Dossier de presse - Festival International du Court Métrage à

Transcription

Dossier de presse - Festival International du Court Métrage à
TRANSAMERICA
FESTIVAL DU CINÉMA AMÉRICAIN DE DEAUVILLE 2005 : Prix du scénario
TRIBECA FILM FESTIVAL 2005 : Felicity Huffman, Meilleure actrice
GOLDEN GLOBES 2006 : Felicity Huffman, Meilleure actrice dans un drame
OSCARS® 2006 : Felicity Huffman, nommée pour la Meilleure actrice
BAC FILMS
présente
TRANSAMERICA
Un premier film écrit et réalisé par
DUNCAN TUCKER
avec
FELICITY HUFFMAN
KEVIN ZEGERS
ELIZABETH PEÑA
FIONNULA FLANAGAN
GRAHAM GREENE
Durée : 1h43
SORTIE LE 26 AVRIL 2006
Distribution
88, rue de la Folie Méricourt 75011 Paris - Tél. : 01 53 53 52 52 - Fax : 01 53 53 52 53
www.bacfilms.com
Relations presse
Céline Petit / Alexis Delage-Toriel
40, rue Anatole France 92594 Levallois-Perret cedex - Tél. : 01 41 34 23 50/20 32 - Fax : 01 41 34 20 77
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Le dossier de presse et les photos libres de droits sont téléchargeables sur www.bacfilms.com/presse et www.lepublicsystemecinema.com
SYNOPSIS
Bree travaille jour et nuit pour pouvoir payer l’opération qui fera d’elle
une véritable femme. Un jour, elle reçoit un appel téléphonique d’un
adolescent fugueur à la recherche de son père : elle ne tarde pas à
comprendre qu’il s’agit du fils qu’elle a eu autrefois d’une liaison sans
lendemain, alors qu’elle était encore un homme. Son premier réflexe
est de tirer une croix sur son passé et d’oublier sa transsexualité, mais
sa psychothérapeute lui explique qu’elle doit au contraire assumer cette
part cachée de son existence : elle ne lui délivrera d’ailleurs son autorisation d’intervention chirurgicale que si Bree accepte de rencontrer le
jeune homme...
NOTES
DE PRODUCTION
«
Est-ce que Bree apprécierait la série
“Desperate Housewives“ ?
C’est certain ! Il y a fort à parier qu’elle organiserait
des soirées thématiques «Desperate Housewives».
Elle pourrait même envisager de devenir blonde...
Felicity Huffman
»
Felicity Huffman sait choisir ses rôles et assumer son indépendance
d’esprit dans son travail sur scène, au cinéma et à la télévision.
Elle a co-fondé, avec William H. Macy et David Mamet, la troupe
new-yorkaise Atlantic Theatre Company. Elle a été citée plusieurs fois
aux Golden Globes et aux Emmy Awards pour les personnages de
femmes à poigne qu’elle a interprétés dans des séries télévisées telles que
“Sports Night“ et “Desperate Housewives“. On l’a également vue dans
LA PRISONNIÈRE ESPAGNOLE de David Mamet et MAGNOLIA de Paul
Thomas Anderson.
Avec TRANSAMERICA, c’est la première fois que la comédienne tient
le tout premier rôle dans un long métrage. Sa création du personnage
de Bree, transsexuelle aux idées conservatrices, témoigne avec brio de
sa capacité à entrer littéralement dans la peau et l’esprit d’un autre être
humain.
Le film s’ouvre sur un plan saisissant : une femme séduisante fixe la
caméra en faisant des vocalises. On comprend alors qu’il s’agit d’un
programme vidéo destiné à aider Bree à devenir une femme.
Cette toute première scène permet également au spectateur d’assister à
la transformation d’une star de série télé en un personnage méconnaissable dont le désir le plus cher est de passer désormais inaperçue.
Pour Duncan Tucker, auteur et réalisateur du film, «TRANSAMERICA est
subversif dans la mesure où le protagoniste est une femme transsexuelle,
alors même qu’il ne s’agit pas d’un film sur la transsexualité. En réalité,
il s’agit de l’histoire classique d’un parent, d’un enfant et de leurs liens
familiaux.»
Felicity Huffman, qui se vit offrir le rôle alors qu’elle effectuait une lecture
pour le pilote de “Desperate Housewives“, ajoute : «Duncan m’a dit, “ce
n’est pas un film qui parle de ce qu’il y a sous ta jupe.“»
Pour Felicity Huffman, son jeu était censé exprimer la notion d’aliénation et de mal-être.
Avait-elle le sentiment de se mettre en danger en acceptant le rôle ?
