DANS LE CIEL - Ecole de Journalisme de Toulouse

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DANS LE CIEL - Ecole de Journalisme de Toulouse
Trajectoires
Samedi 29 novembre 2014
Politique
Réforme
territoriale
Education
Blocus
au Mirail
Sciences
Philae, et
maintenant ?
International
Reconnaissance
de la Palestine
TURBULENCES
DANS LE CIEL
TOULOUSAIN
Dossier spécial sur la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac
L’hebdo de l’École de journalisme de Toulouse
#traj / sommaire
© Guillaume Almalech-Asmanoff
n International et national :
n Sciences et technologies :
La Palestine : reconnaissance au Parlement français p.4
Rififi en mer de Chine p.5
Burkina Faso : les prémices d’un Printemps africain ? p.6
Impôts : légère hausse pour l’agglomération en 2015 p.7
Philae: l’après-12 novembre Le beau label French Tech L’avion du futur n Dossier:
«Mayday! Mayday!» L’aéroport est à vendre
Le fantasme chinois...
L’Etat à la fois juge et partie
Interview d’Yves Crozet Face-à-face p.8
p.9
p.10
p.11
p.12
n Economie
43 millions pour 2 000 places en moins p.13
Droit aux urnes Carte des régions: retour à l’Occitanie «Podemos», la nouvelle donne Les contrats de tous les dangers pour Kader Arif
p.14
p.15
p.16
p. 17
n Société
Du soi pour un toit Occupons les logements vides
3 questions à Josette Privat ( restos du coeur)
p.18
p.19
p.20
n « On a testé » Les vers de farine
n Environnement:
De l’or pour les tueurs de champignons Sivens: infraction au code ! p. 21
p.26
p.27
n Education:
Le Mirail, Zad éternelle Ecoles d’Empalot, la colère s’intensifie Prostitution étudiante
p.28-29
p.30
p.31
n Médias:
TLT, le signal est brouillé
Top Chef m’offre une belle vitrine n Politique
p.22-23
p.24
p.25
p.32
p.33
n Sport:
Rugby: allez aux dames! Portrait de Toni Garcia
p.34
p.35
n Culture:
Toulouse en plein séquence de courts métrages La Brique ne se braque pas Mangabey, Toulouse touch Sorties/ Agenda
p.36
p.37
p.38
p.39
Dadoo: «Sage gosse» p. 40
n Portrait:
Débat inutile autour du
rachat de l’aéroport
Toulouse-Blagnac ?
Directeur de la publication : Bertrand Thomas
Directeur de la rédaction : Jean-Paul Bobin
Rédacteur en chef : Sylvain Labaune
Secrétaire de rédaction : Florent Le Dû
Responsable photos : Guillaume Almalech-Asmanoff
Chefs de rubrique : Lucile André (international & national),
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Liu (politique), Jonathan Sollier (société), Julie L’Hostis («On
a testé»), Lucas Serdic (sciences et technologies), Margaux
Panaye (environnement), Lucie Coquart (éducation), Maxime
Peyron (médias), Antoine Miailhes (sport), Olivier Levrault
(culture), Hugo Cisterne (portrait)
Photo de Une : Albert Marie
#traj / édito
La France a besoin d’argent frais, au point de se séparer d’un aéroport rentable. La vente annoncée en
juillet, des 49,9 % détenus par l’Etat, se négociera
entre 250 et 300 millions d’euros. Trois candidats
sont encore en lice avant la décision finale prévue
le 5 décembre. Raccourcis faciles et arguments
populistes ont hanté les débats. La privatisation
– vilipendée – des autoroutes par le gouvernement
Villepin, en 2006, résonne comme un écho. L’ombre chinoise a déformé le discours de certains élus
locaux, qui n’ont pas hésité à parler « d’espionnage
industriel » menaçant Airbus. Le hic, un des repreneurs potentiels, SNC-Lavalin, rassemble sous sa
bannière trois groupes d’investisseurs de l’Empire
du Milieu. Or, au pays du vent d’Autan, on ne touche pas au constructeur aéronautique européen
sans déclencher les foudres de l’opinion publique.
Occasion rêvée pour un petit coup de publicité, à
l’image des propos du président du Ceser, JeanLouis Chauzy, qui s’inquiète d’une perte de « la
mainmise française » sur l’aéroport. Si l’Etat a l’intention de vendre au plus offrant, de complexes
montages financiers lui fourniront la possibilité de
garder un œil sur les décisions stratégiques à venir.
Jolie pirouette, qui permettrait de récupérer les 200
millions d’euros investis par l’Etat dans l’aéroport,
en bénéficiant des 2,2 % de croissance annuelle.
Les derniers sons « aériens », entendus dans les
couloirs, parlent d’une offre indéclinable. Les
Chinois seraient prêts à mettre 50 millions supplémentaires sur la table, assortis d’une promesse
d’investissement dans la communauté urbaine.
De quoi convaincre les esprits les plus réticents.
Sylvain Labaune
#traj / france-monde
La Palestine en reconnaissance
au Parlement français
Ce vendredi 28 novembre,
l’Assemblée nationale commence
l’étude d’une proposition de
résolution sur la reconnaissance
d’un Etat arabe en Palestine.
Retour sur les enjeux de ce débat.
L
Interview
’Assemblée nationale avance divisée
vers le vote de reconnaissance de
l’État de Palestine. Après les votes
de la Suède, du Parlement britannique et
du Congrès espagnol, les députés français
doivent à leur tour examiner cette question
sensible. La résolution, proposée par les
sénateurs socialistes, sera débattue à
l’Assemblée, puis au Sénat, pour être in
fine votée mardi 2 décembre.
La politique française faisait habituellement
l’objet d’un relatif consensus à ce sujet.
Souvent critiquée pour sa neutralité sur
la problématique, la France soutient
d’une part les autorités palestiniennes
modérées, qui dénoncent la colonisation
abusive en Cisjordanie, et, d’autre part, la
légitimité d’Israël à protéger ses citoyens
contre les groupes terroristes présents
dans la région.
Cette proposition de résolution, si elle
aboutit, marquera un tournant dans la
politique menée jusqu’à présent. Le texte
précise : « Au nom du droit inaliénable à
l’autodétermination, le peuple palestinien
est fondé à se doter d’un État. » La résolution
Interview
croisée entre
Gilbert Roger, sénateur
PS de Seine SaintDenis, à l’origine de
la proposition de
résolution, et Barnéa
Hassid, consul général
d’Israël.
De jeunes Palestiniens franchissent le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie après y avoir ouvert une brèche © AFP
181 votée par l’Assemblée générale des Nations
unies préconisait le partage de la Palestine en
un Etat juif et un Etat arabe. La présidente du
Conseil représentatif des israélites de France à
Toulouse, Nicole Yardéni, indique par ailleurs
que les Etats arabes avaient refusé à l’époque,
en 1947, la résolution de l’ONU. Pour elle, le vote
du 29 novembre est donc « symbolique ».
Or les guerres et différents conflits ont permis
à Israël d’étendre son territoire, faisant fi des
frontières définies en 1947, puis révisées en
1967 après la guerre des Six Jours. « On leur
a volé leur terre », lance Kaïs, un trentenaire
du quartier Empalot à Toulouse, lorsqu’on
Gilbert Roger © DR
Barnéa Hassid © DR
évoque le sujet. Et d’ajouter « Ils violent
les droits internationaux. » Nicole Yardéni
dénonce cette attitude : « L’antisionisme,
cette haine viscérale envers l’Etat hébreu, est un
antisémitisme dissimulé. » Un « mot inventé »,
selon un autre jeune du même quartier.
La proposition de résolution conclut sur la
nécessité pour les deux peuples de vivre
en paix, et, pour ce faire, qu’Israël cesse
« la poursuite illégale de sa politique de
colonisation qui mine la viabilité même d’un
État palestinien ». Les lignes définies en 1967
devront de facto être respectées, et Jérusalem
reconnue comme capitale des deux Etats.
Débat : Pourquoi la France devrait-elle voter pour
la reconnaissance d’un État palestinien ?
Gilbert Roger : La création d’un État palestinien
est un long processus au cours duquel la France
a toujours participé. Rappelez-vous la position de
François Mitterrand, qui reconnaissait, en 1982,
à la Knesset, le droit des Palestiniens d’avoir un
Etat.
Barnéa Hassid : Ce vote appelle à un raccourci et
à un abandon du processus de dialogue israélopalestinien. Il va encourager l’idée que ce n’est plus
la peine de négocier avec Israël. Les Palestiniens
font tout pour mettre la pression sur Israël en se
tournant vers les instances internationales.
#traj / france-monde
Rififi en mer de Chine
Les Etats-Unis ont lancé en 2012 la stratégie du pivot qui devait les désengager du
Moyen-Orient. Avec pour but de contrer l’hégémonie chinoise en Asie.
Jusqu’à une nouvelle guerre froide ?
95% du commerce extérieur
chinois transite par la mer de
Chine, c’est dire la valeur stratégique de cette région pour
l’Empire du Milieu. Ce chiffre
permet aussi de comprendre pourquoi Pékin a engagé
ces derniers mois autant de
travaux d’envergure pour se
permettre d’avoir des bases
navales dans cette mer. Des
bâtiments logistiques que ses
deux grands adversaires dans
la région, les Etats-Unis et le
Japon, possèdent déjà.
Il est alors compliqué d’évaluer l’importance de la pré-
sence américaine en Asie,
à l’heure où les Américains
restent englués en Irak et
confrontés à la montée de
l’Etat islamique. L’ancienne
secrétaire d’Etat américaine, Hilary Clinton, affirmait
dans la revue Foreign Policy,
en 2011, que « la présence
américaine en Asie- Pacifique était liée au succès du
désengagement américain
au Moyen-Orient »
Barthélémy Courmont, chercheur à l’Iris*, relève la corrélation entre les deux situations.
Malgré la montée de l’Etat
islamique, les Américains
restent bien implantés
en Asie et « ont un réseau
d’alliés plus important »
dans la région que la Chine.
Il rappelle qu’Oncle Sam
garde (encore) une avance
sur le plan militaire avant de
pointer que Pékin a une image
moins bienveillante que
Washington en Asie. Mais sur
les questions économiques et
commerciales, Pékin possède
un poids grandissant,
« comme en atteste l’accord
de libre-échange entre Pékin
et l’Australie » annoncé le
17 novembre et qui sera signé
en 2015.
Le bilan reste mitigé pour
l’administration Obama.
Si la politique du pivot a «
marqué le retour de Washington dans la région », la stratégie des Etats-Unis reste floue
entre dialogue et méfiance
envers Pékin. Pour le chercheur, la question à l’avenir sera de « savoir si les pays
d’Asie pourront choisir entre
les deux grands » car
« c’est bien la relation entre
la Chine et les Etats-Unis qui
constitue le cœur de cette stratégie. »
*Barthélémy
C o u r m o n t
est maître de
conférences
à l’Université
catholique de Lille,
chercheur à l’Iris, et
rédacteur en chef
de Monde chinois,
nouvelle Asie.
Il a récemment
publié Une guerre
pacifique. La
confrontation
Washington-Pékin,
aux éditions ESKA.
Zhifan Liu
Pour l’Union européenne, la reconnaissance
de l’Etat de Palestine est une étape incontournable pour parvenir à instaurer une paix
durable dans la région. L’UE emboîte ainsi
le pas à l’Assemblée générale des Nations
unies qui avait, il y a deux ans jour pour jour,
reconnu la Palestine comme Etat observateur
non membre. Le choix du 29 novembre n’est
d’ailleurs pas anodin : cette date correspond
à la Journée internationale de solidarité avec
le peuple palestinien.
Margaux Panaye, Gabriel Moret,
Guillaume Asmanoff
Sous-marin de l’armée chinoise pendant un entrainement en Mer de Chine. © AFP
La France a-t-elle plus de légitimité à voter un
tel texte ? Est-elle plus concernée ?
GR : La France a une position très particulière.
Elle est porteuse de valeurs de liberté,
d’égalité, de fraternité. Je préférerais donc
qu’on soit dans le peloton de tête des pays
qui reconnaissent l’Etat palestinien.
BH : Non, c’est une imposition extérieure
sur des négociations qui doivent se faire
directement. La France est respectée par Israël
en tant que partenaire honnête et objectif.
Si elle prend position, je pense que cela va
égratigner les relations de confiance que nous
avons développées jusqu’à présent.
Qu’est-ce que ce vote va changer ?
GR : Le texte que j’ai souhaité écrire est
un texte dans lequel je n’ai voulu aucune
ambiguïté, un texte qui invite clairement
à reconnaître un État palestinien, dans le
respect d’Israël.
BH : Il ne changera rien à la situation actuelle
en Palestine. Il va augmenter le sentiment de
frustration qui conduit aux manifestations
et à la violence.
Comment organiser deux États dès lors que
les colonies morcellent le territoire et qu’un
mur a été construit ?
GR : Il va falloir démolir les colonies illégales
aux yeux de la communauté internationale.
C’est un long processus, qui ne se fera pas
sans déchirement ni douleur.
BH : Tout est possible. Nous avons déjà rendu des territoires par le passé. Nous avons
d’ailleurs évacué la bande de Gaza en 2005.
Mais les Palestiniens doivent, eux aussi, prouver qu’ils sont capables de faire des concessions. Cela passe d’abord par la reconnaissance d’un État juif en Israël.
Propos recueillies par Guillaume Asmanoff,
Gabriel Moret, Margaux Panaye
#traj / france-monde
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YÉjcEg^ciZbehV[g^XV^c4
Le nouveau président
Michel Kafando se voit secondé par
un gouvernement composé de civils,
mais où l’armée occupe des places
importantes.
L
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es manifestations ont eu raison de
Blaise Compaoré. Le 31 octobre, celui
qui voulait modifier la Constitution pour
s’assurer un cinquième mandat après vingtsept ans passés au pouvoir a été contraint à la
démission et à la fuite. « Ses sympathisants et
partisans ont d’ailleurs pris acte de sa démission
et l’ont même appréciée, car elle a permis de
circonscrire les pertes humaines et les dégâts
matériels, qui auraient pu être plus graves »,
assure Mountamou Kani, rédacteur en chef
de L’Express du Faso. Dans ce bouleversement
politique, l’armée a joué un rôle essentiel, le
lieutenant-colonel Isaac Zida allant même
jusqu’à s’autoproclamer chef de l’État. On
aurait pu craindre un nouveau putsch si n’avait
pas été désigné, le 17 novembre, un président
civil de transition, Michel Kafando.
Ce diplomate est tenu de gérer le pays
jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle
en novembre 2015.
Il ne sera évidemment pas seul : le 23 novembre, un gouvernement de 26 ministres a été
Le militaire Zida et le civil Kafando, amenés à travailler
ensemble. ©AFP
annoncé, au terme de vives négociations.
Entre autres, Kafando assurera en parallèle
le poste de ministre des Affaires étrangères ;
Joséphine Ouédraogo, candidate défaite au
poste de président de transition, sera en charge de la Justice, et Augustin Loada, ténor de
l’engagement civil, s’occupera de la Fonction
publique. Considéré comme un gouvernement de techniciens civils, il reste toutefois
sujet à débat : quatre militaires y sont présents, occupants des postes importants.
Ainsi le lieutenant-colonel Isaac Zida s’est vu
confier à la fois le poste de Premier ministre
et celui de ministre de la Défense, tandis que
le colonel Auguste Denise Barry a pris la tête
de l’équivalent du ministère de l’Intérieur.
Personne ne doute de l’importance politique
que vient d’acquérir l’armée burkinabé : « La
marge de manœuvre de Kafando est mince.
Le vrai patron de la transition est Isaac Zida,
qui a lui même désigné un grand nombre de
ministres. Kafando n’est qu’une marionnette
qui voudrait qu’on croit le contraire », explique Mountamou Kani.
Cette situation, bien qu’imparfaite selon les
prodémocratie, peut cependant faire figure
de référence dans la façon dont a été traitée
l’après-crise. De nombreux pays africains
voient en effet leurs dirigeants briguer un
nouveau mandat via un arrangement de la
Constitution : le Burundi, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le CongoBrazzaville. Au Bénin, une révolte populaire a
poussé le président à jurer de ne pas toucher
à la Constitution.
Le Burkina Faso pourrait, si civils et militaires
coopèrent efficacement dans la gestion du
pays, rejoindre la Tunisie, le Mali et la Guinée
dans la catégorie des transitions démocratiques en bonne voie pour être réussies.
Une nouvelle ère politique s’ouvre pour ce
pays, et l’avenir confirmera quel rôle précisément y tiendront l’armée et la démocratie.
LUCAS SIMONNET
PAS DE MISTRAL POUR LA RUSSIE
SECOND TOUR PRÉSIDENTIEL EN TUNISIE
LA COLÈRE DE FERGUSON AUX ETATS-UNIS
L’Elysée a de nouveau reporté la
Le premier tour de l’élection présidentielle
Lundi, un grand jury a décidé de ne pas
livraison des deux porte-hélicop-
du 23 novembre en Tunisie n’a pas suffi
inculper le policier responsable de la mort de
tères Mistral à la Russie « jusqu’à
à départager Béji Caïd Essebsi, du parti
Michael Brown, un jeune afro-américain tué
nouvel ordre », en raison de la
Nidaa Tounes (39,5%) de Moncef Marzouki,
par balles le 9 août dernier. La décision a fait
situation en Ukraine qui « ne permet
président sortant soutenu par Ennahdha
s’embraser la ville de Ferguson où s’est pro-
toujours pas » cette vente. Moscou
(33,4%). Un second tour doit être organisé
duit le drame. Ces manifestations intervien-
ne compte pas donner suite « pour
courant décembre, la date précise n’étant
nent quelques jours après que Timer Rice,
l’instant ».
pas encore fixée.
un Noir américain de 12 ans, a été abattu
par un policier à Cleveland.
+
#traj / france-monde
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edjgaÉV\\adb‚gVi^dcZc'%&*
Le budget 2015 a été voté à
l’Assemblée nationale et prévoit une
baisse des aides de l’Etat vers les
collectivités territoriales d’environ 6 %.
Quelles conséquences pour Toulouse ?
L’
État ferme le robinet des dotations.
D a n s l e b u d g e t 2 0 1 5 , vo t é l e
1 8 n o v e m b r e à l ’A s s e m b l é e
nationale, il prévoit d’amputer de 3,6 milliards
d’euros ses aides pour les collectivités
territoriales, soit 12 millions d’euros de
moins pour Toulouse. La mairie envisage
donc de diminuer ses investissements.
« Nous allons passer de 166 millions d’euros
d’investissements l’an dernier à 120 millions
cette année », annonce Sacha Briand, maireadjoint délégué aux Finances. « L’an dernier,
la municipalité de Pierre Cohen a dépensé
plus que ce qu’elle pouvait, comme toujours
en période électorale », explique t-il. D’autre
part, la ville de Toulouse va optimiser les
dépenses des services publics. « Dans certains
centres aérés, par exemple, on embauche
par avance dix animateurs avant même de
savoir s’il en faudra autant. Alors qu’il se
peut que seulement six soient nécessaires. »
Pour faire des économies, certains projets
vont être remis à plat. « Le budget pour le
téléphérique ‘’aérotram’’ est beaucoup trop
Le conseil municipal doit voter le budget en mars 2015. ©Lucas Serdic
élevé par rapport au nombre futur d’usagers,
il faut donc le repenser. Pour compenser la
hauteur de l’investissement, il faudra sans
doute rallonger la ligne. » Les transports
publics étant toujours déficitaires, « il faut en
réduire au maximum les pertes financières ».
En ce qui concerne Toulouse Métropole,
les impôts locaux devraient augmenter de
25 € par an et par foyer fiscal. « Une hausse
modérée », précise l’adjoint. Seraient
concernées la taxe d’habitation, la taxe sur
le foncier bâti et la contribution foncière des
entreprises. En revanche, l’investissement
pour l’éducation reste stable. « Il n’est pas
question de réduire les dépenses dans les
écoles. La population toulousaine augmente
en permanence, ce qui signifie plus d’enfants
dans les classes. Nous devons répondre à
ces besoins. » Quand on lui demande ce
qu’il pense de la politique actuelle du
gouvernement, il répond tout sourire :
« Incohérente. » Sacha Briand conclut : « Il
faut arrêter d’imposer aux municipalités des
dépenses pour faire respecter des règles qui
ne servent à personne tout en coupant nos
ressources. »
LUCILE ANDRÉ ET LUCAS SERDIC
AFFAIRE ZEITOUNI : 2 FRANÇAIS JUGÉS
SOMMET DE LA FRANCOPHONIE A DAKAR
SNCF : GRÈVES EN FIN DE SEMAINE
Deux Français sont soupçonnés d’avoir tué une
Le sommet de la francophonie aura lieu à
Les deux syndicats CGT-Cheminots et Sud-
jeune Israélienne, Lee Zeitouni, en 2011 à Tel-Aviv.
