DANS LE CIEL - Ecole de Journalisme de Toulouse
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Trajectoires Samedi 29 novembre 2014 Politique Réforme territoriale Education Blocus au Mirail Sciences Philae, et maintenant ? International Reconnaissance de la Palestine TURBULENCES DANS LE CIEL TOULOUSAIN Dossier spécial sur la vente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac L’hebdo de l’École de journalisme de Toulouse #traj / sommaire © Guillaume Almalech-Asmanoff n International et national : n Sciences et technologies : La Palestine : reconnaissance au Parlement français p.4 Rififi en mer de Chine p.5 Burkina Faso : les prémices d’un Printemps africain ? p.6 Impôts : légère hausse pour l’agglomération en 2015 p.7 Philae: l’après-12 novembre Le beau label French Tech L’avion du futur n Dossier: «Mayday! Mayday!» L’aéroport est à vendre Le fantasme chinois... L’Etat à la fois juge et partie Interview d’Yves Crozet Face-à-face p.8 p.9 p.10 p.11 p.12 n Economie 43 millions pour 2 000 places en moins p.13 Droit aux urnes Carte des régions: retour à l’Occitanie «Podemos», la nouvelle donne Les contrats de tous les dangers pour Kader Arif p.14 p.15 p.16 p. 17 n Société Du soi pour un toit Occupons les logements vides 3 questions à Josette Privat ( restos du coeur) p.18 p.19 p.20 n « On a testé » Les vers de farine n Environnement: De l’or pour les tueurs de champignons Sivens: infraction au code ! p. 21 p.26 p.27 n Education: Le Mirail, Zad éternelle Ecoles d’Empalot, la colère s’intensifie Prostitution étudiante p.28-29 p.30 p.31 n Médias: TLT, le signal est brouillé Top Chef m’offre une belle vitrine n Politique p.22-23 p.24 p.25 p.32 p.33 n Sport: Rugby: allez aux dames! Portrait de Toni Garcia p.34 p.35 n Culture: Toulouse en plein séquence de courts métrages La Brique ne se braque pas Mangabey, Toulouse touch Sorties/ Agenda p.36 p.37 p.38 p.39 Dadoo: «Sage gosse» p. 40 n Portrait: Débat inutile autour du rachat de l’aéroport Toulouse-Blagnac ? Directeur de la publication : Bertrand Thomas Directeur de la rédaction : Jean-Paul Bobin Rédacteur en chef : Sylvain Labaune Secrétaire de rédaction : Florent Le Dû Responsable photos : Guillaume Almalech-Asmanoff Chefs de rubrique : Lucile André (international & national), Sébastion Hombre-Leurquin (dossier & économie), Zhifan Liu (politique), Jonathan Sollier (société), Julie L’Hostis («On a testé»), Lucas Serdic (sciences et technologies), Margaux Panaye (environnement), Lucie Coquart (éducation), Maxime Peyron (médias), Antoine Miailhes (sport), Olivier Levrault (culture), Hugo Cisterne (portrait) Photo de Une : Albert Marie #traj / édito La France a besoin d’argent frais, au point de se séparer d’un aéroport rentable. La vente annoncée en juillet, des 49,9 % détenus par l’Etat, se négociera entre 250 et 300 millions d’euros. Trois candidats sont encore en lice avant la décision finale prévue le 5 décembre. Raccourcis faciles et arguments populistes ont hanté les débats. La privatisation – vilipendée – des autoroutes par le gouvernement Villepin, en 2006, résonne comme un écho. L’ombre chinoise a déformé le discours de certains élus locaux, qui n’ont pas hésité à parler « d’espionnage industriel » menaçant Airbus. Le hic, un des repreneurs potentiels, SNC-Lavalin, rassemble sous sa bannière trois groupes d’investisseurs de l’Empire du Milieu. Or, au pays du vent d’Autan, on ne touche pas au constructeur aéronautique européen sans déclencher les foudres de l’opinion publique. Occasion rêvée pour un petit coup de publicité, à l’image des propos du président du Ceser, JeanLouis Chauzy, qui s’inquiète d’une perte de « la mainmise française » sur l’aéroport. Si l’Etat a l’intention de vendre au plus offrant, de complexes montages financiers lui fourniront la possibilité de garder un œil sur les décisions stratégiques à venir. Jolie pirouette, qui permettrait de récupérer les 200 millions d’euros investis par l’Etat dans l’aéroport, en bénéficiant des 2,2 % de croissance annuelle. Les derniers sons « aériens », entendus dans les couloirs, parlent d’une offre indéclinable. Les Chinois seraient prêts à mettre 50 millions supplémentaires sur la table, assortis d’une promesse d’investissement dans la communauté urbaine. De quoi convaincre les esprits les plus réticents. Sylvain Labaune #traj / france-monde La Palestine en reconnaissance au Parlement français Ce vendredi 28 novembre, l’Assemblée nationale commence l’étude d’une proposition de résolution sur la reconnaissance d’un Etat arabe en Palestine. Retour sur les enjeux de ce débat. L Interview ’Assemblée nationale avance divisée vers le vote de reconnaissance de l’État de Palestine. Après les votes de la Suède, du Parlement britannique et du Congrès espagnol, les députés français doivent à leur tour examiner cette question sensible. La résolution, proposée par les sénateurs socialistes, sera débattue à l’Assemblée, puis au Sénat, pour être in fine votée mardi 2 décembre. La politique française faisait habituellement l’objet d’un relatif consensus à ce sujet. Souvent critiquée pour sa neutralité sur la problématique, la France soutient d’une part les autorités palestiniennes modérées, qui dénoncent la colonisation abusive en Cisjordanie, et, d’autre part, la légitimité d’Israël à protéger ses citoyens contre les groupes terroristes présents dans la région. Cette proposition de résolution, si elle aboutit, marquera un tournant dans la politique menée jusqu’à présent. Le texte précise : « Au nom du droit inaliénable à l’autodétermination, le peuple palestinien est fondé à se doter d’un État. » La résolution Interview croisée entre Gilbert Roger, sénateur PS de Seine SaintDenis, à l’origine de la proposition de résolution, et Barnéa Hassid, consul général d’Israël. De jeunes Palestiniens franchissent le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie après y avoir ouvert une brèche © AFP 181 votée par l’Assemblée générale des Nations unies préconisait le partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe. La présidente du Conseil représentatif des israélites de France à Toulouse, Nicole Yardéni, indique par ailleurs que les Etats arabes avaient refusé à l’époque, en 1947, la résolution de l’ONU. Pour elle, le vote du 29 novembre est donc « symbolique ». Or les guerres et différents conflits ont permis à Israël d’étendre son territoire, faisant fi des frontières définies en 1947, puis révisées en 1967 après la guerre des Six Jours. « On leur a volé leur terre », lance Kaïs, un trentenaire du quartier Empalot à Toulouse, lorsqu’on Gilbert Roger © DR Barnéa Hassid © DR évoque le sujet. Et d’ajouter « Ils violent les droits internationaux. » Nicole Yardéni dénonce cette attitude : « L’antisionisme, cette haine viscérale envers l’Etat hébreu, est un antisémitisme dissimulé. » Un « mot inventé », selon un autre jeune du même quartier. La proposition de résolution conclut sur la nécessité pour les deux peuples de vivre en paix, et, pour ce faire, qu’Israël cesse « la poursuite illégale de sa politique de colonisation qui mine la viabilité même d’un État palestinien ». Les lignes définies en 1967 devront de facto être respectées, et Jérusalem reconnue comme capitale des deux Etats. Débat : Pourquoi la France devrait-elle voter pour la reconnaissance d’un État palestinien ? Gilbert Roger : La création d’un État palestinien est un long processus au cours duquel la France a toujours participé. Rappelez-vous la position de François Mitterrand, qui reconnaissait, en 1982, à la Knesset, le droit des Palestiniens d’avoir un Etat. Barnéa Hassid : Ce vote appelle à un raccourci et à un abandon du processus de dialogue israélopalestinien. Il va encourager l’idée que ce n’est plus la peine de négocier avec Israël. Les Palestiniens font tout pour mettre la pression sur Israël en se tournant vers les instances internationales. #traj / france-monde Rififi en mer de Chine Les Etats-Unis ont lancé en 2012 la stratégie du pivot qui devait les désengager du Moyen-Orient. Avec pour but de contrer l’hégémonie chinoise en Asie. Jusqu’à une nouvelle guerre froide ? 95% du commerce extérieur chinois transite par la mer de Chine, c’est dire la valeur stratégique de cette région pour l’Empire du Milieu. Ce chiffre permet aussi de comprendre pourquoi Pékin a engagé ces derniers mois autant de travaux d’envergure pour se permettre d’avoir des bases navales dans cette mer. Des bâtiments logistiques que ses deux grands adversaires dans la région, les Etats-Unis et le Japon, possèdent déjà. Il est alors compliqué d’évaluer l’importance de la pré- sence américaine en Asie, à l’heure où les Américains restent englués en Irak et confrontés à la montée de l’Etat islamique. L’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Hilary Clinton, affirmait dans la revue Foreign Policy, en 2011, que « la présence américaine en Asie- Pacifique était liée au succès du désengagement américain au Moyen-Orient » Barthélémy Courmont, chercheur à l’Iris*, relève la corrélation entre les deux situations. Malgré la montée de l’Etat islamique, les Américains restent bien implantés en Asie et « ont un réseau d’alliés plus important » dans la région que la Chine. Il rappelle qu’Oncle Sam garde (encore) une avance sur le plan militaire avant de pointer que Pékin a une image moins bienveillante que Washington en Asie. Mais sur les questions économiques et commerciales, Pékin possède un poids grandissant, « comme en atteste l’accord de libre-échange entre Pékin et l’Australie » annoncé le 17 novembre et qui sera signé en 2015. Le bilan reste mitigé pour l’administration Obama. Si la politique du pivot a « marqué le retour de Washington dans la région », la stratégie des Etats-Unis reste floue entre dialogue et méfiance envers Pékin. Pour le chercheur, la question à l’avenir sera de « savoir si les pays d’Asie pourront choisir entre les deux grands » car « c’est bien la relation entre la Chine et les Etats-Unis qui constitue le cœur de cette stratégie. » *Barthélémy C o u r m o n t est maître de conférences à l’Université catholique de Lille, chercheur à l’Iris, et rédacteur en chef de Monde chinois, nouvelle Asie. Il a récemment publié Une guerre pacifique. La confrontation Washington-Pékin, aux éditions ESKA. Zhifan Liu Pour l’Union européenne, la reconnaissance de l’Etat de Palestine est une étape incontournable pour parvenir à instaurer une paix durable dans la région. L’UE emboîte ainsi le pas à l’Assemblée générale des Nations unies qui avait, il y a deux ans jour pour jour, reconnu la Palestine comme Etat observateur non membre. Le choix du 29 novembre n’est d’ailleurs pas anodin : cette date correspond à la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Margaux Panaye, Gabriel Moret, Guillaume Asmanoff Sous-marin de l’armée chinoise pendant un entrainement en Mer de Chine. © AFP La France a-t-elle plus de légitimité à voter un tel texte ? Est-elle plus concernée ? GR : La France a une position très particulière. Elle est porteuse de valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. Je préférerais donc qu’on soit dans le peloton de tête des pays qui reconnaissent l’Etat palestinien. BH : Non, c’est une imposition extérieure sur des négociations qui doivent se faire directement. La France est respectée par Israël en tant que partenaire honnête et objectif. Si elle prend position, je pense que cela va égratigner les relations de confiance que nous avons développées jusqu’à présent. Qu’est-ce que ce vote va changer ? GR : Le texte que j’ai souhaité écrire est un texte dans lequel je n’ai voulu aucune ambiguïté, un texte qui invite clairement à reconnaître un État palestinien, dans le respect d’Israël. BH : Il ne changera rien à la situation actuelle en Palestine. Il va augmenter le sentiment de frustration qui conduit aux manifestations et à la violence. Comment organiser deux États dès lors que les colonies morcellent le territoire et qu’un mur a été construit ? GR : Il va falloir démolir les colonies illégales aux yeux de la communauté internationale. C’est un long processus, qui ne se fera pas sans déchirement ni douleur. BH : Tout est possible. Nous avons déjà rendu des territoires par le passé. Nous avons d’ailleurs évacué la bande de Gaza en 2005. Mais les Palestiniens doivent, eux aussi, prouver qu’ils sont capables de faire des concessions. Cela passe d’abord par la reconnaissance d’un État juif en Israël. Propos recueillies par Guillaume Asmanoff, Gabriel Moret, Margaux Panaye #traj / france-monde 8kha_dW<Wie/aZhegb^XZh YÉjcEg^ciZbehV[g^XV^c4 Le nouveau président Michel Kafando se voit secondé par un gouvernement composé de civils, mais où l’armée occupe des places importantes. L :cWgZ[ es manifestations ont eu raison de Blaise Compaoré. Le 31 octobre, celui qui voulait modifier la Constitution pour s’assurer un cinquième mandat après vingtsept ans passés au pouvoir a été contraint à la démission et à la fuite. « Ses sympathisants et partisans ont d’ailleurs pris acte de sa démission et l’ont même appréciée, car elle a permis de circonscrire les pertes humaines et les dégâts matériels, qui auraient pu être plus graves », assure Mountamou Kani, rédacteur en chef de L’Express du Faso. Dans ce bouleversement politique, l’armée a joué un rôle essentiel, le lieutenant-colonel Isaac Zida allant même jusqu’à s’autoproclamer chef de l’État. On aurait pu craindre un nouveau putsch si n’avait pas été désigné, le 17 novembre, un président civil de transition, Michel Kafando. Ce diplomate est tenu de gérer le pays jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle en novembre 2015. Il ne sera évidemment pas seul : le 23 novembre, un gouvernement de 26 ministres a été Le militaire Zida et le civil Kafando, amenés à travailler ensemble. ©AFP annoncé, au terme de vives négociations. Entre autres, Kafando assurera en parallèle le poste de ministre des Affaires étrangères ; Joséphine Ouédraogo, candidate défaite au poste de président de transition, sera en charge de la Justice, et Augustin Loada, ténor de l’engagement civil, s’occupera de la Fonction publique. Considéré comme un gouvernement de techniciens civils, il reste toutefois sujet à débat : quatre militaires y sont présents, occupants des postes importants. Ainsi le lieutenant-colonel Isaac Zida s’est vu confier à la fois le poste de Premier ministre et celui de ministre de la Défense, tandis que le colonel Auguste Denise Barry a pris la tête de l’équivalent du ministère de l’Intérieur. Personne ne doute de l’importance politique que vient d’acquérir l’armée burkinabé : « La marge de manœuvre de Kafando est mince. Le vrai patron de la transition est Isaac Zida, qui a lui même désigné un grand nombre de ministres. Kafando n’est qu’une marionnette qui voudrait qu’on croit le contraire », explique Mountamou Kani. Cette situation, bien qu’imparfaite selon les prodémocratie, peut cependant faire figure de référence dans la façon dont a été traitée l’après-crise. De nombreux pays africains voient en effet leurs dirigeants briguer un nouveau mandat via un arrangement de la Constitution : le Burundi, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le CongoBrazzaville. Au Bénin, une révolte populaire a poussé le président à jurer de ne pas toucher à la Constitution. Le Burkina Faso pourrait, si civils et militaires coopèrent efficacement dans la gestion du pays, rejoindre la Tunisie, le Mali et la Guinée dans la catégorie des transitions démocratiques en bonne voie pour être réussies. Une nouvelle ère politique s’ouvre pour ce pays, et l’avenir confirmera quel rôle précisément y tiendront l’armée et la démocratie. LUCAS SIMONNET PAS DE MISTRAL POUR LA RUSSIE SECOND TOUR PRÉSIDENTIEL EN TUNISIE LA COLÈRE DE FERGUSON AUX ETATS-UNIS L’Elysée a de nouveau reporté la Le premier tour de l’élection présidentielle Lundi, un grand jury a décidé de ne pas livraison des deux porte-hélicop- du 23 novembre en Tunisie n’a pas suffi inculper le policier responsable de la mort de tères Mistral à la Russie « jusqu’à à départager Béji Caïd Essebsi, du parti Michael Brown, un jeune afro-américain tué nouvel ordre », en raison de la Nidaa Tounes (39,5%) de Moncef Marzouki, par balles le 9 août dernier. La décision a fait situation en Ukraine qui « ne permet président sortant soutenu par Ennahdha s’embraser la ville de Ferguson où s’est pro- toujours pas » cette vente. Moscou (33,4%). Un second tour doit être organisé duit le drame. Ces manifestations intervien- ne compte pas donner suite « pour courant décembre, la date précise n’étant nent quelques jours après que Timer Rice, l’instant ». pas encore fixée. un Noir américain de 12 ans, a été abattu par un policier à Cleveland. + #traj / france-monde ?cfji0a\gZ]VjhhZ edjgaÉV\\adbgVi^dcZc'%&* Le budget 2015 a été voté à l’Assemblée nationale et prévoit une baisse des aides de l’Etat vers les collectivités territoriales d’environ 6 %. Quelles conséquences pour Toulouse ? L’ État ferme le robinet des dotations. D a n s l e b u d g e t 2 0 1 5 , vo t é l e 1 8 n o v e m b r e à l ’A s s e m b l é e nationale, il prévoit d’amputer de 3,6 milliards d’euros ses aides pour les collectivités territoriales, soit 12 millions d’euros de moins pour Toulouse. La mairie envisage donc de diminuer ses investissements. « Nous allons passer de 166 millions d’euros d’investissements l’an dernier à 120 millions cette année », annonce Sacha Briand, maireadjoint délégué aux Finances. « L’an dernier, la municipalité de Pierre Cohen a dépensé plus que ce qu’elle pouvait, comme toujours en période électorale », explique t-il. D’autre part, la ville de Toulouse va optimiser les dépenses des services publics. « Dans certains centres aérés, par exemple, on embauche par avance dix animateurs avant même de savoir s’il en faudra autant. Alors qu’il se peut que seulement six soient nécessaires. » Pour faire des économies, certains projets vont être remis à plat. « Le budget pour le téléphérique ‘’aérotram’’ est beaucoup trop Le conseil municipal doit voter le budget en mars 2015. ©Lucas Serdic élevé par rapport au nombre futur d’usagers, il faut donc le repenser. Pour compenser la hauteur de l’investissement, il faudra sans doute rallonger la ligne. » Les transports publics étant toujours déficitaires, « il faut en réduire au maximum les pertes financières ». En ce qui concerne Toulouse Métropole, les impôts locaux devraient augmenter de 25 € par an et par foyer fiscal. « Une hausse modérée », précise l’adjoint. Seraient concernées la taxe d’habitation, la taxe sur le foncier bâti et la contribution foncière des entreprises. En revanche, l’investissement pour l’éducation reste stable. « Il n’est pas question de réduire les dépenses dans les écoles. La population toulousaine augmente en permanence, ce qui signifie plus d’enfants dans les classes. Nous devons répondre à ces besoins. » Quand on lui demande ce qu’il pense de la politique actuelle du gouvernement, il répond tout sourire : « Incohérente. » Sacha Briand conclut : « Il faut arrêter d’imposer aux municipalités des dépenses pour faire respecter des règles qui ne servent à personne tout en coupant nos ressources. » LUCILE ANDRÉ ET LUCAS SERDIC AFFAIRE ZEITOUNI : 2 FRANÇAIS JUGÉS SOMMET DE LA FRANCOPHONIE A DAKAR SNCF : GRÈVES EN FIN DE SEMAINE Deux Français sont soupçonnés d’avoir tué une Le sommet de la francophonie aura lieu à Les deux syndicats CGT-Cheminots et Sud- jeune Israélienne, Lee Zeitouni, en 2011 à Tel-Aviv. Dakar (Sénégal) samedi 29 et dimanche 30 Rail ont appelé les contrôleurs SNCF à faire Ils l’auraient renversée en voiture sur un passage novembre. Trente-cinq chefs d’Etat y sont grève du 4 au 7 décembre. Ils protestent piéton avant de prendre la fuite. L’affaire avait attendus. La ville se prépare à accueillir contre le manque d’emplois et d’organisa- provoqué l’indignation en Israël et l’embarras en plus d’un millier de participants. Lors de tion du métier, certains trains circulant par- France. Les protagonistes seront jugés mercredi ce rassemblement, Abdou Diouf va mettre fois sans aucun contrôleur à bord. Le préavis à Paris. Le chauffeur risque jusqu’à dix ans de un terme à ses douze années à la tête de la n’indique pas si le trafic sera perturbé. prison. Francophonie. , #traj / Dossier Dossier “Mayday ! Mayday !