ou autre chose vous pesez aux patients évidement et en même temps aux soignants ? Oui beaucoup oui. Je leur apprends, maintenant, je sais qu’il a certains soignants à qui je n’insisterai jamais pour qu’ils le fassent. Parce qu’ils n’ont pas toutes les capacités physique de le faire ou il y a des gens qui ne peuvent pas intégrer certaines manières de faire les transferts. Donc en fonction des soignants qui me demandent, je vais leur dire plutôt d’aller vers des verticalisateurs ou des techniques de transferts particulières. Au niveau physique du coup ? Oui. Il y a des soignantes aussi au niveau intellectuel qui n’arrive pas intégrer les manipulations. Je n’insiste pas dans ses cas-là. Parce que c’est trop dangereux et pour le résident et pour le soignant. Ça arrive, c’est rare mais ça arrive. Et du coup, à part au niveau des incapacités on va dire, est ce qu’il y a d’autres facteurs qui ferraient que les méthodes expliquées ou les aides techniques misent en place ne sont pas utilisées ? Les aides-soignants pour la plus part, ont eu des formations à la manutention au cours de leur formation. La formation qui est très courte. Certains les ont assimilé d’autres pas et ils ont beaucoup appris sur le tas. S’ils ont une bonne formation, comme ils disent, sur le tas, ça va, les techniques sont bonnes. Sinon, c’est une catastrophe. C’est très très compliqué à faire changer. Et j’ai beau leurs apprendre, ils connaissent en théorie comment faire, après, ils ont beaucoup de mal à l’appliquer sur place. Et là, il faudrait quasiment que je les suive pendant un mois, chaque personne pour faire les transferts tous les matins, pour que ce soit intégré dans le travail. Et voilà, c’est très compliqué. Bon après, petit à petit, moi, je m’appui sur certains soignants qui ont réussi à intégrer ce que je leur ai appris et à l’appliquer, voilà. Mais, c’est très très long. Ça fait effet boule de neige, un peu ? Voilà. C’est très compliqué, il faut beaucoup de patience. Mais bon, ça va en s’arrangeant. Est ce qu’il y a des contraintes institutionnelles qui font que certaines méthodes ne peuvent pas être appliquées ? Certaines méthodes de transferts ? Bin c’est plus le transfert des acquis théoriques en acquis pratiques qui euh … Enfin moi, je n’ai pas assez de temps. Pour passer avec chaque soignant. J’ai une 100aines de soignants ici. Je n’ai pas le temps de les suivre, vraiment au jour le jour, pour qu’ils transferts leurs apprend en théorie pendant les formations pour qu’ils mettent ça dans leurs pratiques. C’est un travail qui est très très fastidieux et où il faudrait plutôt intervenir dès le début. Pendant l’apprentissage de leur métier. Après, une fois qu’ils restent sur des acquis, c’est plus dur de les faire changer. Certains réussissent. Si on revient sur la formation que vous mettez en place tous les ans. Est-ce que vous pouvez un peu me détailler le programme, on va dire, des deux journées ? Le premier jour, je fais une brève présentation de tout ce qui est théorique au niveau du dos et comment est constitué le dos, comment ça marche et pourquoi il faut faire attention. Je leur apprends la position de protection du dos. Tout ce qui est principes de bases de toutes manutentions et après, je passe énormément de temps à leurs faire des mises en situations. Je leurs apprend différents transferts et différentes aides techniques au cours des journées. Juste pour exemple, le premier jour on va faire transfert allongé/assis, assis/allongé, assis/debout, debout/assis, assis/assis. Utilisation du lève personne et du verticalisateurs, je les mets aussi dedans pour voir ce que ça fait. Je leurs explique tout le fonctionnement du fauteuil roulant, du positionnement des sangles de contention, c’est un autre aspect du truc mais c’est bien de le voir en formation. Je leur apprends, le rehaussement au lit, au fauteuil, et avec l’utilisation du drap de glisse. Et ensuite, on refait tous les transferts de la journée pour que ce soit un minimum acquis, le lendemain je leur présente les conséquences des pathologies des résidents sur les transferts, c’est-à-dire si il y a une hémiplégie. J’ai pris les trois plus fréquentes : hémiplégie, parkinson et démence et quels sont leurs impacts sur les transferts et qu’est-ce que le soignant doit faire pour faciliter au niveau du résident déjà la compréhension des consignes et tout ça. Après on revoit tout ce qu’on a vu la veille, après ce que j’essaie aussi c’est qu’on enchaine les transferts. C’est-à-dire qu’on va faire : la personne, elle est allongée sur le lit et faut la mettre assis sur le fauteuil roulant. Le matin quand on arrive, pendant la nuit, elle s’est mise au fond du lit. Déjà faut la rehausser pour pouvoir faire la toilette par exemple. Après on l’assoit au bord du lit. On la transfert dans le fauteuil. Donc voilà, je leur fait faire plusieurs mises en situations. Je leurs montre tout ce qui est disque de transfert et guidon de transfert. Je leur explique les matelas à aire. Enfin, ça n’a rien à voir, quoi que, les matelas à aire ont une fonction soin qui permet que la toilette se passe mieux, pour les soignants, que les mobilisations soient plus faciles aussi. C’est bien de le savoir. C’est-à-dire ? Ils ont un mode où pendant 20min, ils se gonflent énormément ce qui fait que la surface est moins molle. Les transferts sont plus simples. C’est juste un bouton à appuyer sur le cadran du matelas, je leurs apprend tout ce qui est positionnement pour les coussins de positionnement que j’utilise dans la maison. Et après on refait encore des enchainements sur les transferts. Voilà. Donc c’est une alternance entre théorie et pratique ? Oui, le but, c’est qu’ils en fassent un maximum. Ce n’est pas toujours simple. C’est tout un art. Vous êtes pour les cas pratiques, vous vous appuyez sur les situations rencontrées ici ? Du coup je leurs donne des noms de résidents avec qui ils peuvent faire tel et tel transferts. D’accord, du coup je vais vous poser des questions un peu plus sur la double étiquette de l’ergothérapeute, c’est-à-dire à la fois collègue au quotidien et pis parfois formateurs. Vis-à-vis de vos collègues, que pensez-vous de votre étiquette ? Est-ce que vous pensez que c’est plutôt facilitateur ou obstacle pour la prévention des TMS ? Pour moi c’est facilitateur parce qu’ils savent que je connais leurs travails. Que je sais comment ils travaillent. Que je connais les résidents avec lequel ils travaillent. Et du coup, le fait d’avoir des exemples concrets c’est beaucoup plus simple. En plus, ça me permet qu’ils me parlent de leur quotidien parce que je fais beaucoup de temps aussi de discussion pendant les formations. Et ça permet aussi, des fois, de faire ressortir des choses où il faudrait que j’intervienne plus ; ou voilà des difficultés qu’ils peuvent avoir dans leurs quotidiens des fois où je n’avais pas forcément conscience. Du coup, ça fait ressortir des situations qui sont super intéressantes. Ensuite, après, ils savent aussi quand m’appeler, pourquoi, voilà. Autant avant j’avais des demandes : « faudrait aller voir madame machin ». Mais ce n’était pas clair déjà dans leurs têtes. Maintenant c’est très précis, en fait. Maintenant c’est : « parce que elle a besoin d’un nouveau fauteuil roulant, parce que elle a du mal à se mettre debout, faudrait voir pour adapter l’environnement, parce que elle ne voit pas très bien donc il faudrait adapter l’environnement a sa vue ». Enfin, voilà les demandes sont très précises et de plus en plus précises. C’est bien. Donc du coup c’est bénéfique pour elle mais aussi pour votre pratique ? Oui, oui, bin pour moi ça permet de faire un lien de confiance aussi. Enfin voilà, elles savent que si elles ont des difficultés, elles peuvent m’appeler, je viendrais, je les aiderais. Et certaines m’appellent parce qu’elles n’arrivent pas à faire tel transfert. Du coup, c’est une collaboration qui est très intéressante. Beaucoup plus riche que si l’on reste que collègue. Du coup vous parlez de lien de confiance, est ce vous pensez qu’au niveau relationnel ça a un impact ? Est-ce que le faite d’avoir un étiquette de formateur, de celui qui apporte le savoir est ce que dans votre façon de travailler, votre façon de collaborer, est ce que ça a un impact sur le relationnel ? Bin moi c’est ma relation avec les soignants de toute façon. Ça c’est institué un peu comme ça. Je ne saurai pas dire quel impact précis ça peut avoir. C’est ma façon d’être avec les soignants. Après ça ne m’empêche pas de discuter d’autres choses avec eux. On est collègue donc moi ça ne me perturbe pas du tout en fait. Enfin, c’est une relation qui c’est instituée comme ça et elles savent très bien qu’elles peuvent m’appeler, je viendrai. Maintenant, si moi, je dois les engueuler parce que des fois ça m’énerve par rapport des transferts qui se passent mal, des patients qui peuvent être un peu plus compliqués dans les services, voilà ça m’empêche pas, mais bon. Après, c’est ma manière d’être avec les soignants. Après, je pense que n’importe qu’elle ergo peut avoir, enfin pour moi ce n’est pas ni obstacle ni facilitateur, c’est le relationnel il est tel qu’il est. Ça