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point de vue
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Fabienne Rigal
Joan Martin, directeur général de Siemens Healthcare France
« Un besoin de visibilité
pour la biologie et
l’industrie »
Le monde de la biologie médicale est en pleine mutation :
regroupements et délocalisation, industrialisation,
automatisation, mais aussi standardisation par le passage
à l’accréditation. Joan Martin, directeur général de Siemens
Healthcare France, donne sa vision de ces évolutions et
détaille la stratégie de Siemens pour s’y adapter.
> Biologiste infos : Comment répond
Siemens à ces besoins en médecine
personnalisée ?
Joan Martin : Nous avons récemment
mis sur le marché une technique totalement automatisée qui permet l’extraction
rapide et fiable des ARN et/ou ADN des
cellules tumorales sur coupe de paraffine.
Elle permet de rechercher des mutations
au niveau d’oncogènes comme celle de
K-RAS dans le cancer colorectal, orientant
le médecin vers une thérapie très sélective.
> Biologiste infos : Quelles grandes avancées ont façonné la
biologie médicale de ces dernières années et que peut-on
attendre à l’avenir ?
Joan Martin : D’abord l’automatisation, qui assure une productivité
de très haut niveau, et qui a nettement amélioré la standardisation
Décembre 2012-Janvier 2013 ❘ Biologiste infos
© Siemens
> Biologiste infos : Quelles sont les spécificités du marché
français de la biologie médicale ?
Joan Martin : Le marché de la biologie médicale française a
longtemps été caractérisé par son grand nombre de laboratoires,
et par une forte implantation permettant une biologie de proximité.
Ce modèle se trouve aujourd’hui en forte mutation, tendant vers
l’industrialisation. Les laboratoires de quartiers se regroupent,
tout en gardant le patient au cœur de leur activité. Ce mouvement
de concentration nécessite des solutions, en particulier au niveau
de l’automatisation.
> Biologiste infos : Comment Siemens Healthcare Diagnostics
répond à cette évolution ?
Joan Martin : Siemens est leader dans le domaine de l’automation.
Nous avons répondu à ces besoins par des solutions d’automatisation, d’abord en chimie clinique et en immuno-analyse, puis
en hématologie et en hémostase. Avec WaspLab, nous sommes
également en train de proposer une solution totalement automatisée
pour la bactériologie.
Par ailleurs, quand on parle d’industrialisation, c’est Siemens.
Quand nous discutons avec un client, avant de commencer à parler
produit, nous parlons de ses besoins. Notre large portefeuille permet
de répondre à presque toutes les exigences. Un consultant analyse
la demande et propose une solution adaptée au client. Puis il passe
le relais au project manager, qui pilote l’installation chez le client.
Enfin, dans le secteur santé, Siemens investit plus de 9 % de son
chiffre d’affaires dans la R & D : le développement de produits
plus efficaces et plus productifs nous importe en priorité.
Enfin, la médecine personnalisée constitue
l’avenir dans les domaines diagnostique,
prédictif et surtout thérapeutique. Les
dépenses de santé passent aujourd’hui
majoritairement dans les traitements,
mais la prévention prend de plus en plus
d’importance. De nouvelles méthodes
d’analyse moléculaire voient le jour, assurant une meilleure prise en charge selon
les profils génétique et environnemental
du patient, ou permettant de dépister une
prédisposition.
et la traçabilité des processus de laboratoire. Notre nouvelle chaîne
de production Aptio illustre parfaitement la réponse de Siemens
à ces nouveaux besoins (voir ci-contre).
Ensuite, les domaines très spécialisés avec un potentiel de développement très important comme la biologie moléculaire, le
« point of care » (POC) et la médecine personnalisée.
En biologie moléculaire, la détection de la charge virale par les
techniques de RT-PCR a transformé le diagnostic et le suivi des
patients infectés par le VIH, mais aussi par les hépatites virales
C ou B. Couplée à des techniques de séquençage des génomes
viraux, la RT-PCR a permis une adaptation personnalisée des
traitements.
Quant aux techniques POC, des tests rapides, réalisables au lit
du malade, seront de plus en plus nécessaires pour prendre une
décision rapide et judicieuse sur la conduite à tenir.
Joan Martin, à la tête du
secteur Healthcare de Siemens
France depuis octobre 2010
Joan Martin a beaucoup voyagé professionnellement parlant, aussi bien géographiquement
qu’en termes de secteurs d’activité. Débutant
sa carrière internationale en 1992 chez Price
Waterhouse Coopers dans le département
Audit & Consulting, il l’a poursuivie dans le
domaine de la Direction financière chez TUI
Group en Espagne et en Amérique Latine,
puis chez lastminute.com en Angleterre et
en Espagne. C’est en 2001 qu’il débute dans
le domaine du diagnostic, chez Dade Behring
en Espagne puis en Turquie. Depuis 2007, il
a intégré Siemens Healthcare Diagnostics,
d´abord comme directeur du Sud-Est de l´Europe
et après comme directeur de la France et du
Benelux. Depuis 2010, Joan Martin est directeur
de l´ensemble du secteur Siemens Healthcare
France qui regroupe trois divisions, l’imagerie
lourde, la radiologie et le diagnostic.
Nous travaillons également à la mise au point sur nos systèmes
d’immuno-analyse actuels comme le Centaur, de biomarqueurs
spécifiques permettant d’assurer un diagnostic ou d’évaluer un
pronostic et donc d’appliquer la thérapie la plus appropriée.
Dans cet esprit, nous avons développé le dosage de deux biomarqueurs de la pré-éclampsie : le sFlt-1 (soluble fms like tyrosine
kinase 1) et le facteur de croissance du placenta ou PLGF qui ont
montré qu’ils pouvaient identifier de façon précoce les patientes
atteintes de cette pathologie.
Enfin, nous avons également mis sur le marché un marqueur
activateur des fibroblastes, et donc de la fibrose : la Galectine 3,
dont le rôle est très important dans l’insuffisance cardiaque.
> Biologiste infos : L’accréditation constitue-t-elle un frein
ou un accélérateur pour les nouveaux diagnostics,
et comment aidez-vous les biologistes dans
ce domaine ?
Joan Martin : L’accréditation n’est
ni un frein ni un accélérateur, c’est une
nécessité. Il est important d’identifier les
besoins et de bien évaluer le temps de mise
en place de cette réglementation. La plupart des pays d’Europe ont déjà introduit
cette obligation au sein de leur système
de santé, en particulier pour la biologie
médicale. Siemens, société implantée
dans le monde entier, est depuis plusieurs
années rodée à ces exigences. Nous avons
aussi développé des outils, en particulier
sur notre site Web, qui permettent à nos
clients d’avoir accès rapidement à toute
la documentation concernant le système
Siemens qu’ils utilisent, ainsi qu’à nos
procédures de validation technique. Nous
avons également passé des accords avec
une société spécialisée dans l’accréditation
des laboratoires pour les assister dans
leur démarche.
> Biologiste infos : Quelles sont les
conséquences de la réduction à venir
des remboursements ?
Joan Martin : La diminution incessante
des remboursements ainsi que les évolutions réglementaires
conduisent les laboratoires à se regrouper, dans un souci de consolidation et de gain de productivité. Des groupements d’achats,
sous différentes formes, se créent pour obtenir des fabricants de
meilleurs prix en échange de volumes d’activité plus importants.
Ce type de demande est en croissance exponentielle. Cela fera
inéluctablement baisser les honoraires, pour nous, les fabricants.
Ces baisses successives annoncées ont aussi entraîné des grèves
des biologistes les après-midi. Sur les JIB, nous avons opté pour
un stand moitié moins grand que l’an dernier, afin d’alerter les
institutions concernant les difficultés que rencontrent les industriels : l’industrie a besoin de visibilité (dans les prix, mais aussi
en ce qui concerne la centralisation), sans quoi elle ne peut pas
planifier ses activités. ■
L’Aptio automation,
nouveauté-phare de
Siemens présentée aux
JIB cette année, conserve
la philosophie de l’automatisation, en améliorant performance
et adaptabilité. Il sera commercialisable
au 1er janvier 2013.
Biologiste infos ❘ Décembre 2012-Janvier 2013

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