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18 19 point de vue point de vue Fabienne Rigal Joan Martin, directeur général de Siemens Healthcare France « Un besoin de visibilité pour la biologie et l’industrie » Le monde de la biologie médicale est en pleine mutation : regroupements et délocalisation, industrialisation, automatisation, mais aussi standardisation par le passage à l’accréditation. Joan Martin, directeur général de Siemens Healthcare France, donne sa vision de ces évolutions et détaille la stratégie de Siemens pour s’y adapter. > Biologiste infos : Comment répond Siemens à ces besoins en médecine personnalisée ? Joan Martin : Nous avons récemment mis sur le marché une technique totalement automatisée qui permet l’extraction rapide et fiable des ARN et/ou ADN des cellules tumorales sur coupe de paraffine. Elle permet de rechercher des mutations au niveau d’oncogènes comme celle de K-RAS dans le cancer colorectal, orientant le médecin vers une thérapie très sélective. > Biologiste infos : Quelles grandes avancées ont façonné la biologie médicale de ces dernières années et que peut-on attendre à l’avenir ? Joan Martin : D’abord l’automatisation, qui assure une productivité de très haut niveau, et qui a nettement amélioré la standardisation Décembre 2012-Janvier 2013 ❘ Biologiste infos © Siemens > Biologiste infos : Quelles sont les spécificités du marché français de la biologie médicale ? Joan Martin : Le marché de la biologie médicale française a longtemps été caractérisé par son grand nombre de laboratoires, et par une forte implantation permettant une biologie de proximité. Ce modèle se trouve aujourd’hui en forte mutation, tendant vers l’industrialisation. Les laboratoires de quartiers se regroupent, tout en gardant le patient au cœur de leur activité. Ce mouvement de concentration nécessite des solutions, en particulier au niveau de l’automatisation. > Biologiste infos : Comment Siemens Healthcare Diagnostics répond à cette évolution ? Joan Martin : Siemens est leader dans le domaine de l’automation. Nous avons répondu à ces besoins par des solutions d’automatisation, d’abord en chimie clinique et en immuno-analyse, puis en hématologie et en hémostase. Avec WaspLab, nous sommes également en train de proposer une solution totalement automatisée pour la bactériologie. Par ailleurs, quand on parle d’industrialisation, c’est Siemens. Quand nous discutons avec un client, avant de commencer à parler produit, nous parlons de ses besoins. Notre large portefeuille permet de répondre à presque toutes les exigences. Un consultant analyse la demande et propose une solution adaptée au client. Puis il passe le relais au project manager, qui pilote l’installation chez le client. Enfin, dans le secteur santé, Siemens investit plus de 9 % de son chiffre d’affaires dans la R & D : le développement de produits plus efficaces et plus productifs nous importe en priorité. Enfin, la médecine personnalisée constitue l’avenir dans les domaines diagnostique, prédictif et surtout thérapeutique. Les dépenses de santé passent aujourd’hui majoritairement dans les traitements, mais la prévention prend de plus en plus d’importance. De nouvelles méthodes d’analyse moléculaire voient le jour, assurant une meilleure prise en charge selon les profils génétique et environnemental du patient, ou permettant de dépister une prédisposition. et la traçabilité des processus de laboratoire. Notre nouvelle chaîne de production Aptio illustre parfaitement la réponse de Siemens à ces nouveaux besoins (voir ci-contre). Ensuite, les domaines très spécialisés avec un potentiel de développement très important comme la biologie moléculaire, le « point of care » (POC) et la médecine personnalisée. En biologie moléculaire, la détection de la charge virale par les techniques de RT-PCR a transformé le diagnostic et le suivi des patients infectés par le VIH, mais aussi par les hépatites virales C ou B. Couplée à des techniques de séquençage des génomes viraux, la RT-PCR a permis une adaptation personnalisée des traitements. Quant aux techniques POC, des tests rapides, réalisables au lit du malade, seront de plus en plus nécessaires pour prendre une décision rapide et judicieuse sur la conduite à tenir. Joan Martin, à la tête du secteur Healthcare de Siemens France depuis octobre 2010 Joan Martin a beaucoup voyagé professionnellement parlant, aussi bien géographiquement qu’en termes de secteurs d’activité. Débutant sa carrière internationale en 1992 chez Price Waterhouse Coopers dans le département Audit & Consulting, il l’a poursuivie dans le domaine de la Direction financière chez TUI Group en Espagne et en Amérique Latine, puis chez lastminute.com en Angleterre et en Espagne. C’est en 2001 qu’il débute dans le domaine du diagnostic, chez Dade Behring en Espagne puis en Turquie. Depuis 2007, il a intégré Siemens Healthcare Diagnostics, d´abord comme directeur du Sud-Est de l´Europe et après comme directeur de la France et du Benelux. Depuis 2010, Joan Martin est directeur de l´ensemble du secteur Siemens Healthcare France qui regroupe trois divisions, l’imagerie lourde, la radiologie et le diagnostic. Nous travaillons également à la mise au point sur nos systèmes d’immuno-analyse actuels comme le Centaur, de biomarqueurs spécifiques permettant d’assurer un diagnostic ou d’évaluer un pronostic et donc d’appliquer la thérapie la plus appropriée. Dans cet esprit, nous avons développé le dosage de deux biomarqueurs de la pré-éclampsie : le sFlt-1 (soluble fms like tyrosine kinase 1) et le facteur de croissance du placenta ou PLGF qui ont montré qu’ils pouvaient identifier de façon précoce les patientes atteintes de cette pathologie. Enfin, nous avons également mis sur le marché un marqueur activateur des fibroblastes, et donc de la fibrose : la Galectine 3, dont le rôle est très important dans l’insuffisance cardiaque. > Biologiste infos : L’accréditation constitue-t-elle un frein ou un accélérateur pour les nouveaux diagnostics, et comment aidez-vous les biologistes dans ce domaine ? Joan Martin : L’accréditation n’est ni un frein ni un accélérateur, c’est une nécessité. Il est important d’identifier les besoins et de bien évaluer le temps de mise en place de cette réglementation. La plupart des pays d’Europe ont déjà introduit cette obligation au sein de leur système de santé, en particulier pour la biologie médicale. Siemens, société implantée dans le monde entier, est depuis plusieurs années rodée à ces exigences. Nous avons aussi développé des outils, en particulier sur notre site Web, qui permettent à nos clients d’avoir accès rapidement à toute la documentation concernant le système Siemens qu’ils utilisent, ainsi qu’à nos procédures de validation technique. Nous avons également passé des accords avec une société spécialisée dans l’accréditation des laboratoires pour les assister dans leur démarche. > Biologiste infos : Quelles sont les conséquences de la réduction à venir des remboursements ? Joan Martin : La diminution incessante des remboursements ainsi que les évolutions réglementaires conduisent les laboratoires à se regrouper, dans un souci de consolidation et de gain de productivité. Des groupements d’achats, sous différentes formes, se créent pour obtenir des fabricants de meilleurs prix en échange de volumes d’activité plus importants. Ce type de demande est en croissance exponentielle. Cela fera inéluctablement baisser les honoraires, pour nous, les fabricants. Ces baisses successives annoncées ont aussi entraîné des grèves des biologistes les après-midi. Sur les JIB, nous avons opté pour un stand moitié moins grand que l’an dernier, afin d’alerter les institutions concernant les difficultés que rencontrent les industriels : l’industrie a besoin de visibilité (dans les prix, mais aussi en ce qui concerne la centralisation), sans quoi elle ne peut pas planifier ses activités. ■ L’Aptio automation, nouveauté-phare de Siemens présentée aux JIB cette année, conserve la philosophie de l’automatisation, en améliorant performance et adaptabilité. Il sera commercialisable au 1er janvier 2013. Biologiste infos ❘ Décembre 2012-Janvier 2013