«Je n’ai pas eu le sentiment d’être en danger, mais j’avoue que j’ai eu
peur», reconnaît-elle. «Je n’ai pas cru que j’y arriverais. Je ne connaissais rien à la transsexualité. Comment une femme doit-elle aborder le rôle
d’un homme s’apprêtant à devenir une femme ? Suis-je d’abord devenue
un homme et me suis-je alors demandé comment, en tant qu’homme, je
pourrais laisser libre cours à ma féminité ?»
«Je crois que Felicity s’est montrée téméraire en jouant Bree parce qu’il y
a toujours un risque à être perçu sous un jour différent ou à être catalogué dans un emploi quand on joue un rôle tel que celui-ci», explique le
producteur Sebastian Dungan. «Mais je crois aussi que Felicity, en tant
qu’artiste, est fondamentalement honnête et qu’en tant qu’être humain,
elle adore relever des défis. Du coup, je ne pense pas qu’elle se soit
souciée de son image ou de son prestige. Elle a senti qu’il s’agissait d’un
rôle formidable et elle s’y est totalement investie.»
«Tout le monde est passé par là où est passée Bree : un sentiment
de timidité exacerbée, l’impression de ne pas être à sa place, la
volonté d’être perçue par autrui pour ce qu’on est vraiment, le besoin
de dissimuler sa véritable identité à ceux qu’on aime. Certes, les êtres
qui éprouvent une souffrance liée au trouble de l’identité ont une sensibilité décuplée, mais il s’agit tout de même d’une facette de l’esprit
humain. Ce qui est formidable, c’est que TRANSAMERICA n’est pas un
film à thèse, mais une œuvre dans laquelle chacun d’entre nous peut se
reconnaître parce que les combats qu’y mènent les personnages sont
authentiques et universels.»
Les auteurs de TRANSAMERICA savaient précisément quel genre
d’actrice ils souhaitaient pour Bree.
«Le choix de l’interprète était l’un des plus grands défis à relever pour ce
film», précise Dungan. «On nous a souvent conseillé de choisir un comédien, mais nous ne voulions surtout pas que Bree ait l’air d’un homme
habillé en femme. On s’est dit que ce serait trop difficile de faire passer
un homme pour une femme transsexuelle sans un appareillage prosthétique ou un maquillage coûteux et complexe.»
Bien que Bree soit interprétée par une femme, Felicity Huffman a dû
subir une transformation physique et émotionnelle radicale afin de se
préparer pour le rôle.
«Il m’a fallu comprendre la dimension physique du personnage», explique-t-elle. «J’ai rencontré deux femmes exceptionnelles, Andrea James
et Calpurnia Adams dont le parcours a inspiré le téléfilm “A Soldier’s
Girl“. Elles ne m’ont pas seulement parlé de leurs troubles de l’identité
sexuelle, mais aussi des enjeux physiques d’une telle démarche. Elles
m’ont servi d’anges gardiens tout au long du tournage.»
«On s’imagine souvent que les femmes transsexuelles ont une allure
étrange, et qu’elles sont un peu larguées entre masculinité et féminité»,
reprend Tucker. «C’est parce qu’on ne remarque que les transsexuels
chez qui le changement de sexe est ostensible. Or, en réalité, chaque
année des centaines de gens passent à l’acte et se fondent dans la
société de manière invisible.»
Pour que Felicity Huffman s’approche au plus près du comportement
d’une transsexuelle, et qu’elle en acquière la démarche, les intonations de voix, l’allure et les habitudes vestimentaires, la comédienne a
accepté de subir des transformations radicales.
Sa première question fut : «Quelles postures une femme adopte-t-elle
en se levant ou en s’asseyant ?»
«J’ai travaillé avec une formidable coach, Danea Doyle, qui apprend
aux transsexuelles à se comporter comme des femmes. Elle m’a tout
appris : comment marcher, lever les bras ou effectuer des gestes des
mains. Par exemple, les hommes ont les bras plus longs et les mains
beaucoup plus fortes que les femmes : pour dissimuler cette différence
physique, je gardais les coudes bien serrés contre moi et je repliais soigneusement mes mains l’une sur l’autre. J’ai aussi appris à me lever,
à marcher et à faire divers mouvements. Chose étrange, pour moi, il
s’agissait essentiellement d’apprendre à gagner en féminité.»
«Pour ma voix, je me suis entretenue avec Andrea James, qui apprend
aux transsexuelles à adopter une voix féminine», poursuit l’actrice.
«Le plus difficile, c’est la voix. Même si vous ressemblez à Kate Moss,
mais que vous avez la voix de James Earl Jones ou de Tony Curtis dans
CERTAINS L’AIMENT CHAUD, ça ne peut pas faire l’affaire. Bien entendu, Andrea n’avait jamais eu à travailler dans ce sens-là – autrement dit,
à faire en sorte qu’une femme prenne la voix d’un homme qui cherche à
avoir la voix d’une femme ! »
«Et puis, tout d’un coup, je n’ai plus eu envie de parler du tout. Je me suis
sentie tellement gênée en tentant de prendre cette voix mi-masculine,
mi-féminine, que j’ai préféré acquiescer de la tête ou sourire, l’air de
dire “comment ça va ?“ N’importe quoi plutôt que de parler...»