“ L’aéroport est à vendre L’Etat a mis en vente 49,9% des parts de l’aéroport. Trois repreneurs se pressent sur la piste. Les élus locaux tentent de jouer la tour de contrôle. On récapitule. Le calendrier est connu, Pas le contenu des offres ©photo DR L’ Etat français détient 60% des parts de l’aéroport de Toulouse. Les collectivités locales et la CCI détiennent, elles, les 40% restants (voir infographie ci-contre). Dans un premier temps, l’Etat a mis en vente 49,9% des parts. Il détiendra donc encore 10,1% de l’aéroport une fois la vente réalisée. Trois candidats au rachat sont en lice. Deux sont français : Vinci et Aéroports de Paris. Le troisième est un consortium sino-canadien composé de SNC-Lavalin (firme d’ingénierie canadienne) associé à trois investisseurs chinois : FPI Group (un fonds d’investissement hongkongais, également loueur d’avions), L’aéroport en chiffres •5,5 millions de passagers l’an dernier l’aéroport de Shenzhen et le Shandong HiSpeed Group, gestionnaire d’aéroports. Cette dernière candidature suscite un grand nombre d’inquiétudes, parfois fantasmées. Comme lorsque les élus locaux posent la question de l’espionnage industriel dont pourrait être victime Airbus (cf. page 11). Les trois offres de rachat ont été examinées par les élus locaux. En tant qu’actionnaires minoritaires, ils ont remis un avis consultatif à l’Agence des participations de l’Etat. Cette dernière est l’organe qui tranchera définitivement en faveur de l’une des offres. Sébastien Leurquin Toulouse-métropole 5% Etat 49,9% (à vendre) • 300 emplois directs •Une trentaine de compagnies régulières •72 014 mouvements d’avion en 2013 Qui détient quoi ? Département 5% Région 5% •117 millions d’euros de chiffre d’affaires • 4000 emplois indirects Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, avait d’abord annoncé que le repreneur serait connu mi-décembre. Or selon l’Agence des participations de l’Etat, « l’annonce du choix pressenti sera communiqué sous peu, d’ici au 5 décembre ». Néanmoins, le contenu et les modalités des offres demeurent mystérieux, du fait d’une clause de confidentialité scrupuleusement respectée. Ce qui donne lieu à beaucoup d’incertitudes et de rumeurs quant aux éventuels projets des différents repreneurs. A tel point que les salariés de l’aéroport, qui n’ont pas non plus la moindre information, ont déposé un préavis de grève pour le 19 décembre, veille des vacances de Noël. Enfin, et c’est là que se cristallisent les tensions, l’Etat pourrait vendre dans les trois prochaines années les 10,1% qui lui restent. Se pose donc la question de la privatisation du haut lieu stratégique que représentent les aéroports, gestionnaire des flux aériens. En effet, si l’Etat vend ses parts à un acteur privé, l’aéroport deviendra…privé. Après les autoroutes, les aéroports ? (cf. interview de l’économiste Yves Crozet). Rien n’est tranché, mais le débat est engagé. CCI 25% Etat 10,1% (avenir incertain) #traj / Dossier ©AFP Le fantasme chinois... Espionnage industriel, nuisances sonores décuplées, augmentation du prix du foncier… L’offre sino-canadienne, la plus juteuse financièrement, est aussi celle qui soulève le plus de défiance chez les élus locaux. Mais leurs craintes sont-elles réellement fondées ? O n savait que les investisseurs étrangers fuyaient la France. Avec la privatisation de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac, on commence à comprendre pourquoi. Au milieu des deux offres françaises, le projet de reprise du consortium sino-canadien cristallise les crispations. Il est le fruit d’une alliance entre l’entreprise canadienne SNC-Lavalin et trois groupes chinois : un fonds d’investissement de Hong Kong (FPI), le Shandong Hi-Speed Group et l’aéroport de Shenzhen. Bien que présenté comme « solide sur tous les plans » par différentes sources, le projet est réprouvé avec véhémence par certains élus de la région. En tête, le président du conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées, Jean-Louis Chauzy. «La puissance publique doit rester majoritaire», assène-t-il. Après avoir mené une campagne de lobbying anti privatisation auprès des ministères concernés, il réserve aujourd’hui ses diatribes à l’alternative chinoise, qui «met en difficulté Airbus et ses 91 000 employés». Parmi les dan- Airbus travaille avec la Chine depuis plus de 25 ans gers redoutés en cas de mainmise chinoise sur l’aéroport, celui d’une mise en péril des intérêts de l’avionneur, qui pourrait prétendument pâtir de l’augmentation des prix du foncier nécessaire à son développement et quitter Toulouse. Plus grave, l’hypothèse d’une implantation chinoise à des fins d’espionnage industriel a été évoquée. Airbus déplore les rumeurs Pourtant, Airbus nous a affirmé par la voix d’un de ses porte-paroles ne pas partager ces inquiétudes. D’une part, parce que le leader mondial de l’aéronautique est assuré de conserver des conditions d’exploitation identiques depuis le récent prolongement de son bail sur les terrains de l’aéroport (cf. encadré). D’ autre part, parce qu’ Airbus « possède une usine de production en Chine depuis dix ans ». Preuve de la bonne entente entre le construc- Hub à Toulouse : Air France n’y croît pas Pour la compagnie aérienne, un hub (*) de province ne serait pas viable économiquement. Un porte-parole de la compagnie nous a expliqué que, pour être rentable, « un hub doit s’appuyer sur un solide bassin de population. De plus, il s’agit d’un marché de géants. En Europe, seuls trois acteurs disposent de la taille critique nécessaire pour subsister : Paris lié à Amsterdam (bases d’Air France-KLM), Francfort (Lufthansa) et Londres (British Airways-Iberia). Un hub à Toulouse, créé ex nihilo, n’aurait donc pas vraiment de sens». Sebastien Leurquin (*) Hub peut se traduire par noyau. C’est un aéroport géant qui permet aux passagers de changer rapidement et facilement de vol dans un même lieu. teur et les potentiels repreneurs chinois, l’accord récemment passé entre Airbus et le groupe CALC, loueur d’avions détenu par le fonds d’investissement FPI, pour l’achat de 100 A320. Une source proche du dossier qualifie dans ce contexte les soupçons d’espionnage industriel de « grotesques », ajoutant que les arguments opposés au consortium sinocanadien sont « inconsistants ». Autre aspect polémique : la volonté des repreneurs de faire de l’aéroport toulousain un veritable hub. Une ambition louable pour la santé de la région, mais qui inquiète les riverains. Chantal Beer-Demander, présidente de l’Union française contre les nuisances des aéronefs, déplore l’opacité de la situation : « C’est l’omerta totale. Les riverains sont encore la dernière roue du carrosse .» De son côté, le consortium affirme, évidemment, que rien ne se fera au détriment des riverains, et que les normes environnementales en vigueur seront respectées. L´Agence des participations de l’Etat, qui a accès aux détails de ces engagements pour chacun des trois projets en lice, est la mieux placée pour juger de la crédibilité du candidat chinois au rachat des parts de l’Etat. C´est désormais à elle, ultime décisionnaire, que revient la charge de lancer l’avenir de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac sur la bonne piste. Albert Mariie #traj / Dossier L’Etat à la fois juge et partie L’offre de rachat d’Aéroports de Paris, groupe dans lequel l’Etat est actionnaire majoritaire, pose la question du conflit d’intérêts. L’Etat est à la fois vendeur, décideur et indirectement partie. Les actionnaires d’Aéroports de Paris A éroports de Paris (ADP), société qui gère Roissy et Orly, les deux grandes plateformes aéroportuaires parisiennes, est détenu à 50,6 % par l’Etat français. Or ADP est l’un des trois candidats encore en lice pour le rachat des 49,9% des parts de l’aéroport de Toulouse-Blagnac mises en vente par l’Etat. Certes, les entreprises dans lesquelles l’Etat est investisseur sont régies par le principe de l’autonomie de gestion. Ici, concrètement cela signifie que si ADP obtient le marché de l’aéroport de Toulouse, ce sera ADP qui s’endettera sur ses fonds propres pour financer l’opération. Non pas l’Etat, pour qui la vente des 49,9% des parts de la plateforme sera une opportunité de faire rentrer de l’argent frais dans les caisses. Néanmoins, puisque l’Etat est majoritaire au sein d’ADP il n’en demeure pas moins que se pose la question du conflit d’intérêts. Et ce d’autant plus que c’est l’Etat lui-même, via l’Agence des participations de l’Etat, qui va choisir le repreneur de l’aéroport de Toulouse. Finalement, l’offre d’ADP, si elle est retenue, pourrait surtout permettre à l’Etat de garder une influence sur le site stratégique de l’aéroport. Sébastien Leurquin Le gouvernement rassure Airbus L’avionneur européen pourra continuer à utiliser les terrains qu’il occupe autour de l’aéroport jusqu’en 2078. L En Bref es élus locaux se sont exprimés à cor et à cri pour que les intérêts d’Airbus soient pris en compte dans la procédure de vente de l’aéroport. Ils ont obtenu gain de cause, puisque Manuel Valls est intervenu personnellement dans ce dossier. Le premier Ministre a pressé le ministère des Transports d’étendre l’autorisation d’occupation temporaire (AOT) des 700 hectares de terrain qu’utilise Airbus. Selon un porte-parole de l’entreprise, Airbus a ainsi « obtenu l’extension de l’AOT et la pérennisation des conditions d’utilisation de la plateforme aéroportuaire». Concrètement, Airbus bénéficie d’un tarif de location avantageux et d’un accès facilité aux pistes pour ses 5 000 10 Airbus utlise les pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac pour ses vols d’essai. ©photo DR vols d’essais annuels (6% du trafic de l’aéroport). Enfin, Airbus assure ne pas être inquiet quant au choix du repreneur. « Quel qu’il soit , nous utiliserons la plateforme aéroportuaire comme nous le faisons aujourd’hui.» Sébastien Leurquin Le TGV dangereux pour l’aéroport ? de province desservies par le TGV, Crowdfunding : Wiseed fait le buzz parts de la plateforme aéropor- et ainsi situées à moins de trois Certains élus locaux jouent heures de Paris par voie ferro- Le site de Thierry Merquiol propo- après en avoir vendu 49,9%. Sous la tactique de la peur. Oppo- viaire, le trafic aérien à destina- se aux Toulousains de « racheter des airs « d’acte citoyen », Wiseed sés à la privatisation de l’aéro- tion de la capitale s’est effondré. l’aéroport de Toulouse ». L’objectif réalise surtout un joli coup mé- port, opposés à l’offre chinoi- Autrement dit, si le TGV arrive à affiché est de réunir 20 à 30 mil- diatique puisque le projet n’a se, opposés au projet de hub… Toulouse, les liaisons aériennes lions d’euros d’ici au 1er décem- aucune chance d’aboutir. mais favorables au projet de Toulouse-Paris risquent de dimi- bre dans l’espoir de déposer une TGV ! Or dans toutes les villes nuer sensiblement. offre de rachat sur les 10,1% des tuaire que détiendra encore l’Etat #traj / Dossier Grand Angle « La question n’est pas de privatiser mais de réguler » © Creative Commons Yves Crozet, professeur à l’université Lyon II et membre du Laboratoire d’économie des transports (LET), a répondu à nos questions sur la privatisation des aéroports régionaux en France. Lui ne voit pas de différences significatives entre une gestion privée et une gestion publique. Privatisation, pourquoi pas, à condition de disposer d’outils permettant d’éviter les abus éventuels. Yves Crozet a dirigé le Laboratoire d’économie des Transports de 1997 à 2007.7 Pourquoi l’Etat souhaite-t-il privatiser ses aéroports régionaux ? L’Etat a simplement besoin de renflouer ses caisses. Il y a actuellement deux types d’aéroports régionaux en France : ceux qui coûtent de l’argent, les aéroports de petite taille, que les collectivités maintiennent par leurs subventions. Et ceux qui rapportent de l’argent, comme ceux de Toulouse, Lyon ou Nice. Ces aéroports, qui ont réussi à se développer, sont des monopoles locaux. Il est logique que les perspectives de rendement attirent les investisseurs. Peut-on craindre une hausse des tarifs pour les utilisateurs, à l’image de celle causée par la privatisation des autoroutes ? La comparaison est pertinente car, en situation de monopole, le gestionnaire a toujours tendance à surtarifer. Étant donné que l’Etat est bénéficiaire des redevances des autoroutes, il a fermé les yeux sur la hausse des tarifs. Il y a donc un risque pour qu’il fasse la même chose avec les aéroports, s’il privatise sans mettre en place un régulateur. Il faudra surveiller les aéroports privatisés afin d’éviter des abus de position dominante. Quelle serait la mission de ce régulateur ? Un organe régulateur empêcherait une trop forte hausse des prix. Un régulateur existe déjà dans le domaine des transports ferroviaires. L’Allemagne dispose d’un régulateur unique pour tous les transports. Tout l’enjeu est dans la mise en place par l’Etat d’un régulateur indépendant pour le système aéroportuaire français. Actuellement, ce sont les ministères des Transports et des Finances qui ont le pouvoir. Tout ce petit monde décide entre soi. Pourquoi autant de voix s’élèvent contre la privatisation ? Dès que le secteur privé s’immisce dans le public en France, on a l’impression que c’est la catastrophe. Le problème n’est pas que l’aéroport soit privé ou public, le problème est qu’une entreprise fasse ce qu’elle veut, sans rendre de comptes à personne. C’est pour cela qu’un régulateur est nécessaire. Je ne pense pas qu’une privatisation entraîne de réel chamboulement dans la gestion de l’aéroport, car l’Etat s’est comporté de la même manière qu’un gestionnaire privé. C’est la critique que l’on peut faire de l’Etat : d’avoir fait en sorte que les aéroports soient les plus rentables possibles. Propos Recueillis par Adrien Serrière 11 #traj / Dossier Face-à-Face Pierre Cohen La privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac devrait bientôt être effective. Qu’est-ce que cela vous inspire ? PC : On ne peut pas s’en réjouir quand on voit ce que cela a donné avec Vinci et les autoroutes… Le risque, en cédant l’aéroport au privé, c’est de laisser libre cours à la volonté du repreneur de faire du profit et de voir les prix grimper. L’aéroport est une véritable ressource territoriale. Le lâcher au privé, c’est une perte d’indépendance et le début de l’engrenage du désistement de la puissance publique dans les fleurons de l’entreprise française. On ouvre la porte à quelque chose d’extrêmement inquiétant. J’aurais préféré plus de protectionnisme, sans pour autant vouloir l’autarcie. SB : Il faut arrêter avec le dogme antiprivatisation. Il n’y a pas de quoi crier au loup. L’Etat a besoin de réduire le déficit du budget, c’est pourquoi l’Agence des participations de l’Etat a décidé d’engager la cession des parts dans l’aéroport de Toulouse-Blagnac. L’arrivée de nouveaux capitaux ne peut-elle pas être positive pour la réalisation des projets à mener dans l’agglomération toulousaine ? PC : Le risque, c’est que notre territoire ne soit plus dépendant de ses propres décisions. Jean-Luc Moudenc, la privatisation, c’est dans son ADN. Je ne partage pas cette vision, c’est pourquoi je me suis battu quatre ans pour éviter la privatisation de l’aéroport. 12 ©DR © Albert Marie L’aéroport Toulouse-Blagnac suscite plus que jamais le débat entre les élus locaux. Sacha Briand, adjoint aux finances de la mairie UMP de Toulouse, ne comprend pas l’embrasement que soulève la privatisation. À l’inverse, Pierre Cohen, ancien maire PS de Toulouse de 2008 à 2014, concède sans sourciller avoir bloqué le dossier durant son mandat. Il tente désormais d’alerter l’opinion publique des risques encourus. Sacha Briand SB : Nous avons souhaité que les candidats s’engagent sur le financement du Parc des expositions. Il y a eu une consultation de principe mais, à la fin, c’est l’Etat qui choisira et il cherchera à valoriser ses intérêts. Cependant, nous aussi, nous serons attachés à faire valoir nos intérêts. Quel rôle devront jouer l’Etat et les collectivités territoriales à Toulouse-Blagnac dans les prochaines années ? PC : L’Etat doit conserver les 10,1% en suspens. Mais on se doute que, pour celui qui paiera grassement pour obtenir les premiers 49,9% en vente, l’enjeu est évidemment de devenir majoritaire à terme. Ce qu’il faut éviter, c’est que l’actionnaire devenu majoritaire veuille ensuite imposer son point de vue sans discuter avec la puissance publique et territoriale. Il faut que l’Etat soit un acteur à part entière dans le conseil d’administration de l’aéroport et garde une minorité de blocage. Une dose d’intérêt général est nécessaire dans la gestion de toute entreprise. SB : Les collectivités seront attentives à ce que soit mise en place une gestion cohérente, c’est-à-dire une stratégie industrielle et non financière. Il nous faut éviter que la plateforme aéroportuaire devienne une vache à lait supportée par les utilisateurs. Pour l’instant, les collectivités et l’Etat restent majoritaires même s’il serait logique que le nouvel actionnaire veuille le devenir. Propos recueillis par Albert Marie et Adrien Serrière #traj / économie Stadium : 43 millions d’euros, 2 000 places en moins L a participation à l’organisation de l’Euro de football en France a un prix, et c’est l’UEFA qui le fixe par le biais de normes strictes. L’instance du football européen a certes offert 2 millions d’euros à chaque stade hôte, mais il incombe aux villes organisatrices de payer le reste. Toulouse et son stade en sont un parfait exemple. Très enthousiaste à l’idée d’accueillir une partie de la compétition, l’ancien maire Pierre Cohen avait obtenu tardivement le repêchage du « Petit Wembley », propriété de la mairie. Immédiatement, le cabinet d’architectes en charge du dossier, Cardettes & Huet, avait proposé une enceinte de 40 000 places. Celle-ci aurait permis à la Ville rose de recevoir les quarts de finale de la compétition. La construction de 9 000 nouvelles places et la mise aux normes des 35 000 anciennes entraînaient tout de même une perte de 4 000 sièges. Coût de l’opération : 67 millions d’ euros , bien trop cher pour la mairie toulousaine. Le projet a donc été revu à la baisse. L’enceinte comportera finalement 33 000 places, soit une perte de 2 000 sièges, toujours causée par la mise aux normes. En effet, il y aura plus d’espace entre chaque siège. Ils seront également plus confortables et plus inclinés mais les futurs spectateurs de l’Euro ne se contenteront plus que de trois matchs de groupe et un huitième de finale. Les travaux comportent également la rénovation de la billetterie, l’élargissement des ouvertures latérales « Une option qui multipliait par 5 la facture avait été envisagée par l’ancienne municipalité, mais Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, ne s’est pas encore prononcé sur la question », confie une source proche du dossier. Ajoutons à cela que le TFC fait partie du « ventre mou » de la Ligue 1, réduisant considérablement l’attractivité de ses matchs En Midi-Pyrénées, la précarité progresse Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est en augmentation dans la région. Environ 38 000 personnes supplémentaires se retrouvent sous ce seuil fatidique (soit moins de 977 € par mois pour un célibataire, ou moins de 2 052 € En bref A un an de la livraison du Stadium rénové, le chantier poursuit son cours. Mais la somme investie dans le relooking d’un stade rarement plein semble difficile à justifier. pour un couple avec 2 enfants). En tout, 1/7 de la population, soit 424 000 personnes, est concerné. Nouveau succès pour Airbus Airbus signe deux nouveaux gros contrats : le premier avec Delta Airlines d’un montant de près de 6 milliards de dollars. Le second avec