Ascension d`un ange déchu

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Ascension d`un ange déchu
Début
: 11 juin 2006
Fin
: 22 juillet 2006
Style
: SL
Nb de posts : 175
1-Spriggan
Journal de bord du Capitaine Matolck. Nous sommes enfin dockés à Lys 5. La station semble intacte et, si ça n'était
pas de l'énorme machin qui pompe l'eau de la planète, tout semblerait normal. Je m'attendais à être convoqué sur
Lys 5 pour recevoir des ordres de mission mais à ma grande surprise, c'est Lys 5 qui vient à moi. Du moins, de la
grande visite. J'ai convoqué tous les officiers du senior staff pour accueillir nos visiteurs de marque.
Matolck se tenait devant la porte donnant accès au sas reliant l'Indépendance au pod A de Lys 5. Il n'était pas
nerveux mais plutôt fébrile. Côté nervosité, la palme allait davantage au commandeur Fenras Vela…
L'Indépendance était pourtant un exemple d'endroit sécuritaire et à ce chapitre n'avait rien à envier ou presque à la
station. Pourtant, l'andorien ne pouvait se retenir de se grignoter nerveusement le dedans des joues.
Deux amiraux! Pas un: deux! Son capitaine n'avait rien trouvé de mieux que d'inviter deux amiraux à bord! Et pas
n'importe lesquels! D'abord Tellan, l'ancien C.O. du navire! Amiral deux étoiles et Premier Officier de Lys 5! Mais
surtout, oui surtout, Alyécha! Elle aussi ancienne C.O. de l'Indé, Amirale six étoiles! Flag admiral! Directement
branchée sur Starfleet Command et maître de la destinée de tous les fédérés en Galaxie d'Yzon!
Fenras était nerveux, oui! S'il fallait qu'il arrive quoi que ce soit à ces deux bibelots de la Fédération des Planètes
Unies, ici sur son ship, sous sa garde! Bon sang, il se serait bien passé de la pression!
De part et d'autre du corridor menant au sas, Matolck avait fait réunir une haie d'honneur formée de ses officiers
seniors. Certains étaient ravis de revoir Rox et Kcinna; d'autres comme Cynthia auraient aimé être n'importe où
ailleurs; d'autre étaient simplement curieux d'apercevoir ces phénomènes (ces légendes?) ces être qui maintenant
bravaient le danger bien assis derrière un bureau; et d'autres enfin qui estimaient perdre leur temps en vaines
fariboles et qui avaient déjà hâte que toute cette comédie soit terminée. Tous, cependant, avait à cœur la réputation
de professionnalisme de l'Indépendance.
La porte s'ouvrit enfin sur Kcinna Alyécha et Rox Tellan resplendissant dans leurs uniformes impeccables.
— Permission de monter à bord, capitaine? demanda Alyécha avec un sourire.
Matolck lui rendit son sourire avec intérêt.
— Vous voulez rire? Vous êtes chez vous ici! Vous n'avez besoin de la permission de personne!
Tour à tour, Matolck essuya les accolades chaleureuses de ses patrons. C'était vraiment bon de les revoir et
d'échanger quelques tapes dans le dos avec Rox qui était depuis longtemps davantage un ami qu'un supérieur.
Tellan leva un sourcil en apercevant la haie d'honneur et se pencha à l'oreille du capitaine.
— Mat', c'est quoi ce bordel? murmura-t-il. Tu croyais recevoir un Pape ou un Grand Nagus?
— Je savais que ça te ferait chier, répondit Matolck tout sourire.
Alyécha et Tellan s'avancèrent entre les rangées d'officiers en serrant la main de tout le monde et s'arrêtant un peu
plus longuement pour échanger quelques paroles pleines de tendresse avec ceux et celles qu'ils connaissaient
mieux.
— T'Kar, ma vieille, ça fait rudement plaisir de te revoir! lança Tellan exagérément fort.
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Le bétazoïde saisit la vulcaine stupéfaite à pleins bras et lui colla deux longues bises sur les joues, ce qui fit froncer
les sourcils de la F.O.
— Je savais que ça la ferait chier, fit Tellan à l'oreille de Matolck en ponctuant le tout d'un clin d'œil lorsqu'il se recula.
— Bienvenue à bord, déclara T'Kar, très impersonnelle.
— Toujours aussi asociale que belle, dit Rox tout bas en plongeant son regard dans les yeux de T'Kar. Et je crois
que vous avez embelli depuis la dernière fois où je vous ai vu, commandeur!
Avec son légendaire sourire charmeur, Tellan passa au suivant dans la ligne en laissant la vulcaine se demander si
elle venait d'être complimentée ou insultée.
— Ne vous en faites pas, fit Alyécha en serrant la main de T'Kar, moi je travaille lui avec tous les jours!
— C'est un plaisir de vous avoir à bord, assura T'Kar en rendant son sourire à Alyécha.
Tellan serra vigoureusement la main de Roy. Juste à voir ses yeux, on devinait facilement que l'amiral était enchanté
de revoir Denis. Ce dernier fut plutôt mal à l'aise, n'étant pas capable lui offrir la réciproque. C'est que Denis Roy
avait longtemps eu de l'estime pour son ancien C.O. jusqu'à un évènement dramatique où le père de Cynthia Keffer
avait trouvé (à nouveau) la mort. Roy ne saurait probablement jamais si Tellan avait tué le vieux fou de ses mains ou
pas et un malaise subsistait depuis lors.
Tellan passa ensuite à Visao qu'il serra longuement dans ses bras, comme lorsqu'on retrouve un ami très cher au
terme de plusieurs années de séparation.
— Talvinouchet! Alors t'as finalement trouvé le chemin menant au sas? T'es parti hier soir pour être ici à temps ou
bien Lécule t'a beamé directement sur place?
— Lorsque des amiraux arrogants ne sont pas autour, je trouve très bien mon chemin tout seul, répliqua Visao en
souriant.
Rox et Kcinna saluèrent ensuite Karl Davis très chaleureusement. Tellan lui serra longuement la main en lui assurant
à quel point sa bonne humeur lui manquait.
— Ton optimisme contagieux me serait rudement utile quand je passe mes journées au milieu de tous ces ronds-decuir qui discutent de leur arthrite et de leurs cors aux pieds!
Karl éclata de rire mais la remarque de Rox lui valut une tape derrière la tête de la part de sa patronne.
Rox s'arrêta ensuite devant Harker. Il lui fit un sourire espiègle mais ne prononça pas une parole. Tous surent
immédiatement que ces deux-là dialoguaient par télépathie.
"Ravi de te revoir, Rox."
"Alors, Jazz, tu réussis encore à me ramener l'Indé à peu près intact à ce que je vois. Bravo! L'incompétence notoire
de tes supérieurs confine cela à l'exploit!"
Jazz éclata de rire et Rox lui fit un clin d'œil sourieur.
— Hellllllo, qu'avons-nous là? demanda ensuite Tellan en arrivant devant Aldane.
— Aldane Lenassy! déclara l'enseigne offrant une poignée de main à l'amiral. Officier scientifique nouvellement
arrivée.
Délicatement, Tellan prit la main de la jeune femme et y déposa les lèvres sans la quitter des yeux.
— Enseigne Lenassy, votre extrême compétence crève les yeux! roucoula Rox. Je vous nomme Commodore et vous
confie le commandement de cette coque de noix!
T'Kar lança un regard appuyé à Matolck traduisant toute son indignation. Ce à quoi le capitaine fit une moue et un
geste de la main signifiant approximativement: "On reste cool, commandeur."
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Alyécha arriva derrière Tellan et, le visage illuminé par son éternel sourire apaisant, dit à l'oreille de son F.O. mais
assez fort pour être entendu de tous:
— Ta compagne va bien, Rox? Dommage qu'elle n'ait pas pu nous accompagner pour la visite.
— Ahem… euh… ouais… bon, peut-être que l'enseigne Lenassy a encore besoin d'un peu de temps pour gravir les
échelons, en définitive, répliqua Tellan sans perdre son sourire.
Tellan s'éloigna vers la personne suivante mais stoppa ses pas et revint vers Aldane.
— Mais vous irez loin, ça se voit tout de suite!
Alyécha poussa gentiment Rox dans le dos pour le faire avancer.
— Monsieur Vela, lança Matolck, vous me ferez sécuriser tous les Jefferies' tubes pour la durée de la visite de l'amiral
Tellan!
— Déjà fait, répondit Vela, bien droit et les mains dans le dos.
Pour quiconque connaissait le moindrement cette bande de lurons, il était évident que la joie de se revoir était
intense.
Aldane s'amusa en pensant qu'elle n'imaginait pas un amiral de cette façon.
— Il n'est pas un peu jeune pour être amiral? souffla Lenassy à l'oreille de Harker.
— Physiquement il lui manque 14 années, répondit Jazz sur le même ton. Une longue histoire… Keffer pourrait vous
en donner les détails.
Décidément, tout ramenait Lenassy à Keffer!
Le moment que Cynthia redoutait arriva finalement. Rox se présenta devant elle et la regarda de la tête aux pieds
sans jamais perdre son air serein. Bien qu'elle sache que jamais il ne lirait dans sa tête sans sa permission (que
d'ailleurs elle n'accorderait pas, détestant la télépathie), Cynthia s'efforçait tout de même à se répéter intérieurement
"Bloquer mon esprit, bloquer mon esprit". C'était futile et ça n'aurait pas arrêté le bétazoïde, puissant télépathe, mais
ça l'aidait à conserver son calme et un semblant d'assurance.
Très tendrement, Rox prit Cynthia dans ses bras pour une longue embrassade (hp: embrassade = prendre dans ses
bras; on ne parle pas d'un baiser ici). Nerveuse depuis le matin rien qu'à songer à cet instant, Cynthia fut étonnée de
ressentir un calme incroyable, un bien-être indistinct qu'elle n'avait pas anticipé. Là, dans les bras de Rox, elle se
sentit au chaud et en sécurité comme elle ne s'était pas sentie depuis longtemps et cela lui donna envie de pleurer.
— Tu es splendide, lui déclara-t-il tout doucement.
Rox posa un baiser sur son front puis leurs regards se fondirent.
— Je veille sur toi, maman, dit encore Tellan. Tout va bien aller.
Il n'a pas l'air de se formaliser de ma tenue, s'étonna Keffer in petto. Et que veut-il dire par "je veille sur toi, tout va
bien aller"???
— Maman??? s'étonna Aldane à l'oreille de Harker.
Jazz retint un hoquet de rire et suggéra à la jeune femme qu'elle devrait vraiment parler à Keffer pour avoir des
éclaircissements.
Alyécha et Tellan saluèrent encore Chris Grey, le docteur Ivafaire et Angelica Naïma (que Rox trouva également tout
à fait qualifiée pour être commodore, ce à quoi Alyécha opposa gracieusement un nouveau veto) puis ils parvinrent
au bout de l'allée où se trouvaient Vela et sa troupe de sécurité.
Tellan plissa le regard en souriant et s'adressa à l'andorien:
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— Dis donc, Fen', qu'est-ce que c'est que cette troupe de cirque? T'attends les membres d'un congrès klingon
venant fêter au NoName?
— Avec deux visiteurs de votre importance à bord, commença Vela, les mains toujours croisées dans le dos…
— Tu me vires cette compagnie, l'interrompit Rox. C'est pas que j'aime pas les collets jaunes mais je tiens à avoir
mes aises.
Vela tourna le regard vers Matolck. Ce dernier leva les sourcils en souriant, avec l'air de dire: "Je te l'avais dit, vieux,
tu me dois une bouteille de Talisker!"
Vela ordonna à sa troupe de s'égailler, ordonnant toutefois à Spriggan et Morak de demeurer à proximité.
— Ce sont mes recrues. Ils ont beaucoup à apprendre alors si ça ne vous fait rien…
— Si c'est pédagogique, accorda Tellan.
— Heureux de vous revoir, amiral, ajouta Fenras en tendant la main à Rox.
— Same here! assura Tellan, sincère.
T'Kar donna congé aux officiers qui se dispersèrent.
— On va en salle de conférence? proposa Matolck.
— Joignons l'utile à l'agréable, répondit Kcinna. On peut demander à Pierre de pousser quelques tables et de nous
recevoir au NoName?
Le capitaine sourit.
— Si vous me promettez que la nourriture ne se transforme pas en projectiles, c'est très faisable, assura-t-il.
=/\=
En un rien de temps, Pierre avait aménagé un espace tranquille le long des baies vitrées. Visiblement, le barman
était honoré d'une telle visite, sans parler du plaisir qu'il éprouvait à accueillir Alyécha et Tellan "chez lui". Il s'assura
que tout le monde avait quelque chose à boire et que des grignotines jonchaient les tables, puis se retira à son bar.
Fenras fit élever un champ de force inoffensif autour de leur section, aisément traversable mais dont les variations
d'harmoniques empêchaient le passage du son. Ainsi, les autres clients du bar pouvaient continuer à apprécier leur
moment au NoName et la discrétion du meeting était assurée. La seule personne à qui cela déplut fortement fut
Imelda Potin, assise tout près, qui ronchonna à Tomkat que ces amiraux se croyaient vraiment tout permis mais
qu'elle savait des choses à leur propos qui auraient, si elle n'était pas si discrète, auraient ruinées immédiatement
leurs carrières.
— Franchement, commença Matolck, vous me voyez surpris de vous voir ici, tout sereins, avec ce qui ce passe làdehors.
— L'amiral Faucher est actuellement sur le Ops et coordonne nos efforts, assura Alyécha. Nous pensons que cette
fois-ci, l'usage de la force sera inévitable. Il est clair que l'amiral Tellan et moi-même ne pouvons pas demeurer ici
très longtemps, mais nous ne pouvions pas résister à cette opportunité de revenir vite fait sur le Big I.
— Je comprends, approuva Matolck. L'Indé sera prêt au combat, bien sûr.
Kcinna et Rox se regardèrent.
— L'Indé ne va pas au combat, annonça Tellan, surprenant ses compagnons de table. Nous vous envoyons dans la
Voie Lactée.
— Est-ce bien raisonnable, amiral? s'enquit Denis Roy sur le ton professionnel que Rox connaissait si bien.
L'Indépendance possède une force de frappe supérieur à…
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— Je connais bien le potentiel de ce navire, rétorqua Tellan avec un clin d'œil. Et, si ça se trouve, nous en aurons
besoin à votre retour.
— Le fait est que nous ne sommes pas tout à fait prêts à passer à l'action, expliqua Alyécha. Nous vérifions
actuellement le statut de tous les navires de la flotte. Certains sont déjà en route. Mais nous ne pouvons pas nous
contenter de foncer sur l'engin alien et de le torpiller. Rien ne nous dit que ça sera efficace.
— Entretemps, poursuivit Tellan, Starfleet command nous demande un petit service… Ils veulent que nous
envoyions un navire à la rencontre d'une navette carcérale en provenance de la station Pandora pour prendre charge
d'un patient qui doit subir une évaluation psychiatrique. Vous allez trouver cette navette, vous prenez charge du
patient et vous le conduisez à son évaluation. Simple.
— Starfleet prend l'Indépendance pour un taxi? s'offusqua T'Kar sur un ton de défi.
— Ça n'a rien à voir, répondit calmement Kcinna. C'est une pure question de géographie. Les navires Fédérés sont
loin et, étrangement, le point de rendez-vous n'est pas très éloigné de l'endroit où le wormhole s'ouvre dans la Voie
Lactée. Ce qui fait de Lys 5 la ressource la plus rapprochée! Même si dans les faits nous sommes situés dans des
Galaxie différentes.
— Pourquoi la navette carcérale ne fait pas le voyage jusqu'ici? demanda Roy.
— Ils ont d'autres patients à conduire ailleurs. Techniquement, l'ouverture du wormhole se trouve presque à michemin entre Pandora et Starbase 67, votre destination.
T'Kar se leva et fit les cent pas, les bras croisés. Visiblement, elle était de très mauvaise humeur.
— Pourquoi l'Indé? fit enfin Roy, presque à court d'objections.
— Parce que vous êtes là, répondit platement l'amirale bajorane. Vous êtes le seul navire de Lys 5 actuellement à la
station et ce patient doit être à son rendez-vous dans les temps.
— Envoyez un runabout! aboya T'Kar.
— Starfleet exige un navire militaire complet. Le patient est… particulier, précisa encore Alyécha.
La remarque fit lever les sourcils de Vela, resté coi jusque là.
— Euh… dans ces conditions, je vais exiger toute l'information possible sur ce passager!
— Vous aurez toute l'information que nous serons autorisés à vous donner, commandeur, dit Tellan en tourna la tête
vers l'andorien.
Les secondes qui suivirent furent silencieuses. Tous les regards étaient tournés vers le capitaine Matolck qui, bien
que sachant ne pas être en position de refuser l'ordre de mission, n'avait pas encore émis son opinion.
Assis chacun à un bout de la table, Tellan et Matolck s'observèrent intensément. Ce fut Rox qui rompit le silence en
pointant du doigt son ancien F.O., comme pour donner de la valeur à ses propos:
— Ça n'est pas une mission de merde! lâcha Tellan, sévère.
— C'est une mission de merde, s'objecta Matolck, bras croisés.
— Ça n'est définitivement pas une mission de merde! objecta encore Tellan.
— Si, c'est une mission de merde! Iris III est en danger, nous sommes agressés par des trucs-machins inconnus, tu
vas avoir besoin de firepower, et tu nous envoies cueillir un type de chez Luna-land qui porte un chandail à très
longues manches pour le balader dans l'espace! Cette mission de merde, c'est plus qu'une mission de merde, c'est
le crémage sur un gros gâteau en caca.
— Si nous nous en tenions à des propos moins scatologiques, messieurs? fit Alyécha avec cette expression si propre
à elle qui consiste à froncer les sourcils en souriant.
— Mat', fit Tellan plus calme. Il faut que ce soit l'Indépendance.
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Le capitaine semi-vulcain plissa les yeux et observa son vieil ami. Il était clair qu'il ne lui avait pas encore tout dit.
— T'Kar, assied-toi, lança Rox. Tu me donnes le tournis!
— J'ai besoin d'évacuer la pression! grogna la jolie vulcaine en fusillant Tellan du regard.
— Et moi, je veux éviter d'être malade sur la jolie moquette de notre ami Pierre! lui lança-t-il en pointant sa chaise du
doigt. Maintenant, commandeur, vous reprenez votre place ou je vous fait sortir pour réparer vous-même l'horrible
balafre que vous avez ramené sur la coque de l'Indé!
Matolck rougit.
— Ah, passque vous l'avez remarqué… bégaya-t-il en se roulant les pouces. Ben c'était poa not' faute et pis on l'a
poa fait essprès…
T'Kar retourna s'asseoir. La farouche jeune femme eut désintégré Tellan si ses yeux avaient été des phasers.
Rox avait l'habitude. Dans le fond, il adorait cette femme et son caractère indomptable. Et justement, Tellan n'avait
jamais su se retenir d'embêter les gens qu'il aimait. Cela ne l'empêchait pas de savoir pertinemment que la seule
chose qui empêchait actuellement T'Kar de l'envoyer se faire foutre, c'était le respect de la hiérarchie.
— Vela a raison, reprit Denis. Nous allons devoir savoir à qui nous avons affaire.
— Messieurs! lâcha formellement Rox Tellan avant de se tourner vers T'Kar pour lui envoyer un clin d'œil, vous allez
chercher une véritable bombe vivante!
— Que savez-vous de Jan Von Ewig, monsieur Vela? demanda Alyécha.
Matolck perdit instantanément son sourire. Roy gonfla les lèvres avant de laisser exploser un soupir. Le front de
T'Kar se rida, exprimant sa perplexité.
2-Von Ewig
Précédemment sur le USS Independance ...
— Vela a raison, reprit Denis. Nous allons devoir savoir à qui nous avons affaire.
— Messieurs! lâcha formellement Rox Tellan avant de se tourner vers T'Kar pour lui envoyer un clin d'œil, vous allez
chercher une véritable bombe vivante!
— Que savez-vous de Jan Von Ewig, monsieur Vela? demanda Alyécha.
Matolck perdit instantanément son sourire. Roy gonfla les lèvres avant de laisser exploser un soupir. Le front de
T'Kar se rida, exprimant sa perplexité.
- Et bien, ma foi, pas grand chose, répondit Vela en joignant les mains devant lui. Je sais qu'il était un de mes
prédécesseurs en tant que chef de la sécurité. Il est devenu un personnage mythique auprès des nouvelles recrues,
un genre de croque-mitaine, mais franchement je doute que cet homme ait été aussi épouvantable qu'on le dit, non?
Il avait terminé sa phrase en se tournant vers Matolck, les sourcils relevés, attendant une confirmation de son
hypothèse. Le visage sans expression du capitaine suffit comme réponse.
- Non, je vois... conclut-il lui-même à haute voix.
- Comprenez bien qu'il ne s'agit aucunement d'un caprice, poursuivit Tellan comme si l'échange précédant n'avait
eu lieu. Il s'agit d'un prisonnier militaire, il est donc du devoir de Starfleet de faire sa part.
- Mais enfin, d'où sort-il? lança T'Kar qui essayait tant bien que mal d'avoir le dessus sur ses sentiments avec son
côté vulcain.
- De la station Pandora, répondit l'amiral avec le sourire.
- Ne me prenez pas pour une conne!
- Commandant! s'indigna Matolck, sortant de son mutisme.
La tension était palpable entre les hauts gradés. La conversation avait aussi eu son impact sur le Noname. Bien
que le champ de force confinait le son, ils avaient tous un peu oublié qu'on pouvait les voir et que le repas
sympathique du début prenait une autre allure. Aldane, qui tentait de décoder la conversation depuis que le nom
«Vonouigue» était apparu dans la conversation, était sidérée. De la franche camaraderie qui régnait quelques
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instants plus tôt, on en était maintenant à une guerre silencieuse où les chiens de faïence se comptaient de plus en
plus. Car si amiraux, CO et FO se toisaient, il y avait Keffer qui, face à elle, était livide à faire peur et Visao qu'elle
avait senti tressaillir à côté d'elle. Si des membres du senior staff pouvait avoir une telle réaction, alors la personne
dont il était question mangeait plus que des recrues à son petit déjeuner.
- Amirale Alyécha, j'aimerais que nous poursuivions cette conversation dans mon bureau.
- Je crois que c'est une sage décision.
- Très bien. T'Kar et Roy, vous venez avec nous. Les autres, rompez.
- Mais...
- Il n'y a pas de «mais», Commandant Vela. Je vous informerai personnellement en temps et lieu de ce que vous
avez besoin de savoir, vous et le reste de l'équipe. Pour l'instant, ajouta-t-il avec un regard appuyé aux amiraux, j'ai
besoin de précisions.
T'Kar se leva la première, bondissant presque de son fauteuil, faisant signe à Pierre de couper le forcefield.
Matolck la suivit alors que Alyécha et Roy lui emboitèrent le pas. Finalement, Tellan ferma la marche, mais ralentit à
la hauteur de Harker et se pencha pour lui sussurer à l'oreille:
- Mon gars, arrête de fouiller dans nos têtes. Si tu veux des infos, il y a une base de données complètes sur ce
vaisseau.
Et avec une petite tape sur l'épaule, il s'éloigna, quittant le Noname et laissant les autres à mille et une supositions.
***
- Permission de parler librement.
Alyécha venait à peine de s'asseoir et Roy avait encore son fessier à mi-chemin du fauteuil. Tellan avait préféré
rester debout, sentant la tempête proche. Quant à T'Kar, elle jeta un regard de biais à Matolck qui venait de lui damer
le pion.
- Permission accordée.
- Vous m'avez caché des choses!
- Mat... commença Rox.
- Non! objecta le capitaine, visiblement ébranlé. Il y a près de trois ans, un officier de ce vaisseau, un chef que
j'estimais dans une certaine mesure, est parti. Nous avons eu comme explication qu'il avait démissionné. Il est clair
maintenant que c'est faux. Et vous étiez dans le coup. Tous les deux! C'est l'évidence même, après votre ton entendu
et vos regards de connivence autour de la table plus tôt. Vous voudriez maintenant que ce vaisseau lui serve
d'escorte, sans qu'on ne pose aucune question? C'est de l'hypocrisie!
- Calme-toi, vieux, dit l'amiral un peu plus sèchement cette fois.
- D'abord, «nous» n'étions pas dans le coup, précisa Kcinna. Je suis seule en cause. Rox a été mis au courant,
comme Sothar à l'époque, après les événements.
- Le trio aux commandes, intervint Denis avec un sourire entendu.
- C'est un peu cela, répondit Kcinna, soulagée que l'atmosphère se détende un peu.
- Et nous n'avons jamais dit que vous ne pouviez poser aucune question, ajouta l'autre amiral.
- Pourtant, à vous entendre tout à l'heure, vous tourniez autour du pot en évitant soigneusement d'y répondre, à
nos questions, souligna T'Kar.
- Nous voulions simplement qu'il soit clair que ce n'est pas une faveur, mais une mission, et donc qu'aucun refus
ne sera envisagé.
- Expliquez-moi, demanda Mat sur un ton las, tout en s'écrasant dans le fauteuil derrière son bureau.
- Je ne peux pas tout vous dire, avoua Kcinna. Sachez seulement que si je n'étais pas intervenue, ce membre de
notre équipage aurait subi pire que la mort. Malgré son attitude et ses... «états d'âme» avant son «départ», il était un
officier essentiel à ce vaisseau, un membre de notre famille qui nous a toujours été d'un support inconditionnel... en
apparence du moins! Je ne pouvais pas rester les bras croisés et les laisser faire ça.
Rox jeta à Kcinna un regard où pointait la panique.
- Qui? demanda T'Kar.
- J'en ai déjà trop dit.
- Mais... vous n'avez rien dit du tout! objecta Mat.
- Je n'en dirai pas plus, capitaine.
De ce seul mot, elle venait de rétablir la loi du rang et mettait un terme définitif à la conversation. Elle sortit un padd
de son habit et le tendit au CO.
- Vous trouverez ici les coordonnées du rendez-vous ainsi que les codes de communication avec la navette
carcérale. Vous devrez ensuite vous rendre à la base spatiale 67 dans les plus brefs délais. Vous noterez qu'une fois
son transfert à bord, le patient Von Ewig devra être tenu en cellule au brig et n'en sortir en aucun cas, sinon pour se
présenter à son évaluation.
Matolck se leva et saisit le padd comme à regret.
- Bon, ce n'est pas tout, reprit l'Amiral Tellan, mais nous avons d'autres personnes avec qui faire des mises au
point sur le sujet avant de quitter. T'Kar, Roy, pourriez-vous nous accompagner aux quartiers de Visao, Keffer et
Kabal?
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- Bien monsieur, dirent-ils d'une même voix, ouvrant la marche et passant de justesse, épaule contre épaule, dans
l'embrasure de la porte.
- Que de diligence! Envoya Tellan avec un clin d'oeil au capitaine avant de suivre le duo.
L'Amirale Alyécha allait suivre son collègue, mais se retourna sur le seuil de la porte.
- Je suis désolé d'avoir eu à te cacher cela, Mat. Mais c'était avant tout pour la sécurité de Von Ewig. Je t'ai laissé
quelques informations supplémentaires sur le padd. Quand tu les auras lues et transféré les coordonnées, détruis-le
et garde les informations pour toi. Si tu parles à Jan durant son «séjour» parmi vous, n'aborde ces sujets que s'il t'en
parle lui-même.
- Êtes-vous certaine que ce soit un bon choix? Je veux dire, l'Independance...
- De son point de vue, je ne sais pas. Du mien, c'est la meilleure façon de le protéger.
- Mais de qui?
Elle le regarda, pensive et silencieuse, puis répondit:
- Surtout de lui-même.
Le chuintement de la porte mis un terme à la conversation, laissant le Capitaine Matolck aux plus étranges
pensées qu'il avait eues depuis longtemps.
3-Visao
Visao n’avait pas été convié à la réunion au sommet qui suivit l’annonce de l’arrivée de Von Ewig. Il resta droit, rigide,
immobilisé par la surprise. Si une chose pouvait ne pas lui plaire, c’était bien les surprises ! La dernière fois, c’était
Marixa IV. Un mauvais pressentiment commençait à toucher sa conscience. Von Ewig … Le nom sonnait comme
ressorti du néant. Une lumière dans un brouillard épais. Ainsi cet homme était vivant. Voila qui était intéressant … et
dangereux.
En plus on lui envoyait un nouveau CNS … Totalement débutant … Un Trill certes mais non joint (HP : J’espère que
c’est le cas). Autant dire un petit jeunôt ! … Les quelques 430 ans d’expériences de Talvin frémir ensemble à l’idée de
devoir suivre Von EWig en entretien. Il serait évident au vu de dossier que des séances devraient être organisées.
Peut être aussi que les Amiraux auraient prévu un spécialiste en plus.
Trop de conjectures, beaucoup trop pour construire une opinion logique. Il se débarrassa de ces pensées
approximatives, ferma les yeux, poussa un grand soupir et pivota d’un demi-tour vers les synthétiseur. Robert se mit
à réagir.
- Von Ewig hein ?
- Oui, mon cher Robert.
- Et beh ! … On est pas dans la merde pour reprendre les élans scatologiques de notre amirauté !
- A qui le dis tu !
Les officiers restés présent furent médusés et surtout très inquiet. Visao et Robert parfaitement d’accord et ne
s’insultant pas, ca devait être grave cette fois-ci. Talvin jetta un coup d’œil en coin et s’aperçu du malaise qui régnait.
Il tapota ces quelques mots sur Robert : « insulte moi un peu ! Y’a tension ». Un glou glou informatique se produisit.
Un son étrange. Robert avait les larmes aux yeux !
- Espèce d’empaffé ! Tu m’as dérouté un programme de nettoyage ! Tu sais même pas te servir de mes
brillantes fonctions !
- AAAAAAAAAH passque Môôôssieur à des fonctions brillantes ! Je te rappelle qu’on est pas dans une
discothèque !
- OOOOOOOOOOH quel mot ! Quatre syllabes ! Tu t’améliores !
- Abruti !
- Chiure de mouche !
- Pardon ?
- De mouche Tlalaxienne alors ?
- Robert ! Fait attention !
Les officiers se regardèrent et sourirent, tout était normal finalement. Enfin presque normal. Un sentiment de peur
croissante fit son apparition lorsqu’ils virent que leur conseiller avait demandé un pâtisserie énorme et dégoulinante
aux synthétiseurs : le super moka.
N’importe qui sur le vaisseau aurait vendu ce qu’il a de plus cher pour ne pas revivre CA. LE conseiller s’approcha et
virevolta au travers de la foule, donnant des frissons à ceux qu’il approchait. Finalement, il s’approcha d’Aldane
Lenassy. Une enseigne qui, décidément, était totalement paumée et ne comprenait rien à la gêne causée par
l’apparition d’un moka aux poires. Un joyeux bienvenue circula dans la pièce reprit en cœur par toutes les personnes
présentes et le moka s’écrasa lamentablement sur le visage de l’enseigne. L’éclat de rire qui suivit détendit un peu
l’atmosphère qui avait suivi la réception des amiraux. Lorsque le commander passa la porte, Aldane tentait de
s’essuyer le visage. Le moka était devenu son uniforme.
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Seul dans le couloir, le commander Talvin Visao, CNS de l’Indépendance, fronçait le sourcil. Il se dirigeait droit sur
ses quartiers. Il passa à son bureau pour charger Robert des quelques éléments qu’il possédait sur Von Ewig.
S’amuser à se perdre n’était pas d’actualité. Il fallait prévoir ce qu’il pourrait se passer et prévoir les réactions. Il
faudrait agir vite en cas de catastrophe.
4-Lenassy
Aldane garde la bouche ouverte un moment. Elle tend le bras de l'autre côté du comptoir tendant la main vers Pierre
comme un appel à l'aide. Heureusement qu'elle n'était qu'en uniforme. Elle passe sa langue sur ses lèvres où de la
crème a mollement échoué. C'était la première fois qu'une telle chose lui arrivait et que voulait-elle dire ?
Elle murmure pour elle-même le nom du farceur puis regarde les officiers autour d'elle. Ca devait être, quelque part,
quelque chose de courant à bord vu leurs réactions constantes vers la bonne humeur. Elle sourit et secoue la tête
s'emparant avidement du torchon immaculé bordé d'un filet orangé que Pierre lui tend. Le barman a un air légèrement
inquiet en regardant autour de lui puis il pousse un soupir de soulagement.
GAY : et bien, l'ambassadrice Sax n'est pas là...
Il fait le tour du comptoir et aide gentiment la jeune femme à se débarrasser des dégâts les plus évidents.
LENASSY : c'était bien le conseiller Visao... n'est-ce pas ?
Aldane a les mains pleines de crème et se tient, telle une enfant fautive, ayant gâché la tenue impeccable qu'elle
portait par inadvertance et qui laisse sa maman nettoyer les dégâts. Puis elle voit Imelda dont l'hilarité ne cesse
d'augmenter, plutôt heureuse d'avoir échapper au ciblage ridicule du conseiller.
L'officière scientifique tourne la tête vers Pierre et sussurre.
LENASSY : c'est une coutume Pierre ? dites-moi !
GAY : et bien... l'on peut considérer que oui.
Elle a un sourire éclatant et saisit un paquet crème et gâteau qu'elle juge suffisamment profilé pour l'utiliser comme
projectile. Le missile improvisé décolle gracieusement dans un mouvement sec et rapide. Imelda ouvre les yeux au
moment d'un crash imminent, baisse la tête, laissant le missile poursuivre sa course et Aldane voit Nera qui semble
dubitative et qui va servir de destination.
LENASSY : NERA !
L'officière de la sécurité tourne la tête rapidement, n'est pas sûre de comprendre ce qui se passe, mais une fraction
de réflexion trop tardive son menton se retrouve maculé.
Aldane se précipite vers son amie.
LENASSY : je suis désolée.
Nera sent son visage rougir pendant que le visage d'Imelda devient presque rouge brique sous le flot d'hilarité qui la
gagne et lui fait perdre ses ressources les plus essentielles c'est à dire la parole et sa langue de vipère.
Rapidement Aldane entraîne Nera dans la partie "personnel" du Noname où Pierre leur donne le matériel nécessaire
à un nettoyage en gros.
Dans la salle la scène inquiétante qui a eu lieu avec le senior staff et derrière le champ de force est presque oubliée.
Cynthia n'a pas décroché un mot, le visage livide. Quelqu'un, quelque part, lui pourrissait la vie à répétition. Si les
paroles de Tellan l'avait presque rassurées, la mention de Von Ewig l'avait désarçonnée.
Comme dans une mort annoncée, elle revoyait des pans entiers des derniers jours où elle sentait bien qu'elle
s'enfonçait sans planche de salut à la rescousse. Elle ne pouvait pas faire moins que d'annoncer ça à son amie et
collègue. D'un pas rapide et ne laissant aucune part à l'improvisation de la moindre conversation oiseuse elle quitte le
Noname pour se précipiter au sickbay. Marie-Catherine devait être en place depuis un moment déjà.
Elliot s'est approché du comptoir attendant que reparaissent Nera et Aldane. Il avait un sourire aux lèvres imaginant
ce qui pouvait se passer derrière la porte marquée "Personnel". Il était aussi curieux de savoir quelles étaient les
raisons des mouvements qu'il avait repérés derrière le champ de force. Plutôt content de n'être pas le sujet de la
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colère de T'Kar, il ne se formalisait pas trop pour le moment. De toutes les manières si c'était important, il serait
informé assez tôt par son chef, comme tous les membres de l'équipe de sécurité.
Installée à sa table préférée, Imelda se rengorgeait, écoutant les conversations des uns et des autres, elle était
proche d'exulter de joie et frémissait à la simple pensée qu'elle aurait des informations sous peu. Puis, pour ne pas
perdre la main, elle lance une phrase, les mots roulent sur sa langue dans un ensemble parfait et ronronnent presque
lorsque leur son parvient à ses interlocuteurs.
POTIN : qu'est-ce que vous croyez ?! vous avez bien vu la tête du Capitaine. Il va se faire virer sous peu et c'est pas
son clown de beau-frère qui le sauvera.
Puis, elle prend un air, bien inutilement mystérieux, se courbant presque au-dessus de la table.
POTIN : les choses vont bouger et les incompétents vont enfin sauter !
Pierre ressort venant vite reprendre son poste derrière le comptoir. La venue des amiraux semble avoir rassemblé
une troupe importante d'officiers de tous les secteurs, répandant sur le vaisseau des rumeurs, inquiétantes pour
certaines, intrigantes pour d'autres.
SPRIGGAN : Pierre, dis-moi où as-tu rangé mes ravissantes collègues ?
Pierre sourit, s'approchant machinalement du jeune homme et d'un coup de torchon répare les quelques dégâts sur la
surface habituellement si lisse et brillante de son comptoir.
GAY : elles n'en ont pas pour longtemps.
SPRIGGAN : Je vais attendre. Donnes-moi un des cocktails dont tu as le secret, je ne sais pas pourquoi, j'ai
l'impression que la suite ne sera pas de tout repos.
== Logis de Ritink A'larm ==
Le zwikien avait ôté l'uniforme rouge avec regret, mais le chef de la sécurité n'avait accepté aucun de ses arguments.
Il le plie soigneusement et le dépose sur une caisse en fer qui lui sert pour le moment de siège. Puis, les mains dans
le dos le petit homme regarde son logis faisant quelques pas qui lui en font faire le tour au complet.
Maintenant qu'il avait passé son entretien avec l'andorien, il allait devoir passer devant les plus hautes instances. Et
l'homme bleu aux antennes avait été clair. Les dégâts causés par ses congénères n'allaient pas plaider en sa faveur.
Il avait dû dresser la liste du matériel qu'il avait touché, changé de place, réparé et modifié.
Il avait dû attendre qu'il lui soit permis de quitter la coursive où se situait le département de la sécurité et il en avait
profité pour parler aux gardes présents.
A'LARM : ... et donc, je pourrais la trouver où au juste ?
DUNKIN : hum... et bien elle travaille au labo de sciences, mais là, pour le moment faut pas bouger d'ici.
Il était un peu anxieux et se sentait fébrile. Si jamais il pouvait approcher cette créature de rêve, allait-il seulement
pouvoir parler et éviter de baver. Il réfléchissait à ce qu'il pourrait dire à cette pulpeuse humaine d'un blond lumineux
avec ... Il déglutit puis cligne des yeux, regardant à droite et à gauche de la coursive. Il voit sortir un humain, aussitôt
suivi par une personne de sa connaissance.
A'LARM : hé ! Bonjour !
Spriggan et Nera s'étaient retournés et la jeune femme lui avait fait signe de la main lui souriant, dès qu'elle l'avait
reconnu comme étant le visiteur de l'arboretum qui avait partagé son repas avec elle. Ils les avaient regarder
s'éloigner se sentant déjà presque chez lui l'espace d'un instant.
Le zwikien sursaute presque lorsqu'il se prend les pieds dans son lit en vrac débordant de tissus soyeux et colorés, le
ramenant à la réalité de son exigu chez lui.
Il lui avait été demandé d'attendre et il était parti avec la liste des endroits où il avait le droit d'aller pour le moment et
puis l'homme félin devait le suivre partout, ou quelque chose du genre, il n'était pas certain d'avoir tout compris, mais
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pour le moment personne ne l'écrabouillerait parce qu'il était sous la protection de l'homme bleu aux antennes... ou
quelque chose comme ça et puis il lui avait donné un garde imposant, il aimait pas du tout quand il le regardait, mais
il suffisait de regarder ses pieds en marchant et d'essayer d'oublier le félin à ses côtés.
Comment s'appelait-il déjà ?
Ah oui, quelque chose qui sonnait comme Frisssss, l'homme bleu en avait eu plein la bouche et Ritink avait suivi avec
fascination la mobilité des lèvres de ce dernier comme s'il allait se racler la gorge ou un mouvement urgent du genre,
rattraper une respiration perdue au détour d'un flot ininterrompu de chuchotantes paroles.
Il se redresse pour voir l'allure générale qu'il a avec les vêtements qui lui ont été donnés. Son garde du corps
personnel l'avait emmené devant une de ces merveilleuses machines dont il avait sorti un chandail et un pantalon
dans les couleurs qu'il avait demandées. Puis il avait été conduit devant un étale plein à craquer de boîtes et de
paquets. Il en avait reçu plusieurs et guidé aussitôt vers les bains communs qu'il avait déjà utilisés en catimini, il avait
enfin pu se raser correctement. Il ne pouvait concevoir de lui être présenté à un moment ou un autre négligé comme il
l'avait été depuis qu'il s'était installé sur le vaisseau.
Blondie Airhead ! Quelle merveilleuse identité et si parlante. Il ferme les yeux pour essayer d'apercevoir de nouveau
cette merveilleuse créature qu'il a pu observer à satiété depuis les conduits d'aération. Incroyable ce que ce vaisseau
était bien fait. Puis il se redresse de nouveau pour se mirer. Il se penche un peu plus pour voir l'effet de son collier de
barbe finement épointé. Il est beau, pas de doute sur le sujet et sa maman lui avait toujours dit qu'il l'était.
Il pousse un soupir, puis se dirige vers le panneau d'ouverture de la porte, maintenant qu'il n'a plus besoin de pousser
et tirer c'est bien plus amusant. Il avait passé les premières dix minutes à passer et repasser la porte pour entendre le
petit chuintement de bienvenue qu'elle lui faisait à chaque fois, jusqu'à ce que son garde du corps émette une espèce
de feulement menaçant. Là, il s'était vite enfermé de nouveau dans ses quartiers.
Après avoir monté et démonté un padd vierge, il avait fini par lui crier dessus par touches successives pour
enregistrer sa voix. La première fois qu'il l'avait entendue, il avait failli lâcher le fabuleux artefact. Tout sur ce vaisseau
criait la richesse ou plutôt l'opulence qu'il avait épousée en s'infiltrant à son bord. Puis il avait joué avec un autre des
objets qu'il avait réparé et qui émettait un signal lumineux qui l'avait amusé un temps. Mais en clair, Ritink
commençait à s'ennuyer un peu d'être ainsi confiné et n'avait qu'une hâte, finir tous les palabres nécessaires et s'en
sortir en bonne et due forme, intact, entier et content de son sort.
5-Matolck
Le Capitaine du Big I était bougon. Au plaisir de revoir ses deux anciens CO avait succéder la contrariété de la
mission qui s’annonçait. Il allait devoir faire du baby sitting pour un fou dangereux, et pire que tout, c’est l’ancien chef
de la sécurité du bord dont il s’agissait et il avait pour ordre de le tenir enfermé au brig.
Matolck : *Pour une mission de merde, c’est une mission de merde ! Rox pourra dire tout ce qu’il veut ça reste un
coup foireux. *
Peu pressé de connaître les détails de cette mission enchanteresse, le demi vulcain s’attaqua à sa pile de padd
contenant des informations et demandes aussi diverses que variés.
Le premier contenait la liste des pièces détachées utilisées pour les réparations et qu’il fallait remplacer. Comme
d’habitude, il trouva à la fin une note de Denis indiquant que les commandes étaient déjà parties et que la livraison
devrait arriver sous peu.
Le second, nettement plus intéressant pour le mari de Cass avait trait à une livraison de liquide ambré qui était
annoncée. Matolck nota fébrilement la date prévue d’arrivée et pesta quand il réalisa qu’ils seraient déjà en mission à
ce moment *quant je disais que c’était une mission fâcheuse*.
Les suivants concernaient les rapports de routine des différents départements. Rien de bien extraordinaire : le
département scientifique avait encore explosé trois fois, brûlé deux fois et dégagé cinq fois une fumée nauséabonde
quoique colorée…et le tout en une semaine. Talv refaisait à nouveau des demandes pour la décoration de son
bureau en faisant à nouveau une demande de relocalisation sous le prétexte superstitieux que le pont où il se trouvait
était plus dangereux pour un CNS que Rora Pente. Matolck renvoya sa réponse habituelle sur le manque de place
disponible à bord et qu’il déplorait de ne pas pouvoir donner de réponse positive à cette demande *ça c’est pour les
pilules jaunes !*.
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Le dernier padd concernait les mouvements de personnel, signalant l’arrivée d’un nouveau CNS *on n’en aura pas
trop de deux !*, le départ de quelques officiers qui allaient prendre de nouvelles fonctions sur d’autres vaisseaux…
rien que de très usuel.
Il allait refermer le padd en se demandant si le nouveau CNS réussirait à s’en sortir sur ce vaisseau de dingue quand
une information concernant le département médical attira son attention : il était mentionnait qu’un Lt Cdr prenait un
poste de stagiaire…à ce demander comment ce département était géré ! Un Lt Cdr comme stagiaire, il aurait tout
vu ! Matolck appela la ligne pour avoir plus de détails, et n’en fut que plus surpris : c’est Cynthia qui a formulé la
demande ! Le demi vulcain se promit d’en discuter avec Denis et T’Kar car il était impensable d’occuper un tel poste
avec un Lt Cdr…si le département médical était géré comme ça, il allait falloir y remettre de l’ordre.
=/\= Quelques heures plus tôt - Salle de téléportation n°3 =/\=
Talvin Visao ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant le visage de Lécule.
Lécule : Commandeur ?!?
Visao : oui ?
Lécule : Déjà….enfin je veux dire vous êtes en avance
Visao : oui bon ben quoi n’en faites pas tout un plat. Je ne suis tout de même pas si souvent en retard que ça.
Lécule : c’est plutôt que je ne vous ai jamais vu à l’heure pour accueillir un nouvel officier.
La poche de Talvin laissant échapper une voix caractéristique : « c’est qu’il m’a écouté pour une fois »
Visao : ta gueule Robert ! (se tournant vers Moe) et il arrive quand notre nouvel enseigne ?
Lécule : Le transfert de Monsieur Sudrone est prévu dans exactement 1 minute 15 secondes.
Visao : Il arrive sur le pod n°1 ?
Lécule : Comme d’habitude.
Talvin déballa alors avec précaution le paquet qu’il avait amené avec lui et se mit en position, le bras droit dans la
position d’un lanceur de balle.
Le cycle de téléportation commença presque immédiatement, et à peine celui-ci fut-il terminé que le trill détendit son
bras. Maximilien Sudrone n’eut pas le temps d’esquiver le projectile qui se dirigeait vers son nez et c’est un superbe
Moka à la poire qui s’écrasa sur son visage et son uniforme.
Visao : Bienvenue à bord de l’USS Indépendance Monsieur Sudrone. Je suis le Commandeur Talvin Visao, CNS, ravi
de vous rencontrer.
Sudrone : * Oh bravo ! Le CNS est manifestement barge, ça promet pour le reste…si j’avais su j’aurais pas venu*
Heu…bonjour Commandeur.
Visao (souriant) : Ne vous inquiétez pas pour le Moka au poire, c’est rien que des produits naturels.
Sudrone : Et ça vous arrive souvent ?
Visao : Tout le temps, enfin à chaque fois qu’un nouvel officier arrive, et ne vous plaignez pas, avant le bizutage
c’était de nettoyer la coque avec une brosse à chaussure. Croyez moi vous y gagnez au change. Bon c’est pas tout
ça, mais vous avez rendez-vous avec le Capitaine, et on a juste le temps de repasser par vos quartiers.
Sudrone : Mais je n’ai rendez-vous que dans trois heures !
Visao : C’est bien ce que je disais, on a juste le temps…c’est que l’indé est un grand navire vous verrez.
Sudrone : *oui mais enfin trois heures !*
=/\= Ready Room du Capitaine – Maintenant =/\=
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Tiduuuuuu
Après que Matolck ait donné le signal d’entrée, il eut grand peine à dissimuler un sourire.
Visao : Capitaine, je vous présente l’Enseigne Sudrone au rapport.
Pour tenter de préserver sa dignité, Maximilien se mit au garde à vous.
Matolck (souriant) : Au repos. Bienvenue à bord enseigne.
Sudrone : merci sir.
Matolck : J’imagine que Monsieur Visao vous a fait visiter le navire ?
Sudrone (rageur) : Pour ça oui !
Matolck (ayant du mal à dissimuler son hilarité) : et (désignant d’un geste l’uniforme de Maximilien dégoulinant de
Moka) j’imagine que c’est pour cette raison que vous vous présentez dans cette tenue.
Visao : Heu on a eu un peu de mal à trouver ses quartiers, et l’heure avançant, on a du directement venir au rapport
sans passer par ses quartiers.
Matolck : Mais il est arrivé il y a trois heures…
A ces mots Maximilien poussa un gros soupir.
Visao : Ben quoi, il fallait bien lui faire visiter la piscine, le gymnase, l’arboretum, le Noname, les coursives…
Matolck : J’imagine aisément. Enseigne Sudrone, je vous renouvelle mes souhaits de bienvenue. Je vous rassure, ce
n’est pas personnel mais le Commandeur Visao a quelques difficultés pour se repérer à bord.
Alors que les deux CNS sortaient de son bureau, Matolck se résigna à sortir le padd qu’Alyécha lui avait remis *
quand il faut, il faut…voyons voir quels sont les infos dont parlait Kcinna… *
Comme à son habitude quand il était seul, Matolck s’installa confortablement dans son fauteuil, les pieds sur le
bureau et entreprit de lire le padd.
6-Sudrone
Matolck : Mais il est arrivé il y a trois heures…
A ces mots Maximilien poussa un gros soupir.
Visao : Ben quoi, il fallait bien lui faire visiter la piscine, le gymnase, l’arboretum, le Noname, les coursives…
Matolck : J’imagine aisément. Enseigne Sudrone, je vous renouvelle mes souhaits de bienvenue. Je vous rassure, ce
n’est pas personnel mais le Commandeur Visao a quelques difficultés pour se repérer à bord.
Alors que les deux CNS sortaient de son bureau, Matolck se résigna à sortir le padd qu’Alyécha lui avait remis *
quand il faut, il faut…voyons voir quels sont les infos dont parlait Kcinna… *
Comme à son habitude quand il était seul, Matolck s’installa confortablement dans son fauteuil, les pieds sur le
bureau et entreprit de lire le padd.
Dans les couloirs, Max ne disait rien. En réalité, bien qu'ayant le sens de l'humour développé, il rageait à l'intérieur. Et
en plus, il ne savait pas quoi dire. Visao, quant à lui, tenta de briser la glace.
Visao : Je vous raccompagne, Enseigne ?
Sudrone : Merci, Commandeur. C'est très aimable a vous, mais... si vous le permettez, j'aimerais rejoindre mes
quartiers, seul !
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Visao : A votre guise... Enseigne...
Sudrone : Commandeur...
Puis Max changea radicalement de direction. Comme pour fuir, aller se cacher, pour extérioriser ce qu'il ne souhaitait
pas laisser paraître face au Commandeur Visao. C'était son "collègue" désormais, après tout...
Visao : Oh ! Enseigne Sudrone ?
Max se retourna.
Sudrone : Hm ?
Visao : Désolé. Bienvenue à bord.
Sudrone inclina la tête, laissant malgré tout spontanément glisser un sourire signifiant "ce n'est rien, je comprends, et
je ne le prend pas mal".
=/\= QUELQUES MINUTES PLUS TARD - Indépendance 1260 =/\=
Enfin dans sa cabine, Max s'empressa de se désaper illico. Il ouvrit son armoire et sortit un nouvel uniforme flambant
neuf. Il se changea rapidement, comme s'il était en retard.
En retard, pas vraiment. Mais il était impatient.
Une fois changé, il sortit une mallette métallique de sous sa couchette et l'ouvrit. Un petit robot quoidripède y était
logé. Max retrouva sa quiétude.
Sudrone : Allez hop ! C'est l'heure du pipi !
Puis il "alluma" la petite machine, qui se mit à clignoter de leds multicolores suivies de quelques "biliblibliblibilib"
distincts et joyeux.
Sudrone : Bonjour Teddy !
Théodora : *bibibibbbibibibibibi*
Sudrone : Eh oui, ça commence bien hein ? Je ne sais pas ce qui nous attend, mais ça promet ! Voyons voir si toi tu
vas bien...
Il prit le petit robot dans ses bras et commença à l'ausculter...
7-Spriggan
Dans l'annexe située juste derrière le bar de Pierre, Aldane tentait tant bien que mal de réparer les dégâts qu'elle
avait involontairement causés à Nera avec ses restes de moka aux poires.
— Je suis vraiment navrée, Nera! Je visais cette sotte de Potin mais elle s'est penchée et…
C'était au tour de Morak de jouer le rôle de l'enfant se faisant décrotter par sa mère. L'analogie était d'autant plus
forte que la grande femme blonde dépassait son amie d'une bonne tête.
— C'est rien, soupira la fille de T'Kar. Je n'y avais pas encore eu droit et à te dire vrai, je préfère que ce soit venu de
toi plutôt que du conseiller.
— Tu en as jusque dans les cheveux! Déplora Aldane tout doucement en passant un linge humide sur le visage
délicat de la jeune fille.
Comme elle était belle! Et en ce moment, belle et vulnérable. Quelque chose en Lenassy se développait en une
sorte de besoin indistinct. L'envie de protéger Nera, d'être plus proche, ou plus intime. L'envie de compter pour elle.
Elle ne savait trop. Pendant un moment, les deux femmes cessèrent de parler, se contentant de se regarder
mutuellement. Doucement, imperceptiblement, sans qu'elles n'en aient conscience, la distance séparant leurs
visages s'amenuisait.
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— Dites les jolies, je ne veux pas vous presser mais…
Dans le cadre de porte, Spriggan s'interrompit net en découvrant ses amies si proches l'une de l'autre. Cela ne dura
qu'une fraction de seconde. Surprises, elles reculèrent comme mues par un réflexe. Le charme était rompu; la
magie envolée.
Elliot leur décocha un sourire en coin.
— Navré de vous avoir dérangé, les filles, mais Nera et moi devons reprendre le boulot.
— J'arrive dans un instant, Sprig, répondit Morak. Je fini de me nettoyer.
— Si vous avez besoin d'aide… proposa le jeune homme en exagérant exprès un mouvement goulu de sa langue sur
ses lèvres.
Il reçut en plein visage le chiffon lancé par Aldane.
— Je vais prendre ça comme un non, dit-il en rigolant avant de retourner s'asseoir au bar pour attendre sa
coéquipière.
— Dis, Aldane, tu crois aux prémonitions?
— De quoi parles-tu?
Tandis que la zaldane finissait de nettoyer Nera, cette dernière lui raconta son rêve de la nuit précédente en tâchant
de transmettre aussi fidèlement que possible les sensations qu'il lui avait provoquées.
— Voilà, te revoilà toute propre et adorable à nouveau! Déclara Aldane, satisfaite.
— Tu en penses quoi, toi? S’enquit Morak qui sentait l'inquiétude poindre à nouveau en elle.
Aldane croisa les bras et s'adossa contre un mur.
— C'est un cauchemar, Nera. Juste un cauchemar. Il ne faut pas accorder trop d'attention à ces choses-là.
Aldane affichait un air sincère et rassurant.
— Mais ça avait l'air tellement vrai! Soupira Nera.
— Ne t'en fait pas avec ça. Le premier counselor venu te dirait probablement que ce rêve signifie que tu ambitionnes
de devenir amiral, ou encore que tu espères aller bientôt à une soirée dansante!
Nera fut secouée d'un petit rire.
— Ton counselor me dirait ça avant ou après m'avoir écrasé un dessert sur la figure? Lâcha-t-elle sur un ton
témoignant d'un certain apaisement.
— Dans un jour ou deux, tu ne te souviendras même plus d'avoir fait ce rêve.
— Tu parles comme Spriggan. C'est précisément ce qu'il m'a dit en m'apportant le petit déjeuner au lit.
Réalisant ce qu'elle venait de dire, Nera rougit et ses yeux s'agrandirent.
— Tiens, tiens, laissa tomber Aldane dont la curiosité venait d'être sérieusement piquée. Notre cher Spriggan t'a
servi le déjeuner au lit ce matin? Dans ton lit ou dans le sien ?
Nera était maintenant rouge très très foncé.
— Dans le sien, répondit-elle très rapidement, mais non, Aldane, écoute ça n'est pas ce que tu crois, je peux tout
t'expliquer! [ hp: yééééé j'ai réussi à la placer! LOLLLL ]
— Et comment saurais-tu ce que je pense, dis-moi? demanda Lenassy, l'air espiègle.
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Morak raconta les faits l'ayant menée à s'éveiller dans le lit d'Elliot.
— Et le petit dèj' était bon?
Nera éclata de rire. Elle parvint à répondre à travers ses ricanements: "Jus d'orange et barre de céréales enrichies".
— Spartiate! Jugea Lenassy en imaginant la scène. Mais mignon à sa façon.
— Faut vraiment que j'y aille! Merci pour le grand nettoyage!
La zaldane planta son regard dans celui de la jeune fille.
— Le grand nettoyage, ça aurait été autre chose…
Aldane lui fit un clin d'œil puis elles sortirent retrouver Spriggan.
=/\=
[Un peu plus tôt, pendant la scène précédente]
Elliot était revenu au bar où il prit place, bientôt rejoint par l'exobiologiste du navire, Angelica Naïma.
— Alors, champion, comment tu t'adaptes au changement de département? demanda-t-elle en prenant place sur le
tabouret à côté de lui.
— Hey! s'exclama Elliot en la découvrant. Voilà le soleil du vaisseau qui vient me dire bonjour!
— Soleil?
— Cheveux blonds, air radieux, éternel sourire, terriblement sexy! Résuma sommairement Spriggan.
Angelica eut un sourire en coin.
— Parce que tu trouves le soleil sexy, toi?
— Le soleil nous donne des chaleurs… et toi aussi!
La jeune femme rit doucement.
— Charmeur, va!
Ils se mirent à discuter amicalement de tout et de rien lorsque l'attention du jeune officier de sécurité fut attirée par
quelques personnes assises à une table. Toujours les mêmes! Imelda Potin et ce faux-jeton de Tomkat, avec leur
fan club avide de rumeurs.
Spriggan s'excusa auprès de Naïma et approcha de leur table. Il ne pouvait s'empêcher d'intervenir. Et puis, après
tout, n'était-il pas officier de sécurité? Chargé de faire respecter l'ordre sur le navire!
— Tiens! Lâcha Potin avec un profond mépris, voilà le fou furieux qui t'a agressé!
Tomkat se tourna vers l'arrivant.
— Alors, mon salaud, l'apostropha Tomkat, hargneux, t'as du passer une nuit ou deux au brig pour le poing que tu
m'as envoyé dans la figure? À moins qu'ils ne t'aient envoyé nettoyer la coque du navire à la brosse à dents!
Impassible, Elliot tapota ses pins du bout du doigt.
— Non, désolé de te décevoir, mais on m'a plutôt promu. À ce rythme, quand je t'aurai cassé la gueule encore une
dizaine de fois, je ferai capitaine de flotte!
Tomkat verdit de rage mais ne répondit rien.
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Au même instant, Nera et Aldane sortaient de derrière le bar, apercevaient Elliot et marchaient vers lui.
— Qu'est-ce que tu nous veux? Lança férocement Imelda.
— J'en ai assez de vous entendre déverser vos saloperies sur le compte de tout un chacun, répondit placidement
Elliot. Alors vous cessez vos calomnies ou bien je me verrai dans l'obligation de perdre mon calme.
Potin eut un hoquet outré.
— Va plutôt rejoindre tes salopes et fout-nous la paix!
— Mes quoi? Grinça Spriggan en serrant les poings.
— Tes putes! Précisa Potin. La grande blonde fadasse et la petite conne qui la suit comme une ombre! Pourquoi t'es
pas avec elles? Elles tapinent pour toi en ce moment, c'est ça?
POW!
C'était parti instantanément, sans préambule ni signe avant-coureur. Tomkat se retrouva couché sur le dos, sur le sol,
toujours assis dans sa chaise. Du sang ruisselait entre ses doigts qu'il avait posés sur son visage.
— Ahhhhh! Le salaud! Il m'a pété le nez! Hurla Tomkat tandis que ses larmes se mêlaient maintenant à son
hémoglobine.
— T'es complètement barge! Cria Potin en sautant hors de sa chaise pour s'éloigner de Spriggan. Cette fois, t'es bon
pour la correctionnelle! On va porter plainte!
Nera rejoint rapidement Spriggan et lui saisit le poignet droit, question de s'assurer qu'il en resterait là. Aldane et
Naïma se contentaient d'observer la scène.
— Pourquoi tu l'as cogné? s'exclama Morak. Il n'avait rien dit, rien fait!
Elliot lui adressa un regard sévère.
— Je n'allais tout de même pas taper sur une femme!
8-Naïma
Naïma se contentait de regarder la scène... elle ne comprenait pas vraiment les réactions du jeune homme... il lui
avait toujours semblé calme et non violent mais il était clair que les paroles de Potin lui avait fait perdre son sang
froid... mais de là a taper sur son acolyte... pas très brillant et difficilement défendable...
Elle eut le réflexe d'appeler la sécurité pas tant pour Spriggan mais plutôt pour prévenir les rétribution possible de
Tomkat ou de Potin mais voila... la sécurité était devant elle et elle venait justement de peter le nez à Tomkat... tant
qu'à l'autre officière de sécurité qu'elle ne connaissait pas très bien, c'était le motif de base du nez cassé... Elle
s'approcha doucement pour voir si elle pouvait venir en aide à quelqu'un... Aldane la suivit...
Elle était sur le point de prévenir le chef de la sécurité quand quelque chose d'insolite se produisit...
Pierre arriva près de Tomkat et se mit à l'engueuler vertement...
PIERRE : Non mais il se croit tout permis le MONSIEUR !!!!
Naîma crut qu'il prenait la défense d'Éliott ou des 2 demoiselles mais le reste de la scène la détrompit...
PIERRE : TU ES EN TRAIN DE SALOPPER MON PLANCHER ESPECE DE GOUJAT... TU SAIS CE QUE CA
PREND COMME TEMPS POUR TOUT NETTOYER ICI... ET PUIS TU AS PRESQUE BRISER MA CHAISE....
Pierre, aussi rapidement qu'il était venu, tourna les talons...
PIERRE : NON MAIS CA VA FAIRE AUJOURD'HUI... D'ABORD VISAO ET SA FOUTU TRADITION DE MOKA... bon
j’admets que le moke à la poire c'est bien mais quand même... et puis cet imbécile qui me mets du sang partout....
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Le reste de la conversation se perdit derrière la porte de service ou Morak et Aldane s'était nettoyés quelques
minutes auparavant... laissant ainsi tous les officiers présents au NoName sidéré...
Ce fut Naima qui réagit la première... instinctivement sans vraiment pourvoir le contrôler, elle fut prise d'une crise
aigue de fou rire... suivi bientôt de la plupart des officiers sauf bien sur de Tomkat et de Potin qui s'était rapproché
pour aider ce dernier à se relever...
Un détachement de la sécurité arriva sur les lieux à cet instant ce qui coupa net les rires... quelqu'un d'autre, voir
même Pierre avait du les appeler... Potin devient presque hystérique...
POTIN : ARRETEZ LES...
Pointa vers Spriggan et les jeunes femmes debout près de lui...
POTIN : ILS SONT FOUS... ET DANGEUREUX
Spriggan recula devant la haine projetée par Potin à son égard... puis s'adressa à ses confrères de la sécurité...
SPRIGGAN : Écoutez les gars... je n'ai fait que réagir à leur action.. c'est eux que vous devriez embarquer...
Les 4 officiers de sécurité se regardèrent...et prirent la décision qui s'imposait...
OFFICIER DE SÉCURITÉ #1 : Allez on embarque tout le monde...
Aldane et Naïma les regardèrent incrédule...
ALDANE : On a rien fait nous...
SÉCURITÉ #2 : C'est bizarre on me dit toujours ça... Allez ma petite dame... on me suit sans faire de problème...
Bureau de la sécurité - 45 min plus tard
Naïma était assise bien sagement sur un des bancs du brig et avait entamé une conversation avec Aldane et Morak
qui étaient assises à ses cotés pendant que Spriggan faisait les 100 pas devant le force field... On entendait Potin et
Tomkat se plaindre et menacer de rapport contre la sécurité quelques cellules plus loin... on avait eu la bonne idée de
ne pas mettre les 2 groupes ensemble...
NAÏMA : Oui je dois dire que je trouve les gens sur l'Indépendance particuliers... j'ai parfois l'impression de me
retrouver dans une nouvelle civilisation... ce qui ne manque pas d'intérêt étant donné mon métier d'exobiologiste...
ALDANE : J'ai compris à l'Académie de ne plus me surprendre de rien dans les comportements humains...
MORAK : Je ne sais pas pourquoi il a réagit ainsi... je suis une grande fille et ce n'est pas ce que cette Potin peut
dire qui me dérangera...
Spriggan se tourna vers les jeunes femmes...
SPRIGGAN : Et ... je suis là vous savez... j'ai réagi comme ça parce que leur potinnage... tiens.. ça sonne comme
elle... un adjectif de circonstance... je disais que leur potinnage commençait sérieusement à me déranger... mais
qu'elle vous traite de... de...ça... c'était de trop... et comme j’ai dit... je ne pouvais pas frapper une femme donc j'ai
choisi le "next best thing"....
Naïma se mit à sourire...
NAÏMA : Et bien on peut dire que tu as le tour de mettre le "soleil" à l'ombre toi....
Morak et Aldane ne comprit pas le sens de la dernière phrase de Naïma mais Spriggan par contre lui éclata de
rire...et stoppa brusquement en se retournant... une paire de yeux le regardait intensément de l'autre coté du force
fields... les yeux de T'Kar.. et à son air on pourrait facilement comprendre qu'elle avait été dérangé et qu'elle n'était
pas du tout contente d'aller cueillir sa fille au brig... surtout qu'elle était dans la même cellule que Spriggan... et
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malheureusement pour lui, le force field qui, si d'un coté le protégeait physiquement de T'Kar, empêchait aussi toute
possibilité que ses phérormones adoucissent le caractère de la première officière du vaisseau...
9-Lenassy
Aldane se redresse instinctivement, interrompant sa conversation avec sa collègue et ses deux amis. Au moins Elliot
n'était pas blessé, a priori.
Puis Elliot, après un éclat de rire qui est rejoint par les jeunes femmes, s'interrompt brutalement.
MORAK : maman.
Ce n'est qu'un filet de voix de la part de Nera. Le regard sombre de sa mère lui fait un instant froid dans le dos. Elle
ne l'avait jamais vu comme ça. Le silence s'installe aussitôt, puis, la voix de T'Kar s'élève, étrangement calme et
froide.
T'KAR : alors Monsieur Spriggan, combien de fois avez-vous été averti de ne pas dépasser les limites ?!
Elliot déglutit, ça y était, une fois de plus ... cette femme devait lui en vouloir particulièrement, pourtant il n'avait jamais
rien fait de répréhensible... enfin, pas volontairement. Il se met ostensiblement au garde-à-vous sans même s'en
rendre compte. Il n'ose pas regarder du côté de Nera, mais se doute que la jeune femme doit être partagée, il
l'imagine déjà prenant les colères de sa mère à son compte. Elle pourrait fort bien damner le pion à T'Kar un de ses
jours.
SPRIGGAN : je... je ne comprends pas...
T'KAR : ça suffit, j'attends un rapport précis de notre chef de la sécurité qui précise TOUT ! et de ce rapport dépendra
votre avenir parmi nous !
Nera n'en peut plus, tout ça lui semble si injuste.
MORAK : Commandeur ! si vous permettez.
T'Kar sursaute presque. Sa fille se tient aussi droite qu'elle, de l'autre côté de son champ de force et le maintien
glacial qu'elle montre n'est pas sans rappeler celui de la femme qui lui fait face.
T'KAR : oui, tu as quelque chose à dire ? tu penses que c'est plaisant de te retrouver ici ?
Aldane est de plus en plus mal à l'aise. L'atmosphère glaciale qui s'installe lui fait repenser à ce fichu rêve que Nera a
fait. En définitive son amie n'avait peut-être pas eu tort de s'en inquiéter. Il allait se passer quelque chose ici et ça ne
serait pas joli à voir. Sans même s'en rendre compte la jeune femme se laisse engluer par cet environnement auquel
elle n'est pas habituée.
MORAK : tu pourrais nous laisser nous expliquer, il semble que l'on mette Spriggan forcément en doute, alors,
évidemment, j'imagine que ça t'arrange !
Elle se redresse, un air de défi dans la voix et dans l'attitude qu'elle tient. Aldane ferme les yeux et se racle la gorge,
se rappelant par imprudence au souvenir de la première officière.
T'KAR : et vous êtes là aussi Enseigne.
C'était plus une affirmation qu'une question, mais Aldane est loin de chercher des échapatoires pour répondre, bien
au contraire, ça l'arrange.
Elle se lève, sa haute silhouette se découpant et éclipsant celle de Nera qui serre les dents.
LENASSY : Madame, il se peut que la justice soit un peu expéditive pour ce cas là, mais je suis certaine que l'on va
trouver une solution convenable pour débrouiller tout ça. Nous attendons de pouvoi nous expliquer. J'imagine que si
nous avions été plus nombreux au Noname il n'y aurait pas suffisamment de cellules pour tous.
T'Kar jette un regard vers Nera, puis Spriggan, tourne les talons.
Aldane a le temps d'entendre un "Nous verrons bien !".
Les quatre officiers voient disparaître T'Kar et d'autres éclats de voix s'élèvent.
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SPRIGGAN : cet abruti et son idiote de copine vont s'en sortir, ça va pas faire un pli.
Nera est toujours debout regardant sans le voir mur du fond, le souvenir de sa mère se tenant là. Elle ne sait plus
quoi penser, elle aurait eu envie de tempêter et de frapper quelqu'un ou quelque chose. Est-ce que tout ce qui se
passerait sur ce vaisseau finirait en affrontement entre elle et sa mère ? Le coeur battant, elle se tient crispée et raide
comme la justice bafouée par un simple regard.
LENASSY : Nera, ça n'est pas si grave, je suis sûre que ça va s'arranger. De toutes les manières il n'y a rien de
grave.
MORAK *dans un murmure* : tu ne connais pas ma mère.
Elle sent les mains d'Aldane se poser sur ses épaules. Ce simple contact lui fait refouler le malaise galopant qui l'a
saisie sans même qu'elle s'en rende compte.
MORAK : merci Aldane. Enfin, j'imagine qu'on va nous écouter un peu.
Angelica se cale contre le mur.
NAÏMA : ils vont nous garder là jusqu'à ce qu'ils aient décidé de ce qu'ils allaient faire, mais c'est un peu injuste de
nous avoir enfermé...
Puis elle jette un regard vers Elliot qui fait les cent pas lançant quelques imprécations.
NAÏMA : ça ne fait pas sérieux de se battre entre officiers. Ca n'aide pas à l'ambiance générale.
SPRIGGAN : tu vas voir où je vais lui mettre l'ambiance à celle-là, dès que je sors !
LENASSY : euh, ça n'est peut-être pas prudent et puis, disons, choisis un autre endroit que le Noname. Mais
pourquoi tu lui as tapé dessus au fait ?
Elliot lève la tête, la jeune femme le regarde avec du sérieux dans le regard, puis les paroles de Tomkat lui
reviennent, il pousse un râle et donne un coup de poing dans la solide paroi qui lui rend bien sa haine.
la jointure de son index éclate, il ne sent pas la douleur, mais si ça avait été cet imbécile il lui aurait rentré ses paroles
dans la gorge.
Il secoue sa main ressentant enfin le résultat de son emportement.
SPRIGGAN : rien des conneries...
Aldane fait la moue.
LENASSY : ça ne sert à rien tu sais, la colère, enfin, pas de cette manière.
Elle voudrait bien savoir ce que ce rien voulait bien dire.
NAÏMA : ah, on vient nous chercher.
L'officière se lève, l'on aurait pu croire qu'elle était tellement habituée au lieu et à ces procédures qu'elle avait calculé
le temps nécessaire à l'officier qui approchait pour les libérer ou tout au moins les emmener ailleurs. Dire que c'était
son temps de repos, elle pousse un petit soupir, attendant sagement que l'on veuille bien ôter le champ de force. Il
était certain que tout ceci n'était qu'une vaste erreur et que ça allait s'arranger. C'est Gaston qui allait être content, si
elle calculait bien, Aldane aurait dû le rejoindre depuis un moment déjà.
10-Naïma
Spriggan, Aldane, Morak et Naïma écoutèrent les règles d'usage pour réussir à être libéré du brig et après quelques
formalités, ils pouvaient enfin quitter le brig
NAÏMA : Bon j'imagine qu'il ne reste qu'a prouver que nous n'avions aucune raison de nous retrouver au brig... enfin
pour moi et ces jeunes demoiselles... tant qu'a toi Sprig...
SPRIGGAN : Ouain je sais... j'aurais pas du... mais...
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ALDANE : Voyons... tout ceci n'est qu'un malentendu...
NAÏMA : Allez... venez... on sort d'ici sinon je vais finir par réagir a toute ces phérormones... D'ailleurs tu devrais aller
te coller un peu à Potin... après elle serait peut être plus gentille avec toi...
Eliott fit une grimace à Angélica et entraîna les 3 femmes hors de la pièce...
MORAK : Je crois que ma mère est furieuse et je pense que peu importe ce qu'on lui dira, elle ne nous croira pas...
NAÏMA : Et si on lui montrait au lieu de lui dire ?
MORAK : Comment ?
NAÏMA : Et bien comme officier de sécurité, vous devriez savoir que tous les endroits publics du vaisseau sont
constamment enregistré non ?
Spriggan s'illumina puis se rembrunît aussitôt...
SPRIGGAN : Ouain mais si ça vous disculpe... moi par contre j'ai pas l'air très brillant la dessus...
NAÏMA : Tu crois vraiment que lorsque T'Kar va regarder la bande et entendre TRES CLAIREMENT Potin traité sa
fille de salope et de pute... et qu'elle verra Tomkat acquiescer puis toi défendant l'honneur de sa fille... et bien ça va
sûrement adoucir les choses non ?
Spriggan et Morak avait retrouvé leur sourire... Aldane, elle, avait déjà confiance qu'ils seraient disculpés donc elle
approuva d'un sourire pour rassurer Morak
MORAK : Vu sous cet angle... alors au travail... de toute façon notre quart est fini maintenant avec cette petite pause
au brig...
NAÏMA : Allons voir M. Vela... si nous lui expliquons calmement il nous aidera peut être... après tout je doute qu'il soit
un "fan" de Potin et de ses ragots...
11-Spriggan
Elliot Spriggan se tenait au garde-à-vous devant le bureau de son supérieur, Fenras Vela. Ce dernier ruminait sa
mauvaise humeur, peut-être aussi sa déception, depuis son fauteuil. Le regard mauvais de l'andorien allait
successivement de Spriggan, à Morak, debout sur le côté, puis à Lenassy et à Naïma toutes deux dans la même
ligne que Nera. Enfin, il osait à peine regarder T'Kar, stoïque derrière Spriggan, attendant froidement que la justice
de Vela s'abatte sur le sous-lieutenant.
Sans tourner la tête, Elliot regarda de côté Nera et Aldane et leur fit un clin d'œil. Peu importe ce qui allait se passer
maintenant, elles comprirent qu'il allait en prendre la responsabilité tout seul.
Aldane abaissa son regard et grimaça en apercevant un petit morceau d'os perçant la peau de la main droite d'Elliot
et le sang qui coulait lentement le long de sa jambe de pantalon.
Fenras prit une longue respiration puis s'adressa à Spriggan:
— Sous-lieutenant, avez-vous frappé monsieur Tomkat au visage?
Bien que l'andorien s'efforçait au calme, sa voix tremblait quelque peu.
— Absolument, monsieur, déclara fermement Spriggan en regardant droit devant lui.
— L'avez-vous agressé sans provocation?
— Son existence est une provocation, monsieur! Mais ce n'est pas pour ça que je l'ai cogné!
— Vous admettez donc l'avoir frappé sans provocation?
— Sans provocation de sa part, monsieur. Absolument, monsieur. J'ai mis un pain dans la tronche de cet enc…
— Spriggan! S’offusqua T'Kar derrière lui. Votre langage!
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— Sous-lieutenant, est-ce à l'Académie qu'on vous a appris à user de violence sur les gens?
Pour la première fois, Elliot soutint le regard de l'homme en bleu.
— Non, monsieur! À l'Académie, on m'a appris la Prime Directive et comment gérer les ressources d'un navire.
Taper sur les gens, je l'ai appris sous vos ordres, monsieur. Dans les entraînements!
Le visage de Vela se glaça mais il se retint de relever ce qui frisait l'insubordination, du moins pour le moment.
— Monsieur Vela, intervint Aldane…
— Lenassy, ça n'est pas à vous de parler! Aboya T'Kar.
— Peut-être mais je vous signale que le sous-lieutenant Spriggan a une fracture ouverte à la main droite et qu'il se
vide tranquillement de son sang sur la moquette du commandeur, précisa la zaldane en regardant droit devant elle.
Elliot souleva un sourcil et regarda sa main.
— Je me disais aussi que ça picotait, dit-il en grimaçant à la vue des dégâts.
Morak, T'Kar et Naïma eurent également des expressions grimaçantes.
Vela soupira.
— Spriggan, allez soigner ça, nous rediscuterons de tout ça plus tard.
— Non, monsieur. Je tiens à clarifier ce qui s'est passé au NoName. J'irai voir le doc après.
— Maintenant, Spriggan! Répéta Vela plus fermement.
— J'ai dit non! Cria Spriggan avant de rajouter tardivement "monsieur".
Fenras observa le jeune homme obstiné. C'est un jeune crétin sans cervelle mais il a du courage, se dit-il. Puis il
songea qu'il devenait comme son C.O., ce cher Matolck, qui avait parfois la fausse impression que personne
n'écoutait plus ses ordres.
— Bien, dans ce cas, poursuivez…
Sous le regard ébahi de sa mère, Nera retira son haut d'uniforme et ce n'est que vêtue de son soutient gorge qu'elle
déchira le vêtement pour appliquer un bandage rudimentaire à Elliot. Personne ne tenta de l'en empêcher.
— Spriggan, si vous voulez réussir dans ce département, fit Vela, vous ne pouvez pas continuer à taper sur les gens
dont la tête ne vous revient pas!
— Pourquoi pas? Ça ne fait de mal à personne! répliqua l'humain le plus sérieusement du monde.
La réplique fit rire Aldane qui eut bien du mal à reprendre son sérieux.
— Sir, reprit Elliot, puis-je accéder aux surveillances vidéo du NoName depuis votre terminal?
Vela fit la moue puis tourna son moniteur de façon à ce que tous puisse voir l'écran.
— Allez-y.
Spriggan donna quelques commandes et bientôt, la scène du NoName défila à l'écran. Arrivé au moment où il se vit
frapper Tomkat, il ordonna de reculer l'enregistrement de quelques secondes et d'augmenter le volume à fond.
— C'est ici que ça devient intéressant, déclara Elliot en souriant à T'Kar. Vous devriez vous approcher! Quelqu'un a
du pop corn?
Vela ordonna le lancement de la vidéo.
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Tous entendirent clairement Imelda Potin demander agressivement à Spriggan: "Qu'est-ce que tu nous veux?"
Puis la réponse de ce dernier: " J'en ai assez de vous entendre déverser vos saloperies sur le compte de tout un
chacun, répondit placidement Elliot. Alors vous cessez vos calomnies ou bien je me verrai dans l'obligation de perdre
mon calme."
Et la réaction de Potin: " Va plutôt rejoindre tes salopes et fout-nous la paix!"
— Computer, pause! Cria T'Kar en s'approchant tout près du terminal. J'ai pas rêvé, là? Elle l'a dit! Elle l'a bien dit,
là non? Qui traite-t-elle de salopes?
Morak et Lenassy avaient soudainement l'air furieuses.
— C'est justement ce que je lui ai demandé… précisa Spriggan avant d'ordonner la continuation de la vidéo.
On entendit effectivement le sous-lieutenant déclarer sur un ton de défi: " Mes quoi? "
Et la réponse de Potin qui fut fatale à l'esthétique du visage de Tomkat: " Tes putes! Précisa Potin. La grande blonde
fadasse et la petite conne qui la suit comme une ombre! Pourquoi t'es pas avec elles? Elles tapinent pour toi en ce
moment, c'est ça? "
Il y a certains moments de qualité dans la vie, se dit Spriggan à ce moment précis, qu'on ne voudrait manquer pour
rien au monde. Entre autre, ceux où l'on peut distinctement voir les traits communs entre une mère et ça fille.
Comme là, maintenant… Morak et T'Kar avait précisément la même expression sur le visage: toutes deux fixaient
l'écran avec le regard exorbité et la mâchoire quasiment décrochée. Aldane, quand à elle, changea carrément de
couleur et Elliot réalisa que c'était la toute première fois où il la voyait en colère (trèèèèès en colère!). Elle aussi était
rudement jolie lorsqu'elle était fâchée!
"Eh merde! Se dit Fenras en lui-même. Je crois que je vais devoir assigner une équipe pour assurer la sécurité de
Potin, le temps que les choses se calment."
Le choc avait été si violent pour les trois femmes, le traumatisme si intense qu'aucune d'elle n'avait vraiment
remarqué le terrible coup de poing décoché dans la face de Tomkat juste après la déclaration d'Imelda. Seule
Angelica demeura relativement calme puisqu'au bar elle avait déjà pu saisir l'essentiel des propos reprochés à Potin.
— Elle… Je… Elle a… hoqueta T'Kar, commotionnée.
— Respire, maman, respire, intima doucement Nera en tapotant le dos de la F.O. Pense à ta pression artérielle.
— Tout ceci n'excuse pas votre geste, Spriggan, reprit Vela mais sur un ton toutefois plus conciliant.
— Ça l'explique en tout cas! Se défendit Spriggan.
— Monsieur Vela, intervint T'Kar glacial, contenant à peine sa furie et les larmes aux yeux, en tant que Premier
Officier du navire, j'ai décidé que j'allais moi-même choisir la conséquence de monsieur Spriggan.
— Et quelle sera-t-elle? demanda Fenras, contrarié.
— Je vais y réfléchir, laissa-t-elle tomber sèchement. Vous autres, mesdames, pouvez partir. Vous êtes disculpées
de toute charge. Monsieur Spriggan, vous pouvez quitter également. Je vous ferai part de ma décision lorsqu'elle
sera prise! Nera! Si tu quittes ce bureau en soutien-gorge, je te refout au brig! Fenras, vous n'avez pas un vieil
uniforme à lui prêter?
Avant de quitter le bureau de Vela avec Morak qui lui tenait toujours le bras droit, Spriggan se tourna vers son chef et
lui lança: " Vos gorilles de la sécurité n'ont pas été très brillants sur ce coup, si je puis me permettre, monsieur. Au
lieu d'embarquer tout le monde pour rien et de créer cette commotion, ils auraient du se contenter de moi."
— Fichez-moi le camp et allez faire soigner cette main, sous-lieutenant!
12-Von Ewig
Précédement sur la station Pandora...
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- Il veut faire quelques derniers scans et vérifier la longueur d'ondes de tes PCDs. Il est convaincu qu'on ne te
reverra pas ici, et comme il aura d'autres patients à voir... c'est un peu comme son rendez-vous d'adieu.
- Je le trouve bien optimiste.
- Je partage son opinion.
- Alors c'est que les fous ne sont pas tous derrière les barreaux!
- Tu fais dans l'humour maintenant?
- Non. Simplement dans le constat.
Le champ de force fut désactivé et l'infirmier escorta Jan Von Ewig pour un supposé dernier tête-à-tête avec le
Docteur Ced.
***
Le moment était arrivé. Il l'avait espéré et voilà qu'il n'en avait plus envie. Il n'avait malheureusement pas le choix et
aucun des professionnels qui s'occupaient de lui n'accepteraient de repousser l'évaluation. Les trois étaient
convaincus qu'il n'avait plus sa place sur cette station.
«Je doutais depuis le début que votre place soit ici, lui avait avoué le Docteur Ced. Et ces trois années passées
m'auront donné raison. Vous n'êtes pas plus fou que moi. Vous n'aviez besoin que d'encadrement, ce que nous vous
avons fourni avec plaisir. Car - et c'est un secret que je vous confie, n'en parlez pas aux autres... il m'en voudrait de
les rendre ainsi vulnérables - vous avez été pour nous une sorte de congé forcé dans cet asile.»
Il lui avait fait un clin d'oeil bien senti sous ses énormes sourcils blancs et broussailleux. Puis, il lui avait serré la main
en lui annonçant que Vlana et V'Tek l'accompagneraient au quai d'embarquement à 1815 heures.
- Alors, on rêvasse?
La conseillère Vlana, une délicieuse Banéenne à la coiffure plumeuse parsemée de brun et d'orangé, était accoté
dans le cadre du champ de force. Derrière elle, légèrement en retrait, un molosse austère aux yeux perçants et
cheveux noir de jais: le Vulcain V'Tek. Le contraste entre cette bête de somme de deux mètres et l'emplumée d'un
mètre vingt était aussi intense que leur différence de caractère.
- Je me rappelais ma dernière conversation avec le docteur, expliqua Jan.
- Vous n'êtes pas en consultation, Von Ewig, dit la femme avec le sourire. Il n'est pas nécessaire de vous justifier
ainsi.
- Mais c'est un excellent exercice de verbalisation, souligna V'Tek avec une voix qui semblait provenir des
profondeurs d'une planète cavernicole. Nos interventions auront porté fruit.
- Mouais, répondit Vlana avec une moue, un peu déçue de voir ses tentatives de taquinerie réduites à néant par cet
endormant personnage qu'était son collègue.
V'Tek s'approcha du panneau d'accès et après quelques pianotements, leva le champ de force. Vlana s'approcha de
Jan et lui tendit un caisson de métal.
- Ce sont vos effets personnels.
- Mes effets personnels?
C'était plus une affirmation lente qu'une question en bonne et due forme. Il saisit la boîte. Elle était légère
contrairement à ce qu'il s'était attendu, mais c'était logique. Avec quoi était-il arrivé ici, sinon son habit de prévenu. Il
en souleva le couvercle et jeta un oeil à l'intérieur. Le survêtement orange de l'accusé était bien là. Il scruta à
nouveau le fond de la boîte, comme on regarde le fond d'un pot de confiture pour voir s'il en reste. À sa surprise, il y
avait quelque chose d'autre. Une petite montre au bracelet noir, très simple, avec un cadran rectangulaire argenté. Il
sortit l'objet du caisson et allait dire qu'on s'était trompé de propriétaire quand Vlana prit la parole.
- C'est un cadeau de nous. De nous trois, précisa-t-elle en jetant un regard entendu à V'Tek et Jan comprit qu'elle et
le docteur avaient dû déployer bien des stratagèmes pour mettre le logique humanoïde dans le coup. Nous croyons
que ce sera très utile. Le Docteur en a fait la commande auprès des techniciens du labo.
Le jeune homme s'aperçut alors que ce n'était pas du tout une montre. Sur le cadran, on voyait deux formes
oblongues à l'intérieur desquelles des chiffres étaient affichés. Parfois, ces chiffres oscillaient puis se stabilisaient. Au
bas de l'écran, quelques touches.
- Il s'agit d'un régulateur portable, expliqua V'Tek à Von Ewig qui commençait à comprendre. De cette façon, vous
pourrez vérifier vous même en tout temps la longueur d'onde de vos PCDs et, l'ajuster au besoin.
Jan qui avait levé la tête, reporta ses yeux sur l'objet tout en le passant à son poignet.
- Je ne sais pas tout à fait quoi vous dire, finit-il par prononcer après quelques instants, d'une voix à peine audible. Je
ne suis pas habitué aux marques d'affection.
- Il ne s'agit pas d'une marque d'affection, mais bien d'un outil qui s'inscrit dans la suite de vos traitements.
Vlana sentit les plumes se hisser sur sa tête et lança un regard noir à ce bestiau vulcain.
- Nous devons partir maintenant. La navette doit prendre d'autres patients dans un pénitencier du secteur 28. Je suis
navré que vous ayez à faire le voyage avec des... criminels. Il vous rassurera de savoir que vous serez aussi dans
une cellule. Pour vous protéger d'eux, il va sans dire. Suivez-moi.
Le Vulcain fit un quart de tour et s'éloigna prestement. Von Ewig le suivit en compagnie de la conseillère, laissant sur
le lit le caisson et l'affreuse combinaison qui était plus un mauvais souvenir qu'un réel effet personnel. Il portait la
chemise de lin blanche, les pantalons noués de même blancheur et tissu ainsi qu'une mule tout aussi blanche. Un
véritable ensemble d'asile, mais il appréciait cette simplicité.
24/446
Ils arrivèrent quelques minutes à l'avance au quai d'embarquement. Les deux officiers médicaux l'accompagnèrent
dans la navette, un vieil engin crasseux aux mécaniques bruyantes. Jan pensa que Sothar n'aurait même pas trouvé
de qualificatif à cet appareil tant il était désuet. Il n'en aurait pas voulu sur l'Indépendance sous aucun prétexte. Le
Uss Indépendance. Curieux comme tout transport spatial le ramenait en pensée à ce gigantesque vaisseau. Il
espérait bien ne plus jamais avoir à y mettre les pieds même s'il avait, somme toute, de bons souvenirs. Toutefois,
trop de fantômes hanteraient l'Indépendance pour qu'il s'y sente jamais à l'aise.
