Rodolphe Lanzi, fournisseur de l`impossible

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Rodolphe Lanzi, fournisseur de l`impossible
ÉCONOMIE
MARDI26JUIN2012 P
L’AGENDA
ÉCONOMIE
STRASBOURG
Maîtriser la TVA
dans les échanges
internationaux
Q MARDI 3 JUILLET. La CCI
de Strasbourg et du Bas-Rhin
organise une réunion d’information gratuite sur le thème : « Maîtriser la TVA dans
les échanges internationaux » (à la CCI, 10 place
Gutenberg à Strasbourg).
D’une durée de deux heures
environ, cette réunion a pour
but d’aborder les questions
relatives au mécanisme de
TVA intracommunautaire et à
l’international. Seront également abordées les nouvelles
règles de facturation à partir
du 1er janvier 2013. Inscription obligatoire par téléphone
au ✆03 88 75 25 23 ou par
courriel [email protected]
DURRENBACH-ALTKIRCH
Alsace combustible
bois naturel
Q MERCREDI 4 ET JEUDI
5 JUILLET. Les partenaires de
la marque collective « Alsace
combustible bois naturel, des
entreprises qui s’engagent »
organisent un cycle de réunions à l’intention des exploitants de chaudières collectives au bois. But de
l’opération : mieux faire
connaître cette initiative,
lancée avec le soutien des
pouvoirs publics pour garantir aux acheteurs un combustible de qualité. Des représentants de Fibois, de la
Région ou encore de l’ADEME
présenteront la marque, les
méthodes d’analyses
d’échantillons, les nouvelles
dispositions liées aux aides
ainsi que la formation « conduite et pilotage d’installation ». Le 4 juillet de 17 h à
19 h à Durrenbach (au siège
de la communauté de communes Sauer-Pechelbronn) et
le 5 juillet de 17 h à 19 h à
Altkirch (annexe de la chambre d’agriculture au quartier
Plessis).
STRASBOURG
Journée rencontre
d’experts Autriche
Q MERCREDI 11 JUILLET. CCI
Alsace Export, le service
d’accompagnement à l’export
de la CCI de Région Alsace,
organise une journée rencontre d’experts Autriche (à
partir de 8h30, place des
Halles, 3 quai Kléber à Strasbourg). Cette journée, consacrée à des rendez-vous individuels, s’adresse à toutes les
entreprises quel que soit leur
secteur d’activité. Un focus
sur « l’environnement et
l’efficacité énergétique en
Autriche » sera proposé de
8h30 à 10h pour les entreprises de ce secteur. Cette journée est organisée en amont
d’une mission de prospection
« Environnement/Efficacité
énergétique », qui aura lieu à
Vienne et Graz du 17 au
19 octobre 2012 (avec une
extension optionnelle en
Slovénie). L’Autriche constitue une porte d’entrée pour
les pays d’Europe centrale et
de l’est, et présente un accès
facilité pour les pays germanophones alentour. Inscription par ordre d’arrivée avant
le 29 juin 2012. Contact :
Claudia Scanvic,
✆0388764200 ou par mail :
[email protected]
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DÉVELOPPEMENT Soixante entrepreneurs qui font la région
Rodolphe Lanzi,
fournisseur de l’impossible
Rodolphe Lanzi a repris auprès de son
beau-père il y a dix ans une icône du
négoce en nord Alsace, la Quincaillerie
Hanns, de Haguenau. Il en a fait un petit
joyau hyperréactif. Trente-deuxième
volet de notre série.
L
a chaleur, la fougue, la
faconde caractéristiques
du midi. Le sérieux, la
méthode, la fidélité propres au nord. Il y a dans ces
lieux communs une bonne part
de la vérité profonde de Rodolphe Lanzi. Né il y a 44 ans à
Dieppe, au hasard de la carrière
de son père, et plongeant ses
racines familiales en Toscane, il
a finalement trouvé en Alsace
dans sa jeunesse, et par la suite
en tant que chef d’entreprise,
une synthèse de ces vertus. Elles s’incarnent aujourd’hui
dans la transmission réussie, il
y a dix ans, de la Quincaillerie
Hanns. Cette entreprise traditionnelle très réputée en Alsace
du Nord depuis sa création en
1925 appartenait à son beau-père.
« Notre but est
de nous rendre
indispensable
à nos clients »
En épousant la fille du quincaillier, rencontrée sur les
bancs de la faculté d’économie
de Strasbourg, Rodolphe Lanzi
n’imaginait pas convoler un
jour avec ce métier dont il ignorait tout. Et puis, en 2002, les
choses se sont faites, presque
naturellement. La quincaillerie
est un métier d’hommes. Et même si Rodolphe est en train de
changer cet aspect des choses
par ses recrutements, homme il
l’était bel et bien, et au bon
moment.
« Je me suis retrouvé, à 35 ans,
face à un choix. Soit poursuivre
une carrière internationale
dans le contrôle de gestion. Ou
devenir chef d’entreprise. Et je
me suis rendu compte, quand
mon beau-père m’a fait un appel du pied, que c’était sans
doute un truc qui ne m’arriverait jamais au sein d’un grand
groupe. Pour moi, c’était une
opportunité et une aventure. En
réalité, jamais je ne m’étais frotté à la création de marchés », se
souvient Rodolphe Lanzi.
Il garde d’excellents souvenirs
de sa première vie professionnelle, débutée à Londres, et
poursuivie au cœur du groupe
Saint-Gobain : « J’ai travaillé
avec plein de services différents, beaucoup voyagé, monté
des projets très importants.