Frontier Airlines. Le constructeur européen leur assurera la livraison de 9 « A 321 » pour une somme avoisinant le milliard de dollars. BAISSE du chômage RéGIONAL Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi en catégorie A s’est abaissé à 163 500 en Midi-Pyrénées en cette fin octobre 2014. Ce Les nouveaux sièges imposés par l’UEFA. © Photo DR permettant le passage du matériel de concert, ainsi que la rénovation complète de la pelouse. « Cela coûtera au total 43 millions d’euros » affirme Sacha Briand, maireadjoint en charge des finances. Le montant engagé par la municipalité toulousaine (25% de la somme finale) impliquerait une rentabilité maîtrisée. Cependant, le loyer payé actuellement par le Toulouse Football Club est relativement faible : 200 000 euros par saison. (14 900 spectateurs en moyenne la saison passée) et la visibilité de son stade. Quant au Stade Toulousain, qui jouit d’une plus grande popularité, il n’utilise le Stadium que trop peu souvent (en moyenne 6 fois par an). La culture pourrait participer au retour sur investissement, mais le dernier grand événement accueilli par le stade fut le concert de Michael Jackson en... 1992 ! nombre a diminué de 0,1 % (-100 personnes) par rapport au mois dernier. Malgré tout, sur ces douze derniers mois, il est en hausse de 5,1 %. En totalisant les catégories ABC de Pôle Emploi, le nombre total de demandeurs d’emploi s’élève à 253 000 en Midi-Pyrénées, toujours fin octobre. Un résultat qui augmente de 0,5 % (soit + 1 300) par rapport au mois précédent, et de 5,6 % sur l’année. Julie L’Hostis et Rémi Rivière 13 #traj / politique A deux ans de la primaire UMP qui désignera le candidat de la droite à l’élection présidentielle, les adhérents du parti sont appelés à élire leur chef en se prononçant ce samedi 29 novembre. La préparation de cette élection provoque de multiples débats. C UMP : droit aux urnes De gauche à droite : Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy et Hervé Mariton, les trois candidats à la présidence de l’UMP. © DR e 29 novembre se tiendra le premier tour de l’élection à la présidence de l’UMP. 270 000 votes électroniques sont attendus, équivalent au nombre d’adhérents UMP sur l’ensemble du territoire. Trois candidats sont en lice : Nicolas Sarkozy, désigné comme favori par tous les sondages ; Bruno Le Maire, candidat plus modéré et progressiste – qualifié de centriste par certains sarkozystes ; et Hervé Mariton, outsider du scrutin, fragilisé par les récents propos de M. Sarkozy sur l’abrogation de la loi Taubira – cheval de bataille du député de la Drôme. En Haute-Garonne, on dénombre 6 000 adhérents susceptibles de participer à l’élection. Le processus est simple : il suffit d’être à jour de ses cotisations au 30 juin et de se connecter sur le site du parti. Pour pouvoir voter, il faut fournir son numéro d’adhérent, un code d’accès et un mot de passe. Pour les personnes qui n’ont pas résultats. Le duel fratricide opposant JeanFrançois Copé à François Fillon en 2012 pour le poste de président de l’UMP a laissé des traces. La crainte qu’un tel épisode se reproduise est dans toutes les têtes. Pour éviter un nouveau fiasco, les procurations sont désormais prohibées, et le risque de fraude est de fait minimisé. Le candidat Sarkozy, leader naturel de la droite forte, n’a aucun doute sur sa prochaine accession à la présidence du parti. Il espère surtout rafler les trois quarts des voix pour asseoir sa légitimité, malgré le fait qu’il « rassemble plus à la droite de l’UMP qu’en son centre », selon P. Esplugas. Ce dernier ajoute que, dans l’optique de la primaire de 2016, il serait préférable que le scrutin soit ouvert. « En 2011, le PS a fait prendre un train à l’histoire, celui de la démocratisation interne des partis et de la désignation des candidats. Et l’UMP ne pourra pas rester à quai. » Pierre Lattard, délégué UMP de la 10e circonscription de Haute-Garonne, soutien de Bruno Le Maire. René Rettig, ancien maire de Bagnères-de-Luchon, membre du comité de soutien à Nicolas Sarkozy. Pourquoi avoir choisi de soutenir Bruno Le Maire et pas un autre candidat à la présidence de l’UMP ? J’étais référent de Bruno Le Maire avant sa campagne ; mon engagement pour lui ne date donc pas d’aujourd’hui. Ses idées me plaisent, il représente une solution plus neutre que ses adversaires. Pourquoi avoir choisi de soutenir Nicolas Sarkozy plutôt qu’un autre candidat ? Il me semble que Sarkozy est la personne qui peut, par son charisme et son expérience, redonner a l’UMP la place qu’elle avait de premier parti d’opposition. D’autre part, M. Sarkozy est quelqu’un à qui on peut accorder sa confiance pour mener, vis-à-vis du gouvernement, une action efficace et unifiée. Il réalisera le rassemblement de tous les leaders de la droite et du centre. Face-à-face 14 d’ordinateur chez eux, deux bureaux de vote physiques seront disponibles. « L’un à la fédération UMP à Toulouse, l’autre à Saint-Gaudens. Sur place, des personnes seront disponibles pour aider les gens dans leur démarche », indique Pierre Esplugas, porte-parole de la fédération UMP de Haute-Garonne. Concernant ce mode de scrutin, la pièce d’identité de chaque électeur sera demandée et photocopiée, afin d’établir un procès-verbal. M. Esplugas précise que « l’élection est nationale et son organisation centralisée. Elle est surveillée par une haute autorité indépendante présidée par une juriste. Il n’y a donc pas d’organisation spécifiquement locale ». Bruno Le Maire dénonçait sur France Inter, lundi 24 novembre, la « non-départementalisation » des résultats. Ce qui, selon M. Esplugas, est dommageable, car la centralisation du vote permet d’un autre côté d’éviter toute forme de falsification des Pensez-vous comme M. Le Maire qu’il y a encore du suspens concernant le résultat du scrutin ? Oui, mais il ne faut pas être prétentieux. Plus la campagne avance, plus les militants commencent à réfléchir. Bruno Le Maire se concentre sur l’avenir du parti, ce qui devrait être l’enjeu de cette élection. Pendant sa campagne, il a rassemblé 400 personnes à Toulouse, et de plus en plus d’adhérents sont séduits par son discours. Est-ce qu’il y a encore du suspens quant au résultat du scrutin ? Le seul suspens porte sur le score. Si M. Sarkozy obtient plus de 70% des suffrages, il aura gagné son pari. Dans le cas contraire… Léa Stassinet et Gabriel Moret #traj / politique Régions : retour à l’Occitanie Adoptée le 25 novembre, la réforme territoriale pendra effet début 2016. Elle entérine la nouvelle carte des régions et la fusion de la région Midi-Pyrénées avec le Languedoc-Roussillon. mentarité, dans la santé, la recherche et les universités ». Les deux régions occitanes coopèrent également au sein du Groupement européen de coopération territoriale (GECT) Pyrénées-Méditerranée. Créée en 2009, cette euro-région fédère le Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, la Catalogne et les Baléares autour de domaines communs : l’innovation, l’agroalimentaire, le tourisme et certaines filières d’excellence : biomédecine en Catalogne, énergies renouvelables en Languedoc-Roussillon, aéronautique et spatiale en Midi-Pyrénées. « Il faudra mettre en place des outils communs et définir une ligne commune » Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées aujourd’hui. © AFP C ’est officiel, les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ne feront bientôt plus qu’une, conformément à la nouvelle carte des régions votée ce 25 novembre. Le but : faire des économies en supprimant les doublons, créer de l’emploi en offrant aux entreprises un marché plus vaste et ériger des régions stratégiques et puissantes, capables de rivaliser avec leurs homologues européennes (Länder allemands, provinces espagnoles). Finalement, la fusion a été bien accueillie par les députés des deux régions : 28 pour, 11 contre, 7 abstentions. Les votes contre provenaient en majorité du LanguedocRoussillon, dont les élus craignent une perte de vitalité. Selon Marine Calazel, conseillère du président de la région Midi-Pyrénées, cette inquiétude est infondée : « La crispation autour de l’identité régionale n’a pas lieu d’être : il s’agit de faire évoluer nos mentalités et d’apprendre à travailler autrement. Nos deux régions ont beaucoup à s’apporter. » Président du mouvement occitan Païs Nostre, Jean-Pierre Laval est également très enthousiaste quant à la fusion. « Dès que le projet de loi a été évoqué, nous l’avons soutenu. Il s’agit d’une opportunité historique pour la culture occitane », affirme-t-il. Une union rendue légitime par leur histoire commune, « du comté de Toulouse au XIIe siècle à la province du Languedoc sous l’Ancien Régime. » Ce rassemblement permettra également, selon M. Laval, de créer une nouvelle dynamique pour le maintien de la culture occitane (écoles bilingues, politique culturelle). Il s’exclame : « Ce n’est pas seulement une région, c’est un pays qui va naître ! » En outre, Marine Calazel rappelle que les deux régions collaborent déjà dans quelques secteurs, « notamment dans la gestion du parc naturel régional du Haut Languedoc », et ont de « nombreux points de complé- « Ce n’est pas seulement une région, c’est un pays qui va naître ! » Mais, malgré ces échanges, beaucoup reste à faire au lendemain de la fusion, notamment une réorganisation administrative, car la nouvelle région implique « la fusion de tout ou partie des services de 15 administrations différentes et autonomes aujourd’hui. Il faudra mettre en place des outils communs et définir une ligne commune », souligne Marine Calazel. Aujourd’hui, les anciennes régions demeurent dans l’expectative car le deuxième volet de la réforme territoriale n’a pas encore été étudié. Il fixera les nouvelles compétences déléguées aux régions et validera ou non une réelle décentralisation. C’est ce volet qui sera déterminant, à savoir si l’Etat acte le transfert de décision et est prêt à « couper le cordon ». En attendant, le site de La Dépêche a lancé, le 21 novembre, un sondage pour choisir le nom de cette nouvelle grande région de 72 700 km². Pour l’instant, les propositions en pole sont Occitanie-Pyrénées, PyrénéesLanguedoc, Midi-Roussillon et Midi-d’Oc. Une manière d’impliquer la population locale, même si seuls le gouvernement et les élus des régions fusionnées pourront choisir le nom définitif. Au moins, Castelnaudary et Toulouse n’auront plus à débattre de la région d’origine du cassoulet. Agathe Landais 15 #traj / politique Podemos, la nouvelle donne Podemos, le jeune parti politique espagnol de sensibilité d’extrême gauche semble s’imposer. Il est essentiellement soutenu par de jeunes espagnols « Indignés ». Pablo Iglesias Turrión (second à droite), leader du parti Podemos. © DR 16 de Podemos. À ce dernier s’ajoute la volonté de limiter les indemnités des élus ou encore d’établir un revenu de base pour tous. Mais la principale intention réside en la création d’une réelle démocratie. Ces concepts séduisent. À tel point qu’aux dernières élections européennes, le groupe a obtenu 7,97% des voix (1,2 million de votants), soit cinq sièges sur cinquante-quatre. Pour autant, cela n’enthousiasme pas les habitués de la Casa de España, située dans le quartier des Minimes. Ces retraités espagnols, amateurs de dominos et de cartes, voient en Podemos un « parti non prometteur et dont le programme reste flou ». Pour Roman Cosiña, émigré depuis le début des années 1960, « ces idées ne sont pas réalisables. Les jeunes y croient. C’est une sorte d’idéal pour eux ». Ils ne l’avoueront pas mais leurs réticences reposent également sur « l’attachement qu’ils ont des partis traditionnels » affirme Jérôme Ferret, sociologue et spécialiste des Indignés. Car, oui, le groupe Podemos s’appuie essentiellement sur ce mouvement, qui a éclaboussé l’Espagne à partir de 2008. Jérôme Ferret, professeur à l’université de Madrid à cette période, a réellement vu naître et grandir le mouvement, principalement mené par « de jeunes diplômés de sciences politiques et de sociologie ». Pour le sociologue, la montée du parti réside en sa communication médiatique : « À Madrid, une plateforme a été essentiellement créée autour du parti, des médias et des réseaux sociaux. Des personnes y travaillent dessus de manière continue. » D’après lui, la presse espagnole et internationale évoquent beaucoup le mouvement. Une communication qui semblerait donc fonctionner. « La preuve, vous écrivez, vous aussi un article. » elsa tabellion, olympe pacaud UN appel pour suivre l’exemple grenoblois Dimanche 30 novembre, à 10 heures, le groupe Résistance à l’agression publicitaire de Toulouse appelle à recouvrir les panneaux publicitaires de JCDecaux pour « dénoncer la propagande publicitaire ». À la place, les militants veulent installer des dessins, slogans et poésies. L’idée est de suivre l’exemple de la ville de Grenoble qui a annoncé qu’elle supprimerait toute publicité dans ses rues à partir du 1er En bref... F ondé en mars 2014, le parti politique Podemos («Nous pouvons ») secoue l’Espagne depuis quelques mois. Selon un récent sondage réalisé par le journal El País, le parti arriverait en tête avec 27,7% aux élections législatives de 2015. Il devancerait alors les deux principaux partis espagnols, le PP (Parti populaire, actuellement au pouvoir) et le PSOE (Parti socialiste). Une première dans l’histoire du pays. Pour Carlos Hernández Gironés, jeune designer toulousain originaire d’Alicante, ce succès est tout sauf anodin : « La situation actuelle en Espagne n’est plus supportable. Tous les jours, on apprend de nouveaux cas de corruption de la part des politiciens. Les partis politiques traditionnels, je ne leur fais plus confiance. » C’est à ce titre qu’il a rejoint le groupe «PodemosToulouse», récemment créé, et dont la page Facebook contient déjà une centaine de membres. Instaurer une transparence politique totale est un des objectifs janvier 2014. Les policiers municipaux désormais armés C’était une promesse du candidat Moudenc, c’est désormais entériné. Les policiers municipaux ont reçu l’autorisation préfectorale de porter une arme des catégories B et D lors de leurs missions. Et ce, depuis le mercredi 26 novembre. #traj / politique « Le mouvement a su attirer des voix du Parti populaire » Interview de Michel Martinez Perez, professeur d’espagnol à l’université Toulouse 1 Capitole. P ensez-vous que le succès d’un parti comme Podemos était inévitable ? Il y a eu un effet de surprise non négligeable lorsque Podemos a obtenu cinq eurodéputés en mai dernier. Des partis minoritaires (nationaux ou territoriaux) auraient pu capitaliser le mécontentement citoyen, et certains ont été fragilisés par Podemos. Les manifestations des Indignés semblaient s’essouffler et aucun institut de sondage n’avait prévu cette percée. Justement, selon un récent sondage, le parti arrive en tête devant le PP et le PSOE. Pensez-vous qu’il y ait des chances que ce soit le cas l’année prochaine lors des élections générales en Espagne ? Un an en politique est une éternité. En une année, Podemos peut commettre des er- reurs (il y a déjà eu quelques couacs concernant Iñigo Errejón et son poste à l’université de Malaga) et le PSOE de Pedro Sanchez retrouve un nouveau souffle. La droite reste très soudée autour du PP, où les scandales de corruption n’ont pas l’air de démobiliser l’électorat le plus acquis. Des retraités espagnols disent qu’ils ne seraient pas étonnés de voir des partisans du PSOE passer du côté de Podemos. Ce n’est pas surprenant. La gauche traditionnelle est séduite par Podemos, qui rappelle le PSOE de 1982, un parti qui promettait le changement également. L’électorat de gauche est évidemment ravi d’écouter ce qu’elle veut entendre après des années où les socio-démocrates se sont alignés sur les thèses économiques libérales. Ce qui est plus étonnant, c’est que Podemos a su attirer des voix du PP : un quart des voix viendrait de droite! C’est sans doute le résultat d’une ambiguïté affichée dans les déclarations où les leaders de Podemos se disent «Ni de droite, ni de gauche». Ils préconisent également la régénération de la politique. Feriez-vous un parallèle entre Podemos et le Parti de gauche français ? Je ne pense pas. Podemos ne vient pas d’une vieille structure de parti. C’est le résultat d’un conglomérat de mouvements sociaux avec des dirigeants universitaires, des politologues, qui ont étudié, et non pratiqué, la politique. Elsa Tabellion Le contrat de tous les dangers pour Kader Arif K Kader Arif sortant de l’Elysée. © AFP ader Arif n’aura pas résisté longtemps aux soupçons de favoritisme qui pesaient sur lui depuis l’été dernier. Le secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants a soumis sa démission à François Hollande vendredi 21 novembre. Déjà mis en cause dans une affaire de marchés publics passés entre la région Midi-Pyrénées et des sociétés dirigées par des membres de sa famille, c’est un contrat passé entre le ministère de la Défense et la so- ciété All Access qui aurait eu raison de lui. Le quotidien Le Monde publie aujourd’hui les termes de cet accord. Le 28 février dernier, cette société gérée par les neveux de Kader Arif signe un contrat à hauteur d’une cinquantaine de milliers d’euros pour des missions telles que « prestations d’accompagnement », « entraînement media training » à assurer auprès du ministère de Jean-Yves Le Drian. C’est au cours d’une perquisition orchestrée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, le 6 novembre dernier, que l’existence de ce contrat a été révélée, selon nos confrères du Point. Suite à la parution dans la presse de cette affaire, Kader Arif a préféré démissionner par « respect pour la fonction ministérielle ». Il retrouvera donc son mandant de député de Haute-Garonne dans les prochains jours. Léa Stassinet 17 #traj / société Du soi pour un toit « Démographie : nous sommes les champions de France de la croissance ! » titrait La Dépêche du Midi le 15 janvier dernier. Seul bémol : l’offre de logements et la demande de toits à Toulouse ont de plus en plus de mal à concorder. De nouvelles alternatives se développent, avec leur lot de dérives. P our payer leur logement moins cher, les étudiants et travailleurs précaires font de plus en plus appel au système de logement contre services. Stephen Sanchez en a fait l’expérience. Étudiant il y a encore peu et ne gagnant que 500 euros par mois avec son job, il cherchait à se loger à bas coût sur Toulouse. « Je dormais chez des potes. Dans une chambre au mieux, sur un canapé ou un matelas dans un cagibi, parfois. » Ses amis ne lui demandaient pas de loyer, mais il aidait aux tâches ménagères et allait faire les courses pour la semaine. Les services les plus proposés et demandés sont les tâches ménagères, on trouve aussi de l’aide aux personnes âgées et du baby-sitting. Mais pas que. Julia* avait posté une annonce sur un site gratuit. « Étudiante cherche logement contre services (ménages, courses ou repassage)!» Elle a alors reçu plusieurs réponses. La première, celle d’un homme de 48 ans, marié. Il demande si elle pense à d’autres services. Il recherche une « femme à mettre dans son lit trois fois par semaine ». Clara, qui a aussi posté une annonce, répond du tac au tac quand on l’interroge sur cette pratique. « Oh oui, des personnes qui essaient de loger des filles et qui exigent des relations sexuelles en contrepartie, il y en a plein ! » Si certains ne cachent pas leurs intentions, d’autres attendent que le contrat soit conclu avant d’agir. Claire, 41 ans, mère depuis peu, raconte comment. Longtemps dans la galère, cumulant les boulots et dormant dans des auberges de jeunesse, elle a essayé cette solution en échange de services ménagers. Elle cherchait un logement gratuit. « Moi, j’ai une chambre», lui répond Marc, cinquantenaire à l’aise, au téléphone. « Tu pourras rester autant que tu voudras. » En échange ? « Du ménage seulement ! » Puis vient son installation dans l’appartement. Il l’observe balayer et commence alors à la draguer. D’autres petites annonces proposent un lit, un seul lit, suivi de la mention « vie conjugale obligatoire ». Porter plainte ? Si la sanction de tels actes a été évoquée en septembre 2013 lors du débat sur la loi Alur à l’Assemblée nationale, l’amendement déposé par l’écologiste Barbara Pompili n’a finalement pas été retenu. Il s’agissait de pénaliser les sites ou journaux diffusant ce genre d’annonces, mais pas ceux qui les postaient. Ces hommes qui appellent en numéro caché, aucune des femmes interrogées ne leur répondent plus. Julia parle d’un des appels qu’elle a reçu: « Bonjour mademoiselle, je vous appelle suite à votre annonce. La fille qui m’apportait certains services depuis deux ans vient de partir. Une chambre est disponible. Mais j’attends autre chose que du ménage. Vous voyez ce que je veux dire ? » Oui, malheureusement. En bref... CHOMAGE: L’ANNEE NOIRE SE POURSUIT Les chiffres du chômage du mois d’octobre sont tombés jeudi 27 novembre. Sans surprise, ils sont très largement à la hausse et s’inscrivent dans la lignée d’une année 2014 très compliquée. On décompte 27 300 demandeurs d’emploi supplémentaires de catégorie A sur la France entière, soit une hausse de 0,8 % . Par la même occasion, on atteint un nouveau record dans cette même catégorie avec 3 700 000 chômeurs. Au total, ce sont aujourd’hui 5 457 400 personnes qui sont inscrites à Pôle Emploi. LE HEROS DU PONT-NEUF LIBRE` En septembre dernier, Rachid Djaoued, Algérien de 24 ans, saute dans la Garonne depuis le PontNeuf pour sauver un homme de la noyade. Considéré comme un *les prénoms ont été modifiés véritable héros, il reçoit un appel de la préfecture de la Haute- Lucie Coquart Marie-Laure Lejeune Garonne qui souhaite le décorer pour son geste. Malgré tout, le jeudi 20 novembre à 6h, il est interpellé dans une maison de l’Isle- Jourdain et placé en détention. La raison: Rachid est en situation irrégulière et a reçu plusieurs avis d’expulsion. Jeudi 27 novembre, celui dont tout le monde reconnaissait le courage et la bravoure a été remis en liberté. Son interpellation aurait été réalisée de manière irrégulière et son avocat jure que l’acte héroïque de son client n’est pas entré en ligne de compte pour ce jugement. De quoi permettre la décoration du jeune homme? Réponse dans quelques jours. 