ne change rien ? Bin non. Et puis, j’ai toujours fait les formations. Donc même dans votre façon d’être avec elles, il n’y a pas d’impact ? Non, je ne me positionne pas comme celle qui sait tout. Je sais que elles, elles savent énormément de choses aussi. Mais après c’est plus une manière d’être que sur le papier oui, c’est voilà. On est là pour collaborer avec elle, pour leur faciliter le plus que je peux avec mes connaissances leurs quotidiens professionnels et voilà. C’est sur cette longueur d’onde là qu’on communique. Après on est que des collègues, comme n’importe qui. Enfin, je ne suis pas au-dessus des autres. Quand on est collègue, forcement on a des affinités plus ou moins importantes avec les collègues. Est-ce que du coup pendant les formations ça a un impact de connaitre la personne et d’avoir des affinités plus ou moins importantes ? Euuuh … Moi ça me perturbe pas plus que ça. Bah disons que normalement en tant que collègue de toute façon, ça ne doit pas de trop intervenir. On est censé travailler avec tout le monde. Donc eu en formation, pas plus. Et pareil, enfin disons que j’ai la même relation avec eux en formation que avec eux en travail. Donc ce n’est pas parce que tout d’un coup, je suis formatrice que je change. Après les affinités que l’on peut avoir c’est bien quand on discute à la pause maintenant au boulot, ça n’a pas à intervenir plus que ça dans la collaboration. Et puis bon, sur un groupe de 10, ça ne m’est jamais arrivé que je ne supporte pas les 10 personnes qui étaient en face de moi. D’accord. Est-ce que vous pensez être une personne ressource par rapport à la prévention des TMS dans l’établissement ? La mieux placé en tout cas pour le faire, oui ça c’est sure. Après, je n’ai pas toutes les solutions, mais bon, oui quand même. Je pense oui. Ne serait-ce qu’au niveau formation, au niveau matériel, au niveau de l’aménagement de l’environnement. En tant qu’ergo, c’est vrai qu’on a déjà, quasiment tout ce qu’on fait va dans ce sens-là aussi. Parce que à partir du moment où on facilite la mobilisation des résidents par eux-mêmes, de manière autonome. On pense aussi si quelqu’un doit intervenir, c’est une prise en charge globale donc tout s’inscrit dans la même optique et finalement il y a rien de contradictoire. Au contraire, en général tout va de pair et tout s’enchaine logiquement. Après c’est dans notre formation et dans notre manière d’accompagner les personnes. D’accord. Du coup, je vais revenir un petit peu sur le versant CHSCT. Ça m’intéresse aussi. Est-ce que votre rôle à la CHSCT et votre rôle d’ergothérapeute sont bien distincts ou est ce qu’ils s’imbriquent ? Alors, on va dire que ça dépasse aussi le rôle d’ergo d’être au CHSCT parce que moi en tant qu’ergo je représente tous les agents de maitrise et les cadres de la structure. Donc, je représente les infirmières, le médecin coordinateur, … Enfin, il y a quelques personnes que je représente au siège CHSCT. Donc je dois prendre en compte des contraintes qui des fois regarde pas du tout l’ergo. Au niveau des horaires, au niveau des conditions de travail, plus de l’encadrement des choses comme ça. En tant qu’ergo normalement ça ne me concernerait pas. Donc ça élargit un petit peu plus la vision aussi parce que du coup, je suis au courant de certaines choses qu’en tant qu’ergo dans une structure je ne serai pas forcément au courant mais du coup, c’est enrichissant en fait. Ça permet de s’intéresser plus à d’autres personnes d’autres services pour lequel je n’interviens pas. J’interviens très peu en blanchisserie, j’interviens pas du tout en cuisine. Là, du coup, par le CHSCT on est amené à travailler pour tout le monde donc c’est assez intéressant. Et puis ça permet de s’investir dans le fonctionnement de l’entreprise dont on travaille donc, c’est toujours intéressant. Et du coup le but c’est quoi ? C’est la prévention. C’est-à-dire, pour chaque poste dans la maison, on a passé en vue tous les …, pour le document unique, … tous les risques liés au quotidien de chaque poste. Et par rapport aux risques, quels actions on peut mener ou pas et par rapport à ça qui le fait, quand, comment, voilà. Donc on a réfléchit pour chaque poste à tout ça et c’est vrai que du coup c’est intéressant. Après les formations rentre dans ces trucs la du coup. Au niveau pour les transferts, au niveau prévention pour les soignants donc voilà. Dans la case c’est marqué : formation ergo. Il y a une question que j’ai oublié de poser aussi. Vous avez parlé des toilettes, est ce que au niveau du repas, vous intervenez aussi ? Beaucoup moins. Parce que les aides techniques, j’ai moins mis ça en place parce que ici c’est une très grosse maison et c’est très compliqué. Il y a beaucoup de salle à manger et je n’arrive pas, en fait, à aller voir tout le monde. Donc là, en fait, c’est plus les soignants alors il y a des choses que j’ai réussi petit à petit à faire passer mais c’est assez réduit par rapport à ce qu’il faudrait. Parce qu’il y a 6 salles à manger, en étant deux jours et demi dans la structure, c’est un peu compliqué. Voilà. Donc je n’interviens pas trop et puis les personnes âgées n’aiment pas trop trop nos aides techniques super moches de l’ergo qui se voient à trois kilomètres. Ils n’aiment pas ça. Et au niveau du GIR à peu près des résidents, est ce qu’il est élevé ? On est en maison de retraite donc il est entre 600 et 700. Ce qui est à peu près le cas dans toutes les EHPAD. On est un peu près au même niveau. J’ai fait le tour de mes questions. Est-ce que vous avez des choses à préciser ? Non, et toi ? D’autres questions ? Non, c’est tout bon. Merci de m’avoir accordé de votre temps. Annexe 8.4 : Entretien de l’aide-soignante AS1 Présentation et remerciements Du coup, est ce que vous pouvez vous présenter brièvement ? Quel est votre parcours ? Depuis combien de temps travaillez-vous ici ? Donc je suis aide-soignante depuis 7 ans ici. Avant j’ai travaillé dans d’autres maisons de retraite, à domicile… Est-ce que vous vous sentez concernées par la prévention des TMS ? Et bien, je pense que toute personne qui fait ce métier d’aide-soignant et surtout celle travaillant en maison de retraite. Notre dos est toujours sollicité et du coup, on n’est pas à l’abri d’avoir quelque chose. Donc oui, je pense que toutes les personnes travaillant, peut-être plus en maison de retraite, mais dans toutes les autres structures, je pense, sont concernées. Est-ce que vous avez constaté beaucoup de plainte à ce niveau ? Et bien il y a quelques personnes qui ont des plaintes de dos et qui ont des arrêts de travail dus à ça. Après soit c’était peut-être avant et ça n’aide pas en étant au travail ou alors ça se fait au fur et à mesure du temps en travaillant, aussi quoi. Moi, je ne me suis jamais arrêtée pour ça. Après j’ai des petites douleurs comme tout le monde à différents endroits. Mais moi, j’ai jamais été sujette à… je n’ai jamais eu vraiment de pathologie que ce soit lombalgie, lumbago et tout ça. Que pouvez-vous me dire sur le type de collaboration que vous avez avec l’ergothérapeute ? Et bien déjà tout ce qui est appareil de transfert. Du coup, dès qu’on voit qu’une personne a des difficultés pour réaliser les transferts, on l’appelle. Elle vient juger quel le matériel utiliser ou même les techniques appropriées à la personne qui peuvent faciliter le transfert ; que ce soit pour la personne pour qu’elle soit moins douloureuse et plus participative et donc pour nous aussi du coup… C’est un peu la même chose. Sinon… Elle nous accompagne aussi lors des toilettes, dès que l’on peut avoir une difficulté, on va faire appel à elle. Pour savoir justement comment s’y prendre pour une personne qui est hémiplégique ou qui a des difficultés, ou qui retourne d’hospitalisation pour une opération de la hanche et qui aurait des prothèses… Sinon… Pareil pour les repas, on a déjà fait appel à elle pour quelqu’un d’hémiplégique, pour installer des tapis antidérapants, des couverts adaptés... Après, c’est vrai qu’ici elle participe aux repas thérapeutiques avec un petit groupe, pour les stimuler dans leur… enfin à retrouver les notions qu’ils avaient à domicile, je veux dire, aller faire les courses... Pour réapprendre tout cela et pour garder leur autonomie : Du coup, aller faire les courses, préparer le repas, éplucher les patates ou des trucs comme ça… faire un gâteau, installer les couverts, débarrasser la table, faire la vaisselle, tout ça pour garder de l’autonomie. Et puis, il a aussi des personnes dépendantes qui viennent et, je pense, que ça peut changer aussi du quotidien d’ici. Il y a moins de bruit, l’ambiance est différente aussi. Donc voilà, elle fait ça aussi, elle fait des sorties, par exemple en catamaran… Et ça se fait en binôme avec une Aide-soignante ? Oui, oui… Par exemple pour le repas thérapeutique, elle prend toujours une aide-soignante pour l’accompagner aussi. Et puis euh… c’est tout la plus part du temps. C’est souvent que l’on est 2 ou 3. Pour la sortie catamaran qu’ils ont fait l’été dernier, il y avait une infirmière quand même, parce que sur la journée, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer ... Il y