FICHES BIBLIQUES POUR L`ANNÉE DU JUBILÉ DE LA

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FICHES BIBLIQUES POUR L`ANNÉE DU JUBILÉ DE LA
FICHES BIBLIQUES
POUR L’ANNÉE DU JUBILÉ
DE LA MISÉRICORDE
Yves Saoût, responsable du Bureau biblique diocésain.
Il a été demandé au Bureau biblique de préparer 6 fiches pour des rencontres de
partage de la Parole de Dieu, en lien avec le Jubilé de la miséricorde. Ceci ne concerne pas les
groupes bibliques qui veulent garder un autre programme d’année déjà prévu.
La demande reçue souhaitait que ces fiches fassent référence au texte publié par le
Pape François au sujet du jubilé de la miséricorde.
(Pour le trouver sur Internet, chercher – selon le jargon du Vatican – la «Bulle d’indiction du
Jubilé extraordinaire de la miséricorde», du 11 avril 2015, désignée aussi par les premiers mots en
latin, «Misericordiae vultus» [MV] : le visage de la miséricorde).
Le Pape, dans ce texte, fait souvent référence à l’évangile de Luc, qui sera lu dans la
liturgie (année C) à partir du 1er dimanche de l’Avent, le 29 novembre (l’année sainte du Jubilé
sera ouverte le 8 décembre, pour le cinquantième anniversaire de la clôture du concile Vatican II).
Cependant le Pape ne cite pas seulement l’évangile de Luc (parfois appelé «l’évangile de la
miséricorde»), il fait aussi référence à des textes de l’Ancien Testament.
Les pages de l’Ancien Testament sont imprégnées de miséricorde, puisqu’elles racontent
les œuvres accomplies par le Seigneur en faveur de son peuple dans les moments les plus difficiles de son histoire (Le visage de la miséricorde n° 23).
Le texte du Pape est riche de citations et de références bibliques. Quelle sera alors
l’utilité des six fiches demandées ? Peut-être une utilité pratique, car elles font un choix dans
les textes cités par le Pape et invitent à échanger en groupe sur un texte plus ample que de
simples versets isolés.
Ces fiches porteront sur la miséricorde de Dieu envers nous et sur la miséricorde qu’il
nous demande d’exercer envers tous. La dernière fiche fera le lien entre les deux. Bon courage
aux groupes bibliques et à tous ceux qui utiliseront librement ces fiches sans prétention. Une
dernière citation du Pape François pour nous stimuler :
Qu’en cette Année Jubilaire l’Eglise fasse écho à la Parole de Dieu qui résonne, forte et
convaincante, comme une parole et un geste de pardon, de soutien, d’aide, d’amour (Le visage
de la miséricorde n°25).
TITRES DES SIX FICHES
1) Dieu «patient et miséricordieux».
2) Le jubilé dans la Bible.
3) Jésus miséricordieux pour tous ceux qui souffrent.
4) Jésus miséricordieux pour les pécheurs.
5) Le commandement de la miséricorde.
6) Le lien entre le pardon de Dieu et le nôtre.
Ces fiches ne comportent pas de questions, mais des pistes de recherche (à simplifier
éventuellement) pour aider au partage. Le schéma proposé pour la 1e rencontre (proche de
la «lectio divina») n’est pas totalement répété pour les suivantes.
Fiches bibliques - Année du jubilé de la Miséricorde - par le P. Yves Saoût
PREMIÈRE RENCONTRE :
DIEU «PATIENT ET MISÉRICORDIEUX»
(Le visage de la miséricorde n° 6) “Patient et miséricordieux”, tel est le binôme
qui parcourt l’Ancien Testament pour exprimer la nature de Dieu. Sa miséricorde se
manifeste concrètement à l’intérieur de tant d’événements de l’histoire du salut où sa
bonté prend le pas sur la punition ou la destruction.
Dès le début de son texte, après une brève citation de Ep 2,4 (le Père «riche en miséricorde»), le Pape cite Ex 34,6 comme une révélation du Nom divin : Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité.