Le lieutenant responsable de la navette, qui les guidait, s'arrêta devant une cellule. Jan y entra sans se faire prier.
Une odeur d'urine et de sueur lui frappa les narines, mais il s'assit tout de même sur la banquette sans mot dire.
- Franchement, lieutenant, l'état de ce transport est tout à fait inadmissible, dit V'Tek. Je compte bien faire un rapport
à vos supérieurs.
-Faites! répondit le lieutenant, fatigué. Ce ne sera pas la première fois. Une fois la navette en marche, commença-t-il
à l'adresse de Jan tout en activant le champ de force, ce ne sont que des hologrammes primaires qui répondront à
vos urgences. Les repas sont à toutes les huit heures, le prochain dans... (il regarda sa montre) 2 heures. Des
questions?
Von Ewig fit non de la tête.
- Très bien. Ça fait changement des cons qui vous balancent des insultes au visage!
Et il s'éloigna dans la coursive, ses pas claquant sur le plancher de métal.
- Si vous vous sentez submergé, faites vos exercices de respiration et recentrez vos katas, suggéra le Vulcain. Nous
nous reverrons à votre évaluation.
- Quoi? s'exclama Jan, s'animant soudain.
- Bien sûr, enchaîna Vlana, en essuyant sur son pantalon sa main qui venait de traîner sur elle ne savait quoi. Nous
devons transmettre nos rapports. Le docteur sera aussi présent, en transmission.
- Allez! Vous sortez de là où je vous enferme aussi? Cria le lieutenant depuis le sas du bloc carcéral.
- À plus tard, chuchota Vlana avec un sourire qui se voulait rassurant, mais qui cachait mal son dégoût de l'endroit et
la pitié qu'elle avait de voir son patient dans une telle saleté.
Von Ewig se rasseya, surpris mais curieusement heureux de savoir qu'il reverrait ses mentors sous peu.
Un vrombissement bruyant se fit soudain entendre suivit du cillement des moteurs. Il se dit que toute cette ferraille
exploserait sûrement avant d'arriver à destination. Il allait s'étendre quand il crut entendre un cri, suivit de
claquements aigus sur le plancher de la coursive. Vlana apparut alors, légèrement moins propre que tout à l'heure,
quelques plumes de travers.
- Je dois faire vite, cria-t-elle pour couvrir le bruit du vieux warpcore agonissant. Je ne pouvais pas vous en glisser
mot avant... V'Tek aurait trouvé que ça manquait de professionnalisme... Ce sera dans votre rapport, vous
comprenez?
Il s'approcha de la grille pour mieux l'entendre.
- Nous avons eu plusieurs sessions ensemble, s'époumona-t-elle. Vous m'avez parlé de vous, de votre famille, de
toutes vos crises...
- Oui, répondit-il en hurlant lui-même, mais je ne compr...
- Jan! Vos crises! Vous avez toujours pu me les raconter parce que, malgré vos absences, vous restiez conscient de
ce qui vous arrivait.
Il la regarda de ses yeux vides, attendant une suite pour expliquer ce qu'il ne comprenait pas.
- Comment se fait-il que vous ne vous rappeliez aucunement des événements d'Iris III?
Il resta stupéfait. Elle s'éloigna du forcefield à regret, le visage inquiet, et repartit en courant vers le sas, le laissant,
subjugué par cette révélation.
13-Roy
Il leur avait fallu à peines quelques minutes pour traverser la distance qui les séparait de l’endroit où se trouvait
Kabal. De garde au bureau de la sécurité, il remplissait quelques formulaires administratifs sur l’évaluation des
derniers entraînements. Lorsqu’il vit le cortège arriver en grande pompe au service, il se raidit immédiatement au
garde à vous. Il lui fallu quelques secondes pour voir sur le visage de son Capitaine qu’il remuait de sombre pensée,
que T’Kar était complètement exaspérée, que les amiraux semblait plutôt solennel et que le Commandeur Roy était…
Enfin, difficile à dire, disons plutôt absent.
-
Repos… Lieutenant Kabal. Nous devons… vous parler de la prochaine mission de l’Indépendance qui devra
escorter un prisonnier potentiellement dangereux.
Le bajoran acquiesça et répondit :
-
Bien, mais le chef est présent de l’autre côté, peut-être serait-il mieux…
Il sait déjà ce qu’il a à savoir Lieutenant. Ce que nous venons vous dire est personnel… Capitaine ?
Le demi-vulcain jeta un œil du côté de Rox Tellan, retint un soupir qui se transforma en lente inspiration sonore et
entrepris :
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-
Nous allons retrouver une de vos vieilles connaissances…
Il vérifia l’effet de ses paroles sur Kabal qui avait pris un air très intrigué.
-
Jan Von Ewig.
Le visage de l’officier de la sécurité s’était démoli en quelques secondes passant par plusieurs émotions et se crispa
rapidement. Le Capitaine n’attendit pas longtemps pour reprendre, espérant atténuer rapidement ce qui semblait
naître chez le bajoran.
-
Nôtre mission est de l’escorter. Sans plus. Nous vous voulions simplement nous assurer que vous donneriez
vôtre entière collaboration à la mission et que vous serez en mesure de tolérer sa présence à bord.
Kabal était avant tout un officier qui acceptait sa tâche. Il n’allait pas reculer devant l’affront de la présence de Von
Ewig, ne serait-ce que pour la confiance que Vela avait en lui.
-
Je serai aux ordres de mon supérieur et tâcherai de faire tout en l’honneur du département de la sécurité de
ce navire, Monsieur.
Le ton sur lequel il avait prononcé cette réponse donnait le ton quand aux émotions qui l’habitaient à ce moment. Il
contrôlait une tempête intérieure. Matolck savait que Vela connaissait ses hommes, il lui ferait part qu’il serait
probablement tourmenté et le chef de la sécurité ferait ce qu’il y avait à faire.
-
Bien et je suis convaincu que vous serez en mesure de répondre à ce besoin, termina le Capitaine Matolck.
L’homme tourna les talons et jeta un œil sur Tellan : s’attendait-il à autre chose des officiers de l’Indépendance ?
Tellan, lui, ne broncha pas. Pour lui, même si Kabal était un homme d’intérêt ce n’était pas nécessairement de lui
dont il avait peur et pas vraiment non plus de Visao… C’était plutôt de « sa mère » : le changement opéré sur elle
n’était pas passé inaperçu et il la connaissait assez pour savoir que ça ne laissait pas sous-entendre qu’elle était tout
à fait stable.
Ils quittèrent donc le bureau de la sécurité, sans dire un mot de plus si ce n’est les politesses, et se dirigèrent vers
Cynthia Keffer, réfugiée dans ses quartiers. Ce fut le moment où Rox appris que l’infirmière avait emménagé chez le
Commandeur Roy. Il leva donc un sourcil et jeta un œil sur l’homme qui semblait toujours à demi connecté sur la
réalité. Ce que personne n’avait su était entrain de jouer un peu contre le chef des opérations : sa journée s’éternisait
et le chemin des idées à travers son cerveau devenait profondément lent. Il espérait surtout réussir à obtenir congé
de la délégation une fois entré chez lui. Revoir Cynthia ne le troublait plus vraiment maintenant… Il était fatigué, vidé
et il voulait s’abandonner à son lit. Il voulait oublier toute cette journée et recommencer au premier jour avec
Cynthia…
Il voulait la revoir venir chez lui avec son pantalon noir et son chandail rouge, se promener à nouveau avec elle dans
le village d’Iris III et parler avec elle de tout et de rien. Il voulait la revoir dans son uniforme rose dans ces champs de
l’holodeck. Il voulait revivre avec elle cette nuit dans le froid de ses cartiers vidés de tout ce qui pouvait être arraché.
Ils se trouvèrent donc devant ses quartiers où avaient été finalement posés les nouvelles indications précisant que
c’étaient ici les quartiers du couple Roy – Keffer. Ils sonnèrent et il fallu un second coup de sonnette avant que la
porte ne s’ouvrent sur l’infirmière qui semblait tout à fait déconnectée de la réalité tout à coup. Elle leur fit place et ce
fut Denis qui leur offrit de s’asseoir.
Étrangement, à ce moment, le couple ressentit une émotion simultanée au travers de tout ce qui les accablait : c’était
la première fois que, en tant que couple, il recevait des gens chez « eux » même si le concept était assez nouveau. Il
y eut par chance assez de place pour tous. T’Kar choisi le fauteuil que Denis prenait habituellement pour la lecture,
surtout parce qu’il était un peu à l’écart, Tellan et Alyécha prirent une des deux causeuses et Matolck pris une chaise
de la table cherchant plutôt à être éloigné et Denis et Cynthia s’assirent dans l’autre causeuse.
Une fois le couple assis, la main gauche de Denis alla rapidement chercher la main de Cynthia qu’il tînt fermement
pour montrer son soutient, mais de telle façon qu’elle montrait aussi son affection lorsque Tellan pris la parole…
14-Lenassy
Aldane avait quitté la sécurité. Elle était un peu vexée de cette situation où elle s'était vue au brig. Elle soupire
imaginant déjà Aran, l'un de ses frères, apprenant la nouvelle qui se serait répandue dans tout Inark IV de son
emprisonnement, tout relatif tout de même, mais emprisonnement quand même. Elle n'y avait pas trop prêté attention
sur le coup, mais vraiment ça avait été assez désagréable. De plus, elle commençait à changer d'opinion sur T'Kar
qu'elle avait vu si gentille et accueillante à son arrivée. Là c'était une virago dans toute sa splendeur qu'elle avait pu
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voir à l'oeuvre. Et puis, bien sûr, sa totale surprise d'apprendre que T'Kar est Nera étaient mère et fille. La pauvre
Nera, être obligée de croiser sa mère tous les jours. Il allait falloir faire les choses en cachette comme à la grande
époque de son adolescence plutôt agitée pour que Nera puisse malgré tout vivre ce qu'elle souhaitait.
Au point où elle en était et bien elle l'aiderait pour ça. Elle avait cru qu'elle allait rentrer sous terre lorsque T'Kar l'avait
regardée froidement derrière le champ de force. Est-ce que ça signifiait qu'elle allait perdre le bureau qu'elle lui avait
littéralement donné à son arrivée ? Flûte, elle se voyait mal, négociant sans cesse avec Klemp pour la moindre
parcelle d'espace du labo. Celui-là aussi, il allait falloir s'en méfier. Quel univers bien complexe que ce vaisseau.
Et puis Imelda, quelle déception et quelle haine. Si elle avait été Elliot, elle lui aura arraché la langue pour la passer
dans la centrifugeuse qu'utilisait Pierre pour faire ses cocktails. Puis elle soupire devant la vision pas très ragoûtante.
Non, elle aurait fait strictement la même chose et n'aurait rien fait de sophistiquer, juste son poing au milieu de sa face
de... Elle ne savait comment la caractériser mais c'était une abomination. Et puis l'autre, c'était quoi son nom déjà, qui
avait goûté au poing d'Elliot. Elle se mord la lèvre, il était très sexy quand il s'énervait celui-là. Et c'était mignon comme
prénom Elliot. Le chevalier Elliot... Elle l'imaginait comme dans cette histoire qu'on lui avait raconté à l'académie avant
qu'on l'embarque voir un vieux film fait par des humains il y a longtemps. Il y était question de défenseurs de la veuve
et de l'orphelin. Elle n'avait pas bien compris ce que ça signifiait. Mais une chose était certaine, l'allure des défenseurs
en question, même si elle était un peu vieillotte était tout à fait captivante.
Elle a un petit pincement au coeur repensant à la pensée fugitive qui l'avait traversée. Elle en avait voulu un bref
instant à Elliot de les avoir embarquer là-dedans, puis le tout avait fondu comme neige au soleil devant ce qui s'était
réellement passé. Après coup elle aurait voulu le serrer dans ses bras, n'importe quoi pour lui signifier son affection et
la confiance qu'elle ressentait en son endroit. Pourquoi est-ce qu'elle avait cette boule dans l'estomac ?
Elle balaie ses pensées un bref instant pour se rendre compte que ses pas l'ont amenée sur le pont 12 et donc qu'au
final elle pouvait bien aller se réfugier dans ses quartiers qui finiraient par lui plaire un jour ou l'autre. Elle note au
passage qu'elle a un ou une voisine et entend un son de voix. Tiens, il faudrait bien qu'elle aille voir ses voisins aussi,
ça pourrait toujours être intéressant de rencontrer de nouvelles personnes. Nera aurait dû se retrouver sur ce pont, s'il
faut, elle ne l'avait peut-être pas si loin d'elle qu'elle ne l'imaginait.
Hésitant un instant, entre se présenter tout de suite ou attendre un peu, elle va se signaler lorsqu'elle constate que la
manche de son uniforme a un accroc. Comment cela a-t-il pu arriver ?
Elle se ravise donc faisant quelques pas de plus pour rentrer chez elle.
== Pont 12, Quartiers 1260 ==
Max avait dû démonter la plaque d'accès au réseau interne de Teddy. Il n'y avait rien de grave mais il aimait toujours le
travail soigné et pourquoi ne pas prévenir plutôt que guérir. Il entend des bruits de pas précipités et quelque chose qui
cogne contre une des parois de ses quartiers.
SUDRONE : voilà Teddy, avances maintenant !
La mécanique intelligente avance sur le sol émettant des chuintements discrets. Il reste un instant à scruter chaque
mouvement de l'oeil du professionnel jaloux de son propre travail.
Un peu plus tard il entend frapper à sa porte.
SUDRONE : ouverture !
Une jeune femme souriante se tient sur le pas de porte. Le jeune homme s'avance posant machinalement ce qu'il
tenait en main sur une petite table ronde.
SUDRONE : oui, je vous en prie entrez !
Il a une faible pensée sur ses bagages, pas encore défaits.
"Je suis l'enseigne Lenassy et nous sommes voisins. J'ai vu qu'ils avaient ôté l'indication de quartiers libres. Je suis au
département scientifique."
SUDRONE : Maximilien Sudrone, je viens juste d'embarquer, je vais travailler avec Monsieur Visao, je suis conseiller
ou j'essaie de l'être.
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Il sourit pour conclure sa présentation.
LENASSY : c'est bien, comme ça je connais l'un de mes voisins. Vous savez, même si vous avez l'air sympathique, je
suis presque déçue que vous vous soyez installé là.
Elle baisse le ton tout en souriant devant l'air surpris et un peu déçu de l'officier.
LENASSY : en fait, j'espérer trouver le moyen de pousser la cloison de chez moi pour prendre un peu plus de place...
Elle prend un air désespéré.
LENASSY : j'en manque cruellement.
Le trill se retient de rire, imaginant sans peine sa voisine installée dans un palace pendant que lui finissait dans sa
douche sonique.
SUDRONE : et bien, je crains fort qu'il faille modifier vos projets.
Il fait un quart de tour, montrant toute l'étendue de la surface qui lui a été allouée.
SUDRONE : je pense qu'ils sont tous plus ou moins de la même taille.
Aldane fronce les sourcils puis pousse un soupir à fendre l'âme.
LENASSY : bon, tant pis pour moi. Mais il faudra qu'on se revoie pour discuter plus tard. Bienvenue à bord ! Je compte
recevoir dans mes quartiers dans pas long, quelque chose de simple, pour faire connaissance, si j'y parviens, ce sera
avec quelques amis. Disons je suis obligée de limiter vu le manque de place.
SUDRONE : oui, j'imagine.
Théodora avance doucement derrière Max et vient buter contre sa jambe. On croirait presque que le robot d'une
sensibilité presque humanoïde se cache derrière son maître.
LENASSY : ooh qu'est-ce que c'est que ça ? Il fonctionne avec des capteurs ?
15-Harker
Jason avait été piqué de curiosité à propos de ce fameux Von Ewig. Qu’avait-il bien pu faire qui mérite l’appréhension
d’une rencontre de la part des anciens du Big I ? Qu’avait-il bien pu faire pour mériter que 2 amiraux se rendent sur
leur ancien vaisseau demander à son équipage d’aller le récupérer. Bien sûr, Rox lui avait indiqué de lire le dossier
de l’homme dans les banques de données, mais l’officier tactique doutait fortement qu’il y aurait beaucoup de
renseignements. Beaucoup de choses n’étaient pas répertoriés dans ces dossiers. Du moins, peut-être l’étaient-ils,
mais sûrement pas pour son niveau de sécurité. Après tout, on n’envoyait pas un vaisseau militaire pour n’importe
qui.
Étrangement, il avait bien d’autres choses à l’esprit que de farfouiller pour trouver plus de réponse. Quelques fois, il
fallait mieux se contenter de ce qui était dit. Certaines choses devaient rester cachées pour le bien de tous. Il y avait
aussi dans son esprit Nera. Il avait commencé à lui enseigner à maîtriser son empathie et cela créait un lien
particulier. Il avait aussi eut vent de l’altercation qui avait eu lieu dans le NoName. Spriggan aurait frappé violemment
Tomkat. Décidément, ce vaisseau apportait son lot d’aventures chaque jour. 2 amiraux…un prisonnier…un intrus
bienveillant…de nouveaux officiers…Spriggan et sa liste de conquête…
HARKER : Je crois qu’il est temps pour une autre leçon…À cette heure le NoName doit quand même être bien
rempli.
Il se rendit donc au NoName qui semblait avoir gagné en popularité depuis que Spriggan avait fait sa démonstration
de force. Tous espéraient que quelque chose se produise de nouveau.
HARKER : C’est parfait !
Puis la voix caractéristique de Pierre se fit entendre quoi qu’il avait l’air plutôt énervé.
GAY : Vous aussi vous venez saloper mon bar ?
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Jazz pouvait sentir la colère du barman.
HARKER : Loin de moi l’idée mon cher Pierre. Je voulais juste m’installer ici pour donner ma deuxième leçon à Miss
Morak.
GAY (semblant soudain attentif) : Vous aussi en avez après la fille de T’Kar ?
HARKER : Pierre ! Franchement ! Théoriquement je suis encore avec T’Kar.
GAY (oubliant temporairement sa frustration) : T’Kar…je croyais qu’elle étais avec Karl maintenant. Ils sont sortis
ensemble.
HARKER (s’assombrissant) : Si tu veux bien Pierre, évitons de parler de ce sujet. Ce que T’Kar fait, je ne veux pas
vraiment le savoir. Surtout si il est question de Karl. Depuis que je suis arrivé il me met tout sur le dos alors que le
sujet reste clos.
GAY : D’accord, je ne te parlerai plus de…Qu’est-ce que tu enseignes à notre jeune recrue ?
HARKER (reprenant son calme) : Je fait en sorte qu’elle utilise de nouveau son empathie.
GAY : Elle est empathique ?
HARKER : Dans un sens cela a de soit Pierre. Elle a quand même du sang vulcain. Elle avait simplement cessé de
l’utiliser.
GAY : Je vois…et tu l’aides à réveiller ce qu’elle avait enfoui. Bonne initiative.
HARKER : Si tu n’y vois pas d’inconvénient, je vais m’installer près de la baie vitrée.
GAY : Pas du tout. Je vous amènerai à boire.
HARKER : Merci Pierre.
Jason alla donc s’asseoir à la table juste devant la grande baie vitrée. Il ferma les yeux et se concentra sur Nera. Il ne
mit pas longtemps à la trouver. Elle était près du bureau de la sécurité. Il pouvait sentir Fenras et T’Kar de mauvais
poils et même à côté de Nera, il sentait Elliot. Il focalisa sur Nera et effleura son esprit. Sans lire ses pensées, il se
connecta à la jeune femme.
HARKER (dans l’esprit de Nera) :* Miss Nera, je vous attend au NoName pou la suite de vos leçon. J’aimerais que
vous veniez me rejoindre. Si vous vous inquiétez de votre supérieur, je lui parlerai plus tard*.
16-T’Kar
— Je vais y réfléchir, laissa-t-elle tomber sèchement. Vous autres, Mesdames, pouvez partir. Vous êtes disculpées
de toute charge.
Monsieur Spriggan, vous pouvez quitter également. Je vous ferai part de ma décision lorsqu'elle sera prise! Nera!
Si tu quittes ce bureau en soutien-gorge, je te refout au brig! Fenras, vous n'avez pas un vieil uniforme à lui prêter?
Avant de quitter le bureau de Vela avec Morak qui lui tenait toujours le bras droit, Spriggan se tourna vers son chef et
lui
lança: " Vos gorilles de la sécurité n'ont pas été très brillants sur ce coup, si je puis me permettre, Monsieur. Au lieu
d'embarquer tout le monde pour rien et de créer cette commotion, ils auraient du se contenter de moi."
— Fichez-moi le camp et allez faire soigner cette main, sous- lieutenant!
Vela soupira en secouant la tête, puis il retourna s'asseoir derrière son bureau. La vulcaine -dont les yeux étaient
baignés d'une lueur meurtrière- se campa devant lui et posa ses mains fines sur le bois poli du bureau. Si T'Kar était
au comble de la colère, Vela, lui, était des plus agacé. Il n'aimait guère ce genre d'embrouilles entre officiers, ça ne
cadrait pas avec l'image qu'il avait du Big I et de son équipage. "Je me serais bien passé de tout ça..." souffla-t-il.
T'Kar : Je vais également m'occuper de cette Potin.
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Sa voix siffla bizarrement et dans sa tête, la FO planifiait déjà des vengeances humiliantes et cruelles. Elle venait de
cibler Imelda Potin et l'ex officier scientifique était prête à fondre sur sa proie. Mais l'andorien s'empressa de balayer
les projets de vengeances de T'Kar. Il secoua la tête, résolu à régler à sa manière.
Vela : Très mauvaise idée... Miss Potin recevra un blâme pour avoir proférer des paroles outrageantes à l'encontre de
plusieurs de ses collègues.
T'Kar eut l'air d'avoir reçu un coup de poing en plein ventre.
T'Kar : Un blâme? Ca n'effacera pas l'offense qu'on subit Nera et Aldane!!
T'Kar tapa du poing sur le bureau, pourtant, Fenras garda son air stoïque. Il était blindé et surtout, prêt à ne pas
laisser la folie - qui s'emparait des fois de la FO- s'abattre sur Potin.
L'andorien cessa de faire sembler de ranger quelques padds, il se laissa tomber contre le dossier de son siège et
regarda, enfin, la vulcaine dans les yeux.
Vela : Alors que suggérez-vous?
T'Kar : Une punition exemplaire... Imelda Potin ne mérite pas de servir dans Starfleet, son comportement est
inadmissible!
Vela : Je ne crois pas que vous soyez à même de juger, vous n'êtes pas objective.
Vela cacha à peine son demi-sourire.
La vulcaine serra un peu plus la mâchoire et se retint de lui crier un magistral "ON S'EN FOUT!!", elle se contenta de
croiser les bras sur sa poitrine, passablement contrariée.
Vela : Vous devriez me laisser régler cette affaire. Je comprends que vous soyez outré que votre fille ait été ainsi
insultée.
T'Kar : Si vous ne l'aviez pas mis avec ce Spriggan...
Fenras leva les yeux au ciel. T'Kar adorait ressasser les vieilles disputes.
Vela : Nous nous sommes expliqué à ce sujet, hier, il me semble...
T'Kar fit un geste agacé.
T'Kar : Occupez-vous de votre Miss Potin et moi, je vais réfléchir à ce que nous allons faire d'Eliott... Mais je vous
préviens...
Elle se pencha vers lui avec un air menaçant qui, à force, n'impressionnait plus du tout l'andorien.
T'Kar : Si Potin se retrouve encore mêlé à une histoire comme ça, je m'occuperais personnellement d'elle...
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HARKER : Merci Pierre.
Jason alla donc s'asseoir à la table juste devant la grande baie vitrée. Il ferma les yeux et se concentra sur Nera. Il ne
mit pas longtemps à la trouver. Elle était près du bureau de la sécurité. Il pouvait sentir Fenras et T'Kar de mauvais
poils et même à côté de Nera, il sentait Elliot. Il focalisa sur Nera et effleura son esprit. Sans lire ses pensées, il se
connecta à la jeune femme.
HARKER (dans l'esprit de Nera) :* Miss Nera, je vous attend au No Name pou la suite de vos leçon. J'aimerais que
vous veniez me rejoindre. Si vous vous inquiétez de votre supérieur, je lui parlerai plus tard*.
Jason Harker n'eut pas longtemps à attendre. Il vit Nera entrer dans le NoName, un peu affolée et mal habillée. Elle
s'approcha de lui, lui décocha un de ses sourires naïfs et se laissa tomber sur l'une des chaises face à Jason.
Harker : Des problèmes?
Morak : Rien de grave... Enfin, je crois.
Harker : Vous devriez prendre un verre, ça vous fera du bien.
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L'officier de la sécurité commanda un verre de lait, qu'elle but d'un coup. Lorsqu'elle eut fini, elle reposa le verre et se
détendit enfin.
Harker : Vous savez, ce genre de situation est symptomatique d'une certaine tension. Il y a bien longtemps que
l'équipage n'a pas eu de vraies vacances ou des permissions. Pour certains, ils sont loin de leur famille depuis si
longtemps...
Morak : Pour ma part, j'ai l'impression d'être en pleine jungle et de devoir combattre pour survivre...
Harker : C'est parce que vous ne comprenez pas les motivations des autres, vous restez fermer à leur esprit.
Nera se pencha vers Jason, tout à coup.
Morak : Mais ça n'aurait rien changé. Même si j'avais pu percevoir leurs émotions, leurs pensées hostiles, je n'aurai
pas pu empêcher Potin de nous insulter et encore moins Sprig de frapper Tomkat...
Harker : Qu'en savez-vous?
Nera se redressa et réfléchit. Peut-être avait-elle les moyens de compenser son corps d'enfant et sa maladresse...
Elle n'avait pas encore assisté à l'un des entraînements de Vela mais elle savait que cela n'allait pas tarder et là, elle
devrait prouver qu'elle méritait d'être au département de la sécurité. Pourtant, elle ne présentait atout véritable pour
être dans la Sécurité. Elle savait se battre mais sa peur lui faisait faire souvent des fautes.
Physiquement, ce n'était pas le top -elle était si menu et fragile comparé à des gars comme Kabal ou même Sprig-,
mentalement, elle était du genre impressionnable et même manipulable.
Nera savait qu'elle ne ferait pas long feu dans le département de Vela si elle ne changeait pas tout ça. Alors peut-être
que Jason lui offrait un atout qui pourrait l'aider?
17-Spriggan
Spriggan marchait vers le sickbay avec Nera à ses côtés qui lui soutenait toujours le bras blessé. Le sous-lieutenant
était de très mauvaise humeur. Tout allait mal!
D'abord cette conne de Potin qui avait odieusement traitées les deux personnes à qui il tenait le moindrement sur ce
navire. Ensuite, sa conduite tout à fait inacceptable au NoName — pourquoi avait-il cogné cet être insignifiant? — qui
l'avait avili, sans nul doute, aux yeux d'Aldane et de Nera. Cela, surtout, lui faisait mal en-dedans. Que pensaientelles de lui maintenant? Ça n'était sûrement pas très joli!
Pour ajouter l'insulte à l'injure, ses précieuses amies s'étaient retrouvées impliquées dans une situation pour le moins
dégradante, encore à cause de lui! Enfermées au brig, semoncées, humiliées! En ce moment, Elliot se détestait. S'il
n'avait pas eu la main droite en morceaux, il se la serait peut-être bien envoyé dans la gueule!
D'ailleurs, maintenant qu'il était sorti du département de sécurité, sa tolérance à la douleur avait atteint ses limites. La
fracture était effroyablement douloureuse et ça n'avait été que par stupide fierté personnelle qu'il avait joué les
insensibles. Il lui semblait à présent que chacun de ses pas résonnait jusque dans sa main ouverte et lui arrachait
des larmes de souffrance. Ça aussi, évidemment, contribuait à sa colère intérieure.
Qu'allait décider T'Kar? Spriggan venait de lui offrir sur un plateau d'or une occasion splendide de le faire chasser de
l'Indépendance. Et jamais il ne reverrait Aldane et Nera! Bien qu'à son avis, c'était déjà foutu de ce côté-là. Les filles
le voyaient assurément comme un con patenté, vulgaire et brutal. Oh, certes! Nera était toujours à ses côtés (vêtue
d'un haut d'uniforme trop grand pour elle) mais ça n'était que du professionnalisme. Elle prenait soin de son
partenaire de travail comme elle l'aurait fait pour n'importe qui d'autre!
Enfin, Spriggan était tenu d'admettre que son abstinence forcée lui pesait lourdement. À parler franchement, le
manque de sexe ne lui réussissait pas du tout. Il était notoire qu'une sexualité épanouie affectait positivement
l'humeur de la plupart des gens mais dans son cas à lui, ça allait au-delà. C'était salutaire. [HP: respectons la nature
du perso, ici! lol ] Englué dans son exaspération, il avait déjà oublié que ce stupide défi avait été son idée.
Inconsciemment, son esprit avait occulté ce détail pour en renvoyer entièrement la paternité à Harker. C'était Harker
qui l'avait mis au défi! C'était Harker qui l'avait forcé à accepter cette entente! Décidément, Spriggan n'avait pas
besoin d'ami comme ça. En fait, il n'avait jamais eu besoin d'amis! Les relations intimes, amicales ou amoureuses,
n'apportait finalement jamais rien de bon!
Nera parla tout doucement, interrompant le fil morose des pensées de Spriggan.
— Oh! Je… je crois que monsieur Harker me parle. Dans ma tête… il est dans ma tête… c'est… déroutant.
— Et sûrement très désagréable! Grogna Elliot. Il ne peut pas utiliser les combadges comme tout le monde, celui-là?
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— Il veut me voir au NoName, fit Morak sur un ton d'excuse. C'est pour mes leçons.
Spriggan ignorait tout desdites leçons et, pour le moment, s'en foutait royalement.
— Envoie-le se faire télépathiquement foutre, laissa amèrement tomber le jeune homme.
— Je n'aime pas quand tu es grossier, lui reprocha doucement Nera.
— J'suis pas un gentil garçon!
— Tu es un gentil garçon qui traverse un mauvais moment.
Elle le perçait à jour trop facilement et cela l'énerva davantage. Il choisit donc de battre en retraite et de revenir à
Harker.
— S'il veut t'enseigner l'art d'embobiner les gens dans de stupides paris, tu es avec le bon maître! répliqua Elliot
agressivement.
Morak ne saisit pas l'allusion, bien évidemment.
— Allez, file. On arrive à l'infirmerie de toute façon.
Nera regarda Spriggan affectueusement mais sans pouvoir effacer des traits d'inquiétude de son visage.
— Donne-moi des nouvelles dès que tu sors d'ici, fit-elle avant de l'embrasser sur la joue. Et merci d'avoir pris notre
défense au NoName.
Songeur, Elliot regarda Morak s'éloigner en caressant doucement sa joue à l'endroit du baiser. Puis il franchit les
portes de l'infirmerie et alla rencontrer le Dr Ivafaire.
=/\=
— Voilà, ça devrait tenir jusqu'à votre prochaine tentative de défoncer une cloison de cellule avec votre poing.
— Merci, doc! fit Spriggan en sautant en bas du biobed où il était assis.
Elliot examina sa main sous tous les angles, satisfait. Il plia et déplia les doigts à plusieurs reprises. Non seulement
les os étaient réparés mais le régénérateur dermique avait effacé tout souvenir visuel de la blessure.
— Une douleur résiduelle persistera durant quelques jours, puis un simple inconfort… Normalement vous serez 100%
remis d'ici une semaine.
— Génial! Dites-moi, doc… je… euh… voulais vous parler d'autre chose…
— Je vous écoute, assura le médecin en lui tournant le dos pour ranger son matériel sur un meuble d'appoint.
Elliot se sentit bête. Et gêné!
— Voilà… c'est au sujet de mes phéromones deltanes…
Ivafaire tourna la tête vers lui et le regarda en biais, intrigué.
— Y'aurait pas moyen pour moi de les contrôler? Si je pouvais en user seulement aux moments de mon choix…
— J'ai lu votre dossier, monsieur Spriggan. La médecine actuelle ne peut strictement rien pour vous et je doute que
Starfleet Medical choisisse d'orienter ses recherches en ce sens uniquement pour vous permettre de lever plus
facilement une demoiselle ou pour que vous puissiez amadouer un supérieur lorsque vous redoutez les justes
représailles consécutives à vos manquements!
C'était envoyé sans ménagement, avec toute la sévérité dont est capable un professionnel du corps médical ayant
quelque chose à reprocher au patient qu'il vient de soigner.
— Alors, y'a rien à faire… déplora Elliot.
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Ivafaire fit une moue indulgente et reprit de façon plus aimable:
— J'ignore tout à fait s'il vous sera possible de les contrôler un jour. Pour le moment, je ne peux qu'émettre des
suggestions, sans garantie de résultat.
— Du genre? S’enquit Spriggan avec enthousiasme.
— Vous devriez essayer de vous adonner à une discipline de l'esprit.
La méditation, par exemple. Il y a sûrement un vulcain à bord qui pourrait vous aider avec ça.
Dépit du jeune homme. Il n'avait aucune intention de confier ses problèmes à un étranger et il ne connaissait aucun
vulcain.
— Ouais, bon, merci quand même doc! Lança-t-il à Ivafaire en gage de salutation, juste avant de se diriger vers la
sortie.
De retour dans la coursive, il ne put s'empêcher de sourire en échafaudant des scénarii dans sa tête, basés sur le
peu de personnes de sa connaissance disposant au moins d'un peu de sang vulcain.
Matolck, assis par terre dans son ready room, complètement ivre, entouré de bouteilles vides.
MATOLCK: vois-tu mon p'tit Grispan, hic! Spigran, hoc! machin! le secret de la démitation très-en-sandale, c'est de
hip! de boire jusqu'à ce qu'on s'écroule!
Et ça n'était certes pas T'Kar qui l'aiderait avec ça! D'une part, parce que si elle avait la moindre aptitude à cet égard,
y'a longtemps qu'elle aurait usé cette discipline sur elle-même… et il y avait aussi le détail non négligeable qu'elle
souhaitait le décapiter et exposer sa tronche dans un bocal à titre d'exemple.
Spriggan stoppa net dans le corridor et un sourire radieux apparut sur son visage. Il venait d'avoir une idée!
Impossible d'en prédire le succès mais s'il n'essayait pas… et puis ça ne lui demanderait pas tant de préparation que
ça!
Mais pour l'instant, il s'orienta vers le NoName. Elliot avait manqué l'heure du repas et crevait de faim. Pourvu que
Pierre ne refuse pas de le recevoir…
18-Lenassy
L'arrimage à la station de Lys5 était un avantage incontestable. Surtout, comme on avait, comme Aldane, quelques
courses à faire. Elle avait listé avec soin le matériel de première nécessité, à son humble avis, qui lui était nécessaire
pour recevoir ses amis. Elle avait vaguement le souvenir de la petite mine qu'avait fait Elliot lorsqu'il lui avait fait
présent de ce magnifique hologramme. Ce simple geste lui avait donné le goût d'enfin préparer ses quartiers au lieu de
s'en plaindre continuellement.
En définitive, il lui fallait un ensemble de salon qui allait lui permettre d'installer plus d'une personne. Elle avait essayé
d'imaginer sa chambre chez ses parents beaucoup plus petite qu'elle ne l'était, le problème c'est que pour une
décoration idoine, il était indispensable de prendre en compte le volume. Et le volume dont elle disposait, semblait
totalement incompatible avec le mobilier qu'elle aurait souhaité.
Elle s'était absentée peu de temps, en définitive, du vaisseau et avait fini par convenir que pour le moment elle devait
se contenter d'articles répliqués. Les imitations étaient tout aussi bien faites que les originaux. Elle s'était donc mise en
tête d'accéder à la liste des articles accessibles depuis les réplicateurs et d'y faire son choix. Il lui fallait absolument
quelque chose d'acceptable quand ils reprendraient leur route.
Elle n'avait pas bien compris toute l'histoire, mais il semblait qu'il leur fallait récupérer quelqu'un, pour le ramener où ?
Ça ! L’information sur le lieu n'était pas parvenue jusqu'à elle.
LENASSY : oui, voilà, comme ça ! C’est parfait. C'est vraiment gentil à vous.
Aldane regarde le résultat. A part des détails dont elle s'occupera d'ici demain, ses quartiers commençaient à
ressembler à quelque chose. Eradiquer le mobilier sobre et si ennuyeux, la table ronde près du sol, associée à ses
fauteuils qui permettaient d'avoir l'impression d'être assis par terre tout en gardant un certain était parfaitement
accordée au tapis épais qui couraient sur presque toute la surface. Elle avait fait reproduire une oeuvre célèbre sur
Zalda qui illuminait la pièce dont on ne pouvait plus dire qu'il s'agissait là des quartiers d'une enseigne sur un vaisseau.
Tout respirait Zalda, pour quelqu'un qui connaissait la vie sur cette planète. L'hologramme d'Elliot était en belle position
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finissant d'habiller les murs si tristes généralement. Le panneau donnant dans la petite salle de bain avait été remplacé
par un rideau fait de petits coquillages qui cliquetaient doucement dès qu'on le traversait. Cela lui donnait l'impression
d'avoir plus d'espace.
"Vous avez encore besoin d'aide ?"
Aldane se tourne vers ses deux sauveurs et leur sourit.
LENASSY : non, non, c'était vraiment gentil de prendre sur votre temps en tout cas.
Un jeune homme, brun, probablement humain, qui est intervenu lui sourit avant de rajouter.
"C'était un plaisir Miss ! Et si vous avez besoin encore d'aide, on est là ! N'est-ce pas Alain ?!"
Il donne un coup de coude à son compagnon qui a le regard vague et fixé sur les formes de la jeune femme. Il
sursaute.
"Euh, oui, oui."
Elle s'approche d'eux leur tendant un vieux livre qu'elle a mis un moment à retrouver parmi toutes les références
disponibles. Plus personne n'utilisait les livres et elle avait dû réfléchir avant de pouvoir le répliquer avec une
composition stable.
LENASSY : voilà, comme promis.
Après leur départ, la jeune femme se prépare pour une douche. Elle repose soigneusement son uniforme au cintre
puis va choisir derrière le paravent chinois sur sa penderie libre la tenue pour la soirée qu'elle mettra. Elle opte pour
une robe aux manches vaporeuses lui donnant l'air ingénu, récupérant dans la malle qui lui reste les accessoires
qu'elle y associe. Elle gardera les cheveux libres, ce qui leur fera le plus grand bien. Elle installe tout ça sur le lit qui
semble plus moelleux maintenant, puis disparaît dans la salle de bain.
Elle avait passé presque tout l'après-midi à arranger ses quartiers avec quelques incursions sur Lys5 où elle avait
stocké les malles qui ne lui étaient plus nécessaires pour le moment. Heureusement qu'elle avait un autre placard sur
la station.
Elle ne recevrait personne dans l'immédiat, mais elle pouvait dès à présent laisser rentrer quelqu'un dans ses quartiers
qui étaient maintenant plus que décents.
Elle ressort de la douche une bonne demi-heure plus tard ne sachant toujours pas comment gérer ses longs cheveux
rapidement. Il lui faudra probablement aller voir le coiffeur de bord pour se les faire épointer un peu.
Lorsqu'elle eut enfin fini de se défouler sur cette tâche titanesque à son sens, elle finit par s'asseoir dans le fauteuil
qu'elle a installé un peu à l'écart pour pouvoir avoir une vue d'ensemble de son petit logis. Puis une exclamation.
"Spriggan !"
Il avait totalement fui son esprit durant les deux heures d'intenses activités qu'elle s'était octroyée pour elle-même. Elle
court vers la penderie où son uniforme solitaire porte toujours le combadge. Décidément, elle devra trouver une idée
pour avoir ce petit objet bien pratique sur elle le plus souvent possible.
Elle l'active.
LENASSY *com* : Enseigne Lenassy, j'aimerais parler au service d'accueil du sickbay.
L'interface silencieuse travaille en rapidité et elle n'est pas longue à obtenir une réponse.
"Oui, Desroches, qu'est-ce que vous voulez Enseigne ?"
LENASSY *com* : je voulais savoir si M. Spriggan avait quitté le sickbay et si tout allait bien ?
DESROCHES *com* : nous ne donnons pas d'informations sur nos patients Enseigne. Mais je peux vous dire qu'il a
quitté le sickbay sur ses deux pieds.
La communication s'interrompt aussitôt. Aldane fait une petite moue d'enfant déçue. Elle n'avait aucune envie de
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demander des informations directement au service dont dépendait Elliot. Elle était toujours vexée d'avoir fini derrière
les barreaux, enfin, c'était pire, derrière un champ de force. Elle se sentait bizarre, c'était surtout ça qui l'agaçait
prodigieusement. Pourquoi à chaque fois qu'elle pensait à lui elle avait cette boule qui se formait. Elle était angoissée,
complètement ridicule, Aldane Lenassy n'était jamais angoissée, en plus de ne servir à rien ça n'était pas dans ses
habitudes.
=== Le NoName - Plus tôt ===
Elliot pousse les portes du bar-restaurant préféré de tout l'équipage. Il n'a aucune envie d'aller à une table et opte pour
le comptoir. Il a aperçu au fond du salon Nera et imagine sans peine que la jeune femme est avec Harker. Il serre les
dents.
*B... quelle journée pourrie !*
Il prend un tabouret et joue un moment avec les cure-dents quand il réalise que Pierre n'est pas venu l'accueillir
comme à l'accoutumée. Il lève la tête de son activité ludique plutôt contestable puisqu'il imaginait Imelda postérisée sur
une paroi noire de crasse et maintenue coller à la paroi avec lesdits cure-dents.
Pierre est à l'autre bout du comptoir essuyant un lot de verres qui imitent parfaitement le cristal sans même lever la
tête.
SPRIGGAN : Pierre ?! Je mangerais bien quelque chose.
Le gérant des lieux lève la tête, il sait qu'il va dire quelque chose qu'il va regretter, mais là il n'en peut plus.
GAY : NON !
SPRIGGAN : euh... comment ça... non. Il y a des problèmes en cuisine ?
GAY : NON !
Puis il approche d'Elliot. Il n'a pas l'air fâché, mais plutôt bouleversé.
GAY : je vous servirais de nouveau quand vous aurez changé de comportement jeune homme et pour aujourd'hui, j'ai
eu mon quota.
SPRIGGAN : mais... j'ai faim moi !
GAY : réplicateur !
Puis il s'éloigne.
Elliot n'est même pas en colère, c'est la suite logique des mésaventures du jour, quelqu'un finira par modifier ses
quartiers en airlock, peut-être T'Kar tient, il était certain que ça lui ferait rudement plaisir. Il ne pouvait pas aller voir
Nera, elle était occupée.
Pffff !
Mais bien sûr, il pouvait aller au labo faire une petite visite à Aldane. Tiens ce serait amusant de la voir au travail pour
changer.
Il fait quand même sonner un "à la prochaine" pour être certain que Pierre l'entende, ni mettant nulle colère. A quoi ça
servirait ? Son lot aujourd'hui était d'être martyrisée. Tiens il était prêt à parier que dès qu'il pénétrait dans le labo, il
allait sauter et en plus on mettrait ça sur son dos, pour le coup, étant arrimé à Lys5, ça serait d'autant plus pratique de
le foutre dehors. Quelle misère ! Mais qu'avait-il bien pu faire pour mériter pareil traitement. Il avait juste... Ouais bon,
plutôt une pensée agréable. Il pousse un soupir tout en passant les portes du NoName, hésite un instant entre aller
voir directement si jamais elle était dans ses quartiers, puis, sans doute parce qu'il était trop lâche d'affronter tout de
suite une situation douloureuse pour lui, il opte pour changer de pont et d'aller faire une visite au labo. Avec un peu de
chance elle n'y serait pas et il n'aurait pas à essuyer une déception.
Un brin d'impatience dans le turbolift qui le véhicule à sa destination ou peu s'en faut. A l'ouverture de la porte du labo
qui coulisse avec insistance, il hésite un moment. La salle semble bien silencieuse. Il avance dans l'allée principale et
entre deux rangées de matériel lui cachant les perspectives. Il n'y a personne, il avance encore pour essayer l'allée
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suivante.
"STOP ! BOUGES PLUS !"
Elliot se fixe portant déjà la main vers son phaser et se rappelle au dernier moment qu'il l'a laissé au magasin d'armes.
Gaston surgit de derrière un bureau accompagné de Blondie qui court derrière lui. Elliot n'a évident d'yeux que pour
ses formes généreuses qui suivent un mouvement des plus suggestifs.
SPRIGGAN : qu'est-ce qu'il y a encore ?!
LAGAFFE *se mettant à genoux devant Elliot* : lèves ton pied.
Elliot obéit essayant de regarder ce que voit Gaston et Blondie qui s'est installée à côté non sans un "Bonjour
Spriggan" susurré délicieusement.
LAGAFFE : tu l'as écrabouillé, c'est bizarre, ça aurait dû sauter, pourquoi ça n'a pas sauté ?
SPRIGGAN : hé, t'es malade, tu as voulu me faire sauter ?!
Et là il voit comme s'il avait reçu un coup de marteau sur la tête sa fin à venir. Allongé sur un biobed pour une dernière
autopsie pratiquée par Gaston soi-même aidé par T'Kar et d'autres. Il a chaud, très chaud.
AIRHEAD : Spriggan chéri ça va ?
Elliot se réveille en sursaut de son rêve éveillé, il ôte rapidement ses mains de l'anatomie trop proche de Blondie,
recule.
SPRIGGAN : bon, elle est pas là Aldane ?
LAGAFFE : non non, elle a troqué son après-midi avec Blondie.
Le jeune homme ne fait ni une, ni deux et quitte le labo presque en s'enfuyant. S'il avait Harker sous la main !
Donc il lui fallait retourner sur le pont 12, aller !
C'est d'un pas plus décidé, ayant frôlé l'explosion, la mort et il ne savait trop quoi encore, qu'il reprend le turbolift.
Il est devant les quartiers 1259, bon, il y va ou pas ? Elle voudra peut-être pas le laisser entrer comme la dernière fois,
ou alors elle lui dira qu'elle veut plus rien avoir à faire avec lui. Il déglutit, il faut qu'il prenne une décision.
19-Naïma
Après avoir quitté le bureau de Vela, Angélica se dirigea vers les labo scientifique qui lui était assigné ou elle travailla
pour une petite heure pour reprendre le temps perdu au brig... de toute façon personne n'avait fait attention à son
départ alors aussi bien retourné dans son labo...
NAÏMA : Bon ça devrait suffire pour aujourd'hui...
Elle s'étira puis replaça son uniforme... sortit juste au moment au Spriggan passa à la course sans la remarquer dans
la porte...
NAÏMA : Bon T'Kar doit lui courir après...
Un sourire naquit sur ses lèvres... Elle poursuivit sa route jusqu'au NoName pour y prendre une bouchée... Le bar,
bien que rempli, était calme... Elle aperçut Nera dans un coin le long de la baie vitrée avec un officier... Harker selon
son souvenir... Pierre était au bar astiquant les verres d'un air un peu renfrogné... elle s'aventura ...
NAÏMA : Bonsoir Pierre...
PIERRE : Bonsoir...
Son ton était un peu plus tendu qu'à l'habitude mais un sourire se dessina quand même sur ses lèvres...
NAÏMA : Ca va ?
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PIERRE : On va dire... j'ai été un peu "brusque" avec Spriggan mais il doit comprendre le petit qu'il doit contrôler son
caractère...
Angie leva un sourcil...
NAÏMA : Brusque ?
PIERRE : Hé oui... je lui ai dit au petit monsieur... je lui ai dit que je refusais de le servir... il devra se contente des
rations de réplicateur plutôt que de mon excellente cuisine faite avec amour... bon... il ne la mérite pas ce soir... et
c'est pour son bien... il doit comprendre que tout n'est pas permis chez "Pierre" !!!
Angélica sourit intérieurement mais tenta de garder son sérieux devant l'envolée verbale du barman...
NAÏMA : Je suis sure qu'il ne recommencera pas...
PIERRE : La prochaine fois, je crois que je lui mets la fessé... tiens c'est pas une si mauvaise idée que ça... et puis ça
pourrait être agréable ...
Pierre s'éloigna perdu dans ses pensées entourant le postérieur de Spriggan alors que Naïma prit le chemin d'une
table en riant avec le cocktail que Pierre lui avait servit tandis qu'ils discutaient...
Elle allait s'asseoir lorsqu'elle vit Davis assit seul à une table... elle l'avait déjà rencontré auparavant mais ne le
connaissait pas très bien... Elle se dirigea vers lui...
NAÏMA : Bonsoir... je vous dérange ?
Davis leva la tête et sourit...
DAVIS : Non pas vraiment... j'étais perdu dans mes pensées...
NAÏMA : Alors contente de vous avoir retrouvé... Je peux m'asseoir ?
DAVIS : Bien sur... Commander.... je suis désolé j'ai oublier votre nom...
NAÏMA : Angélica Naïma... et c'est normal que vous ne vous en souveniez pas étant donné que nous ne nous
sommes presque jamais croisé depuis mon arrivée à bord... je dois dire que je me cachais un peu...
DAVIS : Vous vous cachiez ? Intéressant... et pourquoi ?...
NAÏMA : Disons que les gens de l'Indépendance et surtout les évènements qui s'y produisent ne sont pas
nécessairement ce à quoi j'ai été habitué sur ma planète et durant mes premières années à Starfleet Command...
DAVIS : Je dois avouer que nous ne sommes pas très "traditionnel"...
NAÏMA : En effet et...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle entendu un éclat de voix... et tourna la tête pour voir Imelda Potin en
train d'apostropher Morak...
POTIN : Tiens... avec un de tes clients ? Tu diras à ton "copain" qu'aussitôt que mon ami Tomkat sort de l'infirmerie il
va porter plainte officiellement contre lui... Tu crois quand même pas qu'il va me faire passer 2 h au brig sans avoir de
problème... et puis on m'a averti que M. Vela veut me rencontrer... je suis CERTAINE qu'il veut que je lui donne de
long en large les agissements de ton proxénet... et je ne manquerai pas de dire ce que tu fais dans ce vaisseau... tu
ne vas pas continuer ton petit commerce longtemps ma jolie...
Naïma leva les yeux au ciel... et jeta un regard désespérer à Davis...
NAÏMA : Ca recommence... *tap* Naïma au chef de la sécurité... Je crois que vous devriez venir rapidement au
NoName....
20-Harker
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Quand Nera arriva dans le NoName, Jason lui avait fait signe de venir le rejoindre à sa table, près de la baie vitrée. Il
souriait. Quand elle fut assise, elle lui demanda bien sûr pourquoi il avait choisi un endroit si bondé pour la prochaine
leçon.
HARKER : C’est l’endroit idéal pour la suite Nera.
MORAK (quand même avec l’esprit troublé) : Je ne croyais pas être prête pour essayer avec d’autres…
HARKER : Vous avez raison Nera, vous n’êtes pas encore prête à sentir tout le monde. J’ai choisi cet endroit en
relation directe avec votre dernière leçon.
MORAK : Vous voulez dire par rapport à atteindre l’état d’esprit nécessaire pour recevoir les émotions ?
HARKER (souriant toujours) : Exactement. La dernière fois, nous n’étions que nous deux présents. La suite logique
est d’atteindre cet état d’esprit quand il peut y avoir des distractions.
Puis sentant une colère dirigé à son égard, Jason se tourna et aperçu Elliot qui le fusillait du regard. Nera jeta un
coup d’œil et se sentit mal. Elliot pourrait bien s’imaginer des choses. Puis Jason reporta son attention sur Nera
HARKER : Pourquoi Elliot m’en veut-il ?
MORAK (un peu triste) : Je ne crois pas que ça ait un rapport direct avec vous. Il traverse une passe difficile.
HARKER : Je crois que je suis au contraire à l’origine de ses émotions négatives.
MORAK (surprise) : Que voulez-vous dire ?
HARKER : Il est maussade depuis que nous avons fait ce pari…quoi que je devrais appeler ça un pacte.
MORAK (commençant à être curieuse) : De quoi avez-vous convenu ?
HARKER : De mon côté, je dois laisser votre mère respirer et de son côté il devait s’abstenir de consommer toute
relation amoureuse.
MORAK (venant les yeux ronds) : Pardon ?
HARKER : C’était une idée à lui. Je n’aurais jamais qu’il soit aussi orgueilleux pour tenir aussi longtemps.
MORAK : Vous devriez mettre fin à ce stupide pacte Commander.
HARKER : Au contraire Nera. Cela lui donne une dure leçon de la vie.
MORAK : Que voulez-vous dire ?
HARKER : Avec le pacte que nous avons fait, il n’aura pas tout ce qu’il veut grâce à ses phéromones. Il doit mériter
ce qu’il désire.
MORAK : C’est un peu cruel comme leçon à apprendre.
HARKER : Cela semble peser sur lui Nera, mais il est encore jeune. Il en ressortira, je l’espère, quelqu’un de plus fort.
MORAK : Jeune…il a l’air plus âgé que vous.
HARKER : Ne vous fiez pas à l’apparence Nera. Fiez-vous à ce que vous ressentez. Nous parlons justement de
quelqu’un qui vous touche personnellement. Votre instinct devrait vous pousser à savoir ce qu’il ressent.
MORAK : Je n’y arrive pas avec Sprig.
HARKER : Parce que quand vous êtes près de lui, votre esprit est embrouillé par les phéromones que son cops
dégage. Vous devez résister où alors ce que vous espérez ne sera jamais vraiment réel puisque sans le vouloir il
vous attirera inévitablement à lui.
MORAK : SI vous voulez bien, ma relation avec Sprig ne vous regarde pas.
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HARKER : J’en conviens. Voyez, maintenant vous êtes dans un état d’esprit qui ne vous rend pas réceptive. Je vous
ai déjà dit qu’il faut rester calme pour ne pas vous laisser submergé par vos émotions et même celles des autres.
MORAK : Vous avez fait exprès de me mettre dans cet état ?
HARKER : Évidemment. Pour vous montrer qu’il est facile de perdre le contrôle d’une situation. Gardez toujours ceci
en tête quand vous parlerez avec moi. Pour le bien de votre apprentissage, je tenterai de vous faire perdre le contrôle
de la situation.
Voyant Nera se crisper, Jason lui fit un sourire qui la détendit un peu.
HARKER : N’ayez crainte Nera, je n’irai jamais aussi loin pour me mériter une trempe de la part de mon ami Elliot. Ni
au point où votre mère voudrait me passer par le premier airlock qu’elle croise.
MORAK : Je vous en serai gré Commander.
HARKER : Maintenant, passons aux choses sérieuses. Je veux que vous me disiez ce que moi je ressens en ce
moment.
Nera ferma les yeux et commença à se concentrer. Les gens autours d’elles parlaient et riaient. Il y avait tellement de
bruit qu’elle n’arrivait même à savoir ce qu’elle pensait. Et toutes ces odeurs alléchantes qui lui titillaient les narines
ne faisaient qu’empirer les choses. Elle avait beau essayer de faire le vide dans son esprit, il y avait toujours des
images de Spriggan, de Jason et d’un peu tout le monde.
HARKER (d’une voix douce et apaisante) : Vous devez cesser de penser à eux. Rappelez-vous de la vue dans la
salle de conférence. Vous devez vider complètement votre esprit et ce même en dépit de toute les distraction. Je vais
vous aider comme l’autre fois.
Jason prit les mains de Nera dans les siennes. Nera pouvait de nouveau sentir cette douce chaleur partir de ses
mains et se diffuser dans tout son corps. Elle retrouva cette sensation de calme et de confiance et bientôt il n’y avait
plus dans son esprit que l’image de Jason qui lui souriait d’un sourire calme et compréhensif. Après un petit moment,
elle senti venant de son mentor une sensation de fierté. Elle sourit intérieurement. Elle avait réussit grâce à son aide
à garder son calme.
Puis soudain, elle se retrouva dans une grande salle où il y avait une fête. Elle fut complètement déstabilisée quand
elle vit sa mère danser avec Jason. Elle semblait si proche de lui et se sentir si bien. C’est une facette de sa mère
qu’elle n’avait pas vue souvent. Elle pouvait sentir le cœur de Jason battre la chaleur qui provenait du jeune officier.
Quand les lèvres de Jason se posèrent sur le front de T’Kar, le contact fut rompu et Nera se retrouva en sueur assise
devant Jason au NoName. Il riait.
MORAK (essoufflée): Qu’est-ce qui s’est passé ?
HARKER : J’aurais du vous prévenir que souvent, le contact physique favorise le contact mental. Vous voyez, en
projetant ces images dans votre esprit vous avez perdu votre état d’esprit et le lien s’est brisé.
MORAK : Ma mère…
HARKER : C’était il y a quand même longtemps Nera. C’est ainsi que notre relation a débutée.
MORAK : Dormez bien ma belle amie…
HARKER : C’est bien ce que je lui ai dit.
MORAK : Elle semblait si bien
HARKER : Elle me l’a dit souvent qu’elle se sentait bien avec moi. C’est aussi la raison de son éloignement.
MORAK : Elle s’éloignait de vous parce qu’elle se sentait bien avec vous ?
HARKER : On peut dire oui. Elle s’est toujours sous-estimée et elle a peur de faire souffrir les autres.
C’est ce moment que choisit Miss Potin pour entrer comme une furie. Elle vint se planter devant Nera et commença à
l’injurier.
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POTIN : Tiens... avec un de tes clients ? Tu diras a ton "copain" qu'aussitôt que mon ami Tomkat sort de l'infirmerie il
va porter plainte officiellement contre lui... Tu crois quand même pas qu'il va me faire passer 2 h au brig sans avoir de
problème... et puis on m'a averti que M. Vela veut me rencontrer... je suis CERTAINE qu'il veut que je lui donne de
long en large les agissements de ton proxénet... et je ne manquerai pas de dire ce que tu fais dans ce
vaisseau... tu ne vas pas continuer ton petit commerce longtemps ma jolie...
Nera fit mine de lever pour réponde mais Jason lui dit non mentalement, qu’il s’en chargerais. Jason se leva et se
planta devant Potin.
POTIN : Tiens donc ! Il n’est pas content ce monsieur ! Laissez moi vous donne un conseil sur celle-là…
Elle ne finit pas sa phrase. Tout d’un coup elle devint blême. Elle regarda autour d’elle et s’enfuit à toute jambes sans
demander son reste. Quand Jason se rassit, il riait presque aux éclats.
Voyant la drôle de situation, Angelica et Karl vinrent rejoindre Nera et Jason.
NAÏMA : Qu’avez-vous fait ? On aurait dit qu’elle avait vu un fantôme ?
HARKER (s’efforçant de ne pas trop rire) : HAHA ! La pauvre elle va y penser à deux fois avant de fouiller dans la vie
des gens !
DAVIS : Mais bon sang, qu’est-ce que tu lui à fait ?
MORAK : Allez commander, que lui est-il arrivé ?
HARKER : Vous voulez dire qu’est-ce que je leur ai fait ?
Les trois amis ne comprirent pas l’allusion.
HARKER (justement à l’arrivée de Fenras en personne) : Vous ne vous êtes jamais demander pourquoi Tomkat et
Potin sont toujours ensemble ?
VELA : J’ai croisé Potin, elle n’avait pas l’air dans son assiette.
Alors Angelica lui conta toute l’histoire. Fenras afficha une mine dubitative et porta son regard sur Jason.
HARKER : Détend toi Fen. Je lui ai juste fait goûte à sa médecine à cette fouille-merde.
VELA : Jason…qu’est-ce que tu as fait ? Va falloir que je t’emmène au bureau pour t’interroger ?
HARKER : D’accord. J’ai bien farfouillé un peu, mais j’ai pas eu besoin d’aller bien loin. Elle et Tomkat sont ensemble
et ils attendent un bébé !
21-Spriggan
Ses pas l'avaient conduit jusque là, il n'était plus question de faire demi-tour! D'accord, Aldane allait probablement
l'accueillir encore plus froidement qu'hier, mais il espérait à tout le moins avoir la chance de lui présenter ses
excuses. D'une façon ou d'une autre, il serait fixé sur l'état de leur relation après cette visite.
Il prit une profonde inspiration et sonna.
=/\=
Aldane avait beau pesté contre l'exiguïté de ses appartements, cela ne l'empêchait pas de les arpenter
nerveusement. En se mordillant la lèvre inférieure, elle s'inquiétait pour Spriggan. La dame du sickbay lui avait
confirmé le départ du jeune homme de la clinique. Pourtant, il n'avait pas donné de nouvelle. Et si la plaie s'était
infectée? S'il s'était mis à faire de la fièvre? Et s'il gisait inconscient, quelque part? Pire: si T'Kar avait décidé son
éviction immédiate et qu'elle était déjà passé aux actes, de manière froidement expéditive? Sa "boule sur l'estomac"
s'alourdissait. Pourtant, Aldane n'avait pas faim. Il fallait qu'elle sache!
La porte signala la présence d'un visiteur tout juste comme elle allait se résoudre à contacter le département de la
sécurité pour prendre des nouvelles du jeune homme.
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— Entrez! Invita-t-elle en tâchant de calmer son angoisse.
L'huis s'écarta et elle vit Spriggan, souriant timidement, faire quelques pas pour entrer chez elle. Obéissant à une
impulsion irréfléchie, la zaldane se jeta au cou d'Elliot et le serra très fort contre elle.
Ils restèrent ainsi, dans les bras l'un de l'autre, à se regarder dans les yeux. Pendant quelques secondes, ils ne
songèrent absolument pas à rompre ce contact qu'ils avaient secrètement désiré et seul le son de leurs respirations
résonnait à leurs oreilles au rythme des battements de leurs cœurs.
— Je… dirent-ils à l'unisson.
Ils se sourirent.
— Voilà bien la plus belle chose qui me soit arrivée aujourd'hui, murmura Spriggan en se gavant du spectacle du
regard de la zaldane.
La remarque fit briller les yeux d'Aldane.
— J'espérais te retrouver, lui dit-elle d'une voix extraordinairement douce.
— C'est fait, lui répondit-il sur le même ton.
Ils demeurèrent ainsi encore un moment, puis se résolurent à se séparer l'un de l'autre.
— Tu veux bien rester avec moi un moment? demanda nerveusement Lenassy.
— Hmm… laisse-moi y penserbonc'estd'accordj'accepte! s'exclama-t-il très rapidement.
Aldane rit doucement. La jeune femme se lança alors fiévreusement dans un monologue effréné pour expliquer à
Elliot qu'elle était désolée de le recevoir dans des quartiers aussi peu aménagés, que ça n'était pas ce qu'elle avait
imaginé mais qu'elle manquait cruellement d'espace, etc, etc… cela dura plusieurs minutes.
Tout le long qu'elle parlait et se déplaçait dans l'espace confiné de ses quartiers, lui désignant telle ou telle contrariété
de gestes à droite et à gauche, Spriggan se tenait debout près de la porte. Il n'entendait plus un mot de ce qu'elle lui
racontait et n'avait d'ailleurs même pas remarqué l'endroit où il se trouvait. Il n'avait d'yeux que pour elle. Il admira
longuement sa silhouette oh combien gracieuse dans cette robe qui semblait avoir été dessinée dans l'unique but de
mettre ses formes en valeur et s'attarda à sa longue chevelure d'un blond parfait dans laquelle il aurait voulu se
perdre.
Au terme de sa plaidoirie, Aldane s'immobilisa et reporta son regard sur Elliot. Elle constatât combien il semblait
perdu dans son propre monde, et à quel point il semblait hypnotisé par elle. Cela la fit rougir légèrement.
— Tu n'as pas entendu un seul mot de ce que je viens de te dire, n'est-ce pas? Affirma-t-elle en s'approchant de lui.
— Pas un traître mot, répondit-il en la déshabillant du regard.
Écartant les bras, elle fit un tour sur elle-même, comme un ange s'apprêtant à prendre son envol. Sa longue
chevelure s'enroula doucement autour d'elle, faisant presque office de vêtement.
— Je te plais?
— Tu n'as pas idée à quel point!
— Oh! Mais que je suis bête! Tu es là depuis cinq minutes et je ne t'ai même pas invité à t'asseoir ni même offert à
boire! fit Lenassy, confuse. Je t'offre quelque chose?
Ce fût au tour d'Elliot de rougir d'un cran.
— C'est une question truquée? demanda-t-il avec un sourire en coin.
— Quelque chose à boire, gros bêta!
Il lui aurait bien répondu qu'il souhaitait désespérément s'abreuver à ses lèvres mais jugea que ça aurait été déplacé.
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Il accepta un simple verre d'eau fraîche sans préciser qu'il trouvait qu'il faisait rudement chaud chez elle, tout d'un
coup! Il la regarda aller au réplicateur. Bon sang! Le côté pile n'avait absolument rien à envier au côté face!
Spriggan réalisa enfin que la température ambiante n'avait absolument rien à voir avec sa sensation de chaleur. Son
esprit enflammé par la présence de la belle Aldane, le spectacle de son corps superbement désirable, et les
sentiments qu'il nourrissait de plus en plus pour elle… tout cela exacerbait son désir et boostait ses émissions de
phéromones.
"Ah, non! Bordel! Contrôle-toi, contrôle-toi! Si tu déconnes, tu vas devoir partir!"
Car il savait intérieurement qu'il n'accepterait jamais que ça se passe avec elle comme avec toutes les filles sans
importance qu'il avait l'habitude de séduire. À la différence des autres, Aldane comptait! Elle avait su pénétrer
jusqu'à l'âme d'Elliot, un endroit que peu de gens pouvaient se vanter d'avoir atteint.
"Comment c'est déjà, leur connerie vulcaine? IDIC? Diversité infinie dans… oh, merde, c'est pas ça! Et si j'essayais
haré haré!!! Bon sang, faut que je me calme!"
Lenassy revint vers lui avec son verre d'eau à la main.
— J'étais venu m'excuser, Aldane. Je… je regrette d'avoir pété la gueule de Tomkat, bafouilla-t-il. Enfin, non, je
regrette pas. Enfin, si, je regrette de l'avoir fait devant toi. Je suis navré que tu te sois attiré ces ennuis par ma
faute. J'aurais du réfléchir mais j'en étais incapable. Euh, non, je suis capable de réfléchir, bien sur, qu'est-ce que je
raconte! Mais cette pétasse de Potin m'a complètement black-outté [hp: black-outter, verbe du 1er groupe, deuxième
porte à droite en sortant de l'ascenseur] le cerveau avec ses insultes et je…
Avec le regard éperdu de tendresse, Aldane approcha de Spriggan et passa sa main libre sur la nuque du jeune
homme pour l'attirer vers elle. La dernière phrase d'Elliot mourut sur les lèvres savoureuses de la belle alors qu'elle
l'embrassait tout doucement.
Le baiser qu'on aurait pu qualifier de chaste dura plusieurs secondes durant lesquelles Aldane abaissa
inconsciemment le bras droit, laissant le contenu du verre s'écouler sur le tapis.
Lorsqu'elle le libéra enfin, il demeura un instant les yeux fermés, immobile.
— Hey, reste avec moi, lui souffla-t-elle.
— Merci, lui dit-il simplement. J'avais besoin de ça.
Étrangement, alors qu'Elliot redoutait que le baiser n'ait achevé de l'enflammer, il réalisa avec plaisir que ça lui avait
apporté un calme incroyable. Comme si tous les ennuis qu'il avait vécus depuis le matin avaient été effacés ou,
mieux encore, n'était jamais arrivés.
— Tu veux qu'on s'assoit? demanda Aldane. Nous avions tous les deux des choses à nous dire, je crois.
=/\=
— Deux heures? S’étonna Denis Roy. Vous voulez que l'Indépendance soit prête à partir dans deux heures? C'est
impossible! Rien qu'au niveau logistique, il y a un tas de choses à faire! Enfin, ça n'est pas à vous, ancien officier
des opérations, que je vais apprendre ça!
— Je le sais bien, Denis, concéda Tellan, mal-à-l'aise. Mais le réapprovisionnement de l'Indé devra attendre votre
retour. Après tout, ce bâtiment est conçu pour pouvoir voyager durant des années sans faire escale.
— Il est peut-être conçu pour mais n'a pas été préparé en conséquence, observa très justement T'Kar.
Ils étaient à nouveau réunis dans le ready room du capitaine pour finaliser les ordres de mission.
Matolck avait pâli à la mention de la courte échéance du départ. Il songeait avec inquiétude à sa cargaison de
Talisker qui attendait dans l'un des cargos bay de Lys 5.
— Vous devez partir maintenant pour être à temps au rendez-vous avec la navette carcérale, expliqua Alyécha. Ce
n'est qu'un bref aller-retour. Vous serez à nouveau accosté à Lys 5 dans 48 heures.
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Il n'y avait plus rien à ajouter. Rox et Kcinna se levèrent pour prendre congé.
Juste avant qu'ils ne quittent, Matolck pris Tellan à part et l'entraîna un peu à l'écart.
— Juste un moment si vous le permettez, amirale, fit-il à Alyécha qui acquiesça d'un sourire.
Baissant la voix, Mat parla à son vieil ami d'un ton d'inconfort.
— Il y a à bord un dénommé William Hogan. Un lieutenant qu'un gratte-papier de Starfleet nous a collé sur le dos.
Tellan plissa le regard, visiblement intéressé.
— Il se balade partout, interroge tout le monde à propos de tout et de rien, et on a pas le droit de lui demander
l'heure. On s'est fait dire d'obéir et de collaborer sans poser de question.
— Ben faut obéir sans poser de question alors! répliqua Tellan, taquin.
— C'est ce qu'on fait mais… enfin bon, je me suis dit que maintenant que tu fais partie des huiles, tu pouvais peutêtre te renseigner…
Rox sourit affectueusement et posa une main sur l'épaule du semi-vulcain.
— Je le connais, Hogan. C'est moi que te l'ai envoyé.
L'expression de Matolck à cet instant valait largement celle qu'il aurait eue s'il était rentré chez lui en trouvant sa
femme au lit avec Klemp.
— Alors, ajouta Rox gentiment, le gratte-papier te demande simplement de laisser Hogan faire son boulot.
Tellan marcha vers la porte mais se retourna avant de sortir.
— Tu m'as toujours fait confiance, Mat. Pourquoi t'arrêterais maintenant?
Les amiraux sortirent et se dirigèrent vers le sas menant à la station.
Encore sous le choc, Matolck n'entendit pas T'Kar lui suggérer de commencer les préparatifs de départ.
22- Naïma
SICKBAY
Imelda Potin entra en courant et en criant dans le sickbay...
POTIN : Au secours... qu'on m'aide... je meure...
L'Enseigne Desroches qui était de garde se précipite vers elle...
DESROCHES : Que se passe-t-il ? Allez calmez vous...
Vérifiant qu'aucune blessure n'est apparente, elle aida Imelda à s'installer sur le biobed... tandis que le Dr. Ivafaire,
que les cris avait alerté, s'avance vers Potin...
IVAFAIRE : Que vous arrive-t-il Lieutenant Commander ?
Potin accepte l'aide tandis que Desroches commence à l'examiner...
POTIN : C'est horrible, on m'a violée... Mon bébé... est ce que mon bébé va bien ?
IVAFAIRE : On vous a violé ???
En disant ses mots, Ivafaire regarde Desroches qui se mets a scanner intensément certaines régions plus particulière
de l'anatomie de la femme en pleine crise d'hystérie... Elle prend violemment la main de Desroches pour la remonter
au niveau de sa tête...
43/446
POTIN : ON A VIOLÉ MA TÊTE....!!!!
Le Dr. Ivafaire... bien qu'il a vu plusieurs choses au cours de sa carrière ne s'attendait pas à celle là et n'est pas tout à
fait sure de comprendre.... Puis devient légèrement rouge à la pensée de l'acte sans nom....
IVAFAIRE : Est ce que vous connaissez l'auteur de ce viol ?
POTIN : CETTE POURRITURE DE HARKER !!!! ET EN PLEIN MILIEU DU NONAME EN PRIME !!!!
Les yeux de Desroches et de Ivafaire s'agrandir soudainement .... Déjà que l'incident était des plus rares... mais en
public en plus... et ce sans que personne n'intervienne... cette fois ci Ivafaire bredouilla carrément...
IVAFAIRE : En plein NoName ?????
POTIN : C'est ce que je me tue à vous dire...
IVAFAIRE : Et vous avez des témoins ?
POTIN : Tout plein... Premièrement il était en train de conclure un marché pour obtenir les services sexuels de cette
poufiasse de Morak qui n'a rien fait... puis il y avait Pierre qui était au bar... et j'ai cru voir Davis avec la poupounne du
département des sciences...
IVAFAIRE : Blondie ?
POTIN : Non l'autre...
Ivafaire réfléchit quelques instants...
IVAFAIRE : Aldane ?
Potin s'impatientait devant tant de question inutile...
POTIN : NON NON.... NAILA.. ou NAKILA ... ou NA ché pas quoi....
IVAIRE : La Cmdr Naïma ?
POTIN : C'est ça... enfin… je pense qu'elle fait aussi parti du Harem à Spriggan... en tout cas elle était là aussi...
Desroches avait eu le temps de terminer les examens...
DESROCHES : Le bébé va bien... son rythme cardiaque est un peu élevé mais je pense que l'adrénaline de "maman"
y est pour quelques choses... Par ailleurs je ne vois aucun traumatisme à la bouche ou à la gorge...
Potin n'écouta plus à partir du moment ou elle sut que son enfant était hors de danger... mais le Dr. Ivafaire lui décida
de prendre des actions concrètes...
IVAFAIRE : Installée Mme Potin dans une des salles d'observation vide... je veux le calme le plus complet... et je la
veux sous monitoring constant… on ne sait pas, elle va peut être nous faire un choc vagual après ce qu'elle a subit...
De mon coté je communique immédiatement avec le chef de la sécurité... On a un homme dangereux à bord et il faut
l'arrêter... sans compter la non assistance à personne en danger de la part des spectateurs du NoName... Mme
Potin... me donnez vous la permission de contacter les autorités du vaisseau pour décrire votre agression
POTIN : ABSOLUEMENT....
DESROCHES : Ne vous inquiétez pas, je prendrai soin de la future maman....
Ivafaire se dirigea vers son bureau et communiqua avec Vela...
IVAFAIRE : *tap* Dr Ivafaire to Cmdr Vela
VÉLA : A l'écoute...
44/446
IVAFAIRE : Je vais avoir besoin de vous au sickbay... j'ai ici une patiente qui s'est fait attaquer par un autre officier...
nous avons besoin de faire une déclaration et que vous arrêtiez ce monstre...
VÉLA : On my way...
Décidément la journée n'arrêterai jamais se dit Vela qui quitta le NoName pour se diriger vers le sickbay...
Arrivé sur place, le Dr. Ivafaire l'invita à prendre place dans son bureau...
IVAFAIRE : Écoutez Cmdr... J'ai ici une patiente qui a vécu une horrible expérience aujourd'hui... elle a été violée...
Vela se redressa sur sa chaise...
VÉLA : Un viol sur l'indépendance ????
Ivafaire se mit alors en devoir de lui raconté ce que sa patiente lui avait dit... plus Ivafaire parlait, moins Vela ne
comprenait... il finit par prendre la parole au bout du récit du Docteur...
VÉLA : Je pense qu'il y a un énorme malentendu Dr. Ivafaire... J'arrive justement du NoName ou Miss Naïma m'avait
appeler pour une altercation entre Potin et Harker... et j'ai croisé Miss Potin à mon arrivée qui sortait en courant... Je
vous assure que M. Harker n'a pas touché un cheveu de Miss Potin... Il m'a raconté ce qui s'était passé...
Ce fut au tour du Dr. d'écouter attentivement les propos de Vela... au début il faut soulagé de comprendre qu'il n'y
avait pas eu agression physique sans que personne n'interviennent et que le viol était en fait une expression pour
signifier que Harker était entré dans les pensée de Potin puis devint de plus en plus grave...
Lorsque Vela eut fini son récit des évènements, Ivafaire resta quelque secondes muet puis dit très calmement...
IVAFAIRE : Vous allez quand même l'arrêter j'espère ?
Vela eut un moment de surprise...
VÉLA : L'arrêter ??? Mais pourquoi...
IVAFAIRE : Vous n'êtes pas sans savoir que l'incursion mentale sans permission est illégale ... Il y a eu viol ici... et
même si ce n'est pas physique, j'ai présentement dans mon sickbay une patiente qui a eu des répercutions physiques
et même des tords fait à l'enfant qu'elle porte par le stress qu'a provoquer cette intrusion mentale... J'exige que vous
preniez la plaignante au sérieux... sinon j'informe immédiatement le Capitaine Matolck que j'ai des sérieux doute sur
l'impartialité de son chef de la sécurité...
Ivafaire avait dit ses mots le plus calmement du monde mais sur un ton qui ne laissait aucune interprétation sur ses
pensées...
23-Lenassy
== Commandeur Fenras Vela ==
VELA : elle va s'en remettre ?
L'andorien est légèrement inquiet, en l'espace de quelques heures il avait eu à gérer un flot ininterrompu de plaintes en
tout genre et celle-ci, c'était décidé, ce serait la dernière pour aujourd'hui.
Imelda se débattait sur le biobed et deux infirmières étaient venues prêter main forte à Ivafaire qui avait fort à faire (HP
: pardon !)
Il attendait à l'entrée de la salle dans laquelle le médecin avait décidé d'isoler l'officière au moins le temps qu'ils aient
tous ses relevés et aussi parce qu'il avait les oreilles irritées de la voix criarde qui ne semblait pas perdre en volume.
Puis brutalement un silence bienheureux. Presque inquiet Fenras se penche pour apercevoir Imelda qui semble dormir
comme un bébé. Les bras croisés sur la poitrine, il se détend légèrement. Il n'a pas le droit de le faire plus, n'importe
quoi pouvait arriver à bord.
Il observe le médecin qui donne des instructions à l'une des infirmières puis rassuré visiblement sur le sort de sa
patiente ressort de la pièce et se dirige vers le chef de la sécurité.
45/446
L'andorien repère les lèvres qui se serrent à son approche, les yeux qui dévient un instant seulement, allons bon,
qu'est-ce qu'il se passe encore.
IVAFAIRE : bien pour le moment tout est rentré dans l'ordre. Mais j'espère que vous agirez. Il est intolérable qu'on
laisse faire de telles choses à bord ! Vous ne vous rendez pas compte, j'ai la charge de plus d'un millier de patients et
le jour où on donnera au sickbay les moyens, nous pourrons prévoir de prévenir plutôt que de guérir. Parce que, entre
nous, c'est quoi cette histoire avec ce jeune homme dans votre département ? Je suis certain que ça n'est pas la
première fois que je le vois. C'est dans l'exercice de ses fonctions qu'il a failli perdre l'usage de sa main ?
VELA : oh là. De quoi vous parlez Docteur ?!
Ivafaire fait un geste vers Lauranna qui accourt avec un padd.
LAURANNA : bonjour Commandeur.
VELA : Mademoiselle.
Il évite de croiser trop longtemps le regard de la demoiselle en question qui sourit gentiment. Ivafaire consulte les
données enregistrées.
IVAFAIRE : voilà, c'est là, quelques heures auparavant il était déjà venu ici pour se faire recoudre. Qu'est-ce qui se
passe sur ce vaisseau en ce moment ?! Et il y en a d'autres en plus, d'autres services aussi. Vous devriez peut-être
préconiser à vos hommes un passage régulier chez le conseiller et en prime avec un stage pour lutter contre la colère
et de la méditation. Je comprends bien que l'exercice de vos fonctions vous demande un peu plus de tonus que dans
d'autres services, mais à ce point, autant déménager la sécurité dans le sickbay, comme ça il y aura les déplacements
en moins à faire.
Il fixe du regard Fenras tendant machinalement le padd à Lauranna qui s'éclipse silencieusement.
L'andorien a monté d'un cran sur la longue échelle d'inquiétude qu'il gravit contre son gré. Est-ce qu'il lui ferait des
reproches là ? Il n'a pas le temps de la réflexion, il lui faut tuer ce mouvement d'humeur dans l'oeuf.
VELA : voyons docteur, tout est sous contrôle. Tout le monde est un peu nerveux, ce que je comprends. Mais la
fonction première du département est la sécurité du personnel. Par contre, si vous notez d'autres cas que vous jugez
suspects, j'aimerais que vous m'en dressiez la liste. Et puis, j'aimerais avoir en fin de semaine des statistiques précises
des entrées et sorties du sickbay. Cela permettra de mettre en place des procédures supplémentaires.
Le visage d'Ivafaire se détend. Le chef de la sécurité abondait dans son sens. Il ne s'était pas trompé, quelque chose
d'insolite était en mouvement amenant à fleur de peau la nervosité et l'énervement.
IVAFAIRE : bien nous allons extraire les données nécessaires à un traitement rapide. Je vous remercie d'être passé.
VELA : tenez-moi informé de l'état de votre patiente...
IVAFAIRE : oui bien sûr.
Puis le docteur accompagne l'andorien jusqu'à la sortie. Fenras salue de la tête l'homme, le panneau du sickbay se
referme derrière lui. Il reste un instant sans bouger, puis esquisse un sourire, plutôt satisfait du désamorçage en règle
auquel il vient de procéder.
D'un pas décidé il entreprend de retourner dans son bureau lorsque son combadge s'active. Il appuie pour
l'enclencher.
VELA *com* : Oui ?!
ORDINATEUR *com* : Tout le personnel à son poste pour les préparatifs de départ. Le vaisseau doit être prêt à quitter
l'arrimage dans 1h30.
Bien, il réfléchirait à ces histoires plus tard, il part d'un pas rapide et croise déjà le personnel qui a activé le
mouvement.
== Commandeur T'Kar ==
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T'Kar : Passerelle (vérifier le plan de route pour se concentrer sur autre chose)
La première officière était assise dans le fauteuil du capitaine. Il lui avait jeté un regard bizarre lorsqu'elle était venue
rejoindre son poste. Elle avait été l'une des premières à être informée de leur départ imminent et s'il y avait une chose
qu'elle n'aimait pas, c'était l'improvisation constante. Depuis l'entrevue avec les amiraux la tension était palpable. Pas
comme si elle avait été provoquée par leur présence, mais bien parce que leur présence était la cerise sur le gâteau,
ou la goutte qui fait déborder le vase.
Elle a consulté le plan de vol. Il n'y avait rien de très compliqué, juste l'annonce de quelques débris sur sa route, l'un
des containers d'un transporteur qui avait dû être largué à la suite d'une avarie. Il suffisait de contourner la zone pour
rester à une vitesse constante et être dans les temps impartis. Mais franchement envoyé l'Indépendance pour un
transfert de prisonniers.
Elle écrase son poing sur l'accoudoir. Trop de tension, puis une lueur d'espoir. Nera. Nera qui s'était montrée ferme et
professionnelle. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir la protéger, peut-être parce qu'elle n'avait pas su le
faire auparavant. Elle se mord la lèvre, puis essaye de penser à autre chose, leur départ par exemple, oui, il fallait que
tout soit parfait, ne serait-ce que pour se dire que tout irait bien durant cette espèce de mission pour débutants. Et
puis, qu'est-ce qu'il fichait Matolck ? Pourquoi fallait-il, presque au moment du départ, qu'il s'absente pour aller vérifier
quelque chose dans la salle de chargement. Comme s'il n'y avait pas assez de membres d'équipage en charge de ce
poste pour qu'il "aille filer un petit coup de main" oui, c'était ce qu'il avait dit. Il avait cet air bizarre qui l'inquiétait,
comme s'il avait eu une idée tordue.
Bon, penser au départ, de toutes les manières elle n'avait pas besoin de lui pour préparer le départ. Elle attendait pour
l'heure les rapports des départements. Il avait fallu en catastrophe rappeler le personnel qui avait obtenu la permission
de descendre sur Lys5 et ils ne pouvaient décemment pas partir sans que tout l'équipage et le personnel soient à bord.
== Capitaine Matolck ==
Matolck était une véritable bombe en attente d'explosion, le temps s'égrenait sans lui. Qu'est-ce qu'ils fichaient avec sa
livraison, ça n'avait pas de sens de prendre tout ce temps pour livrer quand même, ça n'était pas si difficile. Il était
impatient, il s'était senti agressé dans ce qu'il avait de plus cher... à égalité avec Cassandra. Un instant il fait un tour
sur lui-même, il avait toujours eu cette impression bizarre qu'elle allait surgir dès qu'il pensait à elle.
MATOLCK : bon, alors, qu'est-ce qu'il reste encore ?! Vous avez laissé une place libre pour la livraison 5589LV30 ?
CREWMAN : oui Capitaine, voilà elle sera positionnée ici. Nous aurons tout à temps et les hommes mettent les
bouchées doubles.
MATOLCK *esquissant un demi-sourire* : c'est bien, c'est très bien ça.
Puis, enfin, l'annonce qu'il attendait, livrée en navette particulière sa précieuse cargaison arrive. Tout excité Matolck
suit pas à pas les manoeuvres de déchargement qui, étrangement, ne sont en définitive pas si longues que ça.
Maintenant le vaisseau pouvait se désarrimer, tout était paré !
Il attendra que les hommes partent s'occuper de l'arrivée du matériel demandé par les opérations pour s'isoler sur son
aire personnel de déchargement. Après une micro-seconde d'hésitation, il s'attaque à la protection du container,
l'ouvrant pour en extraire une boîte d'environ 50 sur 50. Il ahane un instant pour la dégager de là, puis, la mettant sous
son bras, il repousse la protection pour que le reste soit protégé et après un bref salut disparaît.
Maintenant il était prêt pour aller sur la passerelle et puis Von Ewig n'avait qu'à bien se tenir, par contre il en réservait
une à Rox avec ces subtilités à la c... de lui foutre dans les pattes des hommes qu'il ne contrôlait pas.
== Quartiers 1259 - Pont 12 ==
Elliot avait dû retirer ses chaussures qu'il avait laissé près du panneau d'ouverture. Il avait souri quand Aldane lui avait
brusquement dit "Non" quand il avait voulu la rejoindre sur le canapé confortablement.
LENASSY : pas sur le tapis. J'ai mis un temps certain pour le faire parvenir ici et puis, tu vas voir, pieds nus, c'est
agréable, on dirait qu'on marche sur le sable.
Puis, il avait fait les quelques pas qui le séparaient d'elle, n'osant toutefois pas la toucher, pour ne pas briser cet
ensemble parfait et le bien-être qu'il ressentait.
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Et puis, elle s'était mise à parler, il buvait ses paroles et aimait le mouvement que faisaient ses lèvres. Non, attends
mon gars, qu'est-ce que t'avais dit ?! Oui... zen, une rivière coule lentement, la surface de l'eau miroite l'espoir d'un
jour nouveau, tranquille mon gars, pas s'énerve.
LENASSY : ... et puis tu sais, probablement que j'aurais fait la même chose, mais je ne l'aurais pas frappé lui, c'est
elle... quelle sale bonne femme alors ! Qu'est-ce qui lui prend d'être comme ça ? Ça n'a pas de sens.
Il ressent toute la tension qui habite sa charmante partenaire, puis elle secoue la tête comme pour se débarrasser d'un
quelconque insecte qui serait venu s'égarer dans sa chevelure.
SPRIGGAN *qui se rend compte qu'il avait la gorge serrée tout du long* : hum... *Il se racle la gorge un instant
seulement.* De toutes les manières ça ne va pas se passer comme ça, tu as vu la réaction de T'Kar ?
Aldane sourit maintenant franchement repensant à la scène, maintenant qu'elle est, elle-même, un peu calmée.
Remuer du mobilier pendant une heure ça défoulait correctement.
LENASSY : oui, en fait... pauvre Miss Potin. Ah, sinon j'ai fait connaissance avec mon voisin. Nous avons un autre
conseiller à bord, c'est aussi un trill. Il a l'air gentil.
SPRIGGAN : ah oui, les voisins, je ne me suis jamais enquis de mon voisinage, mais il est vrai... j'ai eu quelques
soucis... je n'allais pas souvent dans mes quartiers.
LENASSY : oh, trop petits aussi ?!
SPRIGGAN : euh... trop encombrés on va dire.
LENASSY : sinon, tu as vu Nera tout à l'heure dans le bureau du commandeur Vela ?
Elle sourit au souvenir de la jeune fille tendue comme une flèche prête à partir et frappée.
SPRIGGAN : oui, elle saura bien se défendre.
LENASSY : elle était adorable.
Elle regarde pensive la paroi sur laquelle est suspendue le présent d'Elliot.
== La future salle de stockage pour Aldane et ses aquariums ==
Il mangerait bien quelque chose. Il avait grignoté un autre gâteau enroulé dans son papier bruyant argenté, mais ça ne
suffisait pas. Il lui fallait un bon vrai repas avec quelque chose de consistant. Depuis combien de temps maintenant ?
Deux, trois jours. Il pose la main sur son ventre qui émet des gargouillements de plus en plus pressants.
Il se remet sur ses pieds puis se dirige vers la porte, elle s'ouvre sur Frisssk qui baisse la tête pour regarder Ritink qui
lui la lève, presque plié en arrière pour pouvoir le faire.