Dakar (Sénégal) samedi 29 et dimanche 30
Rail ont appelé les contrôleurs SNCF à faire
Ils l’auraient renversée en voiture sur un passage
novembre. Trente-cinq chefs d’Etat y sont
grève du 4 au 7 décembre. Ils protestent
piéton avant de prendre la fuite. L’affaire avait
attendus. La ville se prépare à accueillir
contre le manque d’emplois et d’organisa-
provoqué l’indignation en Israël et l’embarras en
plus d’un millier de participants. Lors de
tion du métier, certains trains circulant par-
France. Les protagonistes seront jugés mercredi
ce rassemblement, Abdou Diouf va mettre
fois sans aucun contrôleur à bord. Le préavis
à Paris. Le chauffeur risque jusqu’à dix ans de
un terme à ses douze années à la tête de la
n’indique pas si le trafic sera perturbé.
prison.
Francophonie.
,
#traj / Dossier
Dossier
“Mayday ! Mayday !“
L’aéroport est à vendre
L’Etat a mis en vente 49,9% des parts de l’aéroport. Trois repreneurs se pressent sur la piste.
Les élus locaux tentent de jouer la tour de contrôle. On récapitule.
Le calendrier est connu,
Pas le contenu des offres
©photo DR
L’
Etat français détient 60% des parts de
l’aéroport de Toulouse. Les collectivités
locales et la CCI détiennent, elles, les 40%
restants (voir infographie ci-contre). Dans
un premier temps, l’Etat a mis en vente
49,9% des parts. Il détiendra donc encore
10,1% de l’aéroport une fois la vente réalisée.
Trois candidats au rachat sont en lice. Deux
sont français : Vinci et Aéroports de Paris. Le
troisième est un consortium sino-canadien
composé de SNC-Lavalin (firme d’ingénierie
canadienne) associé à trois investisseurs
chinois : FPI Group (un fonds d’investissement
hongkongais, également loueur d’avions),
L’aéroport en chiffres
•5,5 millions de passagers l’an dernier
l’aéroport de Shenzhen et le Shandong HiSpeed Group, gestionnaire d’aéroports. Cette
dernière candidature suscite un grand nombre
d’inquiétudes, parfois fantasmées. Comme
lorsque les élus locaux posent la question
de l’espionnage industriel dont pourrait être
victime Airbus (cf. page 11).
Les trois offres de rachat ont été examinées
par les élus locaux. En tant qu’actionnaires
minoritaires, ils ont remis un avis consultatif
à l’Agence des participations de l’Etat. Cette
dernière est l’organe qui tranchera définitivement en faveur de l’une des offres.
Sébastien Leurquin
Toulouse-métropole 5%
Etat 49,9%
(à vendre)
• 300 emplois directs
•Une trentaine de compagnies régulières
•72 014 mouvements d’avion en 2013
Qui détient quoi ?
Département 5%
Région 5%
•117 millions d’euros de chiffre d’affaires
• 4000 emplois indirects
Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron,
avait d’abord annoncé que le repreneur serait
connu mi-décembre. Or selon l’Agence des
participations de l’Etat, « l’annonce du choix
pressenti sera communiqué sous peu, d’ici au
5 décembre ».
Néanmoins, le contenu et les modalités des
offres demeurent mystérieux, du fait d’une
clause de confidentialité scrupuleusement
respectée. Ce qui donne lieu à beaucoup d’incertitudes et de rumeurs quant aux éventuels
projets des différents repreneurs. A tel point
que les salariés de l’aéroport, qui n’ont pas
non plus la moindre information, ont déposé
un préavis de grève pour le 19 décembre, veille
des vacances de Noël.
Enfin, et c’est là que se cristallisent les tensions, l’Etat pourrait vendre dans les trois
prochaines années les 10,1% qui lui restent.
Se pose donc la question de la privatisation
du haut lieu stratégique que représentent
les aéroports, gestionnaire des flux aériens.
En effet, si l’Etat vend ses parts à un acteur
privé, l’aéroport deviendra…privé. Après les
autoroutes, les aéroports ? (cf. interview de
l’économiste Yves Crozet). Rien n’est tranché,
mais le débat est engagé.
CCI 25%
Etat 10,1%
(avenir incertain)
#traj / Dossier
©AFP
Le fantasme chinois...
Espionnage industriel,
nuisances sonores décuplées,
augmentation du prix du foncier…
L’offre sino-canadienne, la plus
juteuse financièrement, est aussi
celle qui soulève le plus de
défiance chez les élus locaux.
Mais leurs craintes sont-elles
réellement fondées ?
O
n savait que les investisseurs étrangers
fuyaient la France. Avec la privatisation
de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac, on commence à comprendre pourquoi. Au milieu
des deux offres françaises, le projet de reprise
du consortium sino-canadien cristallise les
crispations.
Il est le fruit d’une alliance entre l’entreprise
canadienne SNC-Lavalin et trois groupes
chinois : un fonds d’investissement de Hong
Kong (FPI), le Shandong Hi-Speed Group et
l’aéroport de Shenzhen. Bien que présenté
comme « solide sur tous les plans » par différentes sources, le projet est réprouvé avec
véhémence par certains élus de la région.
En tête, le président du conseil économique,
social et environnemental de Midi-Pyrénées,
Jean-Louis Chauzy. «La puissance publique
doit rester majoritaire», assène-t-il. Après
avoir mené une campagne de lobbying anti
privatisation auprès des ministères concernés, il réserve aujourd’hui ses diatribes à
l’alternative chinoise, qui «met en difficulté
Airbus et ses 91 000 employés». Parmi les dan-
Airbus travaille avec la Chine depuis plus de 25 ans
gers redoutés en cas de mainmise chinoise
sur l’aéroport, celui d’une mise en péril des
intérêts de l’avionneur, qui pourrait prétendument pâtir de l’augmentation des prix du
foncier nécessaire à son développement et
quitter Toulouse. Plus grave, l’hypothèse
d’une implantation chinoise à des fins d’espionnage industriel a été évoquée.
Airbus déplore les rumeurs
Pourtant, Airbus nous a affirmé par la voix
d’un de ses porte-paroles ne pas partager
ces inquiétudes. D’une part, parce que le leader mondial de l’aéronautique est assuré de
conserver des conditions d’exploitation identiques depuis le récent prolongement de son
bail sur les terrains de l’aéroport (cf. encadré).
D’ autre part, parce qu’ Airbus « possède une
usine de production en Chine depuis dix ans ».
Preuve de la bonne entente entre le construc-
Hub à Toulouse :
Air France n’y croît pas
Pour la compagnie aérienne, un hub (*) de province ne serait pas viable économiquement. Un porte-parole de la compagnie nous a expliqué que, pour être
rentable, « un hub doit s’appuyer sur un solide bassin de population. De plus, il
s’agit d’un marché de géants. En Europe, seuls trois acteurs disposent de la taille
critique nécessaire pour subsister : Paris lié à Amsterdam (bases d’Air France-KLM),
Francfort (Lufthansa) et Londres (British Airways-Iberia). Un hub à Toulouse, créé
ex nihilo, n’aurait donc pas vraiment de sens».
Sebastien Leurquin
(*) Hub peut se traduire par noyau. C’est un aéroport géant qui permet aux passagers de changer rapidement et facilement de vol dans un même lieu.
teur et les potentiels repreneurs chinois, l’accord récemment passé entre Airbus et le groupe CALC, loueur d’avions détenu par le fonds
d’investissement FPI, pour l’achat de 100
A320. Une source proche du dossier qualifie
dans ce contexte les soupçons d’espionnage
industriel de « grotesques », ajoutant que
les arguments opposés au consortium sinocanadien sont « inconsistants ».
Autre aspect polémique : la volonté des repreneurs de faire de l’aéroport toulousain un
veritable hub. Une ambition louable pour la
santé de la région, mais qui inquiète les riverains. Chantal Beer-Demander, présidente de
l’Union française contre les nuisances des
aéronefs, déplore l’opacité de la situation :
« C’est l’omerta totale. Les riverains sont encore la dernière roue du carrosse .»
De son côté, le consortium affirme, évidemment, que rien ne se fera au détriment des
riverains, et que les normes environnementales en vigueur seront respectées.
L´Agence des participations de l’Etat, qui a
accès aux détails de ces engagements pour
chacun des trois projets en lice, est la mieux
placée pour juger de la crédibilité du candidat chinois au rachat des parts de l’Etat. C´est
désormais à elle, ultime décisionnaire, que
revient la charge de lancer l’avenir de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac sur la bonne
piste.
Albert Mariie
#traj / Dossier
L’Etat à la fois juge et partie
L’offre de rachat d’Aéroports de Paris,
groupe dans lequel l’Etat est actionnaire
majoritaire, pose la question du conflit
d’intérêts. L’Etat est à la fois vendeur,
décideur et indirectement partie.
Les actionnaires d’Aéroports de Paris
A
éroports de Paris (ADP), société
qui gère Roissy et Orly, les deux
grandes plateformes aéroportuaires
parisiennes, est détenu à 50,6 % par l’Etat
français. Or ADP est l’un des trois candidats
encore en lice pour le rachat des 49,9% des
parts de l’aéroport de Toulouse-Blagnac mises
en vente par l’Etat. Certes, les entreprises dans
lesquelles l’Etat est investisseur sont régies
par le principe de l’autonomie de gestion.
Ici, concrètement cela signifie que si ADP
obtient le marché de l’aéroport de Toulouse,
ce sera ADP qui s’endettera sur ses fonds
propres pour financer l’opération. Non pas
l’Etat, pour qui la vente des 49,9% des parts
de la plateforme sera une opportunité de
faire rentrer de l’argent frais dans les caisses.
Néanmoins, puisque l’Etat est majoritaire au
sein d’ADP il n’en demeure pas moins que
se pose la question du conflit d’intérêts. Et
ce d’autant plus que c’est l’Etat lui-même,
via l’Agence des participations de l’Etat,
qui va choisir le repreneur de l’aéroport de
Toulouse. Finalement, l’offre d’ADP, si elle est
retenue, pourrait surtout permettre à l’Etat
de garder une influence sur le site stratégique
de l’aéroport.
Sébastien Leurquin
Le gouvernement rassure Airbus
L’avionneur européen pourra continuer à utiliser les terrains qu’il occupe
autour de l’aéroport jusqu’en 2078.
L
En Bref
es élus locaux se sont exprimés à cor et à
cri pour que les intérêts d’Airbus soient pris
en compte dans la procédure de vente de l’aéroport. Ils ont obtenu gain de cause, puisque
Manuel Valls est intervenu personnellement
dans ce dossier. Le premier Ministre a pressé
le ministère des Transports d’étendre l’autorisation d’occupation temporaire (AOT) des 700
hectares de terrain qu’utilise Airbus. Selon un
porte-parole de l’entreprise, Airbus a ainsi «
obtenu l’extension de l’AOT et la pérennisation
des conditions d’utilisation de la plateforme
aéroportuaire». Concrètement, Airbus bénéficie d’un tarif de location avantageux et
d’un accès facilité aux pistes pour ses 5 000
10
Airbus utlise les pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac pour ses vols d’essai. ©photo DR
vols d’essais annuels (6% du trafic de l’aéroport). Enfin, Airbus assure ne pas être inquiet
quant au choix du repreneur. « Quel qu’il soit
, nous utiliserons la plateforme aéroportuaire
comme nous le faisons aujourd’hui.»
Sébastien Leurquin
Le TGV dangereux
pour l’aéroport ?
de province desservies par le TGV,
Crowdfunding
:
Wiseed fait le buzz
parts de la plateforme aéropor-
et ainsi situées à moins de trois
Certains élus locaux jouent
heures de Paris par voie ferro-
Le site de Thierry Merquiol propo-
après en avoir vendu 49,9%. Sous
la tactique de la peur. Oppo-
viaire, le trafic aérien à destina-
se aux Toulousains de « racheter
des airs « d’acte citoyen », Wiseed
sés à la privatisation de l’aéro-
tion de la capitale s’est effondré.
l’aéroport de Toulouse ». L’objectif
réalise surtout un joli coup mé-
port, opposés à l’offre chinoi-
Autrement dit, si le TGV arrive à
affiché est de réunir 20 à 30 mil-
diatique puisque le projet n’a
se, opposés au projet de hub…
Toulouse, les liaisons aériennes
lions d’euros d’ici au 1er décem-
aucune chance d’aboutir.
mais favorables au projet de
Toulouse-Paris risquent de dimi-
bre dans l’espoir de déposer une
TGV ! Or dans toutes les villes
nuer sensiblement.
offre de rachat sur les 10,1% des
tuaire que détiendra encore l’Etat
#traj / Dossier
Grand Angle
« La question n’est pas de
privatiser mais de réguler »
© Creative Commons
Yves Crozet, professeur
à l’université Lyon II et
membre du Laboratoire
d’économie des transports (LET), a répondu à
nos questions sur la privatisation des aéroports
régionaux en France.
Lui ne voit pas de
différences significatives
entre une gestion privée
et une gestion publique.
Privatisation, pourquoi
pas, à condition de
disposer d’outils
permettant d’éviter les
abus éventuels.
Yves Crozet a dirigé le Laboratoire d’économie des Transports de 1997 à 2007.7
Pourquoi l’Etat souhaite-t-il privatiser ses
aéroports régionaux ?
L’Etat a simplement besoin de renflouer ses
caisses. Il y a actuellement deux types d’aéroports régionaux en France : ceux qui coûtent
de l’argent, les aéroports de petite taille, que
les collectivités maintiennent par leurs subventions. Et ceux qui rapportent de l’argent,
comme ceux de Toulouse, Lyon ou Nice. Ces
aéroports, qui ont réussi à se développer,
sont des monopoles locaux. Il est logique
que les perspectives de rendement attirent
les investisseurs.
Peut-on craindre une hausse des tarifs pour
les utilisateurs, à l’image de celle causée par
la privatisation des autoroutes ?
La comparaison est pertinente car, en situation de monopole, le gestionnaire a toujours
tendance à surtarifer. Étant donné que l’Etat
est bénéficiaire des redevances des autoroutes, il a fermé les yeux sur la hausse des
tarifs. Il y a donc un risque pour qu’il fasse la
même chose avec les aéroports, s’il privatise
sans mettre en place un régulateur. Il faudra
surveiller les aéroports privatisés afin d’éviter
des abus de position dominante.
Quelle serait la mission de ce régulateur ?
Un organe régulateur empêcherait une trop
forte hausse des prix. Un régulateur existe
déjà dans le domaine des transports ferroviaires. L’Allemagne dispose d’un régulateur
unique pour tous les transports. Tout l’enjeu
est dans la mise en place par l’Etat d’un régulateur indépendant pour le système aéroportuaire français. Actuellement, ce sont
les ministères des Transports et des Finances qui ont le pouvoir. Tout ce petit monde
décide entre soi.
Pourquoi autant de voix s’élèvent contre la
privatisation ?
Dès que le secteur privé s’immisce dans le
public en France, on a l’impression que c’est
la catastrophe. Le problème n’est pas que
l’aéroport soit privé ou public, le problème
est qu’une entreprise fasse ce qu’elle veut,
sans rendre de comptes à personne. C’est
pour cela qu’un régulateur est nécessaire. Je
ne pense pas qu’une privatisation entraîne de
réel chamboulement dans la gestion de l’aéroport, car l’Etat s’est comporté de la même
manière qu’un gestionnaire privé. C’est la
critique que l’on peut faire de l’Etat : d’avoir
fait en sorte que les aéroports soient les plus
rentables possibles.
Propos Recueillis par
Adrien Serrière
11
#traj / Dossier
Face-à-Face
Pierre
Cohen
La privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac
devrait bientôt être effective. Qu’est-ce que cela vous
inspire ?
PC : On ne peut pas s’en réjouir quand on voit ce que cela
a donné avec Vinci et les autoroutes… Le risque, en cédant
l’aéroport au privé, c’est de laisser libre cours à la volonté du
repreneur de faire du profit et de voir les prix grimper.
L’aéroport est une véritable ressource territoriale. Le lâcher
au privé, c’est une perte d’indépendance et le début de l’engrenage du désistement de la puissance publique dans les
fleurons de l’entreprise française. On ouvre la porte à quelque chose d’extrêmement inquiétant. J’aurais préféré plus
de protectionnisme, sans pour autant vouloir l’autarcie.
SB : Il faut arrêter avec le dogme antiprivatisation. Il n’y a pas
de quoi crier au loup.
L’Etat a besoin de réduire le déficit du budget, c’est pourquoi
l’Agence des participations de l’Etat a décidé d’engager la cession des parts dans l’aéroport de Toulouse-Blagnac.
L’arrivée de nouveaux capitaux ne peut-elle pas être
positive pour la réalisation des projets à mener dans
l’agglomération toulousaine ?
PC : Le risque, c’est que notre territoire ne soit plus dépendant
de ses propres décisions. Jean-Luc Moudenc, la privatisation,
c’est dans son ADN. Je ne partage pas cette vision, c’est pourquoi je me suis battu quatre ans pour éviter la privatisation
de l’aéroport.
12
©DR
© Albert Marie
L’aéroport Toulouse-Blagnac suscite plus que jamais le débat entre les élus locaux. Sacha Briand, adjoint aux finances
de la mairie UMP de Toulouse, ne comprend pas l’embrasement que soulève la privatisation. À l’inverse, Pierre Cohen,
ancien maire PS de Toulouse de 2008 à 2014, concède sans sourciller avoir bloqué le dossier durant son mandat. Il tente
désormais d’alerter l’opinion publique des risques encourus.
Sacha
Briand
SB : Nous avons souhaité que les candidats s’engagent sur le
financement du Parc des expositions. Il y a eu une consultation
de principe mais, à la fin, c’est l’Etat qui choisira et il cherchera
à valoriser ses intérêts. Cependant, nous aussi, nous serons attachés à faire valoir nos intérêts.
Quel rôle devront jouer l’Etat et les collectivités territoriales
à Toulouse-Blagnac dans les prochaines années ?
PC : L’Etat doit conserver les 10,1% en suspens. Mais on se doute
que, pour celui qui paiera grassement pour obtenir les premiers
49,9% en vente, l’enjeu est évidemment de devenir majoritaire à
terme. Ce qu’il faut éviter, c’est que l’actionnaire devenu majoritaire veuille ensuite imposer son point de vue sans discuter avec
la puissance publique et territoriale. Il faut que l’Etat soit un acteur à part entière dans le conseil d’administration de l’aéroport
et garde une minorité de blocage. Une dose d’intérêt général est
nécessaire dans la gestion de toute entreprise.
SB : Les collectivités seront attentives à ce que soit mise en place
une gestion cohérente, c’est-à-dire une stratégie industrielle et
non financière. Il nous faut éviter que la plateforme aéroportuaire
devienne une vache à lait supportée par les utilisateurs. Pour
l’instant, les collectivités et l’Etat restent majoritaires même s’il
serait logique que le nouvel actionnaire veuille le devenir.
Propos recueillis par Albert Marie et Adrien Serrière
#traj / économie
Stadium : 43 millions d’euros,
2 000 places en moins
L
a participation à
l’organisation de l’Euro
de football en France a
un prix, et c’est l’UEFA qui le
fixe par le biais de normes
strictes. L’instance du football
européen a certes offert
2 millions d’euros à chaque
stade hôte, mais il incombe
aux villes organisatrices de
payer le reste. Toulouse et
son stade en sont un parfait
exemple.
Très enthousiaste à l’idée
d’accueillir une partie de la
compétition, l’ancien maire
Pierre Cohen avait obtenu
tardivement le repêchage du
« Petit Wembley », propriété
de la mairie. Immédiatement,
le cabinet d’architectes en
charge du dossier, Cardettes
& Huet, avait proposé une
enceinte de 40 000 places.
Celle-ci aurait permis à
la Ville rose de recevoir
les quarts de finale de la
compétition. La construction
de 9 000 nouvelles places et la
mise aux normes des 35 000
anciennes entraînaient tout
de même une perte de 4 000
sièges. Coût de l’opération
: 67 millions d’ euros , bien
trop cher pour la mairie
toulousaine. Le projet a
donc été revu à la baisse.
L’enceinte comportera
finalement 33 000 places,
soit une perte de 2 000 sièges,
toujours causée par la mise
aux normes. En effet, il y aura
plus d’espace entre chaque
siège. Ils seront également plus
confortables et plus inclinés
mais les futurs spectateurs
de l’Euro ne se contenteront
plus que de trois matchs de
groupe et un huitième de
finale. Les travaux comportent
également la rénovation de
la billetterie, l’élargissement
des ouvertures latérales
« Une option qui multipliait par
5 la facture avait été envisagée
par l’ancienne municipalité,
mais Jean-Luc Moudenc,
maire de Toulouse, ne s’est
pas encore prononcé sur la
question », confie une source
proche du dossier. Ajoutons à
cela que le TFC fait partie du
« ventre mou » de la Ligue 1,
réduisant considérablement
l’attractivité de ses matchs
En Midi-Pyrénées,
la précarité progresse
Le nombre de personnes vivant
sous le seuil de pauvreté est en
augmentation dans la région.
Environ 38 000 personnes
supplémentaires se retrouvent
sous ce seuil fatidique (soit moins
de 977 € par mois pour un
célibataire, ou moins de 2 052 €
En bref
A un an de la livraison du Stadium rénové,
le chantier poursuit son
cours. Mais la somme
investie dans le relooking
d’un stade rarement plein
semble difficile à justifier.
pour un couple avec 2 enfants).
En tout, 1/7 de la population, soit
424 000 personnes, est concerné.