Il peut donc être bon, pour la 1e rencontre, de prendre comme texte :
Ex 33,18 à 34,9.
AVANT LA RÉUNION : lire le texte chez soi, noter nos réactions spontanées, ce qui
correspond à notre foi, ce qui nous fait problème. Consulter les notes de notre Bible.
PENDANT LA RÉUNION :
- Invoquer l’Esprit-Saint.
- lire le texte à haute voix, deux fois peut-être, et même dans des traductions
différentes, pour ne pas se bloquer sur la «lettre» mais chercher le sens.
- Remarquer la demande de Moïse (voir la Gloire de Dieu) et à partir de là
évoquer le contexte : à force de travailler avec Dieu depuis sa vocation, Moïse éprouve un
désir profond de mieux connaître Celui qui l’a appelé à son service.
- Voir que la réponse de Dieu à Moïse est triple. Remarquer l’opposition entre
le «voir» et le «proclamer». L’insertion de l’ordre de préparer de nouvelles tables de pierre
dépasse la demande de Moïse et l’élargit au rapport du peuple avec Dieu. Ne pas s’attarder à
la question des lois, pour en venir au cœur du passage.
- Rester davantage sur la définition que Dieu donne de lui-même. Elle va plus
profond que le Nom révélé au buisson ardent («Je suis qui je suis» ou «je serai qui je serai»).
Ici l’échange dans le groupe peut devenir plus personnel.
- L’opposition entre la fidélité pour «mille générations» et la poursuite de la
faute sur «trois ou quatre générations» marque déjà l’immense supériorité de la miséricorde
sur la punition (voir la citation de MV 6 en haut de cette fiche).
De plus, le Pape nous donne une clef (MV 1), en citant Jn 14,9 où Jésus dit : Qui m’a vu a vu le Père. Le
Pape a commencé son texte en disant que Jésus est «le visage de la miséricorde du Père». Or le Dieu de Jésus est
aussi le Dieu qui a parlé à Moïse (le Pape l’appelle même «le Père» !). Puisque jamais on ne voit Jésus punir de
mort ou de maladie (tout le contraire !), il faut interpréter les textes qui parlent ainsi de Dieu, d’une part selon le
principe biblique que souvent le méchant tombe lui-même dans le piège qu’il tend aux autres, d’autre part selon
l’analyse historique et littéraire des textes. Sans s’y attarder ici, il est possible de voir dans les «trois ou quatre
générations» la durée de l’exil et donc aussi la joie de la miséricorde de Dieu lors du retour d’exil. Car ce texte a
reçu sa forme définitive après l’exil.
En conclusion de la réunion : UNE PRIÈRE D’ACTION DE GRÂCES qui recueille
le fruit des échanges et qui peut prendre différentes formes (prise de parole par chacun, ou
par un membre du groupe au nom de tous, ou encore récitation d’un extrait de psaume ou du
Magnificat).
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DEUXIÈME RENCONTRE :
LE JUBILÉ DANS LA BIBLE
(Le visage de la miséricorde n° 3) Il y a des moments où nous sommes appelés
de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir
nous aussi signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu ce
Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, comme un temps favorable pour l’Eglise, afin
que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace.
Le Pape a choisi de commencer l’année du Jubilé de la miséricorde le 8 décembre. Pour
deux raisons.
D’abord parce que la conception immaculée montre que «Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (voir Ep 1,4), pour qu’elle devienne la mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché et nul ne peut imposer une limite à l’amour de
Dieu qui pardonne» (le même n° 3).
Ensuite, parce que le Concile Vatican II s’est terminé le 8 décembre 1965, il y a 50 ans.
Et le Pape François rappelle les paroles de Saint Jean XXIII à l’ouverture du Concile : «L’Eglise
préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité».
Puis il rappelle les paroles du bienheureux Paul VI dans le discours de clôture : «La règle de
notre Concile a été avant tout la charité» (n° 4).
Mais qu’est-ce qu’un jubilé dans la Bible ?