avait l’ergothérapeute et des aides-soignantes aussi pour accompagner. Que dire d’autre ? Et bien les réparations de fauteuils, qui ont un mauvais calage du tronc, des cale-pieds ; elle règle. Et souvent avant les toilettes aussi. On peut avoir affaire à elle, on l’appel quand … je n’ai pas envie de dire des bêtises … jambes fléchis, tournées, mal positionnées. Du coup, elle vient faire un petit peu de gymnastique, des étirements tout ça, pour que la toilette se passe bien, plus facilement pour nous, comme pour la personne, pour qu’elle soit plus détendue on va dire. Donc là, dès qu’il y a une petite difficulté, généralement c’est pareil, on met ça en place et du coup on l’appel dès qu’on voit que cette personne la est trop rétracté. Bin voilà, sinon elle participe ici au bain confort aussi. Il y a beaucoup d’accompagnement. Et puis après elle travaille beaucoup avec le kiné libéral qui intervient ici. Ça fait un suivi et puis, voilà. Et du coup, c’est vous qui allez vers elle pour des besoins ou c’est elle qui vient vers vous ? Et bien généralement, c’est plus nous dans le sens où, enfin… C’est plus nous quand même parce qu’on suit beaucoup les résidents ici. Du coup, on voit dès qu’il y a une personne qui commence à prendre une position vicieuse ou même qui est en fin de vie. Elle va nous aider à mettre une personne dans une position plus confortable. Enfin, elle va nous donner des petites astuces. Et c’est pareil pour les fauteuils des patients, je pense qu’elle les met à jours, mais si on voit qu’il y a un problème de frein, de gonflage de pneu, on lui en fait part. Et sinon j’ai oublié, tous les vendredis, elle participe à une réunion de coordination avec l’IDEC : le cadre infirmier, le médecin coordinateur de la maison, l’infirmière, la psychologue et elle-même. Et du coup, ils parlent plus généralement sur les préventions de chute, ils voient ensemble ce qu’ils peuvent faire… Et du coup, elle met en place des contentions ou pas… Elle s’occupe des prescriptions de barrière. Elle met les feuilles à jour après du coup. C’est pareil, on intervient auprès d’elle aussi dès qu’il y a un petit changement, s’il faut remettre à jours les feuilles. Donc voilà. Oui, sinon c’est plus nous du coup qui cherchons à… enfin c’est nous qui voyons les petits soucis qu’on peut rencontrer et du coup on fait appel à elle. Après, elle peut aussi venir plus vers nous lorsqu’il y a un retour d’hospitalisation ou une nouvelle entrée, par rapport à ce qui a été prescrit. Du coup, c’est elle qui va nous dire que pour telle personne, c’est un retour d’hospitalisation pour une prothèse de hanche. Donc voilà, elle va remettre les choses en place ou elle va nous dire ce qu’elle a mis en place pour nous expliquer justement pour les transferts, l’installation… Est-ce qu’il y a des actions de prévention des TMS qui ont été mises en place ici ? Il y a les formations. Donc moi, j’ai participé à une formation, il y a une semaine ou deux. Justement sur les gestes et postures. Et c’est vrai que, ça fait du bien de faire des formations comme ça. Parce que avec le travail, soit on fait les choses assez rapidement par rapport au rythme de travail. C’est ce que je disais, c’est vrai qu’on manque de temps ! Du coup moi je sais que je vais avoir plus de mal à lever un lit ou à le baisser. Voilà quoi, du coup on s’y prend mal, faute de temps. Du coup, on perd les bonnes habitudes des gestes et postures et du coup c’est vrai qu’une formation ça nous remet un petit peu à jour. Et puis, ça permet de revoir tous les transferts qu’on peut avoir à effectuer. Et, dès que l’on a des difficultés, on se dit : « Ah oui, c’est vrai !», on se remémore un peu la formation ou même les cours qu’on avait quand on n’a pas forcément eu la formation, puisque tout le monde ne peut pas forcément participer sur le moment. Donc, on y va par petit groupe. Donc après, on y réfléchit et… ouais. Donc les formations et sinon au niveau prévention, c’est beaucoup de matériel aussi quoi. Pareil des fois, elle nous installe des choses et par manque de temps, on se dit : « bon et bien allé ! Pour cette personne, on ne va pas prendre le lève malade ; on va la porter à deux et puis voilà ». Donc, c’est… On va dire que les appareils sont de la prévention pour nous mais bon, des fois on va avoir peut-être plus de mal à le prendre quand il y a un souci… Enfin, manque de temps quoi ! Après généralement, on les utilise parce qu’on sait que pour le résident et pour nous, c’est ce qu’il y a de mieux aussi. Je dirai que les matériaux, les appareils sont aussi je pense, de la prévention. Sinon, je ne vois pas trop à part les formations et les appareils mis en place, je ne vois pas. Et du coup toutes les astuces qui vous sont données, est ce qu’elles sont facilement applicables ? Oui, dans l’ensemble. Après, c’est beaucoup ce qu’on disait à la formation, c’est toujours la même chose, c’est faisable mais on manque toujours de temps. Quand on a un certain temps pour coucher ou pour faire les toilettes, on fait au plus vite ! Bon le matin c’est mieux, on utilise beaucoup les appareils et tout; mais le soir, je sais que j’ai plus de mal à surélever un lit parce que c’est encore plus speed que le matin ! Après oui, c’est vraiment des petites choses qui font que c’est facilement utilisable mais… Enfin les astuces sont toujours bonnes à prendre et je sais que j’ai fait la formation et j’y pense de temps en temps quand je suis avec une certaine personne, je me dis « tiens, c’est vrai que juste ça… » J’essaie de l’utiliser, mais c’est souvent le manque de temps qui fait qu’on a l’impression que, ne serait-ce que de lever un lit ou relever une tête de lit, on a l’impression que l’on va perdre 30 secondes ! Et du coup, tout ça cumulé avec tout le monde, ... Mais non, je pense que c’est pas mal. Du coup comment se déroule les formations ? Etes-vous par groupe ? Oui, par petit groupe de plusieurs maisons de retraite vu qu’on est une association. Du coup, il y a plusieurs maisons de retraite qui font parties de l’association, généralement, on reste dans les environs de rennes et ils prennent 2/3personnes. Par exemple la dernière fois, quand j’ai fait la formation, il y avait une infirmière, une aide-soignante et il y avait un agent aussi ; tout le monde est ciblé en fait. Il n’y a pas que les aides-soignantes, il y a aussi les infirmières, il y a aussi les agents… parce que forcément, elles font quelques transferts avec nous, ou des fois, elles font des fonctions ; c’est vrai que c’est adapté vraiment pour eux. Je trouve que l’on soit aide-soignante, infirmière ou agent de service hospitalier ou même agent d’entretien, pour ceux qui étaient là d’une autre maison de retraite lors de la formation, ils se sentaient concerné aussi, je veux dire. Comme il dit, cela peut arriver que l’on vous aide, ça peut arriver même sans « toucher » les personnes âgées, la manutention pour les déchargements, les livraisons, tout ça … Il disait qu’il avait apprécié la formation pour la manutention aussi. Donc ce n’était pas que ciblé sur les manutentions de personne, c’était plus général ? C’était pour nous, mais c’était pour plusieurs personnes différentes dans le milieu du soin. On est par petit groupe de 3-4 personnes par maison de retraite. Là, on n’était pas nombreux. Généralement, les formations se refont sur l’année. Il peut en avoir plusieurs. Et du coup, c’est un autre petit groupe qui fait la formation. Ils essaient de passer un peu tout le monde mais ce n’est pas évident non plus. Mais voilà, on a de petits groupes de plusieurs maisons de retraite réunies avec plusieurs personnes concernées. Maintenant, je vais vous poser des questions plus sur la double étiquette de l’ergothérapeute. Parce que, des fois, il est collègue de travail et des fois, il va être formateur. Du coup, qu’est-ce que vous pensez de cette double étiquette ? Est-ce que pour la prévention des TMS vous pensez que c’est plutôt favorable ou défavorable ? Non, moi je pense que c’est favorable parce qu’elle nous voit travailler. On travaille aussi en binôme avec elle. Et du coup, pendant la formation, c’est arrivé qu’on cible une personne de la résidence où elle travaille comme exemple. Du coup, on peut plus se mettre dedans, voir la situation. Et puis par rapport aux appareils utilisés, tout ça... Enfin, non je pense que c’est très bien, d’avoir la double étiquette. Donc du coup pour vous, c’est plutôt facilitateur ? Oui, oui… moi je pense… Et puis on connait cette personne ! Elle connait plus les difficultés que l’on rencontre en étant aussi collègue que formateur. Et puis après la formation, si on a des questions, elle est toujours là. Je pense que c’est bien. Et au niveau relationnel ? Est-ce que vous pensez que cela change quelque chose ? Non, moi je ne trouve pas. Après ça fait peut-être un peu bizarre sur le moment. Non, je pense après dans l’ensemble que l’on s’entend bien avec l’ergothérapeute parce que justement elle est beaucoup présente avec nous. Donc après c’est vrai qu’en formation, on ne retrouve pas ce souci-là. Cela ne vous dérange pas ? Non… Après parce que la relation est assez bien à l’intérieur de