Nouveau succès pour Airbus
Airbus signe deux nouveaux
gros contrats : le premier avec
Delta Airlines d’un montant de
près de 6 milliards de dollars. Le
second avec Frontier Airlines.
Le constructeur européen leur
assurera la livraison de 9 « A 321 »
pour une somme avoisinant le
milliard de dollars.
BAISSE du chômage RéGIONAL
Le nombre de demandeurs
d’emploi inscrits à Pôle Emploi
en catégorie A s’est abaissé
à 163 500 en Midi-Pyrénées
en cette fin octobre 2014. Ce
Les nouveaux sièges imposés par l’UEFA. © Photo DR
permettant le passage du
matériel de concert, ainsi
que la rénovation complète
de la pelouse. « Cela coûtera
au total 43 millions d’euros »
affirme Sacha Briand, maireadjoint en charge des finances.
Le montant engagé par la
municipalité toulousaine
(25% de la somme finale)
impliquerait une rentabilité
maîtrisée. Cependant, le
loyer payé actuellement
par le Toulouse Football
Club est relativement faible
: 200 000 euros par saison.
(14 900 spectateurs en
moyenne la saison passée)
et la visibilité de son stade.
Quant au Stade Toulousain,
qui jouit d’une plus grande
popularité, il n’utilise le
Stadium que trop peu souvent
(en moyenne 6 fois par an).
La culture pourrait participer
au retour sur investissement,
mais le dernier grand
événement accueilli par
le stade fut le concert de
Michael Jackson en... 1992 !
nombre a diminué de 0,1 %
(-100 personnes) par rapport au
mois dernier. Malgré tout, sur
ces douze derniers mois, il est en
hausse de 5,1 %. En totalisant les
catégories ABC de Pôle Emploi,
le nombre total de demandeurs
d’emploi s’élève à 253 000
en Midi-Pyrénées, toujours
fin octobre. Un résultat qui
augmente de 0,5 % (soit + 1 300)
par rapport au mois précédent, et
de 5,6 % sur l’année.
Julie L’Hostis et Rémi Rivière
13
#traj / politique
A deux ans de
la primaire UMP qui
désignera le candidat
de la droite à l’élection
présidentielle, les adhérents du parti sont appelés à élire leur chef en se
prononçant ce samedi 29
novembre. La préparation
de cette élection provoque de multiples débats.
C
UMP : droit aux urnes
De gauche à droite : Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy et Hervé Mariton, les trois candidats à la présidence de l’UMP. © DR
e 29 novembre se tiendra le premier
tour de l’élection à la présidence
de l’UMP. 270 000 votes électroniques sont attendus, équivalent au nombre
d’adhérents UMP sur l’ensemble du territoire. Trois candidats sont en lice : Nicolas
Sarkozy, désigné comme favori par tous les
sondages ; Bruno Le Maire, candidat plus
modéré et progressiste – qualifié de centriste par certains sarkozystes ; et Hervé
Mariton, outsider du scrutin, fragilisé par
les récents propos de M. Sarkozy sur l’abrogation de la loi Taubira – cheval de bataille
du député de la Drôme.
En Haute-Garonne, on dénombre 6 000
adhérents susceptibles de participer à
l’élection. Le processus est simple : il suffit
d’être à jour de ses cotisations au 30 juin
et de se connecter sur le site du parti. Pour
pouvoir voter, il faut fournir son numéro
d’adhérent, un code d’accès et un mot de
passe. Pour les personnes qui n’ont pas
résultats. Le duel fratricide opposant JeanFrançois Copé à François Fillon en 2012
pour le poste de président de l’UMP a laissé
des traces. La crainte qu’un tel épisode se
reproduise est dans toutes les têtes. Pour
éviter un nouveau fiasco, les procurations
sont désormais prohibées, et le risque de
fraude est de fait minimisé.
Le candidat Sarkozy, leader naturel de la
droite forte, n’a aucun doute sur sa prochaine accession à la présidence du parti.
Il espère surtout rafler les trois quarts des
voix pour asseoir sa légitimité, malgré le
fait qu’il « rassemble plus à la droite de
l’UMP qu’en son centre », selon P. Esplugas. Ce dernier ajoute que, dans l’optique
de la primaire de 2016, il serait préférable
que le scrutin soit ouvert. « En 2011, le PS
a fait prendre un train à l’histoire, celui de
la démocratisation interne des partis et de
la désignation des candidats. Et l’UMP ne
pourra pas rester à quai. »
Pierre Lattard, délégué UMP de la 10e circonscription
de Haute-Garonne, soutien de Bruno Le Maire.
René Rettig, ancien maire de Bagnères-de-Luchon, membre
du comité de soutien à Nicolas Sarkozy.
Pourquoi avoir choisi de soutenir Bruno Le Maire et pas un
autre candidat à la présidence de l’UMP ?
J’étais référent de Bruno Le Maire avant sa campagne ; mon
engagement pour lui ne date donc pas d’aujourd’hui. Ses
idées me plaisent, il représente une solution plus neutre que
ses adversaires.
Pourquoi avoir choisi de soutenir Nicolas Sarkozy plutôt qu’un
autre candidat ?
Il me semble que Sarkozy est la personne qui peut, par son charisme
et son expérience, redonner a l’UMP la place qu’elle avait de premier
parti d’opposition. D’autre part, M. Sarkozy est quelqu’un à qui on
peut accorder sa confiance pour mener, vis-à-vis du gouvernement,
une action efficace et unifiée. Il réalisera le rassemblement de tous
les leaders de la droite et du centre.
Face-à-face
14
d’ordinateur chez eux, deux bureaux de
vote physiques seront disponibles. « L’un
à la fédération UMP à Toulouse, l’autre à
Saint-Gaudens. Sur place, des personnes
seront disponibles pour aider les gens dans
leur démarche », indique Pierre Esplugas,
porte-parole de la fédération UMP de
Haute-Garonne. Concernant ce mode
de scrutin, la pièce d’identité de chaque
électeur sera demandée et photocopiée,
afin d’établir un procès-verbal. M. Esplugas
précise que « l’élection est nationale et son
organisation centralisée. Elle est surveillée
par une haute autorité indépendante
présidée par une juriste. Il n’y a donc pas
d’organisation spécifiquement locale ».
Bruno Le Maire dénonçait sur France Inter,
lundi 24 novembre, la « non-départementalisation » des résultats. Ce qui, selon
M. Esplugas, est dommageable, car la centralisation du vote permet d’un autre côté
d’éviter toute forme de falsification des
Pensez-vous comme M. Le Maire qu’il y a encore du suspens
concernant le résultat du scrutin ?
Oui, mais il ne faut pas être prétentieux. Plus la campagne
avance, plus les militants commencent à réfléchir. Bruno Le
Maire se concentre sur l’avenir du parti, ce qui devrait être
l’enjeu de cette élection. Pendant sa campagne, il a rassemblé 400 personnes à Toulouse, et de plus en plus d’adhérents
sont séduits par son discours.
Est-ce qu’il y a encore du suspens quant au résultat du scrutin ?
Le seul suspens porte sur le score. Si M. Sarkozy obtient plus de 70%
des suffrages, il aura gagné son pari. Dans le cas contraire…
Léa Stassinet et Gabriel Moret
#traj / politique
Régions : retour à l’Occitanie
Adoptée le 25 novembre, la réforme territoriale pendra effet début 2016. Elle entérine la nouvelle carte des régions
et la fusion de la région Midi-Pyrénées avec le Languedoc-Roussillon.
mentarité, dans la santé, la recherche et les
universités ». Les deux régions occitanes coopèrent également au sein du Groupement
européen de coopération territoriale (GECT)
Pyrénées-Méditerranée. Créée en 2009, cette
euro-région fédère le Languedoc-Roussillon,
Midi-Pyrénées, la Catalogne et les Baléares
autour de domaines communs : l’innovation, l’agroalimentaire, le tourisme et certaines filières d’excellence : biomédecine en
Catalogne, énergies renouvelables en Languedoc-Roussillon, aéronautique et spatiale
en Midi-Pyrénées.
« Il faudra mettre en place des outils
communs et définir une ligne commune »
Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées aujourd’hui. © AFP
C
’est officiel, les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ne feront bientôt plus qu’une, conformément à la nouvelle carte des régions votée ce
25 novembre. Le but : faire des économies
en supprimant les doublons, créer de l’emploi en offrant aux entreprises un marché
plus vaste et ériger des régions stratégiques
et puissantes, capables de rivaliser avec
leurs homologues européennes (Länder
allemands, provinces espagnoles).
Finalement, la
fusion a été bien
accueillie par
les députés des
deux régions :
28 pour, 11 contre,
7 abstentions.
Les votes contre
provenaient en majorité du LanguedocRoussillon, dont les élus craignent une perte
de vitalité. Selon Marine Calazel, conseillère
du président de la région Midi-Pyrénées,
cette inquiétude est infondée : « La crispation autour de l’identité régionale n’a pas lieu
d’être : il s’agit de faire évoluer nos mentalités
et d’apprendre à travailler autrement. Nos
deux régions ont beaucoup à s’apporter. »
Président du mouvement occitan Païs Nostre,
Jean-Pierre Laval est également très enthousiaste quant à la fusion. « Dès que le projet
de loi a été évoqué, nous l’avons soutenu.
Il s’agit d’une opportunité historique pour la
culture occitane », affirme-t-il. Une union
rendue légitime par leur histoire commune,
« du comté de Toulouse au XIIe siècle à la province du Languedoc sous l’Ancien Régime. »
Ce rassemblement permettra également,
selon M. Laval,
de créer une
nouvelle dynamique pour
le maintien de
la culture occitane (écoles
bilingues, politique culturelle). Il s’exclame : « Ce n’est
pas seulement une région, c’est un pays qui
va naître ! »
En outre, Marine Calazel rappelle que les
deux régions collaborent déjà dans quelques secteurs, « notamment dans la gestion
du parc naturel régional du Haut Languedoc
», et ont de « nombreux points de complé-
« Ce n’est pas seulement
une région, c’est un pays
qui va naître ! »
Mais, malgré ces échanges, beaucoup reste
à faire au lendemain de la fusion, notamment une réorganisation administrative,
car la nouvelle région implique « la fusion de
tout ou partie des services de 15 administrations différentes et autonomes aujourd’hui.
Il faudra mettre en place des outils communs
et définir une ligne commune », souligne
Marine Calazel. Aujourd’hui, les anciennes
régions demeurent dans l’expectative car
le deuxième volet de la réforme territoriale
n’a pas encore été étudié. Il fixera les nouvelles compétences déléguées aux régions
et validera ou non une réelle décentralisation. C’est ce volet qui sera déterminant,
à savoir si l’Etat acte le transfert de décision
et est prêt à « couper le cordon ».
En attendant, le site de La Dépêche a lancé,
le 21 novembre, un sondage pour choisir
le nom de cette nouvelle grande région de
72 700 km². Pour l’instant, les propositions
en pole sont Occitanie-Pyrénées, PyrénéesLanguedoc, Midi-Roussillon et Midi-d’Oc.
Une manière d’impliquer la population locale, même si seuls le gouvernement et les
élus des régions fusionnées pourront choisir
le nom définitif. Au moins, Castelnaudary
et Toulouse n’auront plus à débattre de la
région d’origine du cassoulet.
Agathe Landais
15
#traj / politique
Podemos, la nouvelle donne
Podemos, le jeune
parti politique espagnol
de sensibilité d’extrême
gauche semble s’imposer.
Il est essentiellement
soutenu par de jeunes
espagnols « Indignés ».
Pablo Iglesias Turrión (second à droite), leader du parti Podemos. © DR
16
de Podemos. À ce dernier
s’ajoute la volonté de limiter
les indemnités des élus ou
encore d’établir un revenu
de base pour tous. Mais la
principale intention réside
en la création d’une réelle
démocratie.
Ces concepts séduisent. À
tel point qu’aux dernières
élections européennes,
le groupe a obtenu 7,97%
des voix (1,2 million de
votants), soit cinq sièges
sur cinquante-quatre.
Pour autant, cela
n’enthousiasme pas les
habitués de la Casa de
España, située dans le
quartier des Minimes.
Ces retraités espagnols,
amateurs de dominos et de
cartes, voient en Podemos
un « parti non prometteur
et dont le programme reste
flou ». Pour Roman Cosiña,
émigré depuis le début des
années 1960, « ces idées
ne sont pas réalisables. Les
jeunes y croient. C’est une
sorte d’idéal pour eux ».
Ils ne l’avoueront pas
mais leurs réticences
reposent également sur
« l’attachement qu’ils ont des
partis traditionnels » affirme
Jérôme Ferret, sociologue
et spécialiste des Indignés.
Car, oui, le groupe Podemos
s’appuie essentiellement
sur ce mouvement, qui a
éclaboussé l’Espagne à partir
de 2008. Jérôme Ferret,
professeur à l’université
de Madrid à cette période,
a réellement vu naître et
grandir le mouvement,
principalement mené par
« de jeunes diplômés de
sciences politiques et de
sociologie ».
Pour le sociologue, la
montée du parti réside
en sa communication
médiatique : « À Madrid,
une plateforme a été
essentiellement créée
autour du parti, des
médias et des réseaux
sociaux. Des personnes
y travaillent dessus de
manière continue. » D’après
lui, la presse espagnole et
internationale évoquent
beaucoup le mouvement.
Une communication
qui semblerait donc
fonctionner. « La preuve,
vous écrivez, vous aussi un
article. »
elsa tabellion, olympe pacaud
UN appel pour suivre
l’exemple grenoblois
Dimanche 30 novembre, à 10
heures, le groupe Résistance
à l’agression publicitaire de
Toulouse appelle à recouvrir
les panneaux publicitaires de
JCDecaux pour « dénoncer la
propagande publicitaire ». À
la place, les militants veulent
installer des dessins, slogans
et poésies. L’idée est de suivre
l’exemple de la ville de Grenoble qui a annoncé qu’elle
supprimerait toute publicité
dans ses rues à partir du 1er
En bref...
F
ondé en mars 2014,
le parti politique
Podemos («Nous
pouvons ») secoue l’Espagne
depuis quelques mois.
Selon un récent sondage
réalisé par le journal El País,
le parti arriverait en tête
avec 27,7% aux élections
législatives de 2015. Il
devancerait alors les deux
principaux partis espagnols,
le PP (Parti populaire,
actuellement au pouvoir)
et le PSOE (Parti socialiste).
Une première dans l’histoire
du pays.
Pour Carlos Hernández
Gironés, jeune designer
toulousain originaire
d’Alicante, ce succès est tout
sauf anodin : « La situation
actuelle en Espagne n’est plus
supportable. Tous les jours,
on apprend de nouveaux
cas de corruption de la part
des politiciens. Les partis
politiques traditionnels, je
ne leur fais plus confiance.
» C’est à ce titre qu’il a
rejoint le groupe «PodemosToulouse», récemment créé,
et dont la page Facebook
contient déjà une centaine
de membres. Instaurer une
transparence politique
totale est un des objectifs
janvier 2014.
Les policiers municipaux
désormais armés
C’était une promesse du candidat Moudenc, c’est désormais
entériné. Les policiers municipaux ont reçu l’autorisation
préfectorale de porter une
arme des catégories B et D lors
de leurs missions. Et ce, depuis
le mercredi 26 novembre.
#traj / politique
« Le mouvement a su attirer
des voix du Parti populaire »
Interview de Michel Martinez Perez, professeur d’espagnol à l’université Toulouse 1 Capitole.
P
ensez-vous que le succès d’un parti
comme Podemos était inévitable ?
Il y a eu un effet de surprise non
négligeable lorsque Podemos a obtenu
cinq eurodéputés en mai dernier. Des partis
minoritaires (nationaux ou territoriaux)
auraient pu capitaliser le mécontentement
citoyen, et certains ont été fragilisés par
Podemos. Les manifestations des Indignés
semblaient s’essouffler et aucun institut de
sondage n’avait prévu cette percée.
Justement, selon un récent sondage, le
parti arrive en tête devant le PP et le PSOE.
Pensez-vous qu’il y ait des chances que ce
soit le cas l’année prochaine lors des élections générales en Espagne ?
Un an en politique est une éternité. En une
année, Podemos peut commettre des er-
reurs (il y a déjà eu quelques couacs concernant Iñigo Errejón et son poste à l’université
de Malaga) et le PSOE de Pedro Sanchez retrouve un nouveau souffle. La droite reste
très soudée autour du PP, où les scandales
de corruption n’ont pas l’air de démobiliser
l’électorat le plus acquis.
Des retraités espagnols disent qu’ils ne
seraient pas étonnés de voir des partisans
du PSOE passer du côté de Podemos.
Ce n’est pas surprenant. La gauche
traditionnelle est séduite par Podemos,
qui rappelle le PSOE de 1982, un parti qui
promettait le changement également.
L’électorat de gauche est évidemment ravi
d’écouter ce qu’elle veut entendre après
des années où les socio-démocrates se sont
alignés sur les thèses économiques libérales.
Ce qui est plus étonnant, c’est que Podemos
a su attirer des voix du PP : un quart des
voix viendrait de droite! C’est sans doute
le résultat d’une ambiguïté affichée dans
les déclarations où les leaders de Podemos
se disent «Ni de droite, ni de gauche». Ils
préconisent également la régénération de
la politique.
Feriez-vous un parallèle entre Podemos et
le Parti de gauche français ?
Je ne pense pas. Podemos ne vient pas d’une
vieille structure de parti. C’est le résultat
d’un conglomérat de mouvements sociaux
avec des dirigeants universitaires, des politologues, qui ont étudié, et non pratiqué,
la politique.
Elsa Tabellion
Le contrat de tous
les dangers pour
Kader Arif
K
Kader Arif sortant de l’Elysée. © AFP
ader Arif n’aura
pas résisté longtemps aux soupçons de favoritisme qui
pesaient sur lui depuis
l’été dernier. Le secrétaire d’Etat aux Anciens
Combattants a soumis
sa démission à François
Hollande vendredi 21
novembre.
Déjà mis en cause dans
une affaire de marchés
publics passés entre la
région Midi-Pyrénées
et des sociétés dirigées
par des membres de sa
famille, c’est un contrat
passé entre le ministère de la Défense et la so-
ciété All Access qui aurait
eu raison de lui. Le quotidien Le Monde publie
aujourd’hui les termes de
cet accord.
Le 28 février dernier, cette
société gérée par les neveux de Kader Arif signe
un contrat à hauteur d’une
cinquantaine de milliers
d’euros pour des missions
telles que « prestations
d’accompagnement »,
« entraînement media training » à assurer auprès du
ministère de Jean-Yves Le
Drian.
C’est au cours d’une perquisition orchestrée par
l’Office central de lutte
contre la corruption et les
infractions financières et
fiscales, le 6 novembre dernier, que l’existence de ce
contrat a été révélée, selon nos confrères du Point.
Suite à la parution dans
la presse de cette affaire,
Kader Arif a préféré démissionner par « respect
pour la fonction ministérielle ». Il retrouvera donc
son mandant de député
de Haute-Garonne dans
les prochains jours.
Léa Stassinet
17
#traj / société
Du soi pour un toit
« Démographie : nous sommes les champions de France de la croissance ! » titrait La Dépêche
du Midi le 15 janvier dernier. Seul bémol : l’offre de logements et la demande de toits à Toulouse ont de plus en plus de mal
à concorder. De nouvelles alternatives se développent, avec leur lot de dérives.
P
our payer leur logement moins cher, les
étudiants et travailleurs précaires font
de plus en plus appel au système de logement contre services. Stephen Sanchez en
a fait l’expérience. Étudiant il y a encore peu
et ne gagnant que 500 euros par mois avec
son job, il cherchait à se loger à bas coût sur
Toulouse. « Je dormais chez des potes. Dans
une chambre au mieux, sur un canapé ou un
matelas dans un cagibi, parfois. » Ses amis ne
lui demandaient pas de loyer, mais il aidait
aux tâches ménagères et allait faire les courses pour la semaine.
Les services les plus proposés et demandés
sont les tâches ménagères, on trouve aussi
de l’aide aux personnes âgées et du baby-sitting. Mais pas que. Julia* avait posté une annonce sur un site gratuit. « Étudiante cherche
logement contre services (ménages, courses
ou repassage)!» Elle a alors reçu plusieurs réponses. La première, celle d’un homme de 48
ans, marié. Il demande si elle pense à d’autres
services. Il recherche une « femme à mettre
dans son lit trois fois par semaine ».
Clara, qui a aussi posté une annonce, répond
du tac au tac quand on l’interroge sur cette
pratique. « Oh oui, des personnes qui essaient
de loger des filles et qui exigent des relations
sexuelles en contrepartie, il y en a plein ! » Si certains ne cachent pas leurs intentions, d’autres
attendent que le contrat soit conclu avant
d’agir. Claire, 41 ans, mère depuis peu, raconte
comment. Longtemps dans la galère, cumulant les boulots et dormant dans des auberges
de jeunesse, elle a essayé cette solution en
échange de services ménagers. Elle cherchait
un logement gratuit. « Moi, j’ai une chambre»,
lui répond Marc, cinquantenaire à l’aise, au
téléphone. « Tu pourras rester autant que tu
voudras. » En échange ? « Du ménage seulement ! » Puis vient son installation dans
l’appartement. Il l’observe balayer et commence alors à la draguer.
