quels risques? - Fetus For Life
Transcription
quels risques? - Fetus For Life
LLE_102_DOC_DOM 18/02/08 15:58 Page 44 santé De plus en plus de femmes universitaires et engagées dans des carrières à responsabilités connaissent des grossesses à risques. Entretien avec le professeur Corinne Hubinont qui dirige le service d’obstétrique aux Cliniques universitaires Saint-Luc. PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE RAES PHOTO FRANÇOIS DE HEEL Lors du Women Forum qui a eu lieu à Deauville en octobre dernier, vous avez jeté un pavé dans la mare en expliquant devant un parterre d’« executive women » combien profession à responsabilités élevées et grossesse ne faisaient pas bon ménage... Cela peut paraître un peu provocateur mais c’est une réalité médicale. On constate désormais que, pour une série de raisons, les grossesses des femmes à grandes responsabilités professionnelles représentent une nouvelle catégorie à risques, inconnue il y a encore trente ans et bien réelle aujourd’hui. C’est une réalité qui n’est pas facile à faire accepter aux femmes qui font carrière bien que, intuitivement, elles savent qu’assurer la double responsabilité de leur fonction professionnelle et de leur grossesse sera une mission très difficile. Quelles sont les causes de ces grossesses plus difficiles ? Elles sont multiples : la difficulté de concilier vie de famille et carrière professionnelle pousse un nombre croissant de jeunes femmes à postposer la venue de l’âge de la première grossesse. Après 35 ans, outre les problèmes de stérilité, on observe plus de complications fœtales (grossesses multiples,...) et maternelles (diabète de gestation, prééclampsie). Le risque de stérilité amène ces femmes à faire appel à la procréation médicale assistée, ce qui accroît le risque de grossesse multiple et de prématurité. En plus, d’autres facteurs de risques existent chez les femmes qui ont des postes de dirigeantes : la durée des heures de travail, la présence d’un tabagisme actif ou passif, une obésité préexistante associée à une hygiène alimentaire inadéquate, les voyages fréquents, le manque de repos et enfin, le stress. De quelle manière le stress peut-il influencer négativement la santé et de la mère et de l’enfant ? Le stress est un facteur de risque bien établi dans l’hypertension artérielle et ses effets à travers la sécrétion de cortisol ou d’adrénaline qui peut entraîner un risque accru de fausses couches précoces, de retards de croissance et d’accouchements prématurés. Récemment, l’effet direct du stress sur le fœtus a été rapporté dans une étude britannique qui montrait que le taux de cortisol dans le liquide amniotique de mères stressées était plus important que dans celles qui ne l’étaient pas. Si l’effet aigu de la cortisone n’est pas mauvais, l’effet chronique – et le stress est un mécanisme chronique – peut, lui, avoir des effets néfastes. Vous avez évoqué comme cause de complications l’âge plus tardif auquel ont lieu les grossesses des femmes qui ont des responsabilités élevées en entreprises mais également le fait que ces femmes, en particulier, souffrent de maladies d’hommes... Ces maladies d’hommes comme le cancer du poumon (lié au tabagisme), les maladies cardiovasculaires et l’obésité apparaissent désormais également chez des femmes qui ont des modes de vie similaires à celui des hommes. Les « executive women » doivent faire face à un stress plus important, ont souvent des horaires très irréguliers, ont tendance à très mal se nourrir et n’ont pas tellement le temps de faire du sport malgré l’image de « super women » que l’on donne d’elles... Le mode de vie des « executive women » peut également avoir des conséquences après l’accouchement ? L’allaitement maternel joue un rôle fondamental. Pour la maman, il diminue les risques de cancer du sein – bien que le fait d’avoir des grossesses âgées augmente le risque de cancer du sein – mais c’est un point positif dans une problématique multifactorielle. L’allaitement a d’autres avantages. On sait qu’il diminue les maladies liées à des troubles de l’immunité, comme la maladie de Crohn ou certaines formes de diabète précoce. Et bien sûr, l’allaitement donne à l’enfant une immunité pendant sa première année puisque la maman va donner ses propres anticorps à travers l’allaitement. GROSSESSE ET CARRIÈRE QUELS RISQUES? 44— —