AL'ARM : j'ai faim Monsieur.
FRISSSK : vous retournez là-dedans, je vais vous chercher à manger.
AL'ARM : ah... je peux pas choisir ?
La physionomie de Frisssk reste imperturbable. Il se tient silencieux un moment, puis, jugeant leur invité pas très
dangereux, a priori, il hausse les épaules.
FRISSSK : on va aller au restaurant, le réplicateur est libre d'accès et on revient ici avec ce que vous voulez. Mais j'en
avise mon chef avant.
Pas commettre d'impair. Frisssk avait un respect certain pour la hiérarchie, il voulait bien se montrer serviable, mais il
ne dépasserait jamais l'ordre donné. Et pour le moment, Fenras lui avait dit de le remettre là où ils l'avaient trouvé et
de rester avec lui. Il émit une espèce de grognement, réfléchissant à un détail sur les ordres. Il lui avait été dit de rester
avec Ritink, mais il ne lui semblait pas certain qu'on lui ait dit de l'empêcher de sortir de la pièce.
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Il active son combadge, se mettant ostensiblement au garde-à-vous.
FRISSSK *com* : Frisssk à sécurité, j'emmène notre invité au Noname.
DUNKIN *com* :quoi ? T’es toujours là-bas ? Sur mon planning tu t'occupes de sécuriser le retour des retardataires !
FRISSSK *com* : mais on m'a pas relevé.
DUNKIN *com* : Frisssk tu as encore sauté ton temps de repos... Bon, j'envoie quelqu'un d'autre sur les civils, toi, tu
prends ton temps de repos... tu pourrais tenir compagnie à notre invité ?
Le caïtan baisse la tête, observant Ritink, qui les mains dans le dos, comme pour se retenir de pas toucher, à le nez
presque sur le clavier de commande de la trappe d'ouverture de la paroi.
FRISSSK *com* : d'accord, je serais au NoName pour le moment.
La communication s'interrompt.
FRISSSK : bon, tout s'arrange, on va aller manger et moi aussi.
Il s'éloigne à grands pas et Ritink est obligé de courir derrière jusqu'à ce que le félinoïde se rende compte de
l'inadéquation de leurs pas. Il ralentit, l'attend, puis repart.
Leur arrivée au NoName, outre le passage de coursives plus peuplées, où le personnel se retourne sur l'étrange
couple, ne passe pas inaperçue. Pierre a un mouvement de défense et range rapidement sa collection de miniatures
en porcelaine, qu'il nettoyait avec amour. Il glisse le plateau sous le comptoir.
Frisssk se dirige vers le réplicateur puis va passer un certain temps, d'un calme olympien du soldat habitué à attendre
les ordres de la hiérarchie pour se mettre en mouvement, à attendre que le petit homme ait fait ses choix.
Ritink est tout excité, en plus de trouver d'une commodité sans faille le réplicateur, il adore les jolies couleurs d'un
menu proposé sur le côté. Visiblement quelqu'un a fait intégrer de nouvelles recettes et une photo des plats est en
montre, alléchant le futur convive.
Frisssk lui a tendu un plateau et pendant que lui même se réplique un plat tenant bien au corps, le zwikien est passé à
plusieurs entrées et plusieurs plats complets avant d'enfin choisir ses desserts que Frisssk a dû accueillir sur son
propre plateau.
L'officier regarde d'un air étonné la quantité de nourriture que le zwikien s'apprête à faire disparaître.
FRISSSK : vous êtes sûr que vous allez manger tout ça ? Vous n'allez pas être malade au moins ?
Il se souvenait avec précision d'une soirée entre officiers de la sécurité où il avait dû prendre en charge un Donut raide
défoncé au sucre et passablement imbibé. Il n'avait aucune envie de renouveler l'exploit.
AL'ARM : c'est pas pour tout de suite... pas tout, c'est pour plus tard, pour pas manquer.
La simple confession du passé de manque du zwikien n'altère pas le calme de l'officier.
FRISSSK : le réplicateur ne change pas de place, il sera toujours là.
AL'ARM : ah !
Il pose son plateau sur la table qu'ils ont choisi puis fait le tri dans son épicerie du jour pour mettre dans son sac tout
ce qui est consommable plus tard, bien enveloppé dans leur protection. Puis il s'installe enfin, faisant face à Frisssk.
Pendant un moment il ne peut détacher ses yeux de son plateau, ouvrant les opercules et libérant les parfums
prometteurs de ses trouvailles alimentaires. La première bouchée lui est ravissement, et c'est dans une lenteur infinie
qu'il mastique avec délice une nourriture jusque là inconnue. Une larme se forme glissant sur sa joue rasée de frais.
24-Spriggan
Les évènements récents du NoName (quel étrange endroit, décidément!) avaient forcé l'interruption de la séance de
formation de Nera. De toute façon, tout le personnel du navire venait d'être instruit de se préparer à un départ
imminent, ce qui signifiait qu'elle devait rejoindre son coéquipier afin qu'ils obtiennent leurs instructions.
49/446
Cela, bien évidemment, était conditionnel à l'état de santé d'Elliot, qui n'avait pas donné de nouvelle depuis qu'il avait
quitté l'infirmerie. Après avoir interrogé l'ordinateur, elle apprit avec plaisir qu'Elliot était chez Aldane. "Chic! pensa-telle. Je pourrai les voir tous les deux à la fois!" Elle se mit donc en route avec entrain, se retenant difficilement de
gambader.
=/\=
La visite chez l'enseigne Lenassy, bien qu'écourtée par l'appel général, s'était avérée thérapeutique pour Elliot. Il ne
s'était pas senti si bien quelque part depuis… oh, il ne se rappelait plus quand. Il avait finalement pris le temps
d'admirer le petit miracle d'organisation et d'aménagement qu'avant accompli la belle en si peu de temps et n'avait
pas manqué de la complimenter à cet effet, ce qui eu l'air de ravir l'intéressée.
Il n'avait pas omis non plus de lui témoigner son appréciation de sa sélection vestimentaire, à sa façon bien à lui: "Tu
es magnifique. Mais je te préviens, en tant qu'officier de sécurité, si tu continues à me recevoir chez toi avec de telles
merveilles sur le dos, je vais devoir t'imposer un permis de port d'arme. Tu es dangereusement sexy, Aldane"
— Si tu trouves ça trop aguichant, la prochaine fois je te reçois sans rien du tout! Plaisanta-t-elle.
Une série d'images explosa dans la tête d'Elliot, comme une onde de choc consécutive à la décharge électrique qui
venait de lui parcourir l'échine.
Une voix retentit alors dans les haut-parleurs du système de communication tandis qu'on frappait à coups de poing à
la porte: "Ici la sécurité de l'Indépendance! Ouvrez, vous êtes cernés!"
Aldane et Elliot s'observèrent en souriant. Ils avaient reconnu la voix de leur jeune amie. Lenassy alla ouvrir tandis
qu'Elliot remettait ses chaussures. Il achevait d'ailleurs de le faire lorsque Nera entra.
— Tu te rhabilles drôlement vite, dis donc! Lui lança-t-elle candidement.
Spriggan lui tira la langue.
— Miss Lenassy exige qu'on retire nos godasses avant de marcher sur son tout nouveau tapis, crut-il bon de justifier.
— On nous attend au bureau chef, annonça Morak en pointant un pouce par-dessus son épaule.
Spriggan se tourna vers Aldane, ne sachant pas vraiment comment prendre congé. Tout ce qu'il parvint à accomplir
fut d'échanger quelques banalités avec la zaldane, qui au final était aussi mal à l'aise que lui. La situation eue paru
claire pour un œil exercé: ils n'avaient pas envie de se séparer et ignoraient comment le faire.
Comme elle assistait aux au revoir maladroits de ses amis, Nera eu l'idée de suivre les conseils de Harker et de
s'offrir un petit exercice sans malice. Se détendre… ouvrir son esprit… ne pas se laisser distraire par leur vue (ce
qu'ils peuvent être beaux tous les deux!), penser à la vue des étoiles. Sentir… Ressentir… tâcher de percevoir leurs
émotions.
BANG!
BANG! BANG!
Nera sursauta! Sa vue se teinta de rouge et elle vit ses amis étonnés se tourner vers elle comme si elle les percevait
au travers d'un filtre magenta.
— Tu vas bien, Nera? fit Aldane en posant ses mains sur les épaules de sa camarade. Tu as l'air tout drôle!
Morak cligna des yeux plusieurs fois. Sa vision était redevenue normale.
— Vous… avez entendu ça? demanda-t-elle nerveusement.
— Entendu quoi? dit Spriggan en s'approchant à son tour.
— Les détonations! C'était assourdissant! Impossible que vous ne les ayez pas entendues!
Un mélange d'étonnement et d'inquiétude se peignit sur les visages de Lenassy et Spriggan.
50/446
— Voyons! Je ne suis pas folle! Il y a eu trois détonations à l'instant! Vous étiez perdus dans votre bulle ou quoi?
Par acquit de conscience, Elliot tapa son combadge et demanda à la sécurité si on signalait un problème dans leur
secteur, relativement à des bruits de détonation.
Kabal lui répondit qu'aucun problème n'avait été signalé dans leur coin ou ailleurs mais qu'il allait y avoir une
explosion (de fureur) s'ils ne se pointaient pas tous les deux immédiatement à la sécurité car ils étaient en retard.
— Allez viens, fit délicatement Spriggan en attrapant sa collègue par le bras. On réglera ça plus tard.
Ils sortirent ensuite, Nera se laissant emmener un peu comme un zombie et Elliot faisant un dernier clin d'œil à
Aldane.
— Prends soin d'elle! Lui demanda Lenassy. Et… et de toi, acheva-t-elle derrière la porte déjà refermée.
25-Spriggan
Tandis que Nera Morak écoutait attentivement les instructions que Kabal avait pour leur équipe, Spriggan en profita
pour aller frapper à la porte du bureau du "big boss" de son département.
— 'trez! Invita distraitement l'andorien sans lever les yeux de sur les padds qu'il consultait.
Lorsqu'il aperçut Elliot venir à lui, une certaine tension déforma légèrement ses traits. [Hp: j'ai faillit écrire qu'il
développa un tic lui faisant sauter l'œil, vous savez, genre "Clouseaaaaaauuuuuuuu!" ça aurait été marrant mais
bon… ]
— Je peux vous parler un instant, chef?
Vela hésita. Il avait eu son lot d'embêtements depuis deux jours, en bonne partie dus au sous-lieutenant. Mais son
professionnalisme proverbial et son légendaire dévouement pour ses hommes prit le dessus, comme toujours. D'un
geste de la main, il invita Elliot à s'asseoir.
— Voilà, je… commença Spriggan avec hésitation en posant le bout des fesses sur le rebord de la chaise. Je me
demandais pourquoi vous avez fait ça.
Allons bon! Encore quelqu'un qui avait des reproches à lui faire. Et une fois encore, il sembla à Fenras qu'on prenait
un malin plaisir à lui parler à demi-mots.
Mais Spriggan poursuivit sans avoir à être invité à plus de clarté.
— Je sais que vous avez eu une engueulade monstre avec T'Kar hier…
— C'est Miss T'Kar, ou commandeur T'Kar pour vous, monsieur Spriggan! Corrigea fermement Vela.
— Très juste. Toujours est-il que je sais pertinemment qu'elle vous a sauté à la figure à cause de moi.
L'andorien n'apprécia pas la figure de style qui lui rappelait un peu trop la gifle qu'il avait reçue de la F.O.
Distraitement, il caressa sa joue du bout des doigts mais Spriggan ne sembla rien remarquer.
— Vous avez du lui tenir tête, parce que j'étais toujours en équipe avec Nera ce matin. Puis il y a eu l'incident au
NoName et la nouvelle crise de T'Kar…
— Miss T'Kar!
— … ou commandeur T'Kar, oui c'est ça… et je suis toujours avec Morak. Ce qui signifie que vous avez du en chier
pour…
— Votre langage, Spriggan!
— Pardon! Bref, vous avez du en arracher — en arracher, c'est mieux, non? — pour convaincre T'K… le
commandeur T'Kar de faire les choses à votre façon. Alors, voilà, je ne comprends pas pourquoi vous vous êtes
donné tout ce mal pour moi.
Vela eut un sourire discret.
51/446
— Vous croyez vraiment que j'ai fait ça pour vous, Spriggan?
Elliot fut pris au dépourvu. Avait-il été trop prétentieux? Car en effet, il n'avait pas imaginé une seconde que son
patron ait pu avoir d'autres motifs pour tenir tête à la houri.
— De toute manière, je n'ai pas à vous offrir de justification, sous-lieutenant. Est-ce que ce sera tout?
Elliot n'avait pas prévu cette discussion de cette manière. En deux coups de cuillère à pot, le chef de la sécurité
venait de lui dire 1) qu'il n'était pas aussi important qu'il le pensait, 2) qu'il n'appréciait pas particulièrement cet
échange et qu'il avait hâte qu'Elliot vide les lieux, et 3) de se mêler de ses affaires à l'avenir.
Spriggan regretta amèrement le petit moment de paradis que lui avait offert Lenassy plus tôt et se mit à souhaiter y
être encore, juste pour se débarrasser de l'horrible sensation qu'il éprouvait en ce moment, celle d'être un looser fini.
Au moins, lorsqu'il regardait les yeux d'Aldane, il y voyait le reflet d'un Spriggan plus fort, plus intelligent, plus
important.
— Euh, balbutia-t-il en se levant, oui, ce sera tout… Merci pour votre temps, chef.
Elliot allait atteindre la porte lorsqu'il se retourna:
— En fait, non, ça n'est pas tout, chef!
Vela se croisa les bras en se calant dans son fauteuil.
— Peu importent vos motifs pour avoir tenu tête à T'Kar [Vela fit la moue mais ne corrigea pas une 3e fois le
manquement au décorum] il demeure que vous avez été obligé, quelque part dans le processus, de prendre ma
défense et d'affirmer votre confiance en moi. Je tenais à vous en remercier, monsieur, et à vous assurer que je ferai
tout pour m'en montrer digne.
Décidément, songea Fenras, ce petit arrive toujours à me surprendre. Plutôt imprévisible à sa façon!
— J'aimerais, si vous avez le temps, vous montrer quelque chose.
— Maintenant? S’étonna Vela.
— Non, pas maintenant. Ça n'est pas encore prêt de toute façon. Demain soir, au holodeck, vers 20H00.
Vela s'attendait à n'importe quoi sauf à ça. Cette fois, l'homme en bleu ne put dissimuler son étonnement.
— Je crois que ça va vous plaire, sir, ajouta Spriggan en lorgnant vers l'arme accrochée au mur. Et puis, ça vous
permettra aussi d'évaluer mes efforts pour honorer votre confiance.
— Je… vais y réfléchir, Spriggan, laissa mollement tomber Vela.
Sprig sourit à pleines dents. Il savait que son chef viendrait au rendez-vous.
— C'est ça, boss! Réfléchissez-y et à demain soir!
Elliot sortit rejoindre Nera.
26-Sudrone
SUDRONE : je pense qu'ils sont tous plus ou moins de la même taille.
Aldane fronce les sourcils puis pousse un soupir à fendre l'âme.
LENASSY : bon, tant pis pour moi. Mais il faudra qu'on se revoie pour discuter plus tard. Bienvenue à bord ! Je compte
recevoir dans mes quartiers dans pas long, quelque chose de simple, pour faire connaissance, si j'y parviens, ce sera
avec quelques amis. Disons je suis obligée de limiter vu le manque de place.
SUDRONE : oui, j'imagine.
Théodora avance doucement derrière Max et vient buter contre sa jambe. On croirait presque que le robot d'une
sensibilité presque humanoïde se cache derrière son maître.
52/446
LENASSY : ooh qu'est-ce que c'est que ça ? Il fonctionne avec des capteurs ?
SUDRONE : Je vous présente Théodora ! C'est moi qui l'ai conçu, a l'époque où j'exerçais la fonction d'ingénieur en
chef, sur le USS Kodiak. C'est une petite machine que j'ai mis au point afin de tester l'intelligence artificielle au sein de
la robotique. Et comme vous le disiez, il fonctionne avec des micros-capteurs intelligents qui analysent les émotions et
les gestes via une petite caméra. Les données sont stockées dans une base de données que j'ai mis en place - il
montre la "tête" du robot - ici et analysées en une fraction de seconde ! Ainsi, on a l'impression qu'il est "vivant"...
LENASSY : Hm... C'est tout à fait épatant, dites moi !
SUDRONE : Moui, en effet, je suis assez content de moi... Sans prétentions, bien entendu.
LENASSY : Je pense que cela va de soi.
SUDRONE : Bien ! Je dois me rendre à mon bureau, je n'ai toujours pas défait mes bagages, j'ai un uniforme à laver,
et une soirée de bienvenue qui m’attend dans vos quartiers... Quel programme...
LENASSY : Oh ! Eh bien... ne vous en faites pas, hein. Gérez vos priorités, d'abord.
SUDRONE : BOARF ! 'savez hein... J'ai le temps. Et puis euh... J'm'y suis pas encore bien fait, à c'vaisseau alors...
LENASSY : Vous souhaitez peut être que je vous accompagne jusqu'au quartier CNS ?
SUDRONE : Eh bien... Justement, ce serait avec joie. Je pense qu'une fois que j'aurais pris connaissance de mon
bureau, ainsi que lorsque j'y aurais déposé ceci...
Il prend alors une tonne de paperasse qu'il avait posé sur le bureau avant que Lenassy n'entre, ce qui fit écarquiller les
yeux de l'officier
SUDRONE : ...je serais disponible si vous souhaitez ma présence en ce que vous avez organisé !
LENASSY : Bien bien bien... Suivez moi, Enseigne.
Max prit son béret d'officier, le vissa sur son crâne, et sortit en compagnie de l'officier Lenassy.
THEODORA : bibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibibip !
SUDRONE : Ah ! Euh...
Max regarda Lenassy. Le petit robot frétillait a l'entrée de la cabine.
LENASSY : Hum... Je ne sais pas si cela serait apprécié de voir déambuler une entité encore inconnue dans les
couloirs, ça pourrait en surprendre plus d'un... Mais bon... ce n'est que mon avis. A votre guise.
SUDRONE : Moui... Cela dit, vous avez peut être raison... Une seconde...
LENASSY : Je vous en prie.
Max s'agenouilla devant le robot, et le regarda plein de tendresse, puis le pris dans ses bras.
SUDRONE : Désolé ma belle, pas ce soir. Mais je reviens vite, c'est promis.
THEODORA : Bibip ?
SUDRONE : Promis.
THEODORA : Biiiiiiiiiip bibibbibip !
SUDRONE : Allez file !
Et la petite bestiole mécanique alla se réfugier en trombe au fond de sa cabine. Le désormais conseiller rejoignit
Lenassy.
53/446
SUDRONE : Désolé...
27-Lenassy
Chris se redresse fièrement et regarde ses femmes et hommes qui travaillent sous ses ordres. Comme une mécanique
bien huilée, le désarrimage avait enfin eu lieu. Pour des raisons qu'il ne connaissait pas, il n'avait aucune idée de leur
destination. Le plan de vol était simple, il s'agissait d'un point dans l'espace connu. Mais pour faire quoi ? Ça, le
Capitaine n'avait pas semblé pressé de donner des informations complémentaires au chef ingénieur. Il n'avait pas
essayé le vieux truc de l'argument technique qui lui valait des informations précises.
Il avait eu les rapports concernant l'état de l'espace et quelques débris qui ne devraient pas provoquer d'avarie, les
boucliers protègeraient sans problème la coque.
Le chef ingénieur avait espéré, un instant seulement, que Lys5 allait être une escale plus longue. Mais il avait pu
constater les gros travaux et l'activité de fourmis du personnel. Impossible d'envisager quelques réparations
supplémentaires et somme toute mineures pour l'Indépendance.
Pendant qu'il regardait son personnel, attentif à la moindre variation imprévue, il se prit le temps de la réflexion et
Cynthia était dans ses pensées. Il ne savait pas ce qu'elle faisait, elle était avec Denis et pourtant elle avait bien voulu
dîner avec lui. Cette femme était troublante à plus d'un titre. Invariablement il l'observait en silence, imaginant
secrètement qu'elle finisse par lui ouvrir son coeur. Elle était si proche et si distance que ça le rendait désemparé.
Cela faisait un moment maintenant au moins plus d'une journée qu'il n'avait pas eu de nouvelles de la jeune femme.
Pouvait-il sérieusement compter sur sa présence s'il envisageait de l'inviter à souper ? Avait-il le droit de le faire ?
Son visage se fait anxieux, il revoit la dernière fois où il a pu être proche d'elle, il n'avait qu'une envie, la protéger. Estce qu'il l'aimait ? Il n'arrivait même pas à prendre une décision sérieuse sur le sujet tellement sa proximité était
douloureuse et agréable à la fois. Il avait tenté lors de leur première rencontre de l'embrasser, mais elle l'avait
gentiment repoussé.
Se moquait-elle de lui en définitive ? Non, elle ne pourrait pas, ces beaux yeux ne pouvaient mentir à ce point, il l'aurait
vu ou tout au moins soupçonner.
Puisqu'elle ne venait pas à lui, peut-être devrait-il aller la chercher. Oui, c'est ce qu'il allait faire. Juste un souper entre
amis.
Il fronce les sourcils, comprendrait-elle qu'il ne voulait pas la brusquer ? Mais il ne pouvait imaginer ne plus la revoir,
alors il allait mettre toute sa bonne éducation dans sa poche avec un mouchoir dessus pour oser le faire. Parce qu'il
n'en pouvait littéralement plus. Il lui avait semblé voir son visage tout à l'heure qui se découpait sur son écran. Ca
devenait une obsession et s'il voulait que cela cesse, si elle ne donnait pas suite, il fallait s'en préoccuper sans plus
tarder. Le vieil adage terrien disait : on est jamais mieux servi que par soi-même. C'est ce qu'il allait mettre en pratique.
De toutes les manières, la seule crainte qu'il puisse avoir c'était un refus clair et net et ça, il pourrait l'assumer... enfin, il
l'espérait secrètement.
Il était en partie agaçé par la situation, parce qu'elle ressemblait tout à fait à ce qu'il avait pu ressentir à l'adolescence,
mais maintenant, malgré son jeune âge, il ne pouvait nier le peu d'expérience qu'il avait. Et puis, il était Lieutenant et
Chef Ingénieur du Big I, ça n'était pas rien.
Il soupire puis pense fugitivement qu'elle devait s'en foutre à un point qui devait atteindre des points culminants. De
toutes les manières il n'avait jamais compris les femmes, mais il avait toutefois un pincement de coeur quand il pensait
à Cynthia ou qu'il voyait son image passée sur la paroi comme marchant à ses côtés.
Il se redresse, presque rageur. Meluzine lève la tête de son écran s'attendant presque à un éclat de voix.
ENFAILLITE : Vous avez dit quelque chose Chef !?
GREY *brusquement rappelé à la réalité* : euh non, tout va bien. Vous en êtes où ?
ENFAILLITE : nous sommes partis Chef et le vaisseau file à la vitesse parfaite. Nous serons à notre destination dans
les temps. Vous devriez aller vous reposer. Vous n'avez pas quitté l'ingénierie depuis hier soir.
Elle lui parle avec un léger accent de reproche dans le ton.
54/446
GREY : parfait, oui vous avez raison, je vais prendre une petite heure. Si jamais il y avait la moindre chose, vous me
sonnez !
Le chef ingénieur du Big I quitte l'ingénierie d'un pas lent. Il passe sa main dans ses cheveux ébouriffés et écoute
machinalement le doux ronronnement général que le vaisseau veut bien faire parvenir jusqu'à lui. Il lui semble presque
parfois qu'il s'agit d'un être vivant, doué d'une intelligence supérieure à l'ordinateur déjà sophistiqué qui le gère. Il tend
sa main, touchant la paroi froide et lisse, presque vivante. Pour une fois, il avait des projets qui n'avaient rien à voir
avec le travail. Joindre Cynthia, peut-être voudrait-elle souper dès ce soir ? Ou alors, devait-il attendre encore ? Oui, il
allait attendre un peu encore... Il serre les dents n'arrivant décidément pas à tenter le diable et essuyer un refus qu'il
retardait sans cesse.
=== Bureau de Visao ===
Max avait trouvé sans difficulté le bureau de Visao, après tout, c'était son chef, ne serait-ce qu'en grade. Il avait trouvé
un peu embarrassant le coup du gâteau et avait été un moment vexé. Mais bon, il fallait se faire aux coutumes des
autochtones c'était la manière la plus simple de s'intégrer. Mais il avait du mal à comprendre cette histoire de gâteaux.
Ca ressemblait à de vieux films qu'il avait eu l'occasion de visionner où l'on voyait tout un tas de gens se jeter de la
nourriture à la figure et ça semblait amuser tout le monde. Rien à voir avec son monde et celui du commandeur Visao.
Il avait dû s'en passer des choses de l'académie à son affectation. Ce serait sans doute intéressant de faire un profil
de son collègue.
Après la phase tarte à la crème, il avait heureusement eu la joie de pouvoir saluer sa voisine, et ça, ça faisait plaisir.
Elle avait l'air plutôt sympathique, et avait parlé d'une soirée. Allait-il devoir amener quelque chose ? Oui, bien sûr, ne
serait-ce que pour participer aux frais de temps et d'imagination qu'elle allait déployer.
Le panneau coulisse, dévoilant un grand bureau, plutôt austère par rapport à ce qu'il s'attendait à trouver.
Son chef n'est pas là. Bizarre, ils ne bloquent jamais leur bureau sur ce vaisseau ?
Il s'installe dans le grand fauteuil jetant un regard attentif à son nouvel environnement. Il se demandait s'il aurait droit à
un autre bureau. Nul doute qu'il leur en faudrait deux. Dans la mesure où il n'imaginait pas un instant qu'ils puissent
recevoir des patients dans le même espace sans dissonances certaines.
Il se cale dans le fauteuil quand le panneau coulisse de nouveau. Une petite femme à l'air hésitant reste sur le pas de
porte.
"C'est pas là le bureau du conseiller Visao ? Vous n'êtes pas Visao !"
La phrase sonne comme une sentence définitive, ce en quoi la dame n'a pas tout à fait tort.
Maximilien se lève, souriant.
SUDRONE : en effet, je suis le conseiller Sudrone. Je peux vous aider peut-être ?
"Sûrement pas... je vous connais pas."
La potentielle cliente passée déjà en patiente irascible. Ca commençait bien, est-ce qu'il avait eu tort de vouloir
s'essayer à l'exercice ?
Il approche de la femme. Elle ne porte pas d'uniforme ou tout au moins, il ne s'agit pas d'un uniforme de Starfleet.
SUDRONE : vous voulez peut-être vous asseoir. Vous aviez un rendez-vous ?
Elle lève son visage terne et suspicieux vers Maximilien. Ses yeux lancent des éclairs scannant par habitude le
bonhomme qui lui fait face.
"Je suis la gouvernante Maple. Y'a mon nom sur votre padd ?"
Maximilien s'aperçoit alors qu'il a pris un padd sur le bureau de Visao. Il regarde un peu surpris de découvrir le sujet
repris sur le padd. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de concours de maillots ? Prestement il escamote le padd, le
passant dans son dos.
55/446
SUDRONE : désolée Madame. Mais si vous souhaitez parler uniquement au conseiller Visao, je vous demanderais
d'attendre là. Je vais voir... s'il est prêt.
La gouvernante Maple est un petit bout de femme d'un bon mètre et demi, elle doit avoir entre 55 à 60 ans et c'est une
humaine très probablement. Sérieuse depuis sa naissance, elle n'a pas déçu son ascendance, son père avait été
professeur dans un camp pour adolescents légèrement décalés, et sa mère, une femme à l'allure hautaine, sans
raison, avait finalement daigné donner de sa personne pour donner la vie à Elizabeth-Marie pour complaire aux
usages dans la famille. Elle n'avait pas survécu et avait finalement cessé d'invectiver qui que ce soit dès que la petite
Elizabeth-Marie avait fait ses premiers pas, sous l'oeil atone du papa plus intéressé à sa carrière. Seule la petite
bonne bajorane qu'ils avaient finalement accepté dans leur intérieur s'était occupé au final de la petite.
Ayant suivi les préceptes plutôt stricts de la bonne et ne voulant pas décevoir son père, Elizabeth-Marie se mit en
devoir de ressembler en tous points à sa mère qu'elle n'avait pas connue mais dont il restait un carnet de pensées
plutôt étranges et sans conteste différentes de ce qu'avait été sa personne.
Si Elizabeth-Marie avait l'aspect d'un boudoir oublié dans un coffre-fort rouillé, elle n'en demeurait pas moins une
excellente gouvernante, donnant aux enfants ce qu'elle n'avait connu de ses parents : l'affection. Son visage se
transformait à l'apparition d'un être plus petit qu'elle et elle le prenait en sympathie immédiate.
Pour l'heure le grand âne qui osait se dresser devant elle, malgré son âge certain, ne l'impressionner nullement. Déjà
elle avait repéré les hésitations des gens peu certains. Mais bon, il avait pour lui un visage avenant. Peut-être était-il
bien élevé ? Ce qu'il tentait de lui montrer depuis qu'elle était entrée.
MAPLE : alors je vais attendre. Je voudrais bien des petits gâteaux avec une tasse de thé. Un nuage de crème, merci.
Elle s'asseoit tel l'animal ordinaire de faïence, suivant des yeux le jeune homme.
28- Spriggan
Ça avait été juste, mais le USS Indépendance avait décroché de Lys 5 dans les temps. Le trajet vers le wormhole
artificiel n'avait évidemment été qu'une formalité. Formalité également que d'obtenir l'autorisation du contrôleur de
trafic de passer en galaxie de la Voie Lactée.
Sur la passerelle, Davis annonça placidement qu'ils seraient au rendez-vous avec la navette carcérale dans 3 heures.
=/\=
18H00
Fin de shift.
Pour la jeune équipe constituée de Morak et Spriggan, le reste de la journée s'était avéré fastidieux. Sous tous les
cieux, les derniers arrivés se farcissent systématiquement les corvées et l'Indépendance ne faisait pas exception.
Nera et Elliot avaient donc passé leur temps à faire le tour des cargo bays pour s'assurer que tout était bien fixé en
place. Lester le cargo était le travail des gens du service des opérations, que Spriggan connaissait bien, mais c'était
à la Sécurité de passer derrière pour vérifier le tout avant un départ en mission.
— On fait quelque chose, ce soir? demanda Nera avec entrain alors qu'ils quittaient leur département.
— Oh, je… en fais, je dois travailler sur quelque chose. Un projet personnel, en quelque sorte, s'excusa Elliot. Tu
peux peut-être voir avec Aldane?
— Je crois qu'elle travaille ce soir. Elle m'a parlé d'un échange qu'elle a fait avec Blondie qui l'obligera à travailler un
shift ce soir. Alors, ton fameux projet, on peut savoir ce que c'est?
— Beuh… souffla Elliot alors qu'ils montaient dans un turbo-élévateur, je préfère attendre un peu avant d'en parler.
Devant la mine déçue de son amie, Elliot ajoute aimablement:
— T'en fais pas, je te montrerai tout ça lorsque ça sera au point.
Il lui fit la bise et rentra dans ses quartiers où il prit une bonne douche avant de revêtir des vêtements civils. Il opta
pour un jeans, un t-shirt blanc et une vieille veste de cuir brun style "aviateur", puis se fit répliquer un sandwich qu'il
mangea en marchant vers le holodeck tout en lisant un padd.
56/446
=/\=
20H00
En définitive, Nera Morak s'était résolue à rentrer chez elle, seule. La journée avait été plus que mouvementée et sa
dernière nuit de sommeil n'avait pas été très reposante. C'était probablement la raison pour laquelle, après avoir
grignoté sans conviction un repas léger, elle avait entrepris la lecture d'un bouquin quelconque qu'elle persista à
parcourir durant un long moment avant de finalement s'assoupir sur le divan de ses appartements, laissant choir son
livre après avoir repris trois fois la lecture du même paragraphe.
De multiples images tournaient dans sa tête alors qu'elle traversait cette phase éthérée séparant le sommeil de
l'éveil. Sa mère qui lui disait l'aimer avant de se retourner pour engueuler Vela; Aldane et elle dans l'annexe du bar,
frôlant leurs lèvres sans vraiment s'accorder le baiser tant souhaité; Harker, si patient, lui conseillant sans relâche de
se détendre et d'ouvrir son esprit aux sensations impalpables qui l'enveloppaient.
Elle était à nouveau trempée et complètement frigorifiée. L'intensité de l'averse semblait poussée à son paroxysme
au point où Nera ne distinguait plus qu'avec difficulté les murs de la ruelle sombre. Mais cela n'avait aucune
importance car il était là, devant elle. Il lui souriait tendrement en esquissant un geste de la main semblant l'inviter à
le rejoindre. C'était précisément tout ce dont elle avait envie à l'instant même et s'apprêtait à faire un pas en sa
direction lorsqu'une silhouette apparut derrière lui.
Nera reconnut Aldane avec ravissement. La belle, la céleste zaldane était collée au dos d'Elliot et enfouissait son
visage dans le cou du jeune homme, par pur plaisir bien plus que pour se protéger de la pluie, mais ses yeux ne
quittaient pas Morak. La jeune Nera ne sentait plus le froid ni l'eau glacée coulant sur elle. Ses amis étaient
maintenant là et leur seule présence avait suffit à rendre l'allée plus claire, plus chaude, plus accueillante.
Nera vit Aldane passer un bras devant Spriggan et caresser son torse tandis qu'elle passait sa langue sur la carotide
de l'humain, toujours sans cesser d'observer Morak; une caresse osée qui parut terriblement érotique à la jeune
cadette.
Une détonation assourdissante interrompit la contemplation de Nera, puis une seconde et une troisième encore! Les
terribles sons semblaient vouloir se répercuter à jamais entre les parois briquetés de la ruelle. Elliot fronça les sourcil,
inquiet, alors qu'Aldane fixait son regard dans celui de Nera. Ses yeux extraordinaires parlaient à la fille de T'Kar et
paraissaient lui crier: "Regarde! Regarde-moi bien, Nera!"
Gagnée par une sourde angoisse, Morak s'avança vers eux mais stoppa net lorsqu'elle perçut le geste brusque que
fit Aldane du bras qu'elle tenait caché derrière Elliot. Une lame d'un métal étincelant jaillit de la poitrine de Spriggan,
lui arrachant une grimace de douleur. Aussi violemment, Lenassy retira la saillie argentée et laissa le corps de sa
victime tomber lourdement sur l'asphalte.
Nera Morak fut tirée de son sommeil par ses propres hurlements de terreur.
=/\=
21H00
Aldane Lenassy et Fenras Vela couraient presque plus qu'ils ne marchaient dans les couloirs du flagship de Lys 5.
— Oui, c'est un de mes hommes qui, tout a fait par hasard, l'a entendu crier en passant devant sa porte! Déclara
l'andorien, le débit de paroles hachuré par son rythme de marche.
Blondie allait la tuer! Aldane lui avait promis de la relever pour le quart de nuit, précisément à vingt-et-une heures.
— Mais pourquoi venir me chercher moi? demanda Aldane. Il me semble que le docteur Ivafaire ou le conseiller
Visao…
— Elle crie dès que quelqu'un s'approche d'elle! Objecta Fenras. J'ai cru remarquer que vous étiez assez proches,
toutes les deux…
— Mais… et sa mère?
57/446
Lenassy et Vela parvinrent aux quartiers de Nera dont la porte avait été bloquée en position ouverte. Ils furent
justement accueillis par le commandeur T'Kar qui tournait en rond devant l'ouverture en se rongeant la peau autour
des ongles.
La fière et farouche officière n'avait plus rien de l'hystérique qu'Aldane avait pu voir dans les quartiers du CSO dans la
matinée. T'Kar s'était métamorphosée comme elle seule en avait la déroutante aptitude et cette fois, Lenassy eut
droit à la maman légitimement inquiète pour sa fille chérie.
— Merci d'être venue, souffla T'Kar en posant la main sur l'avant-bras de la zaldane. Si vous pouvez faire quelque
chose…
Hésitante, Aldane entra dans les quartiers de Nera où une lumière tamisée conférait un cachet insolite à une situation
qui l'était déjà bien assez. Le Dr Ivafaire se tenait à l'entrée et ne quittait pas la jeune fille des yeux. Lenassy fit
prudemment quelques pas et vit sa chère Nera prostrée sur le sol près du divan en position foetale.
Aldane se rappela ce que son amie lui avait raconté plus tôt… le rêve qui l'avait conduite à terminer la nuit dans la
chambre de Spriggan.
— Que s'est-il passé? Lança Aldane en direction d'Ivafaire.
— Justement, nous l'ignorons!
La zaldane tourna le visage vers le praticien.
— Savez-vous si elle dormait?
Haussement d'épaules du médecin… il n'en savait rien.
=/\=
Spriggan sortit du holodeck, satisfait. Il restait encore quelques ajustements à fignoler mais il avait somme toute bien
travaillé. À moins d'une emmerde majeure, il serait prêt à recevoir son chef le lendemain soir, comme prévu.
Il rentra chez lui, commanda à l'ordinateur de la musique jazzée plutôt relaxe, fit baisser le volume et la lumière puis
se laissa tomber sur son lit où il s'endormit tout habillé.
=/\=
— Nous arrivons au point de rendez-vous! Annonça Karl Davis sur un ton routinier.
— Parfait! Approuva Matolck depuis sa chaise de commandement.
— Aucun signe du Cerbère, lança Harker depuis la station tactique.
— Le Cerbère? fit Visao, intrigué.
— Le nom de la navette carcérale que nous devons retrouver ici, précisa le capitaine. Monsieur Roy, contactez-les et
demandez-leur ce qui les retient!
— Aucune réponse, capitaine.
Allons bon! Ça commençait très mal! Non seulement Rox les avaient envoyés sur une mission de merde mais en
plus, leur correspondant allait être en retard!
— Je viens de contacter la station Pandora, ajouta Roy dont la voix trahissait une certaine surprise. Ils prétendent
que la navette a quitté leur base à l'heure prévue et qu'il n'y a aucune raison qu'elle ne soit pas déjà ici.
— Une mission de merde qui, à juste titre, commence à sentir très mauvais! Ronchonna Matolck tout bas.
— Pardon? fit Visao à ses côtés.
— Non, rien! Monsieur Harker, vous me scannez les environs! Trouvez-moi le Cerbère!
58/446
L'efficacité de Jazz n'était plus à prouver; il ne lui fallut que quelques instants pour répondre au capitaine:
— Commandant, nous avons ce qui semble être un navire à la dérive à bonne distance d'ici. Enfin, je crois que c'est
un vaisseau. Ça pourrait être le Cerbère, sir.
Matolck et Roy échangèrent un regard lourd de sous-entendus. La mission de merde ne serait peut-être pas si
banale que ça en fin de compte…
29-Keffer
Quand elle se réveilla, Cynthia constata qu'elle était toujours seule dans leurs appartements communs. Visiblement,
Denis Roy n'était pas revenu dormir à l'appartement. Inquiète, elle se rendit sur le terminal, et utilisa ses droits
d'accès encore valable d'infirmière pour obtenir la liste des patients admis sur le navire. Il n'y figurait pas. C'était
sans doute une bonne nouvelle... mais elle ne s'expliquait pas pourquoi il ne serait pas venu dormir avec elle cette
nuit. Il l'évitait probablement.
À nouveau, un message l'attendait sur le terminal, et cela gonfla à nouveau son cour d'espoir. Néanmoins, ce n'était
que Matolck qui les conviaient à une pseudo-cérémonie pour l'arrivée à bord des amiraux Alyécha et Tellan.
Cela la tracassa au plus haut point. Elle ne désirait pas vraiment s'exposée à la vue de Tellan, surtout dans cette
tenue que lui faisait porter McLoed et avec ce maquillage excessif humiliant. Elle se prépara donc en songeant à
cette rencontre toute la matinée, puis décida d'outrepasser un peu les souhaits de McLoed en se présentant avec un
uniforme légèrement moins décolleté qu'à l'habitude...
[SL #01. Rencontre des amiraux, transfert au NoName pour les détails de la mission.]
[SL #04. Cynthia quitte pour l'infirmerie pour aller apprendre la nouvelle à M-C.]
Lorsqu'elle arriva à l'infirmerie, elle y trouva effectivement son amie en devoir. M-C n'avait pas particulièrement l'air
heureuse de voir Cynthia arriver.
M-C : Salut Cynthia.
KEFFER : Salut Marie-Catherine.
La chaude camaraderie qui existait habituellement entre ces deux femmes avait laissé place à une froideur
inconfortable.
M-C : Est-ce que tu viens pour me convaincre de ne pas aller voir monsieur Roy ?
Cynthia hésita. Si jamais M-C changeait d'avis, cela lui ferait plaisir, mais à vrai dire, ce n'était pas la raison de sa
visite.
KEFFER : Disons que ce n'est pas le premier motif de ma visite.
M-C se contenta d'aquiesçer, et d'écouter la suite.
KEFFER : Les amiraux sont montés à bord ce matin...
M-C : Ne me dit pas que tu es allé les rencontrer comme cela ?
Keffer ignora le commentaire de son amie, car elle se doutait que cette dernière tentait de la faire réagir pour la sortir
de sa misère. Elle ne se doutait réellement pas qu'elle y était contrainte et que de se balader de cette façon était un
moindre mal. Elle eut beau ignoré le commentaire, mais il la blessa quand même.
KEFFER : ... ils nous ont donné une mission qui ne fait pas l'unanimité. Nous allons aller récupérer Von Ewig pour le
transporter quelque part...
On aurait dit que M-C venait de recevoir un choc. Lentement, cette dernière pris place dans le fauteuil de l'infirmière
de quart, pour ne pas mettre trop de pression sur ses jambes qui devenaient molles. À la lumière de cette nouvelle
information, les hostilités que semblaient éprouver M-C pour Cynthia tombèrent. Elle lui était reconnaissante de
s'être déplacée pour le lui annoncer.
M-C : On a plus de détails ?
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KEFFER : Pas vraiment. J'ai retenu qu'il sort d'un asile pour les fous, et j'ai pas trop saisi où on doit le reconduire.
Mais on a rendez-vous avec une navette carcérale pour le ramasser d'ici 48 heures.
Marie-Catherine acquiesça. Elle avait soudainement bien mauvaise mine.Cynthia leva le ton pour se faire entendre
du médecin, un peu plus loin.
KEFFER : Monsieur Ivafaire ?
Le médecin répondit sans se déplacer.
IVAFAIRE : Oui ?
KEFFER : M-C ne se sent pas très bien... je vais la conduire chez elle. Arrangez-vous pour la faire remplacer... Je
crois que Mlle Desroches est disponible.
IVAFAIRE : Ok !
Cynthia alla reconduire M-C chez elle, où elles discutèrent de Von Ewig pendant quelques temps. Finalement,
Cynthia rentra chez elle. Le départ avait été annoncé pour dans deux heures, il ne lui restait plus grand temps...
[SL #13. Les amiraux arrivent chez Keffer-Roy pour discuter. Cynthia est présente dans les appartements, troublée
par sa discussion avec M-C.]
Cynthia sentit la main de Denis prendre la sienne et la tenir fermement.
Il semblait que tous les gens dans la pièce avaient une mine patibulaire, et cela commençait réellement à inquiéter
Cynthia. Est-ce que la machination aurait été découverte ? Allait-elle subir la foudre des amiraux pour avoir posée
en Bikini dans une revue sans réellement le vouloir ? Après tout, il lui serait difficile de se justifier en plaidant
l'ignorance...
Tellan prit alors la parole.
TELLAN : Cynthia, nous nous sommes déplacé pour te rencontrer...
Cynthia se sentait prise au piège... Ils devaient tous savoir ! "Bloquer mon esprit, bloquer mon esprit"
KEFFER : Que me vaut cet... honneur ?
TELLAN : C'est toujours en relation avec Von Ewig. Je sais que tu es légèrement au courant, puisque présente ce
matin... Enfin... L'amirale Alyécha et moi-même, nous voulions simplement nous assurer que vous donneriez vôtre
entière collaboration à la mission et que vous serez en mesure de tolérer sa présence à bord.
L'infirmière soupira, et il fut apparent que la nervosité qui l'habitait venait de baisser d'un cran.
KEFFER : Ah... Eh bien, non.
La réponse à la question banale de l'amiral Tellan installa un malaise dans la pièce. Les officiers échangèrent des
regards, et Cynthia se sentit soudainement de nouveau elle-même. Elle puisa dans ses ressources intérieures pour
mené à bien son idée, qui, encore une fois, n'était pas la même que les autres.
TELLAN : Non ?
Sa réaction laissa transparaître sa stupéfaction.
KEFFER : Non. Je ne donnerai pas mon entière collaboration à votre mission, car elle est stupide, et non je n'ai pas
l'intention d'être clémente à son égard si jamais je le croise.
Cynthia fit le tour de quelques visage, et pouvait voir que sa réaction n'était vraiment pas celle attendue de sa part.
KEFFER : Écoutez, Von Ewig n'était pas mon ami. On se détestait franchement et ouvertement. Il est sans doute
malheureux qu'il soit devenu dingue, mais j'en ai rien à faire moi. Si une minable navette de transport peut faire la
moitié du chemin avec, j'ai de la misère à concevoir qu'il faille l'Indépendance au complet, avec 1000 officiers, pour le
contrôler...
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MATOLCK : Mademoiselle Keffer !
Elle leva le regard en sa direction, cessant de parler. Le commandant de l’Indépendance n'avait pas l'air d'apprécier
qu'elle remette en question ouvertement les ordres des amiraux, même si il était d'accord avec elle. Il fallait qu'ils
montrent qu'ils étaient tous unis, en haut de l'échelle.
MATOLCK : Surveillez vos propos... Ce n'est pas une discussion entre amis, mais bien une discussion officielle.
Cela fit sourire Cynthia. Un sourire majestueux tel qu'elle en avait pas eu depuis quelques temps. Même son
maquillage ne parvint pas à en réduire l’éclat.
KEFFER : Hé bien... Dégradez-moi pour me réprimander d'avoir émis mon opinion. Qu'est-ce que ça peut bien faire
que je sois d'accord ou non ? Je suis infirmière, je ne vois réellement pas quand je devrais voir ce type. C’est juste
une utilisation inefficace des ressources disponibles. L'Indépendance devrait rester sur Lys5.
Tellan se racla la gorge, prenant un ton plus officiel. En tant qu'ancien Ops, il savait ce qu'était la gestion efficace des
ressources.
TELLAN : Miss Keffer, nous comptons affecter toutes les ressources de ce navire à cette mission. Est-ce que l'on
peut compter sur vous ?
KEFFER : Je ferai ce que je dois faire, vous me connaissez. Mais votre idée ne m'enchante guère. Et vous êtes
dans l'erreur. Mais faites ce que vous voulez, j'm'en moques, je tombe en vacance après demain.
-*****Denis avait réussi à se soustraire à la présence des amiraux, et était finalement resté à l'appartement lorsque ces
derniers quittèrent pour aller rencontrer Visao.
Il faisait réellement pitié, tellement il était fatigué, et c'est avec un regard attendri qu'elle lui caressa les cheveux.
KEFFER : Tu es fatigué, Denis ?
ROY : Oui...
KEFFER : Bien... Viens, je vais te border. Je ne crois pas que ce soit réellement le moment de partir sur de grandes
discussions philosophiques.
Cela fit sourire l'officier des opérations, mais il lui manquait d'énergie, et cela paraissait. Elle le laissa se changer en
restant un peu à l'écart, gênée. Ensuite, elle se rendit à ses côtés, et le borda tendrement dans leur lit. Elle s'installa
à ses côtés, accroupie, en appuie sur ses avant bras repliés sur le lit. Elle profita de la situation pour lui faire
quelques confidences. Après tout, il risquait de ne plus s'en souvenir le lendemain.
KEFFER : Tu sais... tu parlais de confiance hier. Si jamais je devais confier ma vie à quelqu'un, sur ce navire, c'est
entre tes mains que je la placerais. C'est peu dire à quel point j'ai confiance en toi. Cela m'attriste que tu puisses
croire le contraire. Je suis toujours moi, tu sais, même si j'en ai plus l'air. Je ne suis juste pas prête à t'en parler.
Elle obtint un espèce de « humhum » comme réponse, et elle continua.
KEFFER : Écoute, j'ai effacer un message de ta mère, par erreur. Ça n'avait pas l'air urgent...
Même réaction. Elle hésita longuement, puis se lança.
KEFFER : Tu sais, tu risques d'entendre bien des choses à mon propos. Je suis désolée si cela de cause de la
peine, mais sache que je t'aime. Repose toi bien...
Discrètement, l'infirmière se dirigea vers sa commode, où elle récupéra quelques effets personnels, avant de glisser
hors de la chambre sans faire le moindre bruit.
-*****Son tricorder médical personnel en main, Cynthia analysait l'environnement, comme elle l'avait mainte fois fait par le
passé. Le tricorder n'indiquait pas de formes de vie dans le secteur immédiat, et une atmosphère respirable aussi
loin que le tricorder pouvait lire.
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Satisfaite de ses lectures, elle rangea le tricorder à sa ceinture, et enfila à nouveau la tuque noir sur sa tête, histoire
de camoufler ses cheveux blonds platine. Outre son visage, tout le reste de son corps était recouvert d'un uniforme
sombre dont se servaient parfois les officiers de Starfleet lors d'opérations d'infiltration. Elle prit appui sur le fond de
la caisse de matériel dans laquelle elle se trouvait, et poussa vigoureusement sur la paroi opposée, qui céda.
Sur ses gardes, elle descendit de la boîte de matériel vide dans laquelle elle avait passé les 2 dernières heures. Elle
vérifia visuellement les parages, mais ne vit rien d'intéressant : le tricorder semblait avoir raison en disant que
personne n'était proche. Elle récupéra son sac à dos sombre, qui se trouvait toujours dans la caisse de matériel,
l'enfila sur ses épaules et longea, accroupie, les caisses de matériels variés qui avaient été déchargé à la hâte de
l'Indépendance. Lorsque l'on précipite les choses, il est toujours plus facile de se faufiler entre les mailles du filet.
Avant tout autre chose, Cynthia prit la direction d'une baie vitrée non loin de là. De son point d'observation, elle pu
voir l'Indépendance manoeuvrant, quittant la station. Voilà, ça n'avait guère été plus compliqué que cela. Elle
demeura sur place, histoire de leur laisser le temps de quitter le secteur. Une fois le navire passé le whormhole,
Cynthia se remit en mouvement.
Toujours furtivement, le tricorder en main pour éviter de se faire voir, elle se rendit à la sorti du hangar où elle avait
échoué avec sa caisse de matériel vide. Sans problème, elle se fraya un chemin jusqu'à la sortie.
Une fois dans le corridor, elle retira sa tuque, et peigna au mieux sa chevelure blonde. Cela avait été facile.
D'un pas décidé, elle prit la direction de ses quartiers sur la station.
Elle ne pouvait même pas dire quand avait été la dernière fois qu'elle y avait mis les pieds. Ne voulant pas perdre 30
minutes dans la cage d'escalier, elle entra dans le premier turbolift venu, respirant profondément pour se calmer.
KEFFER : Niveau 23.
Le turbolift se mit en mouvement, et s'immobilisa au niveau voulu. Elle ne sorti rapidement, se trompa une ou deux
fois de chemin, mais fini par trouver la chambre 172837. Il s'agissait de quartiers très modeste constitué d'un lit peu
confortable et d'un petit espace de rangement (C'est un espace d'habitation secondaire après tout). C'était très
réduit, et, avec sa claustrophobie, cela sembla beaucoup plus à l'étroit que lors de sa visite précédente.
Rapidement, elle se débarrassa de son uniforme d'infiltration, et fouilla dans ses vieilles affaires. Il y avait presque
pas de poussière dans la chambre, les systèmes environnementaux fonctionnaient à merveille. À une autre époque,
la poussière aurait tout recouvert depuis longtemps. Elle enfila un uniforme régulier de Starfleet impeccable, non
ajusté, et elle laissa volontairement la fermeture éclair bien plus haut que sur l'Indépendance. Elle n'était quand
même pas là pour se faire remarquer.
Finalement, lorsqu'elle sorti de sa chambre, elle eu la surprise d'avoir deux hommes au col jaune l'attendre de l'autre
côté de la porte.
STEVENS : Bonjour mademoiselle... Je suis l'officier Stevens, et voici l'officier Andropov, des services de sécurité de
la station...
KEFFER : Bonjour... Je suis la lieutenant commander Cynthia Keffer, infirmière sur l'Indépendance.
STEVENS : Lieutenant commander ? Votre col dit pourtant lieutenant...
KEFFER : Ça fait un bail que je ne suis pas venue ici, monsieur.
ANDROPOV : Vous avez manqué votre navire, madame.
KEFFER : Je sais... mais j'avais plus important à faire. Je viens voir le noyau de la station (Le warp core).
Cela fit sourire Andropov.
ANDROPOV : Il est malade ?
Avant que Cynthia n'ait une chance de répliquer, son confrère reprit la parole.
STEVENS : Mademoiselle, on vous a suivit du hangar d'où vous êtes venu avec les senseurs internes. Si cela ne
vous dérange pas trop, je vais vous conduire aux bureaux de la sécurité, pour tirer votre histoire au clair.
Cynthia haussa les épaules.
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KEFFER : Faites comme vous le voulez, messieurs. Je vous suis.
30- Lenassy
— Que s'est-il passé? Lança Aldane en direction d'Ivafaire.
— Justement, nous l'ignorons!
La zaldane tourna le visage vers le praticien.
— Savez-vous si elle dormait?
Haussement d'épaules du médecin… il n'en savait rien.
Aldane était inquiète. L'angoisse était presque palpable dans la pièce. Comme dans un rêve éveillé elle approche de
Nera qui ressemble à une enfant dans cette posture de défense. Elle a un instant l'impression d'être déconnectée,
focalisée qu'elle est par le spectacle de Nera qu'elle aime déjà.
Elle n'a qu'une conscience parcellaire des personnes présentes dans la pièce. La nervosité de T'Kar est presque
palpable. Celle-ci ne pense ni au vaisseau, ni à ses problèmes si particuliers qui parsèment sa vie, seule Nera est
importante à l'instant et toute la douleur contenue par cette femme magnifique cristallise sa présence.
Fenras est troublé et beaucoup embarrassé. Tout d'abord il ne comprenait pas tout ce déploiement et ensuite il était
un peu inquiet pour la petite Nera... Il se surprit à penser à elle comme une enfant et mis brutalement fin à cette
digression qui pourrait être interceptée. Un soupçon de paranoïa chez un chef de la sécurité n'était pas
nécessairement un mal, mais ce qu'il aurait voulu que T'Kar soit plus affable. Elle le mettait dans tous ses états,
c'était certain.
Il regardait le dos de l'enseigne Lenassy, presque hypnotisé par sa longue chevelure dont il n'avait aucune idée, vu
qu'elle était attachée à l'habitude. Du moins, à chaque fois qu'il l'avait croisée ou avait eu à faire avec elle. En courant
dans les coursives une espèce de tige dans un matériau qu'il n'avait pas reconnu avait sauté du chignon qui culminait
de façon aérienne sur cette jolie tête, et il avait bien failli se la prendre dans l'oeil. Il ne comprenait pas tous ces
arrangements compliqués que certaines femmes utilisés. Il aurait été mieux de raccourcir tout ça un peu, en plus
d'être moins dangereux... et oui, avec les velléités du département scientifique à vouloir détruire son environnement,
ça n'était pas la peine d'en rajouter sur la possibilité d'accidents bêtes. Il se surprend un instant à imaginer cette jeune
femme dans une position scabreuse, fort heureusement due à un de ces accidents forfuits qui aurait amené cette
délicieuse longueur à être aspirée par il ne savait quelle invention de son département. Il en frissonne, notant
mentalement à voir ce qu'il peut mettre en place au labo, ou tout au moins dans un premier temps, le proposer, pour
éviter à Aldane un sort peu enviable.
T'KAR *gémissant* : ... qu'est-ce que j'ai fait, j'aurais dû la refuser... Elle aurait été mieux sur Vulcain.
Elle serre le poing, rageuse contre elle-même. Un bref instant son regard croise celui du chef de la sécurité, comme
recherchant une pensée rassurante. Celui-ci perdu dans des pensées carrément sinistres ne peut lui rendre qu'un
regard atone d'incompréhension. Elle y lit le désintérêt sur ce qui la préoccupe à l'instant sans savoir qu'il est tout
aussi inquiet. Ne voulant lire que ce qu'elle souhaite pour se débarrasser de cette inquiétude persistante qui l'envahit,
ne trouver qu'un regard qui lui donne de quoi se mettre en colère contre quelqu'un ou quelque chose, bref, n'importe
quoi pour qu'elle n'ait plus la sensation d'être totalement inutile en la circonstance. Elle est totalement impuissante,
cette simple acceptation finit de lui démolir le moral.
Le docteur Ivafaire se tient prêt avec son personnel, plutôt indifférent pour le moment à la situation en place, il conçoit
le problème en termes médicaux et nullement plus impliquant.
Aldane a fini par s'agenouiller près de Nera. Elle se penche au-dessus d'elle constatant qu'elle a les yeux ouverts. Ce
qu'elle y lit l'effraie. C'est comme si la jeune fille était en état de choc. Elle voit le corps de sa jeune amie trembler
faiblement, comme si elle frissonnait. Elle approche la main vers Nera, venant lui dégager doucement une mèche
collante de sueur de son front, puis elle se penche pour venir lui chuchoter à l'oreille.
LENASSY *chuchotant* : Nera, Nera chérie il ne s'est rien passé. Notre cher Spriggan va bien...
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Sa voix est presque inaudible, elle est brusquement plus inquiète qu'elle ne l'était déjà. Elle se redresse pour voir si
ce qu'elle a dit à un quelconque effet sur la jeune fille. Elle voit ses lèvres remuées doucement, se penche pour
écouter ce qu'elle dit.
MORAK *gémissant* : ... pourquoi ?!
L'officière scientifique a oublié la présence des témoins de la scène. Elle s'allonge près de Nera, l'entourant de son
bras, pendant qu'elle maintient son visage proche du sien.
LENASSY *chuchotant toujours* : ... je ne sais pas. C'est un rêve chérie, c'est un rêve.
Nera dodeline de la tête, mais pour Aldane il est clair qu'elle n'est pas avec elle. Elle lui caresse doucement le visage,
espérant que la jeune officière saura que c'est son amie. Elle ne comprend pas plus la réaction disproportionnée, et
trouve étrange qu'un simple rêve la mette dans cet état, il y avait fatalement autre chose. Elle tourne la tête vers
Ivafaire, l'interrogeant du regard quand elle sent que Nera s'est imperceptible rapprochée d'elle.
Nera ne pouvait détacher son regard de la vision d'horreur. Elle avait été impuissante, inutile et n'était simplement pas
intervenue pour éviter le pire. Mû par le rêve ou plutôt le cauchemar son esprit a monté sans même le savoir une
protection. Alors qu'elle cherchait à chasser la réalité du rêve, elle s'y est enfermée, cristallisant l'horreur de la scène
qu'elle avait vue et la subissant invariablement.
Aldane se redresse et fait un geste vers Ivafaire.
LENASSY : il faut lui donner quelque chose pour la détendre.
Elle a un regard vers T'Kar qui l'observe avec un rien dans les yeux qui l'inquiète aussi. Elle se tient de nouveau à
genoux devant Nera, redressant la jeune fille, elle a posé sa tête sur ses cuisses, lui caressant machinalement et
doucement la tempe. Elle voulait parler de ce rêve que Nera avait eu la nuit précédente, mais elle ne pouvait pas s'y
résoudre. Elle se méfiait des réactions de T'Kar et si elle savait que Nera avait fini la nuit dans le lit d'Elliot il aurait des
problèmes certains.
La main de Nera a fini par agripper l'uniforme d'Aldane qui de toutes les manières n'a pas envie de s'en dégager,
comme si quelque part elle essayait de protéger sa jeune amie.
Ivafaire aimerait être au sickbay avec sa patiente qu'il va falloir sortir de cet état catatonique.
IVAFAIRE : au sickbay j'aurais ce qu'il faut, j'ai besoin de vérifier les causes sérieusement.
Il approche aussi, aussitôt suivi par son personnel qui installe Nera toujours recroquevillée dans la civière. Ils la
soulèvent, entraînant Aldane dans le mouvement. L'officière essaie de détacher les doigts de Nera de son uniforme
sans succès. Elle lève le visage vers Ivafaire, puis T'Kar.
IVAFAIRE : bien, le plus simple est un télétransport interne. Vous nous suivez Miss... ?
LENASSY : Enseigne Lenassy Monsieur. Je... je devrais être au labo et...
T'KAR : et bien ils attendront. Docteur, je veux savoir ce qui se passe.
IVAFAIRE : tout ce que je peux dire pour le moment c'est que ça n'est pas infectieux, c'est déjà ça d'acquis, mais en
même temps c'est plus complexe à traiter du coup.
Il appuie sur son combadge.
IVAFAIRE : Commandeur Ivafaire, cinq pour l'infirmerie.
T'Kar a un mouvement pour intervenir mais elle est comme tétanisée. Déjà les officiers disparaissent. Elle reste un
instant interdite devant la chambre qui s'est vidée se tournant vers Fenras qui a un geste qui l'étonnera plus tard.
Oubliant les conflits constants avec la première officière, il vient vers elle passant le bras derrière elle, il la pousse
gentiment à s'asseoir, ce qu'elle fait sans résister à la muette injonction. Puis elle pose la main sur le poignet de
l'andorien et sans le regarder lui souffle.
T'KAR : ça ira commandeur. Ca ira...
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Ils quittent en silence les quartiers maintenant désertés, elle n'a qu'une hâte avoir des nouvelles du sickbayd. Elle
regarde Fenras s'éloigner.
== Sickbay ==
Aldane est nerveuse, enfin Nera semble plus détendue, mais le docteur a jugé nécessaire de l'endormir, surveillée
durant son sommeil, la jeune fille devrait être en sécurité.
Dès qu'elle est seule, elle active son combadge.
LENASSY *com* : Enseigne Lenassy je souhaiterais être en relation avec le Sous-Lieutenant Spriggan.
SPRIGGAN *com* : oui Aldane ?
Il est vaguement inquiet, c'est la première fois en fait qu'ils se contactent par combadge interposé. La voix de la jeune
femme est légèrement tremblante.
LENASSY *com* : il y a un problème avec Nera, elle est au sickbay.
31-Vela
=/\= Bureau de la Sécurité, 19 h =/\=
Ca commençait à bien faire ! Qu’il n’ait eu que 4 heures de sommeil passait encore – il en avait l’habitude et était
partisan de faire un maximum de choses pendant sa période de veille. Un jour, Denis lui avait sorti une de ces
expressions terriennes très imagées qu’il avait parfois du mal à assimiler : l’Avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
Tout à fait approprié en ce qui le concernait.
L’avenir… comme s’il avait le temps d’y penser. Le Bureau de la Sécurité était devenu son second home, à tel point
qu’il y avait placé les très rares objets auxquels il tenait. L’invasion des Zwyckiens, se répandant comme les rats
e
quittant les navires et apportant à l’Europe les bacilles de la peste noire au XIV siècle, avait beaucoup fait en ce
sens. D’ailleurs, ces espèces de nains malicieux lui remirent en mémoire le cas A’Larm.
VELA, par combadge : Frissk ?
FRISSK : Chefff ?
VELA : Où en êtes-vous avec le petit ?
FRISSK : On a fini de manger, chef. Il avait un de cccces faims ! Après, comme il sss’ennuyait un peu et se ssssentait
ssssseul, je l’ai emmené dans un sssalon de détente.
VELA : Et qu’est-ce qu’il y fait ?
FRISSK : Il a regardé quelques dessssins animés, puis il m’a demandé de jouer avec lui.
VELA : A quoi ?
FRISSK : Aux ossselets.
VELA : Merci, Frissk. Over.
Il ne put retenir un sourire : la vision de ce grand gaillard habitué à essuyer le feu de l’ennemi en train de pratiquer ce
genre d’activité ludique avec un gamin débrouillard le combla d’aise. Il se promit de demander à quoi ressemblait ce
jeu des osselets. Puis se rendit compte que Frissk n’avait à aucun moment émis la requête de remettre Ritink dans
ses locaux. *Il s’est fait un copain, ce grand nigaud !* Première bonne nouvelle de la journée.
Le reste, en revanche, n’était pas de tout repos. Le départ précipité lui avait permis de mettre de côté certains des
problèmes qui avaient secoué le train-train quotidien, mais il se doutait qu’ils reviendraient et redoutait l’effet
boomerang engendré. Il fallait régler les choses au plus tôt, et par ordre de priorité.
Voyons : il y avait l’affaire Harker. Il se rendit compte que le petit plaisir coupable qu’il avait ressenti en voyant
comment et pourquoi Spriggan s’en était pris à cette Potin avait provisoirement occulté son aversion pour toute
espèce d’intrusion mentale. Certes, il s’était toujours méfié de lui (comme de tous ses semblables) mais l’officier
Harker était avant tout honnête et franc. Le problème était qu’il n’hésitait pas à circonvenir aux ordres de sa
hiérarchie, dès lors que cela remettait en cause un de ses principes. Une attitude qu’il n’encourageait pas, mais qu’il
respectait : à l’Académie, il avait eu maille à partir avec quelques supérieurs en leur reprochant la vanité ou l’inutilité
de certaines initiatives. Mais Jazz était plutôt du genre à n’en faire qu’à sa tête à partir du moment où il considérait
qu’un de ses proches était en danger. Et, si la morale était de son côté, il oubliait tout de même les personnes dont il
avait la charge : il avait ainsi commis plusieurs impairs en tentant de sauver T’Kar, bravant de nombreuses
interdictions. Héroïque, mais irresponsable. A l’époque, Tellan l’avait sanctionné et mis en garde. Des sanctions
justifiées, à chaque fois, il n’en doutait pas – mais il savait qu’il aurait très bien pu être à sa place. La différence était
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peut-être dans la volonté indéfectible de l’Andorien à tenir son rang et à remplir ses fonctions – jusqu’au moment où il
n’accordera plus sa confiance envers ses supérieurs. C’était la pierre angulaire de sa vie entière : la confiance.
A présent, il avait sur les bras un problème qui mettait sérieusement à mal la confiance qu’il conservait envers son
Officier Tactique. Ce qu’il avait fait était peut-être anodin vu de l’extérieur, mais inadmissible en soi – Ivafaire avait eu
raison de le lui faire comprendre.
Et puis il y avait Spriggan. Il avait beau détester tout ce que représentait ce bonhomme, son ton, ses réactions, sa
façon d’être avec les gens – dès lors que les relations sexuelles n’entraient pas en ligne de compte – le fascinaient. Il
n’avait pas menti à T’Kar lorsqu’il avait mentionné le rapport de Denis : ce dernier s’était montré effectivement très
satisfait des compétences de son subalterne, et Fenras ne pouvait que le suivre.
Il eut soudain le besoin d’en parler à quelqu’un. Sachant Davis au poste de pilotage, il se rabattit sur Kabal. Il savait
ce dernier répondant à Hogan-la-fouine à propos des circonstances dans lesquelles Boron avait été enfermé. Il
décida de les rejoindre.
=/\= Brig, pont 18 , 19 h 20 =/\=
Hogan était toujours en train d’enregistrer les réponses de Kabal, ce qui engendra chez l’Andorien une moue dépitée,
puis une grimace. A quelques pas, Boron le regardait derrière son champ de force, l’air amusé. *Si plus tard Rox
Tellan ou l’Amirale nous avoue que Boron et Hogan étaient de mèche et destinés à nous en faire baver, je ne serais
absolument pas surpris !* Il se secoua, tenta de chasser ces pensées, n’y parvint pas mais réussit à se façonner un
visage de circonstance.
Il s’approcha.
VELA : Tiens ! Monsieur Hogan ! Quel plaisir de vous revoir.
Le sourire était ostensiblement forcé, et aucune main ne se tendit pour rencontrer celle du vis-à-vis.
HOGAN : M. Vela.
VELA : Toujours d’aussi bonne humeur, je vois.
HOGAN : Toujours.
VELA : En avez-vous fini avec M. Kabal ?
HOGAN : Non.
VELA, glacial : Et bien moi je vous dis que si. Vous permettez ?
HOGAN : Faites comme chez vous. Je reviendrai, M. Vela, soyez sûr que je reviendrai.
VELA : J’en suis sûr.
Le Bajoran et lui le regardèrent s’éloigner, s’arrêter près du bloc de détention de Boron, échanger quelques paroles
avec lui, et disparaître, son damné padd à la main.
VELA : Ca va ?
KABAL : Ca va, chef.
VELA : T’es sûr ?
KABAL : Mmmm.
VELA : Je vois.
Kabal n’était pas dans son assiette. Il l’avait vu prendre son quart tout à l’heure la mine la mine défaite, mais les
préparatifs du départ l’avaient empêché de s’enquérir de son état.
VELA : Tu veux parler ?
Le Bajoran hésita. Depuis que Vela avait été nommé à bord, jamais il ne l’avait vu se plaindre. D’ailleurs, ce n’était
absolument pas son genre. Mais il avait été plus d’une fois une oreille attentive aux petits problèmes que rencontrait
son chef, et ils s’étaient épaulés mutuellement tant de fois qu’il ne pouvait pas le laisser se morigéner ainsi.
VELA : Eh bien moi, je veux parler. J’ai besoin que tu m’écoutes et, si tu veux, tu me donneras ton avis.
KABAL : OK chef.
VELA : C’est moi le chef, hein ?
KABAL : C’est vous le chef, chef.
Ce petit jeu habituel eut son petit effet : il les détendit tous les deux, et arracha un demi-sourire au colosse.
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VELA : Qu’est-ce tu penses sincèrement de Spriggan ?
BORON : Ce type est un jeanfoutre incapable et libidineux qui aurait dû…
VELA : La ferme, Boron.
Ils s’éloignèrent quelque peu.
KABAL : Euh, on ne va pas revenir là-dessus ! On en a déjà parlé.
VELA : Je sais, mais je voulais que tu me dises si tu estimes qu’il fait un bon agent de la Sécurité.
KABAL : Boah… Il est plutôt bon dans la bagarre, assez costaud. Il ne se plaint pas (enfin pas trop, juste comme les
autres, quoi) et il m’a dit qu’il avait bien aimé le premier programme d’entraînement holo, ça l’avait fait rigoler.
VELA : C’était lequel ?
KABAL : Crematoria. Il fallait s’échapper d’une prison. [HP : Pour ceux qui ont vu les Chroniques de Riddick, vous
voyez ce que je veux dire.]
VELA : Ah ouais. Il a aimé ?
KABAL : Plutôt.
VELA : C’est cool.
KABAL : Sinon, il met une bonne ambiance dans le groupe. Les copains l’aiment bien, surtout Dunkin et Donut.
VELA : Oui, je m’en doute.
KABAL : Mais bon, je persiste à dire que la présence de la petite Morak risque de créer des problèmes.
VELA : Je l’ai vue à l’œuvre, elle sait se défendre.
KABAL : Peut-être, mais dans un dojo, ce n’est pas comme dans la vraie vie.
VELA : Touché. J’admets ne pas avoir fait ce genre de calcul.
KABAL : Et elle est jeune.
VELA : C’est vrai aussi.
KABAL : Et c’est la fille de qui vous savez.
VELA : Ca y est, tu as réussi à me faire douter. Mais bon, de ce côté, j’ai réglé la question.
KABAL : Ouais dites donc, ça a chauffé plusieurs fois on dirait ?
VELA : Plusieurs fois, ouais.
KABAL : Et ?
VELA : Mmmm… disons que j’ai résisté à la tentation de lui en décocher une.
Le souvenir de la gifle s’imposa un bref instant. Il l’ignora aussitôt.
KABAL : J’aurais voulu voir ça.
VELA : Valait mieux pas : j’ai besoin de conserver un semblant d’autorité sur vous.
KABAL : Ah ouais, pas con.
VELA : Dis voir, t’as un problème avec ce Von Ewig ?
Aussitôt, le Bajoran se referma comme une huître. Vela attendit un peu, puis tenta une autre approche :
VELA : C’est bien lui l’auteur de ces programmes holo… ?
KABAL, baissant la tête, la voix tremblante : Chef, je préfère ne pas en parler.
VELA : Mais, attends ! Vous avez un contentieux, lui et toi ?
KABAL : Je… ouais, on peut dire cela. Un gros contentieux.
VELA : Tu lui en veux pour quelque chose qu’il a fait ?
KABAL : Possible.
Vela remarqua le changement subtil de ton dans les propos de son fidèle lieutenant : son expression avait très
légèrement changé et ses traits s’étaient durcis.
VELA : Aurait-il outrepassé ses droits en tant que chef de…
KABAL, haussant le ton : Non, non ! Rien de tout ça ! Il faisait très bien son boulot. Mais, s’il vous plaît, ne me posez
plus de question. Plus… pour l’instant.
VELA, bouleversé : Très bien, Kabal. Je ne m’imaginais pas que… Je te laisse.
KABAL : Merci chef. Merci de votre compréhension.
Kabal ne pleurait jamais. Mais aujourd’hui, il semblait partagé entre la rancœur et la haine. Quelque chose d’ancien
s’était réveillé et avait entraîné de vieilles et innommables douleurs. Ainsi qu’une peur palpable, indicible.
Et cela inquiéta profondément l’Andorien qui se demandait encore dans quel guêpier était allé se fourrer
l’Indépendance.
=/\= Passerelle, 20 h =/\=
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VELA : Comment on va ?
DAVIS : On va. On devrait arriver d’ici une heure.
VELA : On n’a pas chômé.
DAVIS : Non.
VELA : Je te dérange ?
DAVIS : Jamais. Un problème ?
VELA : Plein.
DAVIS : La routine, quoi ?
Ils rirent. L’ambiance sur la passerelle était passablement détendue, malgré les bougonnements incessants de T’Kar
sur le siège de commandement. Bien entendu, les premières revendications concernant leur arrêt éclair et la
suppression des permissions commençaient à encombrer le bureau de Denis qui se jetait à corps perdu dans le
travail. Matolck n’avait pas reparu depuis les manœuvres de départ et les gens ne cessaient de s’interroger – mais à
voix basse, pour l’instant.
VELA, d’un geste du menton : Elle n’a pas l’air d’apprécier.
DAVIS : T’Kar ? Tu la connais.
VELA : Ouais.
DAVIS : Pfff… Tu lui en veux encore d’avoir débarqué chez toi comme une furie ?
VELA : Non. L’expérience était des plus enrichissantes.
Ils rirent encore. Ca leur faisait du bien. Ils avaient tant de choses à se dire et ce petit intermède était tout ce qu’ils
avaient trouvé avant l’arrivée à destination.
VELA : Harker n’est pas là ?
DAVIS : Non, mais il viendra prendre son poste dans une demi-heure.
VELA : OK.
DAVIS : Il t’inquiète ?
VELA : Disons que… ah c’est difficile à dire.
DAVIS : Il a encore fait des siennes ?
VELA : T’es au courant ?
DAVIS : Vaguement, mais ta question confirme les rumeurs. C’était au NoName non ?
VELA : Je dois en référer au grand patron.
DAVIS : Je vois. Pourquoi pas a la sous-chef ?
VELA : T’as vu l’humeur qu’elle a ?
DAVIS : Boah, si je viens avec toi, ça devrait aider, non ?
VELA : Non, hors de question, pas de ça.
DAVIS : Ca te gêne qu’on soit ensemble ? Dis-le !
VELA : Parce que vous êtes ensemble ?
DAVIS : Et si on l’était ?
VELA : Mais vous l’êtes ?
DAVIS : Réponds-moi !
VELA : Toi d’abord !
T’KAR, se redressant : Bon, vous les rigolos ! Z’avez pas aut’ chose à faire que comploter ? Davis, vous avez un
vaisseau entre les mains, pas un petit scooter !
DAVIS : Oui m’dame ! A vos ordres, m’dame !
D’un clin d’œil, il prit congé de son ami. Le rendez-vous spatial était pour bientôt. Hésitant sur la marche à suivre,
Vela préféra esquiver et s’en alla au sickbay afin de prendre des nouvelles de miss Potin. C’est au moment où il
escomptait regagner la passerelle qu’il fut alerté par Horton : il s’agissait de Nera…
32-Spriggan
LENASSY *com* : Enseigne Lenassy je souhaiterais être en relation avec le Sous-Lieutenant Spriggan.
SPRIGGAN *com* : oui Aldane ?
Il est vaguement inquiet, c'est la première fois en fait qu'ils se contactent par combadge interposé. La voix de la jeune
femme est légèrement tremblante.
LENASSY *com* : il y a un problème avec Nera, elle est au sickbay.
Elliot est encore engourdi de sommeil.
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Nera? Nera est au sickbay? Immédiatement, Spriggan sent sa poitrine se compresser. Il n'a aucune idée de ce qui
s'est passé, mais il est clair que c'est de sa faute! S'il avait accepté de passer la soirée avec elle comme elle le lui
avait demandé, au lieu de s'isoler en égoïste dans un holodeck, Nera n'aurait pas… elle ne serait pas… pas quoi, au
juste?
— Peux-tu venir nous rejoindre? demande Aldane via le comlink.
— J'arrive! répondit-il sans hésiter.
" Que fait Aldane au sickbay? Se demande-t-il en sortant de chez lui, toujours vêtu en civil. Je croyais qu'elle
travaillait ce soir."
Propulsé par sa propre angoisse, elle-même alimentée par l'anxiété perçue dans la voir de Lenassy, Spriggan
parvient rapidement à l'infirmerie et trouve Aldane au chevet de Nera. Sa jolie naïade ne l'accueille pas avec sa joie
habituelle, trop absorbée par l'état de Morak.
Ils discutent un moment durant lequel Aldane lui résume le peu qu'elle sait. Spriggan consulte ensuite Ivafaire qui ne
peut que le rassurer. Bien qu'il n'ait aucune idée de l'origine du problème, Nera va bien et sera sur pieds d'ici
quelques minutes.
Face à face de chaque côté du biobed, Aldane et Elliot discutent à voix basse en attendant que leur amie émerge
d'un sommeil artificiellement induit.
— Tu sais à quoi j'ai pensé? demanda Spriggan. Ses histoires de cauchemars et son hallucination auditive de ce
matin… ça coïncide avec le début de ses "leçons" avec Harker!
Lenassy fronça les sourcils, ce qui lui donnait un petit air méfiant tout a fait adorable.
— Tu crois que ça a quelque chose à voir?
— Et si cet imbécile était allé foutre le bordel dans sa tête? Suggéra-t-il en se penchant un peu au dessus de Morak.
Tout allait bien avant qu'il ne décide de soit disant l'aider à ouvrir son esprit!
Aldane remarqua que plus Spriggan parlait de Jason, plus il s'énervait.
— Calme-toi, s'il te plaît, souffla la zaldane en posant doucement sa main sur la poitrine joliment dessinée sous le tshirt blanc de l'humain.
Nera émis un soupir et ouvrit lentement les yeux, éludant du coup Harker de l'esprit d'Elliot. La fille de T'Kar posa les
yeux sur Aldane et son visage changea aussitôt. Lenassy put y lire une peur indicible avant que Nera, mue par un
réflexe, ne s'écarte d'elle en criant. Spriggan la rattrapa avant qu'elle ne tombe du lit de diagnostique. Morak tourna
vivement la tête afin de voir qui s'était saisit d'elle. Son expression faciale changea en une seconde lorsqu'elle
reconnut Elliot.
— Spriggan! s'écria-t-elle avant de fermer les poing sur les pans ouverts de sa veste de cuir et de le tirer violemment
à elle.
Déroutée, Aldane vit Nera embrasser Elliot comme si sa vie en dépendait.
— Eh! bien, ça va mieux on dirait! Lâcha hargneusement T'Kar qui venait d'arriver pour prendre des nouvelles de sa
fille.
— Mff… mmph… mmm… déclara Spriggan avec conviction en écartant les bras et en tournant les yeux vers T'Kar
tandis que Nera, accrochée à lui, le maintenait fermement sur sa bouche.
La jeune fille finit par lâcher prise et Elliot s'assura que sa veste n'avait pas subit trop de dommage avant de
demander à Nera quelques explications. T'Kar lança un regard méchant vers le sous-lieutenant mais repoussa une
éventuelle semonce à plus tard, soucieuse qu'elle était d'entendre d'abord ce qui était arrivée à sa fille.
"'tain! Ça va chauffer pour mon matricule!" songea amèrement Elliot. Car en effet, T'Kar ne s'était toujours pas
prononcée sur la nature des représailles qu'elles choisirait de lui imposer pour son comportement envers Tomkat, et
ce baiser n'allait certes rien arranger.
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Nera, maintenant calmée, pris la main d'Aldane entre les siennes et supplia la zaldane de lui pardonner sa réaction.
Lenassy était évidemment curieuse de savoir ce qui l'avait suscité mais n'aurait jamais pu en vouloir à sa jeune amie
pour qui elle s'était tant inquiété et dont elle avait si envie de prendre soin.
Entourée de Ivafaire, T'Kar, Lenassy et Spriggan, Nera raconta courageusement et de façon aussi détaillée que
possible son étrange cauchemar. Elle ajouta au récit les détails relatifs à son rêve de la veille (en omettant toutefois
sa visite chez Elliot) ainsi que les bruits qu'elle avait entendus durant la journée.
— Bref, ces évènements semblent se produire lorsque vous abaissez vos barrières, consciemment ou
inconsciemment, nota machinalement Ivafaire en pianotant sur un padd. Lorsque vous "ouvrez" votre esprit.
Plus Morak leur offrait des précisions, plus Aldane constatait que Spriggan virait au rouge. Sa colère augmentait à
vue d'œil et la grande femme blonde, qui commençait à connaître son "chevalier servant", s'approcha subrepticement
de lui, anticipant une explosion.
Lorsque Nera termina son récit, Elliot ne prononça qu'un mot, sur un ton parfaitement sinistre:
— BON!
Puis il s'élança vers la sortie en serrant les poings. Cependant, il n'alla pas loin. Aldane se plaçant en travers de sa
route pour lui bloquer le passage.
— Où allez-vous comme ça? cria T'Kar en les rejoignant.
— Casser la gueule à vot' copain Harker! Aboya Spriggan au visage de sa F.O.
Tant qu'à se faire virer de l'Indé, Elliot se dit qu'il valait autant mieux en profiter. Sa rage contre Jazz lui avait fait
perdre toute crainte de cette terrible femme qui tenait pourtant son sort entre ses mains.
La vulcaine fut si étonnée de la réplique et, justement, de l'absence de toute crainte à son endroit, qu'elle estima que
le jeune homme avait une raison légitime d'être en colère. Il devait savoir quelque chose qu'elle ignorait à propos de
Jason et de sa fille.
— Monsieur Spriggan, s'emporta Ivafaire, je croyais avoir été clair à propos de vos élans de colère et de la nécessité
de les contrôler!
Elliot l'ignora complètement.
— Laisse-moi passer! Ragea Sprig à cinq centimètres d'Aldane.
— Tu pourras passer si tu me casses d'abord la figure, à moi, répondit très calmement la jeune femme.
Elliot se perdit un instant dans les yeux paradisiaques de son amie puis recula en passant ses mains sur son visage.
Elle avait gagné. Avec une facilité déconcertante, elle avait désamorcé sa rage et peut-être sauvé sa carrière.
Spriggan s'adossa à un mur et croisa les bras en se mordant la lèvre inférieure. Il vit ensuite que T'Kar l'observait
avec perplexité.
— Vous ne m'aimez pas, hein? Lui lâcha-t-il sur un ton de défi.
— Pas vraiment, non, confirma T'Kar placidement.
Un duel de regards eu lieu entre les deux avant que Spriggan ne rompe le contact en rigolant tout doucement.
— Et si je vous faisais le coup des phéromones, lui dit-il pour la taquiner.
— Et si je vous arrachais cette partie de votre anatomie à laquelle vous tenez plus que tout et que je vous la servais
en salade?
— Euh… y'aurait pas moyen de lui arracher plutôt autre chose? demanda timidement Aldane. Quelque chose dont il
n'a aucune utilité… sa tête, par exemple.
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L'atmosphère se détendit quelque peu.
- Dites-moi plutôt ce que vous reprochez à Jazz, demanda ensuite T'Kar.
33-Davis
==/\== Passerelle un peu avant 20h ==/\==
L’arrivée à Lys V avait bientôt fait place au départ de Lys V. Il était rarement arrivé, d’après les souvenirs du pilote,
que l’Indépendance ait dû quitter la station aussi rapidement après son arrimage. Pourtant, ils étaient là à voyager
vers une destination X pour aller récupérer le patient, Von Ewig. Davis se souvenait un peu de cet homme. Il était
chef de la sécurité lorsque, petit enseigne qu’il était, Davis avait été assigné au flag ship. Il se souvenait surtout qu’on
ne le voyait pas souvent, et que lorsqu’on le voyait ça donnait froid dans le dos. Puis, un jour, il avait disparu, Karl
n’avait jamais vraiment su pourquoi. La réaction des autres membres de l’équipage lui avait indiqué que Von Ewig ne
serait pas le bienvenu pour tous. Peu importait, il ne le connaissait pas personnellement et ça ne changerait pas, ils
devaient simplement le transporter d’un point A à un point B. En plus, le jeune pilote avait bien d’autres trucs en tête.
Davis vérifia avec Actarus les données de navigation, tout semblait dans l’ordre. Il se tourna un peu sur son siège,
jetant un œil à T’Kar sur le siège de commandement. Bon sang ce que sa vie s’était compliquée depuis qu’elle était
apparue. Le pilote remarqua que la demi-vulcaine semblait préoccupée. Il avait entendu parler plus tôt qu’elle avait
eut quelques altercations avec Vela au courant de la journée. Il se demandait si elle était mal à l’aise d’être en sa
présence à lui, puisqu’il était ami avec l’andorien. Pendant que cette question tournait dans la tête de Davis, la demivulcaine remarqua qu’il regardait en sa direction et elle croisa son regard. Elle lui fit un petit sourire, quelque part
entre la timidité et le malaise, puis se ravisa en regardant à gauche et à droite. Le geste amusa Davis, qui ne
détourna pas les yeux. T’Kar fit de gros yeux ronds et de petits mouvements discrets de la tête du style « regarde en
avant, quelqu’un pourrait remarquer ». En retour, Davis ne pouvait retenir ses lèvres de s’élargir en un grand sourire.
Il cru voir une pointe d’amusement dans le regard de T’Kar jusqu’à ce que la porte de la passerelle s’ouvre et que le
chef de la sécurité apparaisse. La First Officer regarda droit devant elle et se racla la gorge. Davis comprit qu’elle
n’avait plus envie de plaisanter et il retourna à ses commandes. Vela vint le saluer.
[ici la discussion entre Vela et Davis du #31 d’Albert]
Peu de temps après que Vela ait quitté la passerelle, T’Kar fut appelée à se rendre aux quartiers de sa fille. Affolée
elle se leva d’un bond et se lança vers les portes de la passerelle. Davis se leva à son tour et alla se lancer à sa
suite, voulant lui offrir son support, mais il entendit T’Kar lancer par-dessus son épaule sans regarder en arrière
« Davis vous avez la passerelle ». Le pilote stoppa net et parcourut la passerelle des yeux et ne put que marmonner
un « Mais…beuh… ». Il retourna ensuite à son poste et vérifia les données de navigation, puis se dirigea vers le
siège de commandement, sans toutefois oser s’y asseoir.
Un peu plus tard, il y eut un changement partiel de quart et quelques officiers quittèrent leur poste pour être remplacer
par d’autres. Harker vint donc remplacer Actarus, non sans jeter un regard confus vers Davis qui se tenait debout
devant le siège de commandement. Après une bonne vingtaine de minutes si ce n’est plus d’observation, la curiosité
du tacticien l’emporta.
HARKER : « Monsieur Davis, qui a le commandement de la passerelle? »
DAVIS : « C’est moi, monsieur Harker. »
HARKER : « Vous êtes sérieux? »
DAVIS : « Absolument, la passerelle m’a été remise par le commandeur T’Kar elle-même. »
HARKER : « Et bien laissez-moi vous relevé dans ce cas. »
Jason fit quelques pas vers le siège de commandement. Il était normal, voire standard, qu’il prenne la passerelle
puisqu’il était plus haut gradé que Davis.
DAVIS : « Ce ne sera pas nécessaire, commandeur, je m’en tire. »
Le tacticien n’apprécia pas l’affront. Il jeta un regard autour mais personne ne semblait avoir entendu Davis à part lui.
HARKER : « Vous me remettez la passerelle maintenant, lieutenant-commandeur »
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Jason avait réduit l’écart entre le pilote et lui pour ne pas parler trop fort et il avait bien mis l’emphase sur le grade.
