La République (509 – 27 av. J.-C.)

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La République (509 – 27 av. J.-C.)
François LAFRENIÈRE
GRÈCE ET ROME (332-300-SF)
VII. Le monde romain : La République (509 – 27 av. J.-C.)
A. Les principales étapes
Introduction
La République est le nom d’une période de l’histoire romaine et d’un régime politique. Ce
régime politique s’installe progressivement à la chute de la Royauté (selon la légende en 509,
plus vraisemblablement vers 475 av.) pour s’achever avec l’instauration du Principat par
Auguste en 27 av. J.-C.
Le régime républicain établit la liberté (libertas) des citoyens et le consulat (2 consuls). On
supprime ainsi le regnum, soit le pouvoir unique et à vie de la Royauté.
L’esprit républicain. Le mot res publica = « la chose publique » ou « la chose de tous »,
marque la suprématie de l’organisation d’une politique commune à tous les citoyens sur la res
privata : « la chose privée » (Intérêt commun vs intérêt privé). Elle implique une organisation
déterminée par des règles de droit (excluant certains régimes comme la tyrannie ou
l’oligarchie), par la solidarité et l’union des citoyens dans une communauté. En d’autres mots,
l’intérêt particulier de chacun (res privata) est subordonné à l’intérêt supérieur de l’ensemble,
de la collectivité (res publica).
La formule SPQR. La souveraineté du peuple est affirmée dans la formule qui définit le
pouvoir républicain : SPQR : Senatus Populus Que Romanus = le Sénat et le peuple romain.
Le pouvoir républicain repose sur trois (3) organes essentiels et complémentaires : les
magistrats, le Sénat et le peuple. L’idéal supposerait l’équilibre de ces trois organes.
Malheureusement, le pouvoir de l’oligarchie sénatoriale prime sur celui du peuple. L’esprit
républicain réclame une abnégation de la part des élus, qui sont les simples mandataires des
citoyens. Dans les faits, la liberté du peuple sera confisquée par quelques ambitieux dont la
soif du pouvoir personnel conduira la République à sa ruine au Ier s. av. J.-C.
2015-12-07
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1. Les conflits entre patriciens et plébéiens
› Revoir les notes du bloc V de notre cours : Notions de patriciens et de plébéiens à Rome.
L’histoire de Rome entre 509 et le milieu du IVe s. av. J.-C. apparaît comme une suite de
conflits entre patriciens et plébéiens. La plèbe se sépare à plusieurs reprises de la cité contrôlée
par les patriciens. C’est ce que l’on appelle : les sécessions de la plèbe. La première sécession
a lieu en 494-493 et aboutit à la constitution d’une sorte de cité plébéienne, avec la création
des tribuns de la plèbe.
La plèbe obtient des garanties :

Les tribuns de la plèbe sont au nombre de dix (10) et sont les défenseurs de la plèbe
qu’ils secourent. Ils peuvent s’opposer à toute décision d’un magistrat et convoquer la
plèbe pour faire voter des plébiscites. Ils jouissent d’une protection spéciale : la sacrosainteté.

La rédaction des lois. La première grande victoire de la plèbe est d’avoir obtenu la
rédaction et la publication de la Loi des XII tables par les decemvirs en 451-449. Ces
dispositions légales instaurent une égalité devant le droit (devant la loi). La Loi des XII
tables est affichée sur le Forum sur douze tables (i.e. des stèles inscrites). Elle fait
passer la coutume (mos) dans le droit public et fixe certaines formes de procédures
judiciaires. On passe ainsi du domaine du sacré à celui du droit (jus), rendu public et
égal pour tous. Les Romains considèrent cette loi comme la source de tout leur droit.