Puisque l’année jubilaire se célèbre après 7 années sabbatiques, (7x7 = 49), donc au
bout de 50 ans, voir, AVANT LA RÉUNION, ce qu’est l’année sabbatique, en lisant Dt 15,1-18.
Remarquer les deux exigences principales : la remise des dettes et la libération des esclaves.
Le Deutéronome, dans la ligne des prophètes, insiste sur l’éthique sociale et sur la bonne foi
(«ne va pas tenir en ton cœur des calculs méchants»). Mais le Lévitique, issu du courant sacerdotal, insiste sur le repos de la terre durant la 7e année (donc lire aussi Lv 25,1-7).
jubilé :
PENDANT LA RÉUNION, lire et échanger sur le texte qui parle explicitement du
Lv 25,8-17
Remarquer que trois exigences sont rassemblées : l’affranchissement de tous les habitants du pays (v 10), le repos de la terre (v 11) et la récupération des champs vendus par
nécessité (v 13). Ici encore l’attitude envers le prochain doit être sincère : que nul ne lèse son
frère (v 14 et 17).
Cette cinquantième année est proclamée «sainte» (v 10 et 12) et la fin du texte ajoute :
«Aie la crainte de Dieu, car c’est moi le SEIGNEUR votre Dieu». Aussi elle est solennisée par
l’appel de la trompe («yobel» en hébreu, d’où «jubilé») qui résonne le Jour des Expiations (v
9).
Respect de la terre, miséricorde envers les esclaves et les endettés, ces exigences
peuvent être transposées aujourd’hui dans la vie personnelle et communautaire.
LA PRIÈRE FINALE s’inspirera de Isaïe 61,1-3, repris par Jésus en Lc 4,16-19,
car «l’année de grâce» (Lc 4,19 repris de Is 61,2) est peut-être évoquée à partir de la richesse
d’une année jubilaire (délivrance pour les captifs ; liberté pour les opprimés).
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TROISIÈME RENCONTRE :
JÉSUS MISÉRICORDIEUX
POUR TOUS CEUX QUI SOUFFRENT
(Le visage de la miséricorde n° 8) Face à la multitude qui le suivait, Jésus, voyant
qu’ils étaient fatigués et épuisés, égarés et sans berger, éprouva au plus profond de
son cœur, une grande compassion pour eux (cf. Mt 9, 36). En raison de cet amour de
compassion, il guérit les malades qu’on lui présentait (cf. Mt 14, 14), et il rassasia une
grande foule avec peu de pains et de poissons (cf. Mt 15, 37). Ce qui animait Jésus en
toute circonstance n’était rien d’autre que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le
cœur de ses interlocuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds. Lorsqu’il rencontra la veuve de Naïm qui emmenait son fils unique au tombeau, il éprouva une profonde compassion pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna
son fils, le ressuscitant de la mort (cf. Lc 7, 15). Après avoir libéré le possédé de Gerasa,
il lui donna cette mission : « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa
miséricorde » (Mc 5, 19).
Le Pape donne lui-même ici un grand nombre de textes sur la miséricorde de Jésus
envers tous ceux qui souffrent. Chaque groupe peut choisir le texte qu’il pense le plus indiqué.
La proposition de cette fiche est de prendre la résurrection du fils de la veuve de Naïn pour
la rencontre. Donc, AVANT LA RÉUNION, lire ce texte (mais aussi l’un ou l’autre de ceux qui
sont cités par le Pape) et noter déjà vos réactions.
Naïn).
PENDANT LA RÉUNION, lire et échanger sur Lc 7,11-17 (le fils de la veuve de
Remarquer le double emploi du mot «foule» : une foule fait route avec Jésus, une
foule accompagne la veuve et le fils décédé. Des commentateurs parlent de deux cortèges qui
se croisent, celui de la vie et celui de la mort. Luc nomme d’abord les disciples : ils vont être
témoin de la compassion de Jésus pour une mère.