Davis restait droit comme un piquet. Il savait bien que la procédure lui dictait de laisser la place lorsqu’un officier plus
haut gradé le lui demandait. Il se disait toutefois que ce n’était pas par souci de procédure que Harker voulait le
relevé du commandement de la passerelle. Il hésitait entre suivre les règles et s’obstiner pour ne pas faire plaisir au
tacticien devant lui, qui attendait toujours. Le combadge de Harker les interrompit. Une pensée rapide traversa
l’esprit de Davis : c’était la première fois qu’une combadge l’interrompait sans que ça ne lui déplaise.
T’KAR v.c. : « T'Kar à Harker... »
Harker : « Jason, j'écoute. »
T'Kar v.c. : « Cmdr, j'aimerais vous voir immédiatement dans mon bureau. »
Harker : « Avec plaisir. »
Harker regarda Davis droit dans les yeux avant de quitter la passerelle. Ces deux hommes étaient partis du mauvais
pied et les choses ne s’amélioraient guère. Lorsque le tacticien eut quitté la pièce, Davis fit appeler un officier pour
assurer le poste aux commandes tactiques, il se dit qu’il devrait peut-être aussi faire venir son remplaçant un peu plus
tôt, puisque son quart se terminait dans moins de deux heures. Il fit donc venir la lieutenant Bilodeau pour le poste
tactique et demanda à l’enseigne Olaf Driverfast de venir le relever immédiatement à la console de pilotage. Sachant
que T’Kar allait être dans son bureau, il se dirigea à une console et y tapa un message qu’il envoya directement au
bureau de la First Officer. Après tout, ils avaient encore beaucoup à se dire. Lorsqu’il eut terminé, il relut le message
et appuya ensuite sur la touche d’envoi.
« T’Kar,
Je termine mon quart dans moins de deux heures. J’ai besoin de te revoir, de te reparler. Pourrais-tu me
rejoindre à mes quartiers dans deux heures? Je te prie d’accepter. À plus tard.
Karl »
34-Lenassy
Le début de soirée avait été des plus stressants pour Aldane. Elle avait mis longtemps avant de finalement revenir sur
ses pas et obliquer vers le laboratoire de sciences. Elle avait en tête l'arrivée d'Elliot au sickbay et tout de suite
derrière, les yeux de Nera et ce qu'elle y avait lu. Elle avait senti un pincement de coeur, l'espace d'un instant. Puis,
tout avait semblé repartir à la norme. Elle sourit affectueusement à la pensée de Nera embrassant Elliot, elle ne
pouvait pas rêver plus parfait ensemble. Elle aurait dû l'appeler bien avant d'arriver au sickbay, cela lui aurait peutêtre éviter de se trouver confronter au regard plein de peur de la jeune fille.
Ses cauchemars étaient épouvantables, c'était certain. Se pouvait-il que le commandeur Harker en soit responsable ?
Pourtant Nera jurait que non. Elle devait savoir ce qui se passait. La colère d'Elliot l'avait un moment inquiétée. Elle
l'aurait avec plaisir pris dans ses bras pour le rassurer, le calmer et accessoirement l'embrasser. Elle avait eu un court
instant cet élan qu'elle avait retenu en partie pour ne pas briser l'instant entre Nera et Elliot qui avait visiblement sorti
la jeune fille de sa frayeur.
Qu'est-ce que Blondie allait râler. Elle avait accepté à contrecoeur de modifier ses horaires avec Aldane et elle
trouvait le moyen d'arriver en retard. Presque d'une heure, flûte elle n'avait pu tenir parole, ce qui fait que
probablement elle ne pourrait jamais plus rien négocier avec sa collègue.
C'est donc un peu anxieuse qu'Aldane passe la porte du laboratoire principal.
"Mais où t'étais !! J’ai appelé, tu n'as pas répondu !!"
Aldane avance vers la jolie blonde, n'essaie même pas de sourire, parce qu'elle n'en a pas du tout envie, elle se sent
coupable de la situation. En effet, elle n'avait pas tenu ses engagements et Blondie n'avait rien à faire des
circonstances. Elle avait les mains aux hanches et regardait Aldane en essayant de froncer les sourcils, puis elle finit
par sourire.
AIRHEAD : bon, je te laisse, j'ai un rendez-vous moi !
LENASSY : tu ne l'as pas manqué ?
AIRHEAD : oh, je l'ai reporté, mais là, tu es arrivé juste à temps. J'y cours. Euh, il faut surveiller... hum... Gaston
revient, il a quelque chose en cours.
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Elle montre rapidement vers le fond de la salle, un endroit où Aldane évite d'aller presque instinctivement puis
disparaît rapidement, laissant derrière elle des effluves entêtant de parfum.
Aldane se détend enfin. Elle jette un regard soupçonneux vers le fond du laboratoire et décide, d'aller vérifier la
chose.
Bon, normalement Gaston devrait revenir, au moins elle ne passerait pas le reste de son temps seule. C'était bien joli
les *gloup... gloup* qu'elle entendait, mais ça ne remplaçait nullement les contacts *humains*. Elle se dirige donc vers
les sons bizarres qu'elle entend et arrive devant le plan de travail prévu normalement pour des expériences plutôt de
chimie. Pourquoi Gaston s'évertuait-il à faire ce type d'expérience ?
*gloup... gloup... gloup*
Elle approche d'un air soupçonneux de l'espèce d'usine à gaz qu'il a mis en place. Sur le côté gauche deux boîtiers
transparents dont le couvercle est rabattu et lui permet d'observer en toute sécurité dans l'un ce qui ressemble assez
à une pâte noirâtre, comme si quelque chose avait cramé, puis dans le second, le même genre de pâte plutôt brune.
Elle lève les yeux en l'air comme à la recherche de n'importe quelle étiquette qui pourrait lui expliquer la nature de ces
échantillons. Puis elle passe devant une ampoule à décanter, c'est de là que lui parviennent les bruits sourds.
Curieux, ça n'était pas sensé faire des bulles. Elle enfile une des blouses qui se trouve accrocher sur un portemanteau mal fixé, probablement un cadeau de Gaston, puis baisse le bec bunsen. Elle n'allait pas laisser faire une
autre catastrophe sans réagir. D'abord consulter l'état des travaux. Gaston semblait avoir une idée fort particulière
des expériences qu'il pouvait pratiquer.
Le plus simple étant de vérifier à quoi elle avait à faire, elle fait un minuscule prélèvement puis commence à
déterminer ce dont il s'agit. Une série de manipulations plus tard, elle ne sait toujours pas quelle est la substance,
mais elle s'est détachée de ses inquiétudes à propos de Nera.
Gaston la trouve, penchée au-dessus du bécher versant une petite quantité d'un liquide vert émeraude du plus bel
effet. Il ouvre la bouche de stupeur, une larme se forme et se perd aussitôt.
LAGAFFE : mais... ça... ça a marché ?
Aldane manque renverser la dernière mesure et se rattrape de justesse.
LENASSY : Gaston chuuutt ! ... voilà !
Elle soupire et regarde le résultat. En fait Gaston venait de mettre au point un dissolvant inodore et sans danger pour
les organismes vivants. Elle ne savait pas encore combien d'espèces répertoriées étaient concernées. Puis, Gaston
lui souffle.
LAGAFFE : c'est quoi ?!
Aldane se retourne brusquement et regarde sérieusement son collègue.
LENASSY : mais... c'est toi qui a commencé l'expérience... tu ne le sais pas ?
Gaston hausse les épaules.
LAGAFFE : j'avais commencé avec un explosif adhésif à retardement.
LENASSY : Hein ?! Mais... ça sert à quoi ?!
LAGAFFE : euh... je ne suis pas très sûr.
L'officière secoue la tête, un peu inquiète au sujet de son collègue de travail.
LENASSY : il y a des tests à faire. J'ai gardé des échantillons des nanos-probes que nous avons rencontrés. Et je
voulais qu'on puisse en faire une simulation complète avec l'ordinateur du labo. Tu pourrais faire des recherches en
ce sens. Tu n'as besoin que de l'ordinateur, qu'est-ce que tu en penses ?
Gaston fait la moue.
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LAGAFFE : hum... oui, je peux le faire en plus.
LENASSY : mais l'idée c'est de travailler ensemble, c'est à dire nous déterminons le sens du projet et on s'y tient. Ça
te va toujours ?
LAGAFFE : il faudrait en parler aux autres.
LENASSY : oui, en effet, mais il faut bien démarrer. J'ai aussi un autre projet sur des organismes vivants... enfin tant
qu'ils sont vivants.
LAGAFFE : faut en parler à Klemp.
LENASSY : ouais c'est ça et il va demander combien si on prend du matériel hein ?
LAGAFFE : bah... voyons, c'est que tu n'as pas su le prendre. Bon, on va se faire une réunion.
LENASSY : tu sais l'emploi du temps de tout le monde ?
LAGAFFE : oui, oui, on va voir avec le tableau de présence.
Aldane se redresse, s'écartant du plan de travail. Tout était sous contrôle, ce qui était un net avancement. Elle
envisageait avec beaucoup d'optimisme le travail en équipe et Gaston s'avérait une personne de bonne volonté et
elle appréciait. Elle sourit en regardant Gaston qui déjà fronce les sourcils sur le fameux tableau affiché à l'entrée du
laboratoire.
Elle est épuisée, il lui reste une heure encore, cette dernière heure allait être longue. Elle décide donc de vérifier si
ses panneaux de verre sont arrivés pour monter les aquariums. Elle avait des doutes, ils n'étaient peut-être pas
restés assez longtemps arrimés à Lys5 ou alors Denis lui avait trouvé des panneaux en plastique, bah ce serait
toujours mieux que rien de toutes les manières.
== Salle de détente - Pont inconnu - Section inconnu - USS Indépendance ==
Ritink était absolument ravi de sa journée au complet. Frisssk s'avérait être un bon compagnon. Ils avaient très
lentement commencé à discuter autour d'un jeu des plus amusants.
Au début Frisssk était tendu ne sachant pas trop à quoi s'attende de la part du zwickien. Disons c'était un peu difficile
d'oublier l'incursion des zwickiens quelques jours plus tôt, puis, petit à petit il s'était fait à ce petit bonhomme qui
mettait toujours les mains dans ses poches pour marcher à côté de lui. Il lui rappelait par certains côtés l'un de ses
nombreux frères, Meooow, c'était le plus jeune et le plus curieux. Il avait un jour de chasse choisit la mauvaise option,
c'est à dire ne pas oublier un temps sa curiosité qui lui avait été fatal ce jour là.
Presque machinalement Frisssk avait rattrapé Ritink lorsque celui-ci avait oublié de regarder à ses pieds et se serait
probablement effondré au sol. Il avait maintenu le zwickien dans les airs un instant seulement. Ritink lui en avait tenu
rigueur l'espace d'un instant puis avait oublié cet épisode vexant. Il n'était pas un enfant.
Frisssk était demeuré silencieux la plupart du temps et répondait avec parcimonie et clarté aux questions de Ritink.
AL'ARM : je suis toujours étranger à bord ?
FRISSSK : invité, c'est ce que le boss a dit.
AL'ARM : ah, et c'est mieux ?
Frisssk fait une espèce de moue invisible sous son pelage.
FRISSSK : sans doute.
AL'ARM : c'est où que je peux trouver un miroir et un peu d'eau ?
Le caïtan montre la porte battante d'où sort une ravissante jeune femme brune que Frisssk suit du regard.
Ritink a disparu pendant quelques minutes, à son retour il n'arbore plus les deux traits parallèles sur les tempes et
porte un triangle sur le front. L'air satisfait il revient vers la salle centrale et rejoint Frisssk.
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AL'ARM : quand est-ce qu'on va voir Mademoiselle Blondie ?
FRISSSK : plus tard.
AL'ARM : ah !
Il est légèrement déçu, mais le garde pour lui. Après tout, il a tout son temps, depuis que le vaisseau est reparti il est
évident qu'il n'allait pas être débarqué... enfin... pas tout de suite. Il pâlit brusquement et s'ils le ramenaient chez lui ?
AL'ARM : le vaisseau, il va où ?
FRISSSK : confidentiel. Maintenant il faut rentrer.
AL'ARM : ah ?! Déjà ?
FRISSSK : oui.
L'officier se met en mouvement, après avoir rangé les jeux sortis dans le placard à cet effet.
== Coursive menant au sickbay 1h plus tard ==
Aldane marchait d'un pas rapide. Elle avait enfin fini et le travail s'avèrerait plus intéressant dans les prochains jours.
Elle aimait l'idée qu'ils allaient travailler ensemble ou tout au moins faire des équipes. Pour l'heure son sujet de
préoccupation était Nera et elle fonce prendre de ses nouvelles.
Lorsqu'elle arrive enfin, elle s'enquiert de Nera. La jeune fille dort enfin. Elle se penche un instant au-dessus d'elle, lui
prenant la main, elle passe sa main sur le front de son amie.
"Vous savez dans trois ou quatre heures il n'y paraîtra plus."
Elle se tourne reconnaissant la voix, après avoir réinstallé Nera.
LENASSY : docteur, elle va donc bien ?
IVAFAIRE : oui, oui.
LENASSY : je peux rester un peu ici ?
IVAFAIRE : c'est inutile, elle ne se réveillera pas.
LENASSY : oh, bien, alors je la verrais demain, merci Docteur... de vous êtes occupé d'elle.
IVAFAIRE : comme pour tous mes patients Enseigne.
Aldane quittera à regret le sickbay puis rejoindra d'un pas lent ses quartiers. Elle ôtera son uniforme pour prendre une
douche, demain, il faudra qu'elle retourne à la piscine.
35-T’Kar
T'Kar avait rejoins son bureau, le pas lourd et un peu à la manière d'un automate. Elle avait les traits fatigués et les
joues creusées. Depuis l'arrivée de sa fille, elle avait l'impression d'avoir vieilli de dix ans. Fatiguée mais pas
résignée. Vela et Spriggan la détestaient -soit!-, elle supportait cela bien mieux qu'elle ne l'aurait pensé. Car il y avait
Karl... T'Kar sourit. Penser à lui réchauffait le coeur de la vulcaine. Etait-ce une réponse à ses sentiments? Il n'y avait
plus de grisaille lorsqu'elle pensait à lui, lorsqu'elle voyait son visage. Etait-ce la réponse? L'aimait-elle?
Elle entra dans son bureau et repoussa cette question tant qu'elle put, elle devait se concentrer sur le problème de sa
fille. Elle devait parler à Harker.
La vulcaine fit un moment les cents pas dans son ready room, prit un padd et afficha les données des derniers
rapports de la journée sans vraiment se concentrer sur le sens des phrases qu'elle survolait. Elle s'assit sur le petit
canapé près de son bureau et se força au calme.
Jason arriva, après quelques minutes, tout sourire. T'Kar leva son visage vers lui et, d'une main, lui indiqua le fauteuil
face à elle. Harker s'assit.
La vulcaine était posée et ne montrait ni colère ni inquiétude. Rien ne transparaissait sur son visage olivâtre.
T'Kar : Cmdr Harker.
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Jason hausse les sourcils et la regarda comme si elle venait de l'insulter.
Harker : T'Kar?
T'Kar : Jason.
La vulcaine posa son padd à côté d'elle sur la banquette et croisa les jambes. Elle lança alors, neutre et détachée :
T'Kar : Nera est au sick bay, elle a eu une crise.
La stupeur passa sur le visage du tacticien. Instinctivement, il se leva, prêt à accourir au sickbay mais la vulcaine ne
l'entendait pas de cette oreille. Elle voulait tirer ça au clair.
T'Kar : Jason, s'il te plait, assis-toi. Nous avons à parler.
Mais Jason se contenta de la fixer, sans comprendre. La vulcaine perdit alors son calme apparent.
T'Kar : Grand Dieu, Jason! Je suis à bout de nerf. Si tu ne t'assis pas tout de suite, je crois que je serais capable
d'enclencher l'autodestruction de ce maudit vaisseau!!
Jason obéit avec lenteur et surtout à contre coeur. Il resta silencieux, les mains sur les genoux, pendant que la
vulcaine passait une main sur ses tempes et reprenait son souffle. Il demanda, prudent :
Harker : Que s'est-il passé?
Sans le regarder, elle lui résuma la situation. Puis elle l'observa avec attention. Jason semblait en proie aux doutes.
Harker : Je ne comprends pas... Ce n'est pas une réaction normale.
T'Kar : Nera a dit que tu n'es pas responsable. Sur ce point, je suis prête à la croire. Néanmoins, je ne suis pas sure
de tes réelles motivations en ce qui concerne tes fameux "cours de télépathie" avec elle.
Harker : Je n'utilise pas Nera contre toi, si c'est le fond de ta pensée.
T'Kar : Direct comme toujours.
Harker : C'est ma manière de faire.
T'Kar : Jason, tu connais l'histoire de Nera, tu sais qu'elle a un très lourd passé. Elle est fragile et manipulable.
Harker : Elle est plus forte que tu ne le crois.
T'Kar : Je ne la sous-estime pas.
Harker : Je crois que si.
Silence.
Harker : Elle m'a dit qu'elle était empâte durant son enfance. Ce qui n'est pas normale, c'est qu'elle ne l'est plus.
Nouveau silence.
Harker : J'ignore ce qui a provoqué ses crises... Peut-être que certains points m'ont échappé ou peut-être a-t-elle
forcé son esprit à aller trop loin... C'est une jeune femme courageuse qui ne recule pas devant l'adversité et les
obstacles.
T'Kar : Oui, ce n'est pas comme sa mère...
Harker : Je n'ai pas dis ça.
T'Kar : Je n'ai pas besoin d'être télépathe pour savoir ce que tu pense de moi.
Jason sourit malgré l'attaque et lança comme pour se défendre devant l'incompréhension de la vulcaine :
Harker : Et le plus beau, c'est qu'elle a hérité de ce don de toi. Son père étant bajoran... Tu as toujours eu un préjugé
en ce qui concerne la télépathie, tu t'es toujours méfié de mes propres dons.
36-Keffer
STEVENS : Est-ce que vous avez la moindre preuve pour appuyer cette histoire farfelue ?
Ainsi donc, on doutait de la véracité de ses dires. Cela la fit sourire.
Il faut dire que c’était compréhensible : une personne saine d’esprit ne pouvait pas accepter que le noyau d’un
réacteur matière/anti-matière abrite un monde entier, qu’elle y était aller pour en revenir sans subir une seule
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égratignure, que son voyage avait durée de quelques secondes à un peu plus de 14 ans, selon le point de référence
temporel. Il y avait effectivement de quoi dire qu’elle était folle, ou alors qu’elle était imaginative.
KEFFER : Je ne crois pas avoir quelque chose en ma possession qui puisse vous convaincre de mes dires. Mais j’ai
des objets personnels qui ont été déchargé du navire et doivent être livré dans les prochains jours à ma chambre
(Ses effets personnels qu’elle n’a pu garder à cause d’un certain McLoed)...
ANDROPOV : Est-ce que vous avez déjà considéré vous lancé dans la littérature ? Avec des histoires comme cela.
KEFFER : Si vous ne me croyez pas, demandez à l’amiral Tellan. Il était avec moi, après tout.
Andropov acquiesça. Cela faisait quelques heures qu’ils discutaient, et leur suspecte ne démordait pas de son
histoire. Cela valait la peine d’être essayé.
ANDROPOV : Je vais aller contacter l’amiral. [S’adressant à son collègue.] Vous devriez aviser l’indépendance qu’il
leur manque quelqu’un.
STEVENS : Bonne idée.
Andropov quitta la station, et Cynthia suivit docilement l’officier Stevens près d’un terminal de communication. Les
équipes de sécurité de la station ne pourraient pas dire qu’elle n’avait pas été très coopérative ! Les voir se débattre
avec cette histoire l’amusait.
Pendant qu’il préparait son terminal pour un appel à l’Indépendance, Stevens discuta avec Keffer.
STEVENS : Vous savez, mademoiselle Keffer, je pense que vous ne réalisez pas à quel point vous êtes dans le
trouble. Vous avez l’air de prendre tout cela comme s’il s’agissait d’un jeu.
KEFFER : Je ne crois pas que c’est un jeu, mais je ne pense pas que ce soit grave non plus.
STEVENS : Vous savez, vous pourriez être considérée comme un déserteur, et avoir les problèmes qui y sont
associés.
KEFFER : Ça ne me fait pas réellement peur, M. Stevens. Entre jouer à la gardienne et sauver Iris III du moins, ce
qui en reste je crois que le choix est facile.
-*****Karl Davis venait de transmettre son message à T’Kar, lorsque l’officière tactique attira son attention.
BILODEAU : Pardonnez-moi, monsieur, mais nous avons un message en provenance de Lys5. Comme le capitaine,
et la première officière ne sont pas disponibles pour le moment, et que M. Roy est en cycle du sommeil, désirez-vous
prendre le message sur l’écran principal.
Le navigateur replaça son uniforme sans réellement s’en rendre compte. Ce n’était pas le moment d’avoir l’air fou
devant les hauts gradés de Starfleet. Il s’agissait là, sans nul doute, d’une bonne occasion de se faire valoir.
DAVIS : Oui, sur écran.
Instantanément, le défilé d’étoile céda sa place au visage d’un officier au col jaune.
STEVENS : Bonjour, est-ce que je pourrais parler au Capitaine Matolck ?
DAVIS : J’ai bien peur que non, il est... occupé. Nos FO et TICs sont également indisponibles. C’est moi qui ait le
commandement de la passerelle.
STEVENS : Ha. Bien, je suis le lieutenant Stevens, de la sécurité de Lys5.
DAVIS : Je suis le Karl Davis, navigateur, habituellement.
STEVENS : Bien. Heureux de vous connaître. Je vous appelle pour vous signifier que dans votre précipitation, lors
de votre départ, vous semblez avoir oublié une officière sur la station...
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Cela étonna grandement Davis, qui, comme plusieurs, aurait bien aimé pouvoir se rendre sur la station plus
longtemps que les quelques heures qui furent alloué à une minorité de privilégié. Pourtant, ceux qui avaient pu
bénéficié d’une telle sortie étaient tous revenu à bord. Il était présent sur la passerelle lorsque le rapport des retours
de personnel fut reçu par Matolck et T’Kar.
DAVIS : Ah bon... J’étais sous l’impression que nous avions récupéré tout notre personnel. De qui s’agit-il ?
Avant qu’il ne puisse répondre, Cynthia se pencha légèrement par en avant, entrant dans le champs de vision de la
caméra.
KEFFER : Bonjour Mr. Davis.
DAVIS : Miss Keffer ? Qu’est-ce que vous faites là ?
KEFFER : J’avais mieux à faire que du baby-sitting...
37-Matolck
T’Kar était encore sous les coups des derniers évènements - le rendez-vous avec Harker n’ayant pas été le plus
troublant – et elle serait bien allée se préparer pour son rendez-vous avec Mike. Malheureusement pour elle, c’est le
moment qu’avait choisit son CO pour organiser une petite réunion avec Monsieur Vela. Non seulement elle ne pouvait
pas aller se préparer mais en plus elle devrait supporter la présence du chef de la sécurité…probablement la dernière
personne qu’elle souhaitait revoir aujourd’hui.
=/\= Ready room =/\=
Quant la vulcaine arriva, Fenras était déjà arrivé. La posture de Fenras qui se tenait droit comme un « i » laissait
présager que l’atmosphère serait tendue.
Un coup d’œil à son CO lui confirma ce fait : Matolck avait l’air absolument furieux, et il avait manifestement passé sa
mauvaise humeur sur une boite en carton qu’elle pouvait voir déchiquetée dans un coin de la pièce.
Alors qu’elle entrait, Matolck commença sans préambule.
Matolck : Miss T’Kar…vous êtes allée cueillir des champignons en chemin ou vous avez suivis des cours d’orientation
du département CNS ?
T’Kar lui serait bien rentrée dans le lard, mais elle commençait à s’habituer aux sautes d’humeurs du demi-vulcain et
choisit de laisser passer.
Matolck : Bon je ne sais pas ce qui se passe en ce moment mais c’est inacceptable ! Ca ne peut plus durer !!!
T’Kar : Qu’est ce qui se passe ?
Matolck : Il se passe Commandeur que rien ne va plus et je veux savoir pourquoi !
Vela (se tournant vers T’Kar) : Le capitaine vient d’apprendre que Miss Keffer est restée sur Lys 5 et que deux
officiers ont agressé deux personnes…en moins de 24 heures…dont un officier de mon département
Matolck (rageur) : et comme si ça ne suffisait pas le service des opérations de Lys 5 est dirigé par des gougnafiers,
des bachibouzouks, des sycophantes, des incapables ! Bref c’est complet !
Sur un coup d’œil interrogateur de son FO, Matolck se contenta de sortir une bouteille de sous son bureau : « Voila
ce qu’ils ont livré…et 40 caisses en plus ! Pourtant c’est facile de ne pas s’tromper c’est écrit en gros dessus : JD !!!!!
Alors que je pensais être débarrassé de ce tord boyau avec le départ de Rox, voila qu’on m’en recolle à bord…c’est
intolérable, inadmissible, inacceptable !!!
T’Kar : J’imagine qu’une plainte s’impose…
Matolck : Déjà fait…et en 5 exemplaires en plus. Ils m’ont répondu que…… (voix étranglée)……………non je ne peux
pas, dites lui Fenras
Vela (ton neutre) : Ils ont confondu avec un stock de déchets, et toute la cargaison de Talisker a été recyclée.
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Même si T’Kar s’en fichait comme de sa première socquette, elle compatit aux malheurs de son CO puisque c’était le
seul moyen pour qu’il arrive à se concentrer sur l’objet de cette réunion. Si elle ne voulait pas y passer des heures et
rater son rendez-vous avec Mike elle n’avait pas le choix et devait accélérer un peu les choses.
T’Kar : Vous avez une idée de qui est à l’origine de ça ?
Matolck : c’est un coup d’Rox c’est sur…mais pas de pot pour lui j’ai son stock en otage et je ne le lui rendrait pas tant
que je n’aurais pas le mien na !
T’Kar : ouibonsivousl’dites…et sur les autres points ?
Matolck : les autres poi…ah oui ça me revient. Monsieur Vela, je veux savoir comment on a pu oublier Cynthia sur
Lys 5 !
Vela : J’ai mis Kabal sur le coup dés que j’ai appris la nouvelle. Il est en train de retracer les évènements. J’aurais son
rapport dans deux heures.
Matolck :Z’en avez une !
Vela : Bien Capitaine.
Matolck : je veux aussi savoir comment et pourquoi deux officiers ont été agressés…et par un officier de sécurité en
plus ! Un service qui jusqu’à ce jour a toujours fait ma fierté… je veux un rapport circonstancié et si ça le justifie
j’exige des sanctions exemplaires pour les coupables !
Vela : j’ai déjà commencé l’enquête…
Matolck : Miss T’Kar vous la superviserez, et je ne tolérerais aucune clémence pour les coupables s’il s’avère qu’ils le
sont. Rompez
Alors que les deux officiers sortaient, Fenras put entendre son CO bougonner dans son coin : On me file une mission
de merde, on me livre de la merde, et même la sécurité se met à faire n’importe quoi…pour une journée de merde,
c’est une journée de merde !
La porte se referma sur un bruit de verre cassé, ce qui fit supposer à Fenras que le demi-vulcain s’était passé les
nerfs sur une bouteille de JD innocente…
38-Spriggan
[LYS 5 - Bureau du Premier Officier]
Confortablement assis dans son fauteuil, les pieds sur son bureau, l'amiral Rox Tellan savourait un délicieux verre de
Jack Daniel's en écoutant avec un sourire ravi le rapport d'Edgard, son majordome.
— Il en a donc été fait selon le désir de monsieur. Tout le stock de scotch du capitaine Matolck a été intercepté et
remplacé par la boisson de monsieur.
— Et qu'avez-vous fait du Talisker? demanda Rox la mine réjouie.
— Stocké sécuritairement, comme monsieur l'a demandé.
— Bien! Veillez à ce qu'il ne lui arrive rien. Je tiens à le remettre à son propriétaire dès que l'Indépendance
reviendra. À condition, bien sûr, qu'il me ramène le vaisseau dans un état acceptable.
— Monsieur ne craint pas pour les 40 caisses de Jack Daniel's livrées sur l'Indépendance?
— Hormis quelques bouteilles cassées lorsqu'il réalisera la substitution, je crois qu'il y fera attention. Après tout, j'ai
ici 40 caisses de Talisker en otage...
39-Lenassy
Fenras regarde s'éloigner T'Kar qui repart prendre le siège de commandement. Visiblement Matolck n'avait pas
l'intention de bouger ses fesses du ready-room. Il soupire puis va faire un pas pour s'éloigner, quand il se ravise. Il
oubliait encore.
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Il repasse la porte.
VELA : Capitaine, je voulais vous dire, pour le zwickien. Il faudrait que vous preniez une décision.
Matolck lève les yeux d'une autre bouteille qui n'est pas encore brisée, le regard un peu halluciné.
MATOLCK : et bien, passez-le par le airlock !
VELA : Capitaine !
Matolck fait un mouvement de balayage de la main puis soupire.
MATOLCK : bon, amenez-le en salle de réunion qu'on voit ce qu'il a dans le ventre. D'ici... hum... demi-heure.
Fenras ressort après un bref salut de tête et ressort.
Il utilisera le turbolift pour rejoindre Frisssk et Ritink. Il allait devoir le préparer à la réunion, il avait trouvé le Capitaine
plutôt étrange. Enfin, beaucoup plus que d'habitude. Il active son combadge demandant la communication avec son
officier.
VELA *com* : Frisssk !
FRISSSK *com* : oui chef !
Fenras imagine sans peine le caïtan ayant cessé toute activité et se tenir droit et fier, attendant le prochain ordre.
VELA *com* : tu amènes notre invité en salle de réunion dans 20mns. Celle du senior staff. Tu essaies de faire en
sorte qu'il présente bien.
FRISSSK *com* : à vos ordres chef !
La communication s'interrompt, Fenras a encore des ordres à donner avant d'aller au rendez-vous qu'il a donné à
Frisssk. 10mns pour briefer le zwickien, ça devrait suffire.
A quelques ponts en dessous, Frisssk regarde Ritink revenir d'une pause aux toilettes. Décidément il aurait dû
l'empêcher de trop manger et boire.
Le zwickien arrive presque au pas de course.
AL'ARM : désolé M'sieur Friissst.
FRISSSK : Frisssk et Monsieur n'est pas utile.
AL'ARM : ah bien. On va dormir maintenant ? Je préfèrerais retourner à "l'arboretum" *il met une certaine emphase à
prononcer ce mot qui l'impressionne, tout heureux de l'avoir retenu*.
FRISSSK : c'est maintenant. Vous allez avoir la décision.
Le ton utilisé semble définitif. Ritink a levé des yeux inquiets vers Frisssk et déglutit. Ça y était le moment tant redouté
était arrivé.
FRISSSK : vous avez un quart d'heure pour vous préparer. La plupart des gens sont couchés alors vous aurez les
douches pour vous tout seul. Aller, on y va.
Le caïtan, adossé à la paroi, se redresse puis avance à grands pas vers le turbolift. Il avait passé presque toute la
journée à faire ça, promener le zwickien. Même si l'invité de l'Indépendance était somme toute plutôt agréable, il n'en
demeurait pas moins qu'il avait hâte de passer à autre chose.
Il faudra dix minutes à Ritink pour se préparer.
Frisssk viendra le récupérer et le regarde finir ses préparatifs, qui consistent en un aplatissement en règle de sa
chevelure. Il lui a répliqué une autre tunique, la première ayant invité à peu près tous les plats dégustés par Ritink
depuis sa création.
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Le zwickien range ses affaires, secouant le robinet automatique qui branle un peu. Ritink sort une clef de sa ceinture
dont il ne se sépare pas, puis part visser ou dévisser quelque chose sous le lavabo.
FRISSSK *se rapprochant* : on a pas le temps. Voilà une nouvelle tunique.
Ritink se redresse brusquement se cognant contre le rebord du lavabo qu'il utilisait. Il se frotte la tête tout en rangeant
la clef.
Il prendra la tunique qu'il dépose précautionneusement sur la tablette qui a déjà accueilli son rasoir et ôte celle qu'il
porte.
Il a un torse relativement musclé et Frisssk remarque ce qui pourrait être des scarifications sur son dos. Ritink enfile
rapidement la nouvelle tunique, plie l'ancienne dont il ne sait que faire jusqu'à ce que Frisssk la saisisse et la jette
dans une espèce de placard qu'il referme. Ritink est sûr d'avoir entendu un bruit bizarre de machouillis. Déjà Frisssk
ressort de la salle, semblant pressé.
Ritink prend rapidement le reste de ses affaires pour les fourrer pêle-mêle dans son sac. Puis il prend son élan pour
partir au pas de course derrière Frisssk quand il se ravise, revient sur ses pas, se met en face du placard, le regarde
un moment. L'ouverture en est trop haute, il se met sur la pointe des pieds et ouvre le compartiment. Il saisit le
tournevis le plus long qu'il ait, puis essaie du bout de retrouver la tunique. Mal lui en prend, un mouvement de trop lui
fait lâcher le tournevis.
Il lance un juron où il serait question pour un traducteur de la fille de sa voisine ou quelque chose d'aussi peut
explicite. Il essaie de récupérer l'outil en vain. Il hausse les épaules, il devra en retrouver un autre. Il referme la trappe
et appuie sur le bouton que Frisssk a utilisé pour le verrouiller. Il entend en plus du machouillis un bruit métallique
puis une espèce de souffle, puis plus rien, lorsqu'il est soulevé du sol, tendant ses mains pour récupérer son sac au
passage.
Frisssk le redépose à l'entrée de la salle.
FRISSSK : on y va tout de suite, pas de retard.
AL'ARM : oui M'si... Frisssstk.
Le caïtan soupir puis conduit le zwikien jusqu'à la salle de réunion.
Ritink est un peu anxieux et il y a de quoi. Il y a là l'homme bleu aux antennes. Il sent Frisssk à ses côtés, presque se
mettre au garde-à-vous et il l'imite en tout point, se redressant de toute sa taille. Il a toujours cette espèce de triangle
qu'il a dessiné sur son front et qu'il a dû refaire après sa douche.
Fenras regarde le zwickien d'un oeil satisfait trompé par le pas raide que Ritink adopte pour parvenir jusqu'au fauteuil
qu'il lui désigne.
Frisssk s'est mis en retrait et Ritink l'a vu disparaître rapidement par la porte qui le laisse seul avec Boss, le chef de
Frisssk.
VELA : bien, le capitaine va vous recevoir et vous saurez à l'issue de cette entrevue ce qu'il va advenir de vous.
AL'ARM : oui M'sieur Boss.
Ses jambes battent contre le pied du fauteuil qui frissonne doucement sous ce traitement constant émettant un petit
bruit métallique seul indice que son pied accroche le levier qui permet de changer la hauteur du siège.
Fenras redresse la tête se demandant exactement ce qu'a dit le zwickien, puis se dit qu'il doit s'agir de zwickien qui
aurait échappé au traducteur.
VELA : il faudra écouter ce qu'il a à vous dire, vous répondez à ses questions de manières aussi précises que
possible.
L'andorien réfléchit encore un instant. Puis fait un signe de tête satisfait.
Le panneau d'entrée coulisse de nouveau.
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MATOLCK : bien, parfait, alors. Je suis le Capitaine Matolck, commandant de l'USS Indépendance.
Ritink saute presque sur ses pieds dont l'un se prend dans le levier et il s'étale de tout son long sa tête atteignant
presque les chaussures du Capitaine.
MATOLCK : je n'en demandais pas tant. Commandeur ?!
VELA : non bien sûr.
Ritink resaute sur ses pieds, se rétablissant, son visage porte les traces de sa maladresse dans une teinte d'un rouge
brique évident.
AL'ARM : s'cusez. Je suis Ritink Al'arm, dixième du nom, à votre service M'sieur Capitaine Malock.
Il se racle la gorge soutenant le regard du capitaine qui baisse les yeux pendant que lui les lèvent.
MATOLCK : bien, bien, asseyez vous.
Après un moment, lorsque les trois hommes sont finalement installés. Matolck observe le zwickien qui reste
silencieux et qui l'observe aussi.
MATOLCK : Vous avez fait beaucoup de dégâts sur mon vaisseau.
AL'ARM *rouge vif* : ah mais non, je n'ai pas...
MATOLCK : silence ! Je disais donc que vous avez saccagé mon vaisseau, en plus de ça parmi ce que vous avez
volé il y avait ma réserve personnelle, et ça, je ne le pardonnerais pas !
Il lève brusquement la tête imaginant un instant qu'il a en face de lui les crétins qui se sont trompés sur sa livraison.
Son visage prend des traits presque cruels qui inquiètent brusquement Fenras.
MATOLCK : vous avez aussi kidnappé du personnel, détruit des affaires qui ne vous appartenait pas, je crois même
qu'il y en a un qui s'est oublié sur le tapis d'entrée de mes quartiers... et j'en passe et des meilleures ! Qu'est-ce que
vous avez à dire là-dessus !?
AL'ARM : j'ai pas rien fait. Je suis venu sur le vaisseau parce que je voulais plus rester avec les autres. Ils me battent
et m'obligent à faire des choses que j'aime pas, j'ai pas à manger ni rien, je voulais pas rester M'sieur Capitaine
Matolck je v...
MATOLCK : capitaine suffira, oui, ça sera bien suffisant.
Il sourit presque oubliant un instant son précieux liquide à jamais disparu pour écouter le discours agité de Ritink.
AL'ARM : oui… euh Capitaine. Je voudrais bien rester sur ce vaisseau.
MATOLCK : on n'accueille pas les gens comme ça ici.
Ritink ne répond pas, vu qu'il n'y a aucune question.
Matolck prend le padd que Fenras a apporté pour la réunion, lisant rapidement le compte-rendu du comportement du
zwickien depuis qu'ils ont mis la main dessus.
MATOLCK : qu'est-ce que vous savez faire à part briser et tout ce que j'ai dit ?
AL'ARM : je répare les choses Capitaine. Depuis que je suis ici, j'ai réparé plein de trucs.
MATOLCK : comment ça, quels trucs ?
AL'ARM *haussant les épaules* : des trucs Capitaine, des choses qui marchaient pas et maintenant elles marchent.
Fenras se retient de préciser que les choses en question semblent avoir été détournées de leur utilisation première.
MATOLCK *se penchant vers Fenras* : de toutes les manières on peut pas le jeter dehors maintenant...
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VELA : euh non pas vraiment.
Le capitaine passe la main à son menton, le lissant comme s'il avait un début de barbe.
MATOLCK : bon, on va le garder un mois pour le moment, à l'issue du mois passé je déciderais s'il reste ou pas.
Alors pendant ce mois vous avez tout intérêt à filer droit. C'est entendu ?
AL'ARM *ouvrant de grands yeux* : ça veut dire je peux rester ?
MATOLCK : oui, sous conditions. Pas de troubles sur mon vaisseau ! C'est entendu ?
AL'ARM *souriant brusquement puis s'arrêtant de le faire pour parler, puis souriant de nouveau pour enfin répondre à
l'évidente question* : oui Capitaine.
Il se met debout puis se précipite vers le fauteuil de Matolck qui lève un sourcil, Fenras se redresse lestement, la
scène qu'il voit ressemble tout à fait à une attaque. Déjà il se maudit d'avoir amené ce zwickien vers le capitaine.
Quand brusquement Ritink s'arrête, inconscient de l'adrénaline qu'il a généré chez les deux officiers. Il incline la tête,
met son poing fermé contre sa poitrine.
AL'ARM : vous avez ma vie Capitaine.
Après cette déclaration grandiloquente qui lui a risqué une postérisation en règle de la part de l'Andorien qui se
détend à peine, Matolck retient un rire peut-être de soulagement.
MATOLCK : bien bien, Commandeur arrangez-vous pour lui donner un endroit où s'installer, je veux qu'il ait un
chaperon durant tout le mois de probation et vous allez voir à ce qu'il puisse travailler sur les réparations qui ne sont
pas finies.
VELA *se levant de son fauteuil* : bien Capitaine.
Il salue, imité par Ritink qui a le visage réjoui et le suit en accélérant le pas, puis il revient en arrière et récupère son
sac, il lève la tête vers Matolck.
AL'ARM : scusez Capitaine.
Puis il disparaît avec Fenras.
Matolck se retrouve seul, il boirait bien quelque chose, si seulement...
40-T’Kar
T'Kar avait rapidement quitté la passerelle, la confiant à Valerya, l'imperturbable vulcaine des Opérations. La FO avait
rejoins ses quartiers en courant. La dernière fois, elle s'était rendue au rendez-vous de Davis en uniforme mais cette
fois-ci, elle voulait être un peu plus décontractée. Elle se précipita dans sa chambre, ouvrit un placard et fouilla dans
ses affaires. L'endroit était rempli de vieilleries, souvenirs d'affectations passées, bibelots rapportés d'away team ou
de permissions. Il y avait peu de vêtements et la plupart étaient des uniformes.
T'Kar (déçue) : Mince, si ça se trouve, je l'ai jeté...
Mais son visage s'éclaira lorsqu'elle mit la main sur ce qu'elle cherchait dans le dernier tiroir. T'Kar sourit et extirpa du
placard une jolie robe d'été toute blanche. La vulcaine s'assit par terre, observa la robe, hésitante et se souvint...
###
.......Le soleil venait d'apparaître sur l'horizon et envoyait des rayons orangers sur la prairie. Il faisait encore frais mais
la journée s'annonçait chaude. Aucun nuage n'était dans le ciel. Seuls quelques oiseaux virevoltaient dans l'air et
poussaient des cris joyeux.
A la lisière de la forêt qui bordait la prairie, un buisson frémit puis une jeune femme en jaillit poussant des éclats de
rire. Elle portait une robe blanche et assez courte. Un joli décolleté montrait sa peau mate et satinée. Elle avait des
longs cheveux noirs que la jeune femme avait réuni en une queue de cheval qui présentait de petites oreilles
pointues. La vulcaine courut à travers les hautes herbes et jeta un coup d'oeil vers les buissons. Ne voyant personne,
elle s'arrêta net et scruta les environs immédiats avec attention. Elle leva un sourcil, amusée et lança, les poings sur
les hanches :
83/446
T'Kar : Je sais que tu es là! Pas besoin de te cacher, Goran!
Il n'y eut aucune réponse et cela parut amusé un peu plus la vulcaine. Elle mit une main devant sa bouche et gloussa.
Elle se baissa alors et prit l'un de ses souliers blancs. Elle plissa les yeux et visa l'un des arbustes. Elle cria en
lançant le soulier. L'objet disparut dans la végétation et il y eut un petit "Pok!" suivi d'un "Aiiiee!!".
T'Kar : Je t'ai trouvé!!
Un jeune bajoran sortit du buisson en se massant le crâne, la chaussure à la main. Il grimaçait puis il sourit lorsqu'il
vit T'Kar. Il dit d'un air malicieux :
Morak : Il avait pourtant dis sur la brochure "aucune bête sauvage"...
T'Kar : Très drôle!
Goran Morak rit. Tout à coup, il lança la chaussure par-dessus son épaule et dit, avant de se précipiter sur T'Kar :
Morak : Allez, au diable la prudence!!
Dans la plaine, les rires des deux jeunes gens résonnèrent.......
###
T'Kar sortit de ses songes et prit sa décision :
T'Kar : C'est la robe qu'il me faut.
Elle se changea le plus vite possible, se maquilla, mit un peu de parfum et se rendit vers les quartiers de Karl, toute
souriante.
41-Spriggan
T'Kar : Docteur Ivafaire, l'enseigne Morak est consignée à l'infirmerie le temps de savoir ce qui s'est réellement passé
et le temps qu'elle se remette sur pied. Je compte sur vous.
Elle en avait de bonnes, la T'Kar! Savoir ce qui s'est réellement passé! Comme si Ivafaire avait tellement de temps à
perdre avec de pareilles insignifiances alors qu'il avait tout plein de boulot qui l'attendait! Une jeune femme fait un
cauchemar et tout le navire est commotionné!
Le médecin n'avait aucune intention de perdre ses énergies aussi futilement pour l'inquiétude d'une mère poule.
D'autant plus que la jeune fille était maintenant revenue en parfaite santé et qu'elle piaffait pour quitter l'infirmerie.
— Allez, hop! Indigestion! Déclara Ivafaire en entrant son "diagnostique" dans un padd. C'est jamais bon de bouffer
avant d'aller dormir. Ça fait faire de mauvais rêves!
T'Kar serait contente. Morak serait contente. Tout le monde il serait content et surtout, le bon vieux doc serait très
content d'avoir la paix!
Ravie, Nera Morak quitta le sickbay, de nouveau en pleine forme.
=/\=
L'USS Indépendance arriva finalement près de la navette carcérale Cerbère, toujours à la dérive. Pour l'occasion,
l'alerte jaune avait été donnée et tout le monde ordonné à son poste.
Sur la passerelle, une certaine nervosité était palpable.
— État de la navette, monsieur Harker!
— Aucune activité, capitaine. Les moteurs sont éteints, les boucliers abaissés, et je ne détecte aucun signe de vie à
bord.
Matolck et T'Kar s'entre-regardèrent. Aucun signe de vie… qu'était-il advenu de Von Ewig?
84/446
— Comment est le life support?
Jazz scanna en ce sens.
— Correct. Les conditions atmosphériques à bord sont acceptables. L'intégrité structurelle est intacte. C'est OK
pour un away team, annonça Harker qui savait prévoir les questions de son capitaine.
— Commandeur, fit Matolck à T'Kar, trouvez-moi des réponses!
Hochement de tête de l'intéressée.
T'Kar se lève et marche vers le turbo-lift en appuyant sur son combadge:
— Docteur Ivafaire, Miss Lenassy, rejoignez-moi à la salle de téléportation numéro un. Monsieur Vela, j'aurais
également besoin de quelques-uns de vos gorilles pour nous couvrir, au cas où…
Puis elle disparut derrière la porte coulissante.
=/\=
T'Kar, Ivafaire et Lenassy était déjà sur les plots de téléportation lorsque Vela arriva avec son équipe. Tirée du lit et
ayant dû sauter dans un uniforme sans prendre le temps de placer ses jolis cheveux, Aldane réprima un bâillement.
Toute contrariété ayant pu être occasionnée par son réveil brutal était cependant déjà éclipsée par la joie de partir
avec l'équipe d'exploration.
La stupeur figea les traits de la Première Officière lorsqu'elle vit Nera et Elliot qui accompagnaient Fenras.
— Vous… Vous plaisantez j'espère! Fut tout ce qu'elle trouva à dire alors que les trois officiers de sécurité
s'installaient à leur tour, non sans une appréhension certaine de Spriggan qui, comme chacun le savait, exécrait la
téléportation.
— S'il vous plait, dit fermement Vela en regardant droit devant lui, ne recommencez pas vos histoires de
surprotection.
— Ça n'a rien à voir! répliqua T'Kar en montant le ton. Nous allons débarquer sur…
— Sur un navire parfaitement désert, l'interrompit Vela en tournant la tête vers elle. Pas de signe de vie à bord. On
va simplement en reconnaissance, commandeur. Ça fera un excellent exercice à mes petits nouveaux!
Les petits nouveaux en question étaient au septième ciel. Ça allait être leur toute première away team et à ce qu'on
disait, on en gardait le souvenir toute sa vie. "Un peu comme faire l'amour pour la première fois" songea Spriggan.
De plus, Aldane était des leurs. Le rêve!
— Un problème, en bas? demanda Matolck via comlink, réalisant que l'équipe n'était toujours pas partie.
T'Kar fusilla Vela des yeux. Ils n'avaient tout simplement pas le temps de s'obstiner.
— Aucun problème, sir, grogna la vulcaine avant de faire un signe à Moe Lécule.
— Energizing, annonça platement Moe.
— Si jamais il arrive quoi que ce soit à… menaça T'Kar à l'endroit de Fenras avant de disparaître vers un ailleurs
incertain.
=/\=
— … vous ferai la tête au carré! Termina T'Kar en se rematérialisant.
Nera et Elliot se déployèrent rapidement, comme le leur avait enseigné Vela. La navette ne disposait pas, à
proprement parler, d'une passerelle. Elle se constituait essentiellement d'un poste de pilotage à l'avant, suivie d'une
sorte de salle principale tenant lieu de salle à dîner/salle de conférence autour de laquelle plusieurs portes menaient
vers les quartiers de l'équipage. Venait ensuite le bloc carcéral à proprement parler puis l'espace cargo et enfin
l'ingénierie à l'arrière.
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L'équipe était apparue dans la grande salle où Aldane, Ivafaire et T'Kar demeurèrent sous la protection de Nera
tandis que Fenras et Elliot faisaient le tour du navire en criant: "Clear!" à chaque fois qu'ils ressortaient d'une pièce.
Au bout d'un moment, les deux officiers revinrent à la pièce centrale.
— C'est carrément dégueulasse, s'exclama Spriggan. Y'a des cadavres partout. Personne ne semble y avoir
échappé!
— Des cadavres? fit Lenassy, pas rassurée.
— Avez-vous vu monsieur Von Ewig dans le tas, demanda Vela.
— Négatif. Je l'aurais reconnu assez vite! J'ai compté 13 corps, précisa l'humain.
— Et moi 19, ajouta l'andorien. D'après le registre, si on omet Jan Von Ewig, le compte est bon.
— Attendez, dit T'Kar à Fenras, vous êtes en train de me dire que tout le monde à bord a été tué et que Von Ewig
n'est plus là?
— Il était dans la cellule numéro 13, annonça Morak après avoir pianoté sur une console.
— Vide! Confirma Spriggan.
— Sous-lieutenant, appela Vela en s'approchant de Spriggan, avez-vous remarqué quelque chose de particulier à
propos des corps?
— Ils n'ont pas été tués avec une arme "propre". Ce ne sont pas des phasers qui ont fait ça mais plutôt des armes à
projectiles. Ça leur a fait des trous gros comme ça dans la carcasse et il y a des morceaux d'eux un peu partout.
Aldane grimaça de dégoût. Vela, pour sa part, eut du mal à dissimuler une certaine satisfaction quant aux qualités
d'observation de sa recrue.
— Exact! Jubila l'andorien. [hp: j'ai failli ajouter "dix points pour Griffondor!" escusez, ça doit être la fatigue]
T'Kar commençait à sérieusement perdre patience.
— Nous débarquons dans une nécropole, l'homme que nous devons escorter a disparu, ça n'est vraiment pas le
temps de faire passer des tests d'aptitudes à vos élèves! Lança-t-elle en allant crescendo, finissant sa phrase
presque en criant.
=/\=
[Passerelle de l’Indépendance]
— Un vaisseau se désocculte à bâbord! Cria Harker. Armes chargées! Ils nous ont pris en cible!
Matolck bondit de son fauteuil.
— Alerte rouge! Je veux un max d'infos sur cet appareil! Préparez les phasers et torpilles quantiques!
L'alerte rouge signifiant également la levée des boucliers, Matolck songea immédiatement que son away tem était
pour le moment isolée.
— Ils ne font pas feu, mais ils demeurent là le doigt sur le bouton! fit Jason.
— Monsieur Roy, essayez de les contacter!
— Ils ne répondent pas, commandant.
=/\=
À bord du Cerbère, l'équipe d'exploration n'avait pas encore conscience de la présence du vaisseau inconnu.
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— Docteur Ivafaire, faite le tour avec Miss Lenassy. Tâchez de me recueillir le maximum d'information sur qui
pourrait être responsable de ce bordel! Ordonna la vulcaine. Moi je vais interroger les banques de données de cet
appareil.
Vela ne releva pas ce qu'il estimait être un geste mesquin pour les confiner, lui et ses jeunes officiers de sécurité, à
un rôle passif.
— C'est maintenant qu'on intervient? demanda une voix inconnue.
— Oui, là c'est bon, pendant qu'ils sont tous ensemble, répondit une autre voix.
Stupéfaits, les six officiers fédérés virent apparaître dix hommes vêtus d'étranges costumes noirs très moulants,
parcourus de lignes jaunes.
Immédiatement, l'away team fut mise en joue et désarmée. Vela, Morak et Spriggan n'auraient absolument rien pu
faire pour prévenir le piège.
" Quelle magnifique technologie de camouflage! " ne pu s'empêcher secrètement d'admirer Vela."
Le regard de T'Kar à Fenras à cet instant précis allait entrer dans les livres d'histoire comme comptant parmi les plus
meurtriers jamais réussis.
L'un des intrus porta la main à son oreille avant d'annoncer:
— Bioweapon est sécurisé. Le boss annonce qu'il est temps de partir. Qu'est-ce qu'on fait de ceux-là?
— On les descend! Décida avidement un autre homme en actionnant un mécanisme sur l'arme de métal noir qu'il
tenait en main.
— Non! S’objecta un troisième homme, un peu plus grand que les autres.
Il avait le crâne rasé, sauf pour une courte frange de cheveux allant de son front à la base de sa nuque (hp: genre
Mohawk très court).
— Toi! Appela l'homme au crâne rasé en s'adressant à Ivafaire, tu es le docteur! Tu viens avec nous!
Aussitôt, l'un des intrus s'approcha du médecin, mis sa main sur son épaule et ils disparurent tous les deux.
— Et les filles? demanda goulûment un gros type à la peau graisseuse en passant une langue dégueulasse sur ses
lèvres. On prend les filles, hein? Les copains seront ravis du cadeau.
— Si vous voulez, je m'en fout! dit l'homme au Mohawk.
Deux autres intrus s'emparèrent d'Aldane et de Nera qui affichaient maintenant un regard paniqué.
— NOOOON! Hurla Spriggan en s'élançant vers elles.
Un formidable coup de crosse le stoppa net et il tomba à genoux, le souffle coupé.
Simultanément, Lenassy et Morak eurent un mouvement pour s'élancer vers Elliot mais furent fermement maintenues
en place.
— Toi, la grande, si t'aime bouger, tu vas être servie! Promis l'un des hommes en noir en pétrissant vulgairement la
poitrine d'Aldane à travers son uniforme.
Spriggan, un genou par terre et la main sur le ventre, émit une sorte de grognement plaintif en plongeant le regard
dans les yeux de Lenassy.
Ce qu'il y lut lui broya le cœur. Il ne souhaitait que mettre un terme immédiat à la terreur sourde de la jolie blonde.
— Lieutenant, souffla Vela, si vous bougez d'un centimètre, je vous descend moi-même!
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Fenras n'en menait pas large. Il avait perdu le contrôle de la situation. Le Dr Ivafaire avait déjà disparu… et
l'Indépendance n'intervenait pas, ce qui ne pouvait signifier qu'une chose: ça allait mal pour eux également!
L'homme au Mohawk, vraisemblablement le chef, s'approcha de Spriggan.
— Tu tiens à ces nanas? L'une d'elle est ta petite amie? Les deux, peut-être?
Il balança un coup de botte dans la tête de Spriggan qui roula sur le sol.
Nera cria mais encore une fois, les filles furent solidement empêchées de bouger.
— On l'emmène aussi! Décida le chef. Nous violerons ses copines devant lui puis on le tuera tranquillement!
À nouveau, un des intrus s'approcha, saisissant Spriggan quasi inconscient.
— Voilà les règles du jeu, annonça le chef, visiblement fier de lui. Nous quittons cet endroit mal fréquenté. Si vous
tentez de nous suivre, on tue vos officiers. Par contre, si vous nous foutez la paix, les filles vivront.
— Ouais! Frétilla le gros porc graisseux. En général je préfère baiser les vivantes plutôt que les cadavres…
quoique…
L'homme tendit un padd à la F.O. de l'Indépendance.
— Miss T'Kar, vous remettrez ceci à notre bon Matolck.
La vulcaine se saisit de l'objet, abasourdie par les connaissances apparentes de l'homme à propos de leurs identités.
T'Kar avait la tête qui tournait. Sa fille unique était sur le point d'être enlevée pour connaître le plus affreux des sorts.
Il était étonnant que la vulcaine parvienne encore à s'accrocher à la raison!
— À votre place, je ne moisirais pas trop longtemps ici… termina-t-il.
Les assaillants disparurent, emportant avec eux Aldane, Nera et Spriggan.
=/\=
À bord de l'Indépendance, le personnel de passerelle put voir le navire inconnu se cloaker à nouveau.
42- Lenassy
Aldane était morte de peur. Le côté exaltant de l'away-team s'était fini en frayeur totale. Elle regarde avec inquiétude
Nera. La jeune fille n'en mène pas plus large qu'elle ce qui ne l'aide pas à calmer son angoisse. Toutes deux ont
rapidement un regard vers Elliot, inconscient, qui est transporté comme un sac et qui, dès la matérialisation dans une
pièce dans une demi-pénombre, y est jeté comme un sac.
L'officière scientifique a toutes les peines du monde pour ne pas hurler. Elle se sent pousser en avant et fait un petit
saut pour éviter de se prendre les pieds dans ce qui ressemblent à du câblage. Hélas l'éclairage plus qu'insuffisant de
la pièce ne lui permet pas d'éviter un gros tas d'elle ne sait quoi. Elle trébuche et atterrit sur un paquet un peu mou et
mouillé. Une odeur étrange accompagne le tout. Elle est saisie par sa natte, la seule coiffure acceptable qu'elle ait pu
se faire dans les dix minutes imparties pour se préparer, poussant un cri de surprise autant que d'indignation.
VOIX1 : qu'est-ce tu fous toi !
Elle se sent rejeter sur le côté et bouscule Nera qui essaie de la freiner. Celle-ci malgré sa faible corpulence réussit à
stabiliser Aldane. Elles restent un instant serrer l'une contre l'autre. La porte s'ouvre libérant de la lumière à peine un
peu plus, mais une source supplémentaire qui aide à brosser un tableau rapide de la pièce.
Aldane se fige regardant l'homme qui gît au sol, du sang à couler, se figeant, sombre, sur le sol. Il fixe le plafond et
porte une espèce de combinaison ou d'uniforme d'un marron qu'Aldane prend le temps de trouver plutôt hideux. Il a
en plus des nombreuses marques sur le torse, un trou au milieu du front et à l'air étonné d'un enfant saisit dans son
mouvement et s'immortalisant dans quelques musées de vieilles oeuvres photographiques. L'arrière de sa tête
semble absent, rendant à la position du visage un aspect bizarre et légèrement tordu.
MORAK *chuchotant* : il est mort.
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Elle reçoit aussitôt une claque derrière la nuque. Aldane serre les dents. Elle ne pouvait rien faire pour le moment.
Les hommes, maintenant sur leur terrain, les encadrent et pendant qu'elles sont conduites avec Elliot toujours
inconscient dans une coursive, Nera entend la voix de celui qui est visiblement le chef.
CHEF : nous partons tout de suite, tu m'as pas débarrassé de ce crétin ?
La porte coulisse l'empêchant d'entendre davantage. Il reste avec elles le gros homme qui lui donne des frissons et
se trouve derrière elle. Elle sent déjà la chair de poule sur ses bras et ses jambes. Trois autres hommes dont deux
portent Elliot.
Aldane a le coeur battant, elle essaye de se concentrer, se concentrant pour entendre la respiration d'Elliot, hélas le
rire gras du gros homme qui la pousse vers l'avant l'en empêche. Elle remarque Nera, dont le visage se recompose.
La jeune fille semble enregistrer les accès qu'elles croisent, avant d'être transportées cette fois dans un ascenseur,
qui ne semble pas très sophistiqué. A l'intérieur, il y a un panneau de contrôle, mais aucun des hommes ne l'utilise.
L'ascenseur se met en mouvement, Aldane a un haut le coeur et prend une respiration, elle le regrette aussitôt.
L'ascenseur est littéralement attaqué par une odeur nauséabonde.
Un brusque mouvement d'arrêt, la porte s'ouvre. Les deux hommes portant Elliot passent les premiers aussitôt suivis
par les deux filles et leur rubicond garde chiourme. Le dernier ferme la marche.
VOIX2 : moi je voudrais la petite brune en premier.
Il ronchonne déjà, visiblement habitué à ne l'être jamais premier.
VOIX3 : ta gueule Rico !
Rico est en partie humain, mais une autre race s'est mêlée à son code génétique. Sa peau a un aspect rugueux qui
évoque le lézard ou le serpent. Il crache au sol et renifle, s'essuyant avec sa manche.
Ils portent tous cette espèce de combinaison qui tient plus du treillis, maintenant qu'elle est vue en lumière plus crue
et peu flatteuse pour les goûts vestimentaires des hommes de ce vaisseau.
Aldane n'a que peu de connaissance concernant les vaisseaux étrangers, elle connaît bien sûr ceux de StarFleet et
des alliés principaux de la Fédération. Elle est certaine qu'elle n'a jamais vu ces parois qui semblent avoir été raclées
avec du sable ou tout au moins un produit abrasif, leur donnant cet aspect de tôle ondulée plutôt bizarre.
Nera, elle, n'a cure des habitudes vestimentaires des hommes qui les conduisent. Elle a la sensation que le vaisseau
doit être beaucoup plus petit que l'Indépendance. Elle entend trop de bruit, comme si tout se répercutait dans les
coursives. Elle regarde avec envie les armes que portent les hommes et a hésité un moment avant d'essayer de s'en
emparer d'une. Mais en plus d'être imprudent et pour elle, et pour ses amis, elle savait très bien qu'au moins deux de
ces hommes pouvaient la démolir dès qu'ils le voudraient. Attendre, comme un chasseur à l'affût, où avait-elle lu ça ?
Elle ne s'en souvenait plus. Sa pensée va brusquement vers sa mère, si au moins elle lui faisait un peu confiance,
tout irait mieux, si au moins elle l'aimait pour elle-même et non pour cette enfant à jamais disparue...
Attendre, oui, il fallait évaluer la situation. Ils croisent encore quatre personnes, elles sont dans les salles qu'ils
longent. L'un d'eux est sorti regardant l'étrange cortège et a l'air surpris. Nera repense à ce que lui a dit le
commandeur Harker, elle se concentre sur lui, sur sa voix et l'étrange impression qu'elle ressent dès... oui c'est le mot
pourtant, dès qu'il la touche ou l'effleure, tout en douceur.
Les mines des hommes qui les encadrent sont pour le moins patibulaires et elle est inquiète, vraiment inquiète.
Aldane regarde ses pieds se sentant honteuse d'être aussi peu courageuse, puis sa pensée dévie vers son amie :
Nera ! Elle jette un coup d'oeil derrière elle et croise le regard de la jeune fille. Elle est immédiatement surprise par ce
qu'elle y lit. Il n'y a plus de frayeur, l'officière de la sécurité a relevé la tête et ce qu'elle lit dans son regard c'est une
concentration excessive, peut-être de la confiance aussi ?
Elle déglutit, essayant de prendre l'attitude courageuse de son amie.
Puis enfin, elles arrivent à destination. Aldane a la sensation qu'ils sont dans le ventre du vaisseau, peut-être dans ce
qui aurait dû être la soute.
Une porte s'ouvre grinçant sur l'exercice et libérant le passage au groupe qui s'engouffre dans une autre salle.
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Bizarrement sur ce vaisseau, seules les coursives semblent éclairées suffisamment. Aldane et Nera plissent les yeux,
l'officière scientifique pour éviter de se prendre les pieds de nouveau dans... elle ne veut pas savoir quoi, et l'officière
de sécurité, déjà en alerte, repérant les lieux, presque machinalement.
Un bruit de chute puis un gémissement, l'un des hommes en treillis donne un dernier coup de pied à Elliot
probablement pour le déplaisir d'avoir eu à se le coltiner dans les boyaux du vaisseau. Il se redresse et jette un
regard vers les femmes qu'ils ont ramenées, attendant là.
VOIX3 : c'est pas le moment, dégage, le chef a dit qu'il voulait nous voir aussitôt et t'as intérêt à pas traîner. Tu sais
ce qui est arrivé à Melok !
L'homme hausse les épaules puis lâche enfin sa contemplation pour sortir de la pièce à la suite des autres. La lourde
porte se referme et claque laissant les trois officiers, a priori, seuls, dans une pièce où il ne semble pas y avoir de
mobilier.
Nera tend l'oreille un instant, comme si elle devinait quelque part d'autres sons qui ne parviennent pas à Aldane.
Celle-ci s'est penchée au-dessus d'Elliot, cherchant aussitôt à voir s'il n'a rien de casser.
LENASSY *chuchotant* : Spriggan... réveilles-toi, je t'en prie !
Nera la rejoint et pose une main sur le cou d'Elliot, puis ferme les yeux en poussant un soupir de soulagement.
Aldane lève les yeux vers elle.
LENASSY : qu'est-ce qu'ils vont faire de nous ?
Comme si ce qu'elle avait pu entendre était tellement intolérable qu'il était impossible que ce fût la suite de leur
devenir plus qu'incertain.
MORAK : nous allons trouver une solution, c'est inacceptable autrement.
Un gémissement, le jeune homme bouge enfin. Nera se lève brusquement apercevant une forme indéfinie plus loin.
Aldane essaie de recomposer son sourire, elle a bien du mal tellement elle est inquiète.
LENASSY : Spriggan ?!
Elle passe la main derrière la nuque du jeune homme, essayant de le rehausser avec douceur.
43-Spriggan
Rongé par le remord, Fenras Vela n'osait pas regarder T'Kar en face. Lui qui s'était fait une joie d'amener "les petits"
sur une expédition qui avait toutes les apparences de sécurité voyait ses ambitions tourner au cauchemar. Mais le
chef de la sécurité étant avant tout un homme d'action, il résolut rapidement de mettre un couvercle sur sa culpabilité.
Il s'était déjà retrouvé dans des situations bien pires que celle-ci et savait d'expérience que dans un cas comme celuici, chaque seconde comptait.
Il leva donc les yeux vers la vulcaine et déclara, sur un ton moins assuré qu'il ne l'aurait souhaité:
— Il nous faut remonter à bord de l'Indépendance rapidement…
Une gifle monumentale lui coupa la parole. Vela recula d'un pas avant de se stabiliser.
— Vous… vous avez raison, fit-il piteusement. Je la méritais.
Une seconde gifle, plus puissante encore, le frappa de l'autre côté. T'Kar n'avait toujours pas dit un mot. Des larmes
coulaient sur son visage durci par la colère.
— Si vous le permettez, dit Vela en levant l'index, les suivantes devront attendre à plus tard. Vous avez entendu ce
type… on a pas intérêt à s'éterniser.
T'Kar se précipita vers une console et, tricordeur en main, se remis à downloader le plus d'information possible.
— Commandeur, nous n'avons pas le temps! Insista Vela en haussant le ton.
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— Indépendance à l'away team! fit la voix de Matolck raisonnant dans les combadges. Vous allez bien? Nous ne
détectons plus que deux life signs à bord!
— Ici Vela. Ramenez-nous à bord, éloignez le navire et levez les boucliers!
T'Kar tourna la tête vers lui:
— Non! Pas encore! Pas tout de suite! Cria-t-elle.
Mais l'ordre était donné et les deux officiers se retrouvèrent devant Lécule.
=/\=
Spriggan reprit conscience, la tête posée sur les genoux d'Aldane. La première chose qu'il distingua dans la
pénombre fut son visage adorable penché sur lui. Elle était inquiète. Elle était belle!
Elliot se releva péniblement et parvint à se mettre assis, dos à un mur.
— Ça va? demanda Morak en s'agenouillant près d'eux.
— Impeccable, grimaça Spriggan en se massant l'abdomen. L'avantage d'avoir pris tous ces coups, c'est que je n'ai
plus pensé à la "douleur résiduelle" dans ma main droite.
Les filles lui racontèrent succinctement ce qu'elles avaient vu en étant amenées là.
— Je ne sais pas pour vous, déclara l'humain, mais ce qu'ils ont prévu pour la suite du programme ne m'emballe pas
particulièrement. Il faut reprendre le contrôle de notre destinée.
— Très juste, approuva Nera. Essayons de nous rappeler les enseignements de monsieur Vela et de mettre en
application ses préceptes.
Les deux officiers de sécurité n'avaient en réalité que très peu d'expérience en la matière mais leur foi en Fenras était
absolue.
— Tu as raison. Essayons de réfléchir comme le commandeur et de faire ce qu'il aurait fait à notre place! Approuva
Spriggan.
Aldane fut rassurée par la détermination de ses amis. Pour la première fois depuis qu'elle était à bord, ses muscles
se détendirent quelque peu. Ses amis ne juraient que par Vela. Quant à elle, elle remettait son sort entre leurs
mains.
=/\=
[USS Indépendance, salle de conférence]
Fenras Vela venait de terminer son rapport et de remettre le "message" à Matolck. Autour de la table, les visages
étaient longs.
— Vous dites qu'ils ont parlé d'une arme? demanda Naïma.
Vela approuva d'un hochement de tête.
— Ils ont dit: "Le bioweapon est sécurisé" ou un truc du genre. Et ils savaient qui nous sommes. Ils connaissaient
nos noms.
— Vous auriez du me laisser le temps de finir de télécharger la base de données! Reprocha méchamment T'Kar.
— Nous pourrons le faire à partir de l'Indépendance, assura Jason Harker pour tenter d'apaiser sa compagne.
De son côté de la table, Karl Davis avait le front creusé de sillons. Il osait à peine imaginer ce que T'Kar pouvait
éprouver en ce moment. Comme il aurait voulu la prendre dans ses bras et la rassurer! Elle restait là, proscrite de la
réalité ambiante par son propre désir de se murer dans ses réflexions.
91/446
— Ils ont probablement piégé la navette carcérale, supposa Denis Roy. On peut s'attendre à la voir exploser sous
notre nez à tout moment.
Visao, Sudrone et Grey assistaient également au meeting.
Le capitaine lut le padd et tous purent voir son visage blanchir dangereusement.
Il ferma les yeux un moment, comme pour accuser le choc de la situation qui venait de lui apparaître dans toute son
horreur.
Matolck tendit le padd à Denis en lui demandant de le lire à tous.
— Ça va te rappeler des souvenirs, ajouta le capitaine sinistrement.
Roy lut tout haut:
"Capitaine Matolck, nous avons obtenu ce pour quoi nous sommes venus. Nul doute que dans la témérité qui vous
caractérise, vous aurez envie de jouer les preux chevaliers et de sauver vos gens. Je vous le déconseille fortement.
Restons-en là si vous tenez à limiter vos pertes. Souvenez-vous de Sothar. Souvenez-vous de Nex. Maintenant
que vous savez qui je suis, vous savez également de quoi je suis capable. À bon entendeur... B. DV. "
Cette fois, ce fut sur les traits de Denis Roy qu'ils purent lire l'horreur.
— Je pense que nous avons un moyen de retracer nos malfrats, annonça Fenras avec une légère hésitation.
La déclaration éveilla l'intérêt de tous, particulièrement de T'Kar.
— J'ai étudié la fiche de ce Von Ewig… je pense qu'on peut peut-être retracer les fréquences de ses PCD… les
machins qu'il a de chaque côté de la tête.
44-Davis
Sur la passerelle, le lieutenant-commandeur Davis attendait avec impatience la fin de son quart qui ne semblait pas
venir. Il avait toujours le commandement de la passerelle, personne n’étant venu le remplacer, trop occupés à faire
autre chose. Il n’avait pas reçu de réponse à son message qu’il avait envoyé au bureau de T’Kar et il ignorait où elle
se trouvait en ce moment précis. La pensée de la contacter par combadge lui vint à l’esprit, mais il écarta
immédiatement la possibilité, ne voulant pas embarrasser la demi-vulcaine si elle se trouvait avec d’autres officiers. Il
était donc là, debout devant le siège de commandement, refusant toujours de s’y asseoir, lorsque Denis Roy passa
les portes de la passerelle. Le chef des opérations se dirigea vers le pilote avec un air surpris sur le visage.
ROY : « Karl? Qu’est-ce que tu fais planté là? »
DAVIS : « Bonsoir Denis. Et bien c’est moi qui ai le commandement de la passerelle depuis un petit moment déjà. »
ROY : « Vraiment? Voilà qui est peu commun. Aucune offense, mais ce sont habituellement d’autres personnes qui
ont le commandement. »
DAVIS : « Oh ne t’inquiète pas, je ne le prends pas mal. »
ROY : « Allez, je viens prendre mon quart et je vais te remplacer si tu le veux bien. »
DAVIS : « Avec joie. »
Quelque chose frappa l’esprit du pilote; Denis était souriant et ne semblait soucieux de rien. Davis comprit
rapidement que personne ne l’avait mis au courant pour Cynthia. Le jeune homme déglutit difficilement et commença
à se sentir mal. Il aurait préféré que ce soit quelqu’un d’autre qui le lui annonce. Et puis non, après tout c’était lui qui
l’avait appris le premier et Denis était son ami, alors à lui de lui dire.
DAVIS : « Denis, quand as-tu vu Cynthia pour la dernière fois? »
ROY : « Plus tôt aujourd’hui, lorsque je suis aller faire un sieste pour récupérer un peu. J’ai d’ailleurs hâte de la revoir
plus tard, nous avons beaucoup à discuter. Mais pourquoi tu me demandes ça? »
92/446
DAVIS : « Denis…Je veux que tu restes calme mais…Cynthia n’est plus à bord du vaisseau. »
ROY : « Quoi? Mais qu’est-ce que tu me chantes là? »
DAVIS : « C’est vrai. Elle est sur Lys V. Elle a débarqué en douce. J’ai reçu une communication il y a peu de temps,
je suis désolé, ça a un rapport avec le warp core de la station. »
ROY : « C’est insensé, je dois aller voir le capitaine. »
Le commandeur s’éloigna en direction du ready room du capitaine Matolck. Le regard du pilote alla du siège de
commandement à Denis avant de l’interpeller.
DAVIS : « Oui mais, et la passerelle? »
ROY : « Karl, tu t’occupes de la passerelle. »
DAVIS : « Mais…beuh… »
Les portes du ready room se fermèrent derrière le commandeur Roy, laissant Davis encore aux commandes malgré
lui. Décidément, ils s’étaient donnés le mot aujourd’hui. Toutefois, l’arrivée inattendue de Visao enchanta Davis qui
s’empressa de l’appeler à lui.
DAVIS : « Commandeur Visao, je suis aux commandes de la passerelle, pourriez-vous me relevé du
commandement? »
VISAO : « Mais bien sûr, cela va de soit. Et qui est l’officier normalement en poste? »
DAVIS : « C’est la commandeur TKar, monsieur. »
VISAO : « Très bien, très bien lieutenant-commandeur. Je prends le commandement de la passrelle. »
DAVIS : « Merci commandeur. »
Le pilote se dirigea ensuite vers le poste de pilotage.
DAVIS : « Monsieur Driverfast, accepteriez-vous de terminer mon quart et donc allongé le vôtre? J’aurais
d’importantes affaires à traitées. »
DRIVERFAST : « Sans problème lieutenant-commandeur. »
Heureux et libre, Davis quitta la passerelle. Il se dirigea d’abord vers les bureaux de la sécurité où il trouva Donut et
Horton en train de discuter.
DAVIS : « Qui devait surveiller miss Keffer? »
Les deux officiers de la sécurité se regardèrent, visiblement gênés.
DONUT : « Et bien, ce devait sûrement être Dunkin, mais à cette heure elle doit encore être dans ses quartiers. »
DAVIS : « Elle a quitté le vaisseau! »
HORTON : « Quoi? »
DAVIS : « Elle est sur Lys V! Et personne ne l’a vu partir. »
DONUT : « Et ben, jamais j’aurais cru qu’elle puisse réussir un coup pareil. »
DAVIS : « Ce serait bien que vous fassiez un peu plus attention à l’avenir, messieurs. »
HORTON : « Frissk nous a donné du nouveau par contre, un certain type, Maclo, Matlo… »
DONUT : « Mais non, c’était Pacloud ou… »
HORTON : « McLeod! »
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DONUT : « Ouais McLeod, c’est ça. »
DAVIS : « Jamais entendu parler, et qu’est-ce qu’il a de particulier? »
DONUT : « On est pas sûr encore mais miss Keffer est aller le rencontrer dans ses quartiers et ça n’avait pas l’air
d’être de gaieté de cœur. »
DAVIS : « Ah bon? Bien…vérifiez s’il est encore sur le vaisseau, si ça se trouve il est débarqué sur Lys V avec elle. »
DONUT : « Je vérifie…uhm…non il est dans ses quartiers. »
DAVIS : « Bien, gardez un œil sur lui dans ce cas, on ne sait jamais. »
Davis prit congé de ses compagnons et se dirigea vers le NoName. Il avait suffisamment de temps devant lui pour
passer voir Pierre avant de repasser à ses quartiers, en supposant que T’Kar avait reçu son message et qu’elle ait
accepté l’invitation. Pendant ce temps, sur la passerelle, la demi-vulcaine avait reprit le commandement de la
passerelle, déçue d’y voir le commandeur Visao plutôt que Karl.
(SL #40 de Julie).
Revêtue de sa petite robe blanche, T’Kar quitta ses quartiers pour se rendre chez Karl. L’image qu’elle offrait était
étrange. Cette femme que tous connaissaient comme étant une officière sévère et assez peu commode avait l’air
douce et délicate, très féminine. Toutefois, lorsqu’elle croisait des officiers qui la regardaient trop longtemps, le
changement dans son regard faisait en sorte que les yeux se détournaient instantanément. Puis, une fois les regards
dépassés, un sourire renaissait sur les lèvres de la demi-vulcaine. C’est donc dans cet état de semi sévérité et semi
sérénité que la First Officer se rendit jusque devant les portes de son rendez-vous. Elle repassa inconsciemment une
main dans ses cheveux et rajusta sa robe. Elle sourit de nouveau, se sentant bien et excitée, comme une jeune fille à
son premier rendez-vous. Elle inspira profondément en fermant les yeux, le bonheur était de l’autre côté de cette
porte et l’attendait, sûrement avec un grand sourire charmeur. Le doigt de T’Kar activa la sonnette. Aucune réponse.
Elle sonna de nouveau. Toujours aucune réponse. Peut-être était-il sous la douche.
T’KAR : « Ordinateur, est-ce que le lieutenant-commandeur est dans ses quartiers? »
ORDINATEUR : « Négatif. »
Le sourire de T’Kar s’évanouit, comme la rosée s’évapore doucement lorsque le soleil brille de tous ses feux haut
dans le ciel. Une vague tristesse, une profonde déception, il n’y était pas. La jolie demi-vulcaine baissa les yeux sur
sa tenue. Elle se sentit sotte d’avoir voulu s’habiller ainsi pour Karl. Il n’était pas là alors qu’il aurait dû l’être, à
l’attendre. Elle allait tourné les talons et rentrer chez elle, après tout s’ils avaient autant de difficultés à se retrouver
seuls et tranquilles, c’était peut-être un signe. Elle eut alors la nette impression que quelqu’un se tenait derrière elle.
Elle se sentit fixée. Pivotant sur elle-même, T’Kar se retrouva face à Davis qui se tenait derrière elle, un peu
essoufflé, dont les yeux la parcouraient sans relâche. Le sourire qu’il lui fit l’obligea à retrouver son propre sourire.
DAVIS : « Excuse-moi, j’ai été retenu, j’ai fait aussi vite que j’ai pu. »
Son retard n’avait plus d’importance. La vague tristesse s’était totalement dissipée du cœur de T’Kar. Sans dire mot,
elle posa un baiser sur les lèvres du pilote. Les yeux de T’Kar s’ouvrirent les premiers et elle ne remarqua qu’à ce
moment que le jeune homme tenait un bras derrière lui.
T’KAR : « Qu’est-ce que tu as là? »
DAVIS : « Oh! Et bien, je ne savais pas si ça te plairait ni lesquelles choisir alors j’ai demandé à Pierre de me faire un
joli assortiment. »
En terminant sa phrase, Davis présenta un petit, mais dense, bouquet de fleurs de toutes les couleurs. Les yeux de
T’Kar brillèrent, elle était touché de cette attention.
T’KAR : « Elles sont magnifiques. »
DAVIS : « Et tu es merveilleuse. »
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Les yeux de Davis étaient sincères et son sourire était franc. Il était émerveillé par l’allure de la demi-vulcaine dans
sa robe. Il invita T’Kar à entrer chez lui. Cette dernière le précéda à l’intérieur, le nez enfouit dans son bouquet. Elle
prit place sur le canapé aux côtés de Davis. Être de retour dans cet endroit lui faisait du bien, elle se sentait calme à
nouveau. Il lui semblait qu’il n’y avait plus de responsabilités, plus de problèmes.
T’KAR : « J’espère que nous ne serons pas dérangés cette fois. »
Davis se contenta de sourire puis il décrocha son combadge qu’il lança un peu plus loin. Il ordonna ensuite le
verrouillage des portes de ses quartiers et bloqua l’arrivée de messages sur son terminal personnel. Il revint ensuite
s’asseoir près de la demi-vulcaine qui lui semblait plus belle que jamais. Il caressa sa joue du bout des doigts et
replaça une mèche de cheveux qui était retombée sur le visage de la jeune femme. Il s’approcha et l’embrassa sur
les lèvres. Le bouquet de fleur quitta la main de T’Kar, et alors qu’il s’étendait sur le sol, les deux officiers
s’étendaient sur le canapé…
45-Lenassy
Menache était de l'autre côté de la porte observant les prisonniers. C'est vrai que ça faisait trop longtemps déjà que
l'abstinence était effective à bord. Il avait eu des doutes quand il avait vu qui le chef voulait flouer, puis, tout s'était
passé exactement comme il l'avait dit. Chaque mot qu'il avait prononcé, chaque action qu'il avait décrite, tout s'était
passé comme il l'avait dit ou prédit. Parfois il l'inquiétait, surtout quand son regard croisait le sien. Il avait voulu
protester en même temps que Melok, heureusement qu'il n'avait pas insisté, heureusement que sa langue avait
fourché.
Il regardait évoluer la petite brune, se gavant de cette vision reposante qui lui faisait oublier ce qu'il avait à faire.
L'homme était foutu de toutes les manières, ils n'allaient pas s'embarrasser de problèmes sur pattes, quand ils
pouvaient le balancer sans encombre dans n'importe quel coin de l'espace. Ah oui, qu'est-ce qu'il avait dit le chef à
propos des uniformes. Il fallait virer tout ce qui pouvait permettre leur détection, au cas où. Le chef était très prudent
sans nul doute.
Il se racle la gorge, il aimerait être débarrassé de cette tâche, Rico va encore se foutre de sa gueule, la prochaine fois
il lui fait bouffer ses insultes. Une brusque bouffée d'adrénaline lui brouille la vue, la brunette a disparu de son champ
de vision. Il rabat l'oeilleton puis se redresse quand il entend les pas dans la coursive.
C'est encore Rico et A'resh, ce gros tas. Il retient un mollard qu'il aimerait bien lui cracher au visage. Cet espèce de
malade. Il aurait presque eu pitié des prisonniers s'il n'avait pas eu d'autres sources d'intérêt.
RICO : elles sont sages ?
Il a un sourire vicelard sur la face. Menache hausse les épaules.
Menache a toutes les caractéristiques d'un takaran dans un équipage comprenant plutôt des humains et Rico. Même
notre takaran n'a aucune idée des origines de Rico qui semble éviter d'en parler. En dehors du fait qu'il s'en fout, il ne
doit probablement pas connaître plus d'un tiers de sa propre histoire.
A'resh tient une arme presque archaïque qui tient plus du famass amélioré et plutôt lourd. Rien que le recul devait
être quelque chose. A'resh était attaché à sa saloperie qui avait d'ailleurs déchiqueté sans problème Melok qui n'avait
pas eu le temps de comprendre qu'avec un peu de temps il aurait eu mal.
Il fait un signe à Menache qui se tient prêt à ouvrir la porte du cachot improvisé.
RICO *forçant la voix* : on se désape, virez vos uniformes, je les veux en tas au milieu de la pièce et allez dans le
fond... *il attend un peu, laissant aux prisonniers d'intégrer son ordre puis reprend* ... tout de suite ! Et les chaussures
avec !
Nera sursaute et regarde Elliot qui serre les dents. Aldane regarde ses amis, se conformant en tout point à ce qu'ils
feront.
MORAK *chuchotant* : on a pas le choix Sprigg, je t'en prie, ça ne sert à rien pour le moment.
RICO *criant* : ON SE DEPECHE !!
Aldane sursaute. Nera défait rapidement son uniforme se retrouvant en sous-vêtement standard de Starfleet, surtout
pratique. Elliot ronchonne, en plus il a mal aux côtes. Nera qui a jeté son uniforme au milieu de la faible lumière
persistante de la salle se retourne pour l'aider.
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L'officière scientifique fait la moue, regardant le peu d'attrait des sous-vêtements de Nera. Elle rosit à peine, puis finit
par suivre leur exemple ôtant son uniforme pour paraître dans de magnifiques dessous roses et fucchia en partie en
dentelle.
Nera jette l'uniforme d'Elliot dans la pièce puis voit Aldane. Pas choquée réellement mais plutôt surprise, elle
s'exclame.
MORAK : Aldane !!?
Elliot qui pense à gémir en se redressant manque s'écrouler au sol en voyant la jeune femme.
SPRIGGAN : greuchegneuuu !!
Aldane soupire puis regarde ses amis d'un air malheureux.
LENASSY : il n'avait pas la bonne couleur.
Un sifflement se fait entendre à la porte. Aldane jette vite son uniforme.
C'est Rico qui vient chercher le tout. Il détaille sans gêne la grande blonde qui s'éloigne pour se coller à la paroi ou
tout au moins l'approchant au mieux ne voulant surtout pas abîmer ses sous-vêtements.
Rico hésite un instant, puis le souvenir des problèmes réglés définitivement par le chef et A'resh lui fait reprendre ses
esprits, il s'éloigne à reculons, n'apercevant bientôt que des silhouettes suffisamment explicites pour lui faire
souhaiter qu'ils soient bientôt tranquilles.
La porte claque et le verrou est mis.
Plus loin A'resh jette dans un recycleur les uniformes et les combadges qui y étaient accrochés ainsi que les
chaussures, il n'a même pas cherché à savoir s'il y avait réellement du matériel là-dedans, le chef a dit de détruire, il
détruit. Prise de risque minimum avait dit le chef et il avait raison.
=== USS Indépendance - Dans des quartiers qui n'en sont pas mais qui en ont l'usage ===
Il se retourne dans son sommeil. Frisssk l'avait abandonné, un air de panique avait parcouru un instant les officiers
qui étaient avec lui. Le caïtan lui avait dit. "Retournez dans vos quartiers, là nous n'avons plus le temps."
Il lui avait obéi. Le ton pressant de l'officier ne laissait pas de doute à Ritink, il se passait quelque chose.
Il avait eu du mal à s'endormir et était ressorti cherchant Frisssk. Ne sachant trop où il avait le droit d'aller, il avait fini
par retrouver la coursive qui menait au département de la sécurité. Puis là, un groupe d'officiers étaient sortis en
trombe, il avait aperçu Boss, le front soucieux qui ressortait. Il ne l'avait pas vu, c'est Frisssk qui l'avait remarqué et lui
avait ordonné de retourner à ses quartiers. Il avait fini, épuisé, par se rendormir.
Dans son rêve, tout le monde courait dans tous les sens dans le vaisseau, seul Frisssk semblait attendre, plutôt zen
regardant tout comme Ritink que tout se calme. Le zwickien était inquiet, est-ce qu'il allait perdre sa nouvelle maison
?
Puis Capitaine et sa voix de stentor prennent toute la place : "airlock, airlock, tout le monde !" Le visage de Capitaine
était sombre et il tient dans sa main une lame avec laquelle il a déjà massacré le bout de la table de la salle de
réunion. Ritink est sûr de l'avoir entendue couiner. En fait, tous les officiers, armés de lances faisaient le tour de la
table, martelant les ordres de Capitaine, puis, d'un bloc ils se tournent vers lui. Il entend la voix Frisssk qui lui dit :
"vas te cacher !"
Il court fonçant vers la paroi, il passe au travers se trouvant dans un réseau de fils qui l'attrapent, l'empêchant
d'avancer. Il sent une main qui le saisit à la cheville et le tire hors de son abri. Le choc est terrible, il a le temps
d'entendre la voix d'une femme, presque atone, c'est la femme farouche aux beaux yeux.
"Broyez-le !"
On le saisit de nouveau, le jetant dans une espèce de hachoir géant. Ritink se réveille en sursaut, trempé de sueur.
Instinctivement il se tâte cherchant les plaies immanquablement causées par les lames effroyables.
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Il soupire de soulagement, puis allume la loupiote bleutée qui lui sert de lumière. Il ne veut plus être dans le noir. Il
s'adosse à la paroi, couché dans son lit improvisé et s'endort de nouveau doucement dans cette position. Sa tête
rapidement s'affaisse vers l'avant, il émet bientôt un doux ronronnement persistant presque au même rythme que la
lampe qui ronfle aussi.
== Le Noname ==
Le silence était total. Les officiers avaient déserté l'endroit qui se trouve dans une semi-pénombre.
Une belle couleur orangée met en exergue la collection de miniatures que Pierre a enfermée derrière une vitrine. Un
petit spot rose, mélangé avec l'orangé des lumières de secours (il avait beaucoup insisté sur le choix de la lumière a
utilisé au NoName et il avait trouvé toute une caisse de rampes de lumière orange que tout le monde avait trouvé
moche et voulait voir disparaître. Celui qui ne l'avait pas passer par le broyeur l'avait regrettée plus tard et parfois,
lorsqu'il s'arrêtait au NoName tard dans la nuit un seul mot trottinait dans sa tête : "Pourquoi tant de haine ?") donnait
à l'installation très artistique un aspect presque épuré qui jurait avec les bouilles des personnages ainsi dévoilés.