D’autres éléments comme la coiffure, le maquillage ou les costumes
ont contribué à la transformation du personnage.
Duncan Tucker s’explique :
«Je m’étais toujours dit qu’un maquillage extrêmement sophistiqué et très
féminin, peut-être un rien exagéré, ferait l’affaire. Notre maquilleuse,
Lynn Campbell, a travaillé sur “Sex and the City“, et Felicity a collaboré
avec elle de très près. On lui a accentué les traits du visage, pour l’amaigrir et faire ressortir ses pommettes. On a utilisé un fond de teint juste un
peu plus clair que ce qui convenait au teint de Felicity : c’était une façon
de montrer que Bree ne savait pas encore se maquiller.»
«Jason Hayes, qui a conçu les perruques de Hairspray à Broadway, a
accepté de nous fabriquer deux formidables perruques non synthétiques
pour seulement 10% du coût réel, parce qu’il croyait dans ce projet.
Autrement, nous n’aurions pas pu nous les offrir. Il a fini par arracher un
bon nombre de cheveux de la perruque, pour qu’elle ait vraiment l’air
de la chevelure d’un homme qui a décidé d’entreprendre un traitement
hormonal à la quarantaine.»
«J’ai demandé au chef costumier Danny Glicker de s’inspirer du
genre de vêtements qu’on commande par correspondance, parce que
je me disais que Bree était bien trop complexée pour sortir faire les
boutiques ; il s’en est donc tenu à des tons pastels et très féminins. Il
décida par la suite, d’un commun accord avec Felicity, que la couleur
préférée de Bree serait le mauve, qu’elle aimerait aussi le vert clair, le
beige et le rose, qu’elle porterait des foulards pour dissimuler son cou,
des vestes pour masquer sa corpulence, des robes longues pour rendre
ses jambes plus féminines : la seule préoccupation qui guide Bree dans
le choix de ses vêtements est de cacher sa masculinité.»
«Avant l’intervention chirurgicale proprement dite, une transsexuelle
doit pouvoir mener la vie d’une femme pendant un an minimum : c’est
à cette seule condition qu’elle obtient l’autorisation d’être opérée»,
reprend la comédienne. «J’ai donc demandé à tous les hommes qui
étaient là d’imaginer comment ils se sentiraient si du jour au lendemain
ils devaient porter une robe, du maquillage et des talons, et partir ensuite au travail, faire leurs courses ou aller à la banque. Peut-on seulement
s’imaginer à quel point c’est une expérience traumatisante ?»
«J’ai commencé à comprendre le parcours du combattant qu’endurent
les transsexuels. Lorsqu’ils sont suffisamment courageux pour affirmer
haut et fort leur identité, on les prend pour des monstres et on les exclut
de la société. S’ils ne le font pas, ils ont le sentiment de nier leur identité.
Quand j’ai commencé à me documenter pour le film, je me disais que les
transsexuels étaient des gens intéressants, mais un peu bizarres quand
même. À la fin du tournage, j’étais convaincue que les transsexuels sont
parmi les gens les plus courageux du monde.»
«Felicity a imaginé un ensemble de postures et d’expressions, ainsi
qu’une démarche et une voix, qui ont fait d’elle une tout autre personne», note le producteur Dungan. «Je me souviendrai toujours de la fois
où nous tournions à Phoenix, et où William H. Macy est venu sur le plateau avec leurs deux petites filles. La plus jeune n’a pas reconnu sa mère
totalement transformée en Bree et s’est mise à pleurer lorsque Felicity a
voulu la prendre dans ses bras. J’ai eu de la peine pour Felicity, mais j’ai
alors su que sa métamorphose était complète.»
La comédienne explique que cette transformation était si radicale que
le personnage de Bree subsistait encore en elle lorsqu’elle entama le
tournage de “Desperate Housewives“, deux semaines après la fin de
celui de TRANSAMERICA.
«Cela a été un choc culturel», reconnaît-elle. «Ma voix était devenue
un peu plus grave et, vers la fin du tournage de TRANSAMERICA, je ne
savais plus franchement si je devais aller aux toilettes chez les hommes
ou chez les femmes. En toute sincérité, quand je me retrouvais chez les
femmes, j’étais soudain prise de panique et je me demandais “Est-ce
que je ne me suis pas trompée ?... Si ! non ! Je ne suis pas censée être
ici, mais si bien sûr, puisque je suis une femme !“ En plus, je n’arrêtais
pas de répondre au nom du personnage de Marcia Cross qui n’est autre
que Bree... Dès que j’entendais un assistant du réalisateur dire, “Bree est
demandée sur le plateau“, j’arrivais en courant.»