Après Jésus, c’est la veuve qui est le personnage principal. C’est elle que le Seigneur
voit, c’est d’elle qu’il a pitié, c’est à elle qu’il dit une parole de réconfort, c’est à elle que Jésus
rend le fils. Ce texte équilibre donc les passages où Luc montre la nécessaire distance entre le
disciple et sa famille.
Pour «réveiller» (un des mots pour dire la résurrection dans le NT) le mort, Jésus dit
une parole d’autorité. Si vous avez le temps, comparer avec Elie et la veuve de Sarepta (1 R
17,17-24), dont Jésus a parlé dans la synagogue de Nazareth (Lc 4,25). Elie a eu plus de difficultés pour rendre un fils à sa mère !
La foule ne s’écrie pas : «LE grand prophète s’est levé…» Mais «Un grand prophète…».
C’est une foi moindre que celle du centurion (Lc 7,8-9) dans l’épisode qui précède. Mais la
foule dit : «Dieu a visité son peuple». Ainsi Luc rattache cette foi à celle de Zacharie dont le
cantique célébrait deux fois la «visite» de Dieu (Lc 1,68.78).
Les chrétiens (avec d’autres), devant les situations terribles d’aujourd’hui, sont «émus
aux entrailles» (littéralement, c’est le mot que Luc emploie ici pour Jésus, comme pour le
samaritain dans la parabole du ch 10). N’ayant pas la parole d’autorité de Jésus, nous pouvons
avoir l’activité réaliste du samaritain.
POUR LA PRIÈRE FINALE, le psaume 30 peut convenir : «Tu as changé mon
deuil en une danse…»
Fiches bibliques - Année du jubilé de la Miséricorde - par le P. Yves Saoût
QUATRIÈME RENCONTRE :
JÉSUS MISÉRICORDIEUX
POUR LES PÉCHEURS
(Le visage de la miséricorde n° 8) L’appel de Matthieu est lui aussi inscrit
sur l’horizon de la miséricorde. Passant devant le comptoir des impôts, Jésus
regarda Matthieu dans les yeux. C’était un regard riche de miséricorde qui pardonnait les péchés de cet homme, et surmontant les résistances des autres disciples, il le choisit, lui, le pécheur et le publicain, pour devenir l’un des Douze.
Commentant cette scène de l’Evangile, Saint Bède le Vénérable a écrit que Jésus
regarda Matthieu avec un amour miséricordieux, et le choisit : miserando atque
eligendo («en ayant pitié et en choisissant»). Cette expression m’a toujours fait
impression au point d’en faire ma devise.
Dans le n° 9 de son texte, le Pape évoque la joie de Dieu lorsqu’il peut pardonner, selon
les affirmations de Jésus dans les trois paraboles de la miséricorde en Lc 15. Même si le groupe
choisit un autre texte, comme celui qui va être proposé, il serait bon, AVANT LA RÉUNION,
de relire ce magnifique chapitre 15 de Luc, puis de préparer plus directement la rencontre en
notant vos remarques sur Lc 7,36-50.
née).
PENDANT LA RÉUNION, lire et échanger sur Lc 7,36-50 (la pécheresse pardon-
Remarquer comment Jésus se tait d’abord, puis raconte une parabole sans faire encore
sentir au pharisien qu’il a deviné ses pensées, ensuite l’interpelle directement par son nom.
C’est comme une stratégie de la communication, car une parabole permet de rester en accord
le plus longtemps possible sur une histoire d’argent inventée, avant que vienne le clash du
désaccord quand la parabole vient recouvrir la réalité présente.
La parabole des deux débiteurs et la fin du v 47 («celui à qui on pardonne peu aime
peu») obligent à comprendre que la femme se savait déjà pardonnée avant d’entrer chez le
pharisien. Ce n’est pas parce qu’elle aime beaucoup Jésus que celui-ci lui pardonne. C’est
parce qu’elle a été pardonnée de beaucoup qu’elle aime (le verbe signifie d’abord «montrer
de la reconnaissance», même si le côté affectif est visible dans les gestes de la femme).