D’autres petites annonces proposent un lit,
un seul lit, suivi de la mention « vie conjugale
obligatoire ». Porter plainte ? Si la sanction de
tels actes a été évoquée en septembre 2013
lors du débat sur la loi Alur à l’Assemblée
nationale, l’amendement déposé par l’écologiste Barbara Pompili n’a finalement pas
été retenu. Il s’agissait de pénaliser les sites
ou journaux diffusant ce genre d’annonces,
mais pas ceux qui les postaient. Ces hommes
qui appellent en numéro caché, aucune des
femmes interrogées ne leur répondent plus.
Julia parle d’un des appels qu’elle a reçu:
« Bonjour mademoiselle, je vous appelle suite à
votre annonce. La fille qui m’apportait certains
services depuis deux ans vient de partir. Une
chambre est disponible. Mais j’attends autre
chose que du ménage. Vous voyez ce que je
veux dire ? » Oui, malheureusement.
En bref...
CHOMAGE: L’ANNEE NOIRE SE
POURSUIT
Les chiffres du chômage du mois
d’octobre sont tombés jeudi
27 novembre. Sans surprise, ils
sont très largement à la hausse et
s’inscrivent dans la lignée d’une
année 2014 très compliquée. On
décompte 27 300 demandeurs
d’emploi supplémentaires de catégorie A sur la France entière, soit
une hausse de 0,8 % . Par la même
occasion, on atteint un nouveau
record dans cette même catégorie
avec 3 700 000 chômeurs.
Au total, ce sont aujourd’hui
5 457 400 personnes qui sont
inscrites à Pôle Emploi.
LE HEROS DU PONT-NEUF LIBRE`
En septembre dernier, Rachid
Djaoued, Algérien de 24 ans, saute
dans la Garonne depuis le PontNeuf pour sauver un homme de
la noyade. Considéré comme un
*les prénoms ont été modifiés
véritable héros, il reçoit un appel
de la préfecture de la Haute-
Lucie Coquart
Marie-Laure Lejeune
Garonne qui souhaite le décorer
pour son geste. Malgré tout,
le jeudi 20 novembre à 6h, il
est interpellé dans une maison
de l’Isle- Jourdain et placé en
détention. La raison: Rachid est
en situation irrégulière et a reçu
plusieurs avis d’expulsion. Jeudi
27 novembre, celui dont tout le
monde reconnaissait le courage et
la bravoure a été remis en liberté.
Son interpellation aurait été réalisée de manière irrégulière et son
avocat jure que l’acte héroïque de
son client n’est pas entré en ligne
de compte pour ce jugement.
De quoi permettre la décoration
du jeune homme? Réponse dans
quelques jours.
18
#traj / société
Occupons les logements vides
Réquisitionner des biens
afin d’y loger des personnes à la rue
: c’est l’une des missions de la Crea,
née il y a trois ans.
À
Toulouse, 20 000 logements seraient
inoccupés, selon la Campagne de réquisition d’entraide et d’autogestion
(CREA). Ce chiffre comprend également les
bureaux pouvant être transformés en appartements. Ces biens sont laissés à l’abandon par
leurs propriétaires. Actuellement, plus d’une
dizaine de bâtiments sont réquisitionnés par
le collectif, permettant à 150 familles de se
loger convenablement.
Parmi les bénéficiaires, Delio, un Italien de 32
ans, à la recherche d’un emploi. Il occupe une
maison dans le quartier de Saouzelong depuis
moins d’une semaine. «C’est une grande maison avec trois chambres», précise-t-il. Cette
villa, il la partage avec quelques amis. Il y a encore une vingtaine de jours, il était logé dans
un appartement au canal du Midi, avant d’être
expulsé par la police. Ici, il s’attend aussi à une
intervention des forces de l’ordre.
Cependant, Delio espère que les propriétaires
dont il ne connaît pas l’identité, seront plus
cléments. «Je souhaite qu’ils me laissent occuper leur maison. En échange, je m’engage à
entretenir leur propriété.» Une solution de logement provisoire pour le trentenaire.
Dès qu’un bâtiment vide ou une maison abandonnée est repéré par un membre de la Crea,
il l’évoque lors de l’Assemblée générale du
collectif. Deux assemblées générales publiques se déroulent pendant la semaine, le lundi
après-midi et le jeudi soir. Des personnes externes à la CREA peuvent également signaler
une maison inhabitée. Ce lundi après-midi, un
Roumain, la quarantaine, s’est déplacé boulevard de la Marquette pour l’AG du collectif. Il
ne parle pas français. Il réussit quand même
à expliquer qu’il a trouvé une maison vide et
qu’il souhaite s’y installer. «Est-ce que vous avez
l’adresse exacte du logement?» questionne un
membre de la Crea. L’adresse est utile pour
avoir les coordonnées du propriétaire via le
cadastre consultable à la mairie. L’étape suivante est de s’organiser pour éviter l’expulsion
immédiate. Il faut tout d’abord s’assurer que
la maison est bien vide et qu’il n’y a pas eu de
passage depuis un certain temps. Ensuite,
il est nécessaire de vérifier si elle est en bon
état. Dans le cas inverse, l’occupation est impossible. Enfin, il faut prévenir le propriétaire,
trois à quatre jours après l’installation. Mis au
courant, il porte plainte pour occupation illégale (c’est ce qui se produit dans la majorité
des cas), ou accepte une négociation. Au-delà
de 48 heures, la police n’a plus le droit d’intervenir. Il faudra cependant que l’occupant
fournisse des preuves. Un courrier d’un ami
envoyé à l’adresse de la maison au nom de
l’occupant peut aussi suffire. Des preuves
parfois caduques et ignorées par la police.
En plus d’aider des personnes à se loger, la
Crea organise des activités pour éviter l’isolement. Des activités entièrement gratuites
et publiques pour favoriser les échanges avec
les autres comme des cours de français, des
ateliers cuisine, des cours de boxe, des projections de films ou de documentaires. Alain
Petit, retraité de l’enseignement, anime l’atelier de langue. Il reçoit des personnes qui ne
parlent pas du tout français ou qui veulent se
perfectionner. Un atelier que le vieil homme
organise depuis trois ans.
«Beaucoup de personnes sont très mal accueillies dans le cadre de démarches administratives parce qu’elles ne parlent pas du tout
français.» Alain propose donc du vocabulaire
de la vie quotidienne, «en rapport avec le métro
par exemple», précise-t-il. La Crea est plus que
déterminée à poursuivre ses actions coup-depoing, malgré les problèmes récurrents avec
les forces de l’ordre.
Depuis trois ans, le collectif ne cesse d’augmenter le nombre de ses bénéficiaires.
Clarisse Watue
2 militantes de
la Crea
manifestent
contre les
expulsions.
©DR
Pour aller
plus loin
Selon un rapport de la Veille
sociale/Volet urgence du SIAO
31 (Service intégré d’accueil et
d’orientation), géré par le CCAS
(Centre
communal
d’action
sociale) de la Ville de Toulouse,
la métropole comptait 8688
sans domicile fixe en 2012. Ce
chiffre est une photographie sur
une année pleine, d’un étalement de la demande et non un
chiffre constant. Cependant, il
est clair que le nombre de sansabri est en constante augmentation dans la Ville rose. La même
année, l’Insee répertoriait 81
000 sans domicile fixe en France.
Toulouse accueillerait donc près
de 10% de cette population bien
particulière. Depuis deux ans,
la constante est également à la
hausse, même si aucune étude
précise n’a été réalisée. La Crea
confirme ces chiffres, ainsi que
l’augmentation énorme de ses
interventions chaque année.
19
#traj / société
questions
3à...
Josette Privat, présidente des
Restos du Cœur Haute-Garonne
En ce début de saison hivernale, pouvez-vous
dresser un bilan de l’activité des Restos dans
le département ?
C’est de plus en plus dur, surtout depuis deux
ou trois ans. Les aides institutionnelles baissent tout comme celles de l’Union Européenne
même si l’arrêt de ces dernières ne semble
plus à l’ordre du jour. Les dons privés stagnent,
c’est la crise pour tout le monde. On a un
déficit de bénévoles très important qui rend
compliqué le suivi de nos bénéficiaires. On en
compte en effet 1400 et 8 salariés dispersés
sur nos 36 centres du département.
Qui sont vos bénévoles ?
Pas mal de retraités nous aident la journée
ainsi que des personnes en recherche
d’emploi, qui souhaitent garder le rythme.
Certains sont chargés de la distribution des
repas (1,3 million en 2013), alors que d’autres
s’occupent de l’aide à l’insertion ou au logement. Au final, la distribution des repas
ne compose qu’un tiers de l’action des Restos. Beaucoup d’étudiants nous épaulent le
soir, notamment dans la rue, au contact des
sans-abri.
En parlant des étudiants, sont-ils de plus en
plus nombreux parmi vos bénéficiaires ?
Après les familles monoparentales, les
retraités et les sans-abri, les étudiants sont
les quatrièmes bénéficiaires des Restos et
représentent 8% du total. Certains se présentent même comme bénévoles, mais on
se rend compte rapidement qu’ils sont aussi
dans une situation de précarité et qu’ils ont
besoin de manger. Mais ce sont les gens qui
vivent dans la rue qui nous inquiètent le plus.
L’an dernier, nous avons accueilli 800 familles
en moyenne par centre. Cette année, on ne
pourra pas en accueillir plus.
Pascal Marie
Jonathan Sollier
L’événement de la rentrée
Dimanche 30 novembre, 14 h,
hall 8 du Parc des Expositions
de Toulouse
20 000 euros de lots
(dons aux Restos)
Timide marche féministe
On n’est pas belles, on est
rebelles ! », lance une militante féministe dans son
mégaphone à Saint-Sernin.
Une centaine de féministes
reprend le slogan en chœur
ce 25 novembre, Journée
internationale de lutte contre
les violences faites aux
femmes. Et le cortège
s’élance vers le square
20
Charles-de-Gaulle, l’endroit
où l’exposition censurée Les
Crocodiles aurait due être
présentée. La manifestation
est prévue de longue date, la
concomitance avec la
polémique suscitée par les
planches du dessinateur
belge Thomas Mathieu est un
pur hasard. Des dessins qui
dénonçaient le harcèlement
fait aux femmes. D’ailleurs,
les militantes n’en parlent
pas. Elles sont venues avant
tout pour défendre les droits
des femmes en général. Ellesdéplorent pêle-mêle une
société patriarcale, l’homophobie, le sort réservé aux
sans-papiers, ou encore la
pénalisation de la prostitution. Le cortège reste bon
enfant, sans accrochage avec
les forces de l’ordre. Seul
incident à signaler : quelques
pétards jetés dans la foule à
l’arrivée. Au désarroi d’une
militante, qui s’écrie que les
fauteurs de troubles desservent la cause féministe.
Magali Kerestedjian
#traj / On a testé
On a goûté des vers de farine
manger du roquefort en France ! » ironise
Monica Juarez.
« Le plus drôle, c’est la réaction des clients
lorsqu’on leur sert leurs assiettes. Le plus souvent, ils éclatent de rire et hésitent un moment
avant de se lancer. C’est vrai que ce n’est pas
anodin, c’est véritablement un pas à franchir,
un défi », raconte Monica Juarez. Présenté
dans des assiettes en terre cuite, le plat est
pourtant (presque) appétissant. Et puis, si
2,5 milliards de personnes, en Afrique, en
Asie et en Amérique centrale, se nourrissent
quotidiennement d’insectes, pourquoi pas
nous ? Monica, en tout cas, conseille à tout
le monde de goûter ce met inhabituel : « En
apéritif ou en plat, moi, j’adore ! J’aime faire
découvrir cet aliment autour de moi et voir
tomber les préjugés. »
L’entomophagie, ou
consommation d’insectes, est chose
courante pour plus d’un tiers de la
population mondiale et devient très
à la mode en France. L’occasion
de découvrir de nouvelles saveurs.
À
deux pas du métro Jean-Jaurès, au
8, rue Palaprat, se trouve le restaurant
mexicain La Sandia (« pastèque », en
espagnol). Dans ce restaurant, ouvert par
Monica Juarez et son mari il y a plus de vingt
ans, tous sont Mexicains – gérants, serveurs
et cuisiniers. Cet endroit atypique ravit les
Toulousains et connait un fort succès.
À l’intérieur, une petite salle à la décoration
très exotique : des banderoles bariolées pendent du plafond, les murs sont ornés de photos de paysages mexicains et de tableaux aux
couleurs criardes. Une musique aux sonorités hispaniques emplit le restaurant d’une
atmosphère joviale. La carte, qui – fait rare
– est traduite également en braille, propose
un vaste choix : tortillas, enchiladas et les
fameuses chips au guacamole se mélangent
à d’autres plats aux noms inconnus, aussi
dépaysants qu’appétissants. Mais un met
retient inévitablement l’attention : les « sopes
de Gusano ». Sous le nom du plat, il est écrit
« Ceci n’est pas une soupe ! » et, effectivement,
on en est loin. Ce sont de petites tortillas, des
galettes de maïs faites à la main, sous leurs lits
d’haricots noirs, recouverts de vers de farine.
Les sopes de Gusano © Julie L’Hostis
Une alimentation écolo
Un plat intrigant qui vaut le détour.
La restauratrice, Monica Juarez, achète ses
vers à un éleveur basé à Saint-Orens-deGameville, à une dizaine de kilomètres de
Toulouse. Il s’agit d’une biofabrique produisant exclusivement des grillons et des vers
de farine destinés à l’alimentation humaine.
C’est la première et la seule d’Europe. Monica
Juarez explique que les vers de farine sont
les larves d’un petit scarabée, qui peuvent
mesurer jusqu’à trois centimètres. Au
Mexique, « consommer différentes variétés
d’insectes est chose courante, ce n’est pas
du tout surprenant. C’est véritablement entré dans nos mœurs, tout comme le fait de
Impressions
« Visuellement, c’est appétissant ! La salade et les
tomates contrastent avec
la couleur brique du plat
et le set de table rose. Ces
petits vers de farine, servis
sur des galettes de maïs,
donnent presque envie !
C’est fumé, croustillant et
goûtu. La sauce manque
légèrement de sel mais apporte du liant. Le plat tient
la route, l’assiette raconte
une histoire ! »
Julie
« C’est la première bou-
chée qui est la plus
dure : porter ces petits
vers aux pattes grillés à sa
bouche... Puis j’ai croqué.
La matière m’a
dérangée : on sent la carapace de l’insecte craquer
sous nos dents. Ce n’est pas
très agréable sur la langue
et un peu trop sec. Mais
très vite le goût prend le
dessus : salé, légèrement
fumé… Finalement, croustillant et appétissant ! »
Lucile
« Manger des vers,
beurk ? En fait, pas du
tout. C’est même plutôt
bon. Servis sur une tortilla,
ils sont grillés, croustillants, peut-être un peu
trop secs. En réalité, les
vers seuls n’ont pas beaucoup de goût. On sent
surtout la galette de maïs.
Dommage, mais bon, c’est
rigolo. »
Margaux
La méthode de cuisson est toute simple : les
vers de farine sont grillés avec un peu d’huile
d’olive, d’ail et de sel. Ils sont cuits sur une
plaque traditionnelle mexicaine appelée le
comal, une sorte de plancha. Monica Juarez
explique que l’entomophagie, ou consommation d’insectes, est excellente pour la santé. Très riches en terme de valeur énergétique, les insectes contiennent beaucoup de
protéines, de vitamines et de minéraux. « Dix
grillons cuits ont la même valeur nutritionnelle que cent-dix grammes de bifteck ! » Peutêtre la nourriture du futur, donc, tandis que
notre mode de production de viande atteindra
bientôt son seuil maximal et que la population mondiale, selon diverses études, aura
quasiment doublé d’ici 2050.
À l’heure où la population se sent de plus en
plus concernée dans la protection de l’environnement, l’entomophagie, qui prospère
de plus en plus, semble avoir de beaux jours
devant elle. L’élevage des insectes est en
effet beaucoup moins polluant que celui de la
viande : 1kg de bœuf produit 1850 g de gaz à
effet de serre, tandis qu’1kg de criquets n’en
produit qu’1,57g et est aussi beaucoup moins
gourmand en énergie.
Phénomène de mode, engouement pour
une alimentation sortant de l’ordinaire
ou retour à nos instincts primaires endormis, la consommation d’insectes est en
tout cas une expérience originale à tester
absolument, pour les plus valeureux de
nos lecteurs.
Agathe Landais
21
#traj / sciences et technologies
E]^aVZ!aÉVegƒh"&'cdkZbWgZ
Deux semaines
après l’atterrissage
du robot Philae sur la
comète Tchouri, exploit
encore jamais
réalisé dans l’histoire de
l’homme et de l’espace,
le CNES se repose
désormais en préparant
la suite des opérations.
Etat des lieux.
V
Le maquette du robot Philae trône fièrement au centre de la salle d’observation spatiale. © Lucas Serdic
oilà maintenant quinze jours que
le module Philae a posé ses pattes
sur la comète Tchouri. En cette matinée du jeudi 27 novembre, dans la salle
d’observation spatiale où la quasi-totalité
des ordinateurs sont éteints, seule une
poignée de scientifiques et de techniciens,
sur la trentaine qui compose l’équipe de
Philippe Gaudon, est présente. On a du
mal à se dire qu’il y a à peine deux semaines, un des plus grands exploits de l’histoire de l’homme dans l’espace s’est joué
ici-même. Dans les couloirs du 2 e étage
du bâtiment Descartes du Centre national d’études spatiales (CNES) toulousain,
les bureaux sont pour la plupart déserts.
« Beaucoup de membres de l’équipe sont en
congé, témoigne Aurélie Moussi, responsable des opérations scientifiques à bord
de Philae, les deux dernières semaines ont
été plus qu’épuisantes. »
La vie du premier robot à s’être posé sur
une comète continue de rythmer celle de
l’équipe de chercheurs toulousains. Entré
en hibernation la semaine dernière, Philae
impose un repos bien mérité à ses observateurs, même si çela n’était pas prévu au
programme. « Normalement, tout aurait dû
se jouer dès les premières semaines après
son atterrissage. Philae devait se poser sur
un site bien éclairé qui aurait permis de
recharger ses batteries régulièrement, et
sa durée de vie devait se prolonger jusqu’à
mars, moment où l’ensoleillement, trop
''
puissant, aurait provoqué soit un grillage
du robot, soit un dégazage important de la
comète, ayant pour conséquence l’expulsion
du robot de la surface de Tchouri », raconte
Philippe Gaudon.
Un imprévu,
mais des résultats précieux
Seulement voilà, le petit robot n’en a fait
qu’à sa tête. L’atterrissage a été plus brutal que prévu et les harpons qui devaient
ancrer Philae au sol de la comète n’ont
pas fonctionné, meurtris par dix années
passées dans l’espace à des températures
extrêmes. « Cela n’a pas été une surprise,
les simulations que nous avions faites avant
l’atterrissage nous avaient indiqué qu’on
rencontrerait ce problème, explique Aurélie Moussi, nous savions que Philae allait
rebondir, mais il nous était impossible de
prévoir l’issue de ce rebond. »
C’est alors que la chance (ou la malchance)
s’en est mêlée. Deux heures après son premier contact avec la comète et une série de
rebonds (dont un premier qui a duré près
d’une heure), et contrairement aux souhaits et aux prévisions de l’équipe, Philae
est parti se nicher au milieu des falaises,
dans un site complètement sous-exposé
par rapport au Soleil, annihilant tout espoir
de rechargement des batteries grâce aux
panneaux solaires. Alors, après quelques
heures d’analyse, les scientifiques ont dû
se rendre à l’évidence : Philae n’avait plus
de pile et ses batteries étaient vides sans
possibilité de les recharger.
Un mal pour un bien selon Aurélie Moussi :
« Les premières analyses montrent que la
comète possède en surface une couche de
matériaux poudreux que les rebonds de Philae ont permis de soulever », facilitant ainsi
les prélèvements issus de cette couche car
l’un des appareils de mesure dont est équipé Philae est ce que l’on appelle un « sniffeur », capable d’analyser les éléments « au
vol ». « De plus, la position actuelle de Philae
ne présente aucun risque de dégazage de la
comète à cause du faible ensoleillement »,
poursuit la scientifique. « Le revers de la
médaille, c’est qu’il en présente tellement
peu que Philae pourrait ne jamais en avoir
assez pour se réveiller », conclut-elle.
D’où l’importance du travail que font les
spécialistes de la mécanique spatiale en
ce moment-même : un travail de recherche de la position exacte de Philae sur la
comète afin d’envisager l’évolution de son
ensoleillement et la planification des prochaines étapes. « Pour pouvoir se réveiller,
Philae a besoin d’une température d’au minimum -30 °C. Or, pour le moment, ses équipements électroniques sont soumis à une
température de -110 °C », précise Laurent
Jean-Rigaud, membre du service Maintenance de la chaîne d’opération (MCO)
au sein du CNES. Leur seule chance, elle
se situe en août 2015, au moment où la
comète Tchouri se situera au plus proche
#traj / sciences et technologies
du Soleil au cours de sa révolution (on appelle cette période la périhélie). Si Philae
ne peut pas recharger suffisamment ses
batteries à ce moment-là, c’en sera fini de
lui, la période de révolution de la comète
étant de sept ans. Il ne faut toutefois pas
céder au fatalisme : quelle qu’en soit l’issue
désormais, la mission demeurera un succès.