«Les comédiennes doivent être belles à tout prix», conclut Sebastian
Dungan. «Mais elles veulent aussi des rôles intéressants et denses, et ce
qu’a fait Felicity dans ce film m’a fait pensé à la prestation de Charlize
Theron dans MONSTER ou à celle de Hilary Swank dans BOYS DON’T
CRY : ce sont là des exemples d’actrices qui ont pris des risques qui se
sont avérés payants. La manière dont Felicity s’est totalement investie
dans son personnage a vraiment suscité mon admiration. C’est elle qui
a eu l’idée de transformer sa voix, sa démarche et ses expressions, et de
s’entraîner avec de véritables transsexuels.»
«C’est également Felicity qui a eu l’idée de porter les sous-vêtements peu
confortables d’une transsexuelle, alors même qu’on ne les voit jamais.»
Quand le tournage a commencé, la principale difficulté, pour la comédienne, était de rester dans la peau de son personnage, mais elle
explique que le réalisateur lui a apporté une aide précieuse.
«Duncan était un vrai chien de garde», ajoute-t-elle. «Chaque fois que
ma voix redevenait aiguë ou que ma gestuelle redevenait naturellement
féminine, ou que j’oubliais la démarche de Bree, ou que je hochais la
tête d’une manière qui n’était plus tout à fait celle de Bree, Duncan me
le signalait.»
«Je dois dire que Duncan est un type courageux, parce que lorsque je ne
l’engueulais pas, en refusant d’admettre que j’avais relâché ma concentration, il se faisait engueuler par les producteurs qui lui disaient qu’on ne pouvait pas se permettre une prise supplémentaire tout simplement parce ma
gestuelle ne lui convenait pas totalement. Mais Duncan est un homme
tenace. Il a écrit le scénario, il aime le personnage de Bree, et quand je
ne la faisais pas vivre pleinement à l’écran, il se changeait en chien de
garde. Il fallait que je refasse la prise. Il me poussait dans mes retranchements. C’est extraordinaire d’être dirigé par un réalisateur qui ne se
satisfait pas de peu, et qui croit tellement en votre talent qu’il n’accepte
rien d’autre de vous que la vérité absolue et sans aucun compromis.
Je suis entrée progressivement dans la peau du personnage à mesure
qu’avançait le tournage, et du coup, ni mon mari, ni mon agent ne reconnaissaient ma voix quand je leur téléphonais. Mon mari a fini par me
demander de ne plus lui parler avec la voix de mon personnage. C’était
trop dérangeant.»
«Le film tire sa force des êtres dont il parle», explique le scénariste
et réalisateur Duncan Tucker. «J’ai choisi de faire un road-movie parce que je voulais parler de ces merveilleux personnages en les inscrivant dans le contexte d’une Amérique ordinaire et d’américains
ordinaires. Bree et Toby partent involontairement à la découverte
d’eux-mêmes tout en sillonnant le pays du nord-est au sud-ouest, et
l’immensité du territoire qu’ils parcourent reflète leur voyage intérieur.
Il est impossible d’écrire un tel scénario sans évoquer la tension propre
aux personnages et à leur situation. Mais Bree et Toby restent des êtres
pleins d’énergie et d’espoir. J’ai tâché de raconter leur histoire avec
rythme et humour, en en faisant un récit d’aventures où tout devient
possible.»
partis dans le nord de l’Etat de New-York : c’était magnifique et cela
m’a rendu nostalgique de la côte Est. Ensuite, nous nous sommes envolés pour Flagstaff, et c’est là que j’ai vécu les meilleurs moments du
tournage.»
Parce qu’il s’agissait d’un road-movie, la production s’est permis le
rare luxe de tourner le film presque entièrement dans la continuité.
«Au fur et à mesure que Felicity et Kevin apprenaient à se connaître,
Bree et Toby faisaient de même», précise le réalisateur. «Vers le milieu
du tournage, nous sommes partis en Arizona où les paysages donnent
une impression d’immensité et où le ciel est toujours bleu. C’était génial
de se retrouver dans ces décors magnifiques : le vaste désert de Chino
Valley, le Watson Lake dans les Granite Dells, un superbe ranch situé au
milieu des rochers près de Prescott, ou encore les falaises blanches de
Skull Valley sur la route de Old Senator. Nous y avons tourné ce qu’on a
appelé les “scènes de lune de miel“ de Bree et Toby, autrement dit les moments du voyage où les deux personnages commencent à s’apprécier.»