Une hypothèse d’un bon connaisseur des paraboles et de la vie en Palestine est la
suivante : le pharisien a invité Jésus parce que ce Rabbi de passage a prêché dans la synagogue le matin (une des œuvres «méritoires» pour un pharisien). Mais il fait le minimum pour
acquérir ce mérite, Jésus le lui fait sentir. Au contraire la femme fait le maximum parce qu’elle
a entendu la Bonne Nouvelle prêchée par Jésus : Dieu offre son pardon à tous.
Remarque. Le v 47 est sans doute à comprendre ainsi : «Si je peux te dire que ses nombreux péchés ont déjà été pardonnés, c’est parce que je vois (ce que tu devrais «voir» aussi :
«tu vois cette femme ?») qu’elle a la plus grande reconnaissance, comme le grand débiteur de
la parabole».
Les autres convives posent la bonne question : «Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ?» Une question qui peut amener le groupe à contempler Jésus, à l’adorer,
et à l’aimer.
Suggestion pour LA PRIÈRE FINALE : le ps 32 («Heureux l’homme dont la faute
est enlevée…)
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CINQUIÈME RENCONTRE :
LE COMMANDEMENT DE LA MISÉRICORDE
(Le visage de la miséricorde n° 13) Nous voulons vivre cette Année Jubilaire à la
lumière de la parole du Seigneur… L’évangéliste rapporte l’enseignement du Christ qui
dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). C’est un
programme de vie aussi exigeant que riche de joie et de paix. Le commandement de
Jésus s’adresse à ceux qui écoutent sa voix (cf. Lc 6, 27). Pour être capable de miséricorde, il nous faut donc d’abord nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Cela veut
dire qu’il nous faut retrouver la valeur du silence pour méditer la Parole qui nous est
adressée. C’est ainsi qu’il est possible de contempler la miséricorde de Dieu et d’en faire
notre style de vie.
Le Pape rappelle ailleurs que la miséricorde est l’objet de l’une des Béatitudes : «Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde». Mais le texte ci-dessus montre que c’est
aussi un commandement. Comparer Lc 6,36 avec Mt 5,48 révèle l’infini de la miséricorde :
«Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait».
Nous pouvons garder pour la dernière réunion le lien entre le pardon miséricordieux
de Dieu pour nous et celui qu’il nous demande d’accorder. Arrêtons-nous d’abord à la compassion pour les démunis et ceux qui souffrent : c’est un commandement en ce sens qu’elle
ne doit pas manquer à un disciple de Jésus.
AVANT LA RÉUNION, lire la première épître de Jean 3,17-18. Une bible traduit : «si
quelqu’un… ferme son cœur» ; une autre : «si quelqu’un… se ferme à toute compassion» ;
«si quelqu’un… ferme ses entrailles». Et c’est cette dernière qui reproduit fidèlement le texte
original, même si c’est moins élégant en français. Lire aussi et méditer la parabole du Bon
samaritain (Lc 10,25-37) qui fera l’objet des échanges lors de la réunion.
PENDANT LA RÉUNION, lire et échanger sur Lc 10,25-37 (le Bon samaritain).
Cette parabole est une merveille, au point que beaucoup de chrétiens en parlent
comme d’une scène réelle et non inventée. Pourtant c’est le fait qu’elle soit inventée par Jésus
qui lui donne tout son poids, jusque dans les détails choisis par le Maître, qui se montre ici
grand communicateur. Par exemple, il dit que le samaritain est «ému aux entrailles» comme
lui-même devant la veuve de Naïn, devant la foule sans berger (Mc 6,34) ou sans nourriture
(Mc 8,2). Le prêtre et le lévite, au contraire, ont «fermé leurs entrailles», selon l’expression de
la 1e lettre de Jean. Remarquer aussi que ce texte parle de l’amour du prochain, non pas en
général, mais devant une situation imprévue.
Tout ce passage insiste sur le «faire». C’est à cela que le Pape invite les chrétiens dans
un paragraphe qui fait allusion à notre parabole («soigner ces blessures», «les soulager avec
l’huile de la consolation», «les panser avec la miséricorde»).