l’établissement. Après, je pense que si c’était un peu plus froid entre nous, que déjà elle mettrait des distances en tant qu’ergothérapeute avec nous ou qu’elle se mettrait sur un niveau supérieur par rapport à nous. Enfin on ne le sent pas après nous. Quand elle travaille vraiment avec nous on ne le sent pas. Du coup, on n’a pas de raison d’avoir cette barrière avec elle, même lors des formations. Donc au contraire, on peut la voir dans un autre contexte, cela peut être bien. Moi, je ne vois pas ce qu’il pourrait déranger. Après c’est chacun comment on est avec ses collègues. Donc je ne pense pas que cela peut déranger. D’accord. Est-ce que cette double étiquette à une influence sur le travail au quotidien ? Sur Votre collaboration au quotidien ? Et bien non. Après, je ne sais pas si elle a fait beaucoup de formation. Moi, je n’en ai fait qu’une seule vraiment avec elle donc... Maintenant je ne trouve pas. Au contraire, peut être que cela peut nous rapprocher encore plus. Le fait que les personnes qui ne la côtoie pas beaucoup, comme les agents, qui s’occupent moins des résidents, et qui du coup travaillent moins en binôme avec elle, peut-être qu’ils peuvent apprendre un peu plus à la connaitre lors des formations. Et du coup on sort de formation, le courant passe peut être mieux. On connait un peu plus le travail de l’autre aussi. Cela peut aussi aider à la relation, le fait de comprendre un peu mieux le travail de l’autre. D’accord, bon très bien ! J’ai fait le tour des questions que j’avais à vous poser. Merci beaucoup. Annexe 8.5 : Entretien de l’aide-soignante AS2 Présentation et remerciements Pour commencer, est-ce que le terme de musculo-squelettique vous parle ou pas ? Oui. Oui, du coup c’est maladie professionnelle avec lombalgie, tendinopathie… Oui, je vois de quoi vous me parlez. D’accord. Dans un premier temps, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement ? Alors, je m’appelle aide-Soignante AS2, je suis AMP. Ça fait 16 ans que je suis dans la structure. J’ai travaillé 9 ans avec l’ergo dans le service ergo. Et maintenant je travaille depuis 2008 auprès de personnes âgées dépendantes. Voilà à peu près mon parcours. Et du coup en tant que AMP, vous avez beaucoup de manutention ? Oui, je fais le même travail que les aides-soignantes. D’accord. Est-ce que vous vous sentez concernée par tout ce qui est prévention des troubles musculo-squelettiques ? Oui, par ce que l’on forme dure, donc oui. Par rapport à quoi du coup ? Et bien comme on a un métier extrêmement physique, c’est vrai que tout ce qui peut nous aider à alléger un peu notre tâche, surtout physiquement, on est preneuse. Parce que quand on commence notre carrière on n’y pense pas forcément parce que l’on est jeune... Mais plus on avance en âge et en expérience, et plus on a aussi levé enfin manutentionné. Et le corps à partir d’un moment, commence à montrer quelques signes de fatigue : des douleurs... Donc forcément si on peut nous apporter des aides et des astuces, on est preneuse. Donc pour vous, plus on a d’années d’expérience, de métier plus on est sensible à tout ce qui est prévention ? Oui je pense. Je pense aussi que c’est lié à l’évolution et à « la modernité » de l’équipement. Quand j’ai commencé il y a 16 ans, on voit bien qu’il y a une évolution dans le matériel, dans les techniques de manutention et que c’est des sujets qui sont plus abordés aujourd’hui que quand moi j’ai commencé. On voit bien que c’est plus un souci, quand même, des professionnelles, de la hiérarchie, de prendre en compte tout ça. C’est vrai que ça a évolué et de toute façon, quand on commence et que l’on est jeune, on ne voit pas forcément les choses de la même façon. Et plus on avance et plus on se rend bien compte que l’on doit se préserver. Parce que le corps au bout d’un moment nous dit « stop » ! Avez-vous déjà eu des problèmes au niveau musculo-squelettique ? On va dire pas forcément de gros problèmes mais il y a des douleurs qui sont là. On a de petites douleurs au niveau des lombaires, j’ai les épaules qui me rappellent à l’ordre de temps en temps. Donc voilà quoi. Cela commence à chatouiller un peu plus, on va dire ! Du coup, par rapport à votre collaboration avec l’ergothérapeute, est-ce que vous travaillez avec elle durant des activités ? Au quotidien ? Ou dans certaines situations ? Avec l’ergothérapeute, on est en contact beaucoup pour le matériel, on va dire plus axé sur le résident. Après, nous, l’ergo est proche de nous, donc on peut lui parler facilement, on peut beaucoup échanger avec elle. Pour ma part, il y a pas très longtemps, j’ai eu une formation sur gestes et activation : la méthode GAPA, je crois. Cela doit être ça. Et puis, c’est vrai qu’elle fait attention quand elle passe par exemple dans un couloir, qu’elle nous voit faire de mauvaises postures. Gentiment, elle nous rappelle qu’il faut mieux se mettre comme cela. Donc on a quand même un très bon contact avec elle, et ses conseils sont importants pour nous aussi. Parce que quelques fois dans notre routine, ou quand on est pris par le temps, on oublie que l’on peut prendre de mauvaises postures. On ne se voit même pas les prendre donc c’est vrai que quand elle passe et qu’elle nous dit : « Attention les filles ! », cela nous rappelle un petit peu qu’il faut que l’on fasse attention. Du coup, vous la voyez essentiellement pour l’appareillage ? Pour les aides ? Oui. Est-ce que vous la voyez au cours de situations de toilette, d’habillage ? Ou de repas ? Toilette, oui. Comme elle travaille quand même sur tout l’établissement, quand on a un souci ou une question, on l’appelle. On la voit un peu pour les repas, les aides techniques, pour tout ce qui est équipement fauteuils roulants, matelas à aire pour les résidents…Parce qu’on a de plus en plus de matelas à aire. Enfin, un peu tout quoi. On la sollicite pas mal. Dès que l’on voit qu’un résident a un souci ou besoin de quelques choses, on sollicite ses conseils qu’elle peut nous apporter. Nous quelques fois, on a des idées mais on sait qu’elle a le matériel adéquat donc voilà… Par exemple, si on voit un truc, on dit : « Tient, il nous faudrait un petit bout de dérapant », alors on va l’appeler et c’est elle qui gère tout ça. Du coup ces échanges, c’est plus vous qui allez vers elle ou plutôt elle qui vient vers vous ? C’est moitié/moitié. Il n’y a pas de calcul en fait, ça tourne bien avec elle. On lui soumet de petites problématiques, des choses comme ça. Mais elle après, quand elle a, par exemple, du nouveau matériel qui lui est proposé à l’essai, elle vient nous en parler, elle nous soumet des idées, elle assiste aux transmissions avec nous. Donc on est quand même beaucoup en contact avec elle et la communication est facile. Vous dire exactement qui sollicite plus l’autre, je dirai que c’est kif-kif. Ça tourne tellement bien que voilà, je pense que c’est à peu près moitié/moitié. Et du coup, à quel moment c’est vous qui allez vers elle et quand à quel moment c’est elle qui vient vers vous ? Alors je dirai que déjà, elle passe régulièrement dans les services nous dire « bonjour » des choses comme ça. Donc déjà ça facilite le contact. Après, je dirai que nous, quand on a plus une problématique, enfin, un truc plus ciblé par rapport à un résident, alors on va lui faire la demande ; quand on décèle quelqu’un qui commence à avoir des petits points d’appuis un peu plus marqués donc on va lui demander. Enfin, on en parle en équipe et après on va lui demander si elle a des matelas à air ou si elle a des coussins pour éviter que la partie du corps pose. Donc nous on va lui demander quand on repère un problème chez un résident et elle vient nous demander tout le temps après quand elle met des choses en place. Par exemple, on a une patiente qui avait besoin de plus d’installations : et bien elle est venue nous expliquer, elle a pris des photos. Elle nous a bien expliqué comment ça marche. En fait, quand elle a des nouvelles choses à nous proposer, elle nous les propose aussi. Ça marche comme ça. D’accord et dans votre structure, vous m’avez déjà cité quelques trucs, mais est-ce qu’il y a des actions de prévention qui ont été mises en place dans votre établissement pour le personnel ? On a les formations avec elle de manutention, de gestes et activation. Ça c’est bien parce que ça fait beaucoup de bien et puis en plus, on peut échanger avec elle de nos problématiques et elle est vraiment très ouverte d’esprit. Donc oui, il y a quand même une politique de prévention, pour nous aider dans notre quotidien, dans notre prise en charge. Je vous dis, il y a à peine six mois que j’ai fait la formation avec elle, sur deux jours, où là on se met en situation. Elle nous explique plein de chose. Elle nous explique les techniques, on lui explique nos problématiques : que des fois les aides techniques qu’on nous explique et bien que sur le terrain ce n’est pas forcément évident. Et elle entend très bien tout ce qu’on lui dit, elle essaie de trouver les solutions les plus adaptées. Comment se déroule ces formations ? Vous êtes combien ? Quels sont les thèmes abordés ? Dans mes souvenirs, elle nous explique un petit peu