18 #traj / société Occupons les logements vides Réquisitionner des biens afin d’y loger des personnes à la rue : c’est l’une des missions de la Crea, née il y a trois ans. À Toulouse, 20 000 logements seraient inoccupés, selon la Campagne de réquisition d’entraide et d’autogestion (CREA). Ce chiffre comprend également les bureaux pouvant être transformés en appartements. Ces biens sont laissés à l’abandon par leurs propriétaires. Actuellement, plus d’une dizaine de bâtiments sont réquisitionnés par le collectif, permettant à 150 familles de se loger convenablement. Parmi les bénéficiaires, Delio, un Italien de 32 ans, à la recherche d’un emploi. Il occupe une maison dans le quartier de Saouzelong depuis moins d’une semaine. «C’est une grande maison avec trois chambres», précise-t-il. Cette villa, il la partage avec quelques amis. Il y a encore une vingtaine de jours, il était logé dans un appartement au canal du Midi, avant d’être expulsé par la police. Ici, il s’attend aussi à une intervention des forces de l’ordre. Cependant, Delio espère que les propriétaires dont il ne connaît pas l’identité, seront plus cléments. «Je souhaite qu’ils me laissent occuper leur maison. En échange, je m’engage à entretenir leur propriété.» Une solution de logement provisoire pour le trentenaire. Dès qu’un bâtiment vide ou une maison abandonnée est repéré par un membre de la Crea, il l’évoque lors de l’Assemblée générale du collectif. Deux assemblées générales publiques se déroulent pendant la semaine, le lundi après-midi et le jeudi soir. Des personnes externes à la CREA peuvent également signaler une maison inhabitée. Ce lundi après-midi, un Roumain, la quarantaine, s’est déplacé boulevard de la Marquette pour l’AG du collectif. Il ne parle pas français. Il réussit quand même à expliquer qu’il a trouvé une maison vide et qu’il souhaite s’y installer. «Est-ce que vous avez l’adresse exacte du logement?» questionne un membre de la Crea. L’adresse est utile pour avoir les coordonnées du propriétaire via le cadastre consultable à la mairie. L’étape suivante est de s’organiser pour éviter l’expulsion immédiate. Il faut tout d’abord s’assurer que la maison est bien vide et qu’il n’y a pas eu de passage depuis un certain temps. Ensuite, il est nécessaire de vérifier si elle est en bon état. Dans le cas inverse, l’occupation est impossible. Enfin, il faut prévenir le propriétaire, trois à quatre jours après l’installation. Mis au courant, il porte plainte pour occupation illégale (c’est ce qui se produit dans la majorité des cas), ou accepte une négociation. Au-delà de 48 heures, la police n’a plus le droit d’intervenir. Il faudra cependant que l’occupant fournisse des preuves. Un courrier d’un ami envoyé à l’adresse de la maison au nom de l’occupant peut aussi suffire. Des preuves parfois caduques et ignorées par la police. En plus d’aider des personnes à se loger, la Crea organise des activités pour éviter l’isolement. Des activités entièrement gratuites et publiques pour favoriser les échanges avec les autres comme des cours de français, des ateliers cuisine, des cours de boxe, des projections de films ou de documentaires. Alain Petit, retraité de l’enseignement, anime l’atelier de langue. Il reçoit des personnes qui ne parlent pas du tout français ou qui veulent se perfectionner. Un atelier que le vieil homme organise depuis trois ans. «Beaucoup de personnes sont très mal accueillies dans le cadre de démarches administratives parce qu’elles ne parlent pas du tout français.» Alain propose donc du vocabulaire de la vie quotidienne, «en rapport avec le métro par exemple», précise-t-il. La Crea est plus que déterminée à poursuivre ses actions coup-depoing, malgré les problèmes récurrents avec les forces de l’ordre. Depuis trois ans, le collectif ne cesse d’augmenter le nombre de ses bénéficiaires. Clarisse Watue 2 militantes de la Crea manifestent contre les expulsions. ©DR Pour aller plus loin Selon un rapport de la Veille sociale/Volet urgence du SIAO 31 (Service intégré d’accueil et d’orientation), géré par le CCAS (Centre communal d’action sociale) de la Ville de Toulouse, la métropole comptait 8688 sans domicile fixe en 2012. Ce chiffre est une photographie sur une année pleine, d’un étalement de la demande et non un chiffre constant. Cependant, il est clair que le nombre de sansabri est en constante augmentation dans la Ville rose. La même année, l’Insee répertoriait 81 000 sans domicile fixe en France. Toulouse accueillerait donc près de 10% de cette population bien particulière. Depuis deux ans, la constante est également à la hausse, même si aucune étude précise n’a été réalisée. La Crea confirme ces chiffres, ainsi que l’augmentation énorme de ses interventions chaque année. 19 #traj / société questions 3à... Josette Privat, présidente des Restos du Cœur Haute-Garonne En ce début de saison hivernale, pouvez-vous dresser un bilan de l’activité des Restos dans le département ? C’est de plus en plus dur, surtout depuis deux ou trois ans. Les aides institutionnelles baissent tout comme celles de l’Union Européenne même si l’arrêt de ces dernières ne semble plus à l’ordre du jour. Les dons privés stagnent, c’est la crise pour tout le monde. On a un déficit de bénévoles très important qui rend compliqué le suivi de nos bénéficiaires. On en compte en effet 1400 et 8 salariés dispersés sur nos 36 centres du département. Qui sont vos bénévoles ? Pas mal de retraités nous aident la journée ainsi que des personnes en recherche d’emploi, qui souhaitent garder le rythme. Certains sont chargés de la distribution des repas (1,3 million en 2013), alors que d’autres s’occupent de l’aide à l’insertion ou au logement. Au final, la distribution des repas ne compose qu’un tiers de l’action des Restos. Beaucoup d’étudiants nous épaulent le soir, notamment dans la rue, au contact des sans-abri. En parlant des étudiants, sont-ils de plus en plus nombreux parmi vos bénéficiaires ? Après les familles monoparentales, les retraités et les sans-abri, les étudiants sont les quatrièmes bénéficiaires des Restos et représentent 8% du total. Certains se présentent même comme bénévoles, mais on se rend compte rapidement qu’ils sont aussi dans une situation de précarité et qu’ils ont besoin de manger. Mais ce sont les gens qui vivent dans la rue qui nous inquiètent le plus. L’an dernier, nous avons accueilli 800 familles en moyenne par centre. Cette année, on ne pourra pas en accueillir plus. Pascal Marie Jonathan Sollier L’événement de la rentrée Dimanche 30 novembre, 14 h, hall 8 du Parc des Expositions de Toulouse 20 000 euros de lots (dons aux Restos) Timide marche féministe On n’est pas belles, on est rebelles ! », lance une militante féministe dans son mégaphone à Saint-Sernin. Une centaine de féministes reprend le slogan en chœur ce 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Et le cortège s’élance vers le square 20 Charles-de-Gaulle, l’endroit où l’exposition censurée Les Crocodiles aurait due être présentée. La manifestation est prévue de longue date, la concomitance avec la polémique suscitée par les planches du dessinateur belge Thomas Mathieu est un pur hasard. Des dessins qui dénonçaient le harcèlement fait aux femmes. D’ailleurs, les militantes n’en parlent pas. Elles sont venues avant tout pour défendre les droits des femmes en général. Ellesdéplorent pêle-mêle une société patriarcale, l’homophobie, le sort réservé aux sans-papiers, ou encore la pénalisation de la prostitution. Le cortège reste bon enfant, sans accrochage avec les forces de l’ordre. Seul incident à signaler : quelques pétards jetés dans la foule à l’arrivée. Au désarroi d’une militante, qui s’écrie que les fauteurs de troubles desservent la cause féministe. Magali Kerestedjian #traj / On a testé On a goûté des vers de farine manger du roquefort en France ! » ironise Monica Juarez. « Le plus drôle, c’est la réaction des clients lorsqu’on leur sert leurs assiettes. Le plus souvent, ils éclatent de rire et hésitent un moment avant de se lancer. C’est vrai que ce n’est pas anodin, c’est véritablement un pas à franchir, un défi », raconte Monica Juarez. Présenté dans des assiettes en terre cuite, le plat est pourtant (presque) appétissant. Et puis, si 2,5 milliards de personnes, en Afrique, en Asie et en Amérique centrale, se nourrissent quotidiennement d’insectes, pourquoi pas nous ? Monica, en tout cas, conseille à tout le monde de goûter ce met inhabituel : « En apéritif ou en plat, moi, j’adore ! J’aime faire découvrir cet aliment autour de moi et voir tomber les préjugés. » L’entomophagie, ou consommation d’insectes, est chose courante pour plus d’un tiers de la population mondiale et devient très à la mode en France. L’occasion de découvrir de nouvelles saveurs. À deux pas du métro Jean-Jaurès, au 8, rue Palaprat, se trouve le restaurant mexicain La Sandia (« pastèque », en espagnol). Dans ce restaurant, ouvert par Monica Juarez et son mari il y a plus de vingt ans, tous sont Mexicains – gérants, serveurs et cuisiniers. Cet endroit atypique ravit les Toulousains et connait un fort succès. À l’intérieur, une petite salle à la décoration très exotique : des banderoles bariolées pendent du plafond, les murs sont ornés de photos de paysages mexicains et de tableaux aux couleurs criardes. Une musique aux sonorités hispaniques emplit le restaurant d’une atmosphère joviale. La carte, qui – fait rare – est traduite également en braille, propose un vaste choix : tortillas, enchiladas et les fameuses chips au guacamole se mélangent à d’autres plats aux noms inconnus, aussi dépaysants qu’appétissants. Mais un met retient inévitablement l’attention : les « sopes de Gusano ». Sous le nom du plat, il est écrit « Ceci n’est pas une soupe ! » et, effectivement, on en est loin. Ce sont de petites tortillas, des galettes de maïs faites à la main, sous leurs lits d’haricots noirs, recouverts de vers de farine. Les sopes de Gusano © Julie L’Hostis Une alimentation écolo Un plat intrigant qui vaut le détour. La restauratrice, Monica Juarez, achète ses vers à un éleveur basé à Saint-Orens-deGameville, à une dizaine de kilomètres de Toulouse. Il s’agit d’une biofabrique produisant exclusivement des grillons et des vers de farine destinés à l’alimentation humaine. C’est la première et la seule d’Europe. Monica Juarez explique que les vers de farine sont les larves d’un petit scarabée, qui peuvent mesurer jusqu’à trois centimètres. Au Mexique, « consommer différentes variétés d’insectes est chose courante, ce n’est pas du tout surprenant. C’est véritablement entré dans nos mœurs, tout comme le fait de Impressions « Visuellement, c’est appétissant ! La salade et les tomates contrastent avec la couleur brique du plat et le set de table rose. Ces petits vers de farine, servis sur des galettes de maïs, donnent presque envie ! C’est fumé, croustillant et goûtu. La sauce manque légèrement de sel mais apporte du liant. Le plat tient la route, l’assiette raconte une histoire ! » Julie « C’est la première bou- chée qui est la plus dure : porter ces petits vers aux pattes grillés à sa bouche... Puis j’ai croqué. La matière m’a dérangée : on sent la carapace de l’insecte craquer sous nos dents. Ce n’est pas très agréable sur la langue et un peu trop sec. Mais très vite le goût prend le dessus : salé, légèrement fumé… Finalement, croustillant et appétissant ! » Lucile « Manger des vers, beurk ? En fait, pas du tout. C’est même plutôt bon. Servis sur une tortilla, ils sont grillés, croustillants, peut-être un peu trop secs. En réalité, les vers seuls n’ont pas beaucoup de goût. On sent surtout la galette de maïs. Dommage, mais bon, c’est rigolo. » Margaux La méthode de cuisson est toute simple : les vers de farine sont grillés avec un peu d’huile d’olive, d’ail et de sel. Ils sont cuits sur une plaque traditionnelle mexicaine appelée le comal, une sorte de plancha. Monica Juarez explique que l’entomophagie, ou consommation d’insectes, est excellente pour la santé. Très riches en terme de valeur énergétique, les insectes contiennent beaucoup de protéines, de vitamines et de minéraux. « Dix grillons cuits ont la même valeur nutritionnelle que cent-dix grammes de bifteck ! » Peutêtre la nourriture du futur, donc, tandis que notre mode de production de viande atteindra bientôt son seuil maximal et que la population mondiale, selon diverses études, aura quasiment doublé d’ici 2050. À l’heure où la population se sent de plus en plus concernée dans la protection de l’environnement, l’entomophagie, qui prospère de plus en plus, semble avoir de beaux jours devant elle. L’élevage des insectes est en effet beaucoup moins polluant que celui de la viande : 1kg de bœuf produit 1850 g de gaz à effet de serre, tandis qu’1kg de criquets n’en produit qu’1,57g et est aussi beaucoup moins gourmand en énergie. Phénomène de mode, engouement pour une alimentation sortant de l’ordinaire ou retour à nos instincts primaires endormis, la consommation d’insectes est en tout cas une expérience originale à tester absolument, pour les plus valeureux de nos lecteurs. Agathe Landais 21 #traj / sciences et technologies E]^aVZ!aÉVegh"&'cdkZbWgZ Deux semaines après l’atterrissage du robot Philae sur la comète Tchouri, exploit encore jamais réalisé dans l’histoire de l’homme et de l’espace, le CNES se repose désormais en préparant la suite des opérations. Etat des lieux. V Le maquette du robot Philae trône fièrement au centre de la salle d’observation spatiale. © Lucas Serdic oilà maintenant quinze jours que le module Philae a posé ses pattes sur la comète Tchouri. En cette matinée du jeudi 27 novembre, dans la salle d’observation spatiale où la quasi-totalité des ordinateurs sont éteints, seule une poignée de scientifiques et de techniciens, sur la trentaine qui compose l’équipe de Philippe Gaudon, est présente. On a du mal à se dire qu’il y a à peine deux semaines, un des plus grands exploits de l’histoire de l’homme dans l’espace s’est joué ici-même. Dans les couloirs du 2 e étage du bâtiment Descartes du Centre national d’études spatiales (CNES) toulousain, les bureaux sont pour la plupart déserts. « Beaucoup de membres de l’équipe sont en congé, témoigne Aurélie Moussi, responsable des opérations scientifiques à bord de Philae, les deux dernières semaines ont été plus qu’épuisantes. » La vie du premier robot à s’être posé sur une comète continue de rythmer celle de l’équipe de chercheurs toulousains. Entré en hibernation la semaine dernière, Philae impose un repos bien mérité à ses observateurs, même si çela n’était pas prévu au programme. « Normalement, tout aurait dû se jouer dès les premières semaines après son atterrissage. Philae devait se poser sur un site bien éclairé qui aurait permis de recharger ses batteries régulièrement, et sa durée de vie devait se prolonger jusqu’à mars, moment où l’ensoleillement, trop '' puissant, aurait provoqué soit un grillage du robot, soit un dégazage important de la comète, ayant pour conséquence l’expulsion du robot de la surface de Tchouri », raconte Philippe Gaudon. Un imprévu, mais des résultats précieux Seulement voilà, le petit robot n’en a fait qu’à sa tête. L’atterrissage a été plus brutal que prévu et les harpons qui devaient ancrer Philae au sol de la comète n’ont pas fonctionné, meurtris par dix années passées dans l’espace à des températures extrêmes. « Cela n’a pas été une surprise, les simulations que nous avions faites avant l’atterrissage nous avaient indiqué qu’on rencontrerait ce problème, explique Aurélie Moussi, nous savions que Philae allait rebondir, mais il nous était impossible de prévoir l’issue de ce rebond. » C’est alors que la chance (ou la malchance) s’en est mêlée. Deux heures après son premier contact avec la comète et une série de rebonds (dont un premier qui a duré près d’une heure), et contrairement aux souhaits et aux prévisions de l’équipe, Philae est parti se nicher au milieu des falaises, dans un site complètement sous-exposé par rapport au Soleil, annihilant tout espoir de rechargement des batteries grâce aux panneaux solaires. Alors, après quelques heures d’analyse, les scientifiques ont dû se rendre à l’évidence : Philae n’avait plus de pile et ses batteries étaient vides sans possibilité de les recharger. Un mal pour un bien selon Aurélie Moussi : « Les premières analyses montrent que la comète possède en surface une couche de matériaux poudreux que les rebonds de Philae ont permis de soulever », facilitant ainsi les prélèvements issus de cette couche car l’un des appareils de mesure dont est équipé Philae est ce que l’on appelle un « sniffeur », capable d’analyser les éléments « au vol ». « De plus, la position actuelle de Philae ne présente aucun risque de dégazage de la comète à cause du faible ensoleillement », poursuit la scientifique. « Le revers de la médaille, c’est qu’il en présente tellement peu que Philae pourrait ne jamais en avoir assez pour se réveiller », conclut-elle. D’où l’importance du travail que font les spécialistes de la mécanique spatiale en ce moment-même : un travail de recherche de la position exacte de Philae sur la comète afin d’envisager l’évolution de son ensoleillement et la planification des prochaines étapes. « Pour pouvoir se réveiller, Philae a besoin d’une température d’au minimum -30 °C. Or, pour le moment, ses équipements électroniques sont soumis à une température de -110 °C », précise Laurent Jean-Rigaud, membre du service Maintenance de la chaîne d’opération (MCO) au sein du CNES. Leur seule chance, elle se situe en août 2015, au moment où la comète Tchouri se situera au plus proche #traj / sciences et technologies du Soleil au cours de sa révolution (on appelle cette période la