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C'est une plante aromatique bien connue depuis l'antiquité pour
ses vertus médicinales. C'est à Couvet en Suisse, à une
trentaine de kilomètres de Pontarlier qu'à la fin du XVIIIème
siècle, on entend parler du remède de bonne-femme de la Mère
HENRIOT utilisé par le Docteur ORDINAIRE pour soigner ses
clients, et qui consistait en une distillation d'absinthe.
Le secret de fabrication de la Mère HENRIOT passe aux mains
du Major DUBIED en 1797. Celui-ci exploite le procédé à Couvet
à raison de 30 litres par jour, puis pour éviter les droits de
douane vient s'installer à Pontarlier en 1805 Maison Bastide,
Grande Rue, et là, dans ses laboratoires, la fabrication
journalière s'élèvera progressivement des 30 litres primitifs à 25
000 litres en 1908.
En 1826, il existait à PONTARLIER quatre distilleries
d'absinthe qui fabriquaient 100 000 litres par an. En 1913,
elles étaient 22 auxquelles il faut ajouter 3 distilleries
installées dans les environs de la ville. La production
journalière est alors de 55 000 litres en 1833, et on expédie
de l'absinthe dans le monde entier... même jusqu'en Chine.
L'absinthe est de plus en plus appréciée par ses nombreux
consommateurs. C'est un apéritif "du tonnerre", qui ne coûte
que deux sous, et qui titrait, tenez-vous bien... entre 65 et 72
degrés.
Il faut préciser que l'absinthe, la plante que l'on cultivait tout autour
de Pontarlier, jusqu'à Morteau et Levier était distillée avec de la
graine d'anis vert cultivée en Espagne. Il est inutile de dire que
chacun avait son emploi, soit dans les champs, soit dans les
distilleries.
La plus grande distillerie était la Maison PERNOD, fondée par le
Major DUBIED dont il était question précédemment, et son gendre
HENRI-LOUIS PERNOD.
En 1901, cet établissement fut la proie d'un incendie extraordinaire
dont on parle encore aujourd'hui à Pontarlier. L'absinthe stockée en
grande quantité aurait pu provoquer des explosions et même un
incendie total de Pontarlier si un ouvrier n'avait pas pris l'initiative de
vidanger les cuves directement dans le Doubs, rivière toute proche
de la Distillerie.
L'apéritif était servi d'une manière
Armand GUY, fondateur, lors de
son passage sous les drapeaux
en 1892
inattendue, et en plus, on pouvait le boire
à l'oeil. Il suffisait de se pencher sur les
berges, de remplir son verre, et de
consommer. Les badauds et les pompiers
trinquaient à qui mieux-mieux. On raconte
que les soldats en garnison à Pontarlier
buvaient à même leur casque, et la Fée
Verte, c'est ainsi qu'on appelait l'absinthe
à cette époque, avait coloré le Doubs au
point que l'on retrouvait sa couleur jusqu'à
la Source de la Loue, ce qui démontrait
que la Loue était une résurgence du
Doubs.
Enfin allait commencer une violente campagne contre l'absinthe. Les
"contre" disaient "l'absinthe rend fou et criminel, elle fait de l'homme
une bête et menace l'avenir de notre temps" et les "pour", c'étaient
les parlementaires du Doubs qui défendaient une industrie
florissante.
Mais la mévente chez les vignerons du Midi et les événements de
1914 allaient être fatals à l'absinthe. Par décret du 04/08/1914, deux
jours après la déclaration de guerre, la vente de l'absinthe était
interdite en France, et par la loi du 08/03/1915, elle était proscrite
pour toujours.
Certaines distilleries disparaissaient, d'autres sommeillaient jusqu'en
1921, année où la distillation de l'anis fut autorisée. C'est à cette
date que le "PONTARLIER-ANIS" a vu le jour, et nous précisons que
c'est le seul apéritif à base d'anis vert distillé. Les alambics présents
à la Distillerie étaient déjà utilisés il y a un siècle pour la distillation
de l'absinthe.

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