qui a créé le module GAPA. Elle fait une petite partie théorique. Après, elle nous pose plein de questions sur notre pratique, ce qu’on a besoin de revoir, ce qui nous interpelle, ce qui nous pose problème. Après, on est dans une grande pièce et on a une partie où on utilise le matériel, on va dire entre personnes formées, entre professionnels, où on sert de cobaye les uns les autres et on teste le matériel. On l’essaie aussi c’est pas mal. Ça permet de voir ce que peuvent ressentir les résidents dans certains appareils. Des fois, c’est impressionnant. Ça permet de mieux comprendre la réaction de certains résidents face au matériel. Et après, on va aussi mieux comprendre certaines choses, on va aussi en situation auprès de résident. Et là, on essaie d’appliquer ce qu’on a appris et ça nous permet aussi de montrer que certaines fois le matériel c’est bien, mais que le matériel nous met aussi des fois en difficulté, pour que l’ergo puisse comprendre… Par exemple, on a un monsieur qui a un lève personne, et je sais que personnellement je me fais plus mal avec le lève personne que quand j’utilise avec le monsieur une sangle pour le lever. Donc on lui a fait voir comment on faisait et elle se rend compte qu’effectivement le lève personne, ce n’est pas forcément une aide dans ces cas-là. Après j’ai des collègues qui le préfère. Après, c’est selon chacun aussi. Donc ça nous permet de lui expliquer, qu’elle se rende compte de notre quotidien et de comment ça se passe quoi. D’accord. Du coup vous m’avez parlé des formations. Est-ce que vous voyez d’autres actions qui ont pu être mises en place ? Donc il y a les formations. On est bien équipé aussi en matériel. On a beaucoup de matériel. Enfin moi je trouve. Parce que j’ai fait des stages ailleurs et c’est vrai que je ne suis pas sûre que tout le monde soit équipé comme ça. On a des lève-personnes, des sangles. On a des verticalisateurs. Enfin il y a beaucoup de matériel, quand même. Et puis sinon, en prévention elle est présente… Elle fait sa prévention un peu en permanence par ce que je vous dis, elle fait attention à si on se positionne mal, elle va nous le dire. Je trouve qu’il y a de la prévention dans le fait que les lits soient médicalisés. On monte les lits, on les descend, ça nous aide aussi beaucoup dans notre quotidien. Donc c’est vrai que dans la prévention il y a la formation mais il y a aussi la présence régulière de l’ergo qui fait que ça nous aide beaucoup aussi. D’accord ! Ça fait des petites piqûres de rappel du coup un peu tous les jours ? Ah oui, quand elle passe dans les chambres et qu’elle voit que le lit n’est pas assez remonté, elle nous le dit aussi. Des petites choses comme ça et on se dit : « Ouïe, on va se faire taper sur les doigts » Mais elle a raison, en fait. Donc oui, il y a des petites piqures de rappel. On peut lui reposer des petites questions quand on se rappelle plus de quelque chose. Enfin voilà, elle est très disponible. D’accord, donc du coup, pour vous la disponibilité c’est important pour tout ce qui est action de prévention ? Oui, autant pour ce qui est action de prévention que pour répondre aux demandes qui concernent le résident. Parce qu’on a des fois des besoins, on ne va pas dire urgents mais des besoins quand même assez pressants pour les résidents. Et elle répond quand même rapidement. Elle est réactive et même si elle ne travaille pas le week-end, elle nous laisse des messages dans les transmissions. Elle fait le nécessaire pour que le matériel soit livré au plus vite ou soit à notre disposition quand même le plus vite possible. C’est important aussi pour nous. Parce qu’on se sent vachement entendu et écouté. C’est pour ça que je trouve que ça a une importance aussi. Même si ce n’est pas du physique ça a une importance quand même aussi pour notre travail. D’accord. Et est ce qu’il y a d’autres éléments comme ça qui vous semblent important de la part d’un ergo ? Après je sais que ce n’est pas évident parce que moi j’ai travaillé avec elle longtemps donc je connais son quotidien. Je sais comment ça se passe. Quand on est une personne qui est toute seule à travailler, qui doit faire face à plusieurs équipes, ce n’est pas évident de se rendre toujours disponible. D’être toujours « au taquet » comme on dirait pour y répondre quoi. Moi, je trouve que le métier d’ergo, enfin de ce que j’en conçois, et de ce que j’en ai compris, c’est d’être assez disponible. Elle est très disponible, elle est à l’écoute et puis on sait qu’elle est là donc même si on sait qu’elle n’est pas disponible, on sait où est le local à matériel, on sait où sont rangés les affaires. On note sur un tableau si on prend du matériel pour quelqu’un, pour qu’elle s’y retrouve dans son rangement. Si vous voulez, même si elle n’est pas là, elle est quand même là malgré tout parce qu’elle a instauré tout un système. Donc ça moi, je trouve que c’est vachement important. D’accord. Du coup, si on revient un peu sur tous les petits conseils et tous les aménagements qu’elle peut vous proposer, est-ce qu’ils sont toujours utiles et réalisables ? Alors utiles, je pense que oui. Après réalisables non, parce que tout dépend aussi… Nous on a des chambres doubles, donc l’encombrement des chambres quelques fois c’est un peu notre galère, ça l’encombrement des chambres...! Donc des fois, ce n’est pas facile comme je vous disais toute à l’heure chez un monsieur par exemple l’utilisation du lève personne, pour moi dans ce cas précis, elle est plus galère qu’aidant. Moi, j’ai plus l’impression de « m’arracher le dos » à utiliser le lève personne parce que déjà le monsieur est un petit peu lourd et il n’y a pas beaucoup de place dans la chambre donc il faut beaucoup manœuvrer avec le lève personne. L’ergo s’en est rendu compte quand on lui a expliqué et qu’on l’a fait devant elle. Elle s’est rendue compte que malgré tout on faisait beaucoup de grimaces et que l’on se crispait pas mal à l’utiliser. Ses conseils sont importants mais par contre des fois, on ne peut pas toujours les appliquer. On va dire qu’il y a la théorie et puis après, la pratique fait que ce n’est pas toujours possible bien comme il le faut. Là, vous parlez des contraintes environnementales par rapport aux chambres, est-ce que vous voyez d’autres contraintes peut-être plus institutionnelles qui font que les aménagements et les conseils ne peuvent pas être réalisables ? Là, franchement non. Parce qu’on est dans une institution où il y a beaucoup de choses qui bougent en ce moment et je dirai que maintenant notre institution et notre hiérarchie essaient d’être aidantes et que ça se passe bien. Bon après moi je dirai que c’est vraiment le plus souvent des contraintes d’aménagements d’espace qui sont là, les murs sont là, les chambres elles sont là ... C’est comme ça donc on doit faire avec ! Des fois, on dira un petit peu qu’il y a, on dira un petit peu, les contraintes de temps. Des fois, on est un petit peu plus à la « bourre » et donc utiliser le matériel, je crois qu’on pense que ça prend plus de temps alors que pas forcément. Mais des fois, on aurait tendance par rapport aux gens à oublier d’utiliser le matériel. Ça tend à s’améliorer de plus en plus quand même. Je trouve qu’il y a une grande amélioration par rapport à ça, par rapport au temps. Je dirai qu’on est depuis quelques temps dans une phase de nette amélioration et on prend en compte nos demandes. Mais bon, après d’abattre des murs, ça ne se fait pas comme ça ! D’accord, là vous m’avez parlé plus du matériel, est-ce que sur les gestes et postures que vous pouvez adopter, vous arrivez à les mettre en place ? Oui, alors la plus part du temps, oui. Après, moi, j’avoue que je fais de plus en plus tout ce qui est postures. Nous même, notre posture à nous et les techniques, on va dire manuelles, entre collègues. Moi, je les fais de plus en plus. La seule contrainte je dirai, c’est selon avec qui on travaille. Parce qu’il y a des collègues qui sont à fond dans l’utilisation de toutes ces méthodes là et d’autres collègues qui physiquement ou parce qu’elles pensent qu’elles ont moins de force en faisant certaines techniques, ont du mal à les appliquer. Parfois c’est plus difficile d’appliquer les bonnes méthodes quand en face de vous la personne ne les utilise pas, en fait. Parce que ça fait un déséquilibre et là, et bien c’est moins évident. Mais je dirai qu’on est une bonne majorité à utiliser ces techniques là et on sent nettement la différence. Autant pour nous je pense que pour la personne aidée. Donc pour vous elles peuvent être réalisables ? Ah les techniques manuelles vous voulez dire, enfin que nous avec notre corps ? Oui. Oui, les postures, le verrouillage lombaire, l’utilisation des fentes et tout ça. Ah oui, ah ouais. Complètement. Ah ouais et puis, moi je pense qu’elles sont utilisables et qu’il faut surtout les utiliser. Enfin moi je sais que je le fais de plus en plus. Je suis avec des collègues qui viennent d’autres établissements qui les utilisaient déjà et là, la formation que j’ai reçue, il n’y a pas très longtemps, je peux vous avouer que je les fais au maximum et je ressens une chose nettement mieux. C’est