« Huit des dix appareils de mesure ont eu le
temps d’envoyer les premières données et
elles sont largement exploitables », explique
Aurélie Moussi. Le CNES se doit maintenant
de fournir toutes les informations reçues
aux équipes de scientifiques chargées de
les analyser qui sont éparpillées dans toute
l’Europe. Pour le moment, les retours sont
très bons : « Cela va prendre du temps parce
qu’il y a beaucoup de choses à analyser, mais
cela veut dire que notre contrat est rempli,
on va bientôt en savoir beaucoup plus sur
la constitution des comètes. »
Et maintenant ?
« Le début de la phase de réveil du robot est
prévu pour avril ou mai prochain », selon
Philippe Gaudon. Une réunion a d’ailleurs
lieu ce jeudi matin, elle a pour but de distribuer les rôles pour les prochains mois, car
encore une fois, les événements sont loin
d’avoir suivi la feuille de route. « La phase
d’analyse et de récupération des données
devait se dérouler en ce moment même et
ce jusqu’à mars, date de la “ mort “ prévue
de Philae », confie Aurélie Moussi. « Or c’est
La salle d’observation spatiale vide affiche encore le compte à rebours de l’atterrissage de Philae. © Lucas Serdic
précisément en mars que cette période va
débuter. Il s’agit donc de trouver comment
travailler efficacement avec les gens qui
étaient prévus sur place alors que nous sommes dans une période creuse. »
La période creuse, Aurélie Moussi est en
plein dedans, et ce n’est pas pour la ravir : « Il faut en profiter pour faire les rapports et l’administratif… la paperasse en
somme. » Elle se voit davantage comme
une femme d’action, dans un rôle où la
technique est au centre du projet. Quand
on lui demande si le coup de blues se fait
sentir après tant d’ébullition, elle répond
Les ingénieurs en mécanique spatiale cherchent encore l’emplacement précis de Philae. © Lucas Serdic
par la négative : « J’ai davantage un sentiment de soulagement car les dernières
semaines ont été très intenses et très stressantes, la tête dans le guidon. J’avais vraiment besoin de souffler. » Avait-elle mesuré l’ampleur de l’exploit qu’ils étaient en
train d’accomplir ? « Pour ma part, j’étais
enfermée au centre d’observation spatiale
du DLR (équivalent du CNES) de Cologne, en
Allemagne, avec les responsables du projet
Rosetta. Les médias étaient interdits dans
l’enceinte du centre. C’est en sortant et dans
les jours qui ont suivi mon retour en France
qu’on a constaté l’engouement que cela a
suscité. » Et les louanges : « La NASA nous
a contactés pour nous féliciter et nous demander conseil. » L’agence spatiale américaine prévoit en effet de mener à bien un
projet équivalent, mais sur un astéroïde.
Elle concède alors « avoir sans doute vécu
un moment qui ne se présente qu’une fois
dans une carrière ». Elle pense d’ailleurs
déjà à l’après-Philae : « J’aimerais travailler
sur un projet qui implique la planète Mars,
pourquoi pas Curiosity ici même au CNES,
ou en Inde, ou en Chine, des pays qui ont des
projets très intéressants. J’adorerais pouvoir
évoluer au sein de la base de lancement du
Centre spatiale guyanais (CSG). »
Pour beaucoup de ces chercheurs, scientifiques, techniciens, ingénieurs, Philae
représente le point culminant d’une carrière que bon nombre leur envieraient.
Pour d’autres, il ne s’agit peut-être que
d’une étape…
LUCAS SERDIC
'(
#traj / sciences et technologies
Le beau label French Tech
Le label Métropoles
French Tech
a récemment été attribué à
Toulouse. Il s’agit d’une
reconnaissance officielle d’un
pôle dynamique en matière
d’innovation via les
start-up numériques.
Logo et devise de la campagne «French Tech Toulouse». ©
Cinq ans après Silicon Valley, le gouvernement
français s’applique à son tour à soigner le
numérique. La French Tech a été fondée en
2013 par le Ministère délégué aux PME, à
l’Innovation et à l’Economie numérique.
Il s’agit de regrouper sous le même nom
l’ensemble des acteurs du réseau startup de France, qu’ils soient entrepreneurs,
ingénieurs, blogueurs, designers ou encore
investisseurs.
La appellation Métropoles French Tech en a
ensuite découlé. Le but est d’attribuer ce label
à des métropoles qui constituent des pôles de
développement majeur et représentent des
avantages non négligeables pour s’insérer
sur le marché international.
Toulouse en a récemment été dotée. Chaque
métropole labellisée a son logo et sa devise, les
couleurs restant dans le même ton de rouge
ou rose dynamique, pour créer un ensemble
harmonieux au niveau national.
Au début de l’histoire, Fleur Pellerin, alors
ministre du Numérique, déclarait : «L’objectif,
c’est de tout faire pour que les prochains Google
naissent et se développent ici, en France et en
Europe ! »
Concrètement, l’aide de la Bpifrance (banque
public d’investissement) est à hauteur de 200
millions d’euros et celle de l’Agence française
pour les investissements internationaux :
de 15 millions d’euros. Le tout est géré par la
Caisse des dépôts dans le cadre du Programme
d’investissements d’avenir.
Faire parler de soi et se faire connaître est
d’autant plus important dans le domaine des
start-up. Le compte Twitter de la French Tech
de Toulouse ne compte pas moins de 1756
abonnés et est actif et visible chaque jour.
Impulsion positive,
débuts abstraits
La start-up numérique toulousaine Tonpsy
(www.tonpsy.fr), par exemple, propose aux
utilisateurs de prendre rendez-vous avec un
psychologue en ligne et de réaliser leur séance
par webcams interposées. Jean-Philippe
Da Costa, chef opérationnel de Tonpsy,
pense qu’un «effort de communication plus
important encore de la part de la French
Tech devrait être fait pour que gagner en
notoriété».
Et pire encore, même les start-up du
numérique sont dans le flou. French Tech
Toulouse ne s’est pas vraiment organisée et
est donc dans l’incapacité de renseigner les
principaux intéressés que sont les entreprises.
«Pour l’instant, c’est très nébuleux. Nous avons
très peu d’informations sur le déroulement
des choses et cela manque énormément»,
confie Jean-Philippe Da Costa. L’impulsion
du label est clairement positive. C’est une
bonne nouvelle assurément, mais elle est
encore abstraite. Les start-up ne sont même
pas sûres de connaître les moyens que la
French Tech Toulouse mettra en place pour
favoriser leur développement.
La Bpifrance était déjà un fervent investisseur
dans ces entreprises du numérique. Ce qui
change avec la French Tech, c’est le mode
d’organisation, la structuration qui en découle,
ainsi que le montant des aides. Une fois le label
obtenu, French Tech Toulouse va devoir être
réactif et apporter des réponses rapidement.
Surtout, à l’ère du numérique...
Olympe Pacaud
En bref
Parkinson : une cuillère antitremblements.
Vapoter tue ?
L’nvention de la start-up américaine Lift Labs qui permet de venir en
Une étude remise à l’Institut national de la santé publique japo-
aide aux patients atteints de la maladie de Parkinson est désormais
naise a mis en évidence la présence de quatre substances can-
en vente sur Internet. Des capteurs électroniques localisés dans la
cérigènes dans la cigarette électronique. Chauffés, les produits
poignée de la cuillère permettent de détecter les tremblements du
chimiques présents dans l’e-cigarette pourraient même être
bras et d’orienter la tête de la cuillère dans le sens inverse. Selon une
plus nocifs que dans une cigarette classique. Les conclusions du
étude menée aux Etats-Unis auprès de dix personnes souffrant de
rapport ne sont cependant pas définitives et les concentrations
la maladie de Parkinson, ce dispositif réduirait de 75% les tremble-
varient en fonction des marques. Selon le rapport, les vapeurs
ments du bras.
inhalées contiendraient notamment du formaldéhyde, de l’acroléine, du glyoxal ou encore du méthylglyoxal.
24
#traj / sciences et technologies
Le LAAS
toulousain à l’honneur
A l’occasion du lancement
mondial de la nouvelle norme de
protocoles OneM2M à Nice du 9 au
11 Décembre prochain, l’équipe du
professeur Thierry Monteil a été invitée
avec 7 autres équipes de chercheurs
à présenter son logiciel OM2M et à en
faire une démonstration.
I
maginez un monde où lorsqu’on s’assoit
sur son canapé pour lire un livre, la veilleuse
s’allume automatiquement. Où lorsqu’on
sort de chez soi, toutes les lumières s’éteignent
sans un interrupteur. Le professeur Thierry
Monteil, chercheur au laboratoire LAAS-CNRS
de Toulouse, et son équipe de dix doctorants
travaillent pour accomplir cet exploit depuis
plus de deux ans maintenant. Et le résultat
commence à se faire sentir. « Quand on parle de
maison et d’objets interconnectés, le problème
se situe dans la normalisation des protocoles,
nous explique Thierry Monteil, notre logiciel
permet de regrouper tous ces protocoles et donc
de connecter tous les objets entre eux. »
Pendant que les géants du numérique
(Machine-to-Machine) représente l’avenir, et Airbus
prévoit de développer pour
ses avions du futur une
consommation d’énergie
réduite au maximum.
D’autres domaines seraient très intéressés par
cette technologie, on parle
de l’automobile, de la santé. Une étude menée par
l’entreprise Gartner l’an
dernier annonce 26 milliards d’objets connectés
d’ici 2020... Ils étaient 900
Le bâtiment écologique Adream où le LAAS travaille © Lucas Serdic
millions en 2009, soit 30
(Apple,Google) s’évertuent à développer leur fois plus en une décennie! Les chiffres donpropre langage, les chercheurs toulousains ont nent le vertige : pour l’énergie, le potentiel
préféré anticiper et dompter la norme euro- économique de cette technologie représente
péenne ETSI sortie en 2013. Grand bien leur environ 350 milliards de dollars d’après les esen a pris puisque la norme mondiale OneM2M timations de l’entreprise Cisco.
s’inspire grandement de sa devancière euro- « Nous nous sommes positionnés au bon mopéenne. Certaines grandes entreprises ne s’y ment, se réjouit Thierry Monteil, nous allons
sont d’ailleurs pas trompées, Airbus et Ericsson sans doute créer une start-up pour développer
profitent déjà de la partie du logiciel disponible encore notre concept » et ainsi surfer sur la
en Open Source.
vague.
Il faut dire que dans le domaine de l’économie
d’énergie notamment, la technologie M2M
Lucas Serdic
De l’électricité dans l’ère
Dans le secteur de l’aviation, 2014
restera l’année ayant vu voler le premier
avion à propulsion 100% électrique.
L’E-Fan est le projet aéronautique le
plus ambitieux de ce début de siècle.
A
vril 2014, aéroport de Mérignac, un
avion décolle… sans bruit, ni gaz à effet de serre. L’E-Fan, un biplace électrique, effectue son premier vol officiel. L’avion
électrique anticipe l’épuisement des énergies
fossiles tout en évitant l’émission de CO2. Plus
de pollution de l’air, ni de pollution sonore, les
moteurs électriques étant quasi inaudibles.
Aujourd’hui prototype, l’E-Fan sera commercialisé à l’horizon 2017, comme l’annonce
Francis Deborde, le gérant de la société Aero
Composites Saintonge qui le construit : « Une
fois les tests effectués, un modèle sera vendu
aux écoles pour la formation des pilotes. »
Avion formateur et de loisir dans un premier
temps, « le concept évoluera en avion de transport dans les décennies à venir, poursuit-il.
Mais là, notre PME passera la main. »
Plus qu’un concept novateur, l’avion électrique est un véritable changement de paradigme industriel. Airbus, concepteur à la
base de l’E-Fan, compte en faire un avion régional. Julie Fosse, manager du projet E-Fan,
évoque le sujet : « Cet avion pourrait voir le
jour dans les années 2030. Il ne s’agirait pas
d’un avion tout électrique mais plutôt d’un
avion hybride. » Le projet, qui porte le nom
d’E-thrust, associe turbines électriques et
turbines à gaz.
En attendant l’avion électrique, Air France
a effectué en octobre 2014 son premier vol
avec biocarburant, à hauteur de 10 %, sur une
ligne Toulouse-Orly. Cette année est aussi
celle de l’A320 Neo, qui consomme 15 % de
carburant en moins, parcoure 800 km en plus
et est moins bruyant que l’A320.
Preuve que l’aéronef E-Fan est une révolution, le magazine Popular Science vient de lui
attribuer le label « Best of What’s New », prix
référence en la matière. Toutes ces innovations tendent vers une même affirmation :
l’ère du tout kérosène touche à sa fin.
Olivier Levrault
Image 3D de ce que pourrait être l’E-thrust. © Airbus
25
#traj / environnement
De l’or pour les tueurs
de champignons
Médaille d’or
au concours Igem
pour les étudiants
de l’Insa à Toulouse.
Leur découverte
pourrait venir à bout
du chancre coloré
qui tue les platanes
du canal du Midi.
Les platanes malades du Canal du Midi sont abattus pour éviter la propagation du chancre coloré. © DR
26
La recherche des étudiants
n’est encore qu’au stade de
prototype après trois mois de
manipulations en laboratoire comme l’explique, Camille
Jourdan, en cinquième année
de génie biochimique à l’Insa
de Toulouse : « Pour des mesures de sécurité nous ne pouvons
pas travailler avec le chancre
coloré en laboratoire, nous
avons dû prendre un autre
champignon aux propriétés
équivalentes. »
C’est sur des plantes modèles que les étudiants ont fait
leurs premiers tests qui se
sont révélés concluants.
« Notre idée est d’injecter une
bactérie fongicide que l’on
trouve naturellement dans le
platane, en la modifiant pour
espérer qu’elle se développe et
que l’arbre ne la rejette pas »
précise-t-il.
Entre 13 000 et 15 000
arbres infectés
Jacques Noisette, responsable de la communication
Voies Navigables de France
(VNF) pour le sud-ouest est
ravi d’avoir subventionné le
projet des étudiants : « Nous
avons un œil très intéressé sur
tout ce qui peut faire avancer
la recherche. » déclare-t-il .
Entre 13 000 et 15 000 arbres
seraient infectés. La présence
du champignon est plus
accrue en Midi-Pyrénées.
1 200 arbres ont été replantés
et cet hiver, 1 200 nouveaux
suivront. « Quand on abat
un arbre, il faut aussi abattre
ceux qui sont dans un rayon
de 50m. Si en plus, il se situe
près de la berge, nous devons la
consolider avec du bois. Ceci a
un coût, 3 000 € environ, avec
le suivi qu’il faut faire pendant
trois ans après la replantation.
» conlut-il.
Les essais grandeur nature et
l’aboutissement de ce projet
restent encore incertains. Sur
trois mois, le budget de recherche des étudiants était
de 55 000 €. Pour continuer
la recherche, le budget devra être plus conséquent et
de nouveaux partenaires seront nécessaires, même si
un membre de l’équipe souhaiterait en faire un sujet de
thèse comme le confiait Camille Jourdan. Si le projet devait aboutir, VNF ne serait pas
défavorable à l’apport d’une
nouvelle aide financière.
Marie-Laure Lejeune
et Lucas Serdic
Les gagnants du igem remercient leurs partenaires
Jeudi 4 décembre à 14heures,
les étudiants du concours Igem
(International Genetically
Engineered Machine) organisé
par le MIT (Massachussetts
institute of Technology), invite
le public à une demi-journée de
remerciements. Ils présenteront
leur projet et différents intervenants seront présents.
La cérémonie se déroulera dans
l’amphithéâtre Riquet
à l’Insa de Toulouse, 135 avenue
En bref
A
près le prix Nobel de
Jean Tirole, la Ville rose
se distingue sur le plan
scientifique cette fois-ci. Onze
étudiants en quatrième année
de l’Insa et de l’université PaulSabatier sont allés à Boston
au mois d’octobre et ont remporté le prix de la meilleure approche expérimentale et une
médaille d’or dans le cadre du
concours Igem (International
Genetically Engineered Machine) organisé par le MIT
(Massachussetts institute of
Technology).
Ce concours mettait en compétition 250 équipes pour une
centaine de médailles distribuées et une vingtaine de prix
spéciaux accordés. Ce prix apporte une véritable légitimité
dans le domaine scientifique
aux Toulousains.
Pendant l’été, ils ont cherché
à développer une bactérie qui
serait à même de combattre
le chancre coloré, un champignon qui asphyxie les platanes
du canal du midi. Il s’attrape
par une plaie sur le tronc ou par
les racines. Quand un platane
est touché la seule solution est
de le déraciner, lui et ceux qui
lui sont proches, avant de les
brûler pour éviter que les spores n’aillent se déposer ailleurs.
de Rangueil.
Fabrication Cosmétiques
naturels
Atelier de fabrication de crème
hydratante samedi 6 décembre,
36 rue Bernard Mulé
à Toulouse. Organisé par l’association Bleue comme une orange,
les participants pourront repartir
avec leur produit et un livret de
recettes et d’information. Le tarif
de participation est de 20€ plus 5
€ d’adhésion. Plus d’informations
au 05 61 34 25 21.
#traj / environnement
Sivens : infraction au code !
Suite à la réunion du 26 novembre,
la Commission européenne pourrait
annuler son aide estimée à 2 millions
d’euros concernant le projet du barrage
de Sivens (Tarn). La France aura deux
mois pour répondre à cette décision.
«F
ranchement, je m’en fous! » Lorsque Gwenn apprend que la Commission européenne va placer la
France en demeure, il n’exulte pas. Cet habitué
des ZAD (zone à défendre) estime que ce genre
de sanction devrait également s’appliquer à
d’autres projets, comme celui de Notre-Damedes-Landes. La nouvelle se propage chez les
occupants. Surpris, certains se montrent plus
expressifs: « Dans l’cul! » crie l’un d’entre eux.
Pour d’autres, comme Jo, originaire d’Alsace
« ce sont juste de belles paroles et cela risque
d’attiser la violence policière à notre égard ».
Pourtant, hier à Bruxelles, c’est un coup dur qui
s’est abattu sur le projet du barrage de Sivens.
« Le projet était illégal dans le cadre du droit européen »
Le fonds, susceptible d’être annulé, est indispensable à la finalisation du projet. Du côté
des Verts, la joie est mesurée tant le scénario semble logique au vu du droit. « On s’y
attendait. Le projet était illégal dans le cadre
du droit européen. On montrera qu’il l’était
aussi au niveau du droit français », souligne
Un zadiste installé sur une tour
construite à Sivens. © AFP.
Guillaume Cros, président du groupe Europe
Ecologie les Verts (EELV) au conseil régional
Midi-Pyrénées. Il souhaite que cet épisode «ait
des répercutions sur la loi d’utilité publique et
sur le contrôle des financements européens:
il faut qu’il s’applique avant la réalisation du
projet et non pas après ». Quant à Alice Terrasse, avocate du collectif anti-barrage, elle
rajoute que l’Europe ne pouvait aller au-delà
de sa propre directive sur l’eau. « La directive
fixe des règles aux États membres afin qu’ils
ne dégradent pas les zones aquatiques. Il est
impossible de mettre en œuvre des travaux
comme ceux prévus à Sivens. » Chez les probarrage, l’heure est moins à la fête. AdourGaronne, premier financeur du projet, avec
4,4 millions d’euros investis, ne s’avoue pas
vaincu pour autant. « Nous n’en sommes pas
du tout à l’étape de l’annulation définitive
du projet, mais au stade d’une recherche de
solution consensuelle », déclare l’agence.
Les acteurs favorables au barrage, malgré la
décision en leur défaveur, ne baissent pas les
bras. Ils pointent du doigt une autre facette
du problème. Parmi eux, Philippe Follio, député UDI du Tarn, évoque un déni de démocratie locale. « Les opposants empêchent la
réalisation d’un projet qui a subie toutes les
étapes administratives nécessaires. Ce n’est
plus la volonté générale qui s’exprime par le
biais des élus, mais une vision imposée par
une minorité à la majorité.» Par minorité,
il entend les zadistes de Sivens. Il dénonce
leur occupation comme « illégale ». Ces derniers attendent le verdict des experts de la
police des eaux, l’Onema. L’organisation a
enquêté dans la semaine afin de savoir si les
conditions de vie des occupants, et les tirs
de lacrymogènes des policiers auraient une
nuisance sur la qualité des eaux. Une procédure jugée stupide selon Guillaume Cros, qui
assure n’avoir vu « que des écolos » sur le site
en question. Droite ou gauche, l’écologie n’a
pas fini de faire valser la politique française.
Guillaume Asmanoff et Antoine Miailhes
Candie, un domaine bio-urbain
2014, année transitoire pour
Toulouse et son domaine de Candie
qui achève sa conversion au bio. Sa
production de vin aura désormais le
label Agriculture biologique.
T
ransformation radicale pour le domaine
viticole de Candie, au nord de Toulouse.