Mais en tournant en pleine Amérique rurale et ultra-religieuse, les producteurs craignaient que la thématique du film ne leur attire des ennuis. Sebastian Dungan a donc demandé à l’équipe de répondre aux
éventuelles questions qu’on leur poserait en disant qu’il s’agissait d’un
film autour du voyage d’une femme et de son fils à travers le pays.
«Ce n’était pas tout à fait un mensonge, mais pas toute la vérité non
plus», reprend Dungan. «Comme de nombreuses productions à petit
budget, nous avons dû compter sur l’hospitalité des églises et des associations qui louent leurs locaux à des tarifs peu élevés aux productions
qui s’en servent comme “aire de repos“ pour l’équipe à proximité du
plateau. J’ai été particulièrement inquiet la fois où nous étions dans une
église mormone, dans un bled en plein Arizona : c’est tout près de là
que nous tournions la scène où Toby agresse Bree après avoir découvert qu’elle a un pénis. Les régisseurs avaient pris soin d’installer des
panneaux appelant au respect de l’église – du genre «Interdiction de
jurer», «Interdiction de fumer» –, mais j’ai eu peur que notre équipe
new-yorkaise, un rien indisciplinée, n’oublie où nous nous trouvions.
À un moment donné, j’ai dû intervenir parce que quelques techniciens
faisaient les imbéciles avec les pénis prosthétiques dont on allait se servir
pour la prochaine scène. Il y avait une représentation du Christ sur le
mur. Je leur ai demandé de mieux se tenir.»
«Nous avons démarré le tournage à New-York», poursuit Felicity
Huffman. «C’était formidable parce que cela m’a donné l’occasion d’y
revenir. Quand j’étais débutante, je rêvais de tourner un jour un film à
New-York. Comme je fais partie de la troupe Atlantic Theater Company,
j’ai demandé à certains de nos membres de venir assister aux premiers
jours de tournage, simplement pour être bien sûre que je n’étais pas
complètement à l’ouest ou que je ne délirais pas. Puis nous sommes
Pour ces scènes, ainsi que celles précédant le dénouement du film – où
Toby découvre la véritable identité de Bree –, Felicity Huffman et Kevin
Zegers ont dû développer une relation complexe, faite de franchise et de
transparence. «Toby et Bree sont des personnages diamétralement opposés», explique le producteur Dungan. «Elle est conservatrice, ouverte
et très complexée physiquement. Lui est farouche, exhibitionniste et très
peu sûr de lui sur le plan intellectuel. Tous deux sont des solitaires, et se
méfient du monde environnant qui les a fait souffrir et stigmatisés. Ils se
sont retranchés du monde et se protègent, plutôt que de prendre le risque de souffrir à nouveau. La tension résultant de leurs différences et de
leurs ressemblances, ainsi que les concessions qu’elles sont amenées à
faire au cours du film, est au cœur de leur trajectoire.»
Kevin Zegers s’est battu pour décrocher le rôle de Toby.
«Il est difficile d’offrir un rôle à un jeune comédien», précise Sebastian
Dungan. «S’il est inexpérimenté et spontané, on ne sait jamais s’il aura
la maturité et la régularité de jeu qu’on attend de lui. Et s’il est trop
expérimenté, on se demande s’il saura jouer le côté brut du personnage.
Pour Toby, nous voulions un juste équilibre entre ces deux tendances, et
une fourchette d’âge bien précise.»
«Duncan tenait absolument à ce qu’on ne choisisse pas un comédien
plus âgé que son rôle, comme cela se fait très souvent, surtout à la
télévision où des acteurs de 28 ans jouent des lycéens. Quand notre
directrice de casting Eve Battaglia nous a montré des photos de Kevin,
on s’est d’abord dit “il est beaucoup trop joli garçon“. Mais Kevin et son
agent ont été tenaces. Kevin a connu pas mal de succès au début de sa
carrière, et il se trouve aujourd’hui à un moment crucial où il doit prouver
qu’il n’est pas qu’une jolie petite gueule. Il s’est enregistré et sa prestation
nous a bouleversés, par sa vulnérabilité et son âpreté. Bien plus, Kevin,
malgré son physique de rêve, a réussi à s’endurcir. Il était réellement
passionné par le rôle, son talent était incontestable et quand on a vu
qu’il pouvait se fondre dans la peau du personnage, il est devenu notre
premier choix.»