autant pour moi que pour les résidents. Bon après, on a des résidents un peu plus lourds donc c’est des fois plus difficile. Mais en même temps, on a été équipé de lit avec proclive/déclive donc ça c’est génial aussi pour nous aider. C’est un petit plus aussi dans notre manutention et du coup encore plus si on prend bien le temps d’utiliser tout ça ; de bien utiliser comme vous dites les fentes et tout. C’est bien. C’est génial quoi. C’est applicable, si on a envie de le faire. Sans problèmes. D’accord, et ça met du temps à être applicable ? Vous voulez dire à entrer dans les têtes ou à effectuer ? Les deux. A la fois à intégrer on va dire le geste, que ça devienne un automatisme et aussi à le faire en pratique. Alors en pratique, ça prend pas plus de temps que de prendre les gens sous un bras et de tirer dessus. Ça prend pas plus de temps parce qu’après ça devient un automatisme. Je veux dire une fois qu’on a compris : les positions, les fentes, de bien appuyer, de bien tout verrouiller, de bien plier les genoux, de faire des déplacements latéraux et tout. Une fois qu’on a intégré, ça prend pas plus de temps je vous dis, que de prendre une mauvaise posture, enfin voilà. Après à intégrer je dirai, ça dépend de la personne. Moi, je trouve que j’y trouve un bénéfice et je pense que d’autres collègues qui ont fait la formation avec moi y ont trouvé un bénéfice. On a vite intégré le truc. Après, il y a des collègues qui se sentent moins à l’aise avec et qui trouvent qu’elles ont moins de force et qui trouvent que…voilà. C’est plus ça, si vous êtes avec quelqu’un en face de vous qui n’a pas intégré ou qui n’a pas envie d’intégrer, et bien là, c’est comme je vous disais toute à l’heure, c’est plus compliqué. Sinon, ce n’est pas compliqué à intégrer. C’est facile en fait. Après, on se rend compte que c’est des positions logiques. Donc non, pour moi personnellement, je ne trouve pas ça plus compliqué. Ce n’est pas mangeur de temps non plus. D’accord, là je vais vous parlez un peu plus de la double étiquette que peut avoir l’ergothérapeute. Parce que du coup, il est parfois collègue au quotidien mais il peut être aussi formateur à l’occasion. Est-ce que vous pensez que cette double étiquette peut être plutôt facilitateur ou plutôt un obstacle dans la prévention des TMS ? Ah et bien facilitateur. Facilitateur ? Oui, oui… Parce qu’on se connait, on peut mieux se parler. Après les formateurs extérieurs, il n’y a pas de souci, ça se passe bien aussi. Mais, avec quelqu’un qu’on connait, qui connait les résidents, qui connait l’institution, qui connait nos contraintes, qui connait plein de choses, c’est vachement plus facile parce qu’on peut lui dire facilement les choses. Enfin nous, notre ergo, on peut lui dire facilement les choses, donc si on lui dit : « là, ton truc ça va pas ». Elle ne va pas se formaliser. Si on explique pourquoi, souvent, quand on a du matériel, on a une fiche à côté pour dire les points positifs, les points négatifs, si on argumente et qu’on est objectif dans notre argumentation, ça se passe très bien. Donc moi, je trouve que c’est facilitateur. D’accord. Vous pensez qu’avec quelqu’un de l’extérieur ce serait différent ? Et bien oui ! Parce que là, avec notre ergo, ça roule tout de suite. Parce que je vous dis, on se connait. Ça roule, on se connait bien donc pendant la formation, on plaisante. Enfin voilà, il y a un climat déjà qui est instauré qu’avec un intervenant extérieur, il faut un petit peu de temps pour s’apprivoiser. Le temps de faire connaissance. Mais après, c’est très bien aussi. Mais moi, je trouve ça facilitateur d’être avec une ergo de l’établissement. C’est une chance pour nous d’en avoir une. Il n’y en a pas partout. D’accord. Et du coup, là, vous me parlez de relationnel, j’avais une question par rapport à ça. Est-ce que vous pensez que le fait qu’un ergothérapeute soit aussi formateur peut avoir un impact au niveau relationnel, dans l’équipe, avec l’équipe ? Un impact plus fort vous voulez dire ? Le fait qu’elle soit formatrice aussi ? Oui, est ce que ça peut changer quelque chose dans le rapport avec ses collègues ? Non. Moi, je dirai que non ! Parce que... Enfin, non parce que comment vous dire… ça roule avec elle. Donc qu’elle soit un jour notre formatrice et le lendemain notre collègue ergo, avec sa casquette ergo ou un jour avec sa casquette formatrice, pour nous c’est la même. Donc les relations, le respect, il est là qu’elle ait son étiquette de formateur ou son étiquette ergo. On a un respect mutuel et pour moi, ça ne change rien à la relation que je vais avoir avec elle, au contact que je vais avoir avec elle. Comme je disais toute à l’heure, pour moi c’est plus facile donc on peut soit lui demander quelque chose purement matériel en temps qu’ergo, à des fois : « tiens, tu m’as fait voir un truc l’autre fois à la formation, je ne m’en rappelle plus… » Enfin voilà. C’est la même personne qui a plusieurs casquettes mais ça ne change pas ses qualités humaines. Qu’elle soit l’une ou l’autre, pour moi c’est la même personne, en fait. Je ne vois pas de distinguo. Quand elle est formatrice, elle ne met pas une barrière « je suis votre formatrice ». C’est la même personne. Enfin, moi je trouve. D’accord. Il n’y a pas de rapport hiérarchique on va dire qui s’instaure ? Non. Non. Enfin moi je ne le ressens pas comme ça, du tout. D’accord. Et du coup, toujours pareil. Est-ce que cette double étiquette à un impact vraiment au niveau du travail, de la collaboration que vous pouvez avoir avec l’ergothérapeute ? Et bien en fait, elle est hyper complète. Dans son métier, elle est polyvalente. Parce qu’elle a plein de petites casquettes et c’est vachement riche pour nous parce que si c’était un formateur extérieur et que l’on ne se rappelle plus d’un truc et bien, voilà… si c’est un formateur extérieur, il n’est pas là. Et elle, elle est là. Comme je disais pour le matériel, elle est là. Enfin, pour plein de chose, elle est là. En fait moi je trouve que c’est un atout considérable pour l’établissement de l’avoir. En plus, c’est une personne qui humainement… c’est quelqu’un de génial. Elle est extrêmement gentille. Elle est extrêmement compétente. Elle est extrêmement à l’écoute. Donc si vous voulez, et bien ouais, c’est facile avec elle. Je ne peux pas vous dire autre chose. Et elle ne « se la joue pas » en disant : « je suis ergo ». Quand elle nous explique quelque chose, elle n’a pas du tout… on la respecte, en fait. On sait que hiérarchiquement, elle pourrait être une supérieure hiérarchique mais vous voyez, il n’y a même pas cette barrière-là. D’accord. Donc là vous parlez qu’elle pourrait être votre supérieure hiérarchique, vous pensez qu’il y a quand même une différence ? Et bien oui, si vous voulez, si on s’arrête purement et bêtement à nos catégories professionnelles ! Elle est hiérarchiquement au-dessus de nous. Nous, ne sommes pas dans la même catégorie statutaire. Les ergos sont catégories B, peut être A maintenant. Je ne sais pas. Mais nous on est catégorie C. Donc si vous voulez, une ergo hiérarchiquement est comme une infirmière chez nous. Si vous voulez, chez nous les infirmières sont nos supérieures hiérarchiques aussi. Donc voilà. Mais nous, avec notre ergo, il n’y a pas ça comme avec les infirmières. Enfin après pour moi personnellement la hiérarchie c’est intégré. Mais ce n’est pas… enfin moi je les respecte en tant que personne. Après, du point de vue hiérarchique, ça fonctionne bien et il n’y pas cette barrière, on va dire. Je sais que c’est nos supérieures mais après on ne le ressent pas au quotidien. D’accord, très bien. J’ai fait le tour de mes questions. Est-ce que vous avez des choses à ajouter ? Ou est-ce que vous avez des questions vous aussi ? Non, ça va. Non. Si ça a pu vous aider dans votre démarche, il n’y a pas de souci. J’espère que j’ai bien répondu à votre question. Oui, et bien après c’est du vécu. Donc il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Oui, non, non mais c’est vrai que oui. Mais enfin moi, en ce qui me concerne, je pense que pour nous c’est une chance d’avoir une ergo. D’avoir cette ergo-là dans l’équipe. Pour avoir fait des stages ailleurs, il n’y en a pas partout et je pense qu’on a aussi la chance de n’être pas une très très grande structure. Donc je pense aussi que quand on parle de hiérarchie ou de relation, et bien quand on est dans une plus petite structure, les relations se font peut être plus facilement, parce qu’on se côtoie plus souvent que dans des grands centres hospitaliers ou dans des structures comme ça. Donc on se connait mieux aussi. Donc je pense que ça aussi c’est vachement aidant dans notre pratique parce qu’on se voit facilement, parce qu’on est facilement joignable. Ça c’est… et puis c’est quelqu’un comme je vous l’ai dit qui est extrêmement disponible. Donc, pour vous, les petites structures de types HEPAD, sont plus facilitateurs dans les échanges et dans la mise en place de prévention que dans les grosses structures ? Après je n’ai pas une expérience professionnelle dans une très très grosse structure donc je ne peux pas me permettre de dire quoi que ce soit par rapport à