périhélie). Si Philae ne peut pas recharger suffisamment ses batteries à ce moment-là, c’en sera fini de lui, la période de révolution de la comète étant de sept ans. Il ne faut toutefois pas céder au fatalisme : quelle qu’en soit l’issue désormais, la mission demeurera un succès. « Huit des dix appareils de mesure ont eu le temps d’envoyer les premières données et elles sont largement exploitables », explique Aurélie Moussi. Le CNES se doit maintenant de fournir toutes les informations reçues aux équipes de scientifiques chargées de les analyser qui sont éparpillées dans toute l’Europe. Pour le moment, les retours sont très bons : « Cela va prendre du temps parce qu’il y a beaucoup de choses à analyser, mais cela veut dire que notre contrat est rempli, on va bientôt en savoir beaucoup plus sur la constitution des comètes. » Et maintenant ? « Le début de la phase de réveil du robot est prévu pour avril ou mai prochain », selon Philippe Gaudon. Une réunion a d’ailleurs lieu ce jeudi matin, elle a pour but de distribuer les rôles pour les prochains mois, car encore une fois, les événements sont loin d’avoir suivi la feuille de route. « La phase d’analyse et de récupération des données devait se dérouler en ce moment même et ce jusqu’à mars, date de la “ mort “ prévue de Philae », confie Aurélie Moussi. « Or c’est La salle d’observation spatiale vide affiche encore le compte à rebours de l’atterrissage de Philae. © Lucas Serdic précisément en mars que cette période va débuter. Il s’agit donc de trouver comment travailler efficacement avec les gens qui étaient prévus sur place alors que nous sommes dans une période creuse. » La période creuse, Aurélie Moussi est en plein dedans, et ce n’est pas pour la ravir : « Il faut en profiter pour faire les rapports et l’administratif… la paperasse en somme. » Elle se voit davantage comme une femme d’action, dans un rôle où la technique est au centre du projet. Quand on lui demande si le coup de blues se fait sentir après tant d’ébullition, elle répond Les ingénieurs en mécanique spatiale cherchent encore l’emplacement précis de Philae. © Lucas Serdic par la négative : « J’ai davantage un sentiment de soulagement car les dernières semaines ont été très intenses et très stressantes, la tête dans le guidon. J’avais vraiment besoin de souffler. » Avait-elle mesuré l’ampleur de l’exploit qu’ils étaient en train d’accomplir ? « Pour ma part, j’étais enfermée au centre d’observation spatiale du DLR (équivalent du CNES) de Cologne, en Allemagne, avec les responsables du projet Rosetta. Les médias étaient interdits dans l’enceinte du centre. C’est en sortant et dans les jours qui ont suivi mon retour en France qu’on a constaté l’engouement que cela a suscité. » Et les louanges : « La NASA nous a contactés pour nous féliciter et nous demander conseil. » L’agence spatiale américaine prévoit en effet de mener à bien un projet équivalent, mais sur un astéroïde. Elle concède alors « avoir sans doute vécu un moment qui ne se présente qu’une fois dans une carrière ». Elle pense d’ailleurs déjà à l’après-Philae : « J’aimerais travailler sur un projet qui implique la planète Mars, pourquoi pas Curiosity ici même au CNES, ou en Inde, ou en Chine, des pays qui ont des projets très intéressants. J’adorerais pouvoir évoluer au sein de la base de lancement du Centre spatiale guyanais (CSG). » Pour beaucoup de ces chercheurs, scientifiques, techniciens, ingénieurs, Philae représente le point culminant d’une carrière que bon nombre leur envieraient. Pour d’autres, il ne s’agit peut-être que d’une étape… LUCAS SERDIC '( #traj / sciences et technologies Le beau label French Tech Le label Métropoles French Tech a récemment été attribué à Toulouse. Il s’agit d’une reconnaissance officielle d’un pôle dynamique en matière d’innovation via les start-up numériques. Logo et devise de la campagne «French Tech Toulouse». © Cinq ans après Silicon Valley, le gouvernement français s’applique à son tour à soigner le numérique. La French Tech a été fondée en 2013 par le Ministère délégué aux PME, à l’Innovation et à l’Economie numérique. Il s’agit de regrouper sous le même nom l’ensemble des acteurs du réseau startup de France, qu’ils soient entrepreneurs, ingénieurs, blogueurs, designers ou encore investisseurs. La appellation Métropoles French Tech en a ensuite découlé. Le but est d’attribuer ce label à des métropoles qui constituent des pôles de développement majeur et représentent des avantages non négligeables pour s’insérer sur le marché international. Toulouse en a récemment été dotée. Chaque métropole labellisée a son logo et sa devise, les couleurs restant dans le même ton de rouge ou rose dynamique, pour créer un ensemble harmonieux au niveau national. Au début de l’histoire, Fleur Pellerin, alors ministre du Numérique, déclarait : «L’objectif, c’est de tout faire pour que les prochains Google naissent et se développent ici, en France et en Europe ! » Concrètement, l’aide de la Bpifrance (banque public d’investissement) est à hauteur de 200 millions d’euros et celle de l’Agence française pour les investissements internationaux : de 15 millions d’euros. Le tout est géré par la Caisse des dépôts dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir. Faire parler de soi et se faire connaître est d’autant plus important dans le domaine des start-up. Le compte Twitter de la French Tech de Toulouse ne compte pas moins de 1756 abonnés et est actif et visible chaque jour. Impulsion positive, débuts abstraits La start-up numérique toulousaine Tonpsy (www.tonpsy.fr), par exemple, propose aux utilisateurs de prendre rendez-vous avec un psychologue en ligne et de réaliser leur séance par webcams interposées. Jean-Philippe Da Costa, chef opérationnel de Tonpsy, pense qu’un «effort de communication plus important encore de la part de la French Tech devrait être fait pour que gagner en notoriété». Et pire encore, même les start-up du numérique sont dans le flou. French Tech Toulouse ne s’est pas vraiment organisée et est donc dans l’incapacité de renseigner les principaux intéressés que sont les entreprises. «Pour l’instant, c’est très nébuleux. Nous avons très peu d’informations sur le déroulement des choses et cela manque énormément», confie Jean-Philippe Da Costa. L’impulsion du label est clairement positive. C’est une bonne nouvelle assurément, mais elle est encore abstraite. Les start-up ne sont même pas sûres de connaître les moyens que la French Tech Toulouse mettra en place pour favoriser leur développement. La Bpifrance était déjà un fervent investisseur dans ces entreprises du numérique. Ce qui change avec la French Tech, c’est le mode d’organisation, la structuration qui en découle, ainsi que le montant des aides. Une fois le label obtenu, French Tech Toulouse va devoir être réactif et apporter des réponses rapidement. Surtout, à l’ère du numérique... Olympe Pacaud En bref Parkinson : une cuillère antitremblements. Vapoter tue ? L’nvention de la start-up américaine Lift Labs qui permet de venir en Une étude remise à l’Institut national de la santé publique japo- aide aux patients atteints de la maladie de Parkinson est désormais naise a mis en évidence la présence de quatre substances can- en vente sur Internet. Des capteurs électroniques localisés dans la cérigènes dans la cigarette électronique. Chauffés, les produits poignée de la cuillère permettent de détecter les tremblements du chimiques présents dans l’e-cigarette pourraient même être bras et d’orienter la tête de la cuillère dans le sens inverse. Selon une plus nocifs que dans une cigarette classique. Les conclusions du étude menée aux Etats-Unis auprès de dix personnes souffrant de rapport ne sont cependant pas définitives et les concentrations la maladie de Parkinson, ce dispositif réduirait de 75% les tremble- varient en fonction des marques. Selon le rapport, les vapeurs ments du bras. inhalées contiendraient notamment du formaldéhyde, de l’acroléine, du glyoxal ou encore du méthylglyoxal. 24 #traj / sciences et technologies Le LAAS toulousain à l’honneur A l’occasion du lancement mondial de la nouvelle norme de protocoles OneM2M à Nice du 9 au 11 Décembre prochain, l’équipe du professeur Thierry Monteil a été invitée avec 7 autres équipes de chercheurs à présenter son logiciel OM2M et à en faire une démonstration. I maginez un monde où lorsqu’on s’assoit sur son canapé pour lire un livre, la veilleuse s’allume automatiquement. Où lorsqu’on sort de chez soi, toutes les lumières s’éteignent sans un interrupteur. Le professeur Thierry Monteil, chercheur au laboratoire LAAS-CNRS de Toulouse, et son équipe de dix doctorants travaillent pour accomplir cet exploit depuis plus de deux ans maintenant. Et le résultat commence à se faire sentir. « Quand on parle de maison et d’objets interconnectés, le problème se situe dans la normalisation des protocoles, nous explique Thierry Monteil, notre logiciel permet de regrouper tous ces protocoles et donc de connecter tous les objets entre eux. » Pendant que les géants du numérique (Machine-to-Machine) représente l’avenir, et Airbus prévoit de développer pour ses avions du futur une consommation d’énergie réduite au maximum. D’autres domaines seraient très intéressés par cette technologie, on parle de l’automobile, de la santé. Une étude menée par l’entreprise Gartner l’an dernier annonce 26 milliards d’objets connectés d’ici 2020... Ils étaient 900 Le bâtiment écologique Adream où le LAAS travaille © Lucas Serdic millions en 2009, soit 30 (Apple,Google) s’évertuent à développer leur fois plus en une décennie! Les chiffres donpropre langage, les chercheurs toulousains ont nent le vertige : pour l’énergie, le potentiel préféré anticiper et dompter la norme euro- économique de cette technologie représente péenne ETSI sortie en 2013. Grand bien leur environ 350 milliards de dollars d’après les esen a pris puisque la norme mondiale OneM2M timations de l’entreprise Cisco. s’inspire grandement de sa devancière euro- « Nous nous sommes positionnés au bon mopéenne. Certaines grandes entreprises ne s’y ment, se réjouit Thierry Monteil, nous allons sont d’ailleurs pas trompées, Airbus et Ericsson sans doute créer une start-up pour développer profitent déjà de la partie du logiciel disponible encore notre concept » et ainsi surfer sur la en Open Source. vague. Il faut dire que dans le domaine de l’économie d’énergie notamment, la technologie M2M Lucas Serdic De l’électricité dans l’ère Dans le secteur de l’aviation, 2014 restera l’année ayant vu voler le premier avion à propulsion 100% électrique. L’E-Fan est le projet aéronautique le plus ambitieux de ce début de siècle. A vril 2014, aéroport de Mérignac, un avion décolle… sans bruit, ni gaz à effet de serre. L’E-Fan, un biplace électrique, effectue son premier vol officiel. L’avion électrique anticipe l’épuisement des énergies fossiles tout en évitant l’émission de CO2. Plus de pollution de l’air, ni de pollution sonore, les moteurs électriques étant quasi inaudibles. Aujourd’hui prototype, l’E-Fan sera commercialisé à l’horizon 2017, comme l’annonce Francis Deborde, le gérant de la société Aero Composites Saintonge qui le construit : « Une fois les tests effectués, un modèle sera vendu aux écoles pour la formation des pilotes. » Avion formateur et de loisir dans un premier temps, « le concept évoluera en avion de transport dans les décennies à venir, poursuit-il. Mais là, notre PME passera la main. » Plus qu’un concept novateur, l’avion électrique est un véritable changement de paradigme industriel. Airbus, concepteur à la base de l’E-Fan, compte en faire un avion régional. Julie Fosse, manager du projet E-Fan, évoque le sujet : « Cet avion pourrait voir le jour dans les années 2030. Il ne s’agirait pas d’un avion tout électrique mais plutôt d’un avion hybride. » Le projet, qui porte le nom d’E-thrust, associe turbines électriques et turbines à gaz. En attendant l’avion électrique, Air France a effectué en octobre 2014 son premier vol avec biocarburant, à hauteur de 10 %, sur une ligne Toulouse-Orly. Cette année est aussi celle de l’A320 Neo, qui consomme 15 % de carburant en moins, parcoure 800 km en plus et est moins bruyant que l’A320. Preuve que l’aéronef E-Fan est une révolution, le magazine Popular Science vient de lui attribuer le label « Best of What’s New », prix référence en la matière. Toutes ces innovations tendent vers une même affirmation : l’ère du tout kérosène touche à sa fin. Olivier Levrault Image 3D de ce que pourrait être l’E-thrust. © Airbus 25 #traj / environnement De l’or pour les tueurs de champignons Médaille d’or au concours Igem pour les étudiants de l’Insa à Toulouse. Leur découverte pourrait venir à bout du chancre coloré qui tue les platanes du canal du Midi. Les platanes malades du Canal du Midi sont abattus pour éviter la propagation du chancre coloré. © DR 26 La recherche des étudiants n’est encore qu’au stade de prototype après trois mois de manipulations en laboratoire comme l’explique, Camille Jourdan, en cinquième année de génie biochimique à l’Insa de Toulouse : « Pour des mesures de sécurité nous ne pouvons pas travailler avec le chancre coloré en laboratoire, nous avons dû prendre un autre champignon aux propriétés équivalentes. » C’est sur des plantes modèles que les étudiants ont fait leurs premiers tests qui se sont révélés concluants. « Notre idée est d’injecter une bactérie fongicide que l’on trouve naturellement dans le platane, en la modifiant pour espérer qu’elle se développe et que l’arbre ne la rejette pas » précise-t-il. Entre 13 000 et 15 000 arbres infectés Jacques Noisette, responsable de la communication Voies Navigables de France (VNF) pour le sud-ouest est ravi d’avoir subventionné le projet des étudiants : « Nous avons un œil très intéressé sur tout ce qui peut faire avancer la recherche. » déclare-t-il . Entre 13 000 et 15 000 arbres seraient infectés. La présence du champignon est plus accrue en Midi-Pyrénées. 1 200 arbres ont été replantés et cet hiver, 1 200 nouveaux suivront. « Quand on abat un arbre, il faut aussi abattre ceux qui sont dans un rayon de 50m. Si en plus, il se situe près de la berge, nous devons la consolider avec du bois. Ceci a un coût, 3 000 € environ, avec le suivi qu’il faut faire pendant trois ans après la replantation. » conlut-il. Les essais grandeur nature et l’aboutissement de ce projet restent encore incertains. Sur trois mois, le budget de recherche des étudiants était de 55 000 €. Pour continuer la recherche, le budget devra être plus conséquent et de nouveaux partenaires seront nécessaires, même si un membre de l’équipe souhaiterait en faire un sujet de thèse comme le confiait Camille Jourdan. Si le projet devait aboutir, VNF ne serait pas défavorable à l’apport d’une nouvelle aide financière. Marie-Laure Lejeune et Lucas Serdic Les gagnants du igem remercient leurs partenaires Jeudi 4 décembre à 14heures, les étudiants du concours Igem (International Genetically Engineered Machine) organisé par le MIT (Massachussetts institute of Technology), invite le public à une demi-journée de remerciements. Ils présenteront leur projet et différents intervenants seront présents. La cérémonie se déroulera dans l’amphithéâtre Riquet à l’Insa de Toulouse, 135 avenue En bref A près le prix Nobel de Jean Tirole, la Ville rose se distingue sur le plan scientifique cette fois-ci. Onze étudiants en quatrième année de l’Insa et de l’université PaulSabatier sont allés à Boston au mois d’octobre et ont remporté le prix de la meilleure approche expérimentale et une médaille d’or dans le cadre du concours Igem (International Genetically Engineered Machine) organisé par le MIT (Massachussetts institute of Technology). Ce concours mettait en compétition 250 équipes pour une centaine de médailles distribuées et une vingtaine de prix spéciaux accordés. Ce prix apporte une véritable légitimité dans le domaine scientifique aux Toulousains. Pendant l’été, ils ont cherché à développer une bactérie qui serait à même de combattre le chancre coloré, un champignon qui asphyxie les platanes du canal du midi. Il s’attrape par une plaie sur le tronc ou par les racines. Quand un platane est touché la seule solution est de le déraciner, lui et ceux qui lui sont proches, avant de les brûler pour éviter que les spores n’aillent se déposer ailleurs. de Rangueil. Fabrication Cosmétiques naturels Atelier de fabrication de crème hydratante samedi 6 décembre, 36 rue Bernard Mulé à Toulouse. Organisé par l’association Bleue comme une orange, les participants pourront repartir avec leur produit et un livret de recettes et d’information. Le tarif de participation est de 20€ plus 5 € d’adhésion. Plus d’informations au 05 61 34 25 21. #traj / environnement Sivens : infraction au code ! Suite à la réunion du 26 novembre, la Commission européenne pourrait annuler son aide estimée à 2 millions d’euros concernant le projet du barrage de Sivens (Tarn). La France aura deux mois pour répondre à cette décision. «F ranchement, je m’en fous! » Lorsque Gwenn apprend que la Commission européenne va placer la France en demeure, il n’exulte pas. Cet habitué des ZAD (zone à défendre) estime que ce genre de sanction devrait également s’appliquer à d’autres projets, comme celui de Notre-Damedes-Landes. La nouvelle se propage chez les occupants. Surpris, certains se montrent plus expressifs: « Dans l’cul! » crie l’un d’entre eux. Pour d’autres, comme Jo, originaire d’Alsace « ce sont juste de belles paroles et cela risque d’attiser la violence policière à notre égard ». Pourtant, hier à Bruxelles, c’est un coup dur qui s’est abattu sur le projet du barrage de Sivens. « Le projet était illégal dans le cadre du droit européen » Le fonds, susceptible d’être annulé, est indispensable à la finalisation du projet. Du côté des Verts, la joie est mesurée tant le scénario semble logique au vu du droit. « On s’y attendait. Le projet était illégal dans le cadre du droit européen. On montrera qu’il l’était aussi au niveau du droit français », souligne Un zadiste installé sur une tour construite à Sivens. © AFP. Guillaume Cros, président du groupe Europe Ecologie les Verts (EELV) au conseil régional Midi-Pyrénées. Il souhaite que cet épisode «ait des répercutions sur la loi d’utilité publique et sur le contrôle des financements européens: il faut qu’il s’applique avant la réalisation du projet et non pas après ». Quant à Alice Terrasse, avocate du collectif anti-barrage, elle rajoute que l’Europe ne pouvait aller au-delà de sa propre directive sur l’eau. « La directive fixe des règles aux États membres afin qu’ils ne dégradent pas les zones aquatiques. Il est impossible de mettre en œuvre des travaux comme ceux prévus à Sivens. » Chez les probarrage, l’heure est moins à la fête. AdourGaronne, premier financeur du projet, avec 4,4 millions d’euros investis, ne s’avoue pas vaincu pour autant. « Nous n’en sommes pas du tout à l’étape de l’annulation définitive du projet, mais au stade d’une recherche de solution consensuelle », déclare l’agence. Les acteurs favorables au barrage, malgré la décision en leur défaveur, ne baissent pas les bras. Ils pointent du doigt une autre facette du problème. Parmi eux, Philippe Follio, député UDI du Tarn, évoque un déni de démocratie locale. « Les opposants empêchent la réalisation d’un projet qui a subie toutes les étapes administratives nécessaires. Ce n’est plus la volonté générale qui s’exprime par le biais des élus, mais une vision imposée par une minorité à la majorité.» Par minorité, il entend les zadistes de Sivens. Il dénonce leur occupation comme « illégale ». Ces derniers attendent le verdict des experts de la police des eaux, l’Onema. L’organisation a enquêté dans la semaine afin de savoir si les conditions de vie des occupants, et les tirs de lacrymogènes des policiers auraient une nuisance sur la qualité des eaux. Une procédure jugée stupide selon Guillaume Cros, qui assure n’avoir vu « que des écolos » sur le site en question. Droite