Combien de situations de précarité et de souffrance n’existent-elles pas dans le monde d’aujourd’hui ! … Au cours de ce Jubilé, l’Eglise sera encore davantage appelée à soigner ces blessures, à
les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde… Ne tombons pas dans
l’indifférence qui humilie, dans l’habitude qui anesthésie l’âme et empêche de découvrir la nouveauté…
J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde
corporelles et spirituelles. (Le visage de la miséricorde n° 15).
Suggestion pour LA PRIÈRE FINALE : Ps 112,4-7.
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SIXIÈME RENCONTRE :
LE LIEN ENTRE LE PARDON DE DIEU ET LE NÔTRE
Nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait
miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour
miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas
nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le
pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se
défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition
nécessaire pour vivre heureux. (Le visage de la miséricorde n° 9).
Dans l’Évangile, la miséricorde de Jésus est grande pour ceux qui n’ont pas réussi (au
moins jusqu’à leur rencontre avec lui) à vivre une vie moralement correcte. Ils sont tombés
dans la cupidité (Zachée), l’adultère (la femme de Jn 8,1-11), etc.. Mais il y a un péché qui
semble plus grave aux yeux de Jésus : le mépris de ceux qui mènent une vie moralement correcte envers les pécheurs (parabole du pharisien et du publicain, Lc 18,9-14 ; les pharisiens qui
ont méprisé l’aveugle-né, Jn 9,34.39-41). C’est à ceux qui murmurent parce qu’il mange avec
les pécheurs qu’il adresse les trois paraboles de la miséricorde en Lc 15. Et c’est déjà à eux
qu’il dit deux fois : «Allez donc apprendre ce que signifie : ‘C’est la miséricorde que je veux et
non les sacrifices’ « (Mt 9,13 et 12,7).
N’avoir de mépris pour personne peut se révéler difficile. Mais il y a une attitude encore plus difficile à adopter : c’est de pardonner les offenses reçues. Le Pape le dit, et Jésus le
savait aussi puisqu’il a raconté une parabole assez rude sur le sujet.
AVANT LA RÉUNION : Lire Mc 11,25 et faire le rapprochement avec le Notre Père. Lire
aussi déjà la parabole qui sera l’objet de la réunion et noter vos réactions.
toyable).
PENDANT LA RÉUNION, lire et échanger sur Mt 18,21-35 (le débiteur impi-
Jésus répond en toute clarté à Pierre, mais avec l’exagération oratoire orientale. C’est
pourquoi il veut s’expliquer par une parabole. Pierre a dû être choqué par le pardon 70 fois 7
fois, mais il ne pourra pas esquiver le fait que le grand débiteur aurait dû remettre sa petite
dette à son compagnon, puisque le roi lui a remis sa dette énorme. Jésus décrit volontairement la réaction du roi comme brutale (selon les mœurs du temps d’ailleurs), pour inculquer
encore avec force : «C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur» (v 35).
Celui qui a subi un tort très grand peut penser parfois qu’il n’a pas offensé Dieu de
manière aussi grave. Mais la gravité de l’offense dépend de la qualité de la personne offensée.
Si un enfant dit «imbécile !» à un camarade d’école, ce n’est pas très grave, mais s’il le dit à
son père, c’est d’une autre échelle. Puisque, malgré cette échelle infinie envers Dieu, il nous a
pardonnés, nous devons aussi être miséricordieux envers nos offenseurs.
Remarquez que les compagnons des débiteurs sont grandement attristés (v 31). Aujourd’hui des voisins et des parents éloignés se désolent parfois de voir une brouille interminable s’établir entre des frères ou des sœurs, pour des questions d’héritage souvent. Et
pourtant, comme dit le Pape, ils pourraient être heureux en se pardonnant.
Suggestion pour LA PRIÈRE FINALE : le Notre Père (Mt 6,9-13) selon la nouvelle
traduction liturgique, qui parle de «dettes», selon le texte original, au lieu d’offenses.
Fiches bibliques - Année du jubilé de la Miséricorde - par le P. Yves Saoût