Il y avait là un assemblage d'un goût incertain et seules les couleurs utilisées sur la pâte cuite rendait le tout
stupéfiant.
En cherchant bien dans les bases de données disponibles, un fin archéologue aurait compris qu'il avait là le fin du fin
en matière de collection, quelque chose de très ancien, du temps où sur terre, les humains polluaient encore. Ils
n'auraient su lui donner un nom, mais quelque part dans le lointain quelqu'un aurait dit d'une voix sans finesse : "ben
c'est quoi cette saloperie, tiens la collection complète des figurines des ... telek'kechose et en porcelaine,
franchement ça sert à quoi. Hé Marcel, sers-moi un ballon de rouge ! Et c'est quoi ça ? Et ledit Marcel de répondre :
"Ben si tu prends un plein d'essence avant deux heures, t'as droit à deux cadeaux, enfin, ces trucs." Le client heureux
répond : "ah ben mets m'en deux alors, ça f'ra plaisir aux p'tits." Il n'aurait jamais imaginé que son cadeau se retrouve
à des distances inimaginables exposé comme la plus précieuse des oeuvres d'art et il aurait été un peu surpris.
Pierre était allé se jeter sur son lit vêtu de son adorable caleçon rose bonbon qui allait si bien avec sa mini-camisole
(son mini-marcel) près du corps. Il dormait comme un bienheureux d'un sommeil apaisant malgré les événements. La
bouche ouverte quelques papillotes de sa coiffure tous les jours impeccables se sont défaites et se sont mêlées au
drap soyeux. La couverture qu'il a repoussée et dans des couleurs pastelles assez attrayantes et en plein milieu un
homme musclé et nu trône pudiquement dans une position d'athlète. Pierre avant de l'accepter avait réfléchi pour être
certain qu'il ne s'agit pas de mauvais goût, ce qui l'aurait fort contrit, mais il était trop beau et la balance avait
brutalement penché en sa faveur. Il l'avait acquise de haute lutte face à une matronne désagréable qui avait poussé
des cris assourdissants jusqu'à ce qu'il parte avec, digne et confiant dans l'avenir.
46- Spriggan
[Planète Anghil IV ]
Les portes du laboratoire s'ouvrirent pour laisser entrer une étrange créature. Un être vert de 7 pieds de haut, pesant
autour de 300 livres, ressemblant à un lézard sans queue. Il parcouru le labo du regard et trouva ce qu'il cherchait
sur une chaise, devant une console: à savoir un vieux professeur atteint de nanisme.
Le savant, qui n'avait pas remarqué le nouvel arrivant, s'activait frénétiquement. De toute évidence, il s'amusait
comme un fou, tirant la langue et se parlant à lui-même en travaillant.
Le lézard s'approcha et prit la parole:
TUY'WE – Professssseur, le capitaine vous fait dire que nous ssserons bientôt prêts à repartir.
Sans se retourner pour le regarder, le nain lui fit signe de la main de s'approcher.
VANCE – Approchez, approchez, mon bon Tuy'We! Venez voir! Cette expérience est tout à fait fascinante! Cela va
vous intéresser!
L'être reptilien sembla sceptique.
TUY'WE – Professssseur, vous sssavez parfaitement que vos sssoit-disant expériencssses ne m'inté…
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VANCE – Ces anciennes installations NF sont exécrables du côté confort, mais il faut admettre que leur laboratoires
et équipements scientifiques sont phénoménaux!
Le nain sauta en bas de sa chaise et trotta vers un petit panneau de commande sur un mur. Il appuya sur un bouton
et aussitôt une vaste partie du mur coulissa vers le haut, révélant une baie vitrée au-delà de laquelle se trouvait une
pièce fermée. Dans cette pièce, un homme était attaché à un fauteuil.
VANCE – C'est un verre sans teint, il ne peut pas nous voir.
Le nain aux cheveux blancs repoussa ses petites lunettes sur son nez et revint à sa console.
Sans enthousiasme, Tuy'We observa l'homme ceinturé sur le fauteuil d'acier. Il paraissait endormi. Ce qui restait de
son uniforme servait à peine à rappeler qu'il appartenait à Starfleet. Il paraissait vulcain, ou romulien (allez savoir!)
mais le lézard n'en était pas certain tellement les multiples contusions, hématomes et enflures rendaient difficile
l'identification du sujet.
Le savant continuait à ajuster des contrôles en jubilant. Sa voix chevrotante continuait à débiter ses explications.
Peu importait que le helm n'ait aucun intérêt pour la science. Le vieux Vance avait trouvé un public et il ne le
lâcherait pas!
VANCE – C'est une des nombreuses expériences que j'ai en cours ici, dans cette base! La génétique et le clonage,
c'est bien joli, mais ça ne me laisse que peu de temps pour un de mes hobbies favoris: la psychologie!
Le reptile se demanda un instant ce qu'un individu ficelé sur une chaise d'acier pouvait bien avoir à faire avec une
quelconque étude psychologique, mais il s'abstint de poser la question.
La porte de la petite pièce s'ouvrit et deux gardes traînèrent un nouveau corps sur un second fauteuil, identique au
premier et placé juste à côté. Sans ménagement, ils y laissèrent tomber la personne – une jeune femme – et
l'attachèrent fermement avec les ceinturons placés aux poignets, hanches et chevilles de la prisonnière.
Sans attendre leur reste, les gardes sortirent promptement de la petite pièce en y laissant les deux êtres inanimés.
TUY'WE – Qui sssc'est la nana? Elle resssssemble un peu à la patronne.
VANCE – Ah, c'est parce que c'est une mi-bétazoïd, mi-humaine, comme la Grande Dame.
Le vieux prof activa une dernière série de commandes et se déclara prêt.
VANCE – Les sensors sont tous prêts. Vous allez voir… regardez le gros bouton rouge placé au bout de l'accoudoir
droit du sujet, juste sous ses doigts.
Tuy'We remarqua effectivement que le prisonnier avait un tel bouton positionné juste sous les doigts.
Le nain attrapa un micro fixé à une perche ajustable, tapa quelques coups d'index dessus et, satisfait, prit la parole.
Sa voix retentit dans la petite pièce.
VANCE – Marco! Marco 64! Hey, Sixty-Four! Réveillez-vous!
L'interpellé sursauta. Il ouvrit péniblement un œil et constata où il était. Instantanément, il fut pris de tremblements
incroyables et se mis à pleurnicher.
MARCO64 – Oh non! Noooon! Naaaaaaaaaaaaan, pas encore! Je ne veux pas, pas encore!!!! Par pitié!!!!!
Hystérique, Marco 64 enfonça le bouton rouge le plus fort qu'il pouvait et le maintint enfoncé. Ses yeux étaient
exorbités et ses doigts complètement blancs.
Souriant, Vance se tourna vers le lézard.
VANCE – Je vais, dans un instant, activer un courant électrique très puissant dans la chaise de Marco 64. Il sera
électrocuté. Pas mortellement, juste assez pour le maintenir à la limite de la conscience. Une sensation
particulièrement désagréable, croyez-moi. Rien qu'un être normal ne saurait tolérer plus de quelques secondes.
Le lézard eu un regard de mépris vers le nain.
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TUY'WE – Vous parliez d'une expérience de psychologie!
VANCE – Oui, oui, oui! J'y arrive! Voyez-vous, à tout moment, Marco peut interrompre les chocs électriques qu'il
subit, tout simplement en appuyant sur le gros bouton rouge.
TUY'WE – C'est stupide: il l'a déjà enfoncé, ce bouton!
VANCE – L'expérience n'est pas commencée! Je n'ai pas encore mis le courant. Tout ça pour dire que, lorsque le
bouton est enfoncé, cela transfère tout simplement la décharge électrique vers l'autre chaise. Hi hi hi hi hi!
TUY'WE – Ah.
Vance restait immobile avec son sourire abruti sur le visage.
TUY'WE – Je suis étonné. J'aurais cru qu'un officier de Starfleet aurait préféré encaisser la souffrance plutôt que de
laisser quelqu'un d'autre souffrir à sa place…
Le nain secoua vivement la tête en guise d'approbation.
VANCE – Oui! Oui! En effet! Et c'est exactement ce que 64 a fait la première fois qu'il a été attaché à ce fauteuil! Et
la deuxième fois aussi! Et plusieurs autres fois encore! Hi hi hi! Mais au bout de la…
Le vieux prof nain consulta ses notes.
VANCE - … huitième séance d'électrochocs, il a cédé. C'était la trill qui était sur l'autre fauteuil à ce moment-là.
TUY'WE – Laquelle? On en a deux.
VANCE – Peu importe! Regardez! Regardez-le maintenant! Nous ne somme qu'à la 46ième séance et il est terrifié
à l'idée de recevoir une décharge! Hi hi hi hi hi!
Le nain ponctua son petit rire nasillard d'une pression du doigt sur un bouton. Aussitôt, le corps de la jeune femme
bondit dans le fauteuil et fut violemment secoué au gré du haut voltage le parcourant.
Un sinistre et très intense grésillement emplissait l'air ambiant et de petits éclairs bleutés jaillissait de la jeune femme
ici et là. La pauvre avait les yeux révulsés et se mordait inconsciemment la langue. De la bave ensanglantée coulait
le long de sa gorge.
Assis juste à côté, Marco 64 fermait les yeux en pleurant. À l'occasion, il trouvait la force de répéter "pardon, pardon,
pardon, pardonpardonpardon!" avant de recommencer à pleurer.
VANCE (dans le micro) – Allons, allons, sixty-four! La pauvre Miss Wolf compte sur vous!
Puis, ricanant, il se tourna vers le lézard:
VANCE – Il n'a plus lâché ce bouton depuis… [coup d'œil à ses notes] … la 39ième séance! Hi hi hi! Starfleet
training mon cul!
Dégoûté par la démence du vieux fou, Tuy'We quitta le laboratoire.
47-Spriggan
Normalement, Elliot Spriggan eut été ravi! Pratiquement nu, enfermé avec ces deux déesses qu'il désirait
ardemment, il eut facilement qualifiée la situation d'Édénique. Mais cette fois-ci, l'heure n'était pas à la babiole.
Même s'il devait en toute franchise se l'avouer: garder les yeux ailleurs que sur Aldane dans ses sous-vêtements de
dentelles relevait d'un exploit dont il ne s'était pas soupçonné capable.
Il y parvenait d'ailleurs très mal.
— Maintenant que j'ai vu ça, dit-il à Lenassy, je peux mourir en paix.
La jeune femme s'empourpra légèrement mais l'idée de plaire à Elliot dans cette tenue l'enchantait. Si seulement les
circonstances…
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— C'est vrai qu'elle est… vraiment très jolie! fit timidement Nera en souriant.
La serrure de la porte émit un grincement désagréable. Le garde nommé Menache entra dans la pièce. Mue par un
réflexe, Nera pivota agilement sur elle-même et vint placer un pied sur la gorge de l'arrivant qui s'en trouva cloué
contre le chambranle. Avant qu'il n'ait pu lever son arme vers elle, Spriggan avait bondi pour la lui arracher.
En équilibre sur une jambe, Morak gardait l'autre fermement appuyé dans le cou de Menache qui commençait à
étouffer. Chaque tentative pour aspirer un peu d'air lui arrachait un feulement.
— En une seconde, je vous pulvérise la trachée! Avertit la fille de T'Kar.
Spriggan mit le garde en joue.
— Où sont nos affaires? demanda-t-il, menaçant. Nos vêtements, et nos badges surtout!
Avant que Menache n'ait dit quoi que ce soit, Aldane poussa un cri derrière eux. Parfaitement synchronisés, Elliot
garda Menache en joue tandis que Nera retombait sur ses pieds et effectuait un demi-tour rapide.
La pauvre Lenassy était maintenue fermement par un autre garde portant la fameuse combinaison noire et jaune. Il
était placé derrière Lenassy et tenait une arme de poing appuyée sur la tempe de la grande blonde.
— Vous déconnez, je tire, fit l'homme simplement.
Sprig mourait d'envie de se retourner mais faisait confiance à Nera.
— La… lâche ton arme doucement, demanda Morak à Elliot.
Spriggan sût que la situation était perdue.
— Une bonne chose que tu sois resté là, Mossh! Lança Menache en récupérant brutalement son arme des mains de
Spriggan.
Le dénommé Mossh poussa rudement Aldane en avant. Elliot l'accueillit dans ses bras et lui caressa les cheveux en
lui parlant tout doucement:
— Ça va aller, ma belle. C'est rien.
"Ce salaud était ici avec nous depuis le début! Songea Elliot. Tant qu'ils auront ces damnées combinaisons, nous ne
pourrons rien faire!"
— Pourquoi t'es-tu ramené? demanda Mossh à son partenaire.
— Le vieux fou veut de la viande fraîche pour faire un test.
— Amène-lui le type et laisse les femmes! Nous allions justement…
— IL VEUT CHOISIR!
Résignés, les deux hommes menèrent Aldane, Nera et Elliot vers un autre emplacement qui s'avéra être une sorte de
sickbay ou de laboratoire. D'autres gardes étaient sur place. Au fond de la pièce, Jan Von Ewig était allongé sur un
genre de biobed, gardé là en sommeil artificiel. Le Dr Ivafaire était à ses côtés et paraissait se porter bien malgré
quelques ecchymoses, témoins des "arguments de persuasion" dont on avait dû user sur lui pour obtenir sa
bienveillante collaboration.
Sur place également se trouvait un tout petit homme à la chevelure blanche et au nez surmonté de petites lunettes,
instrument plutôt rare en ce siècle. Le petit homme allait d'une console à une autre et ne semblait pas s'être aperçu
de l'arrivée du trio jusqu'à ce qu'il s'adonne à se retourner.
— Ah! Parfait, parfait! fit-il tout excité.
Il s'approcha des trois officiers en petite tenue et marcha devant eux en les observant.
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— Celui-là! fit-il enjoué en pointant Elliot.
"Évidemment!" songea Sprig avec amertume, bien qu'il préférait nettement passer à la place de ses amies, peu
importe ce qu'on lui réservait.
Le sous-lieutenant fut attaché à une sorte de fauteuil métallique sans ménagement tandis que le petit professeur
trottinait pour aller prendre quelque chose sur un plan de travail.
— Je vous ai déconseillé d'injecter cette saloperie à Von Ewig, Vance! S’emporta Ivafaire. Vous risquez de tuer!
— Je sais, je sais, admis le professeur Vance en revenant avec une seringue hypodermique. Mais j'ai besoin
d'effacer la mémoire de ce monsieur Von Ewig afin de le reprogrammer.
— Vous voulez donc faire fondre son cerveau et le voir couler par ses oreilles? s'écria Ivafaire, scandalisé.
— Occupez-vous de Von Ewig! Lâcha Vance subitement très fâché. C'est la seule raison pour laquelle ces clowns
vous ont amené ici et pour quoi vous êtes encore en vie! Je n'ai pas l'intention de détruire le sujet. Il vaut trop cher
pour ça. Mais je suis convaincu de l'efficacité de ma formule! D'ailleurs, nous allons la tester!
— Eh, pas de connerie, hein? fit nerveusement Elliot en voyant le nain s'approcher avec son aiguille.
— Vous… vous allez effacer sa mémoire? Laissa tomber Aldane, incrédule.
La jeune fille secoua l'emprise de son garde et s'élança vers Spriggan. Elle trébucha et vint tomber à genou devant le
fauteuil d'acier. Le garde s'élança, le regard plein de haine, pour la récupérer. Mais le petit professeur leva la main
pour le stopper dans ses pas.
— Un instant, fit Vance attendrit par les yeux embués d'Aldane.
Le garde resta immobile au centre de la pièce. La jeune Lenassy était appuyé sur les cuisses de Spriggan et le
regardait intensément.
— Ah… l'amour! Sourit le méchant professeur. Regardez comme c'est beau! fit-il aux autres.
— Je vous en prie, supplia Aldane tout doucement en regardant le professeur. Ne le faites pas.
— Oui, c'est ça! Ne le faites pas! Renchérit Spriggan très nerveusement en se tordant les poignets dans les attaches
de métal.
— Mon enfant, dites-vous que c'est pour la science! Annonça fièrement Vance, comme si cela arrangeait tout.
Le vieux prof fit un signe au garde qui vint saisir Aldane par les épaules. La jeune femme tenta de s'accrocher au cou
d'Elliot mais elle n'avait aucune chance contre le colosse. Elle parvint, l'espace d'un instant, à appuyer son visage
mouillé de larmes contre celui de Spriggan et à lui arracher un bref baiser où leurs langues s'effleurèrent à peine.
— Je suis désolé, Aldane, gémit Spriggan. Pour ce qui va arriver… je ne veux pas t'oublier.
Lenassy fut traînée jusqu'à côté de Nera. La zaldane garda son regard fixé sur celui de Spriggan tout le temps de
l'injection.
— Je me souviendrai pour nous deux! Lui cria-t-elle.
=/\=
Détaché de sa chaise, Elliot Spriggan fit quelques pas chancelants dans la pièce, sous le regard épaté du nain.
— On devrait savoir bientôt si ça marche! Prévint Vance à la ronde, persuadé que tout les gens présent partageaient
sa fascination pour l'expérience.
Spriggan eut une contraction et tomba à genou, les mains appuyées au sol. Il fut pris de convulsions et vomit un peu
de sang avant de rouler sur le côté.
Tout tournait autour de lui. Peu à peu, son esprit s'effaçait. Et le néant l'enveloppa.
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48-Von Ewig
Dans un coin, un enfant hurlait, terrorisé par des rats.
Une femme s'approchait de lui, amoureuse, cherchait à l'embrasser.
Les vicères d'un étrange animal giclant savoureusement de son intérieur.
Un premier robot, bancal.
Le vent frais d'un soir d'été, l'herbe mouillée sous les pieds, des rires.
Il savait que tout cela lui appartenait, tous ces souvenirs. Il essayait de les retenir, mais y arrivait avec peine.
Comme s'il devait retenir un plein chargement de sable entre ses bras. Il se sentait impuissant. Et c'était la première
fois depuis longtemps.
***
Après que le Cerbère eut quitté Pandora, il y avait eut deux arrêts, forcément dans des stations carcérales étant
donné que les cellules autour de lui s'étaient remplies de nouveaux pensionnaires. Malgré les injures et les
complaintes grivoises, il avait fallu un certain temps à Jan pour réaliser qu'il n'était plus seul. Depuis le départ
quelques heures plus tôt - ou quelques jours, il n'aurait su dire- il s'était perdu dans ses réflexions sur la révélation
choc de Vlana. Qu'avait-elle voulu dire exactement? En fait, il avait très bien compris ce qu'elle avait dit, mais il se
demandait pourquoi elle lui avait révélé cela alors qu'il quittait pour cette évaluation qui était maintenant le cadet de
ses soucis. Bonne conseillère qu'elle était, Vlana aurait dû aborder le sujet avec lui directement pendant leurs
séances. L'amener à se questionner, à puiser au fond de lui-même, à le secouer. Elle avait réussi tout cela, sans
toutefois y prendre part. Pourtant... c'était son travail! On lui avait attribué cette tâche et il était essentiel qu'elle
pousse son patient à fond afin de fournir le rapport le plus détaillé possible.
Effectivement, il ne se souvenait ab-so-lu-ment pas des événements d'Iris III. Maintenant qu'il y repensait, étendu
dans cette cellule aussi crasseuse que malodorante, il n'avait en tête que les photographies et extraits vidéo
présentés au procès. Des corps démembrés, des bicoques brûlées, une forme humaine qui détruisait tout devant lui,
comme un cataclysme vivant, frappant sans discernement. Mais toutes ses images qui défilaient dans son esprit
étaient empruntées. Aucune ne venait de ses souvenirs, de l'incident en soi. Sur Marixa IV, il avait été déconnecté de
la réalité pendant près de 4 ans, incapable de reprendre le dessus sur sa vraie nature, sa nature «inhumaine». Cela
ne l'avait pas empêché d'être conscient de ses faits et gestes. Il avait ainsi, jour après jour, semaine après semaine,
été spectateur de son existence. Et quand il avait finalement réussi à comprendre et à contrôler cet autre lui, il avait
conservé en mémoire tous ses agissements, comme un film. Un mauvais film qu'il ne se permettait de regarder qu'en
état de calme complet.
Il se redressa et s'étira. En redescendant ses bras, il jeta un oeil à son bracelet. La longueur d'ondes était juste. Tout
en tendant le bras pour prendre un plateau qui traînait au bout de la cellule, il se dit que jamais il n'avait été aussi...
«stable». À une époque, il s'était toujours senti comme un dangereux composé chimique, à manipuler avec soin, prêt
à exploser au moindre choc. «Ces trois années d'internement et de suivis auront été positives» pensa-t-il en portant à
sa bouche un quartier de pêche.
S'il avait compté les repas qu'on lui avait servis, il aurait su qu'il était dans la navette depuis une bonne journée et
demie. Sa surprise avait été totale lorsqu'il avait constaté le contenu du premier plateau: une délicieuse viande
marinée, des légumes variés, des fruits frais et de l'eau vitaminée. Le contraste entre la qualité de la nourriture et
l'état du navire était sidérant. C'est en regardant dans la cellule face à lui, remarquant pour la première fois le détenu
qui y était enfermé, que Von Ewig avait su que ses délicatesses culinaires devaient être un autre traitement de faveur
fourni (ou exigé, allez savoir!) par son équipe médicale de la station Pandora. En effet, son voisin n'avait qu'une
étrange bouillie verdâtre et grumeleuse. Ce dernier avait d'ailleurs regardé avec envie Jan se délecté.
- S'il n'y avait pas ce champ de force, j'aurais partagé avec vous, avait-il dit, avec un vague sentiment de
culpabilité.
L'autre, un grand Bajoran rouquin avec une plaque métallique couvrant la moitié de son visage, avait répondu dans
un dialecte incompréhensible. Jan en avait donc déduit que, par mesure de sécurité, il n'y avait pas de traducteur
universel dans les cellules. Probablement pour empêcher les incarcérés de fomenter des plans douteux. Il s'était
donc contenter d'un haussement des épaules pour signifier son impuissance et avait croqué à pleine dents dans un
fruit jaune qu'il ne connaissait pas.
Tout en chatouillant son palais avec la peau duveteuse d'un second morceau de pêche, il revint au train de ses
précédentes pensées. Que devait-il déduire de son crime sur Iris III? Une autre phase de son «évolution», si
seulement il évoluait? C'était l'hypothèse qu'il avait retenu depuis le début et personne ne l'avait démentie. Personne
sauf la petite conseillère. On lui avait donc caché une «autre» vérité. Car, si on ne remettait pas en cause le
professionnalisme des employés de la station Pandora, il était logique de concevoir que V'Tek et le Docteur Ced en
étaient aussi arrivés à cette conclusion. Ou alors...
- Ils savaient déjà!
Le rouquin d'en face leva la tête, curieux. Ce drôle de personnage avec ses yeux de poisson mort lui donnait une
frousse de tous les diables. Si en plus il se mettait à parler tout seul, il allait demander un transfert de cellule pour la
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suite du voyage. Il avait beau être un tueur à gages réputé, il n'en restait pas moins que les trucs ou les gens
anormaux, comme ce fou avec les cheveux bleus, le rendaient nerveux.
-Aïe! Arrête de me regarder, poisson-mort! Lança le Bajoran.
Mais l'oreille de Jan n'entendit même pas l'insulte en langue étrangère.
C'était donc ça! Ils savaient tous. Il ne voyait pas d'autres explications plausibles. On s'était joué de lui. On l'avait
manipulé. N'y avait-il donc aucun humanoïde honnête dans l'univers? Il ne comprenait pas pourquoi, mais il le
découvrirait. Oh oui! Il saurait et il ferait payer aux responsables. Il leur donnerait une véritable raison de l'interner
cette fois. Et il savait exactement qui avait les réponses.
L'Amirale Kcinna Alyécha.
Jan Von Ewig, partit qu'il était dans une spire de colère qui ne l'avait habitée depuis longtemps, n'eut pas conscience
de l'écran de son bracelet qui passa à un rouge violent. Ses cheveux s'agitèrent doucement autour de sa tête et sa
chemise se gonfla d'un vent invisible. Puis le plateau se mit à cliqueter sur la couchette, animé par une main invisible.
C'est la même main qui décida ensuite de faire grincer la banquette en essayant de la tordre, qui fit gémir les plaques
de métal du plancher. Cette main de haine s'en prenait lentement à tout, augmentant petit à petit son champ d'action.
Le tueur à gages avait observé le fou à la recherche du moindre signe qui aurait pu justifier un changement de cellule.
Il était servi.
- Eh! Oh! Holo Sécurité, hurla-t-il.
Un hologramme s'activa aussitôt entre dans la coursive. Un vieux modèle, crépitant de parasites après des années
sans mise au point. Il se présentait sous la forme d'un homme d'expérience, un humain aux cheveux bruns et au nez
aquilin, vêtu d'un uniforme Starfleet de sécurité.
- Nous souhaitons vous aviser que si votre requête est irrecevable, une plainte pourra être porté à votre dossier et
s'ajout...
- Ta gueule!, continua d'hurler le tôlard, interrompant net la diatribe fatigué du programme. Y'a l'fou qui
s'éneeeeeeerve!
L'hologramme SécuII se tourna dans la direction opposée. Jan n'avait pas bougé d'un iota et ruminait encore de
sombres pensées alors que l'environnement autour de lui augmentait en instabilité. Le membre invisible s'en prenait
maintenant au forcefield en l'irradiant et le déformant.
- Veuillez cesser immédiatement votre activité illégale ou nous serons dans l'obligation de vous...
Il fut interrompu pour une seconde fois, mais il ne fut pas le seul. Une violente secousse envoya le Bajoran contre le
fond de sa cellulle alors que Von Ewig s'écroula vers l'avant, se râpant la joue sur le sol. Le SécuII se désactiva et
l'éclairage de la coursive passa au rouge, accompagné par le traditionnel et désagréable beuglement d'une alarme.
Les champs de force clignotèrent faiblement puis se dissipèrent.
- Merde... Quelle cochonnerie! Cria le rouquin.
Jan se releva, la joue en feu. Que s'était-il passé? Il avait perdu le contrôle sur lui-même. V'Tek serait peu fier. Mais il
n'était pas responsable de cet état d'urgence. Il passa la main sur sa joue qui devint poisseuse de sang, ce sang
incolore mais tout aussi visqueux. Se faisant, il s'aperçut du silence qui régnait. Le vieux warpcore était inactif. Il avait
sûrement rendu l'âme, ce qui expliquait que les forcefields se soient désactivés.
- Espèce de merdeux de fou, lança le prisonnier. 'Ta faute tout ça. Je vais te la casser, ta gueule de poisson mort!
Von Ewig ne comprenait certes pas le langage, mais la gestuelle agressive du prévenu ne lui était pas inconnue. Il
l'avait vue des centaines de fois dans une autre vie, alors qu'il était chef de la sécurité. Il s'apprêtait à neutraliser son
attaquant qui se ruait dans son enclave quand, soudainement, le champ de force réapparut. Le tueur se «cogna»
avec un faible grésillement et tituba à reculons, surpris. Jan avait cru que le système d'urgence n'était plus en état
dans cette vieille casserole, mais il était finalement actif. Enfin, actif avec un certain retard car le Bajoran n'était pas
seul dans la coursive. Il vit cinq autres prisonniers qui, plus avides que lui de liberté, avaient rapidement profité de la
défaillance du système. Il reconnaissait dans l'attroupement naissant un Caïtan, deux humains et un androïde. Le
cinquième lui était d'une race inconnue. S'en suivit un charabia inintelligible de langues diverses. Il n'y comprenait
absolument rien. Même les deux humains parlaient un langage qui lui était étranger. Ils s’asseya sur sa banquette,
attendant que le Sécu II ou qu’une équipe viennent faire le ménage.
De fait, quelques minutes passèrent et on entendit le sas s'ouvrir. Les prisonniers se dirigèrent vers l'extrémité de la
coursive, sortant du champ de vision de Jan. Le couloir était étrangement calme et l'ancien chef de la sécurité se fit
rire en pensant qu'il devait s'agir d'une équipe bien formée pour procéder dans un silence aussi serein. Aussi
sursauta-t-il avec vigueur quand une détonation chuintante se fit entendre, accompagnée par la fuite du bruyant
troupeau carcéral vers l'autre extrémité du couloir. L'androïde se tassa dans la cellule du rouquin, passé quelques
secondes plus tôt. Au même moment, un des humains qui n'avait pas eu se réflexe de survie lâcha un petit cri et
s'effondra entre eux deux, un trou béant dans le dos. Jan se dressa aussitôt, les sens alertes. L'androïde le regardait,
inexpressif, cherchant comment éviter la fin de son existence. Une ouverture apparut alors sur sa poitrine, surprenant
à la fois l'androïde et Jan, qui recula avec stupeur. La machine humanoïde voulut se redresser, mais le quart de son
visage disparut d'une manière identique, accompagné d'un autre chuintement, et son corps mécanique s'effondra
avec quelques soubresauts. Au bout du corridor, les autres prévenus se mirent à hurler puis se turent l'un après
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l'autre. Par le sas resté ouvert, Von Ewig pouvait entendre des cris de terreur semblables provenant des autres
secteurs carcéraux du Cerbère. Enfin, ce fut le silence.
Il attendait maintenant son tour, cette mort étrange, ce châtiment. Il se trouvait étonnamment serein pour une situation
du genre, ses muscles noueux légèrement tendus sur son corps d'éternel adolescent, sa respiration régulière. Il
comprit tout à coup que ce n'était pas de la sérénité, mais un vieil état qu'il n'avait pas connu depuis longtemps. Son
corps et son esprit se préparaient au combat. Il n'avait aucun indice sur son adversaire, mais il ne se laisserait pas
anéantir comme ces criminels de bas étage.
Elle lui caressa la nuque comme une aile de papillon. C'était un viol, tout léger, une incursion dans son être. Il sut
alors qu'un empathe était aux alentours, tout proche. Mentalement, il détourna ces ondes inquisitrices. Il sentit un
mouvement sur sa droite, faible bruissement irréel, puis un homme apparut dans une combinaison noire et jaune. Il
se recroquevilla sur lui-même, jetant des regards furtifs et hagards, poussant de petits cris de terreur. Jan fronça les
sourcils.
- Mais dis donc! Qu'est-ce qu'il fait le con? dit une voix sortit de nulle part.
- TAIS-TOI! rugit une autre.
Ils étaient donc plusieurs. «Occultation» se dit-il. Si ce n'avait été de l'empathe qui s'était trahi, il n'y aurait pas pensé.
- Montrez-vous, ordonna-t-il posément.
Après quelques instants de silence, ils apparurent. Quatre dont un gros qui fit plisser Jan des lèvres avec un profond
dégoût. L'autre qu'il remarqua était de taille moyenne au regard vilain mais intelligent, une raie de cheveux au
sommet du crâne.
- Pourquoi ne m'avez-vous pas tué?
- Qu'est-ce que tu lui as fait, demanda celui au regard méchant
Une question pour une question. L'homme n'était pas du genre à s'en laisser imposer. Il était le meneur; c'était la
même voix qui avait intimé l'autre au silence auparavant. Comme Von Ewig n'avait pas besoin d'une réponse à la
sienne - il était clair maintenant que ces hommes étaient là pour lui - il répondit:
- Je lui ai renvoyé ses propres ondes mentales. Cela crée une espèce de boucle mentale qui décuple l'émotion de
l'empathe et l'y emprisonne. Il devait être anxieux et inquiet de venir me voir. Le voilà mort de peur.
L'autre répondit avec un sourire rusé.
- Heureusement qu'il est le seul parmi nous.
Von Ewig voulut répondre, mais reçut un choc violent derrière la tête et s'évanouit.
Quand il revint à lui, il était étendu dans une pièce sombre à l'odeur ozonée. Il se redressa, trop rapidement, et fut pris
d'un léger vertige.
- Doucement, dit une petite voix nasillarde.
La vision un peu brumeuse, Von Ewig discerna un petit homme aux cheveux blancs comme neige et aux yeux vifs
derrière des verres.
- Il ne devait pas vous «abîmer», continua le nain. Sauf qu'ils ont eu très peur, oui oui, très peur. Nous ne savions pas
que vous pouviez faire ça.
- Faire quoi? Vous... Qu'est-ce que vous me voulez?
- Nous vous voulons, vous, Monsieur Jan Von Ewig. Vous êtes une perle rare, un joyau que plusieurs désirent ajouter
à leur collection.
- Qu'est-ce que vous raconter? Vous êtes incompréhensible! Ajouta Jan avec un peu d'énergie. Il était à bout de nerfs
et ne réussissait pas à reprendre totalement ses esprits, ce qui l'impatientait beaucoup plus que la graine de nanisme
qui pérorait devant lui.
- Alors je serai clair. Quelqu'un qui m'engage... Car depuis certains événements avec StarFleet, je ne puis me
financer seul. Quelq'un qui m'engage donc, souhaite utiliser mes grands talents scientifiques pour prendre le contrôle
de votre incroyable capacité télékinétique. C'est une chance inespéré pour moi d'avancer encore un peu dans la
science et une occasion en or pour vous de collaborer et d'avoir accès à la puissance qui vous revient de droit. Alors,
vous marchez?
- Vous êtes fou! Je ne me mettrai plus au service de quiconque.
- Hmmm... Dommage. Je n'ai donc pas d'autre choix que de laisser le sérum faire son effet.
- Le sérum?
- Oui oui! Celui qui est en train d'effacer votre mémoire. Quoique vous résistiez plutôt bien et cela m'inquiète. Vous
devriez déjà avoir succombé depuis plusieurs heures.
À sa surprise, Von Ewig lut vraiment de l'inquiétude sur le visage de l'homme et prit soudainement peur avant de
balancer dans le néant de l'inconscience.
***
Un chaton tout tordu, écrasé par un conteneur.
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Une infirmière le giflant sauvagement.
Dans une grande salle, un examen difficile aux questions multiples.
L'odeur douce et chaude d'une femme... d'une maman.
La question.
La réponse.
Ainsi Jan Von Ewig résistait-il au sérum de Vance, dans un état second «conscient», alors que le docteur Ivafaire
tentait l'impossible pour stabiliser son état et que Spriggan succombait au même poison.
49- Lenassy
Les cris d'angoisse avaient rapidement cessé, trop rapidement. Elliot, insensiblement, passait lentement à un état
comateux. Il voyait, il entendait. Il fait tout son possible pour se redresser.
Oui, c'était cela qui l'ennuyait, qu'est-ce qu'il faisait à quatre pattes ?
Le sol est presque trop lumineux lui faisant mal aux yeux. Un instant seulement, un instant pour se remettre, il ne veut
pas oublier, il est Spriggan, il est Spriggan, le détesté Elliot et le haï Athanagor. Et elle l'aime, oui, ça n'est pas
possible autrement. Une brusque envie de vomir le prend, il s'écroule sur le sol. Ça lui fait du bien, le sol est frais, il
pose la joue contre la fraîcheur toute relative. Il essaie de sourire mais n'y arrive pas.
*Merde, ça peut pas être juste ça !*
Qu'est-ce qu'avait dit cet abruti de toubib ?! Qu'est-ce qu'il pouvait détester tous ces médecins. Prétentieux ! Toujours
à dire fais pas ci, fais pas ça. Il va voir, saloperie de drogue.
Il entend les voix, celle de l'autre barjot et ténue celle d'une femme.
"... qu'est-ce qui se passe, laissez-moi, ne me touchez pas ! Non, laissez-le !"
Aldane !
Une autre voix essaie de la calmer, la petite Nera.
Il s'accroche à leur présence un instant, puis c'est le noir complet.
****
Il n'avait pas fallu longtemps à Aldane et Nera pour être enfermée de nouveau. Aldane pleurait assise au sol et Nera
l'entourait de ses bras chuchotant à son oreille des mots qu'elle voulait rassurant.
La jeune fille réfléchissait. Elle ne pouvait rester à rien faire. Il fallait qu'elle sort de là, qu'elle sorte Aldane de là,
Ivafaire, Sprigg ! Il fallait qu'elle trouve une solution.
*réfléchis, réfléchis, réfléchis.*
Pour se rassurer elle se remémore sa formation, la force que sa mère pouvait montrer, la force qu'elle avait en elle.
MORAK : Aldane, on va se sortir de là !
L'officière scientifique, les larmes aux yeux, relève le visage.
LENASSY : ... il faut sauver Spriggan. Nera...
MORAK : oui, qu'est-ce qu'il y a ?
Aldane secoue doucement la tête.
LENASSY : non, rien. Qu'est-ce que je peux faire ?
Nera pose son index sur les lèvres d'Aldane. Elle s'est déjà fait avoir une fois, ça ne sera pas deux. Elle chuchote à
l'oreille d'Aldane.
MORAK *à voix basse* : on va d'abord voir s'il y a encore quelqu'un.
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Les jeunes femmes se redressent. Aldane ravale le sanglot qui lui monte à la gorge. Elle est une officière de
StarFleet, ce qu'elle a choisi d'être. Devant la détermination de Nera le courage de la jeune femme remonte à la
surface, éteignant doucement les brûlures de l'angoisse qui la dévorent.
Presque machinalement, elle reprend sa confiance et son allure flamboyante.
Les deux jeunes femmes se partagent la pièce, la parcourant de nombreuses fois. Nera essaie de mettre en pratique
ce que le commandeur Harker lui a confié. Une seule leçon, ça allait être maigre, mais c'est tout ce qu'elle avait,
c'était tout ce qu'elle avait et malgré tout ce que sa mère pensait d'elle, ça allait lui être bénéfique. Elle n'avait pas le
choix, Sprigg était en danger, Aldane était en danger, puis un autre officier, le docteur Ivafaire, qui avait été si gentil
avec elle, était en danger aussi. Ils avaient dit qu'ils allaient tuer Sprigg !
Elle interrompt sa recherche physique pendant qu'elle sent son amie continuer ce qu'elles ont entrepris.
Elle s'arrête, dans l'ombre, puis reste les yeux mi-clos essayant de percevoir ou de s'ouvrir à ce qui se tient dans la
pièce. D'abord cette pièce, elle verrait pour le reste plus tard. Elle ne sait pas comment faire, il était facile avec le
commandeur si proche d'elle et lui tenant la main de le percevoir, au-delà de toute espérance d'ailleurs. Elle avait
bien failli rompre le lien aussitôt qu'il avait été établi.
Elle prend une profonde inspiration, essayant d'oublier l'odeur de moisissure qui lui parvient et lève le visage,
détendant ses épaules comme si elle attendait de recevoir une illumination.
Presque tout de suite elle croise Aldane. La jeune femme a mis une chape imparfaite sur son angoisse, laissant filtrer
des bouffées plus que convaincantes. Sprigg et Nera sont au coeur de ses préoccupations. Elle l'effleure à peine, elle
est à la recherche d'autre chose, quelqu'un d'autre. Il n'y a plus personne de l'autre côté de la porte. Elle cherche
encore ne trouvant rien dans un proche périmètre, ne voulant pas prendre le risque de se perdre et de n'être pas
capable de tout arrêter, elle se redresse cessant cet exercice encore difficile pour elle. Première leçon, elle ne pouvait
pas se permettre d'échouer, comment aider ses amis si elle échouait.
Elle approche de la porte voulant vérifier. Elle écoute à la porte et n'entend que de lointains sons qui lui parviennent.
LENASSY : iissshh zut ! Je me suis coupée.
Nera se recule de la porte cherchant dans l'ombre son amie.
MORAK : Aldane, c'est grave ?
Elle approche dans la direction de la jeune femme, cette dernière s'est appuyée contre la paroi et tiens son pied dont
elle retire le bas (socquette) par règlementaire à petites bouclettes rose bonbon, faisant une petite grimace.
Nera approche allant voir de plus près, il est vrai qu'avec la semi-pénombre constante qu'il règne dans leur cachot
plutôt spacieux, il faut avoir de bons yeux.
MORAK : ce n'est rien, juste une petite coupure. Mais où t'es-tu coupé ?
Sa voix reprend un peu d'espoir.
Aldane montre le sol derrière elle.
LENASSY : il y a une bouche d'aération Nera, mais ça a l'air vraiment dégoûtant là-dedans.
MORAK *se mettant à quatre pattes, elle passe doucement sa main sur le sol à la recherche du coupable qui pourrait
bien s'avérer être un ami* : nous verrons ça après.
Elle sourit sentant un petit objet roulé sous ses doigts avides. Elle le saisit prudemment, inutile de se couper si ce à
quoi elle pense, et le porte à ses yeux.
MORAK : zut, ça ne suffira pas.
LENASSY : qu'est-ce que c'était ?
MORAK *soupirant* : notre seule arme j'en ai peur.
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Aldane s'approche derrière elle, posant sa main sur son épaule pour aller voir par-dessus. Nera élève la main lui
montrant sa trouvaille et son agresseur.
L'officière scientifique plisse les yeux et lève un sourcil, il s'agit d'un morceau de métal qui pourrait être le bout d'une
lame de couteau, pas plus grand que le pouce de la main de Nera. Puis son visage s'illumine.
LENASSY : viens voir !
Elle entraîne son ami en marchant bizarrement pour éviter de poser son pied par terre, par simple anticipation du
picotement qu'elle a ressenti.
Puis elle montre avec un sourire une grille d'environ une cinquantaine de cm sur une trentaine.
MORAK : Aldane c'est trop petit.
Nera s'approche tout de même, se faisant aider d'Aldane pour s'élever un peu jusqu'à la fameuse grille.
MORAK : pouah !! Ça pue là-dedans.
Elle soupire, oui, elle pourrait passer. Elle regarde rapidement comment la défaire, ça avait tout l'air d'un simple
conduit d'aération. Puis elle fait la grimace, si elle pourrait passer, Aldane s'était moins sûr, elle était loin de
ressembler à une frêle jeune femme. Et si elle se retrouvait coincer là-dedans ? Elle ne pouvait pas la laisser derrière
elle, impossible.
LENASSY : alors qu'est-ce que tu en penses ?
MORAK : tu passeras pas.
LENASSY : hé, ch'uis pas si grosse !
MORAK *laissant échapper un petit rire* : tu ne l'es pas voyons, mais bon, tu es bâti comme une championne de
natation.
Aldane un peu vexée réplique du bout des lèvres.
LENASSY : mais, c'est ce que je suis...
MORAK : bon, bon, mais après, c'est bien beau de rentrer dans un truc pareil, ça ne sert à rien si nous n'avons pas
un plan.
50-Matolck
— Je pense que nous avons un moyen de retracer nos malfrats, annonça Fenras avec une légère hésitation.
La déclaration éveilla l'intérêt de tous, particulièrement de T'Kar.
— J'ai étudié la fiche de ce Von Ewig… je pense qu'on peut peut-être retracer les fréquences de ses PCD… les
machins qu'il a de chaque côté de la tête.
Matolck parvenait tant bien que mal à se contenir, mais de justesse. Le rapport de Vela qui exposait le programme
promis aux deux officières de l’Indépendance n’arrangeait pas vraiment les choses.
Brett de Ville…ce salopard venait encore de frapper durement l’Indépendance et en plus il osait lui suggérer de se
tenir tranquille ! Il avait assassiné Sothar, Dezra, kidnappé le fils de Rox et maintenant il ajoutait quatre officiers à la
liste dont deux femmes et deux officiers de sécurité. Une seule de ces raisons aurait été amplement suffisante pour
qu’il le poursuive à travers toute la galaxie et là c’était jusqu’au bout du quadrant gamma qu’il le poursuivrait si
nécessaire ! Tel un taureau devant qui on remuerait un chiffon rouge de la taille du Groenland, le demi vulcain n’avait
qu’un seul but : récupérer ses officiers et mettre la main sur Brett de Ville.
T’Kar : Jason, combien de temps pour recalibrer les senseurs ?
Harker : Ça devrait pouvoir être fait en moins de 20 minutes
Matolck : Vous en aurez dix Commandeur. Nos officiers sont en danger et je me refuse à rester les bras croisés en
attendant. Je veux que dans dix minutes l’Indépendance soit en route vers le vaisseau ennemi…à vitesse maximale.
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Vela : Une fois qu’on les aura retracés et rattrapés, il nous restera un problème de taille : ils ont la capacité de
s’occulter avec leurs combinaisons, ce qui ne simplifiera pas la récupération de nos officiers.
Grey : Il y a peut-être une solution. D’après la description que vous avez faite de leurs armes, elles utilisent des
projectiles. Ces projectiles sont fort probablement projetés par une explosion contrôlée d’un explosif…un détecteur
d’explosif pourrait vous donner quelques indications utiles.
Matolck : et si ça ne marche pas organisez un feu roulant de phaseurs pour nettoyer le vaisseau coursives par
coursives, employez des gaz, des grenades, la télépathie, ce que vous voulez je m’en fous mais récupérez moi mes
officiers !
T’Kar : Vous avez vos ordres Messieurs.
Alors que les officiers sortaient de la salle de briefing Matolck et T’Kar restèrent quelques instants seuls.
Matolck : On les récupérera T’Kar.
T’Kar : Dans combien de temps ?!? Vous imaginez ce que ces salopards sont en train de lui faire…
Matolck : On les récupérera
T’Kar : S’ils ont touché à un cheveu de Nera je fais un massacre !
Matolck : On les récupérera et je te garantie qu’ils paieront cher…très cher.
De retour dans son ready room, le demi vulcain rédigea un message à l’attention de l’amiral Tellan. En raison de la
distance il ne le recevrait pas avant quelques temps, mais il devait être informé.
CONFIDENTIEL
De : Capitaine Matolck
A : Amiral Rox Tellan
Y’a un os. V.E kidnappé par BDV ainsi que 4 de nos officiers. L’indé passe en mode « récupération de créance
impayées »
51-Spriggan
Avant que les jeunes femmes n'aient commencé à échafauder une stratégie d'évasion, trois gardes armés vinrent
jeter le corps d'Elliot brutalement sur le sol de la cellule, puis repartirent sans un mot.
=/\=
Il gît sur le dos, les yeux ouverts, contemplant un ailleurs hypothétique… le néant qui fut jadis son existence.
Aldane s'approche de lui, s'agenouille, s'assoit sur ses cuisses et se penche sur lui, dans la posture équivoque de ces
couples qui font l'amour d'une façon très reposante pour l'homme.
Sa jolie natte est défaite et ses cheveux forment maintenant un voile doré qui isole leurs visages. Aldane fixe les
yeux d'Elliot, y recherche désespérément quelque chose de concret. Une lueur, une étincelle, n'importe quoi
indiquant qu'il la regarde, la reconnaît, l'aime.
De l'eau s'accumule sur les paupières inférieures de la zaldane. Une larme se forme et chute, mue par la gravitée
artificielle. Elle mouille le visage absent de l'être cher et roule jusqu'à la commissure de ses lèvres.
=/\=
Des images flouent défilent devant lui. Il se sent prisonnier d'un carrousel étrange. Il voit passer des visages dont les
lèvres s'animent mais qui pourtant demeurent muets. Qui sont-ils? Cet homme en bleu avec de drôles d'antennes
sur la tête… il l'a déjà vu quelque part. C'est un ami. Ou un parent. Quelqu'un de confiance en tout cas. Sa
présence le rassure, mais il s'en va déjà.
Quelqu'un d'autre a pris sa place. Une jeune femme. Blonde. Un soleil. Elle lui sourit; elle sourit tout le temps. Qui
est-elle donc? Elle porte un nom d'ange, il en est presque certain. La voilà déjà partie.
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Deux autres femmes passent devant ses yeux. Dingue, la quantité de femmes dans sa vie. Enfin, il croit. Pas sûr.
Ne sait plus. La petite brunette lui sourit. Il ressent le désir de la jeune fille de se coller contre lui mais l'autre, belle et
farouche, l'en empêche. Celle-là le regarde d'un air peu amène en tout cas. Que lui reproche-t-elle? Il ne s'en
rappelle plus.
Un homme passe devant son regard. Il est triste. Essuie le coin de ses yeux d'un tissue de soie mauve.
Un autre visage apparaît déjà. Sur de lui. L'homme lui fait un clin d'œil et lève un verre de liquide ambré pour un
toast silencieux. Cet homme sait qui il est. Pourquoi ne le lui dit-il pas? Pourquoi personne ne lui dit qui il est ?
Tiens… il pleut. Les gouttes sont tièdes. Tièdes et salées. Délicieuses. Il a soif d'elles. Il en veut davantage. Ce
n'est pas de la pluie, finalement. Ce doit être des larmes. Des larmes tombent sur son visage. C'est bon.
Une brume translucide voile sa vue. Un nouveau visage apparaît au travers. Quels yeux intenses! Il sait qu'il adore
ses yeux-là. Précieux joyaux qu'il ne veut pas perdre. Se rattacher à ces yeux. Ne jamais oublier. Ils brillent. Ils
pleurent. Qui donc est celle femme magnifique au-dessus de lui? Sa peau satinée brille d'un reflet mât dans la
pénombre. Ses lèvres semblent savoureuses. Non, elles ne semblent pas. Elles le sont, il le sait!
Elle lui parle. Il ne comprend pas les mots. Mais le visage magnifique exprime un désespoir, une urgence, une
supplication. Il essaie de lui sourire. Tout ira bien, il ne faut surtout pas qu'elle s'inquiète.
Mais qui est-elle donc, bon sang? Elle est importante, il le sent. Plus importante que tout. Ou l'est-elle? Tout
compte fait, il ne la connaît pas. Ne sais pas qui elle est. Ça n'est qu'une femme superbe parmi tant d'autres. Mais
ces yeux! Ces yeux! Il doit se raccrocher à ces yeux.
Le manège ralenti. Les visages s'effacent. Il va partir, il le sent. Retomber dans l'inexistence. Chaque épisode lui
coûte une partie de lui. Est-il si important, après tout, de savoir qui il est?
Il voudrait bien encore un peu de ces larmes si délicieuses.
Il a confié ses souvenirs à quelqu'un d'autre, croit-il se rappeler. On les lui a enlevés. Il n'en a plus besoin. Dormir,
s'évader, oublier.
=/\=
Les yeux de Spriggan se referment. Il est à nouveau inconscient.
— Aldane, vient! Nous ne pouvons pas attendre! Insiste Nera. Il nous faut tenter de fuir par la trappe de ventilation
avant que quelqu'un n'arrive. Tu sais ce qu'ils nous réservent.
— Mais… Spriggan… murmure-t-elle en reniflant. On ne peut pas le laisser ici…
Nera se penche sur son amie.
— On ne peut pas l'emmener avec nous pour l'instant. On reviendra pour lui plus tard, promis.
Aldane hésite.
— Comment comptes-tu l'aider, lorsque ces soudards seront en train de nous violer? demanda pertinemment Morak.
Lenassy approuva d'un hochement de tête qu'elle voulait déterminé. Elle se pencha à l'oreille du jeune homme et lui
dit tout doucement:
— Tu es Spriggan. Spriggan. Je suis Aldane. Et je vais revenir pour toi. Je vais revenir te chercher, Spriggan.
52- Lenassy
La ventilation fonctionnait une fois sur deux. Menache était seul dans ce qui leur servait de salle à manger. Un endroit
aussi glauque que le reste. Le takaran n'en avait cure, ça n'était ni la propreté, ni la sympathie du reste de l'équipe
qu'il était venu chercher en acceptant de suivre le patron. C'était de toutes les manières tous des meurtriers en
puissance et même les dénégations de certains lui semblaient suspectes.
Il avait vu la gueule d'A'resh dans toutes les entrées des spatioports et il y en avait pour un paquet. Il y était dit qu'il
était dangereux, tu m'étonnes ! Il avait la gâchette facile et avait un gros pois à la place du cerveau ce qui faisait de lui
un adversaire qu'il ne fallait pas négliger. Aucune négociation possible, c'était clair. Il avait à son actif pas moins de
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150 meurtres directs et avait participé à au moins 2 génocides. Il était recherché ça s'était certain. A se demander ce
que le chef foutait avec un type pareil !
Menache plisse les yeux pris dans le déroulement d'une intense réflexion.
A moins qu'il n'utilise la célébrité d'A'resh pour se cacher, ouais, pas bête. C'est A'resh qui, de toutes les manières,
verra grandir la liste de ses forfaits..
Menache était soulagé, il n'avait encore rien vu de probant le concernant. Certain, qu'il était persona non grata dans
plusieurs systèmes, mais au moins, son nom n'avait jamais été exposé. Il avait toujours été prudent. Ce qui fait qu'il
était toujours celui qui avait en charge les petites courses dans des endroits trop fréquentés ou les endroits où la
Fédération et surtout StarFleet avait ses installations.
La petite armée du patron, si elle était réduite, était relativement efficace. A part, quelques heurts de temps en
temps...
Le takaran cure son assiette avec une cuillère aux arrondis imparfaits, puis il pousse l'assiette plus loin, s'adossant au
dossier de sa chaise. Bientôt il pourrait se détendre et pourrait profiter de ses gains. Avec un peu de chance les deux
filles feraient partie des gains supplémentaires. Ils en avaient discuté avec Mossh et lui il avait de sérieux créneaux
dans plusieurs réseaux, quelque chose de sérieux. Ils pourraient en tirer un bon prix si elles n'étaient pas
coopératives, c'était le mieux à faire. Comme lui avait dit, il y a longtemps son grand-père : "aucune occasion n'est
bonne à laisser passer sa chance." Il fronce les sourcils essayant de se rappeler des paroles exactes, ouais quelque
chose comme ça !
Il se lève assez énervé malgré tout. Il avait eu quartier libre, enfin. Il éclate de rire dans la salle vide, puis la quitte
sans regret. Le mieux était d'aller voir Mossh, lui il voulait la grande blonde. La brune était parfaite. Par contre
comment faire pour que ce débile d'A'resh n'y touche pas, ça, ça allait pas être simple. Bon, tant pis, éventuellement il
prendrait ce qu'il pourrait et l'autre porc s'il les tuait et bien, il aurait eu sa part. Il préférait rester en vie de toutes les
manières. Et on ne s'opposait pas à A'resh, à moins d'être le chef.
Il se dirige dans les coursives, courant presque jusqu'à la salle de repos. Une partie d'échec est en cours. Quelqu'uns
parient déjà, les imbéciles, les combats entre Mossh et Velasquez étaient truquées. Son regard croise celui de Mossh
et il lui fait un signe entendu.
MOSSH : désolé minus, t'es foutu !
Il déplace une pièce et annonce "échec !" Puis il regarde Velasquez qui plisse les yeux, l'air rendu encore plus
mauvais par la cicatrice qui lui barre la figure. Il se lève brusquement balayant brutalement l'échéquier à plusieurs
étages qui va se briser contre la table la plus proche. Les pièces volent.
"Bordel !! Velasquez, c'est le troisième que tu bousilles et Mossh arrête de l'emmerder !"
Mossh se redresse, l'humain ne craint personne. Sa corpulence évoque celle d'un gladiateur et seule une légère
claudication qu'il s'évertue à faire disparaître en public laisse entendre qu'un jour quelqu'un a pu le toucher avant que
lui l'ait démoli. Il a l'allure d'un ancien soldat. Un soldat qui a fait la guerre, la vraie et non quelques batailles
diplomatiques. S'il n'avait le regard si dur, il aurait pu être beau. Mais il transpirait la frayeur qu'il avait dû provoquer
sur les champs de bataille, dans des corps à corps impitoyables. Quelque part au fond de lui, il avait le regret de
n'avoir pas connu les combats anciens où seule la vigueur du combattant était sollicitée.
MOSSH : Velasquez, bientôt j'aurais toute ta paie si tu ne fais pas attention.
Il y a environ une dizaine de personnes dans la salle. Mossh salue à la cantonade avec un sourire satisfait. Il dépasse
d'au moins deux têtes Menache qui repart avec lui, tout frétillant.
Une fois dans la coursive le takaran lui parle, marchant à reculons pour être certain de ne pas rêver.
MENACHE : et tu dis que le chef t'a dit qu'elles étaient à nous ? Donc... ça veut dire, hum... ça veut dire que le débile
il est pas dans la course ?!
MOSSH : il m'a dit ça oui, il a pas parlé d'A'resh, mais tu sais bien ce que ce crétin fait avec.
Le takaran frissonne, oui, il se souvient très bien, il manquait plus d'une case à A'resh et la femme qu'il avait trouvé
éventrée avec cette corde autour du cou et ce drôle de regard à l'expression brouillée, comme s'il avait fait quelque
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chose aux yeux de cette malheureuse. Il ne tenait pas à revoir ça, c'est certain.
MENACHE *se remettant dans le bon sens et suivant les pas de géant accomplis par Mossh* : Mais on pourrait les
récupérer ? non ? ma chambre est parfaite et A'resh aurait pas l'idée d'aller la chercher.
Il lui suffirait de l'attacher le temps qu'elle s'habitue et fait un demi-sourire satisfait, après tout le chef était un bon
chef. Il trouvait toujours ce qui plairait à ses hommes. Il perd son sourire se souvenant de l'épisode Melok, puis celui
des fantaisies morbides d'A'resh. Il avait émis l'hypothèse de nourrir les prisonnières, Mossh s'était esclaffé et lui avait
répliqué.
MOSSH : rêves pas, si elles sont là c'est qu'on l'a bien voulu et jamais hors de ce vaisseau t'aurais pu en mettre une
dans ton lit.
Puis il éclate d'un gros rire rajoutant.
MOSSH : c'est de la classe ! j'en ai même jamais eu des comme ça quand tout allait bien pour moi. Quoique les putes
sont plutôt bonnes en général... *il rajoute pour lui-même* ... mais pas amusantes.
Ils arrivent devant la porte de la "prison". Elle évite de résister sous la poigne de Mossh.
MOSSH : les filles c'est votre tour, on s'amène et vite fait, si on veut pas que tonton se fâche.
Il attend un instant, puis sans réponse aucune il avance, cherchant dans l'ombre qu'il éclaire rapidement de sa lampe.
Il ne voit que l'homme qui a été ramené visiblement. Il ne bouge pas. Il s'en désintéresse puis se tourne vers
Menache.
MOSSH : elles sont plus là, merde !!
Menache entre en trombe.
MENACHE : ah non !! Il avait dit qu'elles étaient pour nous, il l'avait dit !! Où est-ce qu'il les a amenées ?
Mossh fait la grimace, puis pousse Menache hors de la pièce. Il réfléchit. Si ce gros con d'A'resh les a, autant dire
qu'elles sont mortes de toutes les manières. Enfin, ils pourront toujours savoir où elles sont quand ils entendront les
premiers hurlements. De toutes les manières, A'resh n'en faisait toujours qu'à sa tête.
Menache est au bord des larmes, de dépit, de désir inassouvi, il s'en était fait un tel cinéma qu'il se sent pire que
flouer...
MENACHE : on... on... on va aller se plaindre !
MOSSH : ta gueule ! tu sais très bien ce qui est arrivé à Melok arrêtes tes conneries tout de suite, tu les oublies pour
le moment et puis, tu les verras bien assez tôt... *Il éclate d'un gros rire* ... au moment du nettoyage.
Il quitte la pièce, refermant derrière eux et disparaissent dans la coursive, le dos de Menache est crispé, la frustration
et la haine étant les deux sentiments presque lisibles sur les frissons qui le parcourent.
== Dans le ventre du vaisseau ==
Des chuchotements se font entendre. Dans un boyau sombre deux corps se meuvent avec lenteur et difficulté.
LENASSY *chuchotant* : on est arrivé Nera ?
MORAK *répondant à la même intensité* : pas encore Aldane, mais je vois le bout.
Les deux femmes s'étaient glissées dans le conduit très vite, après que Nera ait convaincu Aldane de la nécessité
d'abandonner Elliot où il était. Dans l'était dans lequel on le leur avait rendu il était inutile d'espérer sa coopération. Et
il était à l'abri pour le moment. Nera réfléchissait vite. Il avait déjà prévu un temps donné pour reconnaître les lieux,
trouver les passages qui allaient les conduire aux endroits névralgiques du vaisseau. Si ils étaient encore là, c'est que
l'Indépendance avait des ennuis, alors inutile de les espérer tôt... Puis une vague d'effroi la submerge, et si le
vaisseau avait été détruit... l'équipage... sa mère. Elle interrompt son déplacement qui ressemble assez à un parcours
du combattant qu'elle avait effectué plusieurs fois pour s'entraîner et ne pas paraître trop gauche à la sécurité, dès
qu'elle avait appris la nouvelle.
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Aldane arrive derrière elle et s'arrête aussi.
LENASSY : qu'est-ce qu'il y a ?
MORAK *déglutissant* : rien je...
Elle tourne la tête derrière elle, essayant d'apercevoir le visage de son amie, une certaine innocence s'y illuminait très
souvent, ce qui lui donnait du courage, le courage de la sortir de là. Elle ne voulait pas qu'il arrive de mal à Aldane, ni
à personne d'abord. Mais d'abord s'extirper d'ici, avant que quelqu'un s'aperçoive que la grille était branlante,
incapable qu'elles avaient été de la revisser.
Elle repart, aussitôt suivie d'Aldane, qui a de temps en temps un peu de mal. En plus d'être pénible, l'exercice lui est
difficile pour la simple raison que parfois, le boyau se resserre légèrement pour former un coude. Vivement qu'elles
sortent de là.
== Laboratoire de Vance ==
Le scientifique délaissé par ses pairs se délectait d'avance. Il allait réussir, si ce Spriggan n'était pas déjà mort, ça
signifiait que Von Ewig allait passer le cap. Sa résistance n'allait pas être éternelle. Il sautille légèrement dans son
fauteuil, compulsant ses dernières notes.
En plus de l'attrait scientifique de l'expérience poussée jusqu'à son terme, il avait aimé l'attitude de cet ex-officier de
StarFleet. Il en ricanait tout seul dans son coin, tremblant presque d'excitation.
Dommage que de Ville soit si pressé, il aurait aimé en savoir plus encore sur ce Von Ewig et la seule méthode
satisfaisante à ses yeux après des études minutieuses étaient bien d'ouvrir en coupe le cerveau extraordinaire qui
s'était perdu dans cet être banal. C'était la première qu'il avait la chance d'avoir un spécimen, et quel spécimen.
Il se lève puis sort de la pièce vitrée. Il n'a pas quitté de l'oeil le biobed où est attaché Von Ewig, deux hommes sont
en permanence à surveiller ce médecin si minable. Mais il avait encore besoin de lui. Il pourrait peut-être être un bon
assistant ? Qui sait. Il exultait, il aurait aimé faire des conférences à tous ces minables, les écrasant de sa toute
puissance. Il approche du spécimen souriant d'un air plus que satisfait, il était parvenu à des résultats surprenants. Il
fallait juste s'assurer qu'il ne s'éveille pas en cours, c'était si simple, qu'il en aurait pleuré.
53-Keffer
LYS 5, Salle du réacteur matière/anti-matière.
Enfin, ces zigotos de la sécurité avait fini par accepter son histoire...non sans avoir dérangé l'amiral Tellan pour s'en
assurer.
Libre, sa première action avait été de se rendre à l'ingénierie, où personne ne l'empêcha d'y entrer : ils étaient tous
trop occupé à leurs différentes tâches qui étaient les leurs. Il leur fallait comprendre ce qui s'était passé la veille,
surtout avec cette chose qui, à l'extérieur de la station, pompait l'eau d'Iris III.
Dans cette situation, on pouvait bien se demander pourquoi on avait envoyé l'Indépendance au loin faire une mission
banale que n'importe quel navette régulière pouvait accomplir. Le transport carcéral n'était pas le département
d'opération de Starfleet.
Néanmoins, elle passa facilement l'entrée principale de la salle des machines de la station, et se rendit auprès du
warp core. Il était majestueux. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'était pas venue le voir...
Ce n'est que lorsqu'elle fut à quelques pas de ce dernier que sa présence fut enfin remarquée par un officier
d'ingénierie. Le barbu en question quitta sa tâche actuelle, et s'approcha de l'infirmière, qui n'était pas tout à fait à sa
place dans l'ingénierie.
SOTHAR : Miss Keffer, qu'est-ce que vous faites là ?
Elle ne cessa de contempler le Warp Core, le regardant comme si cela avait été le trésor le plus cher au monde.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu réagir ainsi devant une pièce de technologie. Étonnamment, il se surpris
lui-même à prendre quelques secondes pour contempler la pièce de technologie extra-terrestre. C'était effectivement
une belle pièce d'équipement.
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KEFFER : Il fallait que je vienne voir si tout allait bien.
Sothar acquiesça.
SOTHAR : Tu sais, Tellan est passé plus tôt, sans aucune raison... Je peux te rassurer, les instruments indiquent
que tout est de retour à la normale.
Nous sommes encore en train de déterminer ce qui a causé cette puissante décharge d'hier matin. Il faut dire que ça
a tombé à pic...
Cynthia avança encore de quelque pas, mais ne réagit aucunement aux paroles de Sothar. À un tel point qu'il en vint
à se demander si elle l'avait entendu.
SOTHAR : Dis donc, Cynthia, tu ne devrais pas être sur l'Indépendance ? Je veux dire que... il est parti à cette
heure, non ?
Toujours aucune réaction de la jeune femme. Appuyé contre la clôture de sécurité, cette dernière tendit la main vers
le réacteur, qui n'était plus qu'à quelques centimètres de ses doigts. Ce que racontait l'ingénieur à ses côtés ne
l'intéressait nullement. À cet instant, seul le warpcore comptait. De façon presque imperceptible, le son qui émanait
de se dernier s'était modifié, démontrant un léger changement au sein de ce dernier.
Il avait reconnu sa présence, et, d'une certaine façon la saluait.
Quelques écrans se mirent à sonner des alarmes, notant la variation négligeable qui s'était opérée dans le noyau.
Depuis la réaction du matin, les ingénieurs avaient demandé aux ordinateurs des les aviser du moindre changement
qui s'opérait dans le réacteur, et ces derniers les avertissaient. Il n'avait pas de quoi s'alarmer, mais il s'agissait d'une
situation inusitée. Déjà, le personnel commençait à réagir comme s'il s'agissait d'une chose très grave.
Sothar, bien au courant du lien qui unissait l'infirmière au noyau de la station, fut incapable de la quitter des yeux. Il
ne faisait nul doute, à ses yeux, que Cynthia était responsable de cette modification au comportement du noyau.
SOTHAR : Cynthia ? Qu'est-ce que tu fais ?
Cynthia prit appui sur la clôture de sécurité, et se pencha davantage vers l'avant. Lorsque ses doigts touchèrent le
réacteur, une lumière blanche s'en dégagea, comme si les doigts de l'infirmière étaient passés au travers de la paroi
du réacteur, créant une « brèche » dans le noyau. Un bruit assourdissant accompagna cette lumière, et on aurait dit
qu'un cyclone parcourut la salle d'ingénierie de la station. Aussi brusquement que cela avait débuté, cela se termina.
Tout cela n'avait même pas durée une seconde.
Cynthia descendit de la rambarde de sécurité, et regarda Sothar.
KEFFER : Tout va bien.
Cela n'avait pas été une question, mais bien un constat. Sothar continua de la regarder avec un regard plein
d'interrogation, mais l'infirmière se détourna et s'en alla... tout simplement. Comme si rien ne s'était passé.
Il entendit des bruits de pas à ses côtés, on était venu le rejoindre à la course. Il jeta un coup d'oeil à ses côtés, et ne
fut guère surpris d'y voir Jeyson Heckert, l'ingénieur en chef.
HECKERT : Qu'est-ce qui s'est passé ?
SOTHAR : Je ne suis pas sûr...
-*****U.S.S. Indépendance, corridor du navire, niveau 10.
Avec tout le remue-ménage qu'il y avait dans le département médical au cours du dernier mois, il n'était que normal
que les représentants du département médical se pointent à la dernière minute pour la réunion.
Alexandre Lapointe, neuro-physiologue tout frais sorti de l'académie, n'avait nullement l'envie de devenir un jour un
chef de département. En fait, outre la neuro-physiologie extra-terrestre, bien peu de choses l'intéressait. C'est
pourquoi, lors du départ de T'Pak, il avait prétexté son inexpérience pour ne pas devenir chef du département. En
fait, à ce moment là, le départ du médecin en chef avait occasionné des remous au sein du département : il semblait
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que personne ne voulait du poste, chacun étant bien dans leurs positions respectives. Au final, c'était Ivafaire qui
avait été désigné volontaire par le groupe de médecin du navire afin de devenir le chef de département de façon
intérimaire. Il avait accepté conditionnellement au fait que ce soit une affectation de courte durée.
Néanmoins, cela faisait maintenant près d'un mois qu'il était en poste, et il savait que Ivafaire commençait à trouver le
temps long, et la tâche ardue. Il avait même entendu dire que ce dernier faisait exprès de bâcler son travail de chef
de département pour faire pression sur la direction, et les faire réagir en leur envoyant un nouveau chef de
département au plus vite [HP : Pour répondre à Mathieu et sa réaction face à l'affectation de Cynthia en Stagiaire du
département médical : « Ce département était mal géré, et il devrait aller glisser deux mots au responsable »].
Toujours est-il qu'avec l'enlèvement d'Ivafaire, il n'y avait plus de responsable de département à bord.
Malheureusement pour lui, le groupe l'avait alors désigné comme volontaire pour remplacé Ivafaire, et c'était avec
beaucoup de réticence qu'il avait accepté.
N'ayant que très peu de lien avec les infirmières du navire, il n'était pas vraiment au courant du changement récent
d'affectation qu'avait approuvé Ivafaire au niveau de l'infirmière en chef. Il s'était d'abord rendu chez le couple RoyKeffer afin de trouver l'infirmière Keffer. Après tout, l'ordinateur indiquait que c'était là que ce trouvait cette dernière,
mais il n'obtint toutefois pas de réponse. Il l'appela à plusieurs reprises sur son communicateur, mais n'obtint pas
plus de réponse. En désespoir de cause, il fit alors un appel général, et obtenu une réponse d'un certain Davis qui lui
disait que l'infirmière Keffer n'était pas à bord.
Cela le contraria. En effet, bien qu'il ignorait pourquoi, les réunions interdépartementales avaient toujours un
représentent des médecins, et un représentant des infirmières. C'était un peu de la redondance selon lui...et, bien
sûr, les infirmières ne devraient pas être représentées.
Néanmoins, c'était la tradition, et il n'avait pas l'intention de mettre des efforts sur quelque chose d'aussi ridicule que
de combattre la tradition.
Fin prêt pour la réunion, en uniforme, il s'immobilisa devant un terminal libre, dans un corridor, et demanda d'avoir la
liste de tous les infirmières et infirmiers du bord. C'est alors qu'il constata que, étrangement, Keffer n'était qu'une
infirmière stagiaire. Il chercha alors la nouvelle représentante des infirmières-infirmiers, mais ne trouva personne. De
plus, Marie-Catherine était malade, et l'infirmière Desroches n'était pas considérée apte en raison des événements
dans la dernière aventure du navire. Le poste d'infirmière en chef n'avait pas encore été comblé.
C'était l'hécatombe chez eux aussi.
Il fut sauvé lorsque, par pur hasard, il reconnu quelqu'un qu'il voyait souvent à l'infirmerie (bien qu'il ignorait son nom)
et qui s'en venait vers lui à même un groupe d'officier qui devait s'en aller faire du sport au gymnase si l'on se fiait à la
façon dont ils étaient vêtu.
LAPOINTE : Excusez-moi... infirmière ?
La demoiselle en question s'attarda, et le groupe également.
LAURANA : Heu... Oui docteur Lapointe ?
LAPOINTE : Excusez-moi de vous déranger dans vos loisirs, mais il y a réunion interdépartementale, et j'aurais
besoin qu'une infirmière m'accompagne à cette réunion. Est-ce que vous voulez bien m'accompagner ?
LAURANA : Ah oui ?
Laurana ne pouvait cacher sa surprise. Elle n'avait jamais été conviée à une telle réunion auparavant.
LAPOINTE : Je vais prendre ça pour un oui, alors. Venez.
LAURANA : Mais... laissez-moi au moins le temps de me changer !
LAPOINTE : Pas le temps, la réunion débute dans 2 minutes. Ils ne se soucieront guère de votre tenu sportive,
venez !
L'infirmière s'excusa auprès de ses amis et amies, et leur promit de venir les retrouver dès que possible.
-*****U.S.S. Indépendance, salle de réunion.
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Le duo se présenta tout juste à temps pour le début de la réunion. La tension était déjà telle que personne, ou
presque, ne remarqua leur arrivée.
La réunion se déroula à un rythme effarent. Ils eurent de la misère à suivre. Un padd passa d'abord des mains de
l'andorien vers le capitaine, puis vers Roy. Il avait tendance à rendre les gens mal à l'aise. Ce fut ce dernier qui le lu
à haute voix. La réaction fut instantanée chez plusieurs d'entre eux. Lapointe échangea un regard avec Laurana, qui
se contenta de hausser les épaules. Visiblement, elle ignorait autant que lui qui était ce De Ville.
Une pause fut accordée afin que la situation dramatique puisse bien imprégné les gens dans la pièce. Le médecin et
l'infirmière ne comprenait pas réellement la profondeur de ce qui se tramait, mais en comprenait la gravité.
Finalement, après cette petite pause, ce fut l'andorien qui reprit la parole. Il pensait avoir un moyen de les retrouver.
VÉLA : J'ai étudié la fiche de ce Von Ewig. Je pense qu'on peut peut-être retracer les fréquences de ses PCD. les
machins qu'il a de chaque côté de la tête.
Cette déclaration attira l'attention de tous... et même de Lapointe. Il allait glisser un mot lorsque la seconde du
capitaine le coupa. Aussi, poli comme il était, il allait attendre qu'il finisse.
T'Kar : Jason, combien de temps pour recalibrer les senseurs ?
Harker : Ca devrait pouvoir être fait en moins de 20 minutes
Matolck : Vous en aurez dix Commandeur. Nos officiers sont en danger et je me refuse à rester les bras croisés en
attendant. Je veux que dans dix minutes l'Indépendance soit en route vers le vaisseau ennemi à vitesse maximale.
Lapointe tenta discrètement de se racler la gorge pour attirer l'attention... sans succès. La machine bien huilée
qu'était le haut commandement du navire était habituée à fonctionner sans avoir son opinion, ou celle de sa
compagne sportive, et ne semblait guère intéressé à l'avoir.
Vela : Une fois qu'on les aura retracés et rattrapés, il nous restera un problème de taille : ils ont la capacité de
s'occulter avec leurs combinaisons, ce qui ne simplifiera pas la récupération de nos officiers.
Lapointe échangea un regard à Laurana qui se contenta de lui sourire...
Grey : Il y a peut-être une solution. D'après la description que vous avez faite de leurs armes, elles utilisent des
projectiles. Ces projectiles sont fort probablement projetés par une explosion contrôlée d'un explosif. Un détecteur
d'explosif pourrait vous donner quelques indications utiles.
LAPOINTE : Sur...
Matolck : et si ça ne marche pas organisez un feu roulant de phaseurs pour nettoyer le vaisseau coursives par
coursives, employez des gaz, des grenades, la télépathie, ce que vous voulez je m'en fous mais récupérez moi mes
officiers !
T'Kar : Vous avez vos ordres Messieurs.
Les gens commençaient à se lever pour quitter leurs places. Lapointe échangea encore une fois un regard avec
Laurana qui lui fit un clin d'oeil.
Elle avait constaté son incapacité à placer un simple mot.
LAURANA : Ça aura vraiment valu le déplacement. Merci pour l'expérience.
Il se leva à son tour, hésita sur ce qu'il devait faire... puis décida de sortir puisque le regard que lui jetait le capitaine
semblait lui indiquer de prendre la porte.
Il sorti donc, et attendit de l'autre côté de la porte. Le reste des officiers, y comprit Laurana, s'était déjà dispersé, et
était de retour à leurs occupations. Lapointe considéra cette option pendant 2 secondes, mais décida que ce qu'il
avait à dire était tout de même important, aussi, il attendit quelques moments, que le capitaine sorte de la salle de
réunion.
Il sortit à peine une minute plus tard. Il lui emboîta immédiatement le pas.
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LAPOINTE : Excusez-moi capitaine...
Matolck le regarda, et sembla presque le remarquer pour la première fois.
MATOLCK : Oui ?
LAPOINTE : Je suis Alexandre Lapointe, Neuro-physiologiste à bord depuis peu...
MATOLCK : D'accord... Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
Il était évident qu'il n'avait pas de temps à lui consacrer, et ils étaient déjà dans le turbolift.
LAPOINTE : C'est moi qui remplace Ivafaire pour la réunion, pour des raisons évidentes, et j'ai une réticence à
émettre au sujet de votre plan actuel...
MATOLCK : Vous ne voulez pas que l'on sauve nos officiers ?
LAPOINTE : Si ! Bien sûr que si !
MATOLCK : Nous devons agir rapidement alors !
LAPOINTE : Je suis d'accord... mais je doute que votre plan actuel ne fonctionne.
MATOLCK : Pourquoi ?
LAPOINTE : J'ai consulté les dossiers médicaux du dénommé Von Ewig par curiosité, et j'ai téléchargé les dernières
données de Lys5. Ce que j'y ai découvert est que, lors de l'incident, les PCD de l'officier Von Ewig ne fonctionnaient
pas correctement.
MATOLCK : Et alors ? C'est peut-être ce qui explique l'incident.
LAPOINTE : Non, ce n'est pas ce que je veux dire... En fait, ils n'étaient plus fonctionnelle depuis belle lurette ! Si il
était capable de s'en passé, il n'en a peut-être plus sur lui. Et si c'est le cas, et que vous cherchez à trouver ça, et
bien... vous ne trouverez rien.
MATOLCK : Pourquoi ne pas l'avoir dit dans la réunion.
LAPOINTE : J'ai bien essayé !
MATOLCK : Alors, il porte ces PCDs, ou pas ?
LAPOINTE : J'en sais rien moi ! Autre chose, pour vos bonhommes invisibles, les traces d'explosifs, c'est quelques
chose, mais je pense que les déchets métaboliques, du genre du CO2, risquent de dévoiler beaucoup plus facilement
la présence d'une personne. Bien sûr, la thermographie serait également une façon rapide de voir si quelqu'un est
quelque part sans le voir... c'est la base de la vision nocturne.
Le capitaine quitta l'ascenseur en direction de son bureau.
MATOLCK : Je vais prendre ça en considération monsieur Lapointe...
Les portes se refermèrent sur le médecin, qui, médusé, souhaita le retour rapide de Ivafaire.
44-Lenassy
Le ciel est bleu ce jour-là, la pluie de la veille avait laissé un goût de fraîcheur aux senteurs sauvages qui lui
parvenaient.
Il prend une profonde inspiration, ne la rendant que quelques instants après, avant que ses poumons ne crient sous
ses côtes déployées.
Il est allongé dans une herbe grasse et bien humide encore, n'osant se lever pour n'en rien ressentir des
désagréments. Il fronce légèrement les sourcils, la pensée embarrassante de sa mère découvrant les dégâts sur son
short blanc et sa chemise spéciale qui porte un dragon au corps longiligne d'un beau rouge dans le dos, vient se
substituer à son plaisir évident.
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L'enfant qui doit avoir pas moins de 4 années secoue sa petite tête blonde, puis tourne le visage dans l'herbe
écoutant la terre, les yeux en alerte. C'était un petit animal à fourrure qui l'avait amené dans le jardin. Papa l'avait
amené et lui avait dit : "tu es grand maintenant, tu dois bien t'en occuper." Dès que la porte vitrée avait été poussée, il
s'était faufilé à l'extérieur, trop rapide pour l'enfant. De bond en bond l'animal avait dépassé la zone fatidique, celle où
il ne devait pas aller seul, mais il l'a oublié un temps, le temps de retrouver son petit ami qui s'est rapidement perdu
dans le jardin.
Il est à peine 10h, mais sa mère, déjà, doit s'inquiéter. Il se redresse lentement et de quelques gestes malhabiles il
frotte une tâche bien verte qui s'étale dans un jaune sale sur le blanc immaculé qui ne l'avait été que durant la petite
heure passée.
Il entend la baie vitrée s'ouvrir.
"ELLIOT ATHANAGOR SPRIGGAN, SI TU N'ES PAS LA DANS LA MINUTE QUI SUIT ... !"
La voix de sa mère lui parvient comme si elle était venue s'infiltrer directement dans son oreille. Sa petite bouille se
plisse légèrement. Maman aimait beaucoup les points de suspension. C'était d'ailleurs ce qui était le plus effrayant.
Il aimait l'emphase qu'elle mettait lorsqu'elle pensait devoir faire preuve d'autorité. Ses silences et ses phrases qui
finissait sur un devenir de sentence étaient ce qu'il aimait le plus, lorsqu'il était auprès d'elle. Il se faufilait alors jusqu'à
ses jambes qu'elle avait douces, s'y accrochait et quémandait qu'elle le porte dans ses bras. Il pouvait se perdre un
long moment dans sa chevelure bouclée aux senteurs de fleurs.
Mais il n'a pas de crainte, jamais, Maman l'aime et il aime Maman. Il part dans une course d'une lenteur à faire pâlir
d'envie la tortue la plus rapide et évite consciencieusement le chemin de graviers. Il n'aime pas avoir de petits cailloux
dans ses sandales parce qu'il doit alors maladroitement les défaire pour les ôter et c'est difficile ou alors il doit appeler
Maman qui accourait jusqu'à lui, l'air inquiet, pour le libérer de ce désagréable fardeau.
Il traverse le parterre de gazon japonais, il aime beaucoup cet endroit, parfois, quand il tombe, il peut se faire mal, là,
tomber dans ses petites fleurs n'étaient pas graves. Le terrain plat du parterre était ce qu'il recherchait. Il pourrait
arriver plus vite et cela lui permettrait de montrer à Maman comment il était obéissant et il devine déjà son beau
visage s'éclairait d'un sourire rien que pour lui. Il lève les bras comme pour déjà l'atteindre et avance de quelques pas
de plus, il arrive face à la porte de la terrasse ouverte.
Maman est au bord de la volée de marches, les mains sur les hanches, puis, elle sourit enfin quand elle le voit.
Il baisse la tête pour éviter de buter de son pied sur un caillou qui s'est égaré là, puis le passe en pliant exagérément
son genou. Il relève ensuite la tête, cherchant les yeux de sa mère. Il interrompt son avancée, et perd brusquement
son sourire. Quelque chose d'effrayant arrive. Maman a perdu une partie de ses jambes, son tablier blanc fond sous
ses yeux, emportant Maman.
Il ouvre des yeux effrayés, restant la bouche ouverte et ne comprend pas pourquoi Maman disparaît peu à peu
comme si quelque sadique dessinateur l'ôter à jamais.
Il n'entend pas le cri qu'il pousse.
55-Vela
Il a confié ses souvenirs à quelqu'un d'autre, croit-il se rappeler. On les lui a enlevés. Il n'en a plus besoin. Dormir,
s'évader, oublier.
=/\= Un peu plus tard (relativement, tout du moins) =/\=
C’était un peu comme une bouée de sauvetage. Ou plutôt comme une piste balisée. Pour lui. Rien que pour lui.
Et dans l’ailleurs où il se trouvait à présent, il était réconfortant de savoir que quelqu’un pensait à lui. Qui que ce soit.
Il s’était d’abord senti perdu. Et seul. Deux sensations extrêmement inconfortables. D’autant qu’il n’y avait rien à quoi
il pouvait se raccrocher. Il avait failli en pleurer. Non, il en avait pleuré. Pourquoi cette bouffée de fierté mal placée ?
*Allez, avoue-le : t’es un mec. Un vrai.* Sans doute. Sans doute l’était-il. Quand bien même, le « vrai mec » s’était
senti si démuni qu’il n’avait eu d’autres réactions que celle de pleurer comme pleure l’enfant qui a perdu ses parents
dans la foule. Ses parents… maman ? papa ? Pourquoi ne répondaient-ils pas ?
Parce qu’ils n’étaient pas là. Qu’il était seul. Et qu’il ne se souvenait plus d’eux.
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Après les sensations diffuses, étaient venues les images. Plus concrètes, peut-être, mais plus cruelles aussi. Un
ballet de figures aussi imprécises que délétères, et le moindre mouvement pour les appréhender les faisait
disparaître. L’espace dans lequel il se mouvait était un mælstrom sans nom ni limite, un océan de néant ponctué
d’éclairs de réel. Il ne pouvait se raccrocher nulle part et les bras qu’il tendait ne saisissaient que des silhouettes
floues qui se dissipaient bien vite, plus vite encore que les noms qu’il parvenait, mais de plus en plus difficilement, à
leur attribuer – comme des étiquettes pour lesquelles il n’aurait plus de colle.
Cela dit, il avançait. Du moins, il se mouvait. Difficile d’en dire plus. Il ressentait les effets d’une progression, même si
cela ressemblait davantage à une régression. Autour, au dessus et au-dessous de lui, ça bougeait. Du coup, d’autres
fois, il avait l’impression de demeurer immobile alors que, tel un brobdingnagesque tapis roulant, les souvenirs de ce
qu’il avait été défilaient de chaque côté de son champ de vision. Souvenirs ? Des fragments de lui, comme si un vent
de nulle part emportait au loin, à chaque rafale, un petit peu de son essence. Chaque seconde augmentait sa
déliquescence : l’être qu’il était se fluidifiait, se réduisait, tendant vers l’état moléculaire, vers un infini d’ombre et
d’oubli. Il se fondait dans le non-être sans pouvoir lutter. C’était effrayant et reposant à la fois.
Alors quelque chose se passa dans cet abîme, quelque chose d’indicible provoqua un soubresaut quantique, des
bribes de réalité se frayèrent un passage et apparurent, brillant de mille feux au sein de l’immensité noire. Des mots,
des noms…
UNE VOIX D’HOMME : I'm sorry for asking. I forgot we said no questions.
UNE VOIX DE FEMME : Well, only one answer can take care of all our questions.
Le tout suivi d’un baiser en noir et blanc…
Un paysage qui tournoie, tournoie, sous la neige… le paysage, indistinct dans ce blizzard, finit par choir et par se
briser en mille morceaux. Et une voix lasse et désabusée émet un mot : Rosebud.
Une vie sans but s’achevait…
AUTRE VOIX DE FEMME : Don't hold me like that!
AUTRE VOIX D’HOMME : Scarlett! Look at me! I've love you more than I've ever loved any woman and I've waited for
you longer than I've ever waited for any woman.
AUTRE VOIX DE FEMME : Let me alone!
AUTRE VOIX D’HOMME : Here's a soldier of the South who loves you, Scarlett. Wants to feel your arms around him,
wants to carry the memory of your kisses into battle with him. Never mind about loving me, you're a woman sending a
soldier to his death with a beautiful memory. Scarlett! Kiss me! Kiss me... once...
Encore un baiser, fougueux, passionné. Enflammé.
Un baiser de cinéma…
[HP : Spriggan a grandi en regardant des centaines d’heures de cinéma « classique », les amateurs auront ainsi sans
doute reconnu des passages de Casablanca, Citizen Kane et Gone with the wind.]
Il y avait aussi des odeurs, des sensations indistinctes… quelque chose comme de la soie avait effleuré sa joue, un
souffle avait murmuré son nom *Spriiiii…..ggaaaaaan*, une bouffée de peur et d’appréhension l’avait secoué, il avait
perçu des détonations, sourdes, puis l’appréhension de quelqu’un d’autre, pour lui, pour lui seul. Inquiétude.
Remords. Tendresse.
C’est alors qu’il y eut ce rêve.
[HP : insérer ici le SL « Rêve » de Line/Lenassy]
Mais ces perceptions s’évanouissaient, le fuyant soudain. Il s’y refusa. Il chercha à s’en saisir, à les happer, les
incorporer dans ce qui restait de lui afin de s’en nourrir, de renaître un peu, juste le temps de prendre son élan, de
s’accrocher… et de lutter.
Ce fut éphémère. Presque inutile. Mais cela l’aida. Il ne savait comment, mais cela l’aida. Au milieu de cette vacuité
d’incertitude, il se savait exister pour quelqu’un : une mère folle d’inquiétude, une amie pleine de sollicitude. C’était si
réconfortant. Et cela conférait un sens à ce qu’était sa vie. Une direction à suivre. Etrangement, il capta comme un
écho, l’écho d’un souvenir : un réveil similaire, après une longue période d’absence. Il avait déjà flotté sur les eaux
saumâtres de l’oubli, et il en était revenu. C’était possible.
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Il s’était alors senti ragaillardi, reconstruit. Mais toujours seul et perdu au milieu de rien. Il lui fallait à présent retrouver
son chemin, mais où ? Aucun de ses sens en fonction ne lui transmettait le moindre signe palpable. Ne s’était-il
éveillé que pour prendre conscience de l’anéantissement ?
Il se retourna, encore et encore. Rien ici. Rien d’autre que lui. Les brèches s’étaient closes, il était prisonnier d’un
univers celé et vain. Conscient d’une seule chose : qu’il importait aux yeux d’une autre, qu’il comptait pour elle. C’était
forcément elle.
