20 LUX n° 222 - Mars/Avril 2003

Transcription

20 LUX n° 222 - Mars/Avril 2003
Photo Patrick Ageneau
20
LUX n° 222 - Mars/Avril 2003
lumières INTÉRIEURES
Pour réaliser l’éclairage
de l’exposition “Inuit”
présentée jusqu’à la mi-mai
par le Musée d’histoire
naturelle de Lyon,
le concepteur lumière
Marc Dumas a fait
massivement appel
à la couleur.
Genèse de l’Art
MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE
DE LYON
Lumières boréales
pour les Inuits
Vie sociale et déplacement
Les animaux
Photos Marc Dumas
Marie-Laure Mehl a conçu la découverte
des pièces exposées comme un voyage
auprès d’un peuple qui vit dans des conditions extrêmes et l’exprime dans ses objets.
« Elle voulait que l’éclairage contribue à
créer une atmosphère émouvante, nuancée,
où vie réelle et œuvres soient en relation
intime, en usant largement du langage coloré. » Partant de là, Marc Dumas a fait les
choses en grand. Les 160 pièces muséographiques sont éclairées en lumière blanche,
ou parfois légèrement teintée pour accentuer leur présence. L’ambiance des salles, à
deux exceptions près, résulte d’un travail
pointilleux sur les filtres gélatine colorés.
Les teintes sont projetées sur les parois et les
murs. Tantôt discrète, tantôt appuyée, la
couleur suscite alors chez le visiteur un sentiment de vécu ou lui fait ressentir la dimension symbolique des thèmes proposés.
Ainsi, pour l’étape “vie quotidienne”,
Le recours aux techniques de scène s’est
imposé lorsque la scénographe a souhaité
évoquer l’aurore boréale dans la salle
consacrée aux animaux. Marc Dumas a travaillé un éclairage dynamique, en utilisant
des filtres gélatine très colorés sur des projecteurs scéniques. Deux gammes de tons
composent l’ambiance : rouge orangé jaune
pour la terre, mauve, bleu et vert-bleu pour
la mer. La lumière agit par transparence sur
des tulles latéraux et se reflète discrètement
sur les œuvres. « Les pièces de cette exposition, remarque-t-il, souvent parfaitement
polies, se prêtent bien au jeu sur les
reflets. » Mais la lumière blanche et l’ombre
reprennent le dessus dans la salle consacrée
à “La vie sociale et aux déplacements” : « Il
fallait évoquer la rigueur et l’intimité. Des
projecteurs à découpe isolent rigoureuse-
“J
… et le nuancier boréal
ment les œuvres sur podium et les portraits
d’Inuits. » L’exposition s’achève sur la
création contemporaine, dans une ambiance
neutre où les contrastes de lumière s’adaptent aux sensibilités des artistes. « La difficulté dans ce travail vient de la découverte
tardive des objets et des espaces. L’étape
décisive des réglages demande alors une
réactivité intense pour rendre palpables les
intentions du projet. »
A.L.
Principaux matériels
Projecteurs sur rails, gradables, à
source halogène (de 35 W à 300 W) :
• Panavision : projecteurs de type
cadreur à découpe
• Erco : projecteurs de type Oseris
avec accessoires optiques : lentilles
à sculpture (allongent le faisceau) ;
lentilles flood (uniformisent le
faisceau ; atténuent les reflets)
• Mole Richardson : projecteurs
d’ambiance
Tous les matériels sont issus du parc
du musée.
> Maîtrise d’ouvrage : Musée d’histoire
LES INTERVENANTS
Le bleu de la glace
première du parcours, le concepteur lumière a créé un “climat” léger bleu vert avec
des filtres “cosmetic” utilisés par le cinéma
et la publicité. « Ils diffusent et teintent
légèrement la lumière. » Même approche
pour l’espace traitant la spiritualité, qui
joue sur les jaunes légers. « L’effet de
nimbe qui en résulte accroît la sensation
d’immersion dans l’univers présenté. » En
revanche, la salle consacrée à la genèse de
l’art affiche franchement la couleur : un
bleu glacé, souhaité par la scénographe,
obtenu à partir de gélatines colorées sur
tubes fluorescents, est projeté par transparence sur les éléments du décor.
’ai vraiment été porté par le
travail de la scénographe
Marie-Laure Mehl et des graphistes », confie le concepteur lumière
Marc Dumas, qui a réalisé l’éclairage de
l’exposition “Inuit”, présentée par le Musée
d’histoire naturelle de Lyon jusqu’au
18 mai 2003. Autour d’œuvres d’os et de
pierre, de dimensions modestes, brillantes,
souvent capotées, la scénographie recrée le
parcours d’un peuple à la vie difficile, dans
un décor sobre, balisé de grandes photos et
de textes au graphisme élégant.
naturelle de Lyon, Musée d’art Inuit Brousseau
(Vieux Québec)
> Scénographie : Marie-Laure Mehl (Atelier
Mehl’Usine)
> Conception contenus : B. Mazeirat,
D. Guedra
> Graphisme : Bulnes et Robaglia
> Réalisation : Axel Lathulère, Musée,
Esoric Batex, Crystal Sérigraphie, ATC, Tobago
LUX n° 222 - Mars/Avril 2003
21