Saint-Gobain m’a ouvert l’esprit
sur le monde », estime le jeune
dirigeant.
Revenu à la case départ en
2002, il se rend compte que les
défis sont importants : créer
l’informatique de la quincaillerie, revoir l’équipe, imaginer
son développement.
Rodolphe Lanzi ne traîne pas.
Dès 2004, il prend un entrepôt
dans la zone d’activité de
Schweighouse-sur-Moder. Il est
environné par INA Schaeffler,
Trumpf, Siemens et bien
d’autres prestigieuses enseignes de l’industrie. Il va en faire
ses clients. Avec la fierté d’être
devenu fournisseur de rang A
pour Siemens. Mais aussi
d’avoir décroché tout récemment le marché sur trois ans de
l’outillage à main pour la Communauté urbaine de Strasbourg. Des clients aux antipodes l’un de l’autre mais
approchés avec un seul credo :
« Il faut apprendre à parler le
langage de chaque client. Il faut
d’abord l’écouter, longuement.
Notre évolution positive, on la
doit aussi à nos clients », énonce Rodolphe Lanzi. Et il ajoute :
« Notre but, c’est de nous rendre indispensable. Nous sommes les fournisseurs de l’impossible… »
Fournir l’impossible… On veut
bien le croire en parcourant le
magasin de Schweighouse où
flotte le parfum caractéristique
du métier, odeur de métal,
d’huile, de vernis, de caoutchouc et de bois. Cette ambiance-là n’a pas tellement changé.
« Dans la Quincaillerie Hanns
de mon beau-père, on trouvait
absolument tout, avec des gammes larges et profondes. Dans
les années 1970, il y avait encore 15 000 quincailleries en
France. Aujourd’hui on n’en
compte plus que 2 000 à
2500 », explique le dirigeant.
La distribution de ces produits
s’est profondément transformée avec l’apparition des grandes enseignes de bricolage, un
concept inexistant dans les années 70, suivie de l’émergence
du hard discount.
« Nous allons rester
dans notre métier,
grandir
progressivement »
Pour les professionnels apparaît la notion de groupe ou de
groupement qui favorise une
certaine puissance d’achat La
quincaillerie traditionnelle a
évidemment eu du mal à relever ces défis. Selon Rodolphe
Lanzi, on compte aujourd’hui
2 400 sociétés dont 1 900
points de ventes dans une quinzaine de groupements. Lui-même est adhérent d’une centrale
de référencement nationale. Ce
qui lui permet de diffuser un
catalogue de… 1336 pages.
Car aujourd’hui, encore davan-
Rodolphe Lanzi, directeur général de la Quincaillerie Hanns à Schweighouse-sur-Moder.
PHOTO
DNA – CÉDRIC JOUBERT
tage qu’aux grandes heures de
la quincaillerie de proximité, il
faut offrir de tout, rapidement
disponible, au meilleur prix à
une clientèle de professionnels
qui n’est pas nécessairement
homogène. La Quincaillerie
Hanns ne gère pas moins de
40000 références !
« J’ai informatisé tout ça… Une
horreur ! », se souvient en riant
le patron de Hanns. Parfaitement à l’aise sur le versant informatique, il est dubitatif sur
le catalogue en ligne : « Ce n’est
pas cela qui va nous apporter
des affaires. Nous devons aller
voir nos clients ». Curieusement, le négociant, qui annonce 3,2 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 24 salariés,
dont trois apprentis, affirme ne
pas avoir véritablement de modèle de développement. Il souhaite « rester dans son métier
de base, grandir progressivement ». Mais au détour d’une
phrase, on comprend qu’il est
capable d’avancer un pion avec
audace. Ainsi, il finalise la reprise d’une affaire de négoce de
joints d’étanchéité, Alpha-Plus,
à Strasbourg, « qui a dans ses
fichiers tous les grands noms de
l’industrie ».
Vivant non loin de l’entreprise,
Rodolphe Lanzi n’est pas du
tout obsédé par le paraître ou
l’enrichissement personnel :
« Mon but n’est pas de payer
l’ISF. Je vis confortablement et
ça me suffit ».
« Je veux donner
du sens
à ce qui se fait
dans ma société »
En revanche, il défend des valeurs sociales et d’équilibre humain. Même à contre-courant :
« Sans compter les apprentis,
j’ai avec moi onze hommes et
dix femmes, dont huit que j’ai
recrutées moi-même. J’ai embauché des jeunes et aussi des
gens en difficulté. Je veux donner du sens à ce qui se fait dans
ma société ». Rodolphe Lanzi se
souvient de ses propres moments difficiles : « J’ai été huit
mois au chômage. À Gundershoffen sans voiture, je vous garantis que je ne l’ai pas oublié »,
dit-il. Pour autant, il n’est pas
militant, restant à l’écart des
organisations patronales ou
institutionnelles : « J’ai plutôt
envie d’échanger et d’apprendre ».
C’est ce qui le fait participer
avec beaucoup de bonheur au
club de l’Association progrès du
management (APM) de son secteur. Une organisation d’autoformation qui permet aux dirigeants d’échapper aux vertiges
de la solitude, de progresser et
d’échanger des bonnes pratiques. « Je ne suis pas paternaliste… Je fais avec, je crée des
liens, je fais en sorte que les
gens se responsabilisent, prennent de l’autonomie, de la polyvalence, de la réactivité. Mais je
peux être dur et j’ai procédé à
des licenciements quand je l’ai
jugé nécessaire ».
ANTOINE LATHAM
R
Q Dernière parution dans cette
série créée à l’occasion des
soixante ans de l’Adira : Patrick
Heinrich le 16 juin.
RHR 02

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