ou gauche, l’écologie n’a pas fini de faire valser la politique française. Guillaume Asmanoff et Antoine Miailhes Candie, un domaine bio-urbain 2014, année transitoire pour Toulouse et son domaine de Candie qui achève sa conversion au bio. Sa production de vin aura désormais le label Agriculture biologique. T ransformation radicale pour le domaine viticole de Candie, au nord de Toulouse. La conversion au biologique implique, en effet, de modifier en profondeur son mode de production. Être certifié Agriculture biologique signifie que l’utilisation de produits phyto-sanitaires conventionnels (herbicides, pesticides, fongicides) est prohibée. « Ce qui ne veut pas dire qu’on n’utilise plus rien, mais seulement des pro- duits autorisés, tels le souffre ou le cuivre», précise Addy Amari, directeur de la Régie agricole du domaine de Candie. Des produits autorisés mais non sans danger, même s’ils sont nettement moins nocifs que ceux employés dans le conventionnel. Les maladies cryptogamiques, comme le champignon mildiou, ou liées à des bactéries, comme la flavescence dorée, restent une réalité. En outre, le désherbage a été automatisé, à la place des redoutables désherbants chimiques. Implanté en zone péri-urbaine, le domaine se trouve à proximité des axes routiers et de la Ville rose, et donc de plusieurs sources de pollution pouvant poser problème dans le cadre d’une agriculture biologique. « La question se pose, mais c’est principalement une idée reçue. Ces éventuels problèmes que sont la pollution des sols et de l’air sont pris au sérieux et contrôlés » explique Addy Amari. Racheté en 1976 , le domaine de Candie compte aujourd’hui 200 hectares cultivés. Orge, blé et surtout vin. La production, depuis le passage au bio, est passée de 100 000 bouteilles à environ 40 000 par an. Derrière cette transition se cache la promotion d’un mode de consommation plus sain, mais aussi un bel outil patrimonial : du vin qualitatif pour donner une bonne image de Toulouse. Un « coup de com’ », confirme Addy Amari. Victor Miget 27 #traj / éducation L’université, ZAD éternelle Mouvements zadiste et estudiantin ont fusionné dans le terreau traditionnellement fertile de l’université JeanJaurès, ex-Mirail. Le blocage cristallise et exacerbe les tensions depuis deux semaines. « Tout le monde, déteste les fachos. » Chantés, eux n’ont pas voté pour le blocus lors de la repris, hurlés, ces quelques mots illustrent dernière AG. l’impossible communication entre les étudiants présents dans l’amphi 8 de l’université Atelier bouffe froide de Toulouse Jean Jaurès. Depuis 12h30, les Le blocus. Il a le mérite d’être le point de vases ont eu le temps de se remplir. Heureu- convergence de tous les étudiants. Les pour. sement, ils ne déborderont pas. Pas vraiment. Les contre. C’est pour voter son maintien, voire Après presque six heures d’assemblée géné- sa poursuite, qu’ils sont aussi nombreux à se rale, tout le monde finira par sortir dans le regrouper dans l’amphi 8. Sauf que comme calme. Et ce n’est pas rien de l’écrire. « Je trouve le relèvera ce professeur de mathématiques : que la tension était moins palpable aujourd’hui « Les AG sont révolutionnaires, pas démocraque la semaine dernière, explique pourtant un tiques. » Et pour cause. Entre les deux camps, des premiers étudiants à vouloir se faire appe- les nuances sont nombreuses, mais la scisler Camille, du nom que tous les zadistes ont sion tenace. choisi de s’affubler. Mais c’est vrai cette assemblée était plus longue, donc plus fatigante pour tout le monde. » Plus longue et plus fatigante que celle de jeudi dernier, durant laquelle a été voté le blocus qui sévit ce mardi 25 novembre. Là encore, ils sont un peu plus de 1 000, entassés dans l’amphithéâtre 8. La journée est chargée. Accessoirement, les 17 000 étudiants de l’université sont appelés aux urnes pour les élections du Crous. « Sauf qu’avec le blo- Local de l’UNEF vandalisé. © Sylvain Labaune cus, c’est un peu compliqué, concède un membre de l’Unef. Plu- Stéphanie n’a que 20 ans, mais son avis est sieurs bureaux de vote n’ont pas pu être déjà bien tranché. Le blocus, elle n’en veut pas. ouverts. Puis notre local a récemment été at- Une posture qui ne l’empêche pas de constataqué. On a connu meilleure ambiance. » Ef- ter une division chez ses contradicteurs : fectivement, les carreaux du QG de l’Unef « Non mais t’inquiète, eux sont gentils, ils te sont grossièrement impactés. Un « collabo », font des bisous », dit-elle pour rassurer ses tagué à la bombe noire barre largement leur copines. « À l’UFR d’Histoire, ils sont en train entrée. « On a nos idées mais, non, on ne sait de tout péter. Ils ne peuvent pas nous laisser pas vraiment qui c’est. » Comme « Solidaires aller en cours ? Mardi dernier déjà, j’avais comEtudiants », son principal adversaire, l’Unef mencé à retirer des tables et des chaises pour veut combattre les coupes budgétaires im- pouvoir passer. Ça n’a pas duré longtemps, posées aux Universités par l’Etat. Cependant, j’ai littéralement été prise pour un ballon. Ils 28 ont été violents et m’ont dégagée . » En ce qui concerne les « gentils », ils sont installés sur une parcelle de pelouse, à côté des bâtiments de philosophie et de géographie. La semaine passée, ils ont commencé par installer quelques tentes. Elles sont une grosse quinzaine aujourd’hui, entourant les cabanes en bois qui commencent à sortir de terre. « L’objectif, c’est de se réapproprier notre fac », explique Manon, 23 ans. Tous les jours, des étudiants se rendent au marché Jeanne-d’Arc pour récupérer ce qui est jeté, mais qu’ils estiment encore consommable. Des ateliers sont également organisés. 9h : débat sur les projets inutiles ; 10h30 : atelier « bouffe froide » ; 16h : atelier de désobéissance civile. Oui, ça ressemble à une ZAD. Mais ça ne s’appelle pas comme ça. « C’est une ZIC. Une zone d’interpellation chaleureuse », précise Manon. Des zadistes de Sivens sont pourtant bien présents. Ils font certainement partie de ceux que le président de l’université, JeanMichel Minovez, appelle des « éléments extérieurs ». Leur présence est avérée mais la question de leur légitimité se pose naturellement. Ceux-là se servent davantage du blocage pour faire entendre leurs revendications contre les projets « inutiles » et les violences policières. Certains d’entre eux profitent de l’AG pour prendre la parole : « Moi, je ne suis pas étudiant, mais je voulais quand même intervenir. » Malgré un virulent « Dégage alors ! », Laurent et ses dreads se posent derrière le micro. « Moi, je remercie ceux qui ont tagué les murs de l‘école. Je vous félicite pour la manif du week-end dernier. On #traj / éducation Un peu plus de 1 000 étudiants se sont rassemblés dans l’amphi 8, le mardi 25 novembre. © Sylvain Labaune fait grandir notre confiance et notre intelligence collective. Je suis sûr qu’on sera encore meilleurs à la prochaine manif. » Bloquer du temps En face de l’amphi 8, où Laurent vient de prendre la parole face aux étudiants, le personnel de l’université se retrouve aussi. Dans quelques heures, ils viendront annoncer à leurs élèves qu’ils soutiennent leur mouvement. Pour le moment, ils évoquent la remise en cause des coupes budgétaires qui tendent inévitablement à compliquer leurs conditions d’enseignement. Ils comprennent aussi les revendications plus sociales contre les projets « inutiles » et les violences policières. Pour eux, c’est une crainte dans l’avenir qui s’exprime. À la manœuvre en bas de l’amphi, Etienne tente d’éclairer l’action de certains de ses élèves : « Nous n’avons plus de temps. Nous n’avons plus de temps pour traiter les dossiers, nous n’avons plus de temps pour nous expliquer, nous n’avons plus de temps pour discuter. Nos étudiants sont dans le même cas que nous. Si les appels à la discussion ne suffisent pas, il faut dégager des espaces pour pouvoir discuter. Voilà ce qu’est un blocus. Un blocage du temps pour permettre une discussion. » Retour dans l’amphi 8, l’agacement commence à prendre le pas sur la discussion. L’ambiance ne demande qu’à se dégrader. Un problocus souhaite réagir à une première altercation. « Ce qu’il vient de se passer est inadmissible. Désormais, j’aimerais que les gens qui viennent s’exprimer annoncent leur étiquette politique ! Moi, je suis communiste et je ne suis pas un bloqueur ! Je tiens un piquet de grève, je suis un gréviste ! Ceux qui veulent nous empêcher d’agir, j’appelle ça des En bref Nuit agitée au Mirail Dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 octobre, la sécurité de l’université a joué au chat et à la souris avec un conglomérat d’étudiants et « d’éléments extérieurs », selon les agents de sécurité. Les uns commençaient à ériger des barricades faites de tables et de chaises, pendant que les autres tentaient de les démonter. Vaudeville façon « fac de Lettres » qui a donné lieu, selon les témoins, à des scènes particulièrement grotesques. Le clou du spectacle est arrivé peu avant minuit. Un des chiens de la sécurité aurait mordu un manifestant, lors d’une altercation particulièrement tendue. Les étudiants affirment détenir une vidéo des faits. S’il est prouvé que les chiens se baladaient sans muselières, la sécurité de l’université, désormais qualifiée de « milice privée », a du souci à se faire. Les agents, quant à eux, nient tout en bloc. briseurs de grève ! » Ou comment la violence verbale peut parfois facilement dépasser la violence physique. Premier vote. « Motion pour la suppression de la vidéosurveillance à l’Université ». À l’avant, les pour lèvent le bras. À l’arrière, les contre font de même quand vient leur tour. Les contre semblent l’emporter, mais les organisateurs demandent un comptage. Les pour l’emportent finalement. C’est ambigu et au fur et à mesure des votes, l’ambiance continue de prendre du poids. Dernier vote. « Motion pour la tenue d’un blocage jeudi ». Cette fois, difficile de désigner un vainqueur. Les pour sont pourtant désignés comme tel, avant d’être remis en cause sous les huées de leurs adversaires. « Ok ok, on va compter », lance une des organisatrices. Le comptage s’avérera a priori très utile puisque très serré : les pour l’emporteront par 371 voix contre 365. Une fois dehors les esprits sont plus apaisés mais les discours toujours aussi virulents. « On nous demande de voter un soutien pour les mecs de Ferguson là (du nom de la ville américaine où un jeune adolescent a été abattu par la police), mais j’en ai rien à taper de ces mecs », affirme Irène, étudiante en troisième année de licence en Lettre Classique. Notre premier « Camille » est là, lui aussi : « À partir du moment où tu votes contre la suppression de la vidéosurveillance, je ne peux pas accepter. Évidemment que je pense que ce sont des fachos. » Au Mirail, le mariage entre ZAD et Université ne dépend plus que d’une chose, le plan de table. Boris Teillet Des voix s’élèvent contre le blocage Les turbulences au Mirail ont fait réagir Laurence Arribagé, députée UMP de Haute Garonne, demandant de «mettre en place toutes les dispositions qui s’imposent pour permettre aux étudiants de suivre leur scolarité de manière normale». Dans un contexte de tensions suite aux événements de Sivens, les autorités locales veulent éviter de nouveaux heurts entre étudiants et forces de l’ordre. Selon Tristan Renard, professeur de sociologie, la répression policière s’explique. « Elle est la conséquence directe de l’austérité que nous subissons. Il s’est passé exactement la même chose en Espagne ou en Italie », indique-t-il. « Mais, cette fois, un étudiant est mort. Nous ne laisserons pas passer ça ». Le Président de la fac, Jean-Michel Minovez, a déclaré dans un communiqué son opposition à « tout blocage, contraire aux objectifs d’une large mobilisation ». Malgré cela, les étudiants ont voté pour la continuation de la grève et du blocage du campus du Mirail, lors d’une AG, le 22 novembre. 29 #traj / éducation Écoles d’Empalot : la colère s’intensifie Manifestations. Les trois groupes scolaires d’Empalot devraient sortir du dispositif d’éducation prioritaire à la rentrée 2015. Depuis début novembre, le quartier se mobilise. par elsa tabellion D e manière officieuse, le ministère de l’Education nationale a annoncé la nouvelle début novembre. A la prochaine rentrée, les écoles primaires d’Empalot, à savoir André-Daste, JeanMoulin et Léo-Lagrange, pourraient ne plus faire partie du dispositif d’éducation prioritaire. Du côté des enseignants, parents d’élèves et habitants du quartier, c’est l’incompréhension totale. Jeudi 20 novembre, une nouvelle manifestation a eu lieu devant le rectorat de Toulouse. Près de trois cents personnes étaient présentes. Isabelle Tritschler, enseignante à l’école maternelle Jean-Moulin, refuse de penser que cette décision est définitive : « On a besoin de moyens. Nous devons travailler dans des conditions stables. Nous enlever de la zone prioritaire est inconcevable. » Tout le quartier se mobilise : enseignants, parents d’élèves, associations, orthophonistes, personnel de médiathèque. Muriel Torres Témoignage Magali Guerin, syndicaliste. © E.Tabellion 30 Rassemblement devant le rectorat de Toulouse. © Elsa Tabellion vit à Empalot mais enseigne au Mirail. Pour autant, elle n’a manqué aucune grève ou manifestation et soutient ses collègues. «C’est important d’être présent et de montrer qu’on ne lâchera rien. Empalot est un quartier difficile. Si il sort du dispositif de zone prioritaire, l’enseignement y sera compliqué, voire impossible.» Le constat est le même du côté des parents d’élèves. Manuela Matos, femme de ménage et mère de trois enfants, reconnaît que sa fille Béatrice, en classe de CE1 à André-Daste, a parfois des difficultés à suivre. « Dans la classe de ma fille, il y a vingt élèves. Elle me dit souvent qu’avec le bruit elle a des difficultés à se concentrer. Je me demande ce que ce sera si le nombre d’enfants Magali Guerin est enseignante à l’école Michoun, dans le quartier de La Roseraie à Toulouse. Elle fait également partie du principal syndicat des enseignants, le Snuipp-Fsu. «L’annonce, même si elle n’est pas encore officielle, a été un véritable choc pour les enseignants et pour les parents. C’est la première fois que cela nous arrive. Le quartier d’Empalot fait partie d’un dispositif prioritaire depuis 1982. En enlevant ces écoles du réseau prioritaire, le risque est d’avoir une forte demande de mutation. Les enseignants ne voudront plus exercer leur métier dans de telles conditions. Ils seront suppléés par des remplaçants ou des sortants du concours. La possibilité de réaliser des projets dans ces écoles sera alors impossible. Il n’y aura plus de stabilité. Or la stabilité est primordiale pour que les enfants puissent réussir. » par classe augmente.» Les écoles d’Empalot tout comme l’école Littré de Saint-Martin-du-Touch, qui se trouve également sur la sellette, attendent désormais le verdict officiel du ministère de l’Education nationale. Il devrait être annoncé à la mi-décembre. Le rectorat a, quant à lui, d’ores et déjà annoncé vouloir maintenir des moyens humains et financiers pour ces écoles les trois prochaines années. La nouvelle carte d’Education prioritaire étant prévue pour quatre ans, les enseignants sont tout sauf rassurés. «Que deviendront nos écoles la quatrième année ?» s’interrogent-ils. Quelques explications Les ZEP, zones d’éducation prioritaire, n’existent plus. Il faut désormais parler de REP, réseau d’éducation prioritaire, ou REP+. Toute école faisant partie de ce dispositif reçoit des moyens supplémentaires. Moyens financiers d’une part, avec la possibilité de réaliser plus de projets et d’acheter du matériel. Moyens humains d’autre part, avec le principe « plus de maîtres que de classes ». Enfin, en REP ou REP+, le nombre moyen d’élèves est de 21 par classe. Hors REP, la moyenne serait de 25, ce qui signifie qu’il pourrait y avoir jusqu’à 30-32 élèves dans une même classe. Pourquoi le ministère de l’Education nationale envisage-t-il d’enlever les écoles d’Empalot ainsi que l’école Littré de ce dispositif ? Tout simplement parce que le mode de répartition a changé. Désormais, pour être en REP ou REP+, les écoles doivent être rattachées à un collège, lui-même compris dans le dispositif d’éducation prioritaire, ce qui n’est pas le cas des écoles d’Empalot. #traj / éducation Prostitution des étudiantes, méconnaissance d’une réalité La prostitution étudiante, fléau d’une société en crise. ©AFP que sur le trottoir ». Elle est contactée via les petites annonces qu’elle laisse sur des sites. Le plus souvent, quand on l’appelle le soir, c’est pour des restos. L’après-midi, pour du sexe. « ça fait partie du contrat. C’est automatique : on sait qu’il peut y avoir des relations sexuelles. » Fière de ce qu’elle fait, elle n’a pas hésité à l’avouer à ses proches. « T’as donné un cerveau à ta minette », lui ont-ils répondu. Cécile, 22 ans, étudiante à a précarité étudiante est Rangueil, n’a, quant à elle, prévenu personne. « J’en suis pas fière, mais j’ai pas le choix. » grandissante », annonce, d’un ton grave, Romain Panza. Le Le phénomène est connu de tous. Du Crij président de l’Union national des étudiants au Crous, tous ont entendu parlé de la de France (Unef) à Toulouse rappelle qu’il prostitution étudiante. Mais aucune écoute, est de plus en plus difficile de financer ses ni aucune campagne n’a été mise en place. études. Si le seuil de pauvreté national est Krystel Odobet, chargée de développement à l’association de défense fixé à 900 €, l’échelon maximal des étudiants « Ils ont tous des petites bites » des travailleurs du sexe Grisélidis, illustre cette boursiers est de 550 €. Comment combler les 350 € manquant ? négligence. Contactés par mail il y a quelques « Je prends 150 € pour la demi-heure. L’heure, années, la plupart des personnels de santé, c’est 200. » Sandra*, étudiante toulousaine Centres régionaux des œuvres universitaires de 19 ans, explique comment elle arrive à et scolaires, et autres bureaux d’information joindre les deux bouts. A quelques mois de jeunesse, ont fait fi du souhait de l’association passer le bac, elle rencontre des hommes, de lancer une campagne. Seuls les centres souvent jeunes, mariés parfois, mais de dépistage ont accepté cette action de toujours en manque d’affection. « Ils ont sensibilisation pour les 18-25 ans. « Oui, des tous des petites bites », dit-elle en riant. étudiantes qui se prostituent sont venues nous Sandra se définit davantage comme une voir. Elles le vivent mal, elles ont besoin d’aide », escort girl. Et ça lui plait, de bosser comme affirme la chargée de communication de ça. L’avantage, « c’est qu’on prend plus cher l’université du Capitole. « Ce sont des choses S’il n’y a pas de chiffres officiels, la prostitution à la sortie des universités et autres écoles est un phénomène qui tend à se répandre. La cause ? Une vie estudiantine de plus en plus chère, à laquelle certaines étudiantes ont trouvé un remède. « L qui arrivent. » Néanmoins, un responsable de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) de l’université Toulouse 1 signale que peu d’étudiantes témoignent de ce pan de leur vie lors des enquêtes. Si l’on peut trouver de la documentation en libre service à l’université Paul Sabatier, seule Jean-Jaurès agit. Mme Mateu, une des assistantes sociales de l’université exMirail, explique qu’elles essaient d’alerter la communauté universitaire par des actions menées autour du 8 mars (Journée de la femme, ndlr). « C’est inadmissible », s’insurge Morgane Linares, présidente de l’Association générale étudiante Midi-Pyrénées (AGEMP). « On en revient au salariat des étudiants, si on peut appeler ça comme ça.» Le problème est budgétaire. Les études deviennent de plus en plus coûteuses ; frais auxquels s’ajoutent la nourriture, le transport ou le logement (voir rubrique société). « Il faut améliorer le système d’aide social. » Le président de l’Unef explique en effet qu’il n’y a ni couverture, ni statut social pour les étudiants. Le