La conversion au biologique implique, en
effet, de modifier en profondeur son mode de
production. Être certifié Agriculture biologique
signifie que l’utilisation de produits phyto-sanitaires conventionnels (herbicides, pesticides,
fongicides) est prohibée. « Ce qui ne veut pas dire
qu’on n’utilise plus rien, mais seulement des pro-
duits autorisés, tels le souffre ou le cuivre», précise Addy Amari, directeur de la Régie agricole
du domaine de Candie. Des produits autorisés
mais non sans danger, même s’ils sont nettement moins nocifs que ceux employés dans
le conventionnel. Les maladies cryptogamiques, comme le champignon mildiou, ou liées
à des bactéries, comme la flavescence dorée,
restent une réalité. En outre, le désherbage
a été automatisé, à la place des redoutables
désherbants chimiques.
Implanté en zone péri-urbaine, le domaine se
trouve à proximité des axes routiers et de la
Ville rose, et donc de plusieurs sources de pollution pouvant poser problème dans le cadre
d’une agriculture biologique. « La question se
pose, mais c’est principalement une idée reçue.
Ces éventuels problèmes que sont la pollution
des sols et de l’air sont pris au sérieux et contrôlés » explique Addy Amari.
Racheté en 1976 , le domaine de Candie compte aujourd’hui 200 hectares cultivés. Orge,
blé et surtout vin. La production, depuis le
passage au bio, est passée de 100 000 bouteilles à environ 40 000 par an. Derrière cette
transition se cache la promotion d’un mode
de consommation plus sain, mais aussi un
bel outil patrimonial : du vin qualitatif pour
donner une bonne image de Toulouse. Un «
coup de com’ », confirme Addy Amari.
Victor Miget
27
#traj / éducation
L’université, ZAD éternelle
Mouvements zadiste et estudiantin ont fusionné dans le terreau traditionnellement fertile de l’université JeanJaurès, ex-Mirail. Le blocage cristallise et exacerbe les tensions depuis deux semaines.
« Tout le monde, déteste les fachos. » Chantés, eux n’ont pas voté pour le blocus lors de la
repris, hurlés, ces quelques mots illustrent dernière AG.
l’impossible communication entre les étudiants présents dans l’amphi 8 de l’université Atelier bouffe froide
de Toulouse Jean Jaurès. Depuis 12h30, les Le blocus. Il a le mérite d’être le point de
vases ont eu le temps de se remplir. Heureu- convergence de tous les étudiants. Les pour.
sement, ils ne déborderont pas. Pas vraiment. Les contre. C’est pour voter son maintien, voire
Après presque six heures d’assemblée géné- sa poursuite, qu’ils sont aussi nombreux à se
rale, tout le monde finira par sortir dans le regrouper dans l’amphi 8. Sauf que comme
calme. Et ce n’est pas rien de l’écrire. « Je trouve le relèvera ce professeur de mathématiques :
que la tension était moins palpable aujourd’hui « Les AG sont révolutionnaires, pas démocraque la semaine dernière, explique pourtant un tiques. » Et pour cause. Entre les deux camps,
des premiers étudiants à vouloir se faire appe- les nuances sont nombreuses, mais la scisler Camille, du nom que tous les zadistes ont sion tenace.
choisi de s’affubler.
Mais c’est vrai cette
assemblée était plus
longue, donc plus fatigante pour tout le
monde. »
Plus longue et plus
fatigante que celle de jeudi dernier,
durant laquelle a été
voté le blocus qui sévit ce mardi 25 novembre. Là encore,
ils sont un peu plus
de 1 000, entassés
dans l’amphithéâtre 8. La journée est
chargée. Accessoirement, les 17 000
étudiants de l’université sont appelés
aux urnes pour les
élections du Crous.
« Sauf qu’avec le blo- Local de l’UNEF vandalisé. © Sylvain Labaune
cus, c’est un peu compliqué, concède un membre de l’Unef. Plu- Stéphanie n’a que 20 ans, mais son avis est
sieurs bureaux de vote n’ont pas pu être déjà bien tranché. Le blocus, elle n’en veut pas.
ouverts. Puis notre local a récemment été at- Une posture qui ne l’empêche pas de constataqué. On a connu meilleure ambiance. » Ef- ter une division chez ses contradicteurs :
fectivement, les carreaux du QG de l’Unef « Non mais t’inquiète, eux sont gentils, ils te
sont grossièrement impactés. Un « collabo », font des bisous », dit-elle pour rassurer ses
tagué à la bombe noire barre largement leur copines. « À l’UFR d’Histoire, ils sont en train
entrée. « On a nos idées mais, non, on ne sait de tout péter. Ils ne peuvent pas nous laisser
pas vraiment qui c’est. » Comme « Solidaires aller en cours ? Mardi dernier déjà, j’avais comEtudiants », son principal adversaire, l’Unef mencé à retirer des tables et des chaises pour
veut combattre les coupes budgétaires im- pouvoir passer. Ça n’a pas duré longtemps,
posées aux Universités par l’Etat. Cependant, j’ai littéralement été prise pour un ballon. Ils
28
ont été violents et m’ont dégagée . » En ce qui
concerne les « gentils », ils sont installés sur
une parcelle de pelouse, à côté des bâtiments
de philosophie et de géographie. La semaine
passée, ils ont commencé par installer quelques tentes. Elles sont une grosse quinzaine
aujourd’hui, entourant les cabanes en bois
qui commencent à sortir de terre. « L’objectif,
c’est de se réapproprier notre fac », explique
Manon, 23 ans.
Tous les jours, des étudiants se rendent au
marché Jeanne-d’Arc pour récupérer ce qui
est jeté, mais qu’ils estiment encore consommable. Des ateliers sont également organisés.
9h : débat sur les
projets inutiles ;
10h30 : atelier
« bouffe froide » ;
16h : atelier de désobéissance civile.
Oui, ça ressemble
à une ZAD. Mais
ça ne s’appelle pas
comme ça. « C’est
une ZIC. Une zone
d’interpellation
chaleureuse », précise Manon.
Des zadistes de Sivens sont pourtant
bien présents. Ils
font certainement
partie de ceux que
le président de
l’université, JeanMichel Minovez,
appelle des « éléments extérieurs ».
Leur présence est
avérée mais la question de leur légitimité se
pose naturellement. Ceux-là se servent davantage du blocage pour faire entendre leurs
revendications contre les projets « inutiles »
et les violences policières. Certains d’entre
eux profitent de l’AG pour prendre la parole :
« Moi, je ne suis pas étudiant, mais je voulais
quand même intervenir. » Malgré un virulent
« Dégage alors ! », Laurent et ses dreads se
posent derrière le micro. « Moi, je remercie
ceux qui ont tagué les murs de l‘école. Je vous
félicite pour la manif du week-end dernier. On
#traj / éducation
Un peu plus de 1 000 étudiants se sont rassemblés dans l’amphi 8, le mardi 25 novembre. © Sylvain Labaune
fait grandir notre confiance et notre intelligence collective. Je suis sûr qu’on sera encore
meilleurs à la prochaine manif. »
Bloquer du temps
En face de l’amphi 8, où Laurent vient de prendre la parole face aux étudiants, le personnel
de l’université se retrouve aussi. Dans quelques heures, ils viendront annoncer à leurs
élèves qu’ils soutiennent leur mouvement.
Pour le moment, ils évoquent la remise en
cause des coupes budgétaires qui tendent
inévitablement à compliquer leurs conditions
d’enseignement. Ils comprennent aussi les
revendications plus sociales contre les projets « inutiles » et les violences policières.
Pour eux, c’est une crainte dans l’avenir qui
s’exprime. À la manœuvre en bas de l’amphi,
Etienne tente d’éclairer l’action de certains
de ses élèves : « Nous n’avons plus de temps.
Nous n’avons plus de temps pour traiter les
dossiers, nous n’avons plus de temps pour
nous expliquer, nous n’avons plus de temps
pour discuter. Nos étudiants sont dans le
même cas que nous. Si les appels à la discussion ne suffisent pas, il faut dégager des espaces pour pouvoir discuter. Voilà ce qu’est un
blocus. Un blocage du temps pour permettre
une discussion. »
Retour dans l’amphi 8, l’agacement commence à prendre le pas sur la discussion.
L’ambiance ne demande qu’à se dégrader.
Un problocus souhaite réagir à une première
altercation. « Ce qu’il vient de se passer est
inadmissible. Désormais, j’aimerais que les
gens qui viennent s’exprimer annoncent leur
étiquette politique ! Moi, je suis communiste
et je ne suis pas un bloqueur ! Je tiens un piquet de grève, je suis un gréviste ! Ceux qui
veulent nous empêcher d’agir, j’appelle ça des
En bref
Nuit agitée au Mirail
Dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 octobre, la sécurité de l’université a joué au chat et à la souris avec un conglomérat d’étudiants
et « d’éléments extérieurs », selon les agents de sécurité. Les uns
commençaient à ériger des barricades faites de tables et de chaises,
pendant que les autres tentaient de les démonter. Vaudeville façon
« fac de Lettres » qui a donné lieu, selon les témoins, à des scènes
particulièrement grotesques. Le clou du spectacle est arrivé peu
avant minuit. Un des chiens de la sécurité aurait mordu un manifestant, lors d’une altercation particulièrement tendue. Les étudiants
affirment détenir une vidéo des faits. S’il est prouvé que les chiens
se baladaient sans muselières, la sécurité de l’université, désormais
qualifiée de « milice privée », a du souci à se faire. Les agents, quant
à eux, nient tout en bloc.
briseurs de grève ! » Ou comment la violence
verbale peut parfois facilement dépasser la
violence physique.
Premier vote. « Motion pour la suppression de
la vidéosurveillance à l’Université ». À l’avant,
les pour lèvent le bras. À l’arrière, les contre
font de même quand vient leur tour. Les
contre semblent l’emporter, mais les organisateurs demandent un comptage. Les pour
l’emportent finalement. C’est ambigu et au
fur et à mesure des votes, l’ambiance continue
de prendre du poids. Dernier vote. « Motion
pour la tenue d’un blocage jeudi ». Cette fois,
difficile de désigner un vainqueur. Les pour
sont pourtant désignés comme tel, avant
d’être remis en cause sous les huées de leurs
adversaires. « Ok ok, on va compter », lance
une des organisatrices. Le comptage s’avérera
a priori très utile puisque très serré : les pour
l’emporteront par 371 voix contre 365. Une
fois dehors les esprits sont plus apaisés mais
les discours toujours aussi virulents. « On
nous demande de voter un soutien pour les
mecs de Ferguson là (du nom de la ville américaine où un jeune adolescent a été abattu
par la police), mais j’en ai rien à taper de ces
mecs », affirme Irène, étudiante en troisième
année de licence en Lettre Classique. Notre
premier « Camille » est là, lui aussi : « À partir
du moment où tu votes contre la suppression
de la vidéosurveillance, je ne peux pas accepter. Évidemment que je pense que ce sont des
fachos. » Au Mirail, le mariage entre ZAD et
Université ne dépend plus que d’une chose,
le plan de table.
Boris Teillet
Des voix s’élèvent contre le blocage
Les turbulences au Mirail ont fait réagir Laurence Arribagé, députée
UMP de Haute Garonne, demandant de «mettre en place toutes les
dispositions qui s’imposent pour permettre aux étudiants de suivre
leur scolarité de manière normale». Dans un contexte de tensions
suite aux événements de Sivens, les autorités locales veulent éviter de nouveaux heurts entre étudiants et forces de l’ordre. Selon
Tristan Renard, professeur de sociologie, la répression policière
s’explique. « Elle est la conséquence directe de l’austérité que nous
subissons. Il s’est passé exactement la même chose en Espagne ou en
Italie », indique-t-il. « Mais, cette fois, un étudiant est mort. Nous ne
laisserons pas passer ça ». Le Président de la fac, Jean-Michel Minovez, a déclaré dans un communiqué son opposition à « tout blocage,
contraire aux objectifs d’une large mobilisation ». Malgré cela, les
étudiants ont voté pour la continuation de la grève et du blocage
du campus du Mirail, lors d’une AG, le 22 novembre.
29
#traj / éducation
Écoles d’Empalot :
la colère s’intensifie
Manifestations. Les trois
groupes scolaires d’Empalot devraient
sortir du dispositif d’éducation prioritaire à la rentrée 2015. Depuis début
novembre, le quartier se mobilise.
par elsa tabellion
D
e manière officieuse, le ministère
de l’Education nationale a annoncé
la nouvelle début novembre. A la
prochaine rentrée, les écoles primaires
d’Empalot, à savoir André-Daste, JeanMoulin et Léo-Lagrange, pourraient ne
plus faire partie du dispositif d’éducation
prioritaire. Du côté des enseignants,
parents d’élèves et habitants du quartier,
c’est l’incompréhension totale. Jeudi 20
novembre, une nouvelle manifestation a
eu lieu devant le rectorat de Toulouse. Près
de trois cents personnes étaient présentes.
Isabelle Tritschler, enseignante à l’école
maternelle Jean-Moulin, refuse de penser
que cette décision est définitive : « On a
besoin de moyens. Nous devons travailler
dans des conditions stables. Nous enlever de
la zone prioritaire est inconcevable. » Tout le
quartier se mobilise : enseignants, parents
d’élèves, associations, orthophonistes,
personnel de médiathèque. Muriel Torres
Témoignage
Magali Guerin, syndicaliste. © E.Tabellion
30
Rassemblement devant le rectorat de Toulouse. © Elsa Tabellion
vit à Empalot mais enseigne au Mirail. Pour autant,
elle n’a manqué aucune grève ou manifestation
et soutient ses collègues. «C’est important d’être
présent et de montrer qu’on ne lâchera rien. Empalot
est un quartier difficile. Si il sort du dispositif de
zone prioritaire, l’enseignement y sera compliqué,
voire impossible.» Le constat est le même du côté
des parents d’élèves. Manuela Matos, femme de
ménage et mère de trois enfants, reconnaît que
sa fille Béatrice, en classe de CE1 à André-Daste,
a parfois des difficultés à suivre. « Dans la classe
de ma fille, il y a vingt élèves. Elle me dit souvent
qu’avec le bruit elle a des difficultés à se concentrer.
Je me demande ce que ce sera si le nombre d’enfants
Magali Guerin est enseignante à l’école Michoun,
dans le quartier de La Roseraie à Toulouse. Elle fait
également partie du principal syndicat des enseignants,
le Snuipp-Fsu.
«L’annonce, même si elle n’est pas encore officielle,
a été un véritable choc pour les enseignants et pour les
parents. C’est la première fois que cela nous arrive. Le
quartier d’Empalot fait partie d’un dispositif prioritaire
depuis 1982. En enlevant ces écoles du réseau prioritaire,
le risque est d’avoir une forte demande de mutation. Les
enseignants ne voudront plus exercer leur métier dans de
telles conditions. Ils seront suppléés par des remplaçants
ou des sortants du concours. La possibilité de réaliser des
projets dans ces écoles sera alors impossible. Il n’y aura
plus de stabilité. Or la stabilité est primordiale pour que les
enfants puissent réussir. »
par classe augmente.» Les écoles
d’Empalot tout comme l’école Littré
de Saint-Martin-du-Touch, qui se
trouve également sur la sellette,
attendent désormais le verdict
officiel du ministère de l’Education
nationale. Il devrait être annoncé à
la mi-décembre. Le rectorat a, quant
à lui, d’ores et déjà annoncé vouloir
maintenir des moyens humains et
financiers pour ces écoles les trois
prochaines années. La nouvelle carte
d’Education prioritaire étant prévue
pour quatre ans, les enseignants sont
tout sauf rassurés. «Que deviendront
nos écoles la quatrième année ?»
s’interrogent-ils.
Quelques explications
Les ZEP, zones d’éducation
prioritaire, n’existent plus. Il faut
désormais parler de REP, réseau
d’éducation prioritaire, ou REP+.
Toute école faisant partie de
ce dispositif reçoit des moyens
supplémentaires. Moyens
financiers d’une part, avec la
possibilité de réaliser plus de
projets et d’acheter du matériel.
Moyens humains d’autre part,
avec le principe « plus de maîtres
que de classes ». Enfin, en REP
ou REP+, le nombre moyen
d’élèves est de 21 par classe.
Hors REP, la moyenne serait de
25, ce qui signifie qu’il pourrait
y avoir jusqu’à 30-32 élèves
dans une même classe. Pourquoi
le ministère de l’Education
nationale envisage-t-il d’enlever
les écoles d’Empalot ainsi que
l’école Littré de ce dispositif ? Tout
simplement parce que le mode de
répartition a changé. Désormais,
pour être en REP ou REP+, les
écoles doivent être rattachées
à un collège, lui-même compris
dans le dispositif d’éducation
prioritaire, ce qui n’est pas le cas
des écoles d’Empalot.
#traj / éducation
Prostitution des étudiantes,
méconnaissance d’une réalité
La prostitution étudiante, fléau d’une société en crise. ©AFP
que sur le trottoir ». Elle est contactée via
les petites annonces qu’elle laisse sur des
sites. Le plus souvent, quand on l’appelle
le soir, c’est pour des restos. L’après-midi,
pour du sexe. « ça fait partie du contrat. C’est
automatique : on sait qu’il peut y avoir des
relations sexuelles. » Fière de ce qu’elle fait,
elle n’a pas hésité à l’avouer à ses proches.
« T’as donné un cerveau à ta minette », lui
ont-ils répondu. Cécile, 22 ans, étudiante à
a précarité étudiante est
Rangueil, n’a, quant à elle, prévenu personne.
« J’en suis pas fière, mais j’ai pas le choix. »
grandissante », annonce, d’un
ton grave, Romain Panza. Le Le phénomène est connu de tous. Du Crij
président de l’Union national des étudiants au Crous, tous ont entendu parlé de la
de France (Unef) à Toulouse rappelle qu’il prostitution étudiante. Mais aucune écoute,
est de plus en plus difficile de financer ses ni aucune campagne n’a été mise en place.
études. Si le seuil de pauvreté national est Krystel Odobet, chargée de développement à
l’association de défense
fixé à 900 €, l’échelon
maximal des étudiants « Ils ont tous des petites bites » des travailleurs du sexe
Grisélidis, illustre cette
boursiers est de 550 €.
Comment combler les 350 € manquant ? négligence. Contactés par mail il y a quelques
« Je prends 150 € pour la demi-heure. L’heure, années, la plupart des personnels de santé,
c’est 200. » Sandra*, étudiante toulousaine Centres régionaux des œuvres universitaires
de 19 ans, explique comment elle arrive à et scolaires, et autres bureaux d’information
joindre les deux bouts. A quelques mois de jeunesse, ont fait fi du souhait de l’association
passer le bac, elle rencontre des hommes, de lancer une campagne. Seuls les centres
souvent jeunes, mariés parfois, mais de dépistage ont accepté cette action de
toujours en manque d’affection. « Ils ont sensibilisation pour les 18-25 ans. « Oui, des
tous des petites bites », dit-elle en riant. étudiantes qui se prostituent sont venues nous
Sandra se définit davantage comme une voir. Elles le vivent mal, elles ont besoin d’aide »,
escort girl. Et ça lui plait, de bosser comme affirme la chargée de communication de
ça. L’avantage, « c’est qu’on prend plus cher l’université du Capitole. « Ce sont des choses
S’il n’y a pas de chiffres officiels, la
prostitution à la sortie des universités
et autres écoles est un phénomène qui
tend à se répandre. La cause ? Une
vie estudiantine de plus en plus chère,
à laquelle certaines étudiantes ont
trouvé un remède.
« L
qui arrivent. » Néanmoins, un responsable
de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE)
de l’université Toulouse 1 signale que peu
d’étudiantes témoignent de ce pan de leur
vie lors des enquêtes.
Si l’on peut trouver de la documentation
en libre service à l’université Paul Sabatier,
seule Jean-Jaurès agit. Mme Mateu, une
des assistantes sociales de l’université exMirail, explique qu’elles essaient d’alerter la
communauté universitaire par des actions
menées autour du 8 mars (Journée de la
femme, ndlr). « C’est inadmissible », s’insurge
Morgane Linares, présidente de l’Association
générale étudiante Midi-Pyrénées (AGEMP).
« On en revient au salariat des étudiants, si on
peut appeler ça comme ça.» Le problème est
budgétaire. Les études deviennent de plus
en plus coûteuses ; frais auxquels s’ajoutent
la nourriture, le transport ou le logement
(voir rubrique société). « Il faut améliorer le
système d’aide social. » Le président de l’Unef
explique en effet qu’il n’y a ni couverture, ni
statut social pour les étudiants. Le principal
syndicat estudiantin de France a pour objectif
premier que l’étudiant(e) n’ait pas à travailler.
Mais l’absence de « pression financière »
permettrait-elle de résoudre le phénomène
de la prostitution des étudiantes ?
* les prénoms ont été modifiés
Lucie Coquart
31
#traj / Medias
TLT, le signal est brouillé
Télévision. Renvoyée devant la
justice en mars 2015, télé toulouse
devra prouver au tribunal de commerce
la viabilité de ses comptes et trouver un
nouvel actionnaire.
