COISE-SAINT-JEAN-PIED-GAUTHIER dans l`Histoire des

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COISE-SAINT-JEAN-PIED-GAUTHIER dans l`Histoire des
COISE SAINT JEAN PIED GAUTHIER
Appellalions anciennes pour Coise:
1036: Cosia, puis Coësia en 1127, Cuesia en 1581, Coise el Ribaud en 1723, en
1792 Quoëse ou Quoise el loponyme
révolulionnaire: Coise-Rubaud, Coëse
Sainl jean Pied Gauthier en 1828. Pour
Saint Jean Pied Gauthier: podium Galterii en 1295, Saint Jean Puy Gauthier
en 1721, Sainl Jean Pié Gaulié en 1781
el toponyme révolutionnaire: Mont
Nel en 1793.
Habitanls : les Coisins, les Saint
Jeannol.
Populalion : 881 habilants en 1776
(avec Saint Jean Pied Gauthie/), 1402
/'an V1JI, 1162 en 1801, 1678 en 1858,
1231 en 1901, 841 en 1936, 651 en 1968,
672 en 1975 el 750 en 1982.
Altitude: 292 mèrres.
Supe/ficie : 1038 hectares.
A 24 km de Chambé/y.
Aux XVIIe el XVIIIe s. : Province de
Savoie, judicature mage de Chambé/y ;
Tabellion de Montmélian depuis 1697.
A la Révolution: Déparlemet1l du
Monl Blanc, districi de Montmélian
depuis 1697. A la Révolulion : Départemenl du Mont Blanc, dislrict de Chambe/y, cat1lon de Sainle Hélèn e du Lac,
puis canlon de /l1ontmélian sous
l'Empire. Dès 1816-1837: Province de
Savoie Propre puis de Maurienne (/8371860), mandemenl puis canton de Chamoux à partir de 183 7; judicature mage
de Cham be/y. Coise - Sainl Jean Pied
Gauthier est apparu lors de la création
du déparrement du Mont Blanc el
résulte de la réunion de Coise et de Sait1l
Jean Pied Gauthier. Par arrêlé préfeclorai du 10 juin 1963 une partie de la commune a élé rallachée à celle de Chaleauneuf.
Diocèse de Tarentaise en 1792.
Hameaux et lieux dits: Coise, Les
Frasses, Les Plans, Le Puits, Rubaud, le
Villaret, le Monnet, Saint Jean Pied
Gauthier, Ventonnex, le Villard de
Coise, le Villard de Saint Jean, La Cave,
le Mollard, les Grialles, Bachat, les Iles,
Molot, Longemale, La Curia, Les Moulins, le Tremblay, le Bugnon, la Maisonnette.
La commune de Coise Saint Jean
Pied Gauthier, tapie à l'extrémité ouest
du canton, à cheval sur les vallées de
l ' Isère et du Coisin, au centre de la
Combe de Savoie, a été formée par la
réunion en 1794, sur un décret du conventionnel Albitte, de Coise et de SaintJean. Elle est traversée par la RD 204
Ch~mbéry-Chamoux.
Inscription latine.
La fusion fut décidée parce que les
communes étaient souvent trop petites
et trop nom]:>reuses, et que l'on souhaitait obtenir un chiffre minimal de 1500
habitants. Le secteur a été habité à
l'époque romaine car l'on a trouvé à St
Jean une épitaphe (C 2320) .
Histoire de Coise
Selon André Perret, le territoire de
Coise aurait été donné à l 'abbaye bénédictine de la Novalaise en 1036, d'après
un acte suspect. Ce qui est moins douteux, c'est qu'il existait là, peut-être dès
le XIe s. un prieuré bénédictin dépen-
471
dant de ce monastère piémontais, et,
qu'outre l'église priorale, dédiée à
Saint-Pierre, il y avait à Coise aux XIeXIIe s. une autre église, paroissiale,
sous le vocable de la Vierge. Au XIIe s.
l'évêque de Maurienne reçut le prieuré
en commende, bien qu'il dépende toujours de la Novalaise, puis vers 1535, il
fut uni à la Collégiale Sainte Catherine
d'Aiguebelle. Ensuite le service paroissial fut transféré à l'église priorale.