principal syndicat estudiantin de France a pour objectif premier que l’étudiant(e) n’ait pas à travailler. Mais l’absence de « pression financière » permettrait-elle de résoudre le phénomène de la prostitution des étudiantes ? * les prénoms ont été modifiés Lucie Coquart 31 #traj / Medias TLT, le signal est brouillé Télévision. Renvoyée devant la justice en mars 2015, télé toulouse devra prouver au tribunal de commerce la viabilité de ses comptes et trouver un nouvel actionnaire. «Si TLT ne trouve pas de repreneur, la mairie ne pourra pas assumer» D epuis son redressement judiciaire en 2009, la plus ancienne chaîne locale de France n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Il y a une semaine, TLT était une nouvelle fois convoquée à la barre du tribunal de commerce de toulouse à propos de son plan de financement. Jugé inefficace, un délai supplémentaire de trois mois a été accordé. «Nous sommes dans l’incertitude totale, car pour l’instant seule la mairie a renouvelé son contrat d’objectif sur trois ans», explique Emmanuel Schwartzenberg, PDG de la chaîne. Pour garantir le plan de continuation établie lui permettant d’avoir un délai supplémentaire pour régler ses dettes (près de 5 millions d’€), Télé Toulouse doit recevoir également une enveloppe du Conseil général de la haute-garonne et de la région. « Lorsque ces contrats seront signés, alors nous aurons des finances plus solides», précise le PDG. En attendant, la chaîne, regardée par La plus ancienne chaîne locale de France fermera t-elle ses portes d’ici l’année prochaine ? © Maxime Peyron 30000 téléspectateurs par jour en audience cumulée (source TLT), se doit de remplir les exigences du COM (contrat d’objectifs et de moyens). « Nous devons assurer notre mission de service public. Les contrats m’obligent à faire de l’info et du magazine », déplore Emmanuel Schwartzenberg. TLT est aujourd’hui uniquement maintenue par des contrats publics, l’objectif à long terme est donc de baisser ces aides publics et trouver un nouveau repreneur. Maxime Peyron Sacha Briand lors d’une conférence-débat organisée à l’ISEG BFS . © Maxime Peyron Sacha Briand, adjoint aux finances en charge du dossier « TLT doit avoir plus d’audience, et trouver de nouvelles recettes publicitaires. La mairie a versé 2,1 millions d’€ sur trois ans, nous sommes attachés à cette chaîne. Mais les collectivités locales ne pourront pas subvenir à toutes les dépenses. Un nouvel actionnaire doit entrer dans le capital rapidement. » Au «Journal toulousain»,on fait tout ensemble Six journalistes du «Journal toulousain» ont fait le choix ambitieux de reprendre leur hebdomadaire suite à la mise en examen du principal actionnaire. Jonathan Sollier et Maxime Peyron ne stagiaire sur le coin de la table du Grâce à des rubriques en ligne, tous les partis comme on peut ,» précise Aurélie, en charge rédacteur en chef, quelques journalistes politiques prennent la parole, sauf le front des annonces légales. « Il nous arrive de devoir entassés dans une pièce d’un peu plus de national, qui reste toutefois couvert. D’ailleurs, sortir pour réaliser nos interviews dans le calme 40m2, bienvenue au «Journal toulousain». aucune subvention publique ne vient entraver sans gêner les autres.» Dans le mini open Dans l’urgence, avec le concours d’un space, une journaliste demande au avocat et d’un chef d’entreprise, ils rédacteur en chef si elle couvre le tram se sont organisés en SCOP (société aérien, il répond sèchement « On s’en coopérative et participative) l’été fout.» Ici, tous les sujets sont élaborés dernier. De la maquette à la gestion, en commun. en passant par les annonces légales, les « Aujourd’hui, le papier est mort, lance journalistes ont plusieurs casquettes. Le Thomas Simonian, mais on est obligés changement principal vient surtout de Au «Journal toulousain» les journalistes sont multifonctions. ©Maxime Peyron de continuer à publier à cause des anla ligne éditoriale. « Aujourd’hui, nous nonces légales.» La volonté est aussi de apportons une plus-value à l’information, en cette liberté de ton. Être propriétaire d’un passer au multisupport. Une web-TV et du proposant de véritables enquêtes toulousaines journal coûte cher, 25 000€ par mois, et contenu radio sont proposés sur le site du comme celle sur les éminences grises du les journalistes ont su faire des sacrifices. journal, ainsi qu’une version premium propoCapitole de cette semaine », explique Thomas «Nous sommes tous payés au Smic. Pour faire sant tous les articles parus sur papier. Simonian, rédacteur en chef. Le journal, simple, on travaille plus pour gagner moins», Pour la rédaction, l’objectif est maintenant spécialisé dans la politique, propose un ironise Séverine. L’ambiance est détendue, les clair : « Il faut pérenniser la structure». Réponse contenu qui se veut libre et «frondeur». conditions de travail rustiques. « On s’organise dans un an, au moment du bilan. U 32 #traj / Medias Michel Sarran ©Dr «TOP CHEF m’offre une belle vitrine » La Voix du Midi sous contrôle de Sipa Ouest-France Publihebdos, filiale du groupe Sipa Ouest-France et premier groupe de presse La télévision vecteur de notoriété pour les chefs toulousains ? Rencontre avec Michel Sarran, chef étoilé à Toulouse et futur juré de Top Chef, bientôt sur M6. hebdomadaire en France, a Pourquoi avoir accepté de participer à ce programme ? Le fait que tous les candidats soient des professionnels est un gage de sérieux. Cet aspect-là a beaucoup compté lors de ma prise de décision. Avant d’accepter, j’ai pesé le pour et le contre. La télévision, beaucoup la critique, mais tout le monde la regarde. L’émission m’offre une belle vitrine, on observe déjà un petit effet Top Chef au restaurant depuis l’annonce de ma participation. 12 hebdomadaires locaux, Comment gère-t-on son temps lorsqu’on est à la fois à la tête de son restaurant et membre d’un jury comme celui de Top Chef ? J’ai d’autres activités en parallèle , mais la question s’est posée lors de ma réflexion d’avant casting. Ma participation à l’émission supposait une absence prolongée au restaurant, mais heureusement je peux compter sur une équipe fidèle qui travaille avec moi depuis des années et en qui j’ai totalement confiance. dont La Voix du Midi, basée à Toulouse. L’association « Les amis de la Presse Régionale» garde les 30% restants du capital. La Voix du Midi espère que cette opération donnera un nouvel élan à l’hebdomadaire toulousain, dont les ventes stagnent à 13 000 exemplaires par semaine (source L’Express). Ramdam racheté par Touléco Martin Venzal, fondateur du site spécialisé dans l’écono- Léa Stassinet mie de la région Touléco, a annoncé la fusion des deux Yannick Delpech débarque sur TF1 Dans le sillage des chefs Christian Constant, Alexis Braconnier et Valentin Neraudeau, qui ont aussi participé à Top Chef, le chef étoilé Yannick Delpech sera, au premier trimestre 2015, à la présentation du « Meilleur menu de France » sur TF1. Le concept est simple : un « combat des régions » où 25 chefs s’affronteront durant cinq semaines, en proposant leur meilleur menu composé de produits locaux. Si le chef de l’Amphytrion à Colomiers a accepté de co-animer avec Laurent Mariotte ce programme quotidien d’access prime-time, c’est pour essayer de se faire connaître. « C’est plus difficile quand on vient de province, la télévision est le moyen le plus efficace de montrer qu’à Toulouse aussi on sait faire des choses. » Régionale. Celui-ci édite En Bref Quels souvenirs gardez-vous du tournage ? Il s’est terminé il y a quelques jours. Je ne regrette vraiment pas d’y avoir participé, nous avons vécu une très belle expérience. Il me reste quand même une petite appréhension vis-à-vis du montage. Si on me propose de prolonger l’aventure l’année prochaine, je réfléchirai différemment. Mais il est fort probable que je rempile. racheté 70% du groupe Presse médias mercredi 19 novembre. Le magazine culturel gratuit Ramdam, bimestriel renseignant sur toute l’actualité culturelle de la région MidiPyrénées est diffusé à plus de 20 000 exemplaires. Pour Yannick Delpech dans sa pâtisserie. ©Maxime Peyron A l’escota de ondas occitanas Pierre Combes, son créateur, opter pour Touléco en tant que repreneur est un « choix serein pour assurer la pérennité de l’entreprise ». E n Midi-Pyrénées, on n’en finit pas de l’Aquitaine à la Méditerranée.» plus de 17 000 auditeurs réguliers (source compter les médias qui se consacrent L’occitan semble donc acquérir, grâce aux ef- Radio Occitania). Guy Mimart voulait créer à l’occitan. Que ce soit la presse écrite forts des radios voulant travailler ensemble, «une radio qui se différencie des autres, tourcomme La Setmana, ou les radios, telles que née vers le local et l’associatif ». Quand on lui Radio Occitania, Radio Pais, tous sont désireux demande quelle est la spécificité de sa radio, d’apporter un second souffle à la langue réil répond qu’il a misé sur la jeunesse « Notre gionale. Des initiatives comme le Jornalet, site public est agé de 25 à 50 ans. Mais ceux qu’on internet d’information Planeta Occitania, wevise le plus, ce sont les jeunes. Ils sont curieux bradios, prouvent que l’occitan n’a eu aucun d’apprendre l’occitan. Nous menons des promal à s’adapter à la modernité . jets avec les calandrettes [des écoles et collèGuy Mimart, fondateur de Radio Occitania, ges bilingues en français et occitan – n.d.r] et une radio associative à Toulouse, nous confie travaillons avec une association pour diffuser son projet, en discussion avec plusieurs autres La jeunesse investie le studio de Radio Occitania. ©Lucas Simonet des émissions qui font parler des enfants.» radios, dont Radio Pais à Pau et Radio Lengadoc Lorsque ses défenseurs sont aussi unis et à Montpellier : « On envisage de se regrouper une véritable dynamique. Un point de vue passionnés, il est tout naturel que l’occitan pour aboutir à une radio unique, avec des dé- que défend bien sûr Radio Occitania. Fondée se porte mieux que jamais. Lucas Simonet crochages locaux, pour faire vivre l’occitan de dès 1981, elle rythme depuis les journées de 33 #traj / sport 6aaZoVjmZWc[i Trois mois après la Coupe du monde de rugby féminin, quelque chose semble avoir changé. Le nombre de licenciées était déjà en hausse, mais le beau parcours des Bleues a provoqué un nouvel engouement médiatique. Q uand on arrive à Blagnac, une qui en veulent plus, c’est à leurs frais. Loin des fois passés le clocher, le bar du professionnelles du hand, du basket et du coin et la pizzeria du neveu du volley, les filles du foot et surtout du rugby meilleur pizzaïolo du monde, il y restent des amatrices. « On est dans une sorte a le stade municipal. La brume descend sur la d’entre-deux. On manque de moyens. Il n’y pelouse, les tribunes en ciment sont vides et aucun défraiment sur les déplacements pour les les poteaux semblent plus seuls que jamais en joueuses. » ce soir de novembre. Mais si l’on s’approche, on devine des silhouettes féminines, blondes et brunes, grandes et petites travaillant la touche à 7, les passes et les drops. Jamais, dans un décor aussi ordinaire, on ne pourrait imaginer trouver la troisième ligne de l’équipe de France. 1m80, 83 kilos, des yeux clairs et les cheveux attachés, Manon André explique en toute humilité que Le s fi l le s : « Le mardi soir, c’est travail collectif du B SO et technique.» Elle et ses coéquipières du RF à l’écha uffemen Blagnac Saint-Orens Rugby Féminin (BSORF) t. © Maxime Brossard font partie des 14 000 licenciées françaises. D i m a n c h e Elles n’étaient que 4000 il y a dix ans. prochain, les « Bsorfeuses » se rendent à Caen… « On se retrouve trois fois par semaine de 20 à «Au club, les deux entraineurs sont qualifiés 22 heures, après tout le monde évidemment », et seraient payés chez les hommes. Ici, ils explique Manon. Physique, course, lancement sont bénévoles », analyse l’internationale de jeu, travail tactique composent les française. Malgré tout, 60 filles sont présentes différentes séances. « Pour la muscu, c’est ce soir-là. « On a été obligés de créer une uniquement le lundi, parce que le reste du troisième équipe, précise Manon. Il y a une temps la salle est occupée. A nous de nous véritable féminisation du sport en général. adapter, c’est toujours comme ça. » Pour celles Dans notre discipline, le niveau ne cesse d’augmenter, les filles sont de plus en plus athlétiques. » Le parcours des Bleues jusqu’en demi-finale de la dernière Coupe du monde n’est donc pas le fruit du hasard. « On met du temps à se remettre d’une telle aventure », confie Manon avec le sourire. Les chaînes nationales avaient suivi la compétition. Depuis, la presse régionale et le Web ont pris le relais. Les matchs des championnats féminins sont résumés chaque week-end, au même titre que pour les garçons. « On n’est pas sollicitées tous les jours non plus mais ça change le quotidien. » Ces retombées médiatiques, Manon a appris à les utiliser pour sa mission de promotion du rugby en milieu rural. « Le but est de créer ce cercle vertueux : plus de médiatisation pour plus de partenariats et donc plus d’argent. » Quand on sait que pour l’instant, le lieu et la date de la prochaine Coupe du monde restent inconnus, on se dit que le chemin est encore long. Mais la dernière organisée en France était un essai réussi, ne reste plus qu’à le transformer. JULIE L’HOSTIS ET MAXIME BROSSARD ¿kdhbVgfjZh!egih###Ia_[p À moins d’une semaine de l’ouverture d’une partie des stations pyrénéennes, les différents acteurs du tourisme hivernal préparent l’accueil des premiers skieurs. En attendant avec impatience les prochaines chutes de neige. À quelques lieues d’ici, dans le massif pyrénéen, les préparatifs pour la saison hivernale s’intensifient. Après une dernière saison jugée « excellente » par la Confédération pyrénéenne du tourisme, avec plus de 5 millions de journées-skieurs sur l’ensemble de la région, les 28 stations () membres ont décidé d’investir près de 40 millions d’euros pour la nouvelle saison. De l’aveu du directeur de la Confédération, Jean Canal, « le ski ne souffre pas réellement de la crise, notamment grâce à une clientèle de proximité fidèle » . Difficile d’en dire autant de nos voisins ibériques. Pour pallier la baisse de la clientèle espagnole, en particulier dans les Pyrénées-Orientales, la Confédération a décidé de s’attaquer au marché britannique. Package vol/ transport/hôtel, contrats avec les toursopérateurs et campagnes de publicité dans les métropoles anglo-saxonnes : l’offensive est lancée afin de contrer l’hégémonie des Alpes. Alors que les futurs vacanciers s’inquiètent du manque de neige, Jean Canal affirme que « ce phénomène de redoux est coutumier, et qu’il ne doit pas donner lieu à des prévisions alarmistes ». Une façon implicite d’avancer que les canons à neige risquent encore de tourner à bloc cette année. Avec ou sans manteau blanc, Saint-Lary, Peyragudes, Font-Romeu et bien d’autres stations donneront le coup d’envoi de la saison ce vendredi 6 décembre. REMI RIVIÈRE #traj / sport Jed_=WhYW CdjkZaaZbi]dYZVj;c^m Appelé par le Fénix Handball à l’intersaison pour remplacer Joël Da Silva parti à St Raphaël, Toni Garía, exentraîneur du BM Granollers, découvre une nouvelle vie pas si loin d’Espagne. vraiment me mettre dans la tête du joueur pour savoir ce qu’il ressent. Pour l’instant, ma S i Toni García ne parle pas encore français, il maîtrise en revanche le langage du corps. Pour se faire comprendre à l’entraînement, il a mis en place une large palette de gestes. Le coach catalan est aidé dans sa tâche par Jérôme Fernandez, le capitaine de l’équipe de France, arrière gauche de l’équipe toulousaine: « Comme je suis encore limité par la langue, Jérôme traduit mes consignes. Je veux Toni García à l’écoute de ses joueurs © A. Miailhes méconnaissance du français m’en empêche. » Une situation compliquée pour ce passionné, natif de Granollers, une ville qui vit pour le handball. Atteint très jeune sur ses terres par le virus de la petite balle collante, il a dû s’exiler à Toulouse pour pouvoir vivre de sa passion. « C’est un rêve de gosse. J’ai expliqué la situation à ma famille. Tout changement est dur à vivre, mais je suis persuadé que cela peut être une expérience positive. » Le club de Granollers ne pouvait pas offrir ce que Toni García espérait. En Catalogne, il devait combiner les entraînements avec son travail de professeur d’éducation physique. S’éloigner de ses racines était le prix à payer, mais dans une ville où la langue de Cervantès résonne à chaque coin de rue, elles ne sont jamais bien loin. ANTOINE MIAILHES 5GZb9Zc_ZVc!d'&YZh 8dbbjc^inBVcV\Zgh Expliquez-nous ce qu’il vous est arrivé ce matin... J’ai commencé à bosser à 8h30. Une heure plus tard, je n’avais plus du tout accès au back-office du site du club, on venait de se faire pirater. Le hackeur était plutôt drôle, mais c’est toujours embêtant de ne pas pouvoir travailler normalement. Maintenant, le problème est réglé. En septembre, le magazine So Foot vous a positionné dans sa liste des «50 qui vont croquer 2015». Comment le justifiez-vous ? C’est une sorte de récompense. Pas seulement pour moi, mais pour toute l’équipe éditoriale. Cela montre que la prise de parole du club est remarquée. Il y a deux ans, on a entamé un changement dans notre stratégie de communication digitale. L’objectif était de sortir du culte de la performance et de désacraliser le résultat. Aujourd’hui, on véhicule d’autres valeurs du sport comme l’humour et le fait de chambrer ses adversaires. Récemment, la lettre d’amour à Zlatan Ibrahimovic a bien fonctionné. On a reconnu ses performances tout en soulignant son côté « Jésus de la Ligue 1 ». On essaie aussi d’être à la pointe des infos, sur l’ensemble du club, pas seulement celles qui concernent l’équipe professionnelle. Tout ça c’est mon boulot : la réflexion éditoriale. Je suis responsable du compte Twitter du club et des articles qui sont mis en ligne sur le site. C’est quoi un bon tweet ? Le site internet du TFC a été la cible d’un hackeur. Ce dernier, déguisé en yéti, réclamait une distribution de tartiflette à la buvette du Stadium. Espérons que les Violets auront les crocs pour la réception de Lorient ce samedi (20h). HANDBALL Dans une interview accordée à Handzone, Jérôme Fernandez a déclaré qu’il ne serait :cWgZ[ Depuis deux ans, Remi Denjean est la nouvelle voix du Toulouse FC sur les réseaux sociaux. Une voix qui sait se faire entendre. FOOTBALL plus Toulousain la saison prochaine. Aix-en-Provence semblerait bien placé pour attirer le capitaine de l’equipe de France au sein de son effectif. RUGBY Le Stade Toulousain tentera ce week-end d’aligner une septième victoire toutes Il faut qu’il y ait une image, voire un photomontage et une bonne « punchline ». Nous, on n’est pas des experts en Photoshop et justement, on trouve que cela renforce le côté humoristique. BORIS TEILLET compétitions confondues. Les hommes de Guy Novès reçoivent Grenoble samedi à 20h45 avant d’enchaîner dimanche prochain sur la réception de Glasgow en coupe d’Europe. (* #traj / culture Toulouse en pleine séquence de courts-métrages La 23e édition du festival international « Séquence court-métrage », qui a débutée le 21 novembre, entre dans sa dernière semaine de compétition. Au programme, 209 films, neuf compétitions et de nombreux événements. Par Olivier Levrault ans la salle du cinéma Le Cratère, à Toulouse, les lumières s’éteignent, laissant place au premier film de la compétition française - Prix du public, Inupiluk . Trentequatre minutes de scènes surréalistes où Thomas et Thomas servent de guides à deux chasseurs groenlandais de visite en France. La salle, conquise par cet humour décalé, découvre ensuite les cinq autres films, alternant animation et fiction, rires et tensions. En tout, cette compétition phare sera diffusée treize fois, dont une projection en présence des équipes de films, le 6 décembre à la Cinémathèque. Généraliste, le festival englobe un large spectre de créativité et de techniques cinématographiques à travers ses neuf compétitions, françaises et internationales. Côté événements, si le 1er décembre sera le jour des films hispanophones (18h30 à l’Instituto Cervantes), le 2 sera celui des réalisations allemandes (18h30 au Goethe Institut) et le 3 évoquera le reste du monde (18h30 à l’Alliance française). Ce même jour verra le musée des Augustins accueillir le D La Cinémathèque accueille de nombreux événements du festival Séquence court-métrage © OL film Où je mets ma pudeur lors d’une soirée spéciale beaux-arts. Pour Marine Ollivier et Julia Sarradin, chargées de projet du festival, une des particularités de « Séquence » réside dans le rôle donné au public. « En amont des deux semaines de compétition, on organise des événements durant toute l’année, comme les présélections pour la finale du Prix du public. » Contrairement au long-métrage, le court est rarement diffusé en salle. « Les festivals représentent un moyen d’exister pour les réalisateurs de court-métrages, explique Julia. On aimerait en voir plus souvent en salle, avant les longs par exemple. Malheureusement, les pubs sont plus rentables. » Comme les autres éditions, celle-ci bénéficie pour son financement d’aides publiques et privées. Néanmoins, ce modèle économique est fragile. « Depuis quelques années, les investissements publics baissent, regrette Marine. Ils ne vont pas en priorité au culturel». En dépit de ces problèmes financiers, le festival est en bonne santé apparente. Sur l’ensemble des séances de l’année 2013, le festival a enregistré environ 5000 entrées. «Et pour 2014, la tendance est à la hausse ! », s’enthousiasme Julia. Place au cinéma dans la trentaine de salles de Toulouse et de la région. En particulier à la Cinémathèque, où s’enchaîneront à partir du 4 décembre les projections, pour finir avec la soirée Palmarès le 7 décembre, épilogue réunissant tous les films primés tout au long des deux semaines écoulées. 3 questions à Sébastien Bailly «Où je mets ma pudeur», le nouveau film de Sébastien Bailly, est en compétition pour le prix du public du festival Séquence court-métrage de Toulouse. Sébastien Bailly est présélectionné aux César 2015 avec son court-métrage « Où je mets ma pudeur ». Que raconte votre film « Où je mets ma pudeur » ? Hafsia, une étudiante en histoire de l’art, va devoir enlever son hijab afin de passer son examen de fin d’année. Face à sa professeure, qui ne veut pas entendre les raisons du port de ce voile, elle va choisir un tableau qui lui permettra 36 de faire passer son message lors de son oral. L’univers personnel et intime de la jeune femme est confronté à un ensemble de valeurs sociales collectives. Ce film est socialement ancré dans notre temps. Comment vous est venu l’idée du scénario ? Le point de départ était ma méconnaissance de la religion musulmane, et donc de la question du hijab. En écoutant des femmes qui le portent, je me suis aperçu que les raisons étaient multiples et pas forcément religieuses. Ces raisons peuvent être culturelles ou symboliques. Mon message n’est pas de dire « je suis pour ou contre le hijab ». J’ai essayé d’apporter une donnée supplémentaire au débat. Dans les médias, il y a une sorte d’image déformée de la femme portant le hijab qui entraîne une certaine ignorance de la question. Or, ce n’est pas à la société de dire à ces femmes, qui sont pourvues de libre-arbitre, ce qu’elles doivent faire. Comment avez-vous fait pour retranscrire l’idée de la pudeur et de l’intime ? Il fallait trouver une manière subtile de représenter la pudeur. L’idée du tableau me semblait parfaite. La chevelure est un thème important en peinture, elle est soit montrée, soit cachée. Dans le tableau de Ingres [La Grande Odalisque] la femme, nue, a sa chevelure cachée par un foulard, ce qui préserve une part de pudeur. C’est très mystérieux. Le tableau représente une vision fantasmée et déformée de l’Orient. Il y un parallèle avec l’histoire personnelle de la jeune étudiante. #traj / culture La Brique ne se braque pas Les comédiens de la Brique en représentation au café Ô Bohem © FLD Créée en 2006, La Brique rassemble une soixantaine de comédiens amateurs autour du théâtre d’impro. L’association multiplie les représentations jusqu’à atteindre la reconnaissance des professionnels. Un plein de confiance avant le derby contre les « Restons Calmes » de Bordeaux, le 29 novembre à 20h30 au centre culturel de Lalande. «3 , 2, 1 : Impro ! » Le thème vient à peine d’être donné et les acteurs chauffent déjà les planches, inventent une histoire et se chargent de faire rire le public. Créé dans les années 70 par des Québécois loufoques, le théâtre d’improvisation né sous la forme de matchs entre deux équipes, d’après des règles inspirées du hockey sur glace. C’est avec ce format que la discipline, entre art et sport, a pris de l’ampleur en France depuis dix ans. En 2006, des membres de la Ligue universitaire d’improvisation (LUDI) de Toulouse décident de monter une association permettant aux non étudiants d’exercer l’improvisation entre amateurs. En plus des traditionnels matchs d’impro et des entraînements tous les lundis soirs, la Brique s’est faites un nom grâce au Bric à Brac. Ce spectacle improvisé rassemble, les deuxièmes et quatrièmes mercredis du mois, six membres de l’association pour un cabaret de deux heures. Sous forme de petites saynettes, les acteurs improvisent sur des thèmes donnés par le public. Pour pimenter le jeu, des concepts sont mis en place (jouer une même scène avec des émotions différentes, traiter le sujet sous forme de comédie musicale…) et chaque comédien se voit attribuer une contrainte pendant le spectacle : imiter un panda, tenir une chaussure sur sa tête, prendre l’accent portugais…). « C’est important de se mettre en danger, explique Raphaëlle Daguier, membre de La Brique depuis trois ans, cela rend le spectacle encore plus spontané, c’est plus plaisant pour nous et plus drôle pour le public. » Le danger crée la surprise pour les spectateurs, même si toutes les tentatives ne fonctionnent pas. « On a tous eu nos moments de honte, avoue la comédienne amateur, il ne faut surtout pas rester sur un échec et vite se remettre en selle. » Locataires du théâtre 57 jusqu’en 2011, la Brique installe depuis son Bric à Brac à la Comédie de Toulouse, la salle appartenant aux Chevaliers du Fiel. Ceux-ci ont adoubé la troupe, jusqu’à leur offrir un créneau quotidien au festival Off d’Avignon en 2013 et 2014, l’occasion de rencontrer un public qui n’était pas conquis à l’avance. « C’était parfois difficile mais l’expérience nous a grandis. » Si certains membres ont vocation à devenir professionnels, ce n’est pas le cas de la plupart des membres de La Brique, qui se relaient à chaque spectacle afin que tout le monde puisse participer. Les amateurs se font tout de même un nom. Cette année, La Brique s’est exportée en Belgique, en Suisse ou en Corse, parfois pour affronter des ligues d’improvisation professionnelles, toujours sans complexe. « Les autres troupes commencent à bien nous connaître, nous sommes régulièrement sollicités pour des matchs, précise Raphaëlle. Comme nous sommes nombreux, on arrive à trouver des volontaires pratiquement chaque fois, ce qui nous permet d’être très visibles. » Le prochain défi pour l’association sera de porter haut les couleurs toulousaines ce samedi 29 novembre au centre culturel de Lalande. Le derby de la Garonne l’opposera aux « Restons calmes » de Bordeaux, La Brique devra pousser son pouvoir comique pour convaincre le public qu’ils sont les rois de l’impro au Sud-Ouest. Florent Le Du Retour à Maïdan Un pianiste sur la place Maïdan : une des photos de l’exposition « Maïdan, le facteur humain » © A. Lipavskyi L’Espace des diversités et de la laïcité de Toulouse rend hommage, du 29 novembre au 6 décembre, aux photographes ukrainiens qui ont saisi l’esprit du Maïdan. Le 21 novembre 2013, le gouvernement ukrainien ne signe pas l’accord d’association avec l’Union Européenne. Les événements citoyens proeuropéens qui s’en suivirent sont désormais bien connus et réunis sous le nom d’Euromaïdan. Un an après, l’Espace des diversités et de la laïcité affiche une exposition retraçant les différentes phases de cette révolution. Pacifique, puis armée, à partir du 19 janvier 2014, date des violents affrontements entre les manifestants et la police. Vendredi 29 novembre aura lieu le vernissage de cette exposition, accompagnée d’une projection-débat du documentaire L’hiver qui nous a changés, de Nebesna Sotnia. Olivier Levrault 37 #traj / culture Mangabey, Toulouse touch En concert à Toulouse le 13 décembre 2014 au Connexion Live, José Fahner alias Mangabey, crée sa musique avec passion, et avance à son rythme. D ans une petite dépendance de la mai- Il se lance ensuite dans les instrumentales de son familiale, synthétiseurs et autres rap, pour finalement se jeter à bras le corps dans accessoires ont pris possession des l’électro. Il crée même un collectif avec des amis lieux depuis un « Boussole records », mais se moment déjà. José Fahner, consacre plutôt à la création 24 ans, DJ, passe ses jourartistique avec déjà trois EP à nées, parfois ses nuits, dans son actif On glass, Metropolison studio... Des heures à tan, et Wild Creature. composer et à peaufiner Encore peu connu, il joue la son style. Son crédo c’est « plupart de ses sets à Toulouse, l’expérimentation » : une quelques fois à Paris, mais pas musique éclectique influenencore à l’étranger. Même s’il cée par les grandes scènes aimerait multiplier les opporélectro de Chicago, Londres, tunités, c’est un plaisir pour lui Manchester ou encore Berde jouer dans la Ville rose : « lin. « Je reviens quand même Toulouse est vraiment un bon aux influences de la bonne public ». Il a déjà joué devant vieille House de Chicago et 2000 personnes au festival toude Londres » nuance-t-il. lousain Elecro-Alternative, une Mangabey, dans son studio maison © VM expérience. Et c’est aussi ce qui En 15 ans de piano, à l’origine porté vers le jazz avec compte à ses yeux: « le moment où son groupe les Jazz Funk Five, José Fahner, pas tu vois les gens qui dansent sur ta musique ». encore Mangabey, fera le festival de Marciac trois années de suite. Il y a pire pour faire ses classes. Victor Miget Boussole Records Lancé en janvier 2013, le collectif Boussole Records basé à Toulouse est un label de musique électronique créé par les artistesMangabey, TOT ( programmé au Breath Festival de Toulouse au Bikini le 29 novembre), François Ier et le graphiste Romain Danos. Le label produit plusieurs artistes parmi les quels La petite Grande, FaCIL, Khalk, Almanaac ou encore Bien ou bien. @ Bikini - 29/11 Breathe Festival PACHANGA BOYS +VILLANOVA + WEVAL Live + TOT (Boussole Records) Le kitsch et la danse La compagnie « Les Gens Charles », emmenée par Benjamin Forgues et Charlie Merlet, présente pour la première fois, à Toulouse, le spectacle de danse contemporaine La Gêne et la joie, premier prix au concours chorégraphique d’Annecy 2014, à l’espace du pont des Demoiselles, le 3 décembre. B enjamin Forgues et Charlie Merlet. Elle. Lui. En couple pour La gêne et la joie. Sur scène, ils se complètent. Leur complicité semble naturelle. « C’est normal », précise Benjamin, ils se connaissent bien. Ils se sont rencontrés en 2005, lors de leur formation au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. En 2012, ils ont créé la compagnie Les Gens Charles. Dans La Gêne et la joie, ils cultivent le goût pour le kitsch et le cynisme. À travers la danse, ils racontent une histoire, celle de leur rencontre, de la jeunesse et du temps qui passe. Sans surprise, en fond, Françoise Hardy donne le ton, « C’est 38 le temps de l’amour. Le temps des copains et de l’aventure. Car le temps de l’amour c’est long et c’est court. Ca dure toujours, on s’en souvient ». Ils se déshabillent au fur et à mesure que le spectacle avance. Là encore, on retrouve cette fuite du temps. À la fin, ils ne portent plus qu’un t-shirt et un slip Superman. Pourquoi ? « Pourquoi pas, c’est décalé. C’est ce qu’on aime », répond Benjamin. Le résultat est surprenant et atypique. Rendez-vous le 3 décembre. Margaux Panaye Ci-dessus, Charlie et Benjamin en répétition © Les Gens Charles Sorties du 26/11 #traj / culture The Search, de Michel Hazanavicius (2h14) Qu’il paraît loin le temps où Michel Hazanavicius faisait dire « Monde de merde » à John Wayne ! Après avoir tout raflé avec The Artist, il s’attaque à un nouveau pari, réaliser un vrai film dramatique. Dans The Search, il croise quatre destins pendant la seconde guerre de Tchétchénie, en 1999. L’enchevêtrement des séquences est un peu flou dans la première demiheure mais la tension monte progressivement. L’usage de quatre langues (tchétchène, russe, anglais et français) s’enchaîne très bien et permet aux acteurs de s’exprimer. Notamment Bérénice Béjo en représentante de l’Union Européenne et le jeune Abdul Khalim Mamatsuiev, remarquable en enfant tchétchène fuyant son village après la mort de ses parents. Leurs scènes communes sont les sommets d’émotion de ce film poignant. Agenda FLD Astérix - Le Domaine des Dieux, de Louis Clichy (1h25) « Nous sommes en 50 avant JésusChrist. Toute la Gaule est occupée par les Romains. Toute ? Non ! Un village d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur.» L’histoire est bien connue de tous, mais encore faut-il utiliser les bonnes recettes pour la réussir. Bons gags, références à foison, jeux de mots, subtilités, on a cru retrouver l’univers du « Asterix et Obélix : Mission Cléopâtre » d’Alain Chabat. Night Call, de Dan Gilroy (1h57) Cette fois, les deux « sauvages à moustache » sont en 3D et doivent contrecarrer le nouveau plan de César : encercler le village gaulois d’immenses résidences romaines, le Domaine des Dieux. La 3D est efficace et pas tape-à-l’oeil. Louis Clichy et Alexandre Astier, dont on sent constamment la géniale inventivité, réussissent un film agréable et drôle à tout âge. FLD Pour son premier long-métrage, Dan Gilroy propose un inquiétant portrait de notre époque. Jake Gyllenhaal (Zodiac, Prisoners) y incarne Lou Bloom, personnage inquiétant qui symbolise à lui seul les travers du monde médiatique américain. À Los Angeles, ce vautour dénué de scrupules écume les nuits à la recherche du scoop, toujours plus sensationnel et sanglant. Solitaire, sociopathe et ultra minutieux, armé d’une caméra légère et branché sur la fréquence radio de la police, il ne recule devant rien pour obtenir ces images qu’il vend à des chaînes de télévision locale en mal d’audimat. Malgré un manque de variations de rythmes qui installe une certaine monotonie, la narration rapide permet de se plonger dans l’univers du personnage et accroche le spectateur jusqu’à la fin. OL Musique Théâtre Expositions 29.11 - 23h Bikini (18 à 20 €) Breathe Festival 29.11 - 20h TNT La vie de Galilée, de Bertoit Brecht, mis en scène par Jean-François Silvadier 17.06>30.12 Conseil Général La Grande Guerre, Images 1914-1918 2.12 - 20h Bikini (27 à 28,5 €) Dub Inc. 4.12 - 20h Le Phare (22 à 28 €) Les Ogres de Barback. Les 20 ans 4.12 - 21h Ôbohem (gratuit) Habemus Tam Tam 5.12 - 20h Le Metronum (9,8 à 13,8 €) Nasser + Undergang + Zedrine 2>20.12 TNT Erik Satie - Mémoires d’un amnésique, écrit et réalisé par Agathe Mélinand 03.10>04.01 Les Abattoirs Anthropocène Monument 13.11>03.01 Le 3T Les Bonobos - De Laurent Baffie 04.10>04.01 Musée des Augustins Benjamin-Constant (1845-1902), Merveilles et mirages de l’orientalisme 19.09>02.01 Le 3T Les Monologues du Vagin, de Eve Ensler, mis en scène Dominique Deschamps 05.11>04.01 Château d’eau Being Beauteous dans le cadre du festival Grapheine 39 #traj / portrait Sage gosse Pionnier dans la démocratisation du hip-hop français, toulousain depuis « presque toujours », Dadoo continue de produire des artistes et prépare son retour sur scène depuis la banlieue Toulousaine. «N igga it’s slavery isn’t it ? succès en solo à ce jour. Au même moment, il est invité Et t’es de gauche ? Tu à poser sa voix sur la B.O. de veux qu’on parle de baseball ? Il faut redonner sa grandeur à Taxi 3. Arrivé dans les studios de Luc Besson, il découvre la France ! » Dadoo s’emporte devant son associé et leur une équipe de bras cassés stagiaire au sujet de François et du matériel hors normes, Hollande et d’une start-up touil s’impose petit à petit et lousaine, les deux à la fois. Et restera « jusqu’au bout pour s’occuper de la production ». l’associé de lancer « Le mec est censé être un bonhomme et il Ce nouveau monde intrigue fait de l’écologie à la télé, elle est celui qui se décrit comme un où la Cinquième République ? ». « chercheur en musique ». Il y Incompréhension. Il fait 25°C réussit, et va jusqu’à s’offrir dans les dix mètres carrés de en 2006 la réalisation et la bureau que le rappeur quaranproduction du premier altenaire partage avec les deux bum solo de Joey Starr : Gare hommes. Le stagiaire propose au Jaguarr, un succès. de « changer l’eau du bocal », Aller « plus loin », vers de on ouvre une porte, puis la fenouveaux sons, faire du rap nêtre, puis seulement la porte « en mélangeant les genres » avant de décider que la fenêtre c’est son truc. Sur l’étagère suffira. Chacun est penché sur qui fait office de bureau, l’inun pan de la stratégie commertégrale des Beatles côtoie un ciale mise en place pour la sorpavé intitulé Marketing Management, Dadoo est dans tie d’un EP « Dadoo & The Classics » prévue pour décembre et son élément. Dans le chaos qui doit signer son retour à la ambiant, il saisit une idée et filme avec son téléphone scène. « Ambiance boulot », le chanteur avait prévenu. le défilement d’un shooting Pour ce projet, le rappeur s’est photo du groupe Dadoo & entouré d’un guitariste et d’un The Classics sur son ordinaDadoo dans son studio d’enregistrement toulousain © H. Cisterne pianiste. Il reprend d’anciens texteur, avant de monter la vidéo, tes sur de nouveaux sons, tente, rate, re- saine. Né à Marseille de parents originaires tout sur un extrait d’une de leurs chansons. commence. Entre sa basse et un clavier de Guinée et du Cap-Vert, il déménage rapi- De l’avis de tous, le rendu est bon « on tient électronique, Mamadou Diouma Daniel dement au Mirail, à Toulouse. Il y grandit en un truc là, peut-être le teaser du teaser, ou Camara de son vrai nom sort d’un sac une écoutant Public Enemy et Run DMC débiter un sample du teaser ! » La petite équipe cigarette électronique qu’il met à char- leur flow sur son premier ghetto-blaster éclate de rire, puis se remet à travailler. ger. « C’est une merveille ce truc, je peux avant de trouver le courage de les imiter. Car le touche-à-tout du son s’intéresse fumer partout, j’achète plus de tabac sauf aussi à l’image et, dans dix ans, il se voit «Chercheur en musique» bien derrière une caméra, pourquoi pas à pour rouler quelques joints. » Ce premier élément qui colle avec le cliché habituel Ses premiers albums dans le groupe KDD « filmer des sales gosses ». En attendant, il du rappeur sera également le dernier. En vont marquer, notamment Résurrection a hâte de retrouver la scène, son « carbuchaussures bateau, pantalon, tee-shirt et et Une couleur de plus au drapeau sortis rant » depuis toujours. Dadoo & The Classics écharpe à motifs, le chanteur est à des an- respectivement en 1998 et 2000, considé- signera donc un retour attendu, même si nées-lumières du Dadoo des années 2000 rés comme des classiques du rap français. l’intéressé se dit plus inquiété par les déqui chantait en survêtement et maillot de Son album France History X, paru en 2003, colletés que met l’aînée de ses filles que basket. Aujourd’hui marié et père de trois s’inscrit dans la même logique et les baf- par ses ventes d’albums. filles, il mène une vie tranquille entre les fles de toute une génération qui s’ouvre à locaux de Quartier School Music où il loue la culture hip-hop résonnent au rythme du un bureau et sa maison en banlieue toulou- « son pour les sales gosses », son plus gros hugo cisterne