«Si TLT ne trouve pas de repreneur,
la mairie ne pourra pas assumer»
D
epuis son redressement judiciaire
en 2009, la plus ancienne chaîne
locale de France n’arrive pas à sortir
la tête de l’eau. Il y a une semaine, TLT était
une nouvelle fois convoquée à la barre du
tribunal de commerce de toulouse à propos
de son plan de financement. Jugé inefficace,
un délai supplémentaire de trois mois a été
accordé. «Nous sommes dans l’incertitude
totale, car pour l’instant seule la mairie a
renouvelé son contrat d’objectif sur trois
ans», explique Emmanuel Schwartzenberg,
PDG de la chaîne. Pour garantir le plan de
continuation établie lui permettant d’avoir
un délai supplémentaire pour régler ses dettes
(près de 5 millions d’€), Télé Toulouse doit
recevoir également une enveloppe du Conseil
général de la haute-garonne et de la région.
« Lorsque ces contrats seront signés, alors nous
aurons des finances plus solides», précise le
PDG. En attendant, la chaîne, regardée par
La plus ancienne chaîne locale de France fermera t-elle ses
portes d’ici l’année prochaine ? © Maxime Peyron
30000 téléspectateurs par jour en audience
cumulée (source TLT), se doit de remplir les
exigences du COM (contrat d’objectifs et
de moyens). « Nous devons assurer notre
mission de service public. Les contrats
m’obligent à faire de l’info et du magazine »,
déplore Emmanuel Schwartzenberg. TLT est
aujourd’hui uniquement maintenue par des
contrats publics, l’objectif à long terme est
donc de baisser ces aides publics et trouver
un nouveau repreneur.
Maxime Peyron
Sacha Briand lors d’une conférence-débat organisée à
l’ISEG BFS . © Maxime Peyron
Sacha Briand, adjoint aux
finances en charge du dossier
« TLT doit avoir plus d’audience, et trouver de nouvelles recettes publicitaires.
La mairie a versé 2,1 millions d’€ sur trois
ans, nous sommes attachés à cette chaîne. Mais les collectivités locales ne pourront pas subvenir à toutes les dépenses.
Un nouvel actionnaire doit entrer dans
le capital rapidement. »
Au «Journal toulousain»,on fait tout ensemble
Six journalistes du «Journal toulousain» ont fait le choix ambitieux de reprendre leur hebdomadaire suite à la
mise en examen du principal actionnaire.
Jonathan Sollier et Maxime Peyron
ne stagiaire sur le coin de la table du Grâce à des rubriques en ligne, tous les partis comme on peut ,» précise Aurélie, en charge
rédacteur en chef, quelques journalistes politiques prennent la parole, sauf le front des annonces légales. « Il nous arrive de devoir
entassés dans une pièce d’un peu plus de national, qui reste toutefois couvert. D’ailleurs, sortir pour réaliser nos interviews dans le calme
40m2, bienvenue au «Journal toulousain». aucune subvention publique ne vient entraver sans gêner les autres.» Dans le mini open
Dans l’urgence, avec le concours d’un
space, une journaliste demande au
avocat et d’un chef d’entreprise, ils
rédacteur en chef si elle couvre le tram
se sont organisés en SCOP (société
aérien, il répond sèchement « On s’en
coopérative et participative) l’été
fout.» Ici, tous les sujets sont élaborés
dernier. De la maquette à la gestion,
en commun.
en passant par les annonces légales, les
« Aujourd’hui, le papier est mort, lance
journalistes ont plusieurs casquettes. Le
Thomas Simonian, mais on est obligés
changement principal vient surtout de Au «Journal toulousain» les journalistes sont multifonctions. ©Maxime Peyron de continuer à publier à cause des anla ligne éditoriale. « Aujourd’hui, nous
nonces légales.» La volonté est aussi de
apportons une plus-value à l’information, en cette liberté de ton. Être propriétaire d’un passer au multisupport. Une web-TV et du
proposant de véritables enquêtes toulousaines journal coûte cher, 25 000€ par mois, et contenu radio sont proposés sur le site du
comme celle sur les éminences grises du les journalistes ont su faire des sacrifices. journal, ainsi qu’une version premium propoCapitole de cette semaine », explique Thomas «Nous sommes tous payés au Smic. Pour faire sant tous les articles parus sur papier.
Simonian, rédacteur en chef. Le journal, simple, on travaille plus pour gagner moins», Pour la rédaction, l’objectif est maintenant
spécialisé dans la politique, propose un ironise Séverine. L’ambiance est détendue, les clair : « Il faut pérenniser la structure». Réponse
contenu qui se veut libre et «frondeur». conditions de travail rustiques. « On s’organise dans un an, au moment du bilan.
U
32
#traj / Medias
Michel Sarran ©Dr
«TOP CHEF m’offre
une belle vitrine »
La Voix du Midi sous contrôle
de Sipa Ouest-France
Publihebdos, filiale du
groupe Sipa Ouest-France et
premier groupe de presse
La télévision vecteur de notoriété pour les chefs toulousains ? Rencontre avec
Michel Sarran, chef étoilé à Toulouse et futur juré de Top Chef, bientôt sur M6.
hebdomadaire en France, a
Pourquoi avoir accepté de participer à ce
programme ?
Le fait que tous les candidats soient des
professionnels est un gage de sérieux. Cet
aspect-là a beaucoup compté lors de ma prise
de décision. Avant d’accepter, j’ai pesé le pour
et le contre. La télévision, beaucoup la critique,
mais tout le monde la regarde. L’émission
m’offre une belle vitrine, on observe déjà
un petit effet Top Chef au restaurant depuis
l’annonce de ma participation.
12 hebdomadaires locaux,
Comment gère-t-on son temps lorsqu’on est à la
fois à la tête de son restaurant et membre d’un
jury comme celui de Top Chef ?
J’ai d’autres activités en parallèle , mais la question
s’est posée lors de ma réflexion d’avant casting. Ma
participation à l’émission supposait une absence
prolongée au restaurant, mais heureusement
je peux compter sur une équipe fidèle qui
travaille avec moi depuis des années et en qui
j’ai totalement confiance.
dont La Voix du Midi, basée à
Toulouse. L’association « Les
amis de la Presse Régionale»
garde les 30% restants du
capital. La Voix du Midi
espère que cette opération
donnera un nouvel élan à
l’hebdomadaire toulousain,
dont les ventes stagnent
à 13 000 exemplaires par
semaine (source L’Express).
Ramdam racheté par Touléco
Martin Venzal, fondateur du
site spécialisé dans l’écono-
Léa Stassinet
mie de la région Touléco, a
annoncé la fusion des deux
Yannick Delpech débarque sur TF1
Dans le sillage des chefs Christian Constant, Alexis Braconnier et Valentin Neraudeau, qui ont aussi participé à Top Chef, le chef étoilé Yannick Delpech sera,
au premier trimestre 2015, à la présentation du « Meilleur menu de France »
sur TF1. Le concept est simple : un « combat des régions » où 25 chefs s’affronteront durant cinq semaines, en proposant leur meilleur menu composé de
produits locaux. Si le chef de l’Amphytrion à Colomiers a accepté de co-animer
avec Laurent Mariotte ce programme quotidien d’access prime-time, c’est pour
essayer de se faire connaître. « C’est plus difficile quand on vient de province,
la télévision est le moyen le plus efficace de montrer qu’à Toulouse aussi on sait
faire des choses. »
Régionale. Celui-ci édite
En Bref
Quels souvenirs gardez-vous du tournage ?
Il s’est terminé il y a quelques jours. Je ne
regrette vraiment pas d’y avoir participé, nous
avons vécu une très belle expérience. Il me
reste quand même une petite appréhension
vis-à-vis du montage. Si on me propose de
prolonger l’aventure l’année prochaine, je
réfléchirai différemment. Mais il est fort probable
que je rempile.
racheté 70% du groupe Presse
médias mercredi 19 novembre. Le magazine culturel
gratuit Ramdam, bimestriel
renseignant sur toute l’actualité culturelle de la région MidiPyrénées est diffusé à plus
de 20 000 exemplaires. Pour
Yannick Delpech
dans sa pâtisserie.
©Maxime Peyron
A l’escota de ondas occitanas
Pierre Combes, son créateur,
opter pour Touléco en tant que
repreneur est un « choix serein
pour assurer la pérennité de
l’entreprise ».
E
n Midi-Pyrénées, on n’en finit pas de l’Aquitaine à la Méditerranée.»
plus de 17 000 auditeurs réguliers (source
compter les médias qui se consacrent L’occitan semble donc acquérir, grâce aux ef- Radio Occitania). Guy Mimart voulait créer
à l’occitan. Que ce soit la presse écrite forts des radios voulant travailler ensemble, «une radio qui se différencie des autres, tourcomme La Setmana, ou les radios, telles que
née vers le local et l’associatif ». Quand on lui
Radio Occitania, Radio Pais, tous sont désireux
demande quelle est la spécificité de sa radio,
d’apporter un second souffle à la langue réil répond qu’il a misé sur la jeunesse « Notre
gionale. Des initiatives comme le Jornalet, site
public est agé de 25 à 50 ans. Mais ceux qu’on
internet d’information Planeta Occitania, wevise le plus, ce sont les jeunes. Ils sont curieux
bradios, prouvent que l’occitan n’a eu aucun
d’apprendre l’occitan. Nous menons des promal à s’adapter à la modernité .
jets avec les calandrettes [des écoles et collèGuy Mimart, fondateur de Radio Occitania,
ges bilingues en français et occitan – n.d.r] et
une radio associative à Toulouse, nous confie
travaillons avec une association pour diffuser
son projet, en discussion avec plusieurs autres La jeunesse investie le studio de Radio Occitania. ©Lucas Simonet des émissions qui font parler des enfants.»
radios, dont Radio Pais à Pau et Radio Lengadoc
Lorsque ses défenseurs sont aussi unis et
à Montpellier : « On envisage de se regrouper une véritable dynamique. Un point de vue passionnés, il est tout naturel que l’occitan
pour aboutir à une radio unique, avec des dé- que défend bien sûr Radio Occitania. Fondée se porte mieux que jamais.
Lucas Simonet
crochages locaux, pour faire vivre l’occitan de dès 1981, elle rythme depuis les journées de
33
#traj / sport
6aaZoVjmZWc[i
Trois mois après la Coupe du monde de rugby féminin, quelque chose semble avoir changé. Le nombre de licenciées était
déjà en hausse, mais le beau parcours des Bleues a provoqué un nouvel engouement médiatique.
Q
uand on arrive à Blagnac, une qui en veulent plus, c’est à leurs frais. Loin des
fois passés le clocher, le bar du professionnelles du hand, du basket et du
coin et la pizzeria du neveu du volley, les filles du foot et surtout du rugby
meilleur pizzaïolo du monde, il y restent des amatrices. « On est dans une sorte
a le stade municipal. La brume descend sur la d’entre-deux. On manque de moyens. Il n’y
pelouse, les tribunes en ciment sont vides et aucun défraiment sur les déplacements pour les
les poteaux semblent plus seuls que jamais en
joueuses. »
ce soir de novembre. Mais si l’on s’approche,
on devine des silhouettes féminines,
blondes et brunes, grandes et
petites travaillant la touche
à 7, les passes et les drops.
Jamais, dans un décor
aussi ordinaire, on
ne pourrait imaginer
trouver la troisième
ligne de l’équipe de
France. 1m80, 83 kilos, des
yeux clairs et les cheveux
attachés, Manon André
explique en toute humilité que
Le
s fi
l le s
: « Le mardi soir, c’est travail collectif
du
B SO
et technique.» Elle et ses coéquipières du
RF à
l’écha
uffemen
Blagnac Saint-Orens Rugby Féminin (BSORF)
t. © Maxime Brossard
font partie des 14 000 licenciées françaises. D i m a n c h e
Elles n’étaient que 4000 il y a dix ans. prochain, les « Bsorfeuses » se rendent à Caen…
« On se retrouve trois fois par semaine de 20 à «Au club, les deux entraineurs sont qualifiés
22 heures, après tout le monde évidemment », et seraient payés chez les hommes. Ici, ils
explique Manon. Physique, course, lancement sont bénévoles », analyse l’internationale
de jeu, travail tactique composent les française. Malgré tout, 60 filles sont présentes
différentes séances. « Pour la muscu, c’est ce soir-là. « On a été obligés de créer une
uniquement le lundi, parce que le reste du troisième équipe, précise Manon. Il y a une
temps la salle est occupée. A nous de nous véritable féminisation du sport en général.
adapter, c’est toujours comme ça. » Pour celles Dans notre discipline, le niveau ne cesse
d’augmenter, les filles sont de plus en plus
athlétiques. » Le parcours des Bleues jusqu’en
demi-finale de la dernière Coupe du monde
n’est donc pas le fruit du hasard. « On met
du temps à se remettre d’une telle aventure
», confie Manon avec le sourire. Les chaînes
nationales avaient suivi la compétition.
Depuis, la presse régionale et le Web ont pris
le relais. Les matchs des championnats
féminins sont résumés chaque
week-end, au même titre que
pour les garçons. « On n’est
pas sollicitées tous les
jours non plus mais ça
change le quotidien.
» Ces retombées
médiatiques,
Manon a appris
à les utiliser pour
sa mission de
promotion du rugby
en milieu rural. « Le but
est de créer ce cercle vertueux
: plus de médiatisation pour plus de
partenariats et donc plus d’argent. »
Quand on sait que pour l’instant, le
lieu et la date de la prochaine Coupe du
monde restent inconnus, on se dit que le
chemin est encore long. Mais la dernière
organisée en France était un essai
réussi, ne reste plus qu’à le transformer.
JULIE L’HOSTIS ET MAXIME BROSSARD
¿kdhbVgfjZh!eg„ih###Ia_[p
À moins d’une semaine de l’ouverture
d’une partie des stations pyrénéennes, les
différents acteurs du tourisme hivernal préparent
l’accueil des premiers skieurs. En attendant avec
impatience les prochaines chutes de neige.
À
quelques lieues d’ici, dans le massif
pyrénéen, les préparatifs pour la
saison hivernale s’intensifient. Après
une dernière saison jugée « excellente » par
la Confédération pyrénéenne du tourisme,
avec plus de 5 millions de journées-skieurs
sur l’ensemble de la région, les 28 stations
()
membres ont décidé d’investir près de
40 millions d’euros pour la nouvelle saison.
De l’aveu du directeur de la Confédération,
Jean Canal, « le ski ne souffre pas réellement
de la crise, notamment grâce à une clientèle
de proximité fidèle » . Difficile d’en dire
autant de nos voisins ibériques. Pour
pallier la baisse de la clientèle espagnole,
en particulier dans les Pyrénées-Orientales,
la Confédération a décidé de s’attaquer
au marché britannique. Package vol/
transport/hôtel, contrats avec les toursopérateurs et campagnes de publicité dans
les métropoles anglo-saxonnes : l’offensive
est lancée afin de contrer l’hégémonie
des Alpes. Alors que les futurs vacanciers
s’inquiètent du manque de neige, Jean
Canal affirme que « ce phénomène de
redoux est coutumier, et qu’il ne doit pas
donner lieu à des prévisions alarmistes ».
Une façon implicite d’avancer que les
canons à neige risquent encore de tourner
à bloc cette année. Avec ou sans manteau
blanc, Saint-Lary, Peyragudes, Font-Romeu
et bien d’autres stations donneront le coup
d’envoi de la saison ce vendredi 6 décembre.
REMI RIVIÈRE
#traj / sport
Jed_=WhY‡W
CdjkZaaZb‚i]dYZVj;‚c^m
Appelé par le Fénix Handball à
l’intersaison pour remplacer Joël Da
Silva parti à St Raphaël, Toni Garía, exentraîneur du BM Granollers, découvre
une nouvelle vie pas si loin d’Espagne.
vraiment me mettre dans la tête du joueur
pour savoir ce qu’il ressent. Pour l’instant, ma
S
i Toni García ne parle pas encore
français, il maîtrise en revanche
le langage du corps. Pour se faire
comprendre à l’entraînement, il a mis en
place une large palette de gestes. Le coach
catalan est aidé dans sa tâche par Jérôme
Fernandez, le capitaine de l’équipe de France,
arrière gauche de l’équipe toulousaine:
« Comme je suis encore limité par la langue,
Jérôme traduit mes consignes. Je veux
Toni García à l’écoute de ses joueurs © A. Miailhes
méconnaissance du français m’en empêche. »
Une situation compliquée pour ce passionné,
natif de Granollers, une ville qui vit pour le
handball. Atteint très jeune sur ses terres
par le virus de la petite balle collante, il a dû
s’exiler à Toulouse pour pouvoir vivre de sa
passion. « C’est un rêve de gosse. J’ai expliqué
la situation à ma famille. Tout changement
est dur à vivre, mais je suis persuadé que
cela peut être une expérience positive. » Le
club de Granollers ne pouvait pas offrir ce
que Toni García espérait. En Catalogne, il
devait combiner les entraînements avec
son travail de professeur d’éducation
physique. S’éloigner de ses racines était
le prix à payer, mais dans une ville où la
langue de Cervantès résonne à chaque
coin de rue, elles ne sont jamais bien loin.
ANTOINE MIAILHES
5GZb9Zc_ZVc!d–'&YZh
8dbbjc^inBVcV\Zgh
Expliquez-nous ce qu’il
vous est arrivé ce matin...
J’ai commencé à bosser à 8h30. Une heure plus tard, je n’avais plus du tout accès au back-office du site du club, on venait de se faire pirater. Le hackeur était
plutôt drôle, mais c’est toujours embêtant de ne pas pouvoir travailler normalement. Maintenant, le problème est réglé.
En septembre, le magazine So
Foot vous a positionné dans sa
liste des «50 qui vont croquer
2015». Comment le justifiez-vous ?
C’est une sorte de récompense. Pas seulement pour moi, mais pour toute l’équipe
éditoriale. Cela montre que la prise de parole
du club est remarquée. Il y a deux ans, on a
entamé un changement dans notre stratégie de communication digitale. L’objectif
était de sortir du culte de la performance et
de désacraliser le résultat. Aujourd’hui, on
véhicule d’autres valeurs du sport comme
l’humour et le fait de chambrer ses adversaires. Récemment, la lettre d’amour à Zlatan
Ibrahimovic a bien fonctionné. On a reconnu
ses performances tout en soulignant son
côté « Jésus de la Ligue 1 ». On essaie aussi
d’être à la pointe des infos, sur l’ensemble
du club, pas seulement celles qui concernent l’équipe professionnelle. Tout ça c’est
mon boulot : la réflexion éditoriale. Je suis
responsable du compte Twitter du club et
des articles qui sont mis en ligne sur le site.
C’est quoi un bon tweet ?
Le site internet du TFC a été la
cible d’un hackeur. Ce dernier,
déguisé en yéti, réclamait une
distribution de tartiflette à la
buvette du Stadium. Espérons
que les Violets auront les
crocs pour la réception de
Lorient ce samedi (20h).
HANDBALL
Dans une interview accordée
à Handzone, Jérôme Fernandez a déclaré qu’il ne serait
:cWgZ[
Depuis deux ans, Remi Denjean est
la nouvelle voix du Toulouse FC sur les
réseaux sociaux. Une voix qui sait se
faire entendre.
FOOTBALL
plus Toulousain la saison
prochaine. Aix-en-Provence
semblerait bien placé pour
attirer le capitaine de l’equipe
de France au sein de son
effectif.
RUGBY
Le Stade Toulousain tentera
ce week-end d’aligner une
septième victoire toutes
Il faut qu’il y ait une image, voire un photomontage et une bonne « punchline ».
Nous, on n’est pas des experts en Photoshop et justement, on trouve que
cela renforce le côté humoristique.
BORIS TEILLET
compétitions confondues.
Les hommes de Guy Novès
reçoivent Grenoble samedi
à 20h45 avant d’enchaîner
dimanche prochain sur la réception de Glasgow en coupe
d’Europe.
(*
#traj / culture
Toulouse en pleine séquence
de courts-métrages
La 23e édition du festival international
« Séquence court-métrage », qui a
débutée le 21 novembre, entre dans sa
dernière semaine de compétition. Au
programme, 209 films, neuf compétitions et de nombreux événements.
Par Olivier Levrault
ans la salle du cinéma Le
Cratère, à Toulouse, les lumières
s’éteignent, laissant place au
premier film de la compétition
française - Prix du public, Inupiluk . Trentequatre minutes de scènes surréalistes où
Thomas et Thomas servent de guides à
deux chasseurs groenlandais de visite en
France. La salle, conquise par cet humour
décalé, découvre ensuite les cinq autres
films, alternant animation et fiction, rires
et tensions.
En tout, cette compétition phare sera diffusée
treize fois, dont une projection en présence
des équipes de films, le 6 décembre à la
Cinémathèque. Généraliste, le festival englobe
un large spectre de créativité et de techniques
cinématographiques à travers ses neuf
compétitions, françaises et internationales.
Côté événements, si le 1er décembre sera
le jour des films hispanophones (18h30 à
l’Instituto Cervantes), le 2 sera celui des
réalisations allemandes (18h30 au Goethe
Institut) et le 3 évoquera le reste du monde
(18h30 à l’Alliance française). Ce même jour
verra le musée des Augustins accueillir le
D
La Cinémathèque accueille de nombreux événements du
festival Séquence court-métrage © OL
film Où je mets ma pudeur lors d’une soirée
spéciale beaux-arts.