C’est en 367, avec les lois licinienne-sextiennes, que le principe du partage du consulat
entre un patricien et un plébéien est acquis, à la suite de graves crises intérieures. Ce
droit est peu à peu étendu aux autres magistratures et sacerdoces au cours des
décennies suivantes.
TITE-LIVE : LES MEMBRES ET L'ESTOMAC
Aux plébéiens retirés sur le mont Sacré, le patricien Menenius Agrippa raconta l'apologue suivant: « Au
temps où ne régnait pas encore l'harmonie dans le corps humain et où chaque membre avait sa libre
action, toutes les parties du corps s'indignèrent que tous leurs efforts n'aboutissent qu'à satisfaire
l'estomac, tandis que lui ne faisait que jouir des plaisirs qu'on lui donnait. Un complot fut fait : les
membres s'engagèrent à ne plus porter à la bouche les aliments, la bouche à ne plus les recevoir, les dents
à ne plus les broyer. Or, la conséquence de cette colère fut que le corps entier en vint à dépérir
complètement. Les membres virent alors que l'estomac remplissait des fonctions utiles et qu'il nourrissait
autant qu'il était nourri ».
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Après quoi, « montrant quel rapport il y avait entre cette rébellion du corps et la colère de la plèbe contre
les patriciens, Menenius apaisa les esprits. On s'occupa ensuite de la réconciliation. Le peuple obtint
d'avoir, pour le défendre contre les consuls, ses magistrats à lui dont la personne serait inviolable et dont
les fonctions seraient interdites aux patriciens ».
- TITE-LIVE, Livre II, XXXII-XXXIII.
2. La conquête de l’Italie (500-265)
Rome entreprend des luttes continuelles d’abord pour s’assurer une existence autonome et
assurer ainsi sa sécurité, ensuite pour assouvir un désir de conquête (impérialisme). La
péninsule italienne est une mosaïque de peuples. La péninsule italienne a été conquise sur
plusieurs fronts. La conquête de l’Italie est d’abord défensive, pour lutter contre les invasions
gauloises de Gaule cisalpine1. Au début du IVe s. av. J.-C., les Gaulois envahissent le nord de
l'Italie. En 391, ils se lancent à la conquête de la riche ville de Rome. En 390, grâce à leur chef
Brennus, ils s'emparent de Rome (bataille d'Allia), excepté le Capitole. Les Romains négocient
leur départ en échange d'une importante somme d'argent. Le sac de la ville de Rome marqua
les mentalités romaines durablement et furent à l'origine d'une animosité légendaire contre les
Gaulois.
La conquête de la péninsule italienne est ensuite organisée pour lutter contre les cités
étrusques, pour lutter contre les Samnites et enfin contre les cités grecques de Grande Grèce et
de Sicile. En 265, les Romains possèdent toute la péninsule, sauf la plaine du Pô située au nord
de l’Italie et la Sicile occidentale.
3. Les guerres puniques (264-146)
Carthage, ville d’Afrique du nord (en Tunisie actuelle) fondée par les Phéniciens s’était
solidement implantée en Méditerranée occidentale et y pratiquait un fructueux commerce à
longue distance. Rome et Carthage s’étaient toujours entendues d’un accord mutuel quant au
partage des affaires commerciales en Méditerranée. Cette bonne entente cesse toutefois au
cours du IIIe s. av. J.-C. au moment où débutent les Guerres puniques, trois guerres
successives qui se dérouleront entre 264 et 146 av. J.-C.
Les forces en présence : Rome est une armée de citoyens, et avant tout une armée de terre qui
devra vite développer sa marine. Son armée s’impose sur terre. Carthage est une armée de
1
i.e. la Gaule située de ce côté-ci des Alpes pour un Romain. La Gaule transalpine, située de l’autre côté des
Alpes, correspond en gros à la France d’aujourd’hui.
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mercenaires (regroupés par nations) et possède une des meilleures marines de son temps (150
à 200 unités).
L’enjeu principal de ce conflit est le contrôle de la Méditerranée occidentale. À terme, Rome
sortira victorieuse en prenant la Corse, la Sardaigne, la Sicile et la ville de Carthage dont on
ordonnera la destruction. L’empire carthaginois ne se relèvera pas de ce conflit (mais la ville
oui).
1ère guerre punique : La Sicile 265-249
Carthage paie une lourde contribution de guerre. Formation de la première
province romaine : la Sicile en 241.
2e guerre punique : L’Espagne, l’Italie puis l’Afrique 219-201
Les généraux carthaginois sont : Hamilcar Barca, chef punique, puis Hannibal.
Campagne d’Italie de 10 ans de 218-207.
En Afrique, victoire sur Hannibal du consul romain Scipion dit l’Africain
(Publius Cornelius Scipio Africanus) à Zama en 202. Ce fait d’armes lui valut
le cognomen d’Africain. Carthage livre sa flotte et ses éléphants, abandonne ses
possession hors d’Afrique, paie une lourde indemnité de guerre. Zama, site de
la Tunisie actuelle, emplacement exact inconnu.
3e guerre punique 155-146 « Delenda Carthago , Détruire Carthage !». – Caton
L’Ancien
Caton L’Ancien (Marcus Porcius Cato), personnage soucieux de préserver les
institutions républicaines et défenseur exemplaire de la vertu romaine. Il met en
garde le Sénat contre la menace que représente alors Carthage. Scipion Émilien
(Publius Cornelius Scipio Aemilianus), consul, en 146 prit Carthage assiégée et
détruisit la ville, puis célébra à Rome un triomphe.
4. La conquête de l’Orient grec (fin 3e s. – 1er s.)
Rome s’intéresse peu à peu et de façon prudente à la Méditerranée orientale et ce sans plan
préconçu. Elle agit d’abord en se mêlant aux conflits intérieurs au monde grec par le moyen de
la diplomatie. L’armée romaine ne franchira l’Adriatique une première fois que dans le dernier
tiers du IIIe s. av. J.-C. : guerres contre l’Illyrie (229-219). Ce n’est qu’à la toute fin du IIIe s.
que le Sénat républicain fera preuve d’une réelle volonté impérialiste dans la région.
Les interventions romaines dans les royaumes hellénistiques. Nature des interventions : par
la voie diplomatique, de façon progressive, dans un esprit défensif, sans esprit de conquête,
dans le but de rétablir l’équilibre à l’avantage de Rome. À la fin du IIIe s., le Sénat aura une
réelle volonté impérialiste : conquérir, puis administrer ces territoires.
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
Guerres de Macédoine (3) La première guerre de Macédoine (215-205) et le roi
Philippe V. Rome est alors forcée de s’impliquer directement dans un conflit contre le
royaume hellénistique de Macédoine. On doit noter que le général carthaginois
Hannibal s’était associé à Philippe V, ce qui ne manqua pas d’inquiéter les Romains.
La deuxième guerre de Macédoine (200-196). Le consul Flamininus vainc Philippe V à
Cynoscéphale (Thessalie) en 197 (Tite Live 33, 11-13 ; Polybe 18, 1-48). La troisième
guerre de Macédoine (172-168). Une plainte d’Eumène de Pergame adressée au Sénat
romain mène à la guerre. Victoire du proconsul Paul-Émile (Lucius Aemilius Paullus)
à Pydna en 168 contre le roi Persée (Polybe, 29,17 et Plutarque, Vie de Paul-Émile, 1023). Delphes, sanctuaire d’Apollon et monument de Paul-Émile (reliefs de la bataille).
Mettant fin à des soulèvements et à d’âpres combats, la Macédoine devient province
romaine en 148. En 146 la destruction de la ville de Corinthe marque la constitution de
la province d’Achaïe en Grèce propre.
> Atelier d’analyse d’un monument : Le monument commémoratif de Paul-Émile,
Delphes (168 av. J.-C.). Voir l’atelier distribué en classe.

Guerre contre le royaume séleucide d’Antiochos III. Après la défaite de Philippe V
et ses troupes, Antiochos III était devenu le nouvel homme fort de l’Orient
méditerranéen. On doit noter aussi que le général carthaginois Hannibal est présent à la
cour d’Antiochos, ce qui ne manqua pas d’inquiéter les Romains. En 190, l’armée
romaine dirigée par les Scipions (Lucius Cornelius Scipion et Scipion l’Africain)
(aidée des soldats du royaume de Pergame et de Rhodes) posera pour la première fois
les pieds en Asie pour affronter cette fois le monarque du royaume séleucide,
Antiochos III et le soumettre. Bataille et victoire de Magnésie du Sipyle en Carie (198)
et la paix d’Apamée en Phrygie (188). Rome imposa à Antiochos de sévères conditions
financières et territoriales (ne plus franchir le Taurus, réduire son armement, paiement
d’une lourde indemnité de guerre, otages issus de la famille royale à Rome).
L’annexion romaine définitive ne survient que par Pompée en 64 av. J.-C.

Annexion du royaume de Pergame d’Attale III. En 133 av. J.-C., le monarque
hellénistique de Pergame cédera son royaume en héritage au Sénat romain. Ce don
donnera naissance à la province d’Asie.

Annexion de l’Égypte des Ptolémées. En 31 av. J.-C., à Actium, la flotte d’Agrippa
met en fuite celle d’Antoine et Cléopâtre. Octave (le futur Auguste) est le seul maître
du monde. En 30 av. J.-C., Octave s’empare d’Alexandrie. L’Égypte devient province
romaine.
5. La personnalisation du pouvoir au Ier s. av. J.-C. et la crise de la fin de la
République
>Notion de guerres civiles.
Au cours du Ier s. av. J.-C., l’ambition d’individus riches et populaires l’emporte sur l’intérêt
de la collectivité et les structures de l’organisation politique républicaine. On assiste aux
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guerres civiles où la montée des généraux populaires (les imperatores) tels Marius, Sylla,
Pompée et César, puis de Marc Antoine et Octave. Le pouvoir devient de plus en plus
personnalisé, les instances politiques marginalisées, jusqu’à ce que César obtienne d’exercer la
dictature à vie.
Trois (3) causes des guerres civiles :

Richesses aux mains des dirigeants (conquérants) ;

Institutions politiques républicaines mal adaptées à la gestion d’un vaste empire ;

Ambitions d’individus riches et populaires qui s’accordent mal avec les valeurs
républicaines.
Marius (157-86)
Né à Arpinum Caius Marius est avant tout un soldat. Homo novus, il gravit peu à peu les
échelons de la carrière des honneurs (en -119, tribun de la plèbe ; en -116, préteur) et accède
au consulat en -107. Après sa victoire sur Jugurtha, il est de nouveau consul de -104 à -100 et
libère les peuples du sud de la Gaule des Cimbres et des Teutons. Membre du mouvement
populaire, dont il fut le chef le plus célèbre, il s'oppose à Sylla et aux aristocrates. Après un
exil en Afrique en - 88, l'année où Sylla est consul, il revient à Rome en l'absence de Sylla
(parti sur le front d'Orient) et se fait élire pour la septième fois consul. Marius reste surtout
l'homme d'une grande réforme militaire qui transforme l'armée romaine en armée de métier.
Sylla (138-79)
Patricien ruiné, Lucius Cornelius Sulla s'illustre dans la guerre contre Jugurtha, et dans la
guerre Sociale. Consul en -88, il est opposé au parti populaire auquel appartient Marius. Parti
en guerre contre Mithridate, roi du Pont, il ne peut empêcher Marius de reprendre Rome, mais
à son retour, en -83, il doit reconquérir la capitale par la force. Nommé dictateur, il est l'auteur
de nombreuses réformes constitutionnelles, qu'il impose par la force, au milieu de
proscriptions qui font de nombreuses victimes. À Sylla (et à Marius) s'attache le souvenir de la
première des trois terribles guerres civiles qui ensanglantèrent l'Italie. Cependant ses réformes
eurent le mérite de restaurer les institutions républicaines. Il se les appliqua à lui-même,
déposant sa dictature pour devenir consul en -80, avant de se retirer l'année suivante. On ne
sait pourquoi cet homme dur abdique en -79 alors que son pouvoir ne semble pas menacé. Il
meurt l'année suivante. Son épitaphe note ironiquement : « Personne ne fit plus de bien à ses
amis, personne ne fit plus de mal à ses ennemis ».
Portrait dressé par Salluste : « Sylla était noble, de race patricienne, mais d’une famille
presque entièrement déchue par la faute de ses ancêtres… Jamais la volupté ne put lui faire
négliger ses intérêts… Jamais ses succès ne furent supérieurs à son génie et l’on s’est souvent
demandé s’il devait plus à sa valeur ou à la fortune » (Bellum Jugurthinum, XCV, 3-4).
Sénèque dit de lui : « Laissons au nombre des choses non jugées la question de savoir quel
homme fut Sylla ». En 79, il se retira en Campanie, au milieu des colonies de ses vétérans et y
écrivit ses mémoires.
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Pompée (106-48)
Cnaeus Pompeius Magnus, Pompée, connut un destin hors du commun : issu d'une famille
noble, il s'illustre très tôt dans la guerre Sociale, puis contre les partisans de Marius en
Afrique. Sylla lui décerne alors le surnom de Grand (Magnus). Il mène également des
campagnes en Espagne, notamment contre Sertorius de -77 à -72. Consul en -70, il est chargé
en -67 de la lutte contre les pirates en Méditerranée, où il excelle, puis de la guerre contre
Mithridate. Il pacifie l'Orient et crée la province de Syrie. Avec Crassus et César, il forme le
premier triumvirat et épouse la fille de César, Julia. Maître de Rome tandis que César est en
Gaule, de nouveau consul en -55, il s'éloigne peu à peu de César et se rapproche des sénateurs
qui le chargent de rétablir l'ordre en Italie. Resté en Italie malgré sa nomination de proconsul
en Espagne en -54, il devient consul unique en -52, après l'assassinat de Clodius par Milon. En
-49, il s'oppose à un nouveau consulat de César, qui franchit le Rubicon (le Rubicon marquait
la frontière de l'Italie. Par ce geste, César entre dans l'illégalité). Pompée a du mal à résister à
César pendant la guerre civile et gagne la Grèce où César le bat à Pharsale, en août -48. En
fuite, il se réfugie en Égypte où il est assassiné sur l'ordre de Ptolémée XIV. Grand rival de
César, général charismatique, ce grand condottière illustre parfaitement la lutte que se livrent,
à la fin de la République, d'ambitieux chefs de guerre pour assouvir leur soif de pouvoir
personnel au mépris des institutions.
Jules César (101-44)
Caïus Julius Caesar (de la gens Julia, les Iulii) nous a laissé la paradoxale image d'être
reconnu comme le plus célèbre consul et général de la République et d'avoir sonné le glas du
pouvoir républicain en ouvrant la voie à la monarchie. Bien qu'issu d'une famille aristocratique
(qui prétendait descendre d'Énée), il est lié au mouvement populaire : sa tante a épousé Marius
et lui-même est le gendre de Cinna, successeur de Marius à la tête des populares. Dès avant 70, il est lié à Pompée et à Crassus avec qui il conclut une entente (appelée premier triumvirat)
à la veille de son consulat. Pontifex Maximus en -63, consul en -59, il part comme proconsul
en Gaule et entame en -58 la conquête qu'il décrit dans sa Guerre des Gaules. En -56, à
Lucques, il renouvelle son entente avec Pompée, également ambitieux, qui devient son rival
pour diriger l'État. Avec les troubles politiques qui agitent Rome dans les années -53/-50 et à
la suite d'un désaccord avec Pompée, César ne peut obtenir un second consulat en -49. Sommé
par le Sénat de déposer son commandement de gouverneur et de renvoyer ses soldats, il décide
d'entrer illégalement en Italie avec ses hommes. Le 10 janvier -49, il franchit donc la frontière
(que marque la rivière Rubicon. Un gouverneur ne pouvait la franchir sans avoir déposé son
commandement) et déclenche la guerre civile. Maître de l'Italie, il défait Pompée en Grèce à
Pharsale, en août -48, puis réduit l'opposition pompéienne en Afrique, à Thapsus (en -46), et
en Espagne, à Munda (en -45).
Consul, puis dictateur, enfin dictateur à vie, il est comblé d'honneurs et prépare une grande
action militaire en Orient pour avril -44 ; mais une conjuration symboliquement dirigée par
Brutus met fin à ses projets. Il meurt assassiné le 15 mars -44. La propagande de ses
adversaires lui attribuait le désir d'établir la royauté. Pour être calomnieuse, cette accusation
met en évidence l'état de délabrement des institutions républicaines. Nourri de philosophie
grecque, César a du pouvoir une conception qui s'est profondément modifiée depuis Caton, et
même depuis Sylla. Les grands chefs de ce siècle ont le sentiment que leur pouvoir est
prédestiné et voulu par les dieux. César se dit descendant de Vénus à qui il consacre un temple
sur le nouveau forum qu'il fait construire à deux pas de l'ancien. César fut aussi un
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remarquable administrateur, et, en peu de mois, lança de nombreuses réformes
institutionnelles et sociales, amorçant ainsi celles d'Octave-Auguste, son héritier.
Voir ensuite Octave (Auguste) dans le bloc IX du cours.
6. Partie à ajouter : L’impact des conquêtes sur la société romaine Voir : JERPHAGNON, L.
Histoire de la Rome antique : Les armes et les mots. Paris, Hachette, Littératures, 2002, p. 7984.
Sources :
BORDET, M. Précis d’histoire romaine, Paris, A. Colin, U. Histoire ancienne, 1991.
CELS ST-HILAIRE, J. La République romaine, 133-44 av. J.-C., Paris, A Colin, Cursus Histoire,
2005,
CHRISTOL M. et D. NONY, Rome et son empire : des origines aux invasions barbares, Paris,
Hachette, Histoire université, 1990.
GRANDJEAN, C., Le monde hellénistique, Paris, A. Colin, 2006.
HINARD, F. La République romaine, 3e éd. Paris, P.U.F., coll. «Que-sais-je ?», 1998.
JERPHAGNON, L. Histoire de la Rome antique : Les armes et les mots. Paris, Hachette,
Littératures, 2002.
KAPLAN, M., dir. Histoire ancienne tome 2: Le monde romain, Paris, Boréal, Grand amphi,
1995.
LE GLAY, M. et al. Histoire romaine, Paris, PUF, Premier cycle, 1991.
MARTIN, J.P. Histoire romaine, 2e éd. Paris, A. Colin, Collection U, 2010.
ROBERT, J.-N., Rome, Paris, Les Belles Lettres, 1999.
WATTEL, O., Petit Atlas de l’Antiquité romaine, Paris, A. Colin, 1998.