ça, mais je sais qu’il m’est arrivée de faire des stages dans des plus grandes structures et c’était plus difficile de repérer qui était qui, parce qu’il y avait plus de professionnels. Donc c’était moins évident et après vu qu’il y avait plus de superficie donc plus de personne accueilli aussi, les personnes en questions elles n’étaient pas aussi disponibles à cause de la grandeur de l’établissement. Chez nous, il y a quand même 100 résidents, ce n’est pas rien mais en fait la structure et quand même aidante par rapport à ça. D’accord. Bon très bien. Merci beaucoup d’avoir accepté cet entretien et de m’avoir accordé un peu de votre temps. Bonne soirée. Je vous en prie. Bonne continuation. Annexe 8.6 : Entretien de l’aide-soignante AS3 Présentation et remerciements D’accord Déjà dans un premier temps est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement ? Alors je suis Aide-soignante depuis 8 ans, avant j’étais ASH toujours dans la même structure. En diplôme, j’ai un BEP sanitaire et social, une mention complémentaire aide à domicile et mon diplôme d’Aide-Soignante. Donc dans la maison, on a beaucoup de possibilité de formation : donc on a eu les soins palliatifs, l’Ergothérapeute 3 fait des formations sur la manutention principalement et sur le matériel. Est-ce que vous vous sentez concernée par la prévention des troubles musculo-squelettiques ? Oui parce que c’est un engrenage, on commence par un soin d’hygiène et ensuite tout va avec. Si on fait mal une manipulation ou si les résidents sont trop en appuis sur un matelas ou un plan dur, ça peut engendrer beaucoup de choses, des escarres etc. donc on agit principalement à ce niveau-là en tant qu’Aide-soignante, avec l’ergo de la maison. Elle nous met tout à disposition quand on en a besoin ou même au moment de la toilette, elle vient voir si on ne peut pas installer le résident d’une façon pour qu’il ne souffre pas avec le matériel adapté. D’accord. Par rapport à la prévention qu’Ergothérapeute 3 fait par rapport à vous, par rapport aux gestes et postures…Que pouvez-vous me dire ? Alors les gestes et postures, on a eu une formation de deux jours. Elle nous réapprend ou apprend les différents matériels comme le lève malade, le verticalisateur, le cercle de transfert avec guidon, les chaises de douche… Ergo 3nous a fait voir énormément de matériels, comment ils fonctionnent et tout. Et dans la population Aide-soignante, il y a quand même un gros pourcentage de personne qui peut être concerné par les lombalgies, par les tendinopathies par les maladies professionnelles… Est-ce que vous vous sentez concernée par ça ou pas du tout ? Non, ce n’est pas mis de côté parce que, que ce soit moi ou même d’autres soignants dans la maison, c’est parce qu’on a du matériel que l’on ne se fera pas mal au dos. En parlant de douleur, j’ai déjà eu une sciatique ; j’ai des collègues qui ont été opérées pour des hernies discales, des tendinites, des infiltrations et tout. On n’est quand même pas à l’abri malgré le matériel. Parce que certes le matériel est très bien et adapté, mais quand on va prendre un lève personne ou un verticalisateur et que la personne est dedans, il faut quand même faire la bascule et le transférer. Et comme les chambres ne sont pas forcément adaptées et que le résident ne veut pas forcément enlever des meubles ça devient compliqué, surtout quand il y a 90 kilos accrochés à l’appareil ! Le poids de l’appareil plus le poids du résident plus l’agencement de la chambre, il y a des fois, ça fait très très mal, malgré tout le matériel qu’on peut avoir. Je ne sais pas si elle t’a dit le matériel qu’on peut avoir dans la maison, mais on en a quand même pas mal… On ne peut pas dire qu’on est sans matériel. A ce niveau-là, on a vraiment tout. On demande à Ergothérapeute 3 si elle peut l’avoir et on l’a. Si elle ne peut pas, on ne l’a pas. C’est vrai qu’elle évalue tout, que ce soit la toilette évaluative avec le résident, pour voir s’il a besoin d’un coussin décubitus ou une lune, on peut vraiment tout avoir. Elle vient avec nous, après il faut se caler par rapport à son planning, mais elle vient et elle nous dit. En général, pour les matelas à aire, pour les coussins, on a tout ce qu’il faut, que ce soit du coté, on va dire positionnement du résident, mais aussi du côté alimentaire. On a des assiettes à bords, on peut avoir des couverts, on a des tapis antidérapants... On a vraiment tout ! D’accord. C’est vrai qu’avec Ergothérapeute 3 quand a besoin, on l’appelle et elle évalue. Quand on voit que le résident est mal positionné lors du repas, elle vient voir, elle regarde s’il y a moyen d’améliorer son positionnement pour qu’il puisse manger dans de meilleures conditions. Et du coup, est ce qu’il y a des activités où vous travaillez avec Ergothérapeute 3, en collaboration ? Nous soignants, non. Elle travaille avec l’animatrice. Elle a un atelier mosaïque le mercredi mais autrement elle fait partie du PASA en bas, mais c’est plus avec des AMP qu’avec des Aides-soignantes. Et quand Ergothérapeute 3 vient pour mettre en place des aides techniques, est-ce que la demande vient de vous ou est-ce qu’elle vient d’elle ? Comment ça se passe ? En général c’est nous. Entre autre, comme elle a dû te dire. Elle essaie d’avoir une référente ergo à chaque étage. Au premier, c’est moi. Donc en général, quand je vois que X ou Y résident a un problème ou penche au fauteuil soit j’appelle, soit au fur et à mesure, vu que ça fait longtemps qu’on est ensemble, on va dire, je prends l’initiative d’aller chercher dans son bureau ou en réserve et je mets et après je dis : « Est-ce que tu peux venir voir ? », « Est-ce que tu peux venir voir le positionnement. J’ai mis ça en place, est-ce que ça te convient ou pas ? », soit le jour même, soit le lendemain si elle n’est pas là le jour même. Etant donné que c’est quand même son boulot et pas le mien. Après soit c’est comme ça, soit je l’appelle et elle vient voir si elle est disponible. Mais en général, c’est vrai que quand elle n’est pas dispo, on fait… ou les filles viennent la voir : « est-ce qu’on n’a pas moyen de … » Voilà quoi. Vous faites… On fait un binôme… On fait un binôme quand elle est en bas avec la pergola ou le PASA, s’il manque quelque chose ou s’il faut même quelques choses à notre étage. L’autre jour, j’ai pris dans une chambre qui ne servait plus pour mettre au deuxième étage. Après, je lui laisse un mail ou je lui envoie un message si elle est là. Le lendemain, je lui dis : « Et bien tiens, j’ai pris ceci pour telle dame, vérifie si c’est bien installé » et elle vérifie. Du coup, vous mettez déjà en place les aménagements quand elle n’est pas là ? Pour certaines choses, oui. Pour que le patient soit mieux le plus rapidement possible… Oui, c’est ça… Après, c’est elle qui peut ajuster les cale-pieds. L’ajustassions du fauteuil et autres, c’est elle qui fait. Après, par contre, si je vois que par exemple, elle a un fauteuil standard et que ça ne lui convient plus je lui dis : « est-ce qu’il n’y a pas moyen de passer sur un fauteuil confort ou un fauteuil coquille ? » Après, elle viendra évaluer et après on en discute en équipe aussi, voir si on est bien tous d’accord sur le fait que cette résidente passe d’un fauteuil standard à un fauteuil coquille ou un fauteuil confort. Et après c’est elle qui fait tous les réglages quand elle reçoit le matériel. Et est-ce que il y a des actions de prévention des TMS qui ont été mises en place dans l’établissement ? Pour éviter justement l’apparition des lombalgies, des tendinopathies…? Pour nous en tant que soignant ? Oui. Toutes les sortes de matériel qu’Ergothérapeute 3 peut nous avoir. Et les formations manutention qu’elle fait une fois par an, je crois. Après, je ne sais pas si ça peut rentrer dedans, mais on a deux fauteuils de massage qui ont été achetés par la maison et qui sont en bas. Ils massent tout quand on est de repos ou même le week-end, quand on ne rentre pas chez nous. On a deux fauteuils de massage si on veut se faire masser. C’est agréable. Il chauffe comme si tu étais chez le kiné, tu as un massage shiatsu, un massage… Mais c’est vrai que c’est agréable. Il y a des personnes qui n’apprécient pas, d’autres qui apprécient ; moi, j’aime bien ! Ça détend ! Après, est-ce que ça a un effet ou pas sur notre corps, je ne pourrai pas te dire. Mais, après c’est vrai que c’est agréable. Autrement, à part les gestes de prévention qu’Ergothérapeute 3 nous apprend pendant ses formations et le matériel, il n’y a pas autre chose… ou quand tu l’appelles et quand tu dis que tu n’y arrives pas, elle te fait voir comment te positionner envers le résident et la manière dont il faut faire le transfert. Et est-ce que le matériel qui est mis en place ou les conseils qu’elle vous donne pendant les formations sont toujours facilement applicables et appliqués ? En général, on prend des cas concrets et Ergothérapeute 3 nous fait tester le matériel. C’est-à-dire qu’on est tous passés dans un lève malade pour voir, déjà d’une, l’effet que ça fait de se faire lever et la pratique quoi. Elle nous fait tout tester avant de mettre le matériel, elle nous fait voir comment