«J’ai visionné la cassette de Kevin et je me suis dit qu’il était extraordinaire,» se souvient Felicity Huffman. «Mais je craignais qu’il ne se
comporte en star, en étant arrogant et en retard, en ayant le trac et en
s’arrangeant pour bien faire savoir à tout le monde qu’il “s’encanaillait“
en jouant dans un film indépendant, et qu’il nous faisait une faveur en
y participant. Du coup, cela m’a soulagé quand j’ai vu Kevin arriver
aux répétitions, et qu’il était tout le contraire d’un jeune comédien insupportable et capricieux. C’est un gros bosseur, il est courtois, gentil,
attentionné et il a un véritable esprit d’équipe. Surtout, Kevin est très courageux, ce qui était très important pour le film. Il était prêt à se mouiller
et à prendre des risques. Nous avons passé six semaines ensemble, à
transpirer dans un vieux break sans climatisation, alors qu’on était en
plein Arizona où il faisait près de 38°, on s’est amusés comme des petits
fous.»
«Le personnage de Toby est un garçon qui a été maltraité, abandonné et
ostracisé toute sa vie», ajoute Duncan Tucker. «C’est le genre d’ado qui n’exprime pas ce qu’il pense et ressent, et qui a le plus souvent l’air absent – si
bien qu’on a envie de le secouer et de lui dire,“Qu’est-ce qui se passe dans
ta tête ?“ Il fallait un sacré courage pour jouer de manière si minimaliste, et un
sacré talent pour faire ressentir tant d’émotions, en fonction des contraintes
qui étaient les siennes.»
«Toby est un fardeau pour Bree, un obstacle sur sa route», poursuit Duncan
Tucker. «Il est le catalyseur qui la pousse à sortir de sa réserve et de la carapace qu’elle s’est forgée pour se protéger. A la fin, quand Bree se met à pleurer après son opération, ses larmes sont la récompense de tous ses efforts, le
trésor qu’elle aura retiré de son voyage.»
«C’est un film qui parle de thèmes éternels, comme l’estime de soi, l’amour
et les rapports humains», conclut Tucker. «C’est un film tendre sous une
apparence de brutalité. C’est aussi un film qui parle de valeurs familiales.
Nous avons tourné dans des lieux très conservateurs, comme l’Arizona ultrareligieux, avec ses cow-boys et ses chrétiens pratiquants. Et tout le monde
s’est montré intéressé par cette histoire, et ils nous ont même encouragés.»
«Je pense que ce film s’adresse à tous ceux qui se sont déjà sentis, une fois
dans leur vie, différents des autres et seuls, à tous ceux qui se sont aperçus
qu’il est difficile de devenir adulte. À tous ceux qui désirent aller vers les
autres. À tous ceux qui ont une famille de cinglés. À tous ceux qui aiment
voyager. À tous ceux qui savent que, au risque de souffrir ou d’être heureux
(c’est le rôle du cœur), la seule manière de vivre est d’ouvrir tout grand son
cœur.»
À PROPOS
DES TRANSSEXUELS
ET DE TRANSAMERICA
Il y a quelques années, je me suis lié d’amitié avec une femme
charmante qui m’a raconté, peu après notre rencontre, qu’elle s’apprêtait
à changer de sexe. Elle avait suivi plusieurs traitements : une électrolyse, une opération de féminisation du visage, plusieurs années de prise
d’hormones – tout sauf l’opération des organes génitaux. Avant qu’elle
ne se confie à moi, je ne m’étais nullement douté qu’elle n’était pas une
femme de naissance.
Sa vie avait été terriblement difficile. Sa famille et ses amis l’avaient
fait souffrir, puis rejetée. Elle se débattait entre sa solitude, les souvenirs douloureux de son passé et un avenir incertain. Et pourtant, elle
accompagnait chaque récit déchirant d’une histoire aussi drôle qu’
étonnante. Surtout, cette amie aspirait à une «vie normale». Son courage
et son sens de l’humour m’ont ému. Je me demandais si elle réussirait un
jour à voir son rêve devenir réalité.
C’est comme cela que le projet de TRANSAMERICA est né. Au cours
de l’écriture du scénario, j’en ai rencontré plusieurs autres qui avaient
subi – ou allaient subir – l’opération. Parfois, j’étais témoin d’une colère
que rien ne saurait apaiser. Le plus souvent, j’étais témoin d’un courage
extraordinaire et d’une grande beauté d’âme. Chez la plupart
d’entre elles – comme chez mon amie –, rien n’aurait pu suggérer
qu’elles n’étaient pas nées femmes.
Au cours de mes recherches pour le film, j’ai aussi rencontré plusieurs
garçons dans des situations semblables à celle de Toby. Mon court
métrage, “The Mountain King“ s’inspirait de mes discussions avec eux.
Pendant un semestre, j’ai enseigné le cinéma à des jeunes gens homosexuels et transsexuels, victimes de maltraitances, à la Harvey Milk School
de New-York. La plupart de mes étudiants s’étaient prostitués dès qu’ils
avaient quitté le lycée. Comme ces garçons, Toby souffre de troubles liés
à l’estime de soi. Il se hasarde à essayer des drogues dures. Il a du mal à
avoir des relations avec les adultes qui ne passent pas par le sexe. Il peut
être effrayant, mais il peut aussi s’avérer bouleversant.
