Radio : le gouvernement porte le coup de grâce à la RNT

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Radio : le gouvernement porte le coup de grâce à la RNT
Tous droits réservés - Les Echos 20123/7/2012P.23High-tech
& Médias
RADIO
Radio France ne bénéficiera d’aucune fréquence dans le cadre de l’appel
à candidatures pour Paris, Marseille et Nice. Après la défection des grands groupes
privés, cette décision coupe les ailes à toute relance de la RNT.
Radio : le gouvernement porte
le coup de grâce à la RNT
n enterrement de première
classe.Selonnosinformations,
le gouvernement s’apprête à
faire un arbitrage lourd de conséquences pour la relance de la radio
numérique terrestre (RNT). Il a en
effet décidé de ne pas préempter de
fréquences pour Radio France dans
le cadre des appels à candidatures
pour les villes de Paris, Marseille et
Nice, qui viennent d’être relancés
par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). La décision qui ira de
pair avec une non-candidature du
service public radiophonique doit
être prise formellement en fin de
semaine, à l’occasion d’une réunion
interministérielle à Matignon. Dans
le cadre de chaque appel à candidatures, le service public a un droit
prioritaire sur les fréquences disponibles, qui doit être exercé par le
gouvernement. Cela signifiera que
le groupe audiovisuel public ne sera
pas sur la RNT, pas plus que les
grands groupes privés (Lagardère,
RTL, NRJ et NextradioTV) qui militent contre cette relance. La radio
numérique terrestre sera alors privée des cinq principaux groupes
radiophoniques, qui représentent,
via leurs différentes stations, près de
75 % de l’audience totale.
Pour le CSA, la pilule est amère.
Enlisé depuis 2009, le dossier de la
radio numérique terrestre était ressortideterreàlafindel’hiver,suiteà
ladécisiondurégulateurderelancer
lesappelsàcandidaturespourParis,
Marseille et Nice. En mai, le CSA est
allé plus loin en publiant un calendrier pour de nouveaux appels à
candidatures dans vingt zones, afin
les déclarer infructueux compte
tenu de l’absence d’un acteur de
poids. Pour l’instant, il reste sur un
maintien. « La procédure de cet
appelàcandidaturesiraàsonterme,
même si cette information nous était
confirmée. Nous nous sommes engagés auprès du Conseil d’Etat à délivrer les autorisations sur ces trois
zones avant la fin de l’année », a
déclaré une porte-parole du CSA.
U
75%
La part d’audience
des 5 principaux groupes
radiophoniques.
d’assurer à la RNT une couverture
de 60 % du territoire. Malgré l’opposition des radios historiques, le CSA
avaittenubonetétaitdécidéàrelancer coûte que coûte la RNT. A défaut
du soutien des grands groupes privés, il comptait sur les radios indépendantes (Nova, FG, Espace
Group…) visant une extension de
leur diffusion, sur des nouveaux
entrants comme la chaîne d’information Euronews ou le bouquet de
radios numériques Goom Radio,
mais aussi, et surtout, sur Radio
France pour créer une dynamique.
« SansRadioFrance,touterelancede
la RNT est impossible. La RNT est en
état de mort clinique », estime un
observateur.
Le poids de la raison budgétaire
De son côté, Radio France était fermement partisan de la RNT, qualifiée de « nirvana » par son président, Jean-Luc Hees. Mais sa tutelle
en a décidé autrement. Reste à
savoir ce que va faire le CSA : maintenir les appels à candidatures, ou
DansledossierdelaRNT,leCSAa
toujours dû faire face à l’opposition
des pouvoirs publics. C’était le cas
sous la précédente majorité, ça l’est
aussiaveclanouvelle.DavidKessler,
conseiller de François Hollande en
charge des médias et de la culture, a
rédigéunrapporttrèsprudentsurla
RNT il y a un an. Reprenant notamment l’argumentation des radios
historiques sur l’absence de modèle
économique, il avait estimé, dans
ses conclusions, qu’il n’y avait pas
« d’espace économique pour un lancement national de la radio numérique ». La raison budgétaire a fini par
peser : lancer Radio France dans
l’aventure de la RNT signifiait plusieurs millions d’euros de dépenses
en plus pour la radio publique.
GRÉGOIRE POUSSIELGUE

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