ça marche. Donc à ce niveau-là, c’est vrai que l’on n’a pas de souci à se faire. Elle fait une piqûre de rappel quasiment tous les ans, à différents groupes, mais elle fait une piqûre de rappel et elle forme ceux qui n’ont pas été formés comme les nouveaux arrivants. Et au niveau des gestes et postures … Au niveau des gestes et postures, elle fait aussi. On utilise le matériel et après on fait les gestes et postures, par exemple lever le résident, le basculer à une chaise normal, à un fauteuil roulant, le lever du lit, mettre bien le matelas à aire avant de commencer la toilette en mode statique pour que tous les boudins soient gonflés, pour éviter que quand tu es tout seul à faire le transfert en tant que soignant, ou même le tourner, que tu aies beaucoup moins de difficultés que si tu ne le mettais pas à gonfler et que tu avais une vieille cuvette. Et tout ça vous arrivez toujours à le mettre en place ? Donc oui, après chaque soignant fait à sa façon, on va dire. Et là, moi, je suis référente ergo donc oui, je le fais. Je le fais et je ne vais pas te dire que je vois la différence, mais tu vois la différence quand tu fais une toilette et que tu as mis le matelas à gonfler et quand tu ne le fais pas. C’est plus facile pour toi et c’est plus facile pour le résident aussi. Donc c’est vrai que l’on a des draps de glisse aussi, ce qui est bien parce que je pense que dans plusieurs maisons de retraite, tu n’as pas tout ce matériel-là. Et nous c’est vrai que l’on peut avoir vraiment tout ce que l’on a besoin, dans la mesure du budget on va dire… Et je ne sais pas si elle vous parle du verrouillage lombaire pendant les formations, de la rétroversion du bassin ? Oui, verrouiller pour utiliser les genoux pour faire le transfert, front à front. Si, si…on voit tout ça. Quand Ergothérapeute 3 fait les formations, on a les fauteuils et les divers verticalisateurs, lève malade, le disque de transfert et tout. Et en général, on essaie de prendre des cas concrets. Par exemple, on prend un résident qui est au lit et c’est une de nous qui va dans le lit et on fait comme si on était le résident pour nous mettre en condition. Donc en général, on lui fait voir comment nous on fait et elle nous corrige si il y a des choses à corriger. Et est-ce que vous pensez toujours à le faire dans la vie quotidienne ? On va dire, tout dépend si tu es toute seule. Ça reste toujours pareil. Au niveau du matériel, on l’utilise en systématique. Après tu as des petites choses que tu apprends et que tu ne peux pas forcément mettre en application. Surtout quand tu es toute seule. Le week-end, tu es toute seule dans un service, on va dire les verrouillages ou les relevés à deux, tu ne vas pas aller chercher ta collègue qui est à l’autre bout, pour les faire. Tu fais par rapport aux moyens que tu as… mais on essaye le plus possible de le faire. D’accord. Du coup l’ergothérapeute, peut avoir deux étiquettes, celle de collègue mais aussi celle de formateur. Vous pensez quoi de cette double étiquette ? Est-ce que, pour vous, c’est plutôt facilitateur ou obstacle par rapport aux formations et par rapport à ce qu’elles peuvent contenir ? C’est facilitateur. Dans le sens où on va prendre l’exemple d’ergothérapeute 3, parce qu’on est là. Tu as plus de facilité à aller vers elle parce que quand tu as besoin, tu l’appelles, elle vient, elle se rend disponible pour faire une toilette avec toi, et voir les problèmes. Donc à partir du moment où tu t’investis, que l’ergo s’investis avec toi lors d’un soin, c’est quand même bien et ça permet justement d’avoir une évolution et tout. Et après c’est vrai que ça facilite les choses, en plus elle vient en transmission faire les MPI, là où je ne sais plus comment ça s’appelle là. Elle vient avec nous, elle pose des questions et tout. Son coté ergo, tu le vois mais sans vraiment le voir. Tu sais qu’elle est ergo et c’est là que tu l’appelles quand tu as besoin. Mais après, ça reste une collègue comme n’importe laquelle. Et c’est ça qui facilite le lien. Parce que si elle restait toujours dans son petit bureau, à faire que de l’ergo théorique, on va dire, je pense qu’il y a des personnes avec qui ça ne passerai pas. Mais ergothérapeute 3, elle passe bien. Je pense, après c’est mon avis, qu’il faut s’investir, parce que si tu restes dans ton coté ergo et que tu as les soignantes de l’autres coté, ça met une barrière. Parce que comme je dis, Ergothérapeute 3, tu as besoin d’elle pour faire une toilette ou juste pour voir le soin, elle va se mettre à t’aider à faire la toilette, voilà quoi. Elle va t’aider à la remonter ou à la lever… Il y en a qui rentrerait dans la chambre, il regarderait et il se barrerait… d’où le coté, je vais dire « soignant » un petit peu. Le coté entraide quoi, ça facilite énormément les choses. Et après, tu as plus de facilité à aller vers la personne. Et son coté formateur, vous trouvez ça dérangeant ? Pour moi non, on en apprend tous les jours. Pour moi en tant qu’Aide-soignante, j’en apprends tous les jours, que ce soit avec une infirmière, une ergo ou une kiné. Non au contraire, ça permet d’aller plus loin et c’est tout bénéfique pour le résident. Tout ce qu’Ergothérapeute 3 peut nous apprendre ou, je ne vais pas dire, que moi je vais lui en apprendre. Mais bon en tant que soignante, on n’a pas la même formation. Donc non, pour moi, c’est plus bénéfique qu’autre chose. Parce que l’on n’a pas du tout les mêmes formations. Et du coup cette double étiquette de collègue et de formateur est-ce que ça change quelques choses au niveau du travail ? Non ça ne change rien. Après c’est mon avis, et je suis mal placée pour le dire parce que je suis référente ergo en plus d’être d’Aidesoignante mais bon, non ça ne change pas. Ça reste un collègue, après oui, elle nous forme sur deux journées dans l’année. Mais bon, elle est toujours là si on a besoin. Après, on ne fait pas forcément l’amalgame entre ergo et formatrice quoi. Elle est ergo, elle nous apprend ce qu’il y a à apprendre, surtout qu’elle en sait plus que nous, au niveau manutention... Parce que le but de la formation, un petit peu comme le kiné, avec le kiné ou en conjoint avec le kiné. Parce que cette formation elle est faite en binôme avec le kiné ? Et bien quand les kinés ont besoin, ils demandent à Ergothérapeute 3, et quand Ergothérapeute 3 a besoin et bien elle est en contact avec les kinés aussi. Parce que les kinés quand ils ont besoin d’un déambulateur, une canne tripode ou autre, ils demandent à Ergothérapeute 3. On fait la jointure avec Ergothérapeute 3 ou le kiné s’adresse directement à Ergothérapeute 3. En général, ils arrivent à communiquer ensemble. Oui, mais les formations, ce n’est que Ergothérapeute 3 qui les fait ? Oui, ce n’est qu’Ergothérapeute 3 qui les fait. Sur la manutention et le matériel, ce n’est qu’Ergothérapeute 3 qui le fait. D’accord, très bien. Pour résumé, pour vous l’étiquette de formateur ne vous dérange pas et… Et bien non, on travaille avec tous les jours, donc voilà. Comment dire, on ne voit pas l’étiquette de formateur. On travaille avec tous les jours. On fait le 22/12, on l’appelle, elle vient si elle est dispo et voilà. Après, c’est deux jours dans l’année, en général, il n’y a pas de souci plus que ça, avec le rôle de formateur. Et bien merci, pour ma part, j’ai fait le tour des questions que j’avais. Résumé : Les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) sont en constante expansion, leur nombre a été multiplié par dix au cours des dix dernières années . Cette pathologie est liée au travail et de nombreuses professions sont à risque, notamment celle des aides-soignants. Ce mémoire cherche à questionner le rôle que peut avoir un ergothérapeute dans la prévention des TMS auprès de l’équipe soignante dans laquelle il est intégré. L’analyse de cette recherche s’appuie sur la littérature ainsi que sur l’expérience et le ressenti de trois ergothérapeutes et de trois aides-soignants travaillant dans des structures de type EHPAD. Ce travail de recherche a permis de faire apparaitre les actions de prévention des TMS que peut mettre en place un ergothérapeute intégré à une équipe ainsi que la pertinence de sa double étiquette de collègue au quotidien et à l’occasion de formateur. Mots clés : TMS, Prévention, Aides-soignants, équipe pluridisciplinaire, Ergothérapie Abstract: The number of Musculoskeletal Disorders increased tenfold during these last ten years. This pathology concerns all business sectors. All workers can be exposed to this phenomenon, especially nurses’ aides. The aim of this report is to establish how an Occupational Therapist could organize the prevention of MSD within the medical team. This report is based on literature and personal experience of three Occupational Therapists and three nurses’ aides working in “nursing home” structures. This study highlights actions that an Occupational Therapist could perform inside the nursing team to prevent MSD both the relevance of having a double status: colleague's on a daily basis and occasionally trainer. Keywords: Musculoskeletal diseases, Prevention, Nurses’ aides, Multidisciplinary team, Occupational Therapy