Pour Marine Ollivier et Julia Sarradin, chargées
de projet du festival, une des particularités
de « Séquence » réside dans le rôle donné
au public. « En amont des deux semaines de
compétition, on organise des événements durant toute l’année, comme les présélections
pour la finale du Prix du public. » Contrairement au long-métrage, le court est rarement
diffusé en salle. « Les festivals représentent
un moyen d’exister pour les réalisateurs de
court-métrages, explique Julia. On aimerait
en voir plus souvent en salle, avant les longs
par exemple. Malheureusement, les pubs sont
plus rentables. »
Comme les autres éditions, celle-ci bénéficie
pour son financement d’aides publiques et
privées. Néanmoins, ce modèle économique
est fragile. « Depuis quelques années, les
investissements publics baissent, regrette
Marine. Ils ne vont pas en priorité au culturel».
En dépit de ces problèmes financiers, le
festival est en bonne santé apparente. Sur
l’ensemble des séances de l’année 2013, le
festival a enregistré environ 5000 entrées.
«Et pour 2014, la tendance est à la hausse ! »,
s’enthousiasme Julia.
Place au cinéma dans la trentaine de salles
de Toulouse et de la région. En particulier à
la Cinémathèque, où s’enchaîneront à partir
du 4 décembre les projections, pour finir avec
la soirée Palmarès le 7 décembre, épilogue
réunissant tous les films primés tout au long
des deux semaines écoulées.
3 questions à Sébastien Bailly
«Où je mets ma pudeur», le nouveau film de Sébastien Bailly, est en compétition pour le prix du public du festival Séquence
court-métrage de Toulouse.
Sébastien Bailly
est présélectionné aux César
2015 avec son
court-métrage
« Où je mets ma
pudeur ».
Que raconte votre film « Où
je mets ma pudeur » ?
Hafsia, une étudiante en histoire de l’art, va devoir enlever
son hijab afin de passer son
examen de fin d’année. Face
à sa professeure, qui ne veut
pas entendre les raisons du
port de ce voile, elle va choisir
un tableau qui lui permettra
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de faire passer son message
lors de son oral. L’univers personnel et intime de la jeune
femme est confronté à un ensemble de valeurs sociales
collectives.
Ce film est socialement ancré
dans notre temps. Comment
vous est venu l’idée du scénario ?
Le point de départ était ma
méconnaissance de la religion musulmane, et donc de
la question du hijab. En écoutant des femmes qui le portent, je me suis aperçu que
les raisons étaient multiples
et pas forcément religieuses.
Ces raisons peuvent être
culturelles ou symboliques.
Mon message n’est pas de
dire « je suis pour ou contre le
hijab ». J’ai essayé d’apporter
une donnée supplémentaire
au débat. Dans les médias, il
y a une sorte d’image déformée de la femme portant le
hijab qui entraîne une certaine ignorance de la question.
Or, ce n’est pas à la société de
dire à ces femmes, qui sont
pourvues de libre-arbitre, ce
qu’elles doivent faire.
Comment avez-vous fait
pour retranscrire l’idée de la
pudeur et de l’intime ?
Il fallait trouver une manière
subtile de représenter la pudeur. L’idée du tableau me
semblait parfaite. La chevelure est un thème important
en peinture, elle est soit montrée, soit cachée. Dans le tableau de Ingres [La Grande
Odalisque] la femme, nue, a
sa chevelure cachée par un
foulard, ce qui préserve une
part de pudeur. C’est très
mystérieux. Le tableau représente une vision fantasmée et déformée de l’Orient.
Il y un parallèle avec l’histoire
personnelle de la jeune étudiante.
#traj / culture
La Brique ne se braque pas
Les comédiens de la Brique en représentation au café Ô Bohem © FLD
Créée en 2006, La Brique rassemble une soixantaine de comédiens
amateurs autour du théâtre d’impro. L’association multiplie
les représentations jusqu’à atteindre la reconnaissance des
professionnels. Un plein de confiance avant le derby contre les «
Restons Calmes » de Bordeaux, le 29 novembre à 20h30 au centre
culturel de Lalande.
«3
, 2, 1 : Impro ! » Le
thème vient à peine d’être donné et
les acteurs chauffent déjà les planches, inventent une
histoire et se chargent de faire rire le
public. Créé dans les années 70 par
des Québécois loufoques, le théâtre
d’improvisation né sous la forme de
matchs entre deux équipes, d’après
des règles inspirées du hockey sur
glace. C’est avec ce format que la discipline, entre art et sport, a pris de
l’ampleur en France depuis dix ans.
En 2006, des membres de la Ligue
universitaire d’improvisation (LUDI)
de Toulouse décident de monter une
association permettant aux non étudiants d’exercer l’improvisation entre
amateurs. En plus des traditionnels
matchs d’impro et des entraînements
tous les lundis soirs, la Brique s’est
faites un nom grâce au Bric à Brac.
Ce spectacle improvisé rassemble, les
deuxièmes et quatrièmes mercredis
du mois, six membres de l’association pour un cabaret de deux heures.
Sous forme de petites saynettes, les
acteurs improvisent sur des thèmes
donnés par le public. Pour pimenter le jeu, des concepts sont mis en
place (jouer une même scène avec
des émotions différentes, traiter le
sujet sous forme de comédie musicale…) et chaque comédien se voit
attribuer une contrainte pendant le
spectacle : imiter un panda, tenir une
chaussure sur sa tête, prendre l’accent portugais…). « C’est important
de se mettre en danger, explique Raphaëlle Daguier, membre de La Brique
depuis trois ans, cela rend le spectacle encore plus spontané, c’est plus
plaisant pour nous et plus drôle pour
le public. » Le danger crée la surprise
pour les spectateurs, même si toutes
les tentatives ne fonctionnent pas.
« On a tous eu nos moments de honte,
avoue la comédienne amateur, il ne
faut surtout pas rester sur un échec et
vite se remettre en selle. »
Locataires du théâtre 57 jusqu’en
2011, la Brique installe depuis son
Bric à Brac à la Comédie de Toulouse,
la salle appartenant aux Chevaliers
du Fiel. Ceux-ci ont adoubé la troupe,
jusqu’à leur offrir un créneau quotidien au festival Off d’Avignon en
2013 et 2014, l’occasion de rencontrer un public qui n’était pas conquis
à l’avance. « C’était parfois difficile
mais l’expérience nous a grandis. »
Si certains membres ont vocation à devenir professionnels, ce n’est pas le cas de la
plupart des membres de La
Brique, qui se relaient à chaque spectacle afin que tout
le monde puisse participer.
Les amateurs se font tout de
même un nom. Cette année,
La Brique s’est exportée en
Belgique, en Suisse ou en Corse, parfois pour affronter des
ligues d’improvisation professionnelles, toujours sans
complexe. « Les autres troupes commencent à bien nous
connaître, nous sommes régulièrement sollicités pour des
matchs, précise Raphaëlle.
Comme nous sommes nombreux, on arrive à trouver des
volontaires pratiquement
chaque fois, ce qui nous permet d’être très visibles. »
Le prochain défi pour l’association sera de porter haut
les couleurs toulousaines
ce samedi 29 novembre au
centre culturel de Lalande.
Le derby de la Garonne l’opposera aux « Restons calmes »
de Bordeaux, La Brique devra
pousser son pouvoir comique pour convaincre le public
qu’ils sont les rois de l’impro
au Sud-Ouest.
Florent Le Du
Retour à Maïdan
Un pianiste sur la place Maïdan : une des photos de l’exposition « Maïdan, le
facteur humain » © A. Lipavskyi
L’Espace des diversités et de la laïcité de Toulouse rend
hommage, du 29 novembre au 6 décembre, aux photographes ukrainiens qui ont saisi l’esprit du Maïdan.
Le 21 novembre 2013, le gouvernement ukrainien ne signe pas l’accord d’association avec l’Union Européenne. Les événements citoyens
proeuropéens qui s’en suivirent sont désormais bien
connus et réunis sous le nom
d’Euromaïdan. Un an après,
l’Espace des diversités et de
la laïcité affiche une exposition retraçant les différentes
phases de cette révolution.
Pacifique, puis armée, à partir du 19 janvier 2014, date
des violents affrontements
entre les manifestants et la
police.
Vendredi 29 novembre aura
lieu le vernissage de cette
exposition, accompagnée
d’une projection-débat du
documentaire L’hiver qui
nous a changés, de Nebesna
Sotnia.
Olivier Levrault
37
#traj / culture
Mangabey, Toulouse touch
En concert à Toulouse le 13 décembre 2014 au Connexion Live, José Fahner alias Mangabey, crée
sa musique avec passion, et avance à son rythme.
D
ans une petite dépendance de la mai- Il se lance ensuite dans les instrumentales de
son familiale, synthétiseurs et autres rap, pour finalement se jeter à bras le corps dans
accessoires ont pris possession des l’électro. Il crée même un collectif avec des amis
lieux depuis un
« Boussole records », mais se
moment déjà. José Fahner,
consacre plutôt à la création
24 ans, DJ, passe ses jourartistique avec déjà trois EP à
nées, parfois ses nuits, dans
son actif On glass, Metropolison studio... Des heures à
tan, et Wild Creature.
composer et à peaufiner
Encore peu connu, il joue la
son style. Son crédo c’est «
plupart de ses sets à Toulouse,
l’expérimentation » : une
quelques fois à Paris, mais pas
musique éclectique influenencore à l’étranger. Même s’il
cée par les grandes scènes
aimerait multiplier les opporélectro de Chicago, Londres,
tunités, c’est un plaisir pour lui
Manchester ou encore Berde jouer dans la Ville rose : «
lin. « Je reviens quand même
Toulouse est vraiment un bon
aux influences de la bonne
public ». Il a déjà joué devant
vieille House de Chicago et
2000 personnes au festival toude Londres » nuance-t-il.
lousain Elecro-Alternative, une
Mangabey, dans son studio maison © VM expérience. Et c’est aussi ce qui
En 15 ans de piano, à l’origine porté vers le jazz avec
compte à ses yeux: « le moment où
son groupe les Jazz Funk Five, José Fahner, pas tu vois les gens qui dansent sur ta musique ».
encore Mangabey, fera le festival de Marciac trois
années de suite. Il y a pire pour faire ses classes.
Victor Miget
Boussole Records
Lancé en janvier 2013, le
collectif Boussole Records basé
à Toulouse est un label de
musique électronique créé par
les artistesMangabey, TOT (
programmé au Breath Festival
de Toulouse au Bikini le 29
novembre), François Ier et le
graphiste Romain Danos. Le
label produit plusieurs artistes
parmi les quels La petite Grande, FaCIL, Khalk, Almanaac ou
encore Bien ou bien.
@ Bikini - 29/11
Breathe Festival
PACHANGA BOYS
+VILLANOVA
+ WEVAL Live
+ TOT (Boussole Records)
Le kitsch
et la danse
La compagnie « Les Gens Charles », emmenée par
Benjamin Forgues et Charlie Merlet, présente pour
la première fois, à Toulouse, le spectacle de danse
contemporaine La Gêne et la joie, premier prix au
concours chorégraphique d’Annecy 2014, à l’espace
du pont des Demoiselles, le 3 décembre.
B
enjamin Forgues et Charlie Merlet. Elle. Lui. En couple
pour La gêne et la joie. Sur scène, ils se complètent.
Leur complicité semble naturelle. « C’est normal »,
précise Benjamin, ils se connaissent bien. Ils se sont
rencontrés en 2005, lors de leur formation au Conservatoire
National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. En 2012,
ils ont créé la compagnie Les Gens Charles.
Dans La Gêne et la joie, ils cultivent le goût pour le kitsch
et le cynisme. À travers la danse, ils racontent une histoire,
celle de leur rencontre, de la jeunesse et du temps qui passe.
Sans surprise, en fond, Françoise Hardy donne le ton, « C’est
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le temps de l’amour. Le temps des copains et de l’aventure. Car
le temps de l’amour c’est long et c’est court. Ca dure toujours,
on s’en souvient ». Ils se déshabillent au fur et à mesure que le
spectacle avance. Là encore, on retrouve cette fuite du temps.
À la fin, ils ne portent plus qu’un t-shirt et un slip Superman.
Pourquoi ? « Pourquoi pas, c’est décalé. C’est ce qu’on aime »,
répond Benjamin. Le résultat est surprenant et atypique.
Rendez-vous le 3 décembre.
Margaux Panaye
Ci-dessus,
Charlie et
Benjamin en
répétition © Les
Gens Charles
Sorties du 26/11
#traj / culture
The Search, de Michel Hazanavicius
(2h14)
Qu’il paraît loin le
temps où Michel
Hazanavicius faisait
dire « Monde de
merde » à John Wayne ! Après avoir tout
raflé avec The Artist,
il s’attaque à un
nouveau pari, réaliser un vrai film dramatique. Dans The
Search, il croise quatre destins pendant
la seconde guerre
de Tchétchénie, en
1999. L’enchevêtrement des séquences
est un peu flou dans
la première demiheure mais la tension monte progressivement. L’usage
de quatre langues
(tchétchène, russe,
anglais et français)
s’enchaîne très bien
et permet aux acteurs de s’exprimer.
Notamment Bérénice Béjo en représentante de l’Union
Européenne et le
jeune Abdul Khalim
Mamatsuiev, remarquable en enfant
tchétchène fuyant
son village après la
mort de ses parents.
Leurs scènes communes sont les sommets d’émotion de
ce film poignant.
Agenda
FLD
Astérix - Le Domaine des Dieux, de
Louis Clichy (1h25)
« Nous sommes
en 50 avant JésusChrist. Toute la Gaule est occupée par
les Romains. Toute
? Non ! Un village
d’irréductibles gaulois résiste encore et
toujours à l’envahisseur.» L’histoire est
bien connue de tous,
mais encore faut-il
utiliser les bonnes
recettes pour la
réussir. Bons gags,
références à foison,
jeux de mots, subtilités, on a cru retrouver l’univers du
« Asterix et Obélix :
Mission Cléopâtre
» d’Alain Chabat.
Night Call, de Dan Gilroy (1h57)
Cette fois, les deux «
sauvages à moustache » sont en 3D et
doivent contrecarrer
le nouveau plan de
César : encercler le
village gaulois d’immenses résidences
romaines, le Domaine des Dieux. La 3D
est efficace et pas
tape-à-l’oeil. Louis
Clichy et Alexandre
Astier, dont on sent
constamment la
géniale inventivité,
réussissent un film
agréable et drôle à
tout âge.
FLD
Pour son premier
long-métrage, Dan
Gilroy propose un inquiétant portrait de
notre époque. Jake
Gyllenhaal (Zodiac,
Prisoners) y incarne
Lou Bloom, personnage inquiétant qui
symbolise à lui seul
les travers du monde
médiatique américain. À Los Angeles,
ce vautour dénué de
scrupules écume les
nuits à la recherche
du scoop, toujours
plus sensationnel et
sanglant. Solitaire,
sociopathe et ultra
minutieux, armé
d’une caméra légère
et branché sur la
fréquence radio de
la police, il ne recule
devant rien pour
obtenir ces images qu’il vend à des
chaînes de télévision locale en mal
d’audimat. Malgré
un manque de variations de rythmes qui
installe une certaine
monotonie, la narration rapide permet
de se plonger dans
l’univers du personnage et accroche le
spectateur jusqu’à
la fin.
OL
Musique
Théâtre
Expositions
29.11 - 23h Bikini (18 à 20 €)
Breathe Festival
29.11 - 20h TNT
La vie de Galilée, de Bertoit Brecht,
mis en scène par Jean-François Silvadier
17.06>30.12 Conseil Général
La Grande Guerre, Images 1914-1918
2.12 - 20h Bikini (27 à 28,5 €)
Dub Inc.
4.12 - 20h Le Phare (22 à 28 €)
Les Ogres de Barback. Les 20 ans
4.12 - 21h Ôbohem (gratuit)
Habemus Tam Tam
5.12 - 20h Le Metronum (9,8 à 13,8 €)
Nasser + Undergang + Zedrine
2>20.12 TNT
Erik Satie - Mémoires d’un amnésique,
écrit et réalisé par Agathe Mélinand
03.10>04.01 Les Abattoirs
Anthropocène Monument
13.11>03.01 Le 3T
Les Bonobos - De Laurent Baffie
04.10>04.01 Musée des Augustins
Benjamin-Constant (1845-1902), Merveilles
et mirages de l’orientalisme
19.09>02.01 Le 3T
Les Monologues du Vagin, de Eve Ensler, mis
en scène Dominique Deschamps
05.11>04.01 Château d’eau
Being Beauteous
dans le cadre du festival Grapheine
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#traj / portrait
Sage gosse
Pionnier dans la démocratisation du hip-hop français, toulousain depuis « presque toujours », Dadoo continue de
produire des artistes et prépare son retour sur scène depuis la banlieue Toulousaine.
«N
igga it’s slavery isn’t it ?
succès en solo à ce jour. Au
même moment, il est invité
Et t’es de gauche ? Tu
à poser sa voix sur la B.O. de
veux qu’on parle de baseball ?
Il faut redonner sa grandeur à
Taxi 3. Arrivé dans les studios
de Luc Besson, il découvre
la France ! » Dadoo s’emporte devant son associé et leur
une équipe de bras cassés
stagiaire au sujet de François
et du matériel hors normes,
Hollande et d’une start-up touil s’impose petit à petit et
lousaine, les deux à la fois. Et
restera « jusqu’au bout pour
s’occuper de la production ».
l’associé de lancer « Le mec est
censé être un bonhomme et il
Ce nouveau monde intrigue
fait de l’écologie à la télé, elle est
celui qui se décrit comme un
où la Cinquième République ? ».
« chercheur en musique ». Il y
Incompréhension. Il fait 25°C
réussit, et va jusqu’à s’offrir
dans les dix mètres carrés de
en 2006 la réalisation et la
bureau que le rappeur quaranproduction du premier altenaire partage avec les deux
bum solo de Joey Starr : Gare
hommes. Le stagiaire propose
au Jaguarr, un succès.
de « changer l’eau du bocal »,
Aller « plus loin », vers de
on ouvre une porte, puis la fenouveaux sons, faire du rap
nêtre, puis seulement la porte
« en mélangeant les genres »
avant de décider que la fenêtre
c’est son truc. Sur l’étagère
suffira. Chacun est penché sur
qui fait office de bureau, l’inun pan de la stratégie commertégrale des Beatles côtoie un
ciale mise en place pour la sorpavé intitulé Marketing Management, Dadoo est dans
tie d’un EP « Dadoo & The Classics » prévue pour décembre et
son élément. Dans le chaos
qui doit signer son retour à la
ambiant, il saisit une idée
et filme avec son téléphone
scène. « Ambiance boulot », le
chanteur avait prévenu.
le défilement d’un shooting
Pour ce projet, le rappeur s’est
photo du groupe Dadoo &
entouré d’un guitariste et d’un
The Classics sur son ordinaDadoo dans son studio d’enregistrement toulousain © H. Cisterne
pianiste. Il reprend d’anciens texteur, avant de monter la vidéo,
tes sur de nouveaux sons, tente, rate, re- saine. Né à Marseille de parents originaires tout sur un extrait d’une de leurs chansons.
commence. Entre sa basse et un clavier de Guinée et du Cap-Vert, il déménage rapi- De l’avis de tous, le rendu est bon « on tient
électronique, Mamadou Diouma Daniel dement au Mirail, à Toulouse. Il y grandit en un truc là, peut-être le teaser du teaser, ou
Camara de son vrai nom sort d’un sac une écoutant Public Enemy et Run DMC débiter un sample du teaser ! » La petite équipe
cigarette électronique qu’il met à char- leur flow sur son premier ghetto-blaster éclate de rire, puis se remet à travailler.
ger. « C’est une merveille ce truc, je peux avant de trouver le courage de les imiter. Car le touche-à-tout du son s’intéresse
fumer partout, j’achète plus de tabac sauf
aussi à l’image et, dans dix ans, il se voit
«Chercheur en musique»
bien derrière une caméra, pourquoi pas à
pour rouler quelques joints. » Ce premier
élément qui colle avec le cliché habituel Ses premiers albums dans le groupe KDD « filmer des sales gosses ». En attendant, il
du rappeur sera également le dernier. En vont marquer, notamment Résurrection a hâte de retrouver la scène, son « carbuchaussures bateau, pantalon, tee-shirt et et Une couleur de plus au drapeau sortis rant » depuis toujours. Dadoo & The Classics écharpe à motifs, le chanteur est à des an- respectivement en 1998 et 2000, considé- signera donc un retour attendu, même si
nées-lumières du Dadoo des années 2000 rés comme des classiques du rap français. l’intéressé se dit plus inquiété par les déqui chantait en survêtement et maillot de Son album France History X, paru en 2003, colletés que met l’aînée de ses filles que
basket. Aujourd’hui marié et père de trois s’inscrit dans la même logique et les baf- par ses ventes d’albums.
filles, il mène une vie tranquille entre les fles de toute une génération qui s’ouvre à
locaux de Quartier School Music où il loue la culture hip-hop résonnent au rythme du
un bureau et sa maison en banlieue toulou- « son pour les sales gosses », son plus gros
hugo cisterne