L’angoisse le saisit alors. Se perdre était une chose, mais perdre son lien avec le monde était pire encore. Il avait
besoin d’une seconde intervention, de la manifestation d’une mansuétude divine. Il voulut prier, mais il ne se souvint
d’aucune formule, d’aucune parole pieuse. Ni même d’aucun dieu.
Il était à nouveau seul et allait finir ici. C’était trop bête. Il avait le sentiment d’être passé tout près d’un grand exploit,
d’avoir manqué de peu de se sortir d’un piège effroyable. Il avait besoin d’aide, besoin d’une aide, quelle qu’elle soit.
Maman ? Pourquoi n’était-elle plus là pour le gronder, le sermonner, le rassurer ? Et cet homme bleu, pourquoi ne
veillait-il pas sur lui ? Et cette amie indéterminée, pourquoi ne lui tendait-elle pas une main secourable ?
*Où êtes-vous, tous ?*
Il s’était senti vaincu. Défait. Abandonné.
Ce fut alors qu’il aperçut sa bouée. Un signal, ô si ténu, si subtil ! Mais un signal tout de même. Qui lui montrait le
chemin. Ce n’était pas sa maman, ni son grand-père, ni cet homme bleu. Ce n’était pas la femme qui s’était inquiétée
si fort pour lui. Ni ces personnages de fiction qui avaient bercé sa vie.
C’était quelqu’un d’autre qui lui redonna confiance, qui lui faisait signe. Il n’avait alors, pour s’en sortir, plus qu’à
arpenter le chemin qu’elle avait balisé pour lui. Et pour lui seul. Suivre la piste. Et remonter le fil d’Aldane.
56-Vela
KABAL : C’qui se passe ?
VELA : Je crois qu’il y a de la monnaie à rendre.
KABAL : Oh yeah !
Si Fenras partageait l’excitation grandissante de son second, l’enthousiasme lui manquait. Au moment de la grande
conférence, son cerveau s’était comme dédoublé. Oh, bien sûr, il était présent dans la pièce, avait écouté les ordres,
les réflexions et les conseils et avait même donné quelques indications précieuses, mais une partie de son intellect
tournait à plein rendement, s’étant métamorphosé en régie et revisionnant sans cesse le calvaire vécu sur le
vaisseau-prison.
Car il s’agissait bien d’un calvaire, et T’Kar y avait connu un véritable chemin de croix. Rien que cela le faisait
atrocement souffrir et il s’en voulait, au moins autant qu’il s’en voulait d’avoir pris sous son aile deux jeunes écervelés
débordant d’énergie. Mais, et c’était pire que tout, il s’était senti impuissant.
Non pas que cela fut la première fois. Ce genre de situations, il les avait en horreur. Il s’en voulait pour l’ordre qu’il
avait intimé à Spriggan, celui de ne surtout rien tenter. Au final, il regrettait amèrement son poste.
Les responsabilités, il n’était pas fait pour cela. Il était homme d’action avant tout. S’il n’avait pas eu le titre de Chef de
la Sécurité, les choses auraient sans doute été différentes. Il se serait jeté sur le premier bandit désocculté, aurait fait
jouer des années d’entraînement et ses excellents réflexes, aurait cherché l’ouverture. Le gros porc graisseux et deux
ou trois autres de ses acolytes n’auraient eu aucune chance. Ensuite, Spriggan et Morak auraient pu finir le boulot, et
T’Kar aussi d’ailleurs, une fois assurée du bien-être de Lenassy et d’Ivafaire.
C’est vrai que tout était allé très vite, mais, bordel, il avait eu le temps d’intervenir ! Qu’est-ce qui l’avait paralysé
ainsi ?
Facile : la charge de la sécurité des autres.
Sur le fond, il n’avait rien à se reprocher. Il savait bien que pas un de ses supérieurs, s’il avait été présent, ne l’aurait
autorisé à faire usage de la force. Son inaction n’était pas une faute.
Mais pour lui, il s’agissait d’un manquement grave à son statut, et cela équivalait à un crime.
119/446
Alors qu’il se rendait au brig afin de coordonner les actions à mener, reconfigurer les équipes en tenant compte des
officiers manquants, il s’imaginait déjà remettant sa démission à Matolck, la mort dans l’âme. Et il savait que son
capitaine ne l’accepterait pas. Pire : il trouverait cette réaction déplacée, arguant qu’il lui fallait la totalité de ses forces
vives opérationnelles, et pas un gaillard qui s’esquivait le moindre reproche venu. Il le savait bien. La situation s’était
déjà présentée.
Il n’avait d’autre solution que la vengeance. Il prenait cette affaire comme un affront et l’homme à la crête de cheveux
devenait son objectif numéro 1. Qu’il ait ou non touché à un cheveu de ses hommes, il passerait un sale quart d’heure
s’il se trouvait dans la même pièce que l’Andorien. Le visage de celui qui avait pris les décisions, le supposé chef des
bandits, s’inscrivit définitivement dans la mémoire de Fenras : il sentait en lui un combattant, un guerrier, peut-être
pas très honorable, mais quelqu’un qu’il valait la peine d’affronter. Les autres, malgré leur air chafouin ou vicieux, ne
semblaient que des acolytes. Les paroles qu’ils avaient échangées trahissaient d’ailleurs cette impression.
Pour l’heure, Fenras aurait tout donné pour se retrouver à la place de Spriggan, il aurait subi les tortures avec
patience et un désir ardent d’attendre l’ouverture qui, fatalement, se serait présentée. Du moins tant qu’ils ne seraient
pas chez ce DeVille, cet homme qui faisait trembler les plus hautes instances du vaisseau. Etonnant d’ailleurs ce
choix de prisonniers. Beaucoup de choses clochaient en outre.
Il s’arrêta, juste avant de prendre le turbolift. Ses sourcils froncés traduisaient une intense concentration. *Ca ne colle
pas.*
KABAL : Chef ?
VELA : Mmm ?
KABAL : Un problème ?
Il avait dû penser tout haut. Mais Kabal avait cette manie de pouvoir lire en lui si facilement. Kabal… il connaissait
Von Ewig. Il faudrait peut-être lui soutirer quelques informations qui pourraient s’avérer vitales.
VELA : Je pensais à ce qui s’était passé en bas. Je me demande si on ne s’est pas précipité.
Il repensa aux deux gifles assénées par une T’Kar complètement anéantie. Il pensait mériter la première. Pas la
seconde.
Il fit demi-tour. Kabal sourit, haussa les épaules et le suivit sans mot dire.
=/\= Ready-room du capitaine =/\=
T’Kar était là. Il s’en doutait un peu. Fort heureusement, il n’y avait pas Davis : revoir son visage peiné par les
circonstances l’auraient miné.
MATOLCK : Parlez, Fenras.
VELA : Capitaine, maintenant que nos équipes sont sur la phase un de l’enquête, il serait temps de revenir sur
certains éléments.
T’KAR : Vous voulez parler de votre incompétence sur le coup, M. Vela ?
Elle avait lancé cela d’un ton terriblement glacial. Echange de regards meurtriers : l’Andorien aimait, quoiqu’il en
pensât par ailleurs, beaucoup cette jeune femme mais il ne pouvait supporter ce genre de remises en cause.
VELA : Je suis là pour faire avancer les choses mais si vous voulez qu’on…
T’KAR : Ah ben oui, autant les faire avancer maintenant ! Bonne idée, vraiment ! (Elle fit mine d’applaudir.)
VELA : Mais enfin, vous ne pouvez pas me reprocher ma conduite !
T’KAR, explosant : Mais vous n’aviez pas le droit d’emmener ma petite fille avec vous !
MATOLCK : Allons, allons, ce n’est ni le lieu, ni le moment !
T’KAR : Ah ouais ? Et quand alors ?
MATOLCK : Quand quoi ?
T’KAR : Quand est-ce que je pourrai vous démontrer l’incompétence de votre Chef de la Sécurité ?
MATOLCK : Vous y allez un peu fort !
VELA : Je crois qu’elle est en droit d’être indignée. Quant à mon incompétence, si nous attendions d’en finir avec
cette affaire ? Vous aurez alors droit à ma mise à mort.
Matolck était soufflé. Ce que le jeune Vela avait mûri depuis ses dernières remontrances !
120/446
MATOLCK : Exact. J’ai besoin de vous deux à mes côtés, et j’ai besoin que vous vous entendiez, autant que faire se
pourra.
T’KAR : Très bien. Il faut tout faire pour la… les retrouver.
VELA : Vivants.
T’KAR : Et intacts.
Elle accompagna sa dernière réplique d’un regard appuyé qui en disait long.
MATOLCK : Bon. Alors ?
VELA : Alors… (il mit une bonne seconde avant de détacher ses yeux de ceux de la Vulcaine qui cherchait
visiblement à le déstabiliser) je crois qu’il y a des éléments assez bizarres qui vaudraient la peine qu’on s’y penche.
MATOLCK : Je vous écoute.
VELA : D’abord, les paroles échangées. Elles dénotent bien peu de précautions pour une équipe aussi bien dotée en
équipements de pointe. Ils se comportaient comme des pirates, à peine organisés, avec des rapports de type
clanique.
MATOLCK : Admettons. Ca ne nous avance guère et ça correspond aux méthodes de DeVille.
VELA : Je sais. Mais enfin, ils se sont présentés à visage découvert. Ne serait-il pas possible de pouvoir en identifier
au moins un ? D’autant qu’ils ne semblent pas en être à leurs premiers méfaits et qu’ils ont des gueules
reconnaissables.
T’KAR : Tsss… Ce serait trop facile.
VELA : Justement ! Et quand bien même, il ne faut négliger aucune piste, pas vrai ? En coordonnant nos efforts avec
StarFleet Intelligence, on pourrait peut-être déterminer le secteur dans lequel ils ont tendance à opérer, où ils auraient
été contactés, par qui, etc…
MATOLCK : Pertinent. Je sais que certains enquêteurs sont sur la piste de DeVille depuis des années, ils auront
peut-être des recoupements à nous fournir.
VELA : M. Roy devrait être informé. Il était là lors des événements dans lesquels DeVille a été officiellement (ou non)
impliqué.
MATOLCK : C’est vrai. Il a la passerelle actuellement.
VELA : Et puis cette notion de bioweapon.
T’KAR, d’un ton légèrement radouci : J’y ai pensé. Il est clair qu’il désigne Von Ewig.
VELA : Disons que c’est une forte probabilité. Mais qu’est-ce que cela voulait dire qu’il était « sécurisé » ?
MATOLCK : Bah, qu’ils le détenaient et empêchaient quiconque de le reprendre ?
VELA : D’accord, d’accord, mais ils le détenaient déjà avant. Les 10 gars occultés étaient sur place depuis un bon
moment et nous attendaient.
MATOLCK : Vous croyez ?
T’KAR, maugréant : Nous… ou quelqu’un d’autre.
VELA : Ils s’en sont pris directement à Ivafaire. Pourquoi ?
T’KAR : C’est un docteur.
VELA : Précisément.
MATOLCK : Ce serait alors pour soigner Von Ewig ?
VELA : Je ne sais pas. Ca m’étonnerait. Si Von Ewig est considéré comme une arme – et vu ce qu’il a déjà été
capable de faire, ça m’en a tout l’air – il faut peut-être pouvoir le stabiliser.
T’KAR : Ou le contrôler.
MATOLCK : Il nous faut plus de données sur lui !
T’KAR : Essayons l’endroit où il était détenu. Ils l’ont observé pendant une paie, apparemment.
MATOLCK : Ah, quelle mission de merde !
VELA : Pour l’instant, on y est tous. Tâchons de surnager.
T’KAR : Bonne idée, tiens.
VELA : Est-ce que la navette carcérale est toujours sous surveillance ?
MATOLCK : Bien sûr.
VELA : Je repense aux dernières paroles. Comme si elle allait sauter, si elle était piégée. Ou si elle allait se faire
attaquer.
MATOLCK : Mais elle est encore là.
T’KAR : A-t-on fini de télécharger toutes les données possibles ?
MATOLCK : Harker est dessus : il aura fini d’une minute à l’autre.
VELA : Si ça se trouve, il y avait à bord quelques indices potentiels.
MATOLCK : Je vois ce que vous voulez dire. Mais je ne peux pas vous laisser y retourner. De toutes façons, si c’est
bien DeVille, il fera tout ce qu’il faut pour qu’il ne reste aucune trace nous menant à lui.
VELA : Il peut toujours faire des erreurs.
MATOLCK : J’aimerais bien.
T’KAR : Ou alors, il fera justement en sorte qu’on aille se jeter dans la gueule du loup.
Ils n’eurent pas le temps de mesurer l’impact d’une telle déclaration : l’Officier Tactique s’annonça.
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HARKER : J’ai l’intégralité des données demandées par le Commandeur T’Kar. Vous devriez venir voir.
57-Lenassy
Elle se laisse glisser au sol et y atterrit en silence. Elle reste un instant accroupie, une main devant elle. Elle ne bouge
plus et écoute. Elle sent sous ses doigts les vibrations. La salle des machines doit être un pont en dessous. Il était
toujours important de savoir ce genre de choses. Si l'Indépendance n'était pas à portée, il leur faudrait trouver un
moyen de se signaler.
Aucun son suspect ne lui parvient, elle se redresse plus sereine, mais attentive malgré tout. Tous ses sens sont aux
aguets. Quand elle a enfin acquis la certitude que tout va bien, elle chuchote.
"Viens maintenant, c'est ton tour."
Des pieds couverts de rose se glissent à l'extérieur du conduit. La jeune femme s'extirpe souplement malgré
l'étroitesse, se demandant comment elle a réussi sans se coincer dans le dernier embranchement. Elle n'avait qu'une
crainte. Que son poids passant dans la gaine n'alerte quelqu'un. Elle avait été d'une prudente lenteur jusqu'à ce que
Nera dise enfin.
MORAK : Nous allons sortir Aldane.
Pour l'heure elle se laisse tomber sur le sol, se redressant aussitôt.
Elles se trouvent dans un couloir donnant sur un carrefour.
Nera s'approche d'un panneau pivotant essayant de déchiffrer une plaque qui y est fixée. Tout ce vaisseau semble en
mauvais état, comme s'il ne s'agissait que d'un transport temporaire, uniquement dévolu à la tache qu'ils avaient à
effectuer. Tuer tout ce monde dans la navette carcérale. Elle secoue la tête, ça n'avait vraiment aucun sens.
Aldane s'est portée au bout du couloir, écoute un instant et penche la tête. Elle commençait à se dire que ça ne
devait pas être les coursives. Elle était obligée de se tenir en partie courbée ce qui était relativement inconfortable.
Elle revient sur ses pas, prenant attention de chuchoter.
LENASSY : Nera, tu sais où on va maintenant. Et puis, il faut s'occuper de pouvoir sortir Spriggan de là... On doit
pouvoir contacter l'Indépendance... Ils doivent nous chercher non ?
MORAK : c'est pour ça, je cherche un accès à l'ordinateur de bord. Zut on a plus rien pour dévisser.
Elle essaye de retirer le panneau d'accès sans succès.
LENASSY : ça ne doit pas être si compliqué, il est tout pourri ce vaisseau.
Elle se penche aussi appuyant sur les coins du panneau espérant un déclic salvateur.
MORAK : attends.
Aldane se redresse regardant par prudence derrière elles, on ne savait jamais, peut-être allaient-ils les trouver trop
vite. Et pourquoi avait-elle cette angoisse qui montait dès qu'elle pensait à ce moment justement ? Parce que ça en
serait fini d'elles. Ca n'était pas trop son sort qui l'angoissait, mais plutôt le souvenir de Spriggan qu'elle avait dû
laisser, seul, derrière elle. Cela lui brisait le coeur et il avait fallu qu'elle se laisse convaincre par Nera pour
l'abandonner là. Elle déglutit, puis voyant la grille du conduit qu'elles ont emprunté au sol, elle fait les quelques pas
qui la séparent de l'objet pour aller la remettre dans son habitacle.
Elle entend un léger déclic et tourne la tête vers Nera. La jeune fille tient entre ses mains le panneau, libérant
l'espace où elle souhaitait parvenir.
Enfin, une bonne nouvelle. Elle rejoint son amie pour observer elle aussi le ventre de la paroi. Il y avait là du câblage,
rien d'extraordinaire et plutôt vétuste, sauf quelques touches par-ci, par-là, de modifications. Les éléments neufs
rapportés probablement récemment étaient visibles.
LENASSY : mais qu'est-ce que tu espérais trouver ?
MORAK : je ne sais pas encore, il y a parfois les croquis des circuits ça aurait pu nous donner des idées, mais là, on
dirait presque du neuf sur du vieux même pas rénover, c'est bizarre. Et qu'est-ce que c'est que ça ?
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Elle regarde attentivement ce qui ressemble le plus à une puce de stockage. Si seulement elle pouvait avoir un padd
ou n'importe quoi...
MORAK : tu sais ce que c'est que ça ?
LENASSY : tu sais, l'informatique n'était pas ma matière préférée, mais bon, s'il y a ça ici, c'est que même l'endroit
est relié à l'ordinateur central. Donc, trouvons l'ordinateur. Je n'imagine pas... enfin, je n'espère pas de présence
constante dans la salle des machines... avec un peu de chance.
MORAK : oui, donc il faut trouver une trappe qui va nous descendre d'un étage, cherchons ça.
Les deux femmes après avoir réenclenché le panneau dans la paroi partent à la recherche d'un passage leur
permettant de garder un faible espoir. De plus, Aldane se persuadait qu'il fallait se dépêcher craignant pour le sort de
Spriggan et d'Ivafaire. Elle avait un instant évoqué le souvenir de cet homme allongé qu'elle n'avait pas vu, Von
quelque chose. La situation se détériorait au fil du temps qui s'écoulait. Le fait qu'ils soient encore ici laissait présager
le pire pour l'Indépendance. Puis son moral revenait quand elle observait autour d'elle. Il était très improbable qu'ils
aient pu faire la moindre chose à l'Indépendance. Le vaisseau devait les suivre en catamini, attendant la première
occasion pour agir. Mais ça n'allait pas être facile pour les repérer à bord sans les combadges... quoiqu'elle doutait
sérieusement qu'il puisse y avoir un autre zaldan à bord. Ses compatriotes n'aimaient pas beaucoup les voyages
autres que sur les catamarans qui filaient si bien.
Elle se dirige dans un couloir fermé par une porte avec un volant de commande, que tout ceci était archaïque, mais
bon ça n'empêchait pas qu'elles étaient tout de même dans les ennuis jusqu'au cou.
== Dans le laboratoire de Vance ==
Ivafaire était inquiet. En plus d'être inquiet pour Von Ewig qu'il trouvait bien pâlichon, il était inquiet pour ces jeunes
filles. Il avait espéré lorsqu'il avait vu paraître Spriggan, mais Vance avait détruit cet espoir dans l'oeuf, rendant
l'officier dans un état où il ne pourrait rien faire de plus.
Après le départ de Spriggan et malgré sa répugnance à l'endroit de Vance et ses expériences, il lui avait semblé
évident que s'il pouvait faire quelque chose pour les officiers c'était en récupérant un échantillon de ce produit qu'il
avait injecté à Von Ewig et à Spriggan.
Vance se rengorgeait de fierté et de plaisir dans son bureau de verre et les deux gardes avaient fini par s'adosser à la
paroi. Visiblement ils étaient tout à fait confiants.
Le bon docteur Ivafaire était partagé, il n'était pas un foudre de guerre et la dernière fois où il avait dû se battre, s'était
pour un tournoi d'échec chinois qui l'avait laissé lessiver plusieurs jours après. Il regarde, pour l'heure, avec envie la
table roulante sur laquelle traîne le matériel utilisé sur Von Ewig, Spriggan et combien d'autres qu'il n'a pas vu.
Vance ne pouvait pas avoir trouvé un produit ruinant définitivement le bel équilibre qu'un cerveau en bonne santé
avait le pouvoir de rétablir. Il n'avait fait que déséquilibré, il ne pouvait pas avoir fait ça. Il existait déjà des méthodes
utilisées par StarFleet pour effacer des pans de mémoire précis, mais rien qui ne faisait pareil dégâts. Comme si
Vance avait voulu systématiquement détruire sans espoir de retour.
Il approche de la table recherchant rapidement des yeux n'importe quoi qu'il reconnaisse. Il regarde rapidement du
côté des gardes qui n'ont visiblement rien à faire de lui pour le moment. Il a été catalogué comme quantité
négligeable et danger inexistant depuis le début où ils l'ont amené devant Vance et que ce monstre lui avait expliqué
ce qu'il avait fait à Von Ewig et qu'il avait tout intérêt à coopérer s'il ne voulait pas perdre "son" patient. A la limite
Vance n'était intéressé que par le pouvoir de son produit et bien plus que par le devenir de Von Ewig, cette partie là
intéresserait son commanditaire bien sûr, mais lui, il était plus enclin à surmonter la gageur de réussir avec un tel
cobay.
Le docteur de l'Indépendance prend quelque chose sur la table puis s'éloigne, revenant près de Von Ewig. Il ne
pouvait pas détruire ce produit dans son organisme. En purgeant l'organisme, serait-ce suffisant ? Probablement pas,
peut-être que Vance avait réussi ce qu'il voulait et avait réellement détruit la mémoire de son patient. Peut-être
pourrait-il sauver Spriggan ?
Il a un mouvement de colère devant son incapacité à agir, que pouvait-il faire au juste. Il avait peur qu'il ne lui reste
qu'une chose dans pas longtemps qu'il puisse faire, c'était que dès que cet espèce de malade s'approchait de lui, il
l'étrangle pour étouffer ses ricanements dans l'oeuf et éviter à tout prix qu'un tel personnage puisse continuer à sévir.
Un bref instant Ivafaire se voit dans l'action, ses poings se serrent puis le tout se relâche. Un gémissement, oublier
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les velléités d'agir sur un combat où il n'avait aucun pouvoir. Le seul qu'il ait était de soulager et de soigner, parfois de
guérir. Il se penche vers Von Ewig.
58-Von Ewig
Le Capitaine Matolck se réveilla au son du combadge.
- Mwoui, dit-il de cette voix qu'on essaie de rendre vive et allumée alors qu'elle cache une certaine absence d'esprit.
- *Capitaine, vous êtes attendu en salle de réunion.*
C'était T'Kar. Elle avait ce ton d'urgence, nourrit au désespoir.
- Oui, oui. J'arrive tout de suite... Un léger contretemps.
Et il coupa la communication.
Il se leva prestement de son fauteuil marron où il s'était évadé l'espace d'un instant... qui avait fini par être un
roupillon d'une bonne demi-heure. Il fit pivoter son siège d'une main tout en reboutonnant son col de l'autre. Sur son
bureau aux reflets d'ébène, le padd que l'Amirale Alyécha lui avait remis. Il semblait le regarder de son oeil unique,
malfaisant. Il n'avait pas aimé ce qu'il y avait lu, fronçant un peu plus les sourcils à chaque mot et finissant par
s'avouer que cette mission, qu'il avait d'abord qualifiée de merdique, s'avérait plus importante que prévu.
Mais en ce moment, elle prenait une tournure catastrophique.
Il prit le padd, le rangea dans le dernier tiroir de son bureau - où traînaient les vestiges d'un alcoolisme naissant qu'il
ne s'avouait toujours pas - et prit la direction de la salle de réunion.
***
- Qu'est-ce que vous voulez dire «Je ne peux pas vous transmettre ces informations»?
Elle s'était levée d'un bond, sa voix dérivant vers une hystérie que certains commençaient à trouver agaçante. Ses
yeux, qui dévoilaient ses passages émotifs fréquents entre la colère pure et la folle inquiétude, auraient foudroyé sur
le champ son interlocuteur s'il avait été dans la même pièce. Sa respiration devenait arythmique et sa coiffure, en
général soignée, commençait à perdre de sa superbe. Karl se faisait du mauvais sang pour elle et Vela commençait à
se demander s'il ne serait pas plus prudent de lui administrer un calmant, voire de la suspendre de ses fonctions.
- Que je ne peux pas vous les transmettre, tout simplement. C'est malheureux et je comprends la situation, mais je
suis tenu par le secret professionnel, répéta sur l'écran un Docteur Ced, avec tout ce qu'il avait de plus zen.
- SECRET PROFESSIONNEL MON CUL! Et elle asséna un violent coup de poing sur la table qui étonna plus ou
moins tout le monde, mais fit carrément sursauter l'enseigne Lapointe, probablement le seul qui n'ait jamais eu
connaissance des sautes d'humeur de la FO.
- Commandant, calmez-vous voyons, demanda posément Matolck.
- Me calmer? Clama-t-elle en détourna toute sa furie contre lui. N'êtes-vous donc pas conscient de ce qui se passe?
Ne comprenez-vous pas l'urgence de la situation, au point d'en roupiller dans votre bureau?
L'attaque était non voilée et le capitaine comptait bien y répondre. Après tout, on avait beau être sur l'Indépendance, il
y avait des limites à l'insubordination!
- Je suis parfaitement au fait des événements, Commandant T'Kar. Un patient en transfert a disparu, une navette
carcérale a été abordée et on y a massacré à la fois son équipage et ses détenus, sans compter que quatre membres
de notre équipe ont été kidnappés. Il apparaît que l'un de ses membres est votre fille. J'en suis navré et alarmé.
Cependant, si vous ne pouvez vous raisonner et séparer, dans l'immédiat, vos sentiments de votre propre
professionnalisme, je serai dans l'obligation de vous suspendre de vos fonctions avant que vous ne deveniez une
entrave au succès de cette mission.
Dans le silence qui s'installa lourdement, alors que le CO et sa FO s'affrontait en un électrisant duel de pouvoir, Vela
pensa: «Et toc!»
- Me suis-je bien fait comprendre? ajouta Matolck à la fois pour terminer ce baroud muet inutile et pour lui signifier
qu'il ne souffrirait qu'un «oui» comme réponse.
- Oui, capitaine.
Et elle reprit sa place assise, accompagnée par le bruit caractéristique des fauteuils en cuir gris. Le docteur Ced,
entouré d'une femme et d'un Vulcain aux allures d'armoire à glace, réitéra ses excuses et poursuivit sur un autre sujet
alors que T'Kar était laissée à sa propre impuissance. Elle ne pouvait concevoir la façon dont son supérieur venait de
la replacer, avec un tact mordant. Elle comprenait ce qu'il lui avait dit, mais Nera... Sa petite fille à elle. Avec ce
qu'elle avait vécu auparavant, elle avait voulu la rapprocher, l'avoir à l'oeil, l'éloigner des dangers. Et voilà qu'elle avait
fait tout le contraire. Cet environnement n'était pas ce qu'elle avait espéré au départ.
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Et les filles? On prend les filles, hein? Les copains seront ravis du cadeau.
Cette phrase, prononcée par un des vicieux malfrats sur le Cerbère, lui fit l'effet d'une douche froide. Elle devait
protéger sa fille. Non: elle devait protéger une femme, deux femmes! Des officiers de son équipage. Et pour cela, il
était impératif qu'elle prenne le dessus sur ses sentiments maternels. Elle reporta son attention sur la conversation
qui avait reprise entre la tablée et le personnel médical de Pandora.
- Il n'y a donc pas moyen de retracer les ondes de Von Ewig, répéta Fenras Vela, visiblement déçu.
- Effectivement, répondit le docteur. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, pour la même raison déjà donnée. Par
contre, je peux vous dire certaines choses.
- Comme? demanda Roy.
- D'abord, ses PCDs ne sont plus apposés par magnétisme sur sa tête. Nous les y avons vissés. (Naïma pinça les
lèvres de dégoût.) Ils sont aussi équipés de ce qu'on pourrait appeler un «modérateur».
Matolck se pencha plus en avant sur son siège, invitant le docteur à continuer. Mais ce fut le Vulcain qui poursuivit.
- Notre patient était, à son arrivée ici, reconnut pour ses déchaînements violents, expliqua V'Tek sur le ton détaché de
quelqu'un qui parle de la pluie et du beau temps. Nous avons énormément travaillé avec lui le contrôle de soi par
différentes techniques. Ces dernières ne sont malheureusement pas infaillibles et ils s'avéraient nécessaire de
trouver une alternative afin d'éviter un autre «accident».
- Ses implants sont donc muni d'un modérateur, enchaîna Ced. Si l'environnement télékinétique autour de Von Ewig
dépasse un certain seuil, elle le «désactive».
- Le désactive? demanda Vela, intéressé.
- Oui. Elle donne un choc électrique directement au... au cerveau de Von Ewig. Il perd alors connaissance et les
effets cessent. Évidemment, tout cela est hypothétique; nous n'avons pu tester l'efficacité du mécanisme. De plus, il
n'est pas au courant de cette alternative. S'il l'apprenait, nul doute qu'en en étant conscient, il pourrait déjouer ce
système.
Matolck et Roy eurent un regard entendu. Il était primordial que cette information ne quitte pas cette salle de réunion.
- Ce qui est intéressant, c'est que cette mécanique peut être activé à distance. Il faut évidemment connaître le code,
et je crois que cela, je ne suis pas tenu de ne pas le divulguer.
- Nous vous remercions, Docteur, répondit le Capitaine pour son équipe. Je comprends pourquoi... et par qui vous
êtes lié.
- Vous lui transmettrez mes salutations, dit le docteur sur un ton énigmatique.
- Capitaine, une dernière chose qui pourra vous être encore plus utile.
C'était la femme qui avait parlé d'une voix douce et fraîche qui les remplit d'espoir.
- Même si Von Ewig n'avait pas encore passé son évaluation, nous étions tous convaincu qu'il ne reviendrait pas à la
station. Nous en avions déjà parlé aux responsables et nous avions donc eu l'autorisation de lui implanter le
traditionnel traceur des patients en liberté conditionnelle. Vous trouverez son code dans la base de données de la
sécurtié publique de la cour interstellaire. Vous comprenez ce que je viens de dire?
Vela jubila et T'Kar se dressa avec une vigueur nouvelle.
- Je comprends très bien ce que vous venez de dire, mademoiselle.
- Mais je n'ai rien dit, répondit-elle avec un léger sourire.
***
Elle monta sur la plate-forme centrale, là où toutes les décisions du service étaient prises. C'était un endroit circulaire,
au tapis industriel noir et rude. Tout autour, trois consoles suivaient la circonférence de ce bureau à aire ouverte. En
son centre, sur un siège pivotant qui pouvait faire face à tout moment à n'importe lequel des trois escaliers ou des 6
écrans à fenêtres multiples, siégeait un homme d'expérience. L'homme sur qui tout reposait.
- Qu'y a-t-il?
- Nous avons des nouvelles d'un vieil ami, lui dit une femme entre deux âges.
Elle portait les cheveux courts d'un gris net, avait le nez pointu et les pommettes saillantes. Ici, on l'appelait la
«prédatrice». Elle était son bras droit. Et on la craignait.
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- Le sujet JVE-BW003.
- Je ne vois pas comment il pourrait nous donner des nouvelles. Si ma mémoire est exacte, nous ne sommes plus
dans le coup pour ce dossier. On nous a damé le pion.
- La partie n'est peut-être pas terminée.
- C'est-à-dire?
- Il vient de disparaître des zones surveillées. Bien qu'il soit encore sous couvert légal, des transmissions interceptées
disent qu'il a disparu.
Il haussa les sourcils, plus par joie que par surprise. L'occasion était trop belle.
- Ne perdez pas de temps. Envoyez notre meilleur trio.
- À vos ordres.
Elle avait déjà dévalé le tiers des marches quand il l'interpella.
- Préda? Finalement, ne sélectionnez qu'un duo, mais vous les accompagnerez.
- Avec plaisir!
59-Spriggan
La pièce était chichement meublée mais propre et confortable, contrastant en cela avec le reste du bâtiment. À
l'intérieur, une jeune femme à la flamboyante chevelure rousse se prélassait dans un fauteuil, les jambes allongées
sur une table basse. Son visage était délicat et terriblement déterminé à la fois. Sa peau aux reflets cuivrés seyait à
merveille avec ses cheveux.
Elle était jeune, mais tout en elle racontait une longue et dure expérience de la vie et on la devinait capable de
l'amour le plus passionnel comme des atrocités les plus innommables.
C'était une créature vile, absolument égoïste et particulièrement brillante. Elle possédait l'intelligence du mal.
Devant elle, le professeur Vance se dandinait sur une jambe puis sur l'autre à la façon d'un enfant qui aurait trop
négligé de mettre sa vessie en état de disponibilité.
Le nain n'était pas de la meilleure humeur qui soit. Cependant, il savait trop bien à qui il avait à faire et les dangers
qu'il eut encourus à oser une offensive de front.
— Je ne comprends pas, Miss. Votre patron m'a confié le mandat de reprogrammer le Bioweapon. Pourquoi
m'empêcher de tester d'abord sur le cobaye?
La femme cueillit une poignée de petits fruits dans un bol et, penchant la tête vers l'arrière, les laissa descendre dans
sa bouche ouverte.
— Vous avez testé le sérum sur le cobaye et ça a fonctionné. Maintenant, occupez-vous du Bioweapon et ne vous
souciez plus du reste.
Vance hésita à faire preuve de trop d'insistance mais osa tout de même un dernier argument:
— C'est que j'aurais voulu tester la reprogrammation sur le cobaye… Je ne tiens pas à endommager la marchandise
de monsieur DeVille.
— Foutaises! Rétorqua la jeune femme en recrachant quelques pépins au creux de sa main. Je testerai moi-même la
reprogrammation du cobaye. J'ai toujours rêvé de posséder un homme fait sur mesure, voilà l'occasion ou jamais!
La jeune femme s'esclaffa. Le rire est une chose étrange, souvent contagieuse. Dans ce cas-ci, cependant, il glaça
plutôt le sang dans les veines du vieux chercheur fou.
On sonna à la porte et la jeune femme ordonna qu'on entre. Deux colosses portèrent Elliot Spriggan à l'intérieur.
— Mettez-le là! Commanda la rouquine en pointant la couchette qui lui servait de lit le temps de son séjour sur ce
rafiot crasseux.
Lorsque ce fut fait, la femme congédia les gardes ainsi que le professeur et se remit à déguster ses baies.
=/\=
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Son réveil fut progressif. D'abord, des sonorités distantes, étouffées. Un ronronnement. Probablement le bruit
ambiant qu'on fini par ne plus percevoir sur un navire. Puis, un vague sentiment de luminosité perçant lentement les
ténèbres invariablement associées à l'inconscience.
Il cligna des yeux. Un plafond. Désorienté, il trouve la force de rouler sur un côté et de soulever la tête. Il tenta
désespérément de reconnaître l'endroit où il se trouvait, en vain. Puis il se sent ridicule. Il ne se souvient de rien! Ce
lieu ne pourrait donc pas lui être familier.
Face au lit, une table basse, un canapé et un fauteuil. Et dans le fauteuil, une jeune femme rousse qu'il juge illico
terriblement sexy. Elle l'observe avec un certain intérêt dans le regard.
Il s'assoit sur le rebord du lit auquel il s'accroche fermement. Ça tourne. Il ferme les yeux et se concentre. Respire
lentement. Le vertige passe.
— Comment vous sentez-vous? demande la jeune dame.
Sa voix ne traduit aucune inquiétude, aucune empathie. Tout juste une sorte de curiosité impersonnelle. Son timbre
est calme, plutôt bas.
— Très mal merci, et vous? Souffle-t-il en l'observant avec méfiance.
La jeune femme ne répond pas. Un coin de ses lèvres se soulève à peine. Même amnésique, le jeune homme
semble avoir conservé son caractère irrévérencieux. Le programmer sera un plaisir.
— Qui êtes-vous? Où suis-je? Se résout-il à demander, selon la formule depuis longtemps consacrée à toute
personne s'éveillant d'une absence impromptue.
— Je me nomme Lilium Gungrave. Quant à savoir où vous êtes, j'aurais cru que votre question suivante aurait plutôt
été "qui suis-je?"
Il lui vote un sourire méprisant.
— Quelle perspicacité! Lâche-t-il du bout des lèvres.
— Vous êtes sur un navire plein de gens hostiles. Ce sont eux qui vous ont rendus amnésique. Ils se sont amusés à
effacer votre mémoire.
— Pourquoi?
— Parce qu'ils sont méchants. C'est ce qu'ils font pour s'amuser. Ça et bien d'autres choses. Mais je vous ai
récupéré. Vous êtes sous ma protection à nouveau. Ils ne vous toucheront plus.
— Ah, bon? Vous leur faites si peur que ça? demanda-t-il, sceptique.
Elle étouffa un petit ricanement.
— Ces gorilles sont des mercenaires. Un gang appelé les Scavengers. Ils sont à vendre à qui est prêt à les payer.
Ils sont bien équipés et terriblement efficaces. Et leur leader est très malin. Meurtre, rapt, vol, demandez-leur
n'importe quoi. Ils n'échouent jamais.
Le jeune homme continuait à écouter et à enregistrer les informations.
— Mais à moi seule, je suis pire qu'eux tous réunis. Et, oui, pour répondre à votre question, ils ont peur de moi. Et,
surtout, ils ont très peur de mon patron qui a occasionnellement recours à leurs services comme c'est présentement
le cas. Je suis à bord de ce navire comme représentante plénipotentiaire de mon patron. Ils n'entreront pas ici.
Le jeune homme réfléchit un moment, puis demanda:
— Vous avez dit plus tôt que vous m'aviez "récupéré" et que j'étais "à nouveau" sous votre protection. Pourquoi?
Qui suis-je? On se connaissait avant qu'ils ne m'effacent la mémoire?
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La magnifique créature rousse quitta le canapé avec une grâce presque irréelle. Elle semblait se mouvoir comme un
reptile. Silencieusement, avec souplesse et précision. Elle vint se placer tout juste devant lui et il du relever la tête
pour la regarder dans les yeux, ce qui lui fut plutôt difficile puisque son visage se trouvait vis-à-vis la poitrine
hypnotisante de la dame.
— Tu es à moi, lui apprit-elle en posant les mains de chaque côté du visage de l'amnésique. Je t'ai acheté il y a
longtemps de ça. Tu t'appelles Gantz et tu es ma propriété.
Elle avait plongé son regard dans ses yeux, comme pour mieux enfoncer cette réalité dans son esprit. "Gantz"… ça
ne lui disait rien du tout. Et il n'aurait pas cru "appartenir" à quelqu'un.
— J'étais votre esclave?
— Et tu l'es toujours! Mais tu es bien plus que ça. Tu es mon bras droit. Tu partages tout avec moi. Et tu donnerais
ta vie pour moi. Jamais tu n'as hésité un seul instant à obéir à un des mes commandements, quel qu'il soit.
Gantz… esclave… propriété de Lilium Gungrave… Nope, ça ne lui disait résolument rien. Mais, après tout, pourquoi
pas? Cette vérité-là ou une autre… il n'était en mesure de rien vérifier du tout. Et il avait désespérément besoin d'un
passé auquel s'accrocher, ne serait-ce que pour l'ancrer dans une existence qu'il devinait houleuse.
— L'esclavage existe, là d'où vous venez? Lui demanda-t-il, perplexe.
— Oui. Mais tu verras toi-même bientôt. Je te ramène à la maison.
Il regardait la pièce autour de lui sans même se rendre compte que Lilium lui massait doucement les épaules.
— Tu sais, ajouta-t-elle, les yeux pleins de convoitise, tu n'es pas qu'un simple esclave.
Elle s'était résolue à cesser de conjuguer au passé et optait désormais pour le présent.
— Tu es content de ta condition. Tu es heureux avec moi. Nous… sommes amants.
— Ah.
Elle le saisit par le menton et le força à la regarder.
Ses yeux étaient magnifiques et particulièrement étranges puisque l'un était bleu et l'autre vert. Très expressifs.
Adorables et terrifiants à la fois. Mais quelque chose clochait.
Ça n'était pas ces yeux-là.
Il la poussa doucement sur le côté. Elle n'opposa pas de résistance. Gantz — puisque c'était le seul nom qu'il se
connaissait — marcha vers le fauteuil et y prit place, louchant sur la corbeille de fruits.
— Tu as faim? Mange, vas-y! fit-elle en s'asseyant près de lui sur le canapé.
Pendant l'heure qui suivit, Lilium Gungrave parla à Gantz de leur existence d'avant son amnésie et de tout ce qu'il
cherchait maintenant désespérément à se rappeler.
Puis elle commença à lui parler de l'ennemi. De combien ils détestaient Starfleet et toute la Fédération des Planètes
Unies. Il fallait qu'il sache. Pour sa propre sécurité. Il devait connaître les adversaires impitoyables qui voulaient leur
mort. Pour qu'il puisse s'en protéger et en protéger sa maîtresse.
Elle racontait si bien qu'il se mit à les haïr spontanément, sans être bien certain de savoir pourquoi au juste.
60- Lenassy
Mossh était revenu dans la petite pièce qu'il avait comme quartiers, les partageants avec Menache. Il aimait bien ce
gamin. Toujours un peu trop énervé, mais il savait se montrer efficace et discret si cela s'avérait nécessaire.
Le guerrier nettoyait consciencieusement ses armes, en montant et démontant les éléments avec efficacité. Il avait
été officier tactique autrefois. Il était un peu amer sur ce qui avait provoqué la chute de Ivan Breszka Mossh. Il était
certain d'avoir été le bouc émissaire pour couvrir ses chefs.
Mais, maintenant il n'en avait cure. Il aimait cette vie et comptait bien mourir l'arme à la main. Une belle vie, bien
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remplie, des missions bien remplies. Il avait un drôle de sourire tout en remontant son arme de poing.
La porte s'ouvre presque brutalement, coulissant avec difficulté.
"Elles ont disparu !!"
Ivan se tourne vers Menache qui a surgi, l'air tout excité.
MOSSH : qui a disparu ?
MENACHE : les filles, les filles ont disparu !! Je me suis renseignée, personne n'est venu les chercher, elles se sont
tirées !!!
Il était au bord des larmes, lui qui attendait ce moment avec impatience, voilà que le destin ou les circonstances
voulaient le lui gâcher. Il tient à la main l'espèce de foulard qu'il a toujours autour du cou et qui mériterait d'être noyé
dans du désinfectant.
MOSSH : elles n'ont pas disparu. Elles ne pourront pas aller bien loin, mais bon, si tu veux t'en occuper...
Il se redresse rengainant ses armes et croisant ses bras sur son torse.
MENACHE : tu sais où elles sont !
Sa mine réjouie maintenant ne laisse aucun doute, ça va faire combien de temps qu'il n'a pas touché une femme ?
Probablement depuis qu'il a laissé derrière lui la tranquillité toute relative de monte-en-l'air solitaire qui lui aurait été
néfaste assez rapidement. Cela faisait pas moins de six mois qu'il avait intégré l'équipe comme spécialiste des
communications.
MOSSH : bien on va les aider un peu...
Ivan passe la porte se dirigeant vers le vétuste ascenseur. Les deux filles n'avaient pas été bien difficiles à suivre,
mais pourquoi s'énerver alors qu'il suffisait d'attendre qu'elles sortent de leur trou pour les cueillir. Menache sur les
talons, il choisit le pont inférieur comme destination. D'après ses estimations, les jeunes dames de StarFleet devaient
chercher tous les moyens pour atteindre un moyen de communication. Elles en seront pour leurs frais. Seule la
passerelle pouvait être utilisée pour contacter l'extérieur et à la vitesse où ils allaient l'Indépendance serait bien
incapable d'intervenir ne serait-ce que pour les retrouver.
La porte coulisse sur une coursive plus obscure que sur le pont supérieur. La salle des machines est un véritable
capharnaüm, Melok en plus d'être un imbécile ne valait pas tripette. Il était soi-disant ingénieur. Il est vrai que c'est lui
qui avait remis en état le vaisseau et l'avait amélioré, mais si c'était pour se prendre sur la gueule les câblages mal
fixés ça n'était pas la peine. Avec un peu de chance le patron trouverait quelqu'un de plus compétent et de plus
ordonné. A la réflexion, il aurait fallu un ingénieur de StarFleet. Il se souvenait parfaitement de leurs potentiels.
MOSSH : maintenant silence, si tu sais attendre elles vont te tomber toutes seules dans les bras.
Menache regarde, l'air dubitatif, son compagnon de chambre. Il aurait tellement aimé qu'elles soient moins farouches
que ce à quoi il s'attendait.
Il soupire puis garde le silence, suivant en tout point les instructions silencieuses d'Ivan. Ils arrivent sous une trappe
qu'Ivan montre du doigt à Menache.
MOSSH : maintenant il suffit d'attendre. Attends mon signal pour en attraper une, j'attraperais l'autre.
Ils s'installent de chaque côté de la trappe, s'adossant à la paroi. Dans l'obscurité presque totale, seules les machines
en fonctionnement éclairent quelque peu. Quelques diodes clignotent sans cesse ne signalant pourtant aucun défaut
dans le fonctionnement du matériel. Un écran est allumé attendant des instructions.
Quelques dix minutes plus tard, Menache, passablement agaçé est sorti de sa cachette pour se dérouiller les jambes
avant qu'il n'entende un son métallique suivi de chuchotements. La trappe se soulève et une paire de jolies jambes
apparaît. Une des jeunes femmes se laisse tomber au sol puis aide sa compagne à descendre.
MOSSH : MAINTENANT !
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Aldane pousse un cri plus de rage que de frayeur. Nera accueille Menache d'un coup de pied bien placé, le takaran
recule, plutôt surpris de la résistance de cette si frêle femme. Aldane part à la course, essayant d'attraper le bras de
Nera pour la faire suivre, lorsqu'elle est saisie par le cou et qu'une poigne d'acier ne la maintienne au bord de
l'asphyxie. Elle est plaquée contre une paroi froide et humide, une odeur affreuse s'en dégage et elle entend une voix
glaciale contre son oreille.
"Tu ferais mieux d'être sage."
La voix est suffisamment sèche pour qu'Aldane la prenne au sérieux. Elle ne doute pas un instant que l'homme la
tuera sans l'ombre d'un remords.
MENACHE : MERDE !! Mais t'arrêtes oui !! aaahh !
Ivan pousse Aldane devant lui et rejoint Menache qui essaye de maîtriser une véritable tigresse.
MOSSH : dis-lui d'arrêter à ta copine.
Aldane serre les lèvres trop contente de voir le mauvais quart d'heure que passe l'autre affreux. Elle reconnaît
l'espèce toutefois, pour avoir croisé un officier takaran sur la station. Elle sent une légère pression et essaye de
pousser un cri qui finit en plainte affreuse.
MOSSH : toi la brunette tu tiens tant que ça à ce que ta copine cesse de respirer ?
Nera se fige et remarque enfin la présence d'Aldane maintenue fermement par un géant aux cheveux blancs. Elle
interrompt brusquement ses coups, Menache manque tomber et se rattrape de justesse, la saisit par un des poignets.
Le takaran a une estafilade sanglante sur la joue et Ivan voit dans la main de Nera quelque chose qu'il n'identifie pas
et formant un demi-cercle.
MOSSH : lâches ton arme.
Nera regarde sa main un peu tremblante et tenant l'une des baleines de soutien-gorge d'Aldane qui leur a permis de
débloquer la foutue trappe qui les a amenées dans un piège. Elle la lâche, pendant que Menache revient vers elle,
soulagé qu'Ivan ait trouvé une solution.
MENACHE *regardant Ivan* : qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
MOSSH *il réfléchit un instant* : après tout elles ont disparu, suis-moi.
Il pousse Aldane légèrement dans le dos.
MOSSH : avances ma belle, oui, tout droit.
Nera rejoint Aldane et Menache passe devant. Aldane saisit la main de Nera comme pour se réconforter. Elles ont
échoué, en plus d'être vexante, la situation ne leur laissait pas bien longtemps l'illusion de contrôler la situation. Nera
repère les lieux et voit l'écran. C'est forcément un écran de contrôle, elle pourrait envoyer un message de là. Elle en
est de ses réflexions quand le takaran s'arrête pour ouvrir une porte donnant dans la salle mitoyenne. Il manipule
quelque chose contre la paroi et une lumière crue éclaire une petite salle où est stocké du matériel. Des fauteuils en
très mauvais état et quelques matelas tout pourris par les ans et personne ne veut savoir par quoi d'autre. Les filles
sont poussées à l'intérieur. Menache referme la porte derrière eux.
La pénombre revient à nouveau dans la salle des machines qui ronronnent comme si de rien était, aveugles à tout ce
qui n'est pas leur bon fonctionnement.
Sur la passerelle, le chef est aux commandes. Il a choisi avec soin la route à suivre, évitant les patrouilles comme à
l'habitude. Le chef des Scavengers est à peine satisfait du bon déroulement de la mission, il avait plusieurs sujets de
préoccupation. Plutôt bien payée et somme toute pas si compliquée que ça. Son profil aquilin lui donne l'air d'un aigle
surveillant sa proie. Son regard est dur et ne saurait s'émouvoir de ce qui n'est pas la mission pour laquelle il a été
engagé avec son équipe. Il n'a qu'un sujet d'inquiétude c'est Ar'esh. Il savait très bien pourquoi il était ici, même
temporairement et ce type arrivait à lui flanquer les foies. Plus que quelques jours et il en serait débarrassé, ils
retourneraient à leurs missions ordinaires et tout serait pour le mieux. Ce qu'il détestait ça, avoir à se montrer à
StarFleet n'était vraiment pas ce qu'il préférait. Il passe la main sur sa joue. Avec le temps, le nombre d'interventions
pour changer son visage avait fini par lui rendre impossible de se reconnaître dans un miroir. Il en serait quitte pour
recommencer une nouvelle fois. C'était la seule manière qu'il ait trouvée depuis qu'il avait monté l'équipe pour ne pas
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voir sa tête afficher partout. Il n'aimait pas ça, il préférait les missions silencieuses et en douceur et où personne
n'aurait su qu'ils étaient passés par là. Du nombre d'identités différentes qu'il avait dû emprunter, il ne lui restait qu'un
nom Theo Larsen, était-ce le sien ?! Un bref instant de regret. Quelle mission de merde !
61-Spriggan
Des dizaines d'années plus tôt, la planète Tyrell avait porté le rêve de milliers de personnes. Sise dans un système
solaire uniplanétaire, elle offrait tous les atouts pour faire l'essai d'une technique expérimentale de terra-forming. Sur
ce caillou sec et torride recouvert de montagnes de terre rouge, l'Homme avait élevé une série de générateurs
atmosphériques et réussi avec succès à créer un oasis habitable au sein d'un monde autrement parfaitement hostile
à toute forme de vie. Il en résultat ce qu'on avait appelé la "zone verte", ceinturée desdits générateurs, couvrant une
surface d'une centaine de kilomètres de côté.
Rapidement, un campement fut élevé en son centre, qui devint bien vite village, puis ville, connue sous le nom de
Paradise City. Devenue mégapole, Paradise City avait un temps attiré des millions d'habitants venus chercher là une
vie meilleure. Ville de verre et d'acier, elle pointait fièrement ses milliers de gratte-ciel vers les étoiles comme un défi
à l'univers tout entier, un emblème des miracles dont l'Homme est capable lorsqu'il s'en donne la peine.
Mais Paradise City avait également rondement attiré en son ventre tout ce que les mondes connus comptaient de
racaille cherchant à se soustraire aux lois qu'elle avait enfreintes. Les rues de la ville connurent la misère, la violence
et le crime. Au-dessus, dans les étages dorés de leurs tours imprenables, d'autres bandits (en cravate, ceux-ci)
avaient également vérolé le rêve et la vision des fondateurs de l'endroit par leurs luttes intestines visant le contrôle de
la drogue, du jeu et de la prostitution. Au terme de quelques années, les gens honnêtes qui n'avaient pas trouvé la
mort dans ce soi-disant paradis devenu enfer en étaient partis, laissant derrière eux amis, famille, fortune,
possessions et rêves brisés.
Avec le temps, les générateurs laissés à l'abandon s'étaient déréglés. Aujourd'hui, Paradise City, le trou du cul de
l'univers comme se plaisaient à l'appeler les citoyens, vivait sous la pluie vingt-sept heures sur vingt-sept. Des
années de précipitations glacées et de pollution outrageuse avaient recouvert la zone verte d'un épais manteau de
gaz voilant la lumière du jour en permanence. Depuis des lustres, nul n'avait vu le soleil en ce lieu damné où le jour
ne se différenciait de la nuit que par les quelques heures où les multiples tripots, bar miteux et autres lieux mal famés
fermaient leurs portes le temps de remplacer les bouteilles vides, de donner un illusoire coup de balai et de sortir les
cadavres gisant sous les tables.
Les voyageurs avisés faisaient sagement un grand détour à l'approche de Tyrell où tout ce qui portait un uniforme ou
représentait le moindrement une quelconque autorité était aussitôt attaqué et renvoyé au néant.
Dans les penthouses de leurs buildings, les caïds du crime organisé régnaient désormais en seigneurs absolus sur
un monde artificiel malade, aux rues couvertes de détritus où des individus errant sans but précis espéraient éviter la
maladie ou la mort en quémandant quelques sous à des bandits de toute acabit venus en toute quiétude dépenser ici,
en plaisirs interdits, les fruits mal acquits de leurs activités illégales.
=/\=
Debout devant la baie vitrée des quartiers de sa maîtresse, Gantz (qui ne se souvenait pas avoir été Spriggan)
regardait la planète rouge en buvant une tasse de café fade.
Liluim lui avait trouvé quelques vêtements; un pantalon de cuir noir, une paire de bottes à pointes d'acier et une
ample chemise blanche à col ouvert dont il avait roulées les manches jusqu'au-dessous des coudes. Avec un peu
d'imagination, il donnait l'apparence d'un de ces flibustiers d'une autre époque, sur Terre, lorsque l'humain s'expliquait
à grands coups de boulets de canon et de lames de sabres dans les tripes.
Toute la nuit, la sensuelle femme rousse avait espéré que son nouveau jouet vienne la rejoindre au lit, s'amusant à lui
offre quelques poses lascives. Mais le jeune homme était demeuré sur le divan, perdu dans ses pensées et
cherchant assurément à se rappeler le plus infime détail de cette vie d'avant qu'elle lui avait racontée.
Les yeux. C'est tout ce dont il arrivait à se souvenir. Les yeux si chers, si précieux, où se concentraient les seules
impressions de bonheur auxquelles il était parvenu à s'accrocher.
"Patience, s'était-elle dit. Il finira bien par accepter. Je sais que je lui plais. Je le sens à sa façon de poser les yeux
sur mon corps… et il dissimule très mal sa convoitise."
Gantz voyait la planète s'approcher dans la fenêtre mais une fois encore, elle ne lui disait rien du tout. Quelle
épouvantable frustration!
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Il sentit la main de Gungrave se poser sur son épaule. Toujours nue, elle se lova dans le dos du jeune homme et se
mit à le caresser tout doucement de son autre main, à un endroit qu'il est assurément inutile de préciser ici.
— Bienvenue à la maison, Gantz, lui souffla-t-elle à l'oreille.
Il se dégagea d'elle, indifférent, et fit demi-tour pour lui faire face.
— Je vais te présenter au patron. Tu verras, c'est un grand homme. Presque un dieu.
— Ah… je ne le connais donc pas?
Lilium se mordit la lèvre inférieure, imperceptiblement.
— Si, bien sûr, tu le connais… Mais comme tu ne te rappelles de rien, j'ai tendance à parler comme si tout t'arrivait
pour la première fois…
Gantz observa à nouveau la planète. Il était loin de se douter que là se dérouleraient bientôt des évènements qui
détermineraient son existence future.
62-Lenassy
Nera et Aldane étaient serrées l'une contre l'autre, attachées solidement à la barre qui longeait la remorque, elles
n'osaient pas se regarder. Cela faisait maintenant quelques heures qu'elles avaient gardé le silence. Même
l'optimisme d'Aldane avait fondu. Elle frissonne repensant au vaisseau qu'ils ont quitté. Aldane n'avait réussi qu'une
seule chose, elle avait fait en sorte que Nera soit préservée. Elle ferme les yeux ravalant sa fierté. Ça n'était pas le
moment, il fallait attendre encore. Ils allaient bien les lâcher maintenant qu'ils avaient eu ce qu'ils voulaient ?
Avec ce secret espoir que sa jeune amie ne puisse jamais subir ce qu'elle avait été obligée d'encaisser, elle finit par
relever la tête. Nera l'observe, est-ce un regard de reproche qu'elle sent ? Ou de la pitié ? Aldane rebaisse la tête,
c'est évident, elle n'est qu'un paquet de honte qui a survécu, alors qu'elle avait eu le secret espoir d'y laisser la vie
tout simplement et de n'avoir jamais à encaisser la suite logique.
Elle imaginait déjà le pire et lisait dans le regard de Nera tous les reproches qu'on pourrait lui faire. Pourquoi avoir
accepter si passivement ? Pourtant il lui semblait que tout s'était passé comme elle l'avait prévu, à une exception
près, elle avait détesté être touchée par ces hommes, elle aurait voulu s'évanouir pour ne rien ressentir. Elle avait fait
l'effort jusqu'à l'écoeurement pour que Nera reste à l'écart. Elle déglutit, incapable de faire cesser un sanglot qui sort
limpide et évident.
MORAK : Aldane... je suis désolée.
Elle serre aussitôt les dents sentant la colère qu'elle emmagasine depuis qu'elles sont aux mains d'un dénommé
Mossh, l'autre, le takaran, à la limite il est gentil... enfin... elle n'en sait rien.
Elle ne sait pas ce qui s'est passé réellement, mais l'imagine, ce qui est encore plus inquiétant.
== Flashback ==
Aldane s'était dressée telle une sirène accomplie, poussant Nera derrière elle pour qu'on l'oublie. Elle avait fait tout ce
qu'elle avait pu, usant de son charme, ce qui n'avait pas été difficile, mais c'était avéré violent par la suite. Elle avait
presque donné sa parole qu'ils pourraient avoir ce qu'ils voulaient, du moment que Nera n'y soit pas inclus. Nera avait
essayé de protester en vain.
Les deux hommes et son amie avaient passé la porte, elle avait entendu quelques cris derrière les ronronements
atones des machines, puis plus rien, pendant un moment. Elle s'était littéralement cisaillée les poignets, qu'elle avait
douloureux maintenant, en se débattant et essayant de défaire ses liens. L'homme qui avait fait ces noeuds s'y
connaissait et rien n'avait cédé. Elle avait pleuré de dépit et de frustration de ne pouvoir rien faire. Elle n'avait rien pu
faire pour Sprigg et rien pour Aldane. Pourquoi Aldane avait-elle fait ça ?!
Lorsque la zaldane était reparue, son visage était livide. Elle avait eu droit à une espèce de chemise longue qui la
couvrait jusqu'à mi-cuisse et Menache avait jeté une autre chemise vers Nera, lui disant presque gentiment.
MENACHE : tu vas enfiler ça, je vais te détacher, sois sage.
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Aldane se laisse tomber, tel un automate, sur le sol. Elle porte quelques traces visibles, des marques qui se sont
imprimées dans sa chair.
Elle n'avait pas dit un mot depuis, ni même pleurer, fichant une trouille bleue à Nera qui avait essayé de la faire
réagir.
Elles n'avaient eu à faire qu'à Menache ou Mossh, restant dans l'espèce d'entrepôt. Aldane avait disparu une fois de
plus et Menache leur avait apporté à manger. Un truc que Nera avait jugé infâme mais qui avait l'air nourrissant.
Libres de leurs mouvements durant le temps du repas. Nera avait été obligée de nourrir Aldane qui ne réagissait plus.
Nera s'était sentie toute drôle par la suite et avait eu sommeil.
A son réveil, elles étaient attachées dans la remorque. Le pied d'Aldane était bandé, ce qui ne laissait de la
surprendre. Comme elles étaient dans un véhicule, alors... elles étaient finalement arrivées quelque part. Le vaisseau
avait dû atterrir pendant leur sommeil.
Aldane s'éveille petit à petit, comme d'un cauchemar qui n'en finit pas, elle a soif et ne se sent pas très bien. Elle a
une envie folle de courir pour atteindre le haut d'une falaise et de se laisser tomber dans l'eau salvatrice.
Nera, de plus en plus inquiète du silence d'Aldane, réitère.
MORAK : Aldane, s'il te plaît, parles-moi !
Son amie relève enfin la tête.
LENASSY : Nera... je suis tellement désolée... Je ne me sens pas bien, je voudrais m'endormir et ne plus me
réveiller...
MORAK *retenant ses larmes* : non, il ne faut pas dire ça. Nous sommes encore là, et il y a Sprigg et les autres. Et ils
vont venir nous chercher.
Le véhicule freine brutalement secouant les deux jeunes officières. Nera tend l'oreille et reconnaît la voix de leurs
geôliers. Elle entend le son du gravier sur leur passage, un portail qui se referme derrière le véhicule. Puis une pente
douce, une autre porte qui grince en s'ouvrant et se refermant derrière eux. Elle repère plusieurs véhicules, les
portières claquent, puis la bâche arrière est soulevée, Menache monte à l'intérieur pour les détacher. Mossh les
attend à l'extérieur, soulevant Nera, puis Aldane comme s'il s'était agi de quelques objets légers et précieux.
RICO : Hé !!! C’est quoi ce bordel, pourquoi elles sont avec vous !!
L'homme a la peau squameuse s'approche, tirant déjà sur le bras de Nera qui en profite pour lui envoyer son pied
dans les valseuses. Le souffle de l'homme se fait court après un couinement, puis il se redresse fou furieux et il a
déjà sorti une lame à l'éclat incertain.
MOSSH : continues et tu vas perdre Rico, plus que tu ne crois.
Sa voix est glaciale. Pour une fois qu'il a passé un deal non financier qu'il a suivi sans même savoir pourquoi, ce
crétin allait le lui fiche en l'air. En plus d'être jolie comme un coeur, elle s'offrait contre la petite. Ils n'avaient pas
réfléchi longtemps, il était bien plus agréable d'avoir quelqu'un de consentant que des tigresses qu'ils auraient passé
leur temps à maîtriser, alors ce crétin de Rico n'allait pas tout fiche en l'air. Aldane manque s'effondrer et se retient au
camion qui les a transportés dans l'entrepôt qu'ils avaient loué pour l'équipe. En plus d'être discret, il avait l'avantage
d'être excentré de Paradise. Ils pouvaient donc porter leur matériel là et ne pas s'en encombrer en ville. Et puis,
maintenant qu'ils étaient à la maison, il pourrait discuter plus sérieusement avec le chef, surtout en ce qui concernait
Rico.
En plus de ça, Velasquez n'avait pas arrêté durant le reste du trajet de l'emmerder. Probablement pour lui faire payer
de l'avoir une fois de plus dépouillé. Ça lui apprendrait à cet imbécile de jouer l'argent qu'il n'avait pas. Il était
tellement accroc qu'Ivan le faisait plus par jeu que par intérêt réel.
Il rattrape Aldane avant qu'elle ne tombe au sol.
MOSSH : et bien ma jolie où tu t'en vas ?
Menache ricane bizarrement, puis, regardant s'éloigner les mécontents de l'équipe, il approche de Nera et la pousse
un peu pour qu'elle avance derrière Ivan qui a trouvé plus pratique de porter Aldane qui est au bord de l'épuisement.
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MENACHE : tu vois, t'es bien mieux avec nous et Mossh nous protègera, alors t'as rien à craindre.
Nera n'a pas assez de salive pour lui cracher à la figure et puis, maintenant il faut qu'elle réfléchisse. Elle constate
qu'on ne lui a pas remis de liens, à Aldane non plus... Qu'est-ce que ça signifiait ? Les prenaient-ils pour acquises ?
Elle avance sans demander son reste.
Un escalier grimpe à l'étage qui est aménagé sans l'être. C'est visiblement laissé dans un état temporairement
aménagé. L'équipe a apporté de quoi se faire un nid pseudo-confortable. Quelques objets personnels, puis Nera voit
au fond une pièce fermée par une porte à barreaux. Une autre porte, à côté, fermée. Elle essaye de repérer les lieux,
maintenant il va falloir qu'elle mette au point quelque chose pour sortir de là. Ces gars n'allaient pas en permanence
rester là. Elle ne voit aucun système de surveillance, en fait, bizarrement, ces hommes les ont amenées chez eux, ou
peu s'en faut.
Comme pour lui confirmer son hypothèse, entre les cloisons qui agrémentent cet espèce de loft, les hommes de
l'équipe jettent leurs affaires ou les déballent pour les ranger. On se serait presque cru à l'académie, sauf que la
promiscuité était ici évidente.
Nera est enfermée dans la petite pièce derrière la porte à barreaux et Mossh la barre, utilisant une carte magnétique
qu'il met dans sa poche avant. Ils ont quitté leur tenue de combat pour arborer des tenues de ville. Et plus d'un se
dirige vers le fond du loft qui donne sur une salle de bains avec plusieurs douches.
Mossh entraîne Aldane dans la pièce d'à côté. Elle ne reparaîtra auprès de Nera qu'une demi-heure plus tard, elle a
visiblement pris une douche. Mossh la pousse doucement dans la même pièce que Nera.
MOSSH : je reviens bientôt.
Ses mots s'adressent à Aldane qui ne relève même pas la tête, elle n'a plus envie de sourire. Elle regarde maintenant
Nera et ce n'est plus de la gentillesse qui y transparaît, derrière le désespoir se profile une haine sans borne.
63-T’Kar
Un peu avant...
Nera avait les yeux rougis et ne pouvait détacher son regard d'Aldane. Son cerveau arrive à peine à concevoir ce
qu'elle venait de vivre. Un instant, Nera Morak regretta presque le laboratoire où elle avait été captive durant des
mois et où elle n'avait été qu'un sujet d'expérimentation. L'endroit où elle se trouvait, à présent, -et ce qu'elle venait
de vivre- était proche de l'enfer. Elle ferma les yeux, inspira profondément et essaya de faire le vide dans sa tête. Une
chose qu'elle faisait souvent au Centre, il fallait ne penser à rien et devenir ce "rien" pour supporter les douleurs
passées et celles à venir. Mais la voix de sa mère retentit dans son esprit, aussi brutale qu'un couperet :
"Starfleet ne peut rien t'apporter de bon." Avait-elle raison? Nera s'était efforcée de ne pas partager le pessimisme de
sa mère, elle avait l'espoir d'une vie meilleure, trépidante, pleines d'aventures enrichissantes. De plus, c'était des
officiers de Starfleet qu'il l'avait arraché à une vie de cobaye. Elle devait sa vie à Starfleet. C'était aussi simple que
cela.
Nera cria intérieurement : " Je ne suis pas comme toi! Je ne vais pas fuir!" Elle sentit son corps frémir alors que
l'espoir renaissait en elle.
L'officier de la sécurité ouvrit à nouveau les yeux. Elle savait qu'elle avait assez de force pour repousser cet enfer et
sauver Aldane.
Pas question de mourir là!
Pas question de céder à l'accablement!
La culpabilité? Non!!
Une partie d'elle -cachée, enfouie, primitive- éclata en elle. Une source inépuisable et forte jaillit et s'écoula dans tout
son corps. Elle frémit à nouveau. Ce frisson glacé n'avait rien de désagréable, il était plutôt salvateur et bienvenue.
Nera accueillit cette sensation sans retenue.
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Mossh entraîne Aldane dans la pièce d'à côté. Elle ne reparaîtra auprès de Nera qu'une demi-heure plus tard, elle a
visiblement pris une douche. Mossh la pousse doucement dans la même pièce que Nera.
MOSSH : je reviens bientôt.
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Ses mots s'adressent à Aldane qui ne relève même pas la tête, elle n'a plus envie de sourire. Elle regarde maintenant
Nera et ce n'est plus de la gentillesse qui y transparaît, derrière le désespoir se profile une haine sans borne.
Mais Nera ne veut pas tenir compte de cette haine qu'elle aperçoit sur les traits tirés d'Aldane. Elle refuse cela. Nera
serre un poing devant elle et affiche un air impatient, plus qu'elle ne le voudrait.
Morak : On va se tirer de là!
Lenassy : Fais ce qui te chante.
Morak : Aldane, nous devons reprendre contact avec l'Indépendance et...
Mais Nera s'interrompit, elle sentait le désespoir d'Aldane l'envahir. Et cette colère sourde... Nera Morak secoua la
tête, elle devait s'en tenir à sa résolution. C'était son job après tout. On attendait d'elle qu'elle gère ce genre de
situation. Elle pensa à Fenras Vela et sentit presque sa présence derrière elle, l'observant attentivement, guettant la
moindre de ses réactions et attendant en silence qu'elle soit à la hauteur.
Violemment, Nera se leva et pointa Aldane Lenassy du doigt.
Morak : Je n'ai pas l'intention de ne rien faire. Je vais te ramener sur le Big I, Aldane!! Dussé-je te porter sur mon dos!
64-Lenassy
Les remarques de Nera avaient fini par piquer au vif Aldane. Libérée pour l'instant de la chape qu'avaient posé sur
elle leur captivité et les gens côtoyés, elle regardait Nera et était fière de son amie. Un bref moment elle aurait voulu
se jeter dans ses bras pour chercher un peu de douceur, ce qui lui manquait tant. Puis le bon soldat qui demeurait en
elle, malgré l'expérience démoralisante, pointe le bout de son nez.
LENASSY : c'est pas comme sur le vaisseau, il y a un ailleurs à l'extérieur. Je les ai entendus parler.
Puis elle a de nouveau ce regard triste et à la limite du désespoir.
LENASSY : ... tu crois qu'il est mort ? Ils ont dit qu'il le tuerait !
MORAK : non, non, ne crois pas ça un instant. Ils ont raconté n'importe quoi, il ne faut pas les croire.
Aldane s'est levée et approche des barreaux. La grande salle s'est vidée rapidement, les hommes sont trop contents
de pouvoir décompresser.
LENASSY : il faut sortir de là...
Elle attrape deux barreaux et essaye naïvement de tirer la porte, Nera sourit puis s'approche en secouant la tête.
MORAK : attends, pousses-toi que je regarde.
Nera passe la main par les barreaux et essaye d'atteindre la serrure magnétique. Puis elle fait une petite moue.
MORAK : il faut vraiment la carte pour sortir. Ou alors il faut faire sauter cette serrure... hum...
Elle se tourne vers Aldane et fait une petite moue.
C'est à ce moment là que la porte de l'étage s'ouvre. Des pas lourds résonnent.
AR'ESH : Y'A QUELQU'UN ?!!
Les filles vont se cacher dans le coin de la pièce, surtout que ce malade ne les voit. Aldane fait se presser Nera, elle
a entendu ce qu'ils ont raconté sur lui et n'a pas envie de tester si tout ça est vrai.
Il avance dans la pièce bousculant une cloison qui s'effondre sur le lit du voisin d'à côté. Il plisse les yeux puis voit la
porte fermée et s'y dirige, il ne frappe pas poussant la porte qui lui résiste. il donne un coup de poing dedans, recule.
Il a l'air ennuyé. Nera essaye de suivre les déplacements de l'homme. Il pourrait peut-être ouvrir la porte lui... mais
comment le maîtriser après. Il est immense d'où son hésitation grandissante.
AR'ESH : jamais là...
Il donne un coup de poing dans la porte. Nera entend la structure qui ploie sous l'attaque et peut-être même se brise.
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Aldane écoute, elle aussi tout en ayant le regard fixé sur les barreaux de la porte, puis, contre toute attente se lève.
LENASSY : hé, je suis là moi. Ils sont partis...
Ar'esh ouvre de grands yeux puis sourit.
AR'ESH : ah, mais c'est pas grave.
Il approche de l'autre porte.
AR'ESH : ben, viens me rejoindre !
LENASSY *prenant un air sournoisement ennuyé* : je suis désolée, mais je suis enfermée.
Elle hausse les épaules montrant tous les signes de l'impuissance.
Ar'esh approche encore et pousse la grille qui tremble. Nera est furieuse, à quoi joue Aldane, ça n'est pas avec celuilà qu'elle a la moindre chance, et si cet imbécile pète les barreaux, c'est leur seule protection contre lui. Puis, elle voit
autre chose. A la cuisse du type, une lame, qu'elle pourrait saisir plus facilement, il n'a ni laser ou de ces armes de
poing que les autres avait. Peut-être a-t-il laissé le tout à l'entrée ? Et si c'était sa chance ?
Aldane a le coeur battant, elle n'a aucune idée si ce qu'elle fait sous le coup de l'impulsion aura un intérêt pour la
suite.
Ar'esh fonce essayant d'anéantir la porte qui lui résiste. Ça se tord, il en profite pour saisir deux barreaux pour
essayer d'agrandir l'espace. Ils se déforment, mais ça n'est pas suffisant. Du moins par pour lui.
AR'ESH : tu peux passer maintenant viens, ça suffit.
LENASSY : je ne peux pas, on m'a dit de rester là.
Elle prend un air si désolé que Nera a l'espace d'un instant un doute sur la santé mentale d'Aldane. Il s'est approché,
se collant contre les barreaux.
AR'ESH : laisses-moi te toucher, juste un peu.
Aldane fait mine d'approcher, Nera guette, espérant pouvoir se saisir de l'arme, en douceur. Elle se concentre sur le
gars, fermant les yeux, attendant le meilleur moment. Une envie de vomir atroce la prend, elle est livide, il est aussi
affreux de l'extérieur que de l'intérieur, ce qu'il veut faire à Aldane est abominable. Elle cherche à lui faire mal,
s'imaginant qu'elle pourrait le paralyser là et qu'il reste les bras ballants. Elle attend le bon moment et sent Aldane qui
approche. Les pensées qu'elle perçoit du type baissent d'un ton comme s'il était au ralenti, conscient que quelque
chose se passe et ne sachant pas ce que c'est.
Elle glisse la main, Aldane a ouvert la chemise qu'elle porte, Ar'esh ne peut se détacher du spectacle à venir, et retire
lentement la lame. L'homme est comme paralysé, bavant presque.
Nera se recule, fait un signe à Aldane de faire attention. Puis lui montre, qu'il lui faut reculer.
Aldane hésite puis obéit refermer sa chemise, cachant sa nudité.
Comme pour un chien qu'elle tiendrait en laisse, Nera relâche la pression. Elle sent comme un choc puis l'homme
devient fou, poussant un hurlement, il fonce dans la grille. Il a les yeux injectés de sang et cherche visiblement à
défoncer les barreaux qui se tordent mais ne lui permettent pas de passer. Puis il a un hoquet, presque de surprise, il
vacille, fait un pas en arrière, un pas en avant pour s'effondrer en travers de la porte, inconscient.
MORAK : Aldane c'est maintenant.
Aldane regarde Nera puis l'homme étendu au sol.
LENASSY : qu'est-c... qu'est-ce qu'il s'est passé ?
MORAK : on verra ça plus tard, il faut partir d'ici et vite. C'est notre seule chance.
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Nera passe la première. Ar'esh a fait le travail pour elle.
MORAK : pourquoi as-tu pris le risque Aldane ?
Elle pense fortement : *comment savais-tu ?*
LENASSY : le métal utilisé, c'est... normalement du solide. Je ne pensais pas qu'il l'ouvrirait si vite... il aurait pu
entrer, il aurait pu entrer !!
MORAK : on s'en fout, il l'a pas fait, viens.
Nera est sortie et fouille l'homme qui a quelques soubresauts. Elle n'est pas fière d'elle et se sent sale d'être passé si
près ...
Aldane lui emboîte le pas. Elles prennent peu de temps pour fouiller, les affaires à portée. Récupérant des bottes un
peu trop grande et des vêtements un peu plus corrects.
Nera, plus pratique qu'Aldane récupère les armes qu'elles trouvent, ennuyée de ne trouver que des armes avec des
balles, jusqu'à ce qu'elle trouve, contre toute attente un phaser de StarFleet en état de marche.
Elles ne mettront pas un quart d'heure pour mettre dans un sac ce qui peut leur être utile avant d'entreprendre de
quitter les lieux.
Il n'y a plus de véhicules en bas, mais quelqu'un est à la porte, elle grince un peu, puis Rico apparaît, seul. Il a un truc
dans la bouche, qu'il machouille avec circonspection. Il pousse la porte du pied quand il voit trop tard les filles qui ont
descendu l'escalier. Nera tire, l'homme s'effondre, ses sacs se répandent au sol et il finit le visage dans ce qui
ressemble le plus à de la nourriture déshydratée.
LENASSY : il est mort ?
MORAK : j'aimerais, mais non, il vaut mieux filer.
A l'extérieur, le véhicule emprunté par Rico les attend.
Un peu tremblantes et pleine d'espoir elles laissent derrière elles l'entrepôt. Une route sinueuse descend dans la
vallée, vers une ville qu'elles ne connaissent pas.
Leur véhicule est sur 4 roues et avance par petits bonds sous le peu d'expérience à le diriger que possède l'officière
de sécurité.
Un virage plus loin, les lieux redeviennent silencieux guettant leurs prochains visiteurs, Un karg rouge aux yeux
globuleux émet son chant, dans une recherche atavique dont il ne pourrait se passer, probablement un spécimen qui
s'est enfui et s'est perdu.
65-Lenassy
== USS Indépendance - Passerelle ==
Le vaisseau filait maintenant sur la route qu'avait dû emprunter les kidnappeurs et meurtriers de tout poil qui avait tout
simplement éliminé le personnel et le chargement de la navette carcérale.
Il n'avait pas été difficile de suivre les émissions laissées par le système de repérage de Von Ewig à soi tout seul,
mais plutôt complexe de les retrouver.
Si le signal était clair maintenant, il avait fallu l'isoler du champ de traces possibles qui parsemaient les différentes
voies offertes à eux.
Jason avait été le premier a isolé le signal. A partir de là, ils avaient un cap déterminé ou peu s'en fallait.
Sur la passerelle Matolck était partagé entre fulminer et commencer à entrevoir une embellie dans cette mission de
merde et cette journée de merde. Ses doigts crispés sur les accoudoirs de son fauteuil il regardait l'espace devant
eux dont la vitesse de l'USS Indépendance atténuait la distance et le profil dur de sa première officière. Avait-il été
trop dur avec elle ? Dans un autre temps, peut-être aurait-il admis l'avoir été, mais cela avait été le seul moyen pour
contrôler cette valkyrie en furie. Il attendait que l'ordinateur et Miss Naïma fournissent les renseignements qu'ils
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attendaient tous. Où ce bâtard de Deville avait été se planquer !?
NAÏMA : je l'ai Capitaine.
MATOLCK : allez-y commandeur.
NAÏMA : Tyrell - Planète artificielle du système 3255GI. Entretient des rapports commerciaux légaux avec les
systèmes mitoyens, mais semble avoir des connexions avec le reste de la galaxie. Tyrell possède une population
d'approximativement 2 Millions d'habitants. Tiens c'est bizarre, ils indiquent de 2 à 30 ?
MATOLCK : et qu'est-ce que ça signifie commandeur.
Angelica relit les données de l'ordinateur, pianotant pour obtenir d'autres précisions.
NAÏMA : il semble que la population soit fluctuante. Ils possèdent un spatioport conséquent pour une aussi petite
planète. Ville principale et unique Paradise. La population est humanoïde, et une large proportion d'humains. Le
gouverneur de Tyrell est actuellement Mel Brokkan. Il y a peu d'informations, mais la planète est classée comme
potentiellement dangereuse. Il semble que le crime y soit quasiment légal. Il y a plusieurs grands casinos, ce qui
explique l'afflux de population j'imagine. De grandes chaînes d'hôtels se sont installées sur Paradise. Une
disproportion dans la distribution des richesses. Si nous devons aller sur la surface, il va falloir se préparer.
MATOLCK *se tournant vers Karl* : Monsieur Davis, informez-moi avant d'arriver. Monsieur Vela il nous faut une
équipe de choc, même deux pour aller récupérer nos officiers. Miss T'Kar c'est le moment de parler, qu'est-ce que
vous préconisez de différent de ce que je ferais. Je prends la tête de l'away team avec Monsieur Vela, nous nous
partageons deux équipes, l'une en avant-garde la mienne et l'autre de soutien, Monsieur Vela. On rentre, on
neutralise, on récupère nos hommes, on démolit DeVille et on le neutralise ou l'inverse puis on rentre, ni vu ni connu.
Miss T'Kar, Monsieur Vela, suggestions ?
== USS Indépendance - coursive ==
Frisssk était en pause. Il ne savait pourquoi, mais le petit bonhomme à côté de lui, lui était en définitive sympathique,
avec tous les efforts qu'il faisait pour se faire accepter.
Le chef lui avait collé pour une semaine à être avec Ritink et il l'accompagnait dans les coursives, quartiers et
départements qui nécessitaient encore des travaux.
Très studieusement, Ritink écoutait avec beaucoup de bonne volonté les instructions qui lui étaient données par les
demandeurs de travaux en tout genre. Il avait même été obligé de démonter de la tuyauterie dans les quartiers du
Capitaine, parce que Madame Capitaine, une très belle femme un peu orageuse avait laissé tomber un bijou dans le
conduit. Ca avait été un véritable branle-bas de combat, mais il s'en était bien tiré. Surtout qu'il avait pris soin de
nettoyer avec son produit spécial, la chaîne en véritable or, avant de la lui rendre.
La dame, qui au départ avait vu d'un mauvais oeil l'arrivée d'un zwickien dans ses quartiers avait fini par se montrer
gentille. Mais elle avait fait quelque chose qui l'avait un peu vexé. Elle avait passé sa main dans ses cheveux comme
quand on tapote la tête d'un enfant. Il s'était reculé et était parti se réfugier derrière Frisssk qui avait pris congé pour
deux.
C'est en sortant des quartiers de Matolck qu'ils avaient pu discuter un peu. Et Ritink avait beaucoup de questions.
AL'ARM : tout le monde semble agité hein ?
FRISSSK : oui, nous avons eu un problème.
AL'ARM *rangeant ses outils dans sa ceinture* : quel genre de problème ?
FRISSSK : nous avons perdu des hommes et nous les recherchons.
AL'ARM : comment ça ... perdu. Perdu, perdu.
Le caïtan soupir, autant être clair et comme ça il ne poserait plus de questions. De plus, rien n'était a priori
confidentiel dans l'affaire. Ca s'était répandu comme une traînée de poudre sur tout le vaisseau.
FRISSSK : notre away-team, ou une part, a été enlevée. Vous ne les connaissez pas, mais il y avait deux de nos
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hommes. Enfin, un homme et une femme. Spriggan et Morak.
Ritink écoute avec attention et se fige en entendant le nom de Morak. Il a une bonne mémoire et aussitôt vient se
profiler la rencontre à l'arboretum, avant qu'il ne soit étranger à bord.
AL'ARM : Morak, comme dans Nera Morak ?
Frisssk baisse la tête vers son petit compagnon. "Vous la connaissez ?"
AL'ARM *bafouillant* : et bien... nous avons partagé un repas, elle avait l'air gentille.
FRISSSK : enfin, ça n'est pas ce qu'on attend d'un officier de la sécurité. Ca avait plutôt l'air d'une gamine trop vite
poussée à mon avis, trop frêle, pas solide. Ca ne s'envoie pas en première ligne. Enfin, elle n'a pas eu de chance et
nous ne pouvions pas nous attendre à ce qui s'est passé. Maintenant nous sommes sur leurs traces.
AL'ARM *l'air de rien* : c'était des pirates ?
FRISSSK : pirates... hum... je ne sais pas trop, en quelque sorte j'imagine.
AL'ARM *se redressant* : je connais les pirates moi.
FRISSSK *le regardant d'un air dubitatif* : oui... je n'en doute pas.
AL'ARM : c'est toujours moi qu'on envoyait avant de partir à l'assaut, parce que je suis plus petit, je me faufile partout
et je suis silencieux et je peux disparaître. J'allais voir ce qui était bon. Mais après j'ai eu des ennuis, alors ça n'a plus
été.
FRISSSK : et vous restiez toujours entre vous ?
AL'ARM : euh... non, on s'arrimait aux stations, il fallait bien vider le vaisseau et partagé le butin.
Sa mine se renfrogne.
AL'ARM : mais c'était pas bien... je veux dire... je ne serais plus pirate.
Il se redresse, le visage éclairé de sa résolution, guettant sur les traits de Frisssk le fait qu'il l'approuve. Le caïtan, lui,
réfléchit, s'il faut ce petit gars pouvait leur être utile ? Il regarde pensivement le fond de la coursive.
FRISSSK : qu'est-ce que vous voulez dire quand vous dites que vous disparaissez ?
Il baisse la tête puis regarde autour de lui, Ritink n'est plus là. Merde, il s'est arrêté qu'un instant !!
FRISSSK : hé ! vous êtes où !!!?
Ritink se détache de la paroi semblant plus ou moins en sortir tel un caméléon. Il a un sourire ravi aux lèvres.
AL'ARM : je peux disparaître.
FRISSSK : refaites-le ?
Ritink obéit et Frisssk le suit du regard. En fait cet étrange bonhomme avait bien une compétence particulière. Il ne
disparaissait pas vraiment, mais arriver à faire corps avec son environnement. Le changement était très subtil. Si on
le suivait du regard, il ne disparaissait pas bien sûr. Mais l'illusion était parfaite.
FRISSSK : incroyable. On va peut-être aller en parler au boss. Vous pouvez faire ça tout le temps ?
AL'ARM : ben non, ça dépend de l'environnement. Si j'ai un gros manteau rouge, je vais pas pouvoir me cacher dans
du gris.
FRISSSK : vous faites tous ça ?
AL'ARM : qui ça ?
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FRISSSK : et bien, les zwickiens ?
AL'ARM : ah ... non, spécialité de famille. C'est mon papa qui m'a appris. Disons c'est plus facile pour s'échapper.
Il baisse la tête repensant à ces années où de proies il avait fini par être mis de force dans un des navires, ni l'un, ni
l'autre n'était enviable.
66-Vela
=/\= Ready-room du capitaine =/\=
ROY: Est-ce bien prudent ?
T’KAR: M. Roy a raison : on devrait peut-être reconsidérer votre participation.
MATOLCK: Reconsidérer ? Vous en avez de bonnes ! J’ai décidé de descendre et il n’y a pas à discuter.
ROY: Je ne sais pas si…
T’KAR: Moi, je sais : ce n’est pas votre place. Mais moi, je veux descendre.
VELA: Bon, faudrait savoir. Qui vient ?
Situation extrêmement tendue. La grande famille de l’Indépendance connaissait des heures graves et l’on avait plus
l’impression d’assister à la lecture d’un testament brisant les espoirs de fortune de certains qu’à la solidarité habituelle
entre ces personnes. Le moins qu’on pouvait dire, c’était que les ego étaient largement mis en avant. Et ça faisait des
étincelles.
MATOLCK: Ecoutez, vous n’allez pas commencer ? Ce sont mes hommes qui sont détenus, là, quelque part en bas,
et c’est à moi de…
ROY: Sauf votre respect, Capitaine, si je comprends tout à fait vos motivations, je n’adhère pas à cette position.
T’KAR: Vous voyez ?
ROY: En outre, vous avez opté pour une stratégie plutôt ambitieuse, voire agressive. Si j’ai bien compris, vous
escomptez débarquer, investir, reprendre vos hommes et neutraliser leurs ravisseurs ?
MATOLCK: Eh bien, c’est comme cela que je vois ça, oui.
ROY: Qu’en pensez-vous M. Vela ?
Inhabituel. Le ton employé, sec, péremptoire mais également parfaitement maîtrisé, ça n’était pas coutumier de
l’exemplaire TIC. Il ne souriait pas, ne détournait pas le regard, ne suggérait plus : quelque chose avait brisé la douce
harmonie de son caractère et il ne prenait désormais plus le moindre gant pour affirmer ses positions.
VELA: Eh bien, je…
T’KAR, ironique, mais sans le moindre sourire : Alors, on attend !
VELA: Je crois qu’il est un peu tôt pour se lancer dans ce genre de stratégie, quoique habituellement j’en sois
partisan. (Il vit avec angoisse les traits de son capitaine se durcir.) D’après Miss Naïma, il semblerait qu’on ait à
débarquer sur un monde mal famé. On risque donc d’y voir des truands qui n’accepteront pas qu’on intervienne ainsi
sur leur territoire et qui refuseront de donner le moindre renseignement sur un des leurs, à moins qu’on use sur eux
de méthodes plus… subtiles.
T’KAR: Ce qui veut dire ?
VELA: Vu le portrait qu’on a eu de Tyrell, je préconiserais une reconnaissance avec prise de repères, puis une
intervention ciblée et rapide. Il est hors de question que l’un d’entre vous soit pris à partie par la faune locale.
T’KAR: Et en attendant que vos hommes effectuent leur reconnaissance en fouillant les bars à putes et les casinos,
ma fille se fera tranquillement violer, n’est-ce pas ?
VELA, mauvissant à vue d’oeil : Ce n’est pas ce que…
MATOLCK: Non, en effet, Fenras, ce n’est pas ce que vous vouliez dire. Je comprends vos arguments, mais je pense
qu’il est nécessaire d’opérer au plus vite.
T’KAR: C’est aussi mon avis. Vous restez, je descends.
MATOLCK: Ce n’est pas dans mes intentions.
T’KAR: Personne ne m’empêchera d’y aller.
ROY: Commander T’Kar, ce n’est pas la voix de la raison qui vous…
T’KAR, haussant le ton : La raison, je m’en tape ! Ma fille est en bas, quelque part, attendant avec ses compagnons
qu’on vienne les délivrer. Elle… elle a confiance en nous. Il faut… il faut que…
La tension était trop forte. Ses yeux s’embuèrent malgré la rage qui l’habitait et son refus de céder à ce genre de
faiblesse féminine. Mais l’évocation des souffrances éventuellement endurées par Nera effaça ses remords et des
larmes coulèrent le long de ses joues alors qu’elle demeurait là, les poings serrés, devant une assistance confuse et
silencieuse.
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VELA: Je comprends, miss, je comprends. Cependant, je vous demande de comprendre aussi le fait qu’il m’est
impossible de donner mon assentiment. Vous êtes trop… impliquée émotionnellement et, comme nous le savons
tous, cette mission comportera des risques élevés.
T’KAR, implorante : Mais… mais c’est ma fille !
MATOLCK: Je sais, T’Kar, je sais. C’est pourquoi il faut que ce soit moi qui descende.
ROY: Ca n’est pas mon avis.
HARKER, qui s’était tu jusque là : Ni le mien. En revanche, on pourrait avoir besoin de mes dons télé…
VELA: Eh ho, attendez un peu ! Il ne s’agit pas de passer du bon temps, ni même de descendre se défouler sur le
premier pirate venu. Il est hors de question que je permette à tous ceux qui veulent défoncer la gueule de ces salauds
de nous accompagner. J’espère que vous le comprenez !
MATOLCK: C’est vrai. Hum… bon. On se calme. Je maintiens ma position et j’expose mes arguments. Il est
nécessaire d’agir vite – mais j’admets que le contexte dans lequel on va évoluer est délicat. Les deux équipes
rejoignent ainsi le souhait de M. Vela. D’autre part, je tiens à vous rappeler que j’ai été formé à la Sécurité et que le
bien-être de mes hommes demeure ma principale préoccupation. Je ne descends pas pour me faire mousser, ni
même pour venger un affront (le très léger sourire qu’il eut à ce moment montrait bien qu’il ne croyait pas tout à fait ce
qu’il disait) mais bien parce que je pense être un élément utile dans cette affaire. T’Kar, si vous étiez à ma place, vous
risqueriez de tout compromettre en retrouvant l’un de ceux qui vous ont fait face sur la navette.
T’KAR: Je leur ferais bouffer leurs…
MATOLCK: Précisément. (Il eut un regard étonnamment plein de compassion à l’égard de son FO.) M. Harker, vous
savez que je n’apprécie guère vos méthodes expéditives et la… légèreté avec laquelle vous usez parfois de vos
facultés. Cependant, nous serons dans un domaine qui ne vous est pas étranger et votre expérience pourrait jouer en
notre faveur ; je vous laisse en décider. M. Roy, j’ai entendu ce que vous avez dit et vous en suis reconnaissant, car
vous n’avez fait – comme d’habitude – que votre devoir, mais en tant que Capitaine de ce vaisseau, je ne vois
personne d’autre de plus qualifié que moi pour diriger l’équipe. Fenras, qu’en penses-tu ?
L’aisance avec laquelle Matolck passait dans cette conversation officielle et capitale du ton le plus solennel au
tutoiement ne lassait pas de le surprendre et l’Andorien était fasciné par le charisme qui se dégageait de celui que
certains ne considéraient que comme un officier irresponsable, distrait et un peu trop porté sur la boisson. Il sourit et
se détendit :
VELA: J’en dis que ce sera un honneur de vous avoir à mes côtés. Pour Harker, bien qu’ayant les mêmes réticences
a priori, je dirais qu’il nous faut un maximum d’atouts dans notre panier.
ROY, murmurant : Notre manche.
VELA, un peu confus : Oui, c’est ça. D’atouts dans notre manche. Il faudrait un médecin aussi. M. Roy et T’Kar
superviseront les opérations d’en haut, ils ne seront pas trop de deux surtout s’il faut prendre des décisions
concernant des rapatriements d’urgence, d’autres prises d’otages (il vit certains frissonner à cette idée) ou même une
attaque en règle du vaisseau. Qu’est-ce qu’on fait de Davis ? Dans les bagarres, il se débrouille.
Il y eut un flou, les officiers s’entreregardèrent. Fenras avait manqué de tact en proposant d’emmener loin d’elle les
deux hommes qui avaient récemment le plus compté pour T’Kar. Il s’en aperçut vite (mais trop tard) et la chercha des
yeux. Ce qu’il lut dans son regard humide le désarçonna : la détresse d’une mère qui tente vainement de maîtriser la
bouffée de rage vengeresse qui sourdait de ses entrailles.
T’KAR, sans quitter Vela du regard : Je suis d’accord. Il nous faut les meilleurs.
Fenras ne sut si elle s’adressait personnellement à lui ou à tous les membres de l’équipe de descente. Mais il décida
de le prendre pour lui et s’en rengorgea : c’était si rare qu’elle lance ce genre de compliments.
MATOLCK: A la bonne heure. Je crois qu’il est temps de se préparer. Vela ?
VELA: Grey et Kabal ont dressé quelques portraits-robots à partir des observations que le Commander T’Kar et moimême avons fourni. Nous avons aussi des noms, mais avec ce genre d’individus, il ne faut pas trop s’y fier. Des
fiches ont tout de même été crées avec l’aide du département CNS et des infos données par SFIntelligence :
habitudes, profil psychologique, tics de langage, etc… Tout est compilé dans des padds qui seront transmis aux deux
équipes.
HARKER : Une chose est sûre, c’est qu’on n’aura pas trop à se poser des questions quant à la Prime Directive…
ROY: Effectivement.
MATOLCK: D’autres suggestions ? Non ? Bon, messieurs, vous avez vos ordres.
Les portes coulissèrent dans leur chuintement caractéristique. Tous s’égaillèrent, retrouvant un peu d’enthousiasme
et beaucoup d’envie. Vela se dirigea vers le fauteuil de commandement de la passerelle où Davis trônait pour la
seconde fois en peu de temps. Il attendait.
DAVIS : Alors ?
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VELA: Tu viens.
DAVIS : Cool !
VELA: Hey ! C’est pas une partie de plaisir.
DAVIS : Arrête, tu sais bien qu’il ne s’agit pas de ça. Mais merci d’avoir soutenu mon idée.
VELA: Bah, t’es un gars sur qui on peut compter dans les coups durs. Et…
Il s’arrêta, voyant le visage de son ami s’assombrir en regardant par-dessus son épaule. Il se retourna. T’Kar était là,
la mine défaite mais ses yeux luisaient d’un éclat farouche.
T’KAR: Karl.
DAVIS : Euh, je voulais t’en parler mais…
T’KAR: Tu as bien fait. Je veux que tu les retrouves, et que tu punisses les ordures qui ont fait ça.
DAVIS : Je… C’est promis.
Il voulut tendre la main, pour la protéger, la rassurer, lui transmettre tous les sentiments qui lui consumaient l’âme,
mais il se retint.
T’KAR: Vela.
VELA: Commander.
T’KAR: Vous réussirez, n’est-ce pas ?
VELA: Je sais que vous n’avez pas… plus confiance en moi, mais je peux vous assurer que je ne reviendrai pas sans
eux.
T’KAR: Vous me… c’est promis ?
VELA: Je vous en fais le serment.
T’KAR: Vous savez, elle est… toute ma vie. Je ne me pardonnerai pas si vous échouez. Et à vous non plus.
Ses joues étaient déjà pâles, mais elles blanchirent encore davantage en prononçant ces mots.
VELA: Déjà que j’ai du mal à assumer…
Elle eut alors un geste qui surprit Fenras. Elle s’approcha, ouvrit les bras et le serra contre elle. Il sentait sa poitrine
se soulever à la cadence de sa respiration légèrement oppressée où se mêlaient quelques sanglots à peine
maîtrisés. Sa bouche était tout contre son oreille et le contact de sa pommette humide le fit fondre. Il ne savait plus
quoi faire et demeurait les bras ballants, sans oser regarder Davis à ses côtés. C’est alors qu’elle lui parla,
doucement, qu’elle chuchota ces mots :
T’KAR: Ramenez-les. Il le faut. Et laissez-moi le chef de ces bâtards.
VELA, inquiet : Je ne sais pas si…
T’KAR, le serrant plus fort : Si, vous savez… Vous le ferez pour moi.
Elle se détacha de lui. Il resta interdit, stupéfait. Il ne la vit pas donner un petit baiser très tendre sur la joue du pilote
et se détourner.
T’KAR: M. Bird, où en sommes-nous ?
BIRD : Mise en orbite dans 56 minutes.
T’KAR: Bien.
Elle attendit que Davis et Vela quittent pour la passerelle pour s’asseoir et se passer une main tremblante sur son
visage. Elle inspira une grande goulée d’air, cherchant à se contrôler. Se calma. Pris sa décision. Ferma les yeux. Et
se concentra. Elle n’eut pas à attendre longtemps.
HARKER, par télépathie : T’Kar ?
T’KAR: Jazz ? J’ai un service à te demander.
HARKER : Tout ce que tu veux, lumière de ma vie.
Elle hésita. Pas longtemps.
T’KAR: Jazz, je compte sur toi pour…sanctionner les pourritures qui m’ont fait ça.
HARKER : Mais… c’est le boulot de Vela de… Oh, je vois.
T’KAR: Je veux qu’ils paient. Vela est trop attaché aux règlements. Je sais qu’il retrouvera Nera mais il ne fera pas ce
qu’il faut pour punir ces chiens.
HARKER : C’est que…
T’KAR: Je ne peux compter que sur toi. J’ai besoin de toi.
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Il prit sa décision.
HARKER : Ils paieront, ma douce. Ils paieront leurs crimes.
67-Spriggan
La Tour Hellsing trônait fièrement au centre-ville de Paradise City, s'exposant à la convoitise permanente des gueux
vivotant à ses pieds. C'était un édifice d'une centaine d'étages recouvert de vitres teintées or, gardé farouchement
par une petite armée privée bien entraînée ainsi qu'une pléiade de systèmes d'alarme sophistiqués.
À l'intérieur de l'un des vingt ascenseurs, Lilium Gungrave et Gantz s'élevaient vers les sommets de la structure.
— Le patron… il habite ici? demanda Gantz à sa maîtresse.
— Le moins souvent possible. Ça n'est qu'un de ses pied-à-terre dans le cadran. On ne le voit pas souvent.
Gantz avait revêtu une sorte de grand manteau noir lui descendant jusqu'aux chevilles. Il avait tendance à s'élever
dans le vent à la façon d'une cape et le jeune homme trouvait ça plutôt cool. De biais, sans trop vouloir se faire
remarquer (il ignorait s'il en avait le droit), Gantz scrutait le corps parfait de sa propriétaire. Elle avait un peu chaud et
une fine pellicule de sueur faisait miroiter la peau légèrement ambrée de ses courbes excitantes.
— C'est quand tu veux, mon beau, laissa tomber Lilium sans cesser de fixer la porte devant elle.
Gantz rougit et regarda devant lui également. Comment avait-elle su qu'il la dévorait des yeux? Il était clair que la
jeune femme attendait depuis deux jours qu'il se décide. Mais, sans qu'il ne puisse s'expliquer pourquoi, quelque
chose le retenait. Probablement l'envie de se rappeler de qui il était, avant de s'autoriser un quelconque plaisir.
Des gardes les attendaient à la sortie de la cabine. Ils étaient six. Des gros, pas commodes, l'air méchant.
Gungrave n'était nullement impressionnée. Elle s'avança vers les doubles portes rouges au fond de la pièce mais fut
stoppée par l'un des molosses qui lui barra le chemin en posant une main à plat sur sa poitrine.
— Holà! Tu vas où comme ça? Grogna-t-il avec agressivité.
Les mains dans le dos, Lilium baissa les yeux et regarda la grosse main plaquée sur son sein droit. Une seconde
plus tard, le garde était penché vers l'avant et grimaçait de douleur tandis que Gungrave tenait son bras droit tordu
derrière lui. Un sinistre craquement plus tard, elle lui avait cassé le poignet pratiquement sans effort. Gantz n'en
revenait pas de la vitesse à laquelle elle avait opéré.
— Escusez-le, Miss Gungrave, plaida un autre garde en s'approchant d'elle avec déférence. Il est nouveau et ne
vous connaît pas.
Le garde blessé se tenait le bras en regardant la jeune femme avec stupéfaction.
— Tu te branleras avec l'autre, c'est pas grave, lui dit-elle sans émotion.
Puis elle regarda Gantz:
— Normalement, c'est toi qui aurais dû le faire.
Le jeune homme hocha la tête pour indiquer qu'il avait compris et qu'il en prenait bonne note.
Ils passèrent tous deux les portes rouges et entrèrent dans une antichambre où un secrétaire les accueillit.
=/\=
Gantz demeura dans le bureau du secrétaire tandis que Gungrave était introduite dans celui de Brett DeVille.
Ça n'était pas la première fois qu'elle y venait mais était toujours aussi impressionnée à chaque fois. La pièce était
vaste comme un gymnase, haute de deux étages, disposait de deux luxueux escaliers très larges et d'une
mezzanine. Le tout était richement décoré. L'endroit tenait davantage du loft que d'un bureau de travail. Il était
d'ailleurs réparti en "sections"… bureau, coin détente, bar, coin musculation, etc…
Pour le moment, le gros homme se trouvait dans une petite pièce secondaire où il s'adonnait sans plaisir à lacérer
une jeune femme à grands coups de fouet. Lilium demeura un peu à l'écart, indifférente, attendant que son patron
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termine sa petite récréation. Lorsque sa victime eue perdu connaissance, il s'arrêta. Penché vers l'avant, les mains
sur les genoux, il tâchait de reprendre son souffle. Il était trempé de sueur et dégageait une odeur désagréable de
forte transpiration.
Il donna son fouet à un majordome qui en retour lui plaça une serviette autour du cou. DeVille revint tranquillement
vers son bureau et s'adressa à Lilium sans la saluer, comme si elle était déjà là depuis plusieurs heures.
— Ça n'est même pas amusant, déplora-t-il.
— Qu'avait-elle fait pour mériter ça?
— Rien. C'est personne, cette fille. Une pute ramassée sur la rue. Je croyais que ça me distrairait.
DeVille prit place derrière son bureau et alluma un cigare.
— En fait, fit-il avec philosophie, ça n'est l'action de faire mal directement à une personne qui procure du plaisir. Mais
si cette fille avait été importante pour quelqu'un, si à travers elle j'avais pu blesser quelqu'un que je déteste, là oui
c'eut été orgasmique.
Lilium résuma son voyage avec les Scavengers et la mission réussie. Elle briefa également DeVille à propos de
Spriggan pour qu'il joue le jeu.
— Duquel s'agit-il? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Elle le décrivit. DeVille consultât ses fichiers.
— Petite sotte, t'as ramassé le type aux phéromones. Tu dois être sous son emprise! Amène-le au sous-sol et metlui une balle dans la tête.
Gungrave resta imperturbable.
— Je suis immunisée contre ces trucs-là et bien d'autres choses. Je garde Gantz.
DeVille n'avait pas envie de s'obstiner pour de pareilles babioles. D'ailleurs, ils furent interrompus par l'intercom sur
le bureau.
"L'Indépendance est en approche."
— Bien. Activez les balises, ordonna simplement DeVille.
Le gros truand s'adressa à nouveau à la jeune femme.
— Ils y ont mis le temps! À l'époque de Tellan, ça n'aurait pas traîné. Le capitaine Matolck a dû hésiter sur la marche
à suivre. Je lui ai un tout petit peu compliqué la vie, là… Ils suivent un localisateur qui est à l'intérieur du Bioweapon.
J'ai fait mettre neuf émetteurs un peu partout dans la ville. Ils vont maintenant avoir dix signaux et devront séparer
leurs ressources pour retrouver Von Ewig.
Lilium termina son récit à propos de la mission et DeVille s'anima soudainement.
— Vous dites que les Scavengers ont gardé deux officières? s'exclama-t-il. Ça n'était pas supposé! De qui parle-ton?
— Deux recrues sans importance, répondit Gungrave comme si elle s'en foutait totalement. Morak et Lenassy.
Le regard du potentat s'agrandit.
— Morak est la fille de leur F.O.! Ramenez-la moi!
Lilium hocha la tête tandis que Brett DeVille regardait en direction de la pièce où la jeune fille fouettée se vidait de son
sang. Avec délectation, il songea à Nera, à T'Kar et se mit à imaginer de nouveaux plaisirs…
68-Davis
« Capitaine, nous sommes en approche. »
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La femme à la chevelure brune s’approcha de son pilote. Elle regarda les écrans et les lectures des senseurs et
sembla satisfaite. Elle posa une main sur l’épaule de son pilote.
FEMME : « Cole, dis-moi, est-ce que nous réussirons enfin à le rattraper? »
Le pilote tourna la tête et son regard rencontra celui de sa capitaine. Il posa une main sur celle de la femme, celle qui
était sur sa propre épaule.
COLE : « Zee, je te le promets, nous l’aurons cette fois. »
Zee, la capitaine du petit vaisseau, s’approcha ensuite d’une console et appuya sur un bouton pour lancer une
communication avec un membre de son équipage ailleurs sur le vaisseau.
ZEE : « Passerelle à Doc. »
Le communicateur grincha quelques secondes le son redevint clair.
DOC : « Doc j’écoute. »
ZEE : « Nous approchons, tu es certain de tes données. »
DOC : « Absolument. »
ZEE : « Et nous sommes toujours occultés? »
DOC : « Toujours, même pour eux. »
ZEE : « Parfait. J’aimerais que tu nous rejoignes sur la passerelle lorsque tu auras terminé tes réglages. »
La capitaine coupa la communication. Si proches, ils étaient si proches. Depuis des années, son équipage et elle
étaient à la poursuite de leur vengeance. Depuis des années, ils essayaient de mettre la main sur l’homme qui était à
la source de tant de leurs misères. Avec le temps, ils avaient dû se détourner de plusieurs de leurs beaux principes
afin de pouvoir jouer sur un pied d’égalité avec les individus auxquels ils faisaient face. Ils leur avaient d’ailleurs
subtilisé une pièce importante lors de leur dernière escarmouche : un « cloaking device » que Doc avait ensuite
remanié afin d’être parfaitement indétectables. Maintenant, ils avaient repéré un vaisseau dans lequel naviguaient
des hommes à la solde de DeVille et ils comptaient bien se servir d’eux pour qu’ils le conduisent à ce malfrat. C’était
donc sous le couvert de l’invisibilité que le Venture filait le vaisseau pirate dans lequel se passait des événements
dont ils n’avaient aucune conscience.
COLE : « Capitaine, ils se dirigent droit vers la planète Tyrell. Il semblerait qu’ils vont y atterrir. »
ZEE : « Excellent. Places-nous en orbite et scannes les alentours pour des vaisseaux occultés, base-toi sur notre
signature et fait quelques modifications dans la fréquence. »
Zee quitta ensuite la petite passerelle et se dirigea vers le mess hall. Son équipe de sécurité attendait. Ils ne se
mirent pas au garde à vous lorsque leur capitaine arriva, ces façons de faire n’étaient plus utilisées à bord depuis fort
longtemps, ils avaient vécus trop de choses ensemble et vivaient en dehors des lois depuis un trop long moment pour
se formaliser de telles inutilités.
ZEE : « Messieurs, nous sommes en approche de la planète Tyrell. Nous croyons que c’est là que se trouve DeVille
et nous allons frappé bientôt. Préparez-vous et soyez prêts à partir dans une demi-heure. Drett, je crois savoir que
tu connais déjà cet endroit, est-ce qu’il y a des chances qu’on t’y reconnaisse? »
DRETT : « Aucune m’dame. »
ZEE : « Très bien. Alors préparez-vous messieurs. »
La capitaine laissa derrière elle les trois hommes qui formaient sa force de frappe. Drett était le plus âgé et avait les
tempes grisonnantes. L’homme avait survécu à tout ce qu’un homme peut survivre et encore plus. Une horrible
balafre parcourant sa gorge d’une oreille à l’autre pouvait en témoigner. Il la gardait habituellement cachée sous un
col roulé et n’en parlait jamais, mais à quelque part dans un coin de la galaxie on disait qu’un homme à qui des
pirates avaient tranchés la gorge avait réussi à tuer trois de ses ravisseurs de ses mains nues avant de déguerpir
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sans demander son reste. Si l’histoire était vraie ou si elle parlait de Drett, personne n’aurait su le dire. Son second
s’appelait Jay, un jeunot qui s’était retrouvé face à la dureté de la vie et qui avait dû s’adapter pour survivre. Sa
fougue et sa témérité, et surtout ses réflexes hors du commun, compensaient pour son manque d’expérience. Bien
sûr, Jay avait déjà son lot de missions, mais il se considérait toujours comme une recrue, réaction un peu naturelle
lorsque l’on côtoie un type comme Drett. Le troisième homme se faisait appelé Blank. Spécialiste d’infiltration, il
parlait très peu et mettait en général les gens mal à l’aise. Ses yeux étaient d’un noir d’ébène et aucun cheveu
n’avait jamais poussé sur son crâne. Porteur d’un don inouï, il se dégoûtait pourtant profondément et avait du mépris
pour la plupart des personnes possédant un don similaire au sien, qu’il avait su développer d’une façon sans pareille,
mais surtout il avait apprit à le supprimer lorsqu’il le fallait.
Lorsque Zee revint sur la passerelle, elle y trouva Cole et Doc assis à l’avant. Doc avait commencé les manœuvres
pour éviter que le Venture soit détecté par d’autres vaisseaux. Cole se retourna et prit conscience de la présence de
la femme seulement lorsqu’elle fut à côté d’eux.
COLE : « Capitaine, j’allais justement vous appeler. Un fait surprenant. »
ZEE : « Lequel? »
COLE : « Il semblerait qu’un vaisseau fédéré soit à proximité de la planète. D’après ce que Doc a pu relevé, il
semblerait qu’ils aient suivi le vaisseau des hommes de DeVille. »
ZEE : « Est-ce que DeVille aurait des hommes planqués dans la Starfleet également? »
DOC : « Je n’en douterais pas une seconde, mais sûrement pas suffisamment pour avoir à sa botte tout un vaisseau.
Ils sont probablement là pour une autre raison que par courtoisie. »
ZEE : « S’ils descendent sur cette planète ils vont se faire tuer en moins de dix minutes. »
COLE : « Ce n’est pas vraiment notre problème. Nous pourrions utiliser la distraction qu’ils créeraient. »
ZEE : « Si DeVille apprend que des officiers de Starfleet débarquent sur sa planète, il pourrait être tenté de mettre les
voiles, et je ne veux pas que ça arrive. Et par ailleurs, un vaisseau de cette taille pourrait nous être de grand secours
si jamais DeVille avait des renforts qui attendent dans le coin. Nous sommes peut-être rapide et solides, mais nous
ne pourrions pas faire face à tout un escadron. »
COLE : « Que tu dis. »
ZEE : « Je ne mets pas en doute tes capacités, Cole, mais les leurs. »
DOC : « Nous devrions les contacter dans ce cas. »
ZEE : « Excellente idée, en audio seulement pour commencer. »
==/\== Passerelle de l’Indépendance ==/\==
T’Kar s’était assise dans le fauteuil de commandement. Ses joues étaient encore humides des larmes qu’elle avait
versées, mais elle avait repris une attitude plus professionnelle, il était l’heure de fonctionner de façon optimale si elle
voulait que cette mission réussisse. Ils approchaient de la planète Tyrell et seraient bientôt en orbite, les équipes
pourraient y descendre. Ce peu d’optimisme chez la First Officer fut freiné par le chef des opérations.
ROY : « Commandeur, je doute encore que la façon du Capitaine soit la meilleure tactique à suivre. Je connais votre
implication et je comprends parfaitement, mais nous sommes d’abord et avant tout des officiers de Starfleet et ce coin
d’espace est régit par des lois. Lois qui risquent de nous causer problème. »
T’KAR : « Objection notée monsieur Roy. »
Le chef des opérations et TIC ramena simplement son attention à sa console. Il n’était pas rare que l’impulsion de
certains prenne le dessus sur les protocoles. Il n’eut pas le loisir de pousser plus avant ses réflexions car un
problème d’envergure se présentait devant lui.
ROY : « Commandeur. »
T’KAR : « Oui, monsieur Roy, quoi encore? »
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ROY : « Il semblerait que nous ayons un problème, et un de taille s’il en est. »
T’KAR : « C’est-à-dire? »
ROY : « Et bien le signal de la balise que nous poursuivions et qui indiquait la position de Von Ewig, il semblerait
qu’elle se soit multipliée. »
T’KAR : « Vous dites? »
ROY : « Il y a eut un brouillage et j’ai maintenant une dizaine de ces signaux, tous identiques. »
T’KAR : « Ce n’est pas possible. »
La demi-vulcaine se leva d’un bond et alla rejoindre le commandeur Roy qui fit un pas de côté pour laisser la place.
L’ancienne officière scientifique pianota sur la console puis émit un grognement. Elle alla jusqu’à une autre console
et refit le même manège. Il n’y avait pas d’erreur, il y avait bien maintenant dix signaux et impossible de savoir lequel
était le bon. La commandeur T’Kar tapa sur son combadge.
T’KAR : « T’Kar à Matolck. »
MATOLCK v.c. : « Je croyais avoir tout mis au clair, c’est moi qui part. »
T’KAR : « Vous vous méprenez monsieur, nous avons un problème. Vous devriez revenir sur la passerelle. »
MATOLCK v.c. : « Très bien, j’arrive. »
T’KAR : « Monsieur Bird, combien de temps avant la mise en orbite? »
BIRD : « 32 minutes madame. »
Quelques instants plus tard, le capitaine se présenta sur la passerelle. Il était vêtu d’une combinaison de combat et
arborait plusieurs accessoires. Un gonflement à son torse laissait deviner une protection supplémentaire portée
dessous la combinaison. Lorsque la demi-vulcaine l’aperçu, elle lui jeta un regard du type « mais qu’est-ce que c’est
que cet accoutrement? » auquel le capitaine répondit par un regard du type « veux pas en parler, maudit Vela et ses
‘faut protéger le capitaine’ ». Roy fit ensuite part du dernier événement au capitaine qui se mit à avoir les oreilles qui
chauffent.
MATOLCK : *non mais qu’est-ce que c’est que ces signaux à la noix de mission de merde de fouteurs de troubles qui
nous lâchent pas deux secondes…*
MATOLCK : « Monsieur Roy, il n’y a pas moyen d’identifier lequel et le nôtre? »
ROY : « Impossible sir, ils sont tous identiques et à la distance à laquelle nous étions de la planète lorsqu’ils sont
apparus, impossible de discerner lequel nous suivions plus tôt. »
MATOLCK en tapant sur son combadge: « Monsieur Vela! Sur la passerelle. »
Il ne fallu pas beaucoup de temps avant que l’andorien passe les portes coulissantes. Une fois la situation exposée, il
fallait réagir, le temps passait et les ressources manquaient. Il serait impossible d’investir dix points en douce
simultanément. Plus qu’une vingtaine de minute avant la mise en orbite.
ROY : « Monsieur, nous recevons une communication, audio seulement. »
MATOLCK : « Ça nous vient de qui? »
ROY : « Probablement un vaisseau, monsieur, mais impossible d’identifier la source. »
MATOLCK : « Faites passer, monsieur Roy, et essayez de localiser la provenance. »
Le chef des opérations activa la communication et fit signe à son capitaine.
MATOLCK : « Ici le Capitaine Matolck du U.S.S. Independance des Fédérations Unies, à qui ai-je l’honneur? »
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ZEE : « Je m’appelle Zee, Capitaine du Venture. Enchantée de vous rencontrer Capitaine. »
MATOLCK : « Moi de même. Désolé d’aller droit au but mais nous sommes un peu pressés. Que nous voulez-vous
exactement? »
ZEE : « Je vous appelle pour vous mettre en garde : ne vous approchez pas de Tyrell. Et vous pouvez cesser de
tenter de localiser notre vaisseau, vous n’y arriverez pas. »
Le chef des opérations se retourna vers son capitaine, suspendant ses activités. Matolck se contenta de faire un
signe de la main et de la tête qui voulait clairement dire « continuez quand même ».
MATOLCK : « C’est très gentil, mais je ne vois pas en quoi cela vous regarde. »
ZEE : « Nous sommes à la recherche d’un homme que nous croyons être sur Tyrell et nous ne voudrions pas que
votre présence l’alarme. »
La demi-vulcaine s’approcha du demi-vulcain et lui souffla à l’oreille :
T’KAR : « Monsieur, ce pourrait être un piège ou une tactique d’évasion. »
MATOLCK sur le même ton : « Je sais commandeur, mais nous sommes dans une impasse ici. »
MATOLCK plus fort : « Nous sommes nous aussi à la recherche de quelqu’un. De plusieurs personnes, en fait. »
ZEE : « Alors je vous conseille de laisser tomber. Un vaisseau fédéré dans ce coin de l’espace se fera remarquer
bien assez vite si ce n’est déjà fait. Et je vous déconseille fortement de penser à mettre le pied dans Paradise City,
vous ne tiendriez pas une heure. »
MATOLCK : « Je crois que vous nous comprenez mal. Nous devons nous rendre sur Tyrell. Nous devons récupérer
des officiers à nous. »
À ces mots, la demi-vulcaine fit de gros yeux au capitaine Matolck, ce qui fut appuyé par un regard confus de Denis
Roy qui trouvait que le capitaine jouait sur une corde raide. Le brave capitaine leur fit simplement signe de la main,
sachant parfaitement ce qu’il faisait.
MATOLCK : « Capitaine Zee, nous avons besoin de nous rendre sur cette planète car Brett DeVille a fait kidnappé
certains de nos membres d’équipages. »
Il y eut un silence. Puis le silence dura. Matolck s’imaginait très bien la capitaine discuter avec les membres de son
équipage sur son propre vaisseau. Il gardait ses yeux fixés sur le profond de l’espace qui lui présentait l’écran
principal. Nul besoin d’observer autour de lui pour voir que ses officiers désapprouvaient la divulgation de telle
information à de parfaits inconnus, d’autant plus qu’ils auraient pu travailler pour DeVille. Mais quelque chose au fond
du Capitaine lui faisait savoir que ce n’était pas le cas, qu’ils allaient se trouver des alliés et qu’ils en avaient besoin
plus que jamais à cet instant.
MATOLCK : « Capitaine Zee? »
ZEE : « Capitaine Matolck, mon équipage et moi-même croyons que nous pourrions sans doute nous entraider. Je
demande la permission de monter à bord avec trois de mes officiers. »
MATOLCK : « Permission accordée. Vous souhaitez vous arrimer ou nous donner vos coordonnées pour la
téléportation? »
ZEE : « Je préférerais utiliser nos propres téléporteurs. Simple question technique pour maintenir notre système
d’occultation. »
Après consultation rapide et objections de certains, il fut d’un accord commun que la Capitaine Zee et trois de ses
officiers se rendraient dans la salle de réunion pour y rencontrer le Capitaine Matolck et le senior staff, avec quelques
ajouts du côté de la sécurité. La vitesse de l’Indépendance fut réduite quelque peu, au désespoir de T’Kar, afin
d’avoir un peu de temps avant l’arrivée. Il était vraisemblable que l’arrivée d’un vaisseau fédéré se ferait remarqué et
Matolck désirait éviter que ce soit pendant que le senior staff était en réunion.
D’un côté de la table, Zee, flanquée de Cole, Blank et Drett, faisaient face à Matolck et ses officiers installés de l’autre
côté. L’allure des quatre invités n’était pas sans rappeler à Vela et T’Kar l’apparence des pirates rencontrés sur le
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Cerbère. Ils n’étaient peut-être pas aussi repoussants, mais ils s’habillaient eux aussi en pirates. Vela gardait
d’ailleurs l’œil sur Drett qui avait à sa ceinture et à quelques endroits cachés des armes de poing qu’il n’avait encore
jamais vu.
ZEE : « Capitaine, vous devez comprendre que Paradise City n’est pas un endroit où sont accueillis à bras ouverts
des personnes comme des officiers fédérés. Si vous descendez là avec vos uniformes et vos badges et je ne sais
quoi encore, vous vous ferez trouer la peau rapidement. »
MATOLCK : « Nous comptions revêtir des habits plus discrets. Et nous savions où aller alors que malheureusement
nous avons perdu cette trace. »
ZEE : « C’est-à-dire? »
MATOLCK : « L’une des personnes kidnappées avait sur elle un traceur qui nous aurait permis de la localiser.
Malheureusement, lorsque nous nous sommes approchés, ce signal s’est multiplié. »
La capitaine du venture jeta un regard de côté à son pilote.
COLE : « Il sait qu’ils sont ici, il est trop tard. »
MATOLCK : « Vous parlez de DeVille? »
ZEE : « Il devait savoir que vous viendriez. Ce qui veut dire qu’il est sur cette planète et que ce qu’il vous a prit ait
aussi cher à ses yeux qu’aux vôtres. C’est pourquoi nous désirons vous filer un coup de main. Nous vous aidons à
récupérer vos officiers, vous nous aidez à mettre la main sur DeVille. »
MATOLCK : « Ça me semble correct. Il nous était impossible de pénétrer dix points simultanément avec nos effectifs,
mais avec votre aide il se pourrait que ce soit possible. De combien d’hommes disposez-vous? »
ZEE : « Les trois hommes que vous voyez ici et les deux autres qui sont restés sur mon vaisseau. »
Il y eut un silence froid dans la pièce. Matolck tourna la tête vers T’Kar, puis vers Vela.
MATOLCK : « C’est tout? »
ZEE : « C’est suffisant. »
MATOLCK : « Vous manoeuvrez un vaisseau avec un équipage de six officiers? »
ZEE : « Nous ne sommes pas officiers, et oui effectivement nous ne sommes que six, et c’est suffisant pour notre
vaisseau. »
MATOLCK : « Ce ne sera toujours pas suffisant pour une frappe simultanée. »
ZEE : « Ce sera inutile capitaine. »
MATOLCK : « Et que proposez-vous? »
ZEE : « Nous avons l’habitude de ce type d’endroit. Nous pouvons étudier vos dix signaux séparément en faisant de
l’infiltration et…de l’invasion si je puis dire. »
MATOLCK : « De l’invasion? »
ZEE : « Voyez-vous capitaine, je connais bien Starfleet. J’apprécie ce en quoi vous croyez et ce pourquoi vous vous
battez, mais vous êtes beaucoup trop limités par vos protocoles, vos valeurs et vos méthodes. Faiblesse que mon
équipage et moi-même ne partageons pas. De plus, j’ai un excellent pilote ici, Cole, qui pourra nous faire atterrir sans
aucune difficulté et sans se faire remarquer. J’ai une équipe de frappe efficace menée par Drett ici présent. Et il vaut
mieux ne pas nous poser de question sur nos méthodes, ce serait inutile. Par contre je puis vous dire que nous
sommes efficaces. »
MATOLCK : « Nous avons aussi un très bon pilote et de très bons agents de sécurité qui pourront vous appuyer. »
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Zee sembla hésiter un moment pendant que Matolck disait cette phrase en désignant Davis et Vela. Comme dans
toute bonne situation de ce genre, les deux pilotes se jaugèrent, tout comme les deux hommes d’action.
ZEE : « Oui mais nous avons un avantage que je doute vous puissiez égaler. Blank à ma droite à des dons spéciaux
qui n’ont d’égaux nulle part ailleurs. »
MATOLCK : « De quel type? »
ZEE : « Blank est un télépathe hors pair. »
MATOLCK : « Alors là, nous avons nous-même un télépathe puissant. »
Harker fit quelques pas en avant au signe de son capitaine.
ZEE : « Je doute qu’il fasse l’affaire, sauf votre respect. »
HARKER : « Madame, ce serait une erreur de me sous-estimez. D’ailleurs, votre télépathe ne semble pas
particulièrement avancé dans son apprentissage. Je peux habituellement détecté les gens qui font de l’empathie et
de la télépathie, et je ne ressens rien lorsque je le sonde. »
Blank, qui n’avait pas bougé de l’entretien, se contenta de tourner les yeux vers Harker, sans tourner la tête.
BLANK : « Je vois que vos dons sont toujours actifs, c’est bien, c’est fort. Mais savez-vous les arrêter? »
HARKER : « Les arrêter? Je peux ne pas les utiliser avec de la concentration mais… »
BLANK : « Non, je veux vraiment dire, les arrêter. Voyez-vous, aucun télépathe ne peut supprimer ces donc pour un
moment, il y a toujours un résidu. »
HARKER : « Et alors? »
BLANK : « Vous êtes détectables. »
HARKER : « Et vous ? »
Un son aigu et perçant frappa les tympans de l’officier des opérations. On aurait cru le cri déchirant d’une banshee
possédée. L’officier vacilla une seconde puis tout stoppa.
BLANK : « Moi, je peux arriver par surprise. Oh ne vous donnez pas la peine, je sais que vous essayez de me rendre
la pareille en ce moment même, vous n’y arriverez pas. »
Les yeux de Blank quittèrent Harker et se posèrent sur Matolck.
BLANK : « De plus, capitaine, il y a dans Paradise City des senseurs de télépathes installés par les gros bonnets du
crime organisé, pour éviter que des fouineurs pointent leur nez dans leurs affaires. Ces senseurs, lorsqu’ils localisent
un télépathe, envoient une onde perceptible par le télépathe seulement. Cette onde, capitaine, peut faire de graves
dommages et même entraîner la mort. »
MATOLCK : « Et vous y êtes immunisé. »
BLANK : « Parce que je peux supprimer ma télépathie, oui. »
MATOLCK : « Bon. Capitaine Zee, je ne veux pas vous demander trop de détails sur vos méthodes, mais vous
devez comprendre qu’il est primordial de retrouver mes officiers en vie et sans blessures, au plus vite. »
ZEE : « Bien sûr capitaine. »
MATOLCK : « Et nous ne pouvons rester les bras croisés. »
ZEE : « Il va de soit. Nous vous aiderons à adopter une apparence qui n’alarmera pas la population locale. Nous
vous conseillons aussi de laisser votre vaisseau derrière et de n’approcher qu’avec une navette, ce sera plus
discret. »
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Matolck commença à partager les informations qu’ils avaient sur les dix signaux à vérifier et Zee demanda à Drett de
partager ses connaissances sur la ville de Paradise City.
69-Lenassy
La pièce est immense, oubliés les espaces confinés et économiques. Il y avait là toute l'imagination débordante d'un
architecte et de maîtres d'oeuvre qui avaient travaillé pour donner à cette bâtisse un cachet qui n'aurait son pareil
dans cet îlot ô combien artificiel et si plein de promesses trahies.
Levant les yeux vers le ciel, le toit est une demi-rotonde de plaques de verre maintenues à coups de boulons d'une
taille exemplaire et de filets argentés masquant artistement les soudures importantes, maintenant l'aérienne structure.
Le pas résonne dans cet environnement. Le sol pavé de marbre ivoire aux stries sombres rend l'image des visiteurs,
légèrement déformée.
La lumière de l'extérieur frappe la toiture qui n'est là que pour protéger des éléments naturels. La pluie battante
n'arrive pas à enlever de sa majesté à l'endroit.
Au milieu de la pièce une fontaine où des plantes grimpent vers le toit se mettant à l'abri de l'hypothétique noirceur de
la nuit. L'on imagine facilement qu'il y aura toujours de la lumière pour ces spécimens photo-sensibles regorgeant de
vie étrangère aux lieux. De l'eau coule en permanence en circuit fermé.
La pièce est partagée en plusieurs lieux différents sans nulle cloison pour en gâcher la profondeur et l'effet d'optique
rendu. Il semble qu'elle n'ait pas de fin, jusqu'à ce que les miroirs se penchant comme dans une révérence ne soient
perceptibles par quelques subtils changements dans le rendu de couleurs et de formes.
Un coin salon avec des canapés qui tiennent beaucoup de divans à la récamier où de lascives beautés rêvent de ce
que l'extérieur pourrait leur apporter. Tout incite au calme et au repos. Une belle dizaine de personnes peuvent se
tenir là, entourant un plan de réception arrondi. L'on s'attend à ce que la table cachée s'élève seule à l'approche de
convives, même non attendus. Plusieurs robots domestiques attendent dans leur rampe de rangement de détecter le
moindre incident repérable, sur lesquels ils pourraient efficacement intervenir.
Dans le fond qui s'avère un peu sombre un mur entier accueille des végétaux en pente droite. Ordinairement
parasites dans des forêts tropicales, une collection d'orchidées et de plan de différentes planètes, vestiges de la
venue de gens de qualité dans les lieux, s'est développée, envahissant d'yeux de velours lorgnant le visiteur de leurs
visages d'anges cachottiers. Toutes se sont parées de leur meilleur déguisement, aguichant leur voisine, la
confondant avec ce qu'elles attendent.
De petits animaux ont pris racines à la place des plans aériens, qui d'un terrier ou d'un cocon, limitant leur expansion
par d'habiles équilibres imposés par la main de l'homme.
L'endroit semble paradisiaque. Une volée de marches en demi-cercle guide le visiteur jusque dans un salon où de
hautes étagères de verre accueillent des succédanés de livres anciens, souvenirs d'un passé glorieux depuis
dépassé.
En vis-à-vis de ces lieux de détente et d'attente, un vrai zinc luisant de mille feux porté par d'aériens arceaux de verre
et d'acier, s'appuie majestueusement sur des colonnades se perdant vers nulle part et qu'il garde jalousement. Une
série de tabourets aux longs tubes argentés s'allient avec un pseudo cuir presque neuf aux couleurs fauves. Ils
disparaissent de l'oeil brusquement dévoré par la reproduction parfaite de deux défenses d'un animal depuis
longtemps disparu qui souligne les arceaux d'acier d'une touche d'originalité.
Des plantes grimpantes s'enroulent autour des colonnes, chichement, ne recherchant qu'à se mirer sur le zinc.
Puis enfin l'on voit de-ci, de-là quelques visiteurs minuscules écrasés par la majesté des lieux. Des serveurs
s'activent, de table en table qui accueille peu de personnes à la fois.
La surface impressionnante est loin de ne pouvoir prendre la mesure des impatients qui souhaitent s'abreuver,
malgré la pluie battante.
Un barman secoue un checker avec vigueur cherchant à impressionner une belle bolienne à l'air pensif. La
charmante par ses atours du dernier cri ne jure pas dans le décor et semble avoir pris là ses quartiers d'été tout
mouillé. Elle susurre quelques mots qui attirent un serveur qui s'incline respectueux. La dame n'est pas moins que
l'épouse du propriétaire des lieux et rien ne serait trop beau pour cette beauté qui réussit à être diaphane, silencieuse
et si explosive de présence.
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Elle se dirige vers un petit salon, le serveur tire un fauteuil, l’installant confortablement. Elle s'installe ravie dans son
douillet accueil et observe ses voisins.
Il y a là une jeune femme qu'elle a sans doute croisée. Elle la trouve attirante mais quelque chose en elle laisse un
soupçon d'épices dangereuses. C'est une rousse à l'allure de lionne. Son regard croise un instant celui de notre
beauté qui se trouve chez elle. Puis son regard passe sur l'homme qui l'accompagne, jeune, insignifiant et attirant
pourtant.
Le serveur revient avec sa commande, elle somnole rapidement, attendant que l'astre local se couche venant frapper
de ses rayons la vitrine sous laquelle ils sont exposés, attendant avec délice les rayons de lumière mordorée
mourants.
Le bruit d'un bris de verre explose dans le silence fait de mondanités murmurées donnant à l'égaré l'impression d'être
arrivé dans un monde hors du temps et des velléités quotidiennes de la vénéneuse cité au nom si peu approprié. Un
robot file à son travail, puis le calme revient.
La beauté rousse a à peine tourné la tête observant son compagnon. Celui-ci intrigué regarde le robot revenir sur sa
rampe. Les doigts de la femme s’agitent au-dessus des verres qu'on leur a servis. Une oreille fine aurait pu entendre
se dissoudre une poudre qui bientôt se mêle parfaitement à la boisson. Elle pousse le verre en direction de son
compagnon.
"Gantz bois donc ! Nous allons sortir."
Elle lui sourit gentiment et passe son index sur la joue qui mériterait un peu d'être rafraîchie s'il n'était si plaisant ainsi.
Il prend le verre et avale son contenu, essayant de se rappeler ce qu'il a perdu. Il sourit, presque automatiquement, il
est là pour ça, quelque part il le comprend et ne s'en formalise pas. Lilium l'a traîné en voiture couverte jusqu'à son
chez elle, avait-elle dit. Après une longue discussion à laquelle il n'avait pas assisté, Lilium l'avait entraîné hors de
chez le chef. Pourtant celui-ci l'avait à peine vu, était-ce parce qu'il n'était que quantité négligeable ? Au moins même
s'il ne savait pas pourquoi, il était un rien rassuré de pouvoir suivre dans le brouillard de son âme cette jolie femme au
regard si vif et enveloppant.
Il avait vu quelque chose qu'il avait peut-être deviné seulement, mais il a eu un haut le coeur, quand Lilium est
ressorti du bureau, il a vu la silhouette d'un gros homme tenant une masse de cheveux, une femme au sol, dormaitelle ? il l'avait lâchée et le son lui était parvenu. Il avait voulu interroger Lilium, mais sans savoir pourquoi avait remis
à plus tard.
Elle l'avait regardé.
"Nous avons des gens à récupérer, nous allons passer à l'hôtel avant, tu te rappelles ? j'y ai... nous y avons une
chambre, une suite."
Et elle l'avait amené là, s'absentant et le laissant derrière elle.
"Gantz restes là."
Elle l'avait abandonné devant la baie fumée pendant qu'elle disparaît dans un des ascenseurs. Il voit des piétons
pressés par la pluie, puis les véhicules fermés qui s'arrêtent devant l'hôtel, des gens endimanchés accompagnés du
portier suranné entrent. Gantz regarde, intéressé par les couleurs attrayantes de la tenue minimaliste de la femme.
Puis son regard navigue encore, une voiture passe, étrange, mal à propos pour sa conductrice si jeune au visage
d'ange, le passager se penche, regardant par la vitre, observant la façade aveugle. Gantz s'abreuve de nouveaux
visages et cette jolie blonde lui fait bondir le coeur un instant, puis elle disparaît.
"Amènes-toi Gantz on y va !"
Lilium est derrière lui faisant sauter dans sa main le passe d'un véhicule de luxe qui déjà se gare devant les marches.
"Tu veux conduire ?"
Il la regarde, admiratif. Elle s'est glissée dans une combinaison de simili-cuir de haute qualité épousant ses formes.
Gantz manque oublier de respirer. Elle sourit, il n'en a pas pour longtemps maintenant, ce soir peut-être. Elle enfile le
long manteau et pose sur sa tête une casquette de velours noir au large bord lui donnant l'air encore plus mystérieux.
Il laisse échapper un soupir, elle s'approche, passe ses bras autour de son cou, lui sourit.
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"Embrasse-moi."
Il la regarde un instant, puis sans le vouloir ses lèvres viennent se perdre sur les siennes. Interloqué, il recule,
pourquoi l'a-t-il embrassée, il ne le voulait pas, il en est certain. Elle éclate d'un rire presque joyeux et l'entraîne à
l'extérieur.
Ils mettront une bonne demi-heure pour arriver à destination. Gantz n'aime pas l'endroit, l'on dirait presque un piège.
Un chemin de gravier grimpe vers un entrepôt qui dans la grisaille ambiante se profile comme un entrepôt ayant
perdu son identité sur laquelle il roule. Un cahot puis le véhicule se stabilise. Lilium prend la carte.
"Attends un instant."
Une porte s'ouvre, on la regarde longuement puis elle entre.
70-Roy
Les positions des dix traceurs scintillaient sur une carte de Paradise City… Sérieusement, la Fédération devrait
arrêter de nommer des villes Paradise City, l’échec de Nimbus III aurait pourtant du déjà inciter les autorités à passer
à autre chose. Du moins c’était ce que pensait Denis… C’était ce à quoi il pensait pour oublier ce qui se passait
devant lui : une bande d’inconnu venait s’amuser à « aider » l’USS Indépendance à retrouver ses hommes. Comment
leur faire confiance ? Brett DeVille se moquait de Starfleet Intelligence pendant des années… Qu’est-ce qui ne nous
assurait pas qu’ils étaient à nouveau une autre de ses ruses ? Quelque chose histoire de nous créer un faux espoir et
de nous le briser après ?
Et ils osaient venir à bord d’un navire de la Fédération pour se moquer des protocoles établis et dire que nous ne
réussirions pas à aller sur ce fichu tas de merde qu’était Tyrell ? Oui, c’était les beau principes de la Fédération qui
faisait qu’on avait toujours pas nettoyé ce trou à rat avec des techniques plus radicales… Des principes auxquels il
fallait croire, mais se faire donner la leçon par eux…
Le chef des opérations restait donc assis la mâchoire serrée dans son fauteuil à regarder Matolck et Zee s’amuser à
essayer d’établir une espèce de plan de récupération. Et de toute façon, à quoi ça rimait ? On allait retrouver peutêtre Von Ewig et les quatre officiers manquants, mais tant que le sale rapace de DeVille restait en vie, c’était un
réseau tout entier qui restait tout à fait fonctionnel… L’organisation la plus organique connue qui fonctionnait à un
rythme beaucoup plus efficace que la hiérarchie de Starfleet…
Et puis, le navire était probablement déjà sous surveillance, une fuite était peut-être toujours sur le navire…
-
Vous suggérez de couvrir 6 points avec des équipes mixtes de vôtre équipage et du nôtre et de couvrir les 4
autres avec nos meilleurs éléments ?
Exactement, reprit Zee, ce sera plus efficace. Nous demandons à ce que vos officiers qui suivront mes
hommes soient… Comment dire ? Euh… Oui… Passifs. Nous sommes habitués à travailler seul et nous ne
voudrions pas nous… Empêtrer.
Ce dernier élément est hors de questions, mes hommes devront participer, répliqua Matolck sur un ton dur.
Ils ne sont pas des potiches que l’on place là pour regarder, ils sont sévèrement entraînés.
Soit… Soit… Mais bon, nous devons bouger, peut-être plus vite que ce à quoi ils s’attendent. Choisissez vos
hommes, mais faites le intelligemment. Nous retournons à bord de nôtre vaisseau…
Matolck se redressa pour saluer le Capitaine Zee :
-
Bien, nous nous reverrons…
Choisissez un endroit sur pour vôtre ville volante, dit Zee tranquillement.
Ce fut le moment que Denis choisi pour intervenir :
-
Pardonnez-moi, mais si nous arrêtons le navire ici, qui doit déjà être surveillé par DeVille, car nôtre venu était
probablement prévue… Il se doutera de quelque chose, lança-t-il sur un ton déjà rempli d’un dédain non
caché.
Le Lieutenant Major Roy a raison, si la roue semble tourner à l’inverse de ce que DeVille a dessiné il réagira
fortement, confirma Vela.
Vous devrez donc venir avec nous et… Faire des équipes de diversions qui partiront de l’Indépendance, dit
Zee. Vous avez 20 minutes.
Matolck acquiesça d’un signe de tête. Zee appuya sur un petit appareil sur son bras droit, puis fut enveloppée dans
un nuage de particules vertes qui l’emmena avec elle.
153/446
-
Bien… M. Vela, vos choix d’accompagnateurs ?
-
Un verre de scotch !
*
**
Le tellarite hocha d’un signe de tête puis sorti un verre crasseux de sous le comptoir et y versa un plein verre d’une
bouteille pas nécessairement plus propre dont l’étiquette était à peine lisible. Puis il poussa le verre vers l’homme qui
ième
était assis au bar. À cette heure, le petit bar de la 62
avenue était assez tranquille… En fait, il devait toujours être
tranquille, car c’était assez miteux. Le bar consistait en une petite salle au rez de chaussé d’un édifice à logement
construit à l’aire de la colonisation qui avait déjà donner son du. Une fois entré en poussant une porte vitrée qui
n’avait pas laissé passer un plein rayon de soleil depuis bien avant que la Fédération ne retire ses derniers effectifs
gouvernementaux, on trouvait un porte manteau qui était appuyé sur mur à sa gauche et trois tables rondes à droite
au centre desquelles trônait de vieux cendriers qui, eux aussi, avait déjà laissé passé la lumière.
Est-ce que les murs avaient déjà eut une couleur ? Probablement, mais pour l’instant, l’éclairage provenant de petites
lampes suspendues à des fils au dessus des tables et les néons au dessus du bar ne laissait rien entrevoir. Au fond
de la pièce se dressait le bar avec quatre bancs chancelants dont un que le Tellarite tenant le bar jurait de changer le
recouvrement depuis au moins un an. Derrière se trouvaient les appartements du Tellarites et d’autres salles à usage
multiples qu’avait découvert l’étranger au scotch. Car oui, c’était bien un étranger…
Il était sur Tyrell depuis six mois, c’était négocié un logis dans l’immeuble et descendait à chaque jours depuis au bar
prendre un ou deux verres de scotch. Il avait manqué deux semaines… Pour un contrat qu’il avait dit au Tellarite et ça
avait suffit. Tout le monde sur Tyrell ne voulait vraiment savoir pourquoi une personne disparaissait… De toute façon,
tout le monde finissait toujours par être descendu un jour ou l’autre. D’ailleurs… C’était bien comme ça que le
tenancier avait pris possession des lieux : il avait descendu le propriétaire.
-
Vous savez l’étranger… Je devrais vous le tenir prêt vôtre verre.
« L’étranger » poussa quelques barrettes de latinum en direction du serveur et goûta à son verre.
-
Le jour où je ne viendrai pas, vous aurez perdu un verre.
Ben ouais… Mais je l’ai déjà gagné ce verre perdu…
C’est toi qui le sais…
Le tellarite approcha un banc de l’arrière boutique et s’assit en face de l’étranger.
-
On dit que le grand « maître » est en ville. L’appartement de la tour Hellsing était éclairé…
Le grand maître ?
Allez… Joue pas les imbéciles, dit le tellarite avec une moue moqueuse si il lui était possible. Ouais… Il va
passer du latinum dans le coin… Les gars vont peut-être vouloir se faire du poker… Tu joues au poker
l’étranger ?
J’chuis pas très bon.
T’es pas bavard pourtant. Ça te dirait de jouer du latinum ?
Et comment je vais payer ton verre si je joue mon latinum ?
T’as qu’à pas tout gager… Et tu feras un autre contrat, rajouta le tellarite en souriant.
Le tenancier se leva et alla se servir un brandy puis revînt s’asseoir où il dit que le « gros Tony » était mort et il
raconta comment c’était arrivé. L’étranger se contenta d’un verre puis promis de jouer au poker si ils avaient besoin
d’un joueur et quitta le bar. Une fois dans la rue il remonta le col de sa veste en tweed usée vu le vent frais regarda à
gauche en s’engageant pour traverser la rue puis il entendit un cri qui le fit se retourner et vit un véhicule qui freina et
s’arrêta tout juste près de lui.
Il fit quelques pas pour se tasser du chemin, alors que l’adrénaline montait en lui et jeta un œil dans le véhicule où il
remarqua deux femmes, peu vêtues qui, bien que les traits tirés, semblaient venir d’un autre monde. La voiture reparti
en trombe, laissant l’homme perplexe. Il avait vu des choses étranges depuis qu’il était arrivé sur Tyrell… Étrange
était un bien grand mot, mais il avait vu des coups de phasers en pleine rue sans que personne ne réagisse, des
voitures exploser à quelques pas de lui sans qu’aucun secours ne viennent jamais et autres événements du genres…
Il avait entendu des histoires de prostituées qui finissaient très mal, des histoires de drogue… Mais il devait admettre
que c’était la première fois qu’il voyait un duo de femmes vêtues légèrement dans une voiture en fuite prenant la
peine de freiner pour éviter un piéton. L’étranger eut bien aimer faire des statistiques sur les morts étranges de Tyrell
154/446
et s’imaginait déjà les titres suivants : accidents de la route du à une poursuite pour drogue impayée, piétons frappés
lors de poursuite, piétons blessés par coups de phasers perdus…
Reprenant son par cours sur le trottoir en face, son cerveau se mit à calculer rapidement, il était ici sur Tyrell pour un
but particulier : il avait un contrat, un contrat très important, mais un contrat qui se gagnerait sur longtemps. Il avait
réussi à le prendre en charge ou plutôt à se délier les mains et pouvoir jouer à sa guise… Il y avait déjà deux ans de
cela qu’il était sur sa trace, il avait été recalé parce que la tâche était trop grande pour lui, il serait incapable d’agir… Il
faudrait plus de ressources.
Eh bien, Sebastian Koreander Bux avait déjà gaspillé d’importantes ressources de Starfleet Intelligence pour mettre la
main sur Bret DeVille. Il avait nolisé un navire au complet, des espions, puis un second navire, des forces de
sécurité… Pour un succès mitigé. Pour chaque cellule que Bux mettait à sac, deux nouvelles se créaient. Starfleet
Intelligence avait donc demandé à Bux de continuer, histoire de ne pas dérouter DeVille, mais avait prélevé dans son
équipe un inspecteur des services de sécurité terrien, afin de répondre à sa demande de retirer du service. Le
Lieutenant DuPif était mort dans son retour sur Terre abord d’un Runabout.
DuPif était mort. Sauf pour lui-même… Il n’existait plus dans les registres, ses parents et amis avaient pleuré sa mort.
Bux avait fait faire un cérémonial à bord de leur navire. Il était devenu le néant… Sauf pour trois personnes de
Starfleet Intelligence qui l’avait rebaptisé Herbert Provençal. On lui avait fait apprendre une histoire de vie
parfaitement construite, on lui avait remis de faux papiers, on lui avait fait vivre une vie et créer une nouvelle identité
et une nouvelle apparence à laquelle il avait appris à adhérer pendant 6 mois et entraîner à vivre dans un monde qu’il
ne connaissait pas. Et il y avait maintenant 6 mois qu’il vivait sa nouvelle vie sur Tyrell avec un seul but, avec tout le
temps et les moyens nécessaire : éliminer Bret DeVille.
[HP : Pour les non-initiés, depuis que Brett DeVille est dans l’histoire de l’Indépendance, le Lieutenant DuPif
l’accompagne… Comme, lors de la dernière intervention de DeVille, DuPif était déjà convaincu que les moyens
employés par son supérieur, Bux, étaient inutiles, je me permets ici de lui donner une nouvelle orientation… Ce sera
de second plan… Mais fallait quand même pas qu’ils disparaissent. Et quand DeVille mourra, DuPif ou Provençal, ne
sera pas bien loin… ☺]
*
**
La dernière fois que Denis avait porté des vêtements civils exceptés pour frapper quelques moineaux ? Allez savoir !
Mais il n’était pas, mais pas du tout à l’aise là dedans et ça se voyait à 10 kilomètres. C’est d’ailleurs la première
chose que lui fit remarquer son nouveau collègue :
-
Changer d’air un peu… Vous ne faites pas parties des équipes de « diversion ».
Roy lui lança un regard de « Je sais bien, mais vous êtes pas à ma place vous ! ». Mais il réussit quand même à
transformer son indignation hautaine en frustration de la populace.
-
Voilà qui est mieux…
Comment Denis s’était retrouvé à faire équipe avec Drett ? Denis l’avait à peine prévue. Il aurait cru qu’on l’aurait
gardé à bord et qu’on l’aurait placé à la tête des équipes de diversion, comme l’avait suggéré ce fameux « pirates »
(y’avait-il un autre mot ?), mais semble-t-il qu’il fallait mieux que ce soit T’Kar et… Que pouvait dire Denis, c’était la
suite logique des arguments qu’il avait donné récemment. Alors, autant s’y faire, il accompagnerait le dénommé Drett
dans un casino où un des signaux était détecté pour faire de l’infiltration. Ça lui rappellerait les joies de l’entraînement
à l’Académie et les quelques uns de rafraîchissement obligatoire.
Il jeta un œil autour de lui dans la petite salle d’armement du Venture où étaient les autres « sélectionnés » dont
faisait parti Matolck, Vela, Davis, Kabal et… Tous des hommes bien entraînés quoi ! Enfin, il écouta les dernières
consignes de Vela, Zee et Matolck alors que le navire faisait ses dernières manœuvres pour atteindre le sol.
71-Spriggan
Aldane et Nera filaient le plus rapidement possible à travers les rues de Paradise City, tâchant tant bien que mal d'y
voir quelque chose au travers du pare-brise fouetté par la pluie battante. Ça n'était pas chose facile. Déjà, Nera avait
faillit écraser un pauvre passant qui traversait la rue… L'homme les avait regardées avec un air étrange… ça n'était
pas la peur d'avoir passé près d'être écrasé, ni la colère qu'il aurait pu légitimement diriger vers la conductrice. C'était
autre chose. Une sorte de stupeur. Comme si sans les connaître, il avait été étonné de les voir là.
155/446
La soirée commençait. L'horloge de bord racontait vingt heures passées. Les rues étaient pleines. Véhicules de
tous genres, piétons, prostituées, dealers… une faune hétéroclite dans un vacarme urbain sous l'arc-en-ciel de
lumière généré par des dizaines d'enseignes au néon. Pas le moins du monde rassurant pour les deux jeunes
femmes.
Elles étaient à bout. Épuisées physiquement, le système nerveux court-circuité, l'overdose d'adrénaline… Elles
avaient vécues tant de choses en si peu de temps! Aldane, surtout, se sentait sale. Sale et laide. On avait violé son
corps et pollué son âme. Les larmes aux yeux, elle repensait à sa vie d'il y avait à peine quelques jours. La quiétude
du quotidien sur l'Indépendance où ses problèmes se résumaient à trouver des quartiers plus spacieux, installer des
aquariums, et attirer Spriggan et Nera dans sa vie.
Elliot… ce jeune homme si attirant, si sympathique, drôle et terriblement sexy… [hp: oui bon ça va, soyez indulgent,
j'suis pas en train de me décrire :oP ] Qu'en avaient-ils fait? Le reverrait-elle un jour? Et dans le meilleur des cas,
même si le destin voulait qu'ils soient à nouveau réunis, comment lui avouerait-elle les horreurs qu'elle avait subies?
Serait-elle capable de se dévoiler à lui, sale, corrompue et souillée comme elle était devenue? Que penserait-il d'elle
après ça? Voudrait-il encore de cette femme avilie par les assauts répétés de monstres en rut? Et, au-delà de ces
considérations, serait-elle un jour capable d'aimer à nouveau? De s'offrir à un homme sans arrière pensée, sans
retenue, entièrement de corps et d'âme? Pourrait-elle à nouveau un jour faire l'amour?
— Il me manque, dit-elle simplement en regardant le bout de ses pieds.
— Il me manque aussi, répondit Nera qui, pour le moment, avait d'autres soucis que l'absence d'Elliot.
— J'ai peur pour lui. Ils s'en seront assurément débarrassés. Son corps gît peut-être quelque part… abandonné.
Nera soupira. Elle tenait mordicus à apaiser les angoisses de sa précieuse amie mais n'avait pas la tête à ça et ne
s'en sentait tout simplement pas capable à l'heure actuelle.
— Écoute, Aldane, commençons par nous sortir d'ici. Si nous parvenons à rejoindre l'Indépendance, je te promets
que nous ferons de Sprig notre priorité.
Lenassy renifla bruyamment à la façon d'un enfant acceptant enfin d'être consolé. Nera avait raison. Il leur fallait
avant tout songer à leur propre survie. À leur sécurité. À leur retour parmi les leurs.
— Que proposes-tu?
Nera parlait tout en continuant à conduire, le nez tout près du volant en un geste illusoire pour mieux voir au travers
du pare-brise.
— Cette ville compte forcément un spatioport. Il faut simplement trouver son emplacement. À rouler dans le centreville, nous croiserons forcément un véhicule de police ou des agents de l'ordre. N'importe quelle entité d'autorité fera
l'affaire. Ils sauront nous renseigner. Nous aider, peut-être, à quitter la planète.
D'un hochement de tête, Lenassy approuva la stratégie. Abandonnant son sort à son amie qui, visiblement, s'en
sortait bien mieux qu'elle, Aldane appuya son front sur la fenêtre de sa portière et imagina le visage de Spriggan dans
les gouttes d'eau perlant sur la vitre. Elle devait se souvenir de tout, pour eux deux.
=/\=
Lilium et Gantz se tiennent devant la porte d'entrée du repaire des Scavengers. La pluie les mitraille
impitoyablement. La jeune femme rousse regarde son "esclave". Même détrempé, avec ses mèches de cheveux
devant les yeux, il demeure impassible et beau. Elle met la main dans sa veste et en retire un objet magnifique. Une
arme de poing de fort calibre dont les teintes noir matte reflètent la lumière des lampadaires.
— C'est un cadeau, dit-elle en lui mettant l'arme dans la main. Entièrement en plastique et nylon. Pas de métal donc
très dure à détecter. Quinze balles dans le chargeur, une dans le canon. Légère et très puissante. Tu sais
comment… euh, tu te rappelles comment t'en servir?
Gantz ne se rappelle pas. Elle lui fait une démonstration rapide.
— Le cran de sûreté est ici. Tu le fais glisser comme ça. Rouge égale danger. L'arme est automatique. Tu vises
comme ça et tu appuies ici. Gaffe au recul! Tu éjectes le chargeur par-là et tu en remets un plein comme ceci…
156/446
Elle lui donne plusieurs chargeurs de rechange qu'elle glisse dans les poches profondes du long manteau noir.
— Merci, dit-il simplement en regardant l'arme.
Lilium saisit Gantz par la nuque et l'attire à elle. Elle glisse sa langue dans la bouche du jeune homme pour un long
baiser sensuel.
Ils entrent ensuite chez les Scavengers.
=/\=
Ils n'ont trouvés sur place que le dénommé Ar'esh en train de se faire soigner par un autre Scavenger nommé Trob,
et Rico allongé sur une banquette, visiblement inconscient. Aussi sympathique qu'une crise de foie, ce Trob. Lilium
avait demandé qu'on lui remette les prisonnières. Ar'esh l'avait invité à aller se faire foutre. Gungrave repensa à la
poudre glissée dans le verre de Gantz et songea intérieurement que ça serait en effet pour bientôt, mais elle s'abstint
de verbaliser cet aparté.
— Où sont-elles? demanda Lilium calmement. DeVille les réclame.
Trob lâcha un moment son pansement et fonça vers la jeune femme, les poings serrés.
Il stoppa net en sentant le bout glacé d'un canon contre sa tempe. Impassible et quasiment indifférent, Gantz gardait
la main gauche dans sa poche.
— Comme ça, maîtresse?
— Oui, comme ça, mon grand, approuva Lilium avec un sourire en coin.
— Rouge égale danger, dit Gantz à Trob en ponctuant l'affirmation d'un glissement de pouce s'accompagnant du
cliquetis caractéristique d'un cran de sûreté qui saute.
Trob leva doucement les mains, les doigts bien écartés, en signe de soumission. Ar'esh, toujours assis sur sa chaise,
grimaçait les mains crispées sur son ventre blessé.
— Nous ignorons où ces putes se trouvent, avoua Trob. Elles ont poignardé Ar'esh avant de s'enfuir avec la bagnole
de Rico. Vous pourrez lui demander de vous le confirmer quand il se réveillera… elles l'ont mis ko à coup de phaser.
Lilium savait qu'il disait vrai. Trob était un de ces attardés bien trop bête pour mentir sans que cela ne se voit dans
son visage. Tandis que Gantz tenait toujours son arme appuyée sur le crâne du gorille, elle s'empara d'un
communicateur et appela DeVille à qui elle transmit l'information donnée par le Scavenger.
— Ennuyeux… fit le caïd depuis son bureau.
— Pas vraiment, rétorqua la belle. Elles sont perdues et terrifiées. Elles vont chercher à fuir. On doit simplement les
cueillir au…
— … spatioport dirent-ils tous les deux en même temps.
— J'envoie un comité d'accueil. Vous avez quartier libre ce soir. Beau travail, Gungrave.
Lilium raccrocha. Elle observa Gantz et sût que la drogue faisait effet. Le produit devait annihiler toute résistance et
conditionner le consommateur à obéir aveuglément à toute suggestion. Ce qu'on appelait la "drogue du viol" avait en
plus le mérite de laisser la victime totalement amnésique des évènements auxquels elle se serait volontairement
soumise durant la période d'effet. Un trou de mémoire de plus ou de moins, s'était-elle dit, cédant à son égoïsme
proverbial.
Rien qu'en regardant les yeux de son "jouet", Gungrave savait qu'il n'était plus en contrôle de lui-même.
— Tu veux essayer ton cadeau? demanda-t-elle à Spriggan.
— Oui… je crois.
— Vas-y.
157/446
Aussitôt l'ordre prononcé, Elliot Spriggan fit exploser la cervelle de Trob qui s'écroula sur le sol, le corps parcouru de
spasmes. Le bruit de la détonation avait été assourdissant mais le tireur n'avait même pas cillé.
— Putain de bordel de merde! Hurla Ar'esh en reculant contre un mur avec sa chaise. Il est complètement givré, ton
mec!
Gantz baissa son canon et, blasé, vida tranquillement son chargeur dans l'abdomen de Trob. Puis il rechargea l'arme
comme Lilium le lui avait montré.
— Mon pauvre chéri, lui roucoula-t-elle en riant doucement. Tu as des éclaboussures un peu partout.
Affectueusement, elle nettoya le visage de Gantz avec un papier mouchoir [hp: ou l'équivalent du 24 siècle :o) ]
Sans la moindre expression, Gantz regarda Ar'esh et lui montra son arme.
— Léger et terriblement puissant, récita-t-il.
Ar'esh approuva d'un vif hochement de tête. Il était d'accord avec absolument tout ce que ce malade lui dirait.
— Viens, allons faire l'amour, ordonna Lilium.
— D'accord, accepta Gantz en remettant son arme dans sa poche, emboîtant le pas à sa maîtresse.
Ar'esh les regarda sortir puis baissa les yeux sur les restes de Trob. Il n'y avait pas à discuter, c'était réellement une
arme terrible. Et maintenant, le cadavre éparpillé faisait vraiment désordre.
72-Lenassy
"Dégagez, dégagez, y'a rien à voir !"
Le petit véhicule manque faire une embardée, sous la pluie battante, un attroupement s'est créé sur la voie expresse.
Nera grogne déjà. Aldane trouve que Nera grogne un peu trop, elle était maintenant trop nerveuse.
LENASSY : vas sur la droite c'est désert.
Nera suit l'inclination de la rue, longeant des façades borgnes et visiblement abandonnées.
MORAK : ça va nous éloigner du spatioport non ?
Aldane essaye d'apercevoir quelque chose à l'extérieur. Bien sûr qu'elle ne savait pas, mais elle faisait son possible
pour rester concentrée. Les indications étaient somme toute fantaisistes et plutôt archaïques, elles avaient cessé
d'être vraiment utiles dès qu'elles avaient franchi ce qu'ils avaient appelé la ceinture. Elle se disait silencieusement
qu'elles auraient dû écouter ce panneau qui pliait sous la pluie et avait énoncé cette sentence.
"Vous passez la ceinture"
En lettres d'un jaune phosphorescent, illuminant le long miroir humide, elles n'avaient fait que passer, espérant arriver
tout de suite au spatioport. Quelque part Aldane espérait qu'elles ne se trompaient pas de route. Elle cherchait
résolument un signe à l'extérieur les encourageant à continuer. Puis la route s'était faite moins encombrée et plus
étroite. Elles étaient passées de l'allure la plus vive que Nera ait pu jusqu'à aller au pas.
Une patrouille de mines renfrognées se demandant ce qu'elles faisaient là les avait suivies jusqu'à ce qu'elles
disparaissent, notant machinalement la présence du véhicule incongru et sans blindage.
Les filles avaient rapidement constaté qu'elles faisaient tache, les rares véhicules croisés avaient tout du char
d'assaut habilement camouflé et d'une laideur absolue avec ça, au contraire de l'indispensable parapluie sur roues
qu'elles utilisaient naïvement dans cet endroit perdu de tous. Puis de nouveau un chemin illuminé les guidait au-delà
de la ceinture.
LENASSY : tu t'y connais en communication ?
MORAK : tu sais, je ne sais même plus en quoi je me connais et puis j'ai mal au crâne s'est insupportable d'entendre
ce grésillement constamment.
158/446
Aldane penche la tête dévisageant sa jeune amie.
LENASSY : je n'entends rien si ce n'est la pluie qui tombe et je ne suis pas certaine que ce ne soit que de la pluie, j'ai
vu tout à l'heure un homme qui est tombé.
Nera fait une moue.
MORAK : ça n'était pas la pluie Aldane. J'ai l'impression que nous sommes sur une planète de gens comme ceux qui
nous ont enlevé.
Aldane se redresse, pas surprise, mais presque insultée par la remarque de la jeune fille.
LENASSY : voyons, ça n'est pas possible, il y a forcément des gens qui ne sont pas comme ça.
D'un air de profond doute Nera réplique.
MORAK : oui, probablement, celui que tu as vu tomber.
Aldane ouvre la bouche, puis voit le sourire se former sur les lèvres de son amie. Elle sourit à son tour, puis éclate de
rire. Un rire nerveux qui se finit en larmes, n'arrivant même plus à imaginer le pire. Pour libérer la tension, Nera la suit
éclatant elle aussi de rire. Elle tourne la tête vers Aldane et voyant comme dans un miroir comment elles sont attiffées
sanglote presque de rire, au point où elle est obligée de se ranger sur le côté, incapable de continuer.
MORAK : on ressemble vraiment plus à rien.
Aldane redresse le menton prenant un air très sérieux.
LENASSY : c'est absolument parfait, nous nous fondons à la population et c'est très inhabituel pour moi. Par pitié,
j'aimerais tellement retrouver mes vêtements et changer de chaussures, je déteste ces bottes.
MORAK : qu'elle chialeuse tu fais !
LENASSY : bon, c'est pas tout ça, mais tu as un plan ?
MORAK : je voudrais voir le spatioport. La ville est grande, alors il y a peut-être du monde, j'espère un peu que leur
système de sécurité soit simple à passer. Mais il nous faudra sans doute d'autres vêtements.
Aldane lève un sourcil dubitatif.
LENASSY : je n'ai pas vu beaucoup de boutiques pour arriver jusqu'ici.
MORAK : je veux voir s'il est possible d'accéder à un vaiss...
La voix de Nera s'interrompt comme le véhicule.
Face à elle une voie aérienne grimpe vers une structure importante et incertaine au travers du rideau des éléments
contrariés.
MORAK : c'est là que nous devons aller.
Aldane essaye d'apercevoir le sommet de la structure qui se perd dans les nuages.
MORAK : il n'y a que des navettes, ça ne peut pas être le spatioport... ou alors il est en orbite ? C'est minuscule.
LENASSY : on est trop loin Nera. Si ça n'est pas ça... Et si nous nous adressions tout simplement à l'autorité locale ?
Nera fait repartir le véhicule, longeant la rambarde, elle suit les véhicules prenant l'air assuré de celle qui sait où elle
va. Le passage de la sécurité n'est qu'une formalité. Un visage lunaire scrute sans attention particulière le visage
d'Aldane qui lui sourit. Surpris il fait un signe, faisant avancer le véhicule suivant.
Nera s'arrête un peu plus loin, au-delà du passage le plus important. Une foule bigarrée se déverse continuellement
par les portes vitrées. Elles sont arrivées, mais où exactement. Elle ne voudrait pas commettre d'impair.
159/446
Dans l'ombre, les deux jeunes femmes sortent du véhicule. Nera prend le sac qu'elles ont ramené avec elle, l'ouvre et
le fouille à la recherche de la carte prise sur le gros homme.
Aldane s'est arrangée comme elle l'a pu. Elle se trouve hideuse et plutôt mal mise. Puis elle s'occupe d'arranger un
peu Nera.
LENASSY : bon, tu ressembles à quelque chose... mais bon, rien à voir avec un officier de StarFleet.
MORAK : tu t'es pas vue !
Aldane se penche vers la vitre du véhicule manquant prendre un filet d'eau venu de plus haut.
Nera elle, regarde passer un groupe, elle ne voit pas leurs visages puisqu'ils sont emmitouflés dans un espèce de
manteau long avec une capuche à longs bords. Ils pénètrent dans la bâtisse où elles espèrent entrer sans coup férir.
Elle jette un oeil aux pantalons trop larges qu'a enfilés Aldane. Elles ont vraiment un aspect étrange, c'était certain.
Puis elle prend une profonde inspiration.
MORAK : si tu es prête on y va.
Aldane se redresse et lui fait un faible sourire.
LENASSY : on peut y aller.
Les deux filles passent les portes qui s'effaçent devant elle. L'intérieur est illuminé, la lumière crue n'a pas de pitié et
affiche implacable sur les écrans de contrôle, toutes les personnes qui entrent et sortent.
Rapidement Nera entraîne Aldane vers une file où elle a lu :
'VAVIT - Les meilleures navettes - Visitez le spatioport, ses boutiques - Gagnez un voyage pour Risa, un couple
gagnant seulement. Est-ce vous ?'
Dans la colonne qui s'est formée, Nera et Aldane se perdent rapidement à la vue. L'oeil atone de la caméra enregistre
d'autres visages, d'autres arrivées, d'autres départs. L'espoir renaît pour Nera et Aldane, même si Nera reste
méfiante. Aldane, désespérée par l'incertitude du sort d'Elliot se sent emportée par un tourbillon d'espoir. Elles vont
bientôt rentrer sur l'Indépendance et elles allaient le retrouver, l'arracher aux griffes de monstres sans nom et sans
visage. Elle voulait oublier leurs visages, ne plus les voir quand elle fermait les yeux.
MORAK : avances !
Le chuchotement de Nera la secoue, elle avance d'un pas dans la file qui s'amenuise doucement pour elles et grossit
derrière.
Au comptoir de la compagnie VAVIT, une femme avec un sourire commercial sur les lèvres reprend plusieurs cartes
sous son plan d'accueil et regarde Aldane et Nera qui se présentent.
"Deux places ?"
MORAK : oui deux, nous voulons la visite et faire quelques achats.
"Bien sûr, votre mode de paiement ?"
Nera reste juste un instant interdite, puis sort la carte volée à Ar'esh qu'elle tend à l'employée.
"Vous voulez participer au jeu bien sûr, pour partir vers Risa."
Elle sourit gentiment, frappant d'impatience du bout du pied sous son comptoir, elle a tellement envie de se trouver
ailleurs. Si seulement elle pouvait gagner le voyage...
La carte passe dans une fente, ressort ponctionnée du montant du voyage. L'employée rend la carte et leur tend deux
billets plastifiés.
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"Vous vous présentez au contrôle de la compagnie, vous suivez les flèches bleues et en route vers l'aventure."
Elle dit cette dernière phrase le ton légèrement ennuyé, puis passe aux clients suivants.
"Une place ?"
Les deux filles se dirigent rapidement vers les premières flèches bleues leur faisant traverser le hall immense. Nera
repère des équipes de sécurité pas très soucieuses, tout va bien. Elles seraient bientôt dans la navette.
Pressant le pas, une autre porte s'efface devant elles, une autre file d'attente.
"Billets !! Tendez vos billets et vos passes."
LENASSY : c'est quoi les passes ?
MORAK : j'en sais rien, attends, laisses-moi voir.
Elle voit dans les mains de la personne devant elle un billet comme elles ont elles-mêmes et une carte plastifiée. Elle
n'avait pas prévu ça, pourquoi y'avait-il besoin de ça, ça n'avait pas de sens.
LENASSY : mais on n'en a pas !
La voix d'Aldane a monté d'un cran, l'énervement, la prévision d'un échec attendu, le désespoir à nouveau.
Une voix moqueuse derrière elles.
"Les petites chéries ont oublié de faire faire leurs passes, ben, elles dégagent et reviennent plus tard."
LENASSY : et où est-ce qu'on obtient ses passes ?
Nera a voulu l'arrêter, trop tard, la zaldane regarde l'homme goguenard qui, même sous la tenue plutôt négligée,
repère la possibilité d'un intérêt évident.
Il montre du menton un comptoir qui annonce sur un bandeau placardé sur l'arche d'accueil.
'Les passes officiels pour deux jours, 5% moins cher - Entub&Cie la compagnie qui décoiffe'
LENASSY : merci Monsieur.
L'homme ne peut détacher ses yeux des deux femmes. Elles semblent être là comme un cheveu sur la soupe,
dépareillées dans les lieux. Elles ne savent même pas ce qu'est un passe, donc elles sont entrées en dehors du
circuit normal prévu pour les crétins comme lui. Pas de doute, elles devaient être recherchées. Il faudrait qu'il pense à
revoir les affiches. Après tout, il allait finir par le trouver son moyen pour se casser de ce trou puant !
Un peu plus tard il est entré dans la zone d'attente et d'affrètement des navettes. Derrière les vitres bombées il
réfléchit, puis se dirige vers le poste de sécurité. Le mur est envahi d'affichettes, ça allait lui prendre un fichu temps,
c'était certain. Il se mord la lèvre, c'était inutile, jamais il ne les retrouverait là-dedans avant qu'elles ne partent. Il
entre dans le bureau de la sécurité.
"Qu'est-ce qu'il veut lui !?"
"Messieurs, je viens signaler quelque chose de bizarre. Et je voulais savoir le prix pour..."
La porte se referme laissant l'indélicat à son histoire.
Pendant ce temps-là, Aldane et Nera se sont précipitées vers le nouveau comptoir, il leur faut ce foutu passe pour
embarquer. On se demandait bien pourquoi. Elles auraient été surprises de savoir pourquoi un tel document pouvait
exister sur Tyrell. En fait il avait été mis en place par la sécurité du spatioport. Pas vraiment dans un souci de
contrôle, mais plutôt pour aider à informer les chasseurs de primes de tout poil qui finissaient toujours par venir faire
un tour sur Tyrell et visiter sa si prometteuse population. Ils avaient toujours droit à un bon pourcentage.
Des photos sont prises dans un cagibi derrière le comptoir. Nera et Aldane ne sachant quoi dire ont donné des noms.
Mia Parrish et Lena Rork ressortent de chez Entube&Cie munies du précieux passe et refont la queue pour enfin
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parvenir à la navette.
Elles sont soulagées, la carte d'Ar'esh semblait bien remplie et tout le monde se fiche de savoir que Bill Murphy n'est
pas là et dépense sans compter son argent.
Elles passent le contrôle puis sont dirigées avec d'autres dans un couloir moquetté jusqu'à la salle d'embarquement
des navettes. Aldane n'a rien vu venir, mais Nera l'a senti, deux hommes se sont mis derrière elles, comme s'ils
étaient dans la file d'attente. Elle se concentre, morte de peur, était-ce déjà la fin de l'espoir qu'elles s'étaient construit
? C'est un homme de la sécurité et c'est après elles qu'ils en ont. Au bout du couloir des gardes armées regardent
passer les visiteurs, elle reconnaît derrière eux l'homme à qui Aldane a parlé. Elle prend la main d'Aldane dans la
sienne pour l'avertir, il faut qu'elles dégagent de là. Elles essaieront plus tard. Leurs yeux se croisent, Aldane
comprend à retardement, mais a compris, elles se lâchent les mains puis quittent brusquement la file, remontant vers
la sortie. Un bras se tend, Nera balance son pied.
Des cris de rage les poursuivent.
"ARRETEZ !! STOP !!"
Des injures suivent, un tir, les autres passagers se sont faits bousculer, un enfant pleure et regarde sa mère qui
s'écroule contre la paroi.
Nera et Aldane se jettent littéralement hors du couloir fonçant vers le hall. Elles ne peuvent plus rester là, il leur faut
retourner dans cette ville qu'elles ont traversée sans la voir.
Elles ne sont pas à l'entrée que déjà tout le grand hall est informé, par les cris et les tirs. Plusieurs autres personnes
sont tombées. Aldane est effrayée comme elle ne l'a jamais été, elles n'ont rien pour se défendre, ça n'avait pas de
sens, pourquoi leur tiraient-ils dessus ?
MORAK : dépêches-toi, la sortie est là.
Elles se précipitent vers le flot de nouveaux arrivés, se perdant dans la foule et arrivent aux portes.
Nera dans sa lancée enregistre tout ce qui l'entoure, recherchant d'autres dangers éventuels, foutues pour foutues
elles se laisseraient pas reprendre !
Puis elles les voient, une femme suivie encadrée de quatre hommes lourdement armés et l'un d'eux... Sprigg !
Elle interrompt sa course retenant Aldane qui ne comprend pas. La foule s'écarte. Les armes sont sorties des deux
côtés, les filles se retrouvent entre.
"Les mains derrière la tête, à genoux et vite !!"
La voix haletante d'un des hommes qui les ont poursuivies a du mal à passer les battements de son coeur prêt à
éclater.
Puis la femme parle d'une voix sèche.
"Bas les pattes, elles sont à nous !"
Lilium a reconnu Nera Morak, celle que recherche DeVille. Étonnant ce que le chef pouvait avoir comme informations
précieuses.
L'homme de la sécurité n'en a rien à fiche de Lilium et de sa bande de guignols. Si ce groupe veut les filles c'est
qu'elles doivent valoir un gros paquet et il est pas prêt de le lâcher.
Un filet d'injures, puis Nera voit ce qui se profile.
MORAK : ALDANE !!
Elle saisit le poignet de la jeune femme interloquée et pendant qu'un tir fourni commence sur leurs talons elles
courent aussi vite qu'elles le peuvent. La sortie bloquée, elles sont obligées de foncer au travers du hall recherchant
d'autres sorties.
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Nera n'a de cesse de penser : *il est vivant, il est vivant !*
73-Keffer
Les équipes de débarquement commençaient à se former dans la salle de téléportation en vue de la mission de
sauvetage, aussi, c'était sans doute le meilleur moment qu'il pouvait choisir pour finalement intervenir. Il y avait bel et
bien eu une seconde réunion, toute aussi brève que la première, et à laquelle il avait préféré ne rien dire et vérifier
ses choses plutôt que de donner des faux espoirs. De plus, une certaine hostilité semblait exister sur le navire entre
les chefs de département, et cela le rendait mal à l'aise. Depuis cette réunion, il s'était presque approprié Laurana,
qui avait bien accepté, initialement, de retourner en réunion avec lui, puis ensuite, de l'assister sur ses diverses
idées.
Ainsi, quand le docteur Lapointe et l'infirmière Laurana entrèrent dans la salle de téléportation, ils y trouvèrent
plusieurs groupes déjà formés.
Cette dernière le suivait avec un petit plateau à la main, ce qui lui donnait un certain air de serveuse dans les cafés et
restaurants, malgré le fait qu'elle soit en uniforme. Ceci dit, comme toujours, elle était radieuse.
Le médecin alla à la rencontre du Capitaine, qu'il croyait légèrement nerveux. Il discutait avec des gens qui n'étaient
pas en uniforme de Starfleet, et qu'il ne connaissait pas. Ceci dit, ce pouvait très bien être des officiers déguisés, car
Lapointe devait connaître à peu près 0,7% des effectifs du navire.
LAPOINTE : Capitaine, je peux vous parler un moment ?
Le capitaine termina sa phrase, et le groupe avec qui il discutait acquiesça, s'éparpillant par la suite dans la pièce.
MATOLCK : Monsieur Lapointe, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
LAPOINTE : En fait, c'est plutôt l'inverse monsieur.
L'officier médical en chef (intérimaire et récalcitrant à l'être) fit un quart de tour et pigea, parmi l'énorme quantité que
portait Laurana sur son plateau, un tricorder médical.
LAPOINTE : Voilà, à la suite de votre rencontre, j'ai pensé consulté les bases de données médicales de l'équipage et
vous préparer ceci...
MATOLCK : Un tricorder médical... C'est gentil, mais vous savez sûrement mieux vous en servir que moi.
Le commentaire fit sourire le médecin.
LAPOINTE : Ne vous en faites pas, son fonctionnement est entièrement automatisée, et ne nécessite aucune
formation... En fait, j'ai programmé ces unités pour rechercher dans l'environnement des traces de nos membres d'
équipage.
MATOLCK : Des traces ?
LAPOINTE : Oui. Ainsi, cette unité est en recherche constante pour des signes vitaux métaboliques de Lenassy, de
Mortak, et de Spiggan. Lenassy étant Zaldanne, et les zaldans n'ayant exploré l'espace qu'en très petit nombre, il est
fort probable que tout signes vitaux sur cette planète soit notre officière. De même, les hybrides vulcanoïdesbajoranoïdes ne sont pas des choses courants. Il y a de forte chance qu'une telle combinaison soit notre officière de
sécurité manquante. Tant qu'à Spriggan, ce n'est pas réellement sa spécificité anato-physiologique que recherche
cet appareil, mais tout simplement sa signature si particulière qui est cette hormone deltanne légèrement modifiée qui
lui donne un tel succès auprès des femmes.
MATOLCK : Et pour Ivafaire ?
Le médecin hésita, et soupira.
LAPOINTE : C'est un simple humain ordinaire, je ne peux pas faire des miracles. Comme il y a énormément
d'humain dans l'univers, je n'ai pas demandé au tricorder d'analyser ses paramètres anato-physiologiques. Par
contre, j'ai également inclus ceux de votre gars, là, Von Ewig.
Le capitaine prit l'appareil, et le regarda avec fierté.
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MATOLCK : C'est merveilleux !
Le médecin était bien moins enthousiaste.
LAPOINTE : Oui... Enfin, vous comprendrez que la portée effective n'est que de 20 m. Plus loin que cela, les
données seront probablement trop erratiques pour être pertinentes ou valables.
La bonne humeur du commandant s'en trouva légèrement affectée. En fait, c'était peut-être plus de la déception...
mais considérant qu'il avait gardé son idée secrète, les espoirs faramineux n'y avait pas été non plus.
MATOLCK : 20 m... C'est mieux que rien. Distribuez ça... et vous viendrez au sol avec moi.
Cette dernière remarque embarrassa le médecin.
LAPOINTE : Heu... Non... c'est pas une bonne idée.
MATOLCK : Pourquoi ?
LAPOINTE : Je suis neurophysiologiste... Demandez-moi de faire une nano-chirurgie hyper précise sur un crâne
ouvert... Mais mains sont hyper agiles, mais ne me demandez pas de faire une descente ou un autre truc du genre
d'infiltration. Je n'ai aucune formation de sécurité outre le maniement d'arme de base. Vous avez vous-même
mentionné à quel point votre expérience en tant qu'officier de sécurité serait pratique pour ce débarquement.
Matolck hésita longuement, mais fini par acquiescer. Il jeta alors un regard vers la comparse du médecin.
LAURANA : Je n'irai sûrement pas s'il n'y va pas.
À cet instant, Matolck regretta Cynthia Keffer. Il croyait que cette dernière ne se serait pas fait prier pour descendre
en bas.
MATOLCK : Mais, nous pourrions avoir besoin de vos services.
Lapointe acquiesça.
LAPOINTE : Effectivement, vous pourriez. En supposant qu'un tel cas se produise, il nous fera plaisir de demander à
Lécule, qui suivra vos constantes vitales, de vous remonter à bord, et nous ferons ce que nous avons à faire de la
sécurité de la salle de téléportation... ou encore de l 'infirmerie. Le service rendu ne sera que plus efficace.
Matolck regarda le médecin avec un air étonné. Comment cela se faisait-il qu'il n'avait pas encore entendu parler de
lui avant ? Il avait réponse à tout !
MATOLCK : Juste par curiosité, vous avez autre chose à proposer ?
LAPOINTE : Oui effectivement... Si vous voulez réduire le nombre de site à rechercher, en supposant que les
personnes manquantes sont gardé au même endroit, on pourrait analyser l'espace entourant chacune des balises,
disons, 1 000 000 mètres cube (ça semble beaucoup, mais c'est 100m x 100m x
100m) d'espace autour des balises, à la recherche de biosignatures zaldannes, hybrides vulcanoïdes-bajoranoïdes et
ceux de Von Ewig. Je doute que les senseurs puissent voir à une telle distance les phéromones de Spriggan. Si
vous trouvez tout cela dans le même espace restreint, c'est sûrement la bonne place.
MATOLCK : Ok... je vais en parler aux opérations...
LAPOINTE : Également, une autre chose que nous pourrions faire est de nous connecter sur les réseaux de
communications de la planète, et de tout écouter pour voir si il n'y est pas fait mention de nos officiers quelque part.
J'y connais pas vraiment grand chose, mais c'est de la vieille technologie. On doit sûrement pouvoir le faire.
MATOLCK : Même si nous pouvions le faire, personne ne peut tout écouter en même temps. Par le moment que l'on
trouve une information utile, elle risque d'être désuète.
La remarque fit rire le médecin.
LAPOINTE : Je vous avoue que ce n'est pas à la portée de tout le monde...Mais, nous, au département médical, on
est des sur-hommes...
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Le médecin regardait son commandant avec un demi-sourire... et reçu un coup de coude de la part de sa partenaire.
Il accorda son attention à sa partenaire, et ajouta, galamment.
LAPOINTE : Et aussi des sur-femmes, bien sûr, aucune offense voulue...
LAURANA : je n'en retiens aucune...
Il reporta son attention sur le capitaine, et ne pu que constater que sa blague n'était pas drôle. Ce dernier le regardait
avec un air sévère qui signifiait « Ne me faites pas perdre mon temps ». Ce n'était pas particulièrement grave, il s'y
était habitué.
LAPOINTE : En fait, les EMHs seraient particulièrement apte à remplir cette fonction. Après tout, ils sont capables
d'entendre et comprendre tout ce qui se passe dans le navire. On n'a qu'à les déconnecter du réseau du navire, et
les brancher sur les réseaux de communications locaux...
Le capitaine réfléchissait à cette possibilité, et Lapointe enchaîna avec une autre proposition.
LAPOINTE : Nous devrions aussi, bien sûr, contrôler les identités de nos invités du bord. Je peux très bien vous dire
que je suis le capitaine Matolck, et si vous ne vérifiez pas, vous ne devinerez sûrement pas la supercherie. Si vous
pouvez m'avoir des échantillons d'ADN, je les comparerai avec les bases de données des dossiers criminels de la
Fédération. On y fiche systématiquement l'ADN des délinquants.
74-Vela
L’imminence du départ avait changé la donne. L’humeur exécrable de certains responsables s’était muée en
débordement de vitalité : l’envie d’agir, enfin, gagnait l’équipage. Il était temps pour les membres de l’Indépendance
de faire payer la note à ceux qui avaient osé s’en prendre aux leurs : une solidarité toute familiale unissait à présent
les esprits, leur permettant de se focaliser sur l’objectif précis de la mission. Certes, il s’agissait d’une mission de
sauvetage, mais les CNS se doutaient que derrière les regards enfiévrés des grands pontes, l’heure de la vengeance
avait sonné. S’ils s’en inquiétaient, ils n’osaient rien en montrer. Sudrone les regardait s’affairer avec curiosité et une
légère pointe d’envie et, lorsqu’il faisait part de ses réticences concernant les véritables enjeux des actions qui se
préparaient, le bon Visao, d’un ton docte mais lourd de sens, lui faisait comprendre qu’il fallait les laisser se défouler –
et qu’au retour, il sauraient bien assez de problèmes sur les bras quant aux répercussions psychologiques du rapt sur
les personnalités de Morak, Lenassy, Ivafaire et Spriggan. A la mention de la belle Zaldanne, le nouveau conseiller se
prit à rêver d’entretiens réguliers avec sa voisine de palier ; puis, se rendant compte des souffrances qu’elle était
peut-être en train d’endurer, ses yeux se glacèrent et ses traits se durcirent.
« Vous voyez ? » lui disait alors son chef de département. « Vous n’êtes pas si différent d’eux, à la base. Sauf que
c’est eux qui vont au charbon, et nous qui recollons les morceaux ensuite. »
Sudrone ne savait plus quoi répondre et se contentait alors d’offrit son aide modeste aux élus appelés à investir le sol
de Tyrell. Il ne voyait pas dès lors le regard de Visao constamment posé sur sa nuque, ne perdant pas une miette de
ses agissements…
***
KABAL : Frissk, pas trop tôt ! T’es censé faire partie de l’équipe delta mon vieux ! Où est ton barda ?
FRISSK : Tout est prêt, te cassssse pas. Je voulais parler au chefff.
KABAL : L’a pas le temps.
FRISSK : 2 minutes.
KABAL : Non. Grouille, ils t’attendent !
FRISSK : Une, alors.
Kabal cessa sur-le-champ ses activités de coordinateur et appela immédiatement Dunkin pour le suppléer : il n’était
en effet guère dans les habitudes du Caïtien de quémander. Le second de Vela connaissait ses hommes et savait ce
qui se cachait derrière chaque réclamation, chaque protestation, chaque mine renfrognée : Frissk avait quelque
chose d’important à présenter au Chef, et il se devait de le lui permettre.
KABAL : Suis-moi, mais ne pleure pas si t’es remballé aussi sec !
FRISSK : OK.
KABAL : Mais… qu’est-ce que… ?
FRISSK, mi-inquiet, mi-amusé : Quoi ? T’as vu quelque chose ?
KABAL, intrigué : Je ne sais pas vraiment. En fait, j’ai cru voir quelqu’un. Bah, laisse tomber.
FRISSK, dans un léger soupir : OK.
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***
MATOLCK : C’est recalibré ?
T’KAR : On me fait signe que oui. Grey est venu donner un coup de main à Naïma.
MATOLCK : Et les premiers résultats ?
T’KAR : Au moins un quart d’heure.
MATOLCK : Merci T’Kar.
Le Capitaine coupa la communication et se tourna vers Vela et Zee.
MATOLCK : Qu’en pensez-vous ?
VELA : C’est la sagesse même, et d’une logique implacable. C’est le Dr Lapointe, vous dites ?
MATOLCK : Exact.
VELA : Si on pouvait réduire de moitié le nombre de zones à investir, ce serait déjà ça de gagner et renforcerait notre
stratégie.
ZEE : Tout a fait. Mais je ne suis pas sûr que cela nous aide vraiment.
MATOLCK : Comment cela ?
ZEE : DeVille sait que vous êtes là. Je suppose que les signaux se sont multipliés dès que vous vous êtes trouvés sur
le point de vous satelliser ?
VELA : En effet. Ou peu s’en faut.
ZEE : Il attend donc patiemment de vous cueillir et fera surveiller chacun des secteurs de diversion. Mais surtout, il
savait que vous pourriez tracer les signaux de votre bonhomme là…
MATOLCK : Von Ewig.
ZEE : C’est ça. Si ça se trouve, il les a déconnectés, ou brouillés.
VELA : N’empêche, ça vaut le coup d’essayer.
MATOLCK : Tout a fait. Sur les conseils de Lapointe, j’ai fait recalibrer des sensors afin de balayer Paradise City en
priorité pendant qu’Actarus ciblera les échos pour tenter de repérer une trace.
VELA : Pertinent.
ZEE : Admettons.
MATOLCK : A la bonne heure ! Les équipes sont prêtes ?
ZEE : Quasiment. Mais mes hommes ne veulent pas de votre Hacker.
VELA : Harker.
ZEE : Comme vous voulez. Il se ferait repérer et on se ferait aussitôt canarder.
MATOLCK : On a tout de même besoin de lui. Rien ne dit que les détecteurs fonctionnent.
ZEE : Je ne suis pas prête à prendre le pari.
MATOLCK : Moi si.
VELA : Je pense qu’il pourrait nous être utile. S’il est détecté, il attirera à lui une partie de la faune locale, non ? On
n’a qu’à choisir un endroit le plus excentré possible, ce qui laissera le champ libre aux autres équipes. Et je collerais
bien Valérya en tant que responsable des transferts d’urgence.
MATOLCK : Pas bête, Fenras.
ZEE : Mouais. Admettons.
Elle s’éloigna en maugréant. Matolck la regarda un instant, admirant son allure décidée, ses hanches étroites, ses
épaules un tantinet trop larges. *Sacré tempérament !*
VELA : Ce qui m’inquiète, capitaine, c’est que DeVille garde la main.
MATOLCK : Comment cela ?
VELA : Cette façon de nous baliser la route, de nous faire venir ici. C’est trop facile. Il le voulait.
MATOLCK : Effectivement.
VELA : Mais alors, pourquoi ? Que veut-il ? Le vaisseau en entier ? Porter un coup à StarFleet ?
MATOLCK : Mieux que ça, Fen : il veut se distraire à nos dépens. Et c’est bien ce qui le rend dangereux.
***
KABAL : Chef ?
VELA : Oui. Vous êtes tous prêts ?
KABAL : Quasiment.
VELA : Ca ne veut rien dire.
KABAL, souriant malgré lui : On est prêts.
VELA : J’aime mieux ça. Qu’est-ce qu’il y a ?
KABAL : C’est Frissk. Il veut vous parler.
VELA, agacé : J’espère qu’il ne s’agit pas de changer d’équipe, déjà que Donut nous a piqué une crise parce qu’il
voulait rester avec Dunkin !
KABAL : Je crois que c’est plus sérieux, chef.
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VELA : Ah ? Alors qu’il entre.
Le Bajoran s’effaça, laissant place au félinoïde. Vela attendait patiemment dans une pièce attenant à la salle de
téléportation, d’un air disant : « J’espère pour vous que vous avez une bonne raison ! ».
VELA : Frissk.
FRISSK : Chef. J’ai une proposition pour la mission.
VELA : Ah oui ? Vite alors.
FRISSK : On pourrait avoir besoin de…
VELA : Attends !
L’Andorien avait complètement changé d’attitude : tous ses sens étaient aux aguets, ses antennes frétillant comme
un saumon au bout d’une ligne. Il avait fait un pas en arrière et se tenait sur ses gardes, comme pour se préparer à
un assaut.
FRISSK : Mais, qu’est-ce…
KABAL, en colère : Qu’est-ce t’as foutu, Frissk ?
VELA : Vous n’êtes pas entré seul. (Il huma l’air, les yeux mi-clos.) Où te caches-tu, toi ? Tu ne peux pas
m’échapper !
L’Andorien s’approchait des parois encombrées de matériel et en inspectait chaque recoin, tout en veillant à ne pas
tourner le dos à la porte.
FRISSK : C’est ce que je voulais vous dire, chef.
VELA : Trop tard, mon vieux. Ah, te voilà !
A’LARM : Non, non, me faites pas mal ! C’est une idée à mon copain !
Le petit Zwickien venait de surgir d’un recoin dans la pénombre et levait les bras dans un geste signifiant qu’il se
rendait.
KABAL : Bordel, Frissk, c’est pas le moment de s’amuser.
FRISSK : Je ne m’amusais pas. Est-cccce que vous l’aviez repéré ?
Kabal et Vela s’entreregardèrent. Puis ils éclatèrent de rire.
VELA : Approche voir, petit. Tu t’appelles Ritink, c’est ça ?
A’LARM : Oui, msieu… euh, chef.
VELA, souriant : Alors comme ça, on a des dons de camouflage ?
75-Lenassy
Le brouhaha et les coups de flingue se répercutent dans le hall. L'affolement général avait gagné la bâtisse toute
entière, propulsant les plus courageux des officiers de sécurité que comptait la station vers la scène hautement
dangereuse où les forces d'un ordre soit-disant de sécurité affrontaient pourtant un nombre limité de délinquants.
Les délinquants en question s'étaient déployés et leur armement avait parlé balayant sans discernement aucun la
foule et l'autorité locale qui regrettait déjà d'avoir répondu à "l'incident" du hall d'entrée.
Les agresseurs, à leur tête Lilium et Gantz qui fauche sans état d'âme la moindre velléité de danger potentiel pour sa
maîtresse, avançaient, cherchant surtout à retrouver les filles. Lillium voit disparaître les filles derrière les comptoirs,
elle serre les dents pestant contre les crétins qui se sont mis sur son chemin, l'empêchant de récupérer la fille que
Deville voulait à tout prix.
Gantz tire Lilium derrière lui, la protégeant machinalement, sans ordre particulier. La fille sourit. Les deux grosses
brutes de Deville avancent vers les forces de l'Ordre qui sont plutôt chaotiques. Des robots de sécurité arrivent en
hululant des avertissements.
"Tous les contrevenants à l'article 1576B42 sur l'armement lourd sont priés de déposer les armes."
Le sergent Billings, à la tête des défenseurs de l'ordre peste tout seul dans son coin sur l'inutilité de tels
commentaires face à la racaille qu'ils ont en face d'eux, ils auraient dû envoyer directement les robots de sécurité. Ca
n'était donc pas évident pour tous ces crétins qu'ils subissaient un assaut en règle ? Il le savait qu'il allait être dans
les ennuis jusqu'au cou aujourd'hui, sa conjointe lui avait préparé son repas du midi, elle ne le faisait jamais !
Il fait un signe à ses hommes de rester planquer. Les robots de sécurité allaient arriver à la rescousse dès que ce
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connard d'éclaireur se barrait.
L'éclaireur en question est fauché par deux tirs lourds. Une explosion lourde rend la scène plus qu'incertaine. Le robot
explose littéralement, coupé en deux, égrainant sans le savoir ses commentaires.
"... bbiiiizzzzzz... article 2589F90 sur le matéri.. bbbibiiiizzzzzzzzzz.."
Les hommes de Lilium reculent, couvrant les arrières des trois autres qui partent à la course derrière leurs proies.
Derrière eux le son des sirènes emplit le hall, deux robots de sécurité arrivent enfin dans les lieux, une fumée épaisse
brouille leurs capteurs et ils restent figés au centre du chaos. Quelques tirs de barrage pour ôter toute velléité
d'activités aux hommes de la sécurité et les deux grosses brutes se mettent en embuscade, lançant de temps en
temps une grenade pour annihiler tout espoir de mouvements aux défenseurs de l'ordre.
Devant les comptoirs, Lilium fait un signe à Hans. Les deux filles se sont séparées. Elle laisse la blonde au géant qui
fait partie du staff de gardes rapprochés de Deville. Elle indique à Gantz de poursuivre Nera, c'est celle-ci qu'il leur
faut.
Le jeune homme part à la course derrière une Nera plus combative que jamais qui se faufile entre les piliers d'attente.
Il tire, une balle vient se ficher dans la colonne, éclatant la pierre utilisée, vestiges de temps plus anciens.
Il a pris de l'avance sur Lilium, il s'arrête ne voyant plus la fille qu'il poursuit, l'arme au poing il écoute. Au loin ils se
battent toujours visiblement mais ici le silence est presque de mort.
Nera reprend son souffle, puis se penche légèrement, voyant la personne qui la poursuivit elle a un choc. Elle sort de
sa cachette.
MORAK : Sprigg... c'est moi !
Il la regarde froidement puis avance vers elle, fonce vers elle serait le mot juste. Elle reste interdite un poil de trop et
se retrouve contre la paroi.
MORAK : Sprigg !!! Bon sang, arrêtes... Sprigg, c'est moi, c'est Nera !
Après un bref instant d'espoir tué dans l'oeuf, elle sent le bras d'Elliot lui écrasant la gorge, elle s'est débattue, mais
trop tard. Puis elle voit l'arme sent le canon contre son front, étrangement c'est comme s'il la caressait. Elle ne peut
concevoir que Sprigg puisse faire ça !!
Le jeune homme, sans émotion appuie sur la détente, son bras est aussitôt repoussé, la balle part vers la paroi
derrière.
"Voyons chéri, elle est à nous, c'est elle que nous sommes venus chercher, il ne faut pas la tuer."
Gantz se redresse, Nera se laisse glisser au sol, essayant de reprendre son souffle se frottant la gorge douloureuse.
Lilium a sorti son arme puis regarde la fille en souriant.
GUNGRAVE : mais je peux toujours te péter un genou alors debout maintenant et tu es gentille.
Gantz a saisi le bras de la jeune fille et la fait avancer.
Lilium est contente. Elle utilise son communicateur.
GUNGRAVE *com* : vous pouvez plier bagages les gars j'ai le paquet, amenez mon véhicule à la porte de
maintenance Est.
Au fond, derrière la rangée de piliers, la porte qui les amènera vers les véhicules.
Dans l'autre direction, Hans a du mal à courir derrière Aldane. Nera lui a dit de courir, alors elle court. Elle est bien
évidemment inquiète pour son amie, mais pour le moment elle n'a guère le choix.
Enfin, elle voit une rangée de portes, elle va pouvoir partir par là. Ensuite il lui faudra retrouver Nera.
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"STOP"
En même temps elle sent presque la brûlure de la balle qui la frôle. Elle se jette sur le côté, se planquant comme elle
le peut.
"Je n'ai aucune envie de courir après toi, je peux te descendre, je n'ai aucun ordre te concernant, alors tu es
inexistante. Sors de là, ça sert à rien."
Hans attend, il est évident qu'elle n'a pas d'arme. C'est vrai qu'il n'a pas d'instructions particulières, il pourrait tout
aussi bien la tuer, mais bon, il est pressé, il faut qu'il dégage, il ne reste que quelques minutes encore, et la tuer
prendrait trop de temps.
"Dépêches ! De toutes les manières on tient ta copine."
Aldane se redresse. Ils voulaient Nera, pourquoi ? Et elle serait séparée de Nera après Elliot, bon sang, s'en était
trop, qu'il la tue, elle en avait marre, elle en avait assez, elle était fatiguée maintenant.
Elle sort lentement de sa cachette levant les mains au-dessus de sa tête.
HANS : tournes-toi.
Aldane fronce les sourcils, baisse les bras et se tourne attendant visiblement qu'on les lui attache. Elle attend qu'il soit
proche d'elle, elle pourrait peut-être essayer de...
Sa réflexion s'arrête là, d'un coup de crosse Hans l'assomme, la ramasse et la place sur son épaule, il court rejoindre
les autres.
Les portières des véhicules claquent et ils s'éloignent laissant dans le hall 49 un début d'incident, une cinquantaine de
blessés et une dizaine de morts ainsi que des dégâts matériels importants. Une soirée presque ordinaire, rien
d'important pour Paradise City.
76- T’Kar
Nera Morak s'était laissé faire et suivait docilement Gantz et Lilium. Gantz, le visage impassible, la tenait fermement
par le bras. Nera scrutait le visage de Gantz et essayait de trouver le moindre indice, une réaction, n'importe quoi!
Quelque chose à laquelle elle aurait pu se raccrocher. Mais rien...!
La demi-bajorane avait l'impression d'être au-dessus d'un vide sans fond.
"Je vais tomber", murmura-t-elle. Gantz lui jeta un coup d'oeil. Il fronça les sourcils en gardant le silence.
Autour d'eux, les passants ne faisaient pas attention à eux. Nera se demanda si elle avait encore une chance. "Un
coup de genoux et un sprint!" pensa-t-elle. Mais courir ne servait plus à rien. Cette ville toute entière était un piège et
où qu'elle aille, elle allait forcément revenir au même résultat : prisonnière et impuissante.
Soudain, une idée lui vint : si physiquement, elle ne pouvait rien faire, son esprit pourrait peut-être lui donner un
avantage. C'était ce que lui avait dis Jason. Elle sourit malgré elle puis se força à se concentrer. Elle se fixa sur
l'image de Gantz et essaya de percevoir ses émotions. Un flot de sensations déferla dans son esprit, les
émotions étrangères venaient de partout. Elle les repoussa se concentrant toujours plus sur celles de Gantz.
Alors qu'elle croyait percevoir des pensées floues venant de Gantz, elle eut l'impression de percuter un mur. Elle
s'arrêta net, les yeux grands ouverts. Gantz tira son bras mais Nera n'avançait plus. Lilium lui jeta un regard noir.
Gungrave : Tu ferais mieux de ne pas faire la maligne...
Mais Nera n'avait déjà plus conscience de ce qui l'entourait. Tous ses sens venaient de lâcher. Le corps de Nera
Morak tomba lentement sur le sol comme une poupée désarticulée, les yeux révulsés.
Gungrave : Qu'est-ce qu'elle nous fait?!
Gantz ne répondit pas, il se pencha au-dessus de Nera et le secoua. La jeune femme n'eut aucune réaction. Il passa
une main devant ses yeux. Lilium eut un geste agacée. Elle savait ce que Nera avait essayé de faire. Elle lança, le
mépris plein la bouche :
Gungrave : Petite idiote!
***
169/446
Nera poussa un cri et tituba. Elle regarda autour d'elle et vit qu'elle était dans le spatioport mais l'atmosphère avait
quelque chose d'étrange et l'endroit était complètement vide. Elle voulut appeler Aldane lorsqu'une voix retentit
derrière elle.
Vela : Petite fille veut devenir grande.
Nera, en voyant l'andorien, se figea.
Morak : Chef? Je dois retrouver Aldane. J'étais avec Eliott mais il ne semble plus lui-même...
Fenras sourit. Nera fronça les sourcils, elle connaissait peu son chef mais de ce qu'elle savait, Vela n'était pas du
genre à avoir ce genre de sourire, sûr de lui et moqueur, un brin frimeur.
Vela : Je crois que tu es bloquée ici pour un bon moment, fillette.
Il eut un sourire franchement inquiétant.
Vela : Ton cerveau a fait "Boum". C'est ce qui arrive quand on joue aux télépathes-apprentis. Tu croyais quoi, hein?
Atteindre l'esprit d'Eliott?
Morak : Un truc comme ca...
Vela : Complètement con, si tu veux mon avis.
Morak serra ses poings.
Morak : Vous n'êtes pas Fenras Vela.
Vela : Oh, tu crois? Qui aurais-tu voulu voir avant de mourir?
Morak : Je ne vais pas mourir.
Vela (levant les yeux au ciel) : Tss, tss...
Nera regarda ses mains, elles avaient l'air réel, tout comme ce qui l'entourait. Face à elle, l'Andorien riait.
Morak : Je ne faisais que me concentrer sur l'esprit d'Eliott. J'y étais presque...
Vela : Et Boumm!! Je suis peut-être l'esprit d'Eliott...
Morak : Ca, je ne crois pas. Et vous n'avez pas non plus la voix de Vela.
L'andorien secoua la tête, tout à coup, profondément déçu.
Vela : ça, c'est ta faute, fillette. Tu as surtout flashé sur son physique, hein?
Morak : Je ne sais pas de quoi vous parler mais...
Vela : Tu parles! Tu l’aimes bien le Vela, n'est-ce pas? T'as un faible pour les andoriens? Et tout cas, malgré le joli
minois d'Eliott et ses phéromones!
Vela siffla, faisant mine d'être impressionné.
Morak : Je ne devrais pas vous écouter.
Vela : Ah, parce que tu crois que tu peux faire autre chose?
77-Spriggan
Dans la chambre d'hôtel de Lilium Gungrave, Gantz est assis nu dans le noir. Confortablement callé dans un fauteuil
moelleux et profond, une jambe passée par-dessus l'accoudoir, il regarde la pluie glisser le long des fenêtres sous la
lumière jaune des lampadaires crasseux. Toute la pièce n'est qu'un vaste jeu d'ombres.
Sa maîtresse est allongée sur le ventre en travers du lit défait et dort profondément, terrassée par la fatigue. Gantz
l'ignore, mais la longue période d'abstinence forcée de Spriggan a contribuée à faire de lui un amant particulièrement
affamé. Elle lui a demandé de lui faire l'amour une fois, il l'a fait avec la volonté de plaire à cette femme qui le
possède et y est visiblement parvenu à l'entière satisfaction de celle-ci. Elle lui a demandé de recommencer, il l'a fait
avec une passion flirtant avec le fanatisme. Épuisée, elle lui a demandé une troisième fois. Il l'a prise avec une
fougue animale et tout observateur avisé eut juré qu'il pensait à la tuer, à la faire mourir de plaisir, comme s'il
cherchait à la vaincre, à la soumettre, à la terrasser.
Au prix de ses dernières énergies, il y était parvenu. Mais, contrairement a elle, il n'avait pu trouver le sommeil
réparateur habituellement exigé suite à de tels débordements.
170/446
Il se sentait bizarre. Étranger à lui-même. Ça n'était pas surprenant puisqu'il ignorait tout de qui il était. Mais en ce
moment, alors que sa maîtresse dormait, il avait l'impression d'attendre des instructions. Qu'on lui dise quoi faire. À
son insu, la drogue faisait encore effet.
Pour passer le temps, il revit dans sa tête le chemin du retour de l'aéroport. Il était seul dans le véhicule conduit par
Gungrave. Les gorilles de DeVille ayant fait route à part pour ramener les prisonnières au grand chef. En chemin, sa
propriétaire lui avait confié des connaissances importantes qui lui faisaient vraisemblablement défaut.
— Tu ne peux pas tuer les gens comme ça, Gantz.
— Ah, pourquoi pas?
— La petite que tu allais buter, c'était notre cible. DeVille nous a demandé de la lui ramener.
— Il n'a pas précisé dans quel état.
— Il n'a que faire des salopes avec un orifice au milieu du crâne, mon chéri. Tu dois apprendre à penser avant
d'agir. Voir plus loin.
Gantz réfléchissait à ces paroles en suivant le va-et-vient des essuie-glaces sur le pare-brise.
— Il y a des moments pour tout. On ne tue pas sans motif. On ne sait jamais quand l'avenir peut nous le faire
regretter.
— Pourtant, tu m'as ordonné de tuer le gros sac, chez les Scavengers. C'était un bon moment pour le faire?
— C'est différent, nota-t-elle en décélérant à un carrefour. Ils avaient besoin d'une leçon. C'est important de saisir
les occasions pour réaffirmer notre ascendant sur cette racaille. Et puis j'avais besoin de savoir…
Elle se tut. Gantz tourna la tête vers elle.
"J'avais besoin de savoir, songea-t-elle en silence, si tu m'obéirais au moindre commandement… si la drogue avait
fait son effet."
Lilium était consciente qu'elle parlait pour rien. De toute façon, la drogue aurait cessé de faire effet au matin et Gantz
aurait tout oublié de ce qu'il aurait vécu entre temps. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'espérer qu'il en resterait
quelque chose.
Gantz respecta le silence de sa déesse de maîtresse. Quel chance il avait: elle était belle à mourir pour elle. Il aurait
pu tomber sur un boudin, mais non. De toute façon, ils arrivaient à l'hôtel.
Il savait qu'ils allaient faire l'amour. Elle avait prévu que ça se passerait plus tôt, en sortant de chez les Scavengers,
mais le patron avait rappelé en toute hâte, ayant appris que les filles étaient à deux doigts d'embarquer à bord d'une
navette, et leur avait ordonné de commander les opérations au spatioport.
Maintenant que tout était terminé, sa propriétaire exigeait son du. Et il se sentait maintenant plus qu'enchanté d'obéir
aveuglément à cet ordre-là.
Toujours assis dans le noir, Gantz songea ensuite à la petite dame brune que Lilium l'avait empêché d'occire.
Comment l'avait-elle appelé, déjà? Sprig, ou Spring… quelque chose comme ça. Ça ne lui rappelait rien du tout
mais elle était insistante, la bougre! Elle paraissait croire sincèrement qu'ils se connaissaient. Qu'ils étaient dans le
même camp. C'était impossible… La maîtresse n'avait eu aucune considération pour elle, hormis celle d'empêcher
sa cervelle de sortir de sa boîte crânienne.
Pourtant… Et si cette jeune fille avait réellement des renseignements sur son passé? Si elle le connaissait depuis
avant son amnésie? L'information qu'elle possédait pouvait s'avérer cruciale dans son désir de se rappeler… de
retrouver sa vie d'avant… de servir sa maîtresse sans la moindre arrière pensée… et surtout, oui surtout, de savoir à
qui appartenaient ces yeux fascinants et si précieux qui ne quittaient jamais son esprit, qui l'observait à l'intérieur de
sa tête, sans relâche, sans répit.
Miss Gungrave avait eu raison: ils avaient bien fait de ne pas la tuer tout de suite.
Gantz se leva de son fauteuil et s'approcha du lit. La faible lumière dorée pénétrant les fenêtres translucides de pluie
accentuait les courbes harmonieuses de son corps absolument parfait. Bon sang, ce qu'elle pouvait avoir un c*l
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d'enfer! Le jeune homme s'en trouva à nouveau affamé. Il déposa doucement un baiser humide au creux des reins
de la dormeuse qui s'agita à cette caresse.
— Mmmm 'core! marmona-t-elle, la tête dans les draps.
Gantz s'allongea sur elle et la posséda à nouveau tandis qu'un sourire rêveur naissait sur le visage de la jeune
femme rousse.
=/\=
Les jambes tremblantes, l'humain anciennement connu comme Spriggan s'était habillé et était sortit des
appartements de Lilium en silence. Tout le long des corridors, de la descente en ascenseur et de la traversée du hall,
les gardes de DeVille avaient choisi de ne pas tenter de l'arrêter. À ce qu'ils avaient entendu dire, ce mec n'était pas
clair du tout et avait la gâchette facile. De toute façon, c'était le jules de la patronne alors autant le laisser faire ce
qu'il voulait…
L'éternelle pluie battante et glacée tombait indifférente au malheur des êtres croupissants dans Paradise City. Les
rues principales étaient encore très achalandées à cette heure tardive. Slalomant entre les putains retroussant sans
retenue leurs jupailles pour exposer à ses yeux leur sexe à vendre, et entre les dealers de plaisirs artificiels, les
gueux quêtant un peu de monnaie et autres gangmembers titubant d'un bar à l'autre, Gantz évoluait en serrant la
crosse de son arme au creux de sa poche de manteau.
Il n'avait pas peur d'eux. Il n'avait peur de rien. Il étudiait simplement chaque visage, chaque mimique, se
demandant à tous coups si "c'était le bon moment" pour leur brûler la cervelle. En définitive, il jugea que non.
S'orientant à peu près, il avait décidé de marcher jusqu'à la Tour Hellsing et de tenter de parler avec cette Nera. Mais
ses énergies laissées dans le lit de Lilium lui faisant cruellement défaut et la drogue commençant à s'estomper, il finit
par céder à la fatigue et à un vertige impromptu.
Gantz s'engagea dans une ruelle où il s'écroula pour dormir enfin sur un tas de sacs à ordures.
=/\=
— Heyyyyy, fit une voix râlante, faut pas rester là mon pote! Tu vas chopper la crève!
Gantz ouvrit un œil, puis les deux. Il était trempé jusqu'aux os et cette damnée pluie tombait toujours. Un vieil
homme était penché sur lui et l'observait avec attention.
Il était vêtu de guenilles et ses longs cheveux gris et blancs dépassait de sous sa calotte rapiécée. Ses mains,
recouvertes de gants sans doigts, tremblaient légèrement en tenant comme un bijou précieux une bouteille de
mauvais alcool près de sa fin. Il sentait mauvais et l'eau dont il était imprégné accentuait l'agression olfactive.
À voir les teintes grisâtres de la lumière ambiante, Gantz jugea qu'on était le matin. Il se remit debout et s'assura qu'il
portait toujours son arme et ses chargeurs qui constituaient actuellement l'intégralité de ses possessions en ce
monde.
— Et pis tu pourrais avoir des ennuis, continua le clochard avec sa voix égratignée. C'est le territoire du Gros-Louis.
S'il te trouve dans ses poubelles, il t'ouvrira le ventre à coups de goulot cassé, fils!
Gantz se demanda ce qu'il foutait là. Ses plus récents souvenirs le plaçaient devant la porte du repaire des
Scavengers, au moment où Lilium Gungrave lui offrait son pistolet en cadeau. Après ça. Plus rien. Le vide total.
Que diable foutait-il ici parmi un tas de détritus? Où était sa maîtresse?
— Ça va pas, fils? demanda le vieillard, soucieux.
Qu'était-il arrivé? Avaient-ils eu des problèmes chez les pirates? Et s'ils s'étaient fait malmener? Gantz se tâta le
crâne. Pas de bosse. Étaient-ce ces trous-du-cul qui l'avaient lancé là sur les poubelles?
Putain! Ce qu'il pouvait leur en vouloir! C'était sûrement à cause d'eux et de ce qu'ils lui avaient fait pour le rendre
amnésique qu'il perdait à nouveau la mémoire. Combien d'épisodes de la sorte connaîtrait-il encore avant de se
stabiliser? Il ne savait déjà plus grand-chose de lui-même… si en plus il avait de nouveaux blancs, il n'était pas
proche de s'en sortir!
— Je ne sais pas comment je suis arrivé là, dit-il d'un ton détaché en regardant distraitement autour de lui.
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— Comment t'appelles-tu, fils? Moi c'est Gontrand!
Il tendit une main que Gantz ignora.
— T'as des amis? De la famille? Où demeures-tu?
Il n'avait pas d'amis. Pas de famille non plus et il n'habitait nulle part. Il avait seulement Lilium et ce vieux débris
n'était pas digne de connaître son existence.
— Personne. Nulle part.
— Je veux bien être ton ami! Tu veux un coup de gnole?
" Vieux crabe plein de merde! Hurla une voix. Qu'est-ce que je t'avais dit?"
Gantz tourna la tête pour voir surgir un gros homme sale portant au moins six manteaux troués l'un par-dessus
l'autre.
— Merde, le Gros-Louis! Cria le vieil homme en laissant échapper sa bouteille qui explosa sur l'asphalte trempée.
Le dénommé Gros-Louis passa contre Gantz sans même le regarder et se mit à rouer de coups le pauvre Gontrand
qui se perdait en excuses et en supplications.
Impassible, Gantz regarda le vieil homme tomber par terre et rouler dans le verre brisé. Il regarda Gros-Louis mettre
des coups de pieds rageurs dans le ventre du sans-abri. Puis il jugea le combat inégal et la correction injuste.
Certain que sa maîtresse n'approuverait pas qu'on malmène un vieillard sans défense pour quelques sacs poubelles,
l'humain décida d'intervenir.
Gantz attrapa Gros-Louis fermement par le collet et lui imposa d'une secousse un demi-tour brutal. Ils étaient
maintenant face-à-face. Avec une violence rare, Gantz enfonça le canon de son arme dans le ventre de l'agresseur
et poursuivit l'élan avec tant de force que les pieds du gros homme quittèrent le sol de quelques centimètres.
Gros-Louis tenait maintenant en appui sur le canon de l'arme ce qui, à en juger par sa mine, était atrocement
douloureux. Gantz fit ensuite feu à quatre reprises sans jamais laisser Gros-Louis retoucher le sol. À chaque
détonation étouffée, le pistolet s'enfonçait davantage par le trou qu'il venait d'agrandir dans les entrailles du gros porc
étonné.
BANG! BANG! BANG! BANG!
Le jeune homme laissa sa victime s'écrouler sur le sol. Son arme et sa main étaient désormais impossibles à
distinguer l'une de l'autre tant elles étaient uniformément couvertes d'une poisseuse couche de sang.
S'étant relevé avec difficulté, le vieux Gontrand cracha un glaviot sur le visage crispé de son assaillant, par l'orifice
constitué de ses dents manquantes. Puis il fouilla les poches du cadavre d'où il retira quelques piécettes.
— Pour remplacer la gnole perdue, justifia-t-il d'un sourire édenté.
Il attrapa la manche de Gantz et se mit à courir maladroitement en tirant dessus.
— Suis-moi, fils! Vaut mieux pas rester ici!
Ils disparurent dans les ruelles du centre-ville.
77b-Lenassy
A l'intérieur d'un poing fermé le néant s'épanouit.
Laissant s'échapper un point lumineux qui envahit tout.
Dans le chemin qui se pave sous ses yeux fermés, un crissement l'enfonce dans son sommeil.
A la fois sensations et songes, les images défilent, en silence.
Ni l'évidence de l'absurde, ni celui du malaise ne l'éveille.
En scrutant la lumière qui semble si profondément inexistante, elle s'y appuie.
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La nausée la plus totale, ses paupières sont figées sur une scène endormie où les acteurs ne sont pas encore en
place. Une odeur piquante et forte balaie le néant.
La brusque sensation d'être projetée, au ralenti vers l'arrière jusqu'au contact d'une surface indéfinie. Un petit vent
vient nouer ses cheveux qui se sont déployés. Enfin la chaleur et la rugosité rendent les images plus perceptibles. Le
néant n'est qu'une illusion et c'est rassurant. Roulements, grincements, son corps ballotte doucement dans un rythme
régulier.
Elle se sentait bien, enfin, peut-être n'était-ce que pour peu de temps, mais c'était la première fois où enfin aucune
pensée ne lui appartenant ne venait interrompre ces images qui clignaient comme les paupières les rendraient,
exagérément hachées ou inversées.
Noir, noir, il fait noir, seule la lumière laisse entrevoir le long bandeau de néant qui se ratatine.
*Où suis-je ?*
Puis comme un choc rendant impossible la respiration. Elle suffoque, se noie dans son inconscience qui devient
douloureuse. Elle s'enveloppe dans sa chevelure comme elle l'eût fait avec une couverture moelleuse, chaude et
douce. Elle respire sa propre odeur, altérée, comme un enfant voulant se rassurer et retrouver des sensations
habituelles.
Impossible d'ouvrir les yeux, ne sont-ils pas déjà ouverts ? Il fait trop noir, elle a peur du noir qui dévore tout autour
d'elle et lui prend ce qu'elle aime, l'écartant des contacts amis, l'isolant.
Elle flotte et se laisse flotter, inerte, elle ne bougera pas, elle ne bougera plus, pourquoi le devrait-elle ? N’est-elle pas
déjà morte ?
Elle veut dormir, elle a mal, sa tête va exploser. Quelque chose l'a blessée.
"Qu'est-ce qu'on fait d'elle ?"
"J'en sais rien, de toutes les manières, elle est déjà morte."
Aldane, inconsciente de ce qui l'entoure, gît sur un morceau de moquette jeté là pour une raison obscure.
La pièce ressemble davantage à un garage qu'à une pièce. Les odeurs entêtantes lui font enfin ouvrir les yeux. Elle
pousse un gémissement. Elle est seule. Puis elle veut se redresser et s'écrase de nouveau au sol ne trouvant plus
ses bras. Elle reste allongée reprenant sa respiration, essayant de récupérer ses sensations. Puis elle réalise que ses
mains sont liées dans son dos. Elle rirait presque, pour elle ne savait quelle raison, elle avait cru n'avoir plus de bras.
Elle gémit de nouveau, tout allait de travers. Elle a envie de vomir et a mal à la tête. Elle penche légèrement la tête
sur le côté pour tester ses mouvements. S'est-elle cassée quelque chose ? Non, ça a l'air d'aller, elle se redresse,
cette fois prenant pour acquis que ses bras ne sont d'aucune utilité puis se cale contre le mur froid derrière elle. Ce
que tout est sale ici.
Elle regarde autour d'elle, il n'y a pas de lumière, mais une source suffisante d'un panneau de sortie éclaire d'une
lumière blafarde l'endroit où elle se trouve. Il y a plusieurs véhicules.
Elle sourit, enfin un peu d'espoir. Elle se lève, s'aidant du mur tellement elle se sent faible sur ses jambes. La tête lui
tourne et elle manque se cogner au mur. Puis elle avance jusqu'à ce qu'elle sente une résistance et regarde sa
cheville gauche. Une chaîne solidement maintenue au mur est attachée par un bracelet qui lui enserre ladite cheville
déjà douloureuse.
"C'est pas vrai... qu'est-ce qu'ils ont tous à m'attacher... bon voyons voir."
Elle aimerait récupérer l'aisance de ses mains, un peu de contorsions aidant, la jeune zaldane se tortille avec minutie
sur son morceau de moquette. Après maints efforts pour faire passer ses poignets devant elle, elle y parvient,
entraînant la chaîne avec elle. Elle redresse son dos douloureux, la vague impression d'être passée sous un rouleau
compresseur, et à peu de choses près c'est déjà chose faite.
Les liens des poignets ne sont pas un problème. Personne n'a pris attention à Aldane et il ne lui faut que peu de
temps pour s'en libérer. Reste la chaîne, un ennui pas du tout secondaire.
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L'espace d'un instant, elle oublie les soucis du moment, essayant de trouver une solution. Elle est généralement
bonne pour chercher, et bien elle cherche donc, des yeux d'abord pour voir ce qui pourrait lui être utile. Elle n'a aucun
indice pouvant lui donnant la notion du temps écoulé, ni l'endroit où elle se trouve.
La dernière chose dont elle se souvienne c'est cet homme qui la menaçait puis, plus rien. Elle passe sa main sur sa
nuque poussant un gémissement, elle a une grosse bosse et sent au bout des doigts la trace de sang séché. Elle
tourne la tête à droite, puis à gauche. Un véhicule ancien est rangé au bout de l'allée. Elle en apprécie les courbes
étranges, puis regarde les plans de travail qui courent tout du long. Mais où est-elle ? On aurait pu croire
l'antichambre d'une salle des machines, sauf qu'elle ne voyait rien qui puisse évoquer les machines auxquelles elle
pourrait s'attendre.
Elle avance à la limite de sa chaîne, si elle pouvait trouver un outil quelconque pour peut-être la couper ?
Bon, il ne fallait pas exagérer, mais elle n'aimait pas l'idée qu'on ait pu l'oublier là ou alors pire... pourquoi avait-elle
cette voix caverneuse qui disait qu'elle était morte. Elle était morte ?
Mais elle avait mal partout, ce qu'elle donnerait pour un massage en règle. Elle ferme les yeux un instant qui suffit à
lui faire tourner la tête. Elle a faim. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas mangé ? Depuis combien de temps estelle ici ? Où est l'Indépendance ? Elle veut retourner sur l'Indépendance ! Non !! Elle doit trouver Nera et Elliot, oui
elle veut qu'Elliot revienne. Elle veut !
Bon, les outils. Elle s'étire autant qu'elle peut, essayant d'atteindre une espèce de clé, totalement inutile
probablement, mais elle doit trouver quelque chose à faire, n'importe quoi qui lui donne l'impression d'exister et que
quelque chose qu'elle contrôle se passe enfin.
78-Von Ewig
Il ne se retrouvait jamais dans ce dédale de corridors, d’ascenseurs et d’escaliers. Il n’y avait aucune identification ici.
Ni sur les portes, ni sur les murs; on était loin des vieilles installations Starfleet abandonnées. Vous travailliez ici?
Vous aviez intérêt à savoir rapidement quels étaient les chemins que vous étiez autorisé à prendre et quelles portes
vous pouviez emprunter. Chez DeVille, on apprenait rapidement à se mêler uniquement des affaires qu’on vous avait
déléguées. À moins que ne vous ne teniez pas à la vie. Mais de toute façon, rien n’intéressait Vance dans cette tour,
à part ses joujoux, et il se fichait pas mal d’ouvrir malencontreusement une porte où il découvrirait un des secrets du
crime organisée. Tout ce qu’il voulait, c’était se rendre du point A au point B en un minimum de temps et d’efforts.
C’est pour cela qu’il avait «exigé» – c’était le mot qu’il utilisait, mais tout le monde savait qu’on ne peut jamais
«exiger» quelque chose de Brett DeVille – d’avoir en permanence un guide lors de ses déplacements.
Aujourd’hui, il s’agissait de Hans, un individu sans personnalité. «Cet homme-là n’aurait même pas besoin de mon
sérum d’amnésie pour être contrôlé, s’était dit Vance. S’il s’est déjà servi de son cerveau une dizaine de fois, ce serait
déjà étonnant!» Il était accompagné de trois hommes. Il savait que ce n’était pas pour lui que DeVille avait envoyé
cette garde, mais bien pour le «colis».
Tout en avançant sur le tapis marron qui avalait le bruit de leurs pas, il observa l’arme à ses côtés. Il ne savait pas
trop ce qui c’était produit entre le sérum et ce spécimen. Contrairement à l’officier de l’Indépendance qui était sous le
joug du composé chimique en quelques minutes à peine, le bioweapon avait longtemps résisté.
- Un instant! Couina Vance.
L’escorte s’arrêta et le scientifique essuya le long coulis de bave qui s’échappait de la commissure droite des lèvres
de Von Ewig.
***
Pendant deux jours, Maäl Ivafaire avait veillé Von Ewig. Si son état physique était stable, les lectures des signes
vitaux de son activité cérébrale le troublaient.
Il avait été médecin longtemps. D’abord dans de petite ville de campagne, puis à San Francisco où il avait travaillé
pendant une vingtaine d’années. Quand sa femme était morte, écrasée par l’effondrement d’un temple bouddhiste
lors du tremblement de terre de 2368, il avait laissé derrière lui l’hôpital où il était alors directeur, abandonnant tout ce
qui pouvait lui rappeler Jaena et sa vie somme toute heureuse. Il s’était engagé dans Starfleet, fuyant la terre et son
existence passée. Cela faisait maintenant 28 ans qu’il était en service, 13 sur l’Indépendance. Il en avait vu des
choses incroyables. Mais malgré une expérience de phénomènes étranges que peu auraient pu se vanter d’avoir, la
situation actuelle lui échappait.
D’après ce qu’il avait vu sur les écrans de contrôle, Von Ewig aurait dû mourir six fois… au minimum. Les graphiques
étaient fous, aucunement analysables d’un point de vue médical classique. Quelquefois, il était sorti de son état
175/446
comateux. Fiévreux, délirant, il disait n’importe quoi, se redressait les yeux emplis de douleur. Une fois il l’avait
regardé directement, le regard suppliant, avant de perdre conscience à nouveau. Une autre, il avait hurlé et tous les
objets inanimés dans le laboratoire s’étaient élevés jusqu’au plafond avant de retomber dans un capharnaüm
assourdissant quand le patient était retourné à son coma.
C’était la veille qu’on les avait téléportés directement de l’endroit crasseux et sombre dans ce vaisseau qui sentait la
charogne, à cette immense salle de recherche, impeccable de propreté, avec un éclairage parfait et le matériel des
plus sophistiqué. Il avait alors cru qu’on le remplacerait ou que des sous-fifres se joindraient à lui dans l’analyse du
patient. Mais non : il était resté en poste et, s’il avait mangé à sa faim, il n’avait pas dormi une seconde. Et si sur le
vaisseau, Vance avait, à son grand soulagement, parfois quitté le labo, ici il le scrutait à la loupe. C’était, de son point
de vue, le plus intolérable dans toute cette situation : ce scientifique fou qui le surveillait en permanence. Pire, il lui
dictait quoi faire. Ivafaire avait fini par perdre patience et dire à Vance, en lui tendant ses instruments, de se charger
lui-même de la besogne s’il en savait tant. Le nain lui avait fait une vilaine grimace avant de s’éloigner à l’autre
extrémité du laboratoire. Quand Von Ewig avait pété les plombs et que tout s’était élevé dans les airs, il était revenu
au pas de course, applaudissant comme un gamin à Noël.
Un peu après 0857 ce matin, toutes les lectures du cerveau étaient tombées à zéro. Vance était alors devenu
nerveux, indiquant au médecin-chef qu’il ne donnait pas cher de sa peau s’il avait tué le sujet. Maäl s’était dit que si le
petit homme pâlissait autant, c’était probablement parce que sa peau serait tannée longtemps avant la sienne! Jan
n’était pas mort, du moins physiquement. Mais il était clair que son cerveau avait grillé.
«Il m’en a fait un légume» avait pensé Vance, n’osant s’imaginer la réaction de DeVille. Ce dernier lui avait suggéré
une équipe de chercheurs compétents. Le scientifique avait prétexté que le médecin de Starfleet était au fait du
dossier et que trop de temps serait perdu à transmettre les informations à une nouvelle équipe. En fait, c’était surtout
parce que Vance ne voulait aucunement qu’on vienne s’amuser dans ses plates-bandes. DeVille lui avait fait
confiance. À tort, semblait-il.
Alors qu’il en était à penser fuir, fidèle à ses habitudes, le médecin avait lâché un «Ah!» de surprise. Von Ewig s’était
dressé sur son séant. Les yeux ouverts, la tête légèrement inclinée sur la droite comme s’il écoutait une musique que
lui seul pouvait entendre.
- Vivant! Il est vivant! Avait crié Vance tout en riant.
Il avait fait le tour du biobed et s’était installé devant l’homme à la chevelure bleue.
- Alors, on se sent comment? Sais-tu qui tu es? Avait-il demandé, visiblement enjoué.
Pas de réponse.
- Comment t’appelles-tu?
Toujours rien.
Il avait jeté un œil interrogateur au médecin. Ivafaire s’était contenté de hausser les épaules et avait répondu :
- C’est une coquille vide. Il vit, mais c’est tout.
Le visage de Vance s’était rempli d’une colère infantile. Il se mordait la lèvre inférieure, tournant la tête à droite et à
gauche dans un étrange ballet négatif. Puis il s’était mis à frapper sur le lit, une main de chaque côté de Von Ewig,
tout en l’invectivant.
- Tu vas répondre, oui! Parle-moi! Qui es-tu? QUI ES-TU??
Le médecin avait cru que le nain allait mourir d’apoplexie tellement son teint était violacée. Il s’en était réjoui. Ce
n’était pas très professionnel, mais il doutait que son code de déontologie s’applique aux monstres de la trempe de
Vance. Il avait alors dit, dans le but avoué d’empirer l’état de l’autre :
- Il n’y a rien à faire. Il est totalement absent. Il ne réagirait pas, quand bien même vous lui diriez : Prends ton grabat
et marche!
La réaction avait été tout à fait le contraire de ce à quoi il s’attendait. D’autant plus qu’elle n’était venue de Vance,
mais de Von Ewig qui s’était levé et avait marché en traînant les pieds, droit devant lui, alors que le scientifique
reculait, la bouche grande ouverte d’une surprise heureuse.
- Oui! OUI! Prends ton grabat et marche, prends ton grabat et MARCHE!
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Et il avait à nouveau ri, se lançant dans une petite danse. Puis il avait donné une série d’ordres à Von Ewig, tel un
maître parlant à son chien : tourne, assis, couché, suis-moi, lève les bras, etc.
Ivafaire avait été choqué par cette humiliation. En même temps, Jan Von Ewig n’était plus qu’un souvenir : l’être
végétatif qui avait pris sa place n’était même pas en mesure de se soucier d’une quelconque forme d’orgueil. Il aurait
pu danser le tango, nu, avec Cynthia Keffer sur la passerelle de l’Indépendance, et il n’aurait rien ressenti. Ni honte,
ni colère, ni plaisir. Enfin, sûrement pas du plaisir; le docteur avait eu connaissance de l’antipathie féroce entre ces
deux personnages et doutait fortement qu’aucun puisse trouver une telle activité plaisante.
Soudain, le nain s’était calmé et Maäl était sorti de sa curieuse réflexion aux analogies douteuses. Vance avait pointé
du doigt un bécher et avait dit :
- Soulève-le.
Jan s’était alors diriger vers le contenant et l’avait élevé de la main. Ivafaire riait dans sa barbe, Vance fulminait.
- Soulève-le avec ta pensée, précisa-t-il d’une manière appuyé.
Il n’avait fallu que quelques secondes pour que le bécher monte dans les airs et se stabilise. Galvanisé par cette
réussite, une pluie de directives s’étaient enchaînées. Von Ewig avait fracassé le bécher sur un mur, fait éclater des
lampes opératoires, dirigé en tous sens des étagères à roulettes. Chaque fois, Vance ponctuait de «Fantastique!»
«Sublime!» ou «Incroyable!» Finalement, le nouveau et presque officiel bioweapon avait arraché le biobed de son
socle et l’avait compressé sur lui-même en une étroite boule de métal, de plastique et de circuits gels et
électroniques. Durant tout ce temps, Von Ewig était resté stoïque. Pas un spasme, pas un clignement des yeux. Seul
de la salive, parfois en petites bulles qui éclataient mollement, s’écoulait au coin de sa bouche.
Tout à coup, la jubilation visible de Vance s’était atténuée. Son regard était devenu méchant et intéressé. Après une
profonde inspiration, il avait désigné Ivafaire et dit :
- Tue-le.
Un imperceptible mouvement du sourcil avait agité la face de lune de Jan, mais rien ne s’était produit. Le médecin qui
s’était reculé contre le mur, livide et sans voix, fut immédiatement soulagé, mais avait à nouveau paniqué quand
l’ordre avait été répété. Toujours rien. Le petit scientifique avait failli retomber dans cette rage folle, mais s’était
contrôlé et avait dit avec un petit sourire :
- Ce n’est qu’une question de temps.
Il avait ensuite envoyé un message crypté à DeVille. Quelques minutes plus tard, Hans et ses acolytes étaient venus
chercher Vance et son nouveau jouet, laissant Maäl Ivafaire dans l’incertitude.
***
Nera avançait, suivant difficilement la grande rousse qui la précédait. Derrière elle, deux hommes inexpressifs qui ne
faisaient que ce pour quoi ils étaient payés. Ils avaient changé de direction au moins quatre fois et pris deux
élévateurs. Elle n’avait plus aucune idée de l’endroit où elle se trouvait dans l’immeuble, son sens de l’orientation
maintenant complètement désarçonné.
La veille, quand elle était revenue à elle, on l’avait enfermée dans une pièce. Un joli petit studio, décoré avec goût.
L’appartement était séparé en trois aires ouvertes : une chambre, un petit salon, une petite salle de bain. Il était clair
qu’on allait observer ses moindres faits et gestes. Oui, une belle petite prison. Elle s’était donc contentée du stricte
minimum : un repas délicieux, une douche sonique apaisante, un sommeil agité, mais réparateur. Pendant tout ce
temps, elle avait tenté de se rappeler les événements. Elle se rappelait sa capture, puis elle avait tentée «d’entrer»
dans la tête de Spriggan… et tout avait basculé. Elle s’était retrouvée dans une tête, mais pas celle qu’elle voulait.
Laquelle alors? C’était flou et chaque fois qu’elle était sur le point de se souvenir, les images lui échappaient. En
s’endormant, elle avait pensé à Aldane et Sprigg, se demandant ce qui arrivait à l’un et à l’autre.
Elle avait été réveillée par l’éclairage soudain du studio. En ouvrant les yeux, particulièrement incommodée par la
luminosité, elle avait découvert cette femme qui était avec Spriggan au spatioport. Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que
ce soit, Lilium Gungrave lui avait asséné une gifle sonore.
- Habille-toi, tu es attendue.
Et elle avait lancé une robe en satin noir avec une paire de talons aiguilles vers une Nera sidérée. Quelques
secondes pour se vêtir, puis Gungrave l’avait saisie par les cheveux et poussée vers l’avant. Elle avait gémi avec
colère, se demandant pourquoi autant de violence était nécessaire. Toutefois, si elle avait su que la rage de Lilium
était due à la disparition de Spriggan, Nera aurait plutôt gémi de plaisir.
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Ils tournèrent une dernière fois vers la gauche, puis se trouvèrent dans un large vestibule devant une porte à deux
battants. Ils entrèrent sans attendre dans l’antre de DeVille.
Nera Morak fut impressionnée par la splendeur de l’endroit. Vaste, richement décoré, avec le même goût qu’elle avait
décelé dans sa prison d’une nuit. Son ébahissement fut de courte durée car un énorme vase orangé fonçait vers le
petit groupe à toutes vitesses. Les deux femmes se jetèrent chacune de part et d’autre de la porte alors que la poterie
se fracassait sur les hommes de service. Un rire gras, porteur d’un plaisir non contenu, parvint aux oreilles de Nera.
- T’as vu ça, Lilium!
DeVille lui montrait, au centre de la pièce, un homme au corps adolescent et aux cheveux bleu, entouré d’une dizaine
d’objets en suspension et rotation.
- Je vois surtout que vous vous amusez follement, répondit Gungrave en se remettant sur pied, époussetant quelques
poussières, vestiges du vase, de son manteau d’un velours vert émeraude. Je vous amène un autre colis, continua-telle en saisissant avec une sauvagerie non voilée le bras de Nera et la traînant sur le sol.
- Aye! Mais lâchez-moi! jura-t-elle.
- Qu’avons-nous là? Demanda DeVille d’une voix doucereuse quand Nera fut à sa hauteur.
Il portait une veste blanche par-dessus une chemise à col mao également blanche. Le tout tombait sur un pantalon
noir. À son poignet, un bracelet finement ciselé de quartz noir. Il sourit à Nera, un sourire de bébé maniaque avec ses
grosses bajoues.
- Comment allez-vous aujourd’hui, miss? Vous aimez votre robe? C’est moi qui l’ai choisi. Certains croient que je n’ai
pas de goût, mais je trouve qu’elle vous va à merveille. N’est-ce pas, Gungrave?
Cette dernière hocha la tête avec un sourire franchement désintéressé.
- Qu’est-ce que vous me voulez? demanda Morak en prenant soin d’empreindre sa voix du plus de dédain possible.
- Vous êtes courageuse, répondit-il, son sourire s’élargissant encore sur son visage, penché qu’il était au-dessus
d’elle comme prêt à la dévorer. Mais il ne vous sera d’aucun secours ici. Je m’apprête de faire de vous un exemple
pour Starfleet. Une petite surprise pour l’Indépendance qui après cela, je l’espère, apprendra définitivement à se
mêler de ses affaires. Ce navire a trop souvent été dans mes pattes et il est temps que cela finisse!
Il avait dit la dernière phrase en haussant le ton, au bord de la fureur.
- Levez-vous, mademoiselle Morak!
Puis il se dirigea vers le jeune homme. En se relevant, elle l’observa à la dérobée. Elle n’aurait su dire quel âge il
avait. Ses cheveux azurés étaient d’un contraste violent avec son regard vide, d’un blanc immaculé. Il portait un
ensemble composé d’une chemise et d’un pantalon en toile qui avait sûrement été blancs à une époque pas trop
lointaine. Elle Nera le connaissait, mais ne réussissait pas à l’identifier. DeVille était maintenant en face de lui.
- Dépose ses babioles!
Lentement, les différents objets s’éparpillèrent délicatement sur le sol : une brosse, une horloge en verre, quelques
padds, un vase jumeau de celui détruit à leur entrée, deux chaussures dépareillées.
- Approche, continua DeVille.
Comme un automate, Von Ewig suivit son maître jusqu’à être en face de Nera. Elle vit les deux renflements de métal
sur la tête de Jan et elle revit le bloc-notes avec les informations sur le patient à transférer, l’image qu’on avait fait
circuler dans le département de sécurité. Et elle eut peur.
- Mon cher Jan, commença le caïd au creux de son oreille. Je veux que tu la déformes, que tu la tortures, que tu la
brûles, l’éviscères et la violes. Je veux que tu lui fasses vivre toutes les atrocités que la terre a connues. MAIS… je
veux qu’elle reste vivante. C’est un petit cadeau… pour sa maman, tu comprends?
Pas de réponse. Nera Morak ouvrait de grands yeux, sans voix, alors que Liliul Gungrave s’asseyait confortablement
dans un des nombreux fauteuils, afin d’admirer le spectacle. Cela calmerait peut-être sa fureur d’avoir perdu Gantz.
- Allez, exécute-toi! Dit DeVille en s’éloignant légèrement sur la droite.
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La jeune officière se mit à reculer doucement, les mains moites, le cœur battant la chamade, la respiration sifflante et
irrégulière. Elle ne savait pas exactement ce qui l’attendait, mais la description du gros bouffon n’était pas pour la
rassurer. En fait, elle pensait surtout à sa mère. Au spectacle que son corps lui offrirait une fois que Von Ewig lui
serait passé dessus comme une armée d’hommes, de criminels, de chirurgiens, de sauvages, de meurtriers, de
pyromanes et de violeurs. Elle pleura.
Un imperceptible mouvement des sourcils. Rien d’autre.
Brett DeVille resta imperturbable puis aboya avec colère un «Vance!» tonitruant. Gungrave sursauta lorsque du
fauteuil voisin du sien s’extirpa ce désagréable scientifique qu’elle détestait tant.
- Comment se fait-il qu’il n’exécute pas mes ordres?
- Oh… euh… c’est peut-être le choix des mots, suggéra le nain qui s’avait fort bien pourquoi tout ne s’était pas
déroulé comme prévu. DeVille le vit et, sans un mot, exigea la vérité de la part du petit homme.
- J’ai essayé plus tôt dans le laboratoire, expliqua Vance en bégayant légèrement. Je lui ai demandé de tuer ce
médecin de la fédération. Il n’a rien fait. Je crois qu’il y a un blocage.
- Et bien débloquez-le moi, et vite! Nous avons déjà assez perdu de temps. J’ai déjà mis au point une multitude de
projets qui l’impliquent et je ne veux pas en voir échouer un seul. Hans, ramenez-les au laboratoire.
Hans se détacha du mur où il attendait patiemment.
- Emmenez aussi la fille. Vance, si vous ne réussissez pas à ce que Von Ewig lui fasse ce que j’ai demande, je veux
que vous vous en chargiez vous-même.
- Avec plaisir, rétorqua l’autre, le visage particulièrement rayonnant.
Nera se demanda, tandis que deux hommes la forçaient à suivre Vance aux côtés de Von Ewig et qu’elle tentait de
recouvrer son calme, si elle avait bien peur de la bonne personne.
Quand ils furent sortis, DeVille regagna son bureau.
- Que fait-on maintenant?
Il siffla de colère. Il avait oublié Lilium et n’aimait pas être surpris.
- Rejoins Gurmack à la caserne et vois avec lui ce qu’il faut faire pour l’équipage de l’Indépendance. Nous avons
perdu trop de temps et il est clair qu’ils passeront à l’acte. Le capitaine Matolck, s’il est parfois hésitant, n’est pas du
genre à laisser l’action lui filer entre les doigts.
- Bien, confirma-t-elle en se levant.
- Tu n’as pas ton protégé avec toi? Lui demanda-t-il alors qu’elle était presque à la porte.
- Il s’est enfuit, répondit-elle en serrant les dents.
- Bon. Retrouve-le et débarrasse-toi s’en. Tu t’es assez amusée pour cette fois.
Elle quitta les appartements de son chef en prenant bien soin de claquer la porte aussi violemment que possible.
***
Il y arrivait, tranquillement. Depuis combien de temps il se battait, il ne le savait plus. Son esprit était épuisé et s’il
n’émergeait pas bientôt, il perdrait le contrôle de la dernière part de lui-même qui n’avait pas encore été anéantie par
le sérum.
Les premières heures avaient été les plus souffrantes. Il s’était acharné à conserver des souvenirs. Certains étaient
atroces et il aurait vraiment préféré les abandonner. Mais chacun était une petite partie de lui et il avait été tellement
difficile de se créer une identité qui lui était propre. Parfois, il s’était perdu dans le délire et maintenant il savait que,
malgré tout, il en avait perdu quelques bouts.
Au moment où il croyait la partie perdue, il était tombé sur son autre «lui» : la vraie nature de Jan. Il y avait longtemps
qu’il ne l’avait rencontrée, qu’il ne l’avait sentie. Elle était paniquée, violente comme un animal en cage, prête à
démolir, à tuer. Il avait donc décidé de tenter le tout pour le tout et avait laissé cette nature prendre le dessus.
Pendant des années, Jan Von Ewig avait caché et repoussé au plus profond de son être, cette nature sauvage.
Durant les trois dernières années à la station Pandora, il l’avait ignorée, envoyée dans des contrées encore plus
lointaines de sa psyché. Quand il l’avait propulsée aux premières lignes contre le sérum, toute atrophiée qu’elle était,
elle s’était rebellée avec vigueur et avait réussi à tenir le coup. Jan ne voulait pas perdre cette partie de son surmoi. Il
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savait qu’elle était trop importante, qu’elle était portion intégrante de son âme. Cependant, elle faisait un bouclier
acceptable.
Cela lui avait donné un temps pour rassembler ce qu’il restait de souvenirs épars. Il ne pourrait reprendre le dessus
qu’une fois chaque bribe de mémoire récupérée.
Alors qu’il s’afférait mentalement, il avait conscience de ce qui se passait à «l’extérieur», comme à chaque fois que
son autre moi avait pris le dessus. À deux reprises, il avait dû faire un effort surhumain pour empêcher ce moi de
commettre l’irréparable : tuer un homme qui ne lui était, curieusement, pas inconnu et démanteler le physique d’une
femme.
En ce moment, il était dans un corridor et marchait. Il s’agitait nerveusement dans sa tête, glanant ça et là, des
résidus mémoriels.
Soudain, il était dans son corps. C’était lui qui marchait. Il avait refait surface, il avait vaincu le sérum et son surmoi du
même coup qui ne s’était même pas fait sentir.
Les gardes derrière eux ne virent rien venir. Jan se retourna et les envoya valser dix mètres plus loin, contre le mur
du couloir perpendiculaire. Devant, Hans se retourna rapidement alors que Vance criait «Arrête! Stop! Ne fais pas ça!
Assis!», ne sachant pas que Von Ewig n’était plus sous l’emprise de son poison.
C’est à cet instant que Nera sortit de sa surprise et comprit qu’elle venait de trouver un puissant allié. Elle courtcircuita l’attaque de Hans avec un solide coup de genou dans l’estomac. Le souffle court, il se plia en deux et elle lui
asséna un coup de poing sur la tempe. Il se cogna l’autre côté de la tête sur la poignée d’une porte de service et
s’affaissa, évanoui.
À côté d’elle, Vance reculait alors que Von Ewig avançait vers lui, les sourcils froncés et le sourire sardonique.
- Oh mon Dieu! Nooooon! Hurla le nain en déguerpissant dans le couloir. Jan ne le poursuivit même pas.
- Vous jouiez la comédie? Demanda Nera.
- Non, pas vraiment, répondit Von Ewig. Vous allez bien?
- J’ai connu de meilleurs jours.
- Nous devons sortir d’ici.
Il avait mal à la tête. Son combat mental l’avait épuisé.
- Avant, nous devons retrouver un homme, reprit-il. Il est… je crois que c’est un médecin.
- Le commandant Ivafaire?
- Ivaf… Non… Vous êtes du USS Indépendance?
- Oui. Nous devions vous escorter jusqu’à votre évaluation.
- C’est bien ma chance, soupira-t-il.
- Où est le docteur? demanda-t-elle tout en retira les fichus talons aiguilles qui lui sciaient les mollets.
- Je ne sais pas je…
Il s’arrêta et se tourna vers elle.
- Vous êtes télépathe?
- Oui, mais comment…
- Et vous n’êtes pas seule. On nous cherche.
Une alarme s’activa alors, bruyante, dangereuse.
- Nous avons perdu trop de temps! Pouvez-vous retrouver mentalement Ivafaire?
- Oui, répondit Morak incertaine après sa dernière tentative infructueuse avec Spriggan.
- Alors faites! En attendant, courrons. Peu importe où nous allons, ce sera mieux que de rester sur place.
Il allait s’élancer quand Hans le saisit au poignet, par son bracelet. Jan lui lança son pied à la figure, mais il ne lâcha
pas prise. Ce fut le bracelet qui céda. «Tant pis, se dit-il. Désolé Vlana». Et il partit au pas de course, suivant Nera qui
sondait la tour Hellsing.
***
Quand ils arrivèrent au laboratoire, une dizaine de drones les y attendaient. Jan eut vite fait de les désactiver en les
étêtant sans ménagement. En route, ils avaient croisé deux patrouilles. Les deux fois, Von Ewig avait limité
l’utilisation de ses pouvoirs et s’était battu à mains nues aux côtés de Nera. Cette femme était une tigresse, mais il
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sentait que ce n’était pas une question d’entraînement; c’était l’énergie du désespoir qui l’habitait et elle en avait à
revendre. En bout de ligne, ils s’en étaient tirés lui avec la joue gauche tuméfiée et elle, avec la lèvre inférieure en
sang.
Morak utilisa le phaseur, qu’elle avait subtilisé à un des hommes de main de Deville, pour faire sauter le panneau de
commande de la porte. Une fois à l’intérieur, elle cria :
- Docteur Ivafaire?
Une tête ensommeillée se tourna vers eux. Le bon Maäl, qui n’avait pas dormi depuis plus de plus de 36 heures, avait
fini par tomber du sommeil du juste, étendu sur un des comptoirs. À la vue de l’officière et de Von Ewig, il ne fut pas
nécessaire de lui donner une gifle pour le réveiller.
- Vous êtes avec les secours?
- Non, seuls, répondit Jan. Bon Dieu qu’il avait mal à la tête.
- Il faut bouger, et vite! s’exclama Nera.
- Docteur, guidez-nous pour sortir d’ici.
- Mais! Je ne sais pas comment sortir d’ici! On m’a téléporté dans ce labo directement avec vous, Commandant.
Le titre sonna étrangement aux oreilles de Von Ewig. Il ne prit pas la peine de corriger le docteur.
- Nous sommes dans la merde, conclut la seule femme du trio.
Elle sortit dans le corridor. D’un côté, la coursive par où ils étaient arrivés. De l’autre, une fenêtre. Elle s’approcha
pour évaluer la situation. Il devait être au moins à 58 étages au-dessus du sol. De la folie. Elle donna un coup de
poing rageur dans la vitre. Comment se diriger dans cette tour? Si Aldane avait été avec elle, mais elle n’y était pas.
Nera en était certaine. Elle s’était servie de son don au maximum, chavirant sous le poids des pensées des
personnes présentes dans toute la tour. Aucune n’était Aldane.
Comme elle était fatiguée. Elle allait dormir, ici, maintenant, sur la carpette brune… Le docteur la souleva par l’arrière,
les bras sous les aisselles, ses mains effleurant timidement les seins de la jeune femme sous le satin noire.
- Reprenez-vous, lui ordonna Maäl.
Elle acquiesça faiblement, se cramponnant à lui pour ne pas s’évanouir. Jan les rejoignit et appuya son front sur le
verre froid de la vitre. L’alarme allait le rendre fou. Il fallait qu’il sorte. Tout de suite.
***
On l’avait contacté chez lui. En audio seulement.
- * De vieux amis d’une autre vie veulent vous voir. Mediv Motel, chambre 38.*
Il avait pris son vieil imperméable, son chapeau et s’était dirigé vers le miteux motel qu’il connaissait de nom, sous la
pluie battante. Il faisait nuit, mais il ne fut pas difficile de prendre le chemin de l’endroit. Suffisait de suivre la tour de
DeVille, l’établissement en question en était à trois coins de rue.
Dans le minuscule hall, il retira son couvre-chef et secoua son imper trempé. Il passa devant le comptoir du
réceptionniste sans s’arrêter. De toute façon, il n’y avait personne. Au troisième étage, qu’il atteint en montant les
escaliers, il trouva la porte 38 juste sur sa droite. Il cogna.
- Entrez, dit une voix.
À l’intérieur, une simple lampe allumée. Il n’y en avait qu’une de toute façon. Sur une vieille chaise au dossier élimé,
une femme était assise. Derrière elle, la fenêtre était ouverte et on pouvait voir dans toute sa splendeur la tour
illuminée.
- Je suis ravie que vous soyez venu, inspecteur.
Elle avait dit le dernier mot sur un ton risible.
- Vous êtes de SFI?
- Je vois que l’indice dans notre message ne vous a pas échappé. Effectivement, nous sommes bien de Starfleet
Intelligence. Je me nomme Preda.
- Ce n’est pas votre nom.
- Évidemment, vous le savez bien. Comme je sais que vous ne vous appelez aucunement Herbert Provençal.
- Je vois que vous êtes au courant de mon dossier.
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- Oh! Bien plus que vous ne le croyez, inspecteur. C’est moi qui vous ai donné votre nouvelle identité.
Il y eut un silence malsain. Il ne voulait plus être ici. Il n’était pas à l’aise. Cette femme n’était pas une personne avide
de pouvoir, mais elle savait jongler avec et se servir de ceux qui aimaient le pouvoir. C’était bien pire.
- Que me voulez-vous?
- Comment entre-t-on dans la tour Hellsing?
- Comment voulez-vous que je le sache, répondit-il en haussant les épaules. Par la porte, comme tout le monde.
- Inspecteur, je sais très bien que vous ne cherchez qu’une chose : éliminer Brett DeVille. Depuis le temps que vous
êtes sur Tyrell, vous avez certainement trouvé un moyen d’entrer dans sa tour sans vous faire repérer. Ne vous
inquiétez pas, je ne suis pas ici pour DeVille. Je vous le laisse. Je veux simplement quelque chose qui est chez-lui.
- Comme?
- Ça ne vous regarde pas. Elle fit une pause pour le mettre parfaitement mal à l’aise. Alors?
- Il y a effectivement un moyen.
- Parfait! Ana?
En interpellant un complice invisible, Provençal se raidit tandis que la femme se levait. Il pensa qu’elle allait l’attaquer,
mais elle se plaça à côté de la vieille chaise qui se déforma et prit forme humaine.
- Un… un métamorphe!
Preda ne releva même pas la remarque étonnée :
- Inscrivez sur son bras avec votre doigt, les indications pour y entrer. Ensuite, vous quitterez ce bâtiment.
À l’extérieur, on entendit un bruit de verre brisé, accompagné d’une alarme qui déchira la nuit. En un instant, la
femme fut à la fenêtre, jumelles à la main.
- Nous n’aurons pas besoin de vos informations, finalement, dit-elle en suivant quelque chose avec les jumelles.
Jules?
L’homme caché derrière la porte assomma sans façon Herbert Provençal.
***
Ils étaient à bout de souffle. Malgré son corps svelte, Von Ewig était beaucoup plus lourd qu’il n’y paraissait. Elle
n’avait déjà plus de force au moment où ils avaient sauté de la fenêtre, elle était maintenant à deux doigts de la
catatonie.
Nera avait hurlé quand Von Ewig s’était jeté sur elle et Ivafaire. Elle n’avait jamais touché la vitre. Celle-ci avait
éclatée avant même qu’ils ne se lancent dans le vide. Ils avaient plané sur une certaine distance, soulevés par un
vent invisible. Puis ç’avait été la chute libre. Lentement, ensuite de plus en plus rapidement au fur et à mesure que
Von Ewig perdait conscience. Finalement, ils avaient atterri durement dans une ruelle jonchée d’immondices. Sa
chute avait été amortie par un vieux matelas, mais Maäl avait pris le mur de briques en pleine gueule. Il s’était déchiré
l’épaule et foulé le poignet du même bras. Quant à Jan, il avait rebondi sur le sol comme une baudruche
fantomatique.
- Je n’en peux plus, Doc, gémit-elle, laissant le côté droit de Von Ewig l’aplatir.
- Non, pas ici, non!
Rien à faire. Elle râlait, assise sur l’asphalte trempée.
79-Spriggan
[Juste avant le SL # 78 de Marc-Antoine]
Tout en suivant Gontrand, Gantz a remis son arme dans la poche de son grand manteau noir. Mentalement, il fait le
compte: onze balles dans le chargeur, une dans le canon. Les quatre autres sont perdues quelque part dans la
carcasse de cette pauvre merde de Gros-Louis.
Nanti de son maigre pécule, le vieillard a tenu à faire un détour par chez Albert l'alambic. Gontrand n'a pas assez
d'argent pour faire l'achat d'une vraie de vraie bouteille dans l'un des innombrables bars de la ville. Néanmoins,
l'alambic fabrique un excellent moonshine qui vous laisse un arrière-goût de pierre à feu dans la gorge sans vous
contraindre à la cécité.
Les fuyards sont ensuite arrivés au "Manoir Gontrand"; un ramassis de planches pourries et de sacs poubelles
découpés et placés de façon à constituer un parapluie quasiment efficace. Sa demeure se situe au bout d'une ruelle
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horriblement crasseuse encombrée de détritus en tous genres. Il règne céans une odeur infecte à faire lever le cœur
d'un rat d'égout.
— Ça pue comme c'est pas permis, je sais, fils. C'est à cause des usines de l'autre côté de ce mur. Mais ça a
l'avantage d'être peinard. Personne ne vient jamais m'emmerder jusqu'ici.
Gontrand écarte un pan de la porte et entre chez lui.
— J't'en prie, fils, prend ce fauteuil! C'est le plus confortable du logis!
Le vieux désigne une caisse de bois semblable aux deux autres ceinturant un espace cendré sur le sol où on a
vraisemblablement l'habitude de faire du feu. La caisse se distingue avantageusement de ses voisines en ce sens
qu'elle échappe au qualificatif de bancale pour le moment.
Gantz se penche pour entrer sous la tente improvisée et s'assied comme il lui est demandé. L'endroit est repoussant
mais à peu près sec.
Le vieil homme s'assoit à cheval sur une autre caisse, gratte une allumette, rallume son feu et soupire bruyamment,
visiblement heureux malgré les perpétuelles averses jouant du tambour sur les planches faisant office de toit.
— Magnifique journée! J'ai un nouvel ami, le Gros-Louis a une nouvelle boutonnière qui devrait le tenir occupé un
moment et on a une toute nouvelle bouteille de bibine pour arroser le tout!
Il dévisse le bouchon de sa précieuse bouteille et, se rappelant vaguement quelques reliquats de savoir-vivre, la tend
à son invité sans y boire d'abord.
Gantz attrape la bouteille, renifle son contenu, grimace, prend son souffle et bois une longue gorgée.
C'est doux et brûlant en même temps, ça réchauffe le corps, ça coupe le souffle ça fait couler des larmes et c'est
parfaitement infect. Le jeune homme en boit courageusement une seconde lampée, encouragé par le visage ravi de
son hôte.
— Alors? demande le vioque en reprenant sa bouteille à laquelle il retranche aussitôt vingt centilitres sans
broncher. T'es pas du coin, toi!
— Je ne suis pas sûr. Je… je suis un esclave.
Le vieux sourcille.
— Un esclave? Mouais… y'en a pas tant que ça dans le coin… et ils ne se baladent pas en liberté, tu sais.
— Ma maîtresse m'a acheté à je ne sais pas qui et je lui appartiens. Mais elle ne restreint pas mes mouvements.
— Acheté, dis-tu? C'est très rare qu'on achète des esclaves, sur Tyrell. Habituellement, on kidnappe quelques
femmes pas trop moches et on les enchaîne à la cave. Bref on se sert. À la rigueur, les esclaves se jouent au
poker. Mais les acheter… Pourquoi faire? Si t'veux un esclave sur cette planète, t'as qu'à sortir dans la rue te servir,
fils!
— Je ne sais pas. J'ai perdu la mémoire.
— Oh! S’étonne Gontrand, compatissant.
Puis il ajoute:
— Je me demande bien quelle sorte d'esclave tu es! Ton corps ne porte aucun des stigmates habituellement
associés à la servitude. Tes mains sont soignées, ta peau est belle, tu es propre et tes cheveux sont lavés.
— Ma maîtresse me confie des boulots particuliers.
— Hmph… mouais… et tu dis que tu ne te rappelles de rien? Ton nom, ta vie, tout ça…
— Il semble que je m'appelle Gantz.
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— Qui t'a dit ça?
— Ma propriétaire.
Gontrand poussa les lèvres vers l'avant, dubitatif.
— Si j'ai bien compris, tu te réveilles un matin et tu ne te rappelles absolument plus de rien. Rien du tout.
— C'est à peu près ça, confirma Gantz.
— C'est alors qu'une nana se pointe, t'apprend que tu te nommes Glantz et que t'es son esclave. Et toi, tu acceptes
ça tout bonnement sans te poser de question.
— Gantz, pas Glantz.
— C'est ridicule! fit le vieil homme, catégorique.
— C'est la seule vérité que je possède et tout le monde autour de nous l'accrédite.
"Ça n'est pas vrai, songea Gantz dès qu'il eut terminé sa phrase. Il y a cette jeune fille qui prétend me connaître…"
— T'es sûr que tu serais pas devenu stupide au lieu d'amnésique? fit le clochard en ricanant.
— C'est clair que je me pose des questions! Se défendit Gantz, plus pour se convaincre lui-même que dans le but de
se justifier auprès du vieux. Je réfléchis, j'observe, je me creuse la cervelle. Mais c'est un processus difficile et tout
ça ne date que d'une journée…
Gantz se perdit un moment dans ses pensées avant d'ajouter:
— De toute façon, pour le moment on me traite bien, je n'ai pas à me plaindre.
— Mouais… c'est sûrement pour ça que je t'ai trouvé vautré dans les poubelles de Gros-Louis, ironisa Gontrand en
reprenant une gorgée de tord-boyaux.
Gantz tourna la tête vers la sortie et se perdit en contemplation des gouttes de pluie percutant l'asphalte.
— Et vous, demanda doucement l'amnésique en fixant les flaques d'eau, c'est quoi votre histoire?
— Oh, bah, moi, tu sais… Succession de coups durs et autres revers de fortune. Comme on dit à Paradise City: Il
pleut toujours sur ceux qui sont déjà trempés!
Le vieil homme éclata d'un rire gras avant de remettre un bout de bois humide dans le feu qu'il arrosa d'une
généreuse rasade d'essence à briquet.
"Il faut que je retrouve cette fille…" se répétait Gantz, plus confus que jamais.
=/\=
Frisant l'hystérie, Lilium Gungrave donnait libre cours à l'une de ses rares mais oh! combien intenses colères. Toute
nue dans ses appartements qu'elle arpentait nerveusement de long en large, elle hurlait sa rage à deux de ses
hommes. Les soudards se tenaient bien droits, immobiles et craintifs. Ils avaient beau être gros, grands et baraqués,
ils n'en menaient pas large devant cette créature disposant du droit de vie ou de mort sur une multitude de gens à
laquelle ils appartenaient malheureusement.
"Comment avez-vous pu le laisser sortir? Cria-t-elle, déchaînée. Il est seul! Il ne connaît rien de cette ville! Il n'a plus
de mémoire! Il doit déjà être mort à l'heure qu'il est! Et je vous en tiens responsables! Vous avez laissée la brebis
aller brouter parmi les loups!"
Le garde de gauche se dit à lui-même: " Il doit sacrément bien te baiser pour que tu disjonctes de cette façon!"
Le garde de droite, lui, gardait ses pensées à un tout autre niveau. Il n'arrivait pas à décoller son regard de
l'entrejambe de la furie, qui lui rappelait avec délice celui de la gamine de dix ans dont il abusait quotidiennement
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avec un plaisir renouvelé. Malheureusement pour lui, Gungrave remarqua le regard indiscret de son gorille, ce qui
décupla son courroux.
Sans hésiter, elle marcha vers l'impertinent et d'un large geste du bras, alla saisir à pleine main les parties intimes du
pédophile auxquelles elle imprima un violent mouvement de torsion.
L'homme beugla en tombant à genou et vomit sur le sol.
— Le nettoyage de la moquette sera retenu de ta solde! Maintenant, trouvez-moi Gantz! Hurla-t-elle, un voile de folie
dans les yeux.
Le garde aux bijoux de famille intacts sortit en soutenant son collègue incapacité.
"Il n'a nulle part où aller, se dit Gungrave en cherchant de quoi se vêtir. Son unique point de repère, c'est Hellsing!"
La Valkyrie opta pour son armure de combat, sentant confusément qu'elle lui serait utile, puis s'arma puissamment et
sortit de l'hôtel sans escorte, ne souhaitant s'en remettre qu'à elle-même pour retrouver son amant.
Mais cela devrait attendre. Elle était attendue à la Tour Hellsing par le Grand Patron lui-même. Avec un peu de
chance, Gantz l'y rejoindrait de son propre chef.
=/\=
[À partir d'ici, nous rejoignons le SL de M-A et les évènements suivants se déroulent en même temps]
Gantz était sorti sous la pluie pour tenter tant bien que mal de nettoyer sa main droite et son arme. Il obtint de
résultats mitigés quoique que satisfaisants pour le moment.
— Alors, vraiment, fils, tu ne restes pas encore un peu? Déplora Gontrand depuis l'intérieur de sa tente improvisée.
— Le chemin le plus court pour se rendre à la Tour Hellsing! Lâcha le jeune homme lassé de l'inaction.
Le clochard risqua une main sous la pluie et pointa le fond de la ruelle se terminant en cul-de-sac.
— Derrière le container rouge… des briques sont tombées et on a pratiqué un trou dans le mur. Faut toujours prévoir
une sortie d'urgence, mon gars!
— Où cela mène-t-il?
— De vieux entrepôts désaffectés. Je crois qu'ils ont été convertis en studios où sont tournés des snuff movies. On
tombe parfois dans ces ruelles sur des cadavres de femmes mutilées qu'ils jettent aux ordures.
Les yeux du vieillard s'étaient embués. Il y avait tant de façons de terminer sa vie… mais mourir pour le plaisir voyeur
de vieux riches au cerveau malade, c'était immensément triste.
— Bref, tiens ta pétoire prête. Ces gens-là ne pardonnent jamais qu'on soit témoins de leurs activités.
Gantz remercia Gontrand d'un hochement de tête et disparut derrière le conteneur rouge.
=/\=
Si la colère matinale de Lilium Gungrave avait été impressionnante, ça n'était plus qu'une légère saute d'humeur en
comparaison de celle de Brett DeVille en apprenant que le Bioweapon s'était échappé. Fou de rage, DeVille avait
fracassé le crâne de deux de ses convives, à coups de poings et tout à fait au hasard, dans le simple but d'évacuer
un trop plein d'agressivité nuisant à sa capacité de réflexion.
Gungrave avait patiemment attendu que le gros de la colère passe avant de se risquer près du caïd. Les poings
ensanglantés posés sur le rebord de son bureau, DeVille gardait la tête penchée pour reprendre son souffle. Il
transpirait à outrance, incommodant la jeune femme qui garda une distance prudente pour éviter la nausée.
Sans dire un mot, Lilium jeta un objet sur le bureau du hors-la-loi.
— …c'est que ça? Cria méchamment DeVille.
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— Le bracelet de Von Ewig. Un des gardes est parvenu à lui arracher avant qu'il ne saute par la fenêtre.
— Et alors? J'ai une tête de bijoutier, petite connasse?
— Cet objet permet à son propriétaire d'ajuster à volonté l'intensité des PCD de Von Ewig, précisa calmement
Gungrave.
DeVille releva lentement la tête et son regard exprima toute son admiration pour cette femme décidément
exceptionnelle.
— Lili, implora-t-il, vas me chercher Von Ewig. Ramène-le moi, je te fais confiance. Et débarrasse-moi des autres.
— Tout pour vous faire plaisir, boss. En retour, j'aimerais vous demander une faveur.
DeVille reprit place dans son énorme fauteuil et ralluma son barreau de chaise (ie: cigare pour les profanes).
— Ça va, ça va, tu peux garder ton bonhomme. Mais tu en es responsable, je te préviens!
Le visage de Gungrