140102 L`ARGENT, BON SERVITEUR ET MAUVAIS MAÎTRE

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140102 L`ARGENT, BON SERVITEUR ET MAUVAIS MAÎTRE
CAFÉ-PHILO
Jeudi 2 Janvier 2014
animation et synthèse : Kris
Lieux communs proposés au débat
1° Tout travail mérite salaire.
2° L'argent, bon serviteur et mauvais maître.
3° On a toujours besoin d'un plus petit que soi.
4° Qui va piano va sano.
Le thème choisi a été : L'argent, bon serviteur et mauvais maître.
La formulation de ce proverbe est critiquable. En effet, les termes de "serviteur" et
"maître" personnifient l'argent. De plus, les adjectifs "bon" et "mauvais" semblent indiquer un
jugement moral sur l'argent, c'est à dire sur une simple chose. Derrière ce proverbe, se trouve
un lieu commun qui peut se formuler autrement, par exemple : "Mieux vaut posséder l'argent,
qu'être possédé par lui. L'idée est que, non l'argent, mais le rapport qu'on peut avoir avec lui
peut être bon ou mauvais, c'est à dire avantageux ou nuisible à la personne ou/et à la société.
Cette idée est difficilement contestable, surtout concernant les mauvais usages de l'argent,
tellement les problèmes liés à l'argent sont criants : Les inégalités face à la richesse
(notamment les salaires abusifs) et les injustices qui en découlent (comme la corruption ou
l'inégalité dans le système judiciaire ou dans l'accès aux soins) révèlent le caractère nuisible
que peuvent avoir certains rapports à l'argent.
Contrairement à ce que semblent indiquer les mots "serviteur" et "maître", l'argent n'est pas
le sujet, mais une chose. C'est un moyen, pour être plus précis : un outil pour échanger des
valeurs jugées équivalentes. Tout est alors question de la façon dont les individus l'utilisent et
le perçoivent. Ce sont les comportements vis à vis de l'argent qui peuvent être bons ou
mauvais. Et justement, il faut avoir et garder une vision juste de ce qu'est l'argent. Si on voit et
utilise l'argent comme un moyen d'échange, il est alors un outil efficace, éventuellement un
"bon serviteur".
L'argent doit rester ce moyen et ne pas devenir un but en soi. Quand on confond le moyen
et la fin, on perd de vue les objectifs et leur remise en cause. C'est alors une course aveugle à
l'enrichissement qui n'apporte rien de bon à la personne ni à la société. Au contraire, elles y
perdent la chaleur humaine. Il ne faut pas non plus oublier que l'argent n'achète ni l'amour ni
l'attention. De plus, quand l'argent devient objet d'envie et de quête, cela conduit à la
concurrence et par là aux conflits. L'argent peut même devenir une drogue : plus on en a et
plus on ressent le besoin d'en avoir plus. Une autre perversion du rapport à l'argent est sa
personnification, voire sa déification. Ce n'est pas toujours l'argent en lui-même, mais plus
souvent l'économie, le commerce, voire le "libre échange", ou certains de leurs composants à
qui on voue un culte pour s'en accorder les faveurs. L'expression "Il faut rassurer les
marchés." est emblématique à ce sujet. Il faut garder à l'esprit que ni l'économie ni l'argent
n'ont le pouvoir et ils ne suivent pas de lois naturelles indépassables. L'argent n'est pas un
dieu, ni un roi, ni même un sujet. C'est un outil aux mains des personnes. C'est à elles de
choisir ce qu'elles en font. Elles peuvent même décider de s'en passer. L'humain est toujours
le maître possible. Il ne devrait pas s'auto-asservir à l'argent, car cela revient à se remplir de
biens ou d’argent pour oublier le vide de l’existence plutôt que de le penser.

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