Comme l’explique le docteur Spikowsky à Bree, au début de
TRANSAMERICA, la transsexualité est citée par le Manuel diagnostique
et statistique des pathologies mentales édité par l’Association Américaine de Psychiatrie. Cela a eu le double effet de donner un caractère
légitime à la transsexualité – elle fait l’objet d’un diagnostic médical – et
de stigmatiser la transsexualité comme maladie mentale. Je pense que
la transsexualité est une condition biologique, plutôt que psychologique,
mais qu’il s’agisse d’un état génétique, chromosomique ou du résultat
de circonstances particulières liées au développement du fœtus – je n’en
sais rien. J’estime que la transsexualité n’est PAS une maladie mentale,
même si, bien entendu, être transsexuel dans une société qui rejette le
phénomène entraîne des perturbations affectives très douloureuses.
Duncan Tucker
DEVANT LA CAMÉRA
FELICITY HUFFMAN (BREE)
s’est imposée comme une formidable actrice dramatique et comique. Elle
est actuellement à l’affiche de “Desperate Housewives“, la série culte de
ABC qui a reçu le Golden Globe de la meilleure série comique.
En 2004, elle inscrit son nom au générique de UN NOËL DE FOLIE, avec
Tim Allen et Jamie Lee Curtis, puis de FASHION MAMAN avec Kate
Hudson et John Corbett.
Sur le petit écran, on l’a vue dans le téléfilm “Reversible Errors“
avec William H. Macy, Tom Selleck et Monica Potter, ainsi que dans
les séries “Out of Order“, “Door to Door“ avec William H. Macy,
“Path to War“ avec Alec Baldwin et Donald Sutherland, “The Heart
Department“, “Harrison : Cry of the City“, “Quicksand“, “Heart of Justice“, etc. Elle est également apparue dans les séries “Chicago Hope“,
“X-Files“, “New York District“, “Bedtime Stories“, “Sports Night“,
“Demain à la Une“ et “Jules et The Golden Years“.
Membre fondatrice de Atlantic Theater Company, troupe «offBroadway», elle s’est notamment produite dans Dangerous Corner,
Shaker Heights et The Joy of Definitely Going Somewhere. On l’a également vue dans Oh Hell mis en scène par Greg Mosher au Lincoln Center, Boy’s Life sous la direction de William H. Macy et Speed the Plow
de David Mamet. Elle a décroché un Obie Award pour sa création du
personnage de Donnie dans Cryptogram de David Mamet.
Pour son rôle dans TRANSAMERICA, elle a remporté le Tribeca Film
Festival, le Golden Globe de la Meilleure actrice dans un drame et est
nommée aux Oscars® 2006.
KEVIN ZEGERS (TOBY)
interprète un jeune toxicomane qui se prostitue dans les rues de NewYork et rêve de rencontrer son père.
Avant TRANSAMERICA, il a campé le rôle de Terry dans L’ARMÉE
DES MORTS, remake du classique du cinéma d’horreur de George
A. Romero ZOMBIE : le film a engrangé plus de 27 millions de dollars
en un week-end. Après s’être imposé dans AIR BUD, Kevin a aujourd’hui
19 ans et rêve de rôles plus exigeants.
On l’a également vu dans le téléfilm “The Incredible Mrs. Ritchie“, aux
côtés de Gena Rowlands et James Caan. Le film a été cité plusieurs fois
aux Emmy Awards.
Il a depuis inscrit son nom aux génériques de MVP : MOST
VALUABLE PRIMATE, KOMODO, FOUR DAYS avec Colm Meaney et
William Forsythe, IT CAME FROM THE SKY, TREASURE ISLAND avec
Jack Palance et NICO THE UNICORN avec Anne Archer.
Kevin s’est également fait connaître auprès des téléspectateurs dans
la série “Smallville“, le téléfilm “Titan“ d’Aaron Spelling, “A Call to
Remember“ avec Joe Mantegna et Blythe Danner et le téléfilm familial
“Timeshare“, avec Nastassja Kinski et Timothy Dalton.
Il partage aujourd’hui son temps entre Los Angeles et sa ville natale, tout
près de Toronto.
FIONNULA FLANAGAN (ELIZABETH)
est née à Dublin où elle a grandi. Après des études théâtrales en
Irlande et en Suisse, elle s’installe à Los Angeles en 1968 où elle vit
avec son mari, le psychiatre Garrett O’Connor. On l’a vue dans de
nombreux films, tels que LES AUTRES d’Alejandro Amenábar, LES
DIVINS SECRETS, WAKING NED DEVINE et SOME MOTHER’S SON.
Elle s’est notamment fait connaître pour son interprétation dans JAMES
JOYCE’S WOMEN, où elle incarne les six femmes qui ont profondément
marqué l’écrivain. Elle est par ailleurs l’auteure et la productrice de cette
pièce de théâtre, adaptée par la suite pour le cinéma.
GRAHAM GREENE (CALVIN)
membre de la tribu Oneida, s’est fait connaître pour son interprétation du sage Kicking Bird dans DANSE AVEC LES LOUPS de Kevin
Costner (1990), qui lui a valu une citation à l’Oscar. Il a travaillé comme
ingénieur du son pour plusieurs groupes de rock avant de se tourner
vers le théâtre en Angleterre et à Toronto. Il a ensuite été l’interprète de
RUNNING BRAVE (1983), REVOLUTION (1985) de Hugh Hudson,
CŒUR DE TONNERRE (1992) de Michael Apted, où il campe un
policier enquêtant sur une affaire criminelle, MAVERICK (1994) et UNE
JOURNÉE EN ENFER (1995) de John McTiernan.
DERRIÈRE LA CAMÉRA
DUNCAN TUCKER
(SCÉNARISTE / RÉALISATEUR)
TRANSAMERICA est le premier long métrage de Duncan Tucker. Son
court métrage THE MOUNTAIN KING (2000) a été sélectionné dans plus
de trente festivals du monde entier et a été distribué aux Etats-Unis, au
sein d’un programme de quatre films intitulé BOYS TO MEN.
Il a publié une nouvelle, Many Fish, dans le magazine Ascent, et ses
photographies et tableaux ont été exposés à New-York à la Civilian
Warfare Gallery, à la Patrick Fox Gallery et à White Columns.
Originaire de l’Arizona, Duncan Tucker est diplômé de la New York
University.
BELLADONNA PRODUCTIONS
Au sein de Belladonna Productions, René Bastian et Linda Moran ont
produit SUE PERDUE DANS MANHATTAN d’Amos Kollek qui a remporté le prix de la critique internationale et le prix œcuménique au festival
de Berlin 1998. On leur doit aussi LONG ISLAND EXPRESSWAY (L.I.E).
de Michael Cuesta (Prix du Jury au Festival du Cinéma Américain de
Deauville 2002 et sélectionné au festival de Sundance), FIONA de Amos
Kollek (sélectionné à Berlin en 1999), SWIMMING avec Lauren Ambrose
(sélectionné à Rotterdam en 2000), BRINGING RAIN de Noah Burschel,
avec Adrian Grenier et JAILBAIT de Brett C. Leonard, avec Michael Pitt
et Stephen Adly Guirgis.
LISTE
ARTISTIQUE
Bree
Toby
Elizabeth
Margaret
Calvin
Murray
Sydney
Arletty
Alex
Bobby Jensen
L’auto-stoppeur
Mary Ellen
Dr. Spikowsky
Officier de police
Répétitrice voix
Fernando
Policier New-York
Serveuse Tennessee
Taylor
Petite fille
Père de Taylor
Kelly
Calpernia
Sandi
Melissa
Felicia
David
Sammy
Phoenix Lady
Policier Phoenix
Infirmier
Infirmière philippine
Wayne
Mlle Swallow
LISTE
TECHNIQUE
Scénario et réalisation
Produit par
Producteur exécutif
Producteur associé
Image
Ingénieur du Son
Montage
Décors
Musique composée et interprétée par
Costumes
Superviseur musique
Casting
Directeur de production
Coiffure et maquillage
Régisseuse d’extérieurs
Montage son
Felicity Huffman
Kevin Zegers
Fionnula Flanagan
Elizabeth Peña
Graham Greene
Burt Young
Carrie Preston
Venita Evans
Jon Budinoff
Raynor Scheine
Grant Monohon
Bianca Leigh
Danny Burstein
Craig Bockhorn
Andrea James
Maurice Orozco
Paul Borghese
Kate Bayley
Stella Maeve
Teala Dunn
Jim Frangione
Kelly O’Connell
Calpernia Addams
Sandi Alexander
Melissa Sklarz
Felicia Kittles
David Harrison
Forrie Smith
Elayne Stein
Amy Povich
Burton Elias
Cecy
Matt Young
Barbara Hubbard Barron
Duncan Tucker
Linda Moran
René Bastian
Sebastian Dungan
William H. Macy
Lucy Cooper
Stephen Kazmierski
Griffin Richardson
Pam Wise, A.C.E.
Mark White
David Mansfield
Danny Glicker
Doug Bernheim
Eve Battaglia
Elinyisia Mosha
Lynn Campbell
Michele Baker
Lou Bertini

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