En 1036, Dame Marie, fille de Maginier et veuve du seigneur Hugues de
Chambéry, qui venait de perdre son fils
Hugues, enseveli à la Novalaise, fit don
à ce monastère des biens ' suivants :
l'église de Coise, dédiée à Marie, le port
sur l'Isère, les droits sur les eaux, ses
maisons, etc ... Ses autres fils, dont Berlion de Chambéry, approuvèrent la
donation. L'un d'eux, Hubert, est le
premier prieur. L'abbé Bernard présume qu'Hugues était peut-être l'un des
guerriers qui suivirent le comte de Maurienne Humbert aux Blanches Mains
dans les opérations militaires destinées à
rétablir l'autorité de Conrad II sur cette
partie du royaume de Bourgogne . Les
moines édifièrent une deuxième église,
dédiée à Saint Pierre, destinée à leur
usage propre, près des bâtiments du
prieuré, sur la rive gauche du Coisin.
Les deux églises de Coise
Les visites pastorales nous donnent
des détails et des précisions sur la vie de
ces deux édifices. En 1444 l'ancienne
église paroissiale Notre Dame n'est déjà
plus considérée que comme une chapelle
"située à l'occident" de l'église priorale
Saint Pierre, qui renferme deux autels
dédiés, l'un à Saint Cosme et Saint
Damien, fondée par les seigneurs de
Ribaud, l'autre à Saint Nicolas, fondée
par le frère Jean Catinelli, et qui fait
dorénavant office d'église pawi ssiale.
En 1571 on retrouve ces mêmes chapelles dans l'église Saint Pierre, et aussi
celle de Notre Dame de Pitié, du patro472
Jésus montrant ses plaies (cliché B. Baudouy).
nage des nobles de la Ravoire . Quant à
l'ancienne église paroissiale, dénommée
"vicairie perpétuelle sous le vocable de
la bienheureuse Marie", on n 'y célèbre
plus aucun office, mais on y.trouve la
chapelle de l'Ecce Homo, patronnée par
les nobles de Marthod, et déjà citée en
1547 . Nous avons conservé dans l'église
actuelle dédiée à Saint Pierre aux liens la
statue en bois polychrome du XVe s. de
cet Ecce Homo, classée parmi les antiq uités et Objets d'Art en 1958.
En 1689, l'évêque, reçu par le révérend Guillaume de Bertrand de Chamousset, prévôt de la Collégiale Sainte
Catherine d'Aiguebelle, visite l'église et
le cimetière où se trouve la vieille église
Notre Dame, en très mauvais état: toiture et lambri s pourris par l'humidité,
so l défoncé et dépavé car l'on "y enterre
indifféremment ce qui y ca use une infection d'air" . La confrérie du Rosaire est
unie à son maître autel , et la chapelle de
1
1
"
l'Ecce Homo a sa statue. Quant à Saint
Pierre , dont le clocher est découvert par
endroits, on y trouve les chapelles Saint
Grégoire, côté Evangile, et Saint
Antoine, Saint Cosme et Saint Damien,
côté Epitre, qui renferme un tombeau
appartenant à Messieurs de Clermont
seigneurs de Saint Cassin, et qui est
l'ancien tombeau des nobles du Puy au
XVIe siècle. Sa voûte est ouverte, et
l'évêque enjoint aux Clermont de la
réparer, leur interdisant d 'y faire
aucune sépulture à l'avenir. De même il
interdit au culte la vieille église Notre
Dame et transfère définitivement le service au maître autel de Saint Pierre, la
confrérie du Rosaire se transporte égaIement dans l'église priorale. 11 propose
enfin de démolir Notre Dame pour subvenir aux réparations de Saint Pierre.
Quoiqu'il en soit, elle est encore debout
en 1717, en très mauvais état, les bâtiments du prieuré ne valent guère mieux,
et Saint Pierre n'est pas brillante non
plus, même si sa nef a été lambrissée de
neuf et les fenêtres agrandies et vitrées.
L'église actuelle a été construite vers
1857. Elle est de style classique, avec un
mobilier en majeure partie du XIXe, à
part un Christ en croix, Saint Pierre et
Saint Paul sur la tribune, et l'Ecce
Homo dans la nef.
Les chapelles extérieures
- la chapelle Saint François au
Puits: elle a disparu. Elle était en 1689
du patronage des seigneurs du lieu : les
Veigié de Lespigny.
- la chapelle Saint Sébastien aux
Frasses: a disparu également, elle
appartenait à la famille Martinet, des
Frasses en 1689.
- la chapelle Sainte Anne à
Rubaud : en assez bon état en 1689, elle
avait été fondée en 1602 par demoiselle
Françoise de Cojonay, femme de Jean
de Regnaud seigneur de Chaloz.
- la chapelle Saint Grat dans le château de Rubaud: fondée en 1667 par
noble François de Clermont baron de
Saint Cassin seigneur de Ribaud, elle
existe to ujours.
Les châteaux de Coise
Coise eut deux seigneuries importantes: le Puits et Ribaud (actuel Rubaud).
Le fief du Puits: le fief de Puteo
apparaît dans les textes en 11 93 avec
Guigues du Puits . L'enceinte de ce château était très importante. Au X Ille s.
une branche de la famille prend le titre
"des Echelles du Puits", et les d'Escalette du Puits s'installent dans cette
enceinte féodale. Puis la maison forte
passe au XVIe s., après les Manuel du
Le château du Puits (cliché B. Baudouy).
Puits, à Michel de Sonzier, tandis que
d'autres biens parviennent aux Veigié de
Lespigny . Les Sonzier vendent leur part
au couvent de la Visitation de Rumilly ,
et les Ducoudray les achètent en 1793.
Vers la même époque Antoine de Gallis,
de Villardizier, hameau de Chamoux,
achète les biens de Hyacinthe Veigié de
Lépigny. Son beau fil s vend en 1842 le
château du Puits au baron Hyppolythe
d'Alexandry d 'Orengiani. Cette famille
ayant pu réunir en 1864 la totalité des
biens sis dans l'enceinte du Puits, conserva la viei lle tour de Lépigny, et inclut
la deuxième tour dans une agréable maison modernisée à la fin du XIXe s .
473
Le château de Rubaud
Ribaud, l'actuel Rubaud, a abrité
deux grandes dynasties seigneuriales :
les noples de Cuyne, de Saint Etienne de
Cuines, puis les Clermont. La famille de
Menthon d'Aviernoz leur a succédé en
1751 après le mariage de Jeanne Bapti ste de Clermont Mont Saint Jean, dernière du nom, avec Antoine de Menthon comte d ' Aviernoz.
Certains documents laissent à penser
que l'enceinte féodale primitive avait
250 m de long et ren fermait au moin s
.....
Châleau de Rubaud (cliché B. Baudouy).
L'édifice actuel, s'il possède encore
des parties anciennes (XVe s. ), a été
rebâti vers 1840 par le Général Charles
de Menthon d'Aviernoz.
Longemale
Construite en 1667, cette maison
appartint aux nobles de La Roche. L'un
d 'entre eux était en 1730 seigneur de
Coise et de la maiso n forte du Puits.
Lors de la vente des biens nationaux,
Longemale fut acheté par un notaire de
Chateauneuf, M. Savey, et la dernière
descendante des Savey épousa Simon
Pierre Cot, qui fut maire de Coise
jusq u'à sa mort en 1887, premier d 'une
lignée de quatre maires de la commune.
Les Frasses et la roure des rrailles
La Tour de LépigllY
deux maisons fortes ou tours: Ribod et
Montfort. Montfort n'est plus qu ' un
lieu dit , et n'existait déjà plus quand
Ribod fut incendié en 1597 par le maréchal de Lesdiguières. Montfort était de
la mouvance des seigneurs de La Chambre, mais était apparemment démoli en
1470 sous Jean 1" de Cuyne seigneur de
Ribod.
474
A Coise, comme dans le reste du canton, les chemins les plus anciens sont
ceux situés sur les hauteurs, et deux routes parallèles dominent le pays, reliées
par des chemins transversaux: celle de
Montraillant ou Montmayeur, dite
route des seigneurs, vers Villard Sallet,
qui était aussi la route des marchands et
des pélerins, mais n'a pas survécu à la
ruine du château et du village de Montmayeur, sous François 1" en 1538. Et la
route des trailles, qui va de Planaise à
Chateauneuf par Rubaud, le village fortifié des Frasses et le Puiset. Elle tire son
nom de son rôle d ' union entre les châteaux et maisons fones chargées de survei ller la traversée des îles, les passages
de l'Isère au moyen de bacs à trailles, les
trailles étant un système de poulies
reliées au bateau passant sur un câble
tendu à travers la rivière.
Aux Frasses on est en présence d'un
village fortifié rectangulaire à rue centrale d'environ 112 mètres sur 33 m de
large, commandé par une maiso n forte
à deux tours, remaniée vers 1850 par
Gabriel de Launay, et qui a succédé à
une tour appartenant vers 1588 au sieur
de La Fontaine, seigneur engagiste de
Pontamafrey, créancier du marquis de
La Chambre, et en 1689 à l'avocat Perret. En 1900 cette maison était habitée
par M. de Rubin de Ce~vins, juge de
paix, et fu t ventlue plus tard aux actuels
propriétaires.
Histoire de Saint Jean Pied Gauthier
Cette paroisse mena une vie séparée
jusqu'à son union à Coise sous la Révolution.
Elle tirait so n nom du château du Puy
Gautier, qui survei llait du haut de son
mollard la vallée du Coisin, et donna
so n nom à une fami lle citée dès 1221.
On peut supposer qu'il y eut ici, comme
au Pu its et à Ribod, un véritable camp
fortifié qui s'étendait jusqu'au Puiset. Il
en reste la Tour de Loze.
C'est un donjon quadrangulaire
assorti d'un corps de bâtiment. Depuis
le X Ille s. on connaît les familles qui s'y
sont sucédées: d 'abord les Gautier,
jusqu'en 1410, lorsque leur dernière
héritière Isabelle de Pié Gautier testa en
faveur des Villette (Villette La Couz et
Chevron Villette), auxquels succédèrent
vers 1520 les More ou Maure, qui la
léguèrent en 1773 au marquis d' Arvillard. Celui-ci la céda presque aussitôt à
Pierre de Vigne!. La Tour passa ensuite
La tour de Loze, aujourd'hui propriété du
Dr Vermorel (cliché B. Baudouy).
à un habitant de la Chavanne, dont le
gendre la vend it à un médecin chambérien. La tour tire son nom de Françoise
Loze, épouse du premier More, anobli
en 1597 : Henri. Leur dernier descendant épousa Marie Fichet, parente de
Guillaume Fichet, recteur de l'Université de Paris en 1467 et introducteur de
l' imprimerie en France, auteur d'une
hi sto ire de Savoie.
Puy Gauthier et le Monnet firent partie de la seigneurie de Montchabod , tandis que Ventonnex appartenait au comte
de Saint Pierre.
Le Monnet
Bien transformée, voici l'ancien ne
maison forte du Monne!. En 1250
Richard de Munetis vit à la cour du
comte de Savoie Amédée au château
comtal du Bourget du Lac , pui s, du
XV Ie s. à 1675 elle passe aux Montchabod, auxq uels succèdent jusque vers
1758 les Chabod marquis de Saint Maurice , avant de devenir propriété de Jean
Antoine Monet et du notaire Vernaz.
Actuellement on se trouve en présence
d ' une massive construction quadrangulaire à trois niveaux, avec de vastes combles qui servirent de séchoi rs à tabac, et
quelques vest iges anciens. Le Monnet
475
fut incendié en 1481, lors de la guerre
civile provoquée par Louis XI (et qui vit
la destruction de la tour de Chateauneuf). Jean de Montchabod était chatelain du château d ' Apremont, fief des
Montmayeur, qu'il défendait contre la
faction de Louis de La Chambre . Ce
dernier incendia le Monnet, avant de
prendre Apremont.
L'église de Saint Jean Pied Gauthier
Dédiée à Saint Jean Baptiste, elle fut
restaurée dans le style goth ique f1 am-
Jean Antoine Monet
Penchons-nous un instant sur la vie
aventureuse de Jean Antoine Monet. Né
en 1703 à Chambéry, ce fils d 'un ancien
intendant du Chablais et de Suse entra
jeune dans l'armée. Initié par son protecteur, le ministre sarde d 'Orméa, à la
diplomatie, il devint précepteur du
prince Adam Czartoriski, puis général
major dans l'armée du roi de Saxe. Il fit
à Varsovie la connaissance de Madame
de la Fayarderie, veuve du résident de
France en Pologne, chargée par le
comte de Broglie d'un rôle diplomatique officieux . De retour en France, ils
se marièrent en 1755, et Monet devint
informateur des questions polonaises
auprès du gouvernement français . En
1763 il retourne en Pologne comme consul, après la mort d'Auguste III, favorisant le candidat des Czartoriski, Stanislas Augu ste Poniatowski, qui fut promu
roi avec l' appui des Russes. En 1767, on
le trouve chef du secret de Louis XV et
ambassadeur de France en Pologne,
toujours lié avec Broglie et le duc
d'A igui ll on. Largement pensionné
après la mort de Louis XV, il est fait
comte de Monet par Louis XVI, et voit
ériger en seigneurie du Monet les terres
achetées à Saint Jean Pied Gauthier en
1758 à Henri de Chabod marquis de
Saint Maurice. Il meurt en 1795 à 92 ans
après une vie d'aventures diplomatiques.
Outre ces deux anciennes maiso ns
fortes, Saint Jean présente plusieurs
intérêts sur le plan archéologique: son
église et trois hameaux.
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La tour du Monel (cliché B. Baudouy) .
boyant par les seigneurs de Montchabod
aux alentours de 1481. Elle est à peu
près intacte. Le choeur, d'une travée,
clos par un mur polygonal, ouvre sur
une nef de deux travées, sur laquelle se
greffent deux chapelles carrées, celle du
sud portant le clocher. Le portail
d'entrée est surmonté, dans le tympan,
d'une statuette en ronde bosse de Saint
Jean Baptiste. Jean 1" de Montchabod
avait le premier décidé d'être enterré
dans la chapelle Saint Jacques qu'il y
avait fa it bâtir , puis son fil s, Jean II, la
fit refaire, agrandir. On lui doit la
façade qui date de 1481 et un retable
d'autel. En 1571 elle renfermait des reliq ues de Saint Jean Baptiste dans un bras
de bois peint, et avait deux chapelles:
Saint Christophe et Sainte Barbe, Sain t
Jacques et Sainte Catherine, fondées en
1420 et en 1456, toutes deux du patronage des seigneurs du Monnet. En 1717
le curé fit édifier la sacristie, caronner
de briques la nef, refaire les vitres et
reblanchir tout l'édifice. Le clocher fut
reconstruit en 1823. Cette église gothique passait pour un mod èle du genre, et
l'on vit en 1522 Jean Annibal seigneur
de Chevron, Arvillard, les Mollettes,
souhaiter être enterré dans sa chapelle
d'Arvillard, au lieu dit La Croisette,
sous les vocables des Saints Fabien
Sébastien et Roch, où son héritier universel devrait faire faire une église "à la
forme et similitud e de celle-ci".
Les hameaux du Mollard,
de la Cave et de Ventonnex
Le Mollard est un très vieux village .
Sa ruelle rectiligne est bordée de vieilles
maisons serrées les unes contre les
autres. On pense qu'il s'agit de l'ancien
centre d'exploitation du domaine des.
religieuses du Betton, et qu'il était cu l- '
tivé par des frères convers de l'abbaye
de Tamié. Plus tard ces terres furent
louées el vendues et le hameau déserté.
En 1910 quatre familles d'agriculteurs y
vivaient, el en 1970 un seu l viei l homme,
mais depuis de jeunes ménages s'y sont
installés et le font revivre. La porte de
l'écurie de M. Genin, de style gothique,
porte la date de 1410. Est-ce l'ancienne
chapelle des frères cor;vers de Tamié ?
La Cave est aussi une ancienne terre
d'église dont les vignes ont disparu. Ce
hameau appartint aux More et à noble
de Montjoye seigneur de Planaise .
Quant à Ventonnex, primitivement
dénommé Ventenay, il faisait partie de
la seigneurie de Chambéry au temps de .
Berlion, descendant de Marie Maginier.
En 1327 il dépend des Eudes de Briançon, de Jean d'Aigueblanche et du seigneur de Montmayeur~ tous
co-seigneurs de Saint Pierre de Soucy,
qui vendent cette terre vassale du comte
de Savoie à Antoine de Clermont; déjà
seigneur de Sainte Hélène et d' Aiguebelle, résidant à Château Blanc à Saint
Pierre de Soucy, et le comte de Savoie
lui ajoute Ventenay. En 1792, Ventenay, affranchi depuis 1771, fut uni à
Saint Jean Pied Gauthier.
La vie économique depuis le X/Xe s.
Le clocher (cliché B. Baudouy).
Après des querelles entre les familles:
(en 1309 on verra s' unir les Montchaboud et Pierre du Puy Gautier contre
Guyonet de Chateauneuf et Humbert
du Monnet, si bien que le bailli de
Montmélian, Humbert de Luyrieux,
devra intervenir) et une vie bien indépendante, nos deux paroisses durent
apprendre à vivre de conserve, unies en
une même commune. Une partie du territoire a été unie à Chateauneuf en 1963,
mais on trouve ici 21 hameaux habités,
et une population totale de 672 habitants au recensement de 1975 .
En 1773 on cultivait le mûrier pour les
vers à soie, mais il disparut après la
guerre de 1914. Aussi la pomme de
terre, qui nourrissait largement les
familles, tandis que vigne et blé étaient
en régression. Le maïs y fut introduit en
1770. L'élevage des vac hes laitières y
477
étaient prospère. On sait qu'il y eut une
famine importante en 1790.
Une enquête agricole de 1865 montre
un terroir où l'on cu lti ve le lin et le
chanvre, et le tabac, introduit en 1863,
avec 246 agriculteurs , 30 domestiques et
20 fermiers. Le cheptel est important:
583 bovins, 196 moutons, 423 cochons
(dont 302 cochons de lait) 1748 poules,
25 chèvres et 72 chiens ... A la même
époque, on exploite une Source d'eau
minérale: l'eau de la Saulsaz ou de la
Saulce, dont l'eau était censée guérir le
goître et le crétin isme (en 1847 une
enquête médicale révèle 138 goîtreux et
crétins, parfois affligés des deux maux
ensemble pour 1534 habitants). M.
Dubouloz acquit cette source, qui
abreuvait depuis toujours les habitants
du hameau de Longemale, et fit bâtir en
1855 une petite maison, prenant un gardien qui fai sait payer l'eau . Ce fut le
Vue générale (cliché B. Baudouy).
478
départ de nombreuses contestations
avec les voisins. Puis, en 1889 les eaux
furent cédées à une société des Eaux qui
intensifia l'exploitation, organisa la
mise en bouteilles et la vente, non sans
nouvelles contestations. D'après un rapport du docteur Dubouloz à la commission de l'Exposition de Turin en 1858,
ces eaux étaient "très alcalines, très
riches en matières organiques azotées et
non azotées, avec une notable proportion d 'iodure de magnésium .. . très actives dans les cas de diathèses strumeuses,
scrofuleu ses et rachitiques". Elles émergeaient en trois points distants de 100
mètres les uns des autres au pieds de la
colline de Villard d'Hery, et n'étaient
pas captées, mais réunies dan s un puits
en ciment. Leur température était de
12 0 , et le débit total de 5.760 litres par
jour . La source est toujours là.
A peu près à la même époque Saint
Jean avait une Tuilerie, ouverte en 1831
par Gambazio Dominique, tuilier à
Laissaud, et dont l' milité venait de ce
que l'on était en train de généraliser la
politique de couverture des bâtiments
ruraux en tuiles ou ardoises , abandonnant le chaume de seigle trop sujet aux
incendies. En 1857, M. Bertoncini, propriétaire de fourneaux à briques à Saint
Jean demanda lui aussi l'autorisation
d'exploiter un filon de terre glaise. De
toute cette activité reste un lieu dit.
Avant la guerre de 1914, le 18 juin
avait lieu une foire où l'on négociait des
bestiaux et des marchandises diverses .
Actuellement la co mmune est toujours principalement agricole (un quart
de ses revenus). On fait encore un peu
de blé, le tabac, qui a connu son heure
de prospérité mais demande trop de
main d'oeuvre est en diminution, il n'y
a plus que dix planteurs. Par contre le
maïs est en expansion dans la plaine de
l'Isère et les communaux, communaux
qui ont ici un statut particulier. Tous les
terrains récupérés lors du diguement de
l'Isère sont des biens communs à vocation héréditaire, à condition d'en continuer l'exploitation, ils sont attribués
aux habitants de Coise - Saint Jean Pied
Gauthier co ntre une redevance au prix
officiel de la CGA actualisé.
A part une entreprise qui construit
des engins pour le damage des pistes de
ski, et une entreprise de maçonnerie
importante, on compte dans la commune une scierie , une fruitière, car le
nombre des bovins est en augmentation
(il est passé de 641 en 1955 à 854 en 1970
et 1622 en 1980), et de nombreux artisans. La Sociét é civile de la Fruitière de
Coise remporta une médaille de vermeil
en 1930.
La construction est en extension,
mais la comm une a su éviter le piège des
loti ssements: on est ici en présence
d'une construction sur des terrains
familiaux, et de retours aux pays natal.
51 "70 de la population se situe dans les
tranches d'âge de 20 à 64 ans. Et sur 230
actifs, 42 % sont sujets à ce que l'on
appelle les migrations alternantes:
c'est-à-dire qu'ils résident ici mais travai llent sur une autre commune du
département.
Coise Saint Jean Pied Gauthier, qui a
su réaliser une fu sion harmonieuse, est
une commune agréable, qui se classe
très bien dans le canton : 2' en superficie, 1m pour la démographie et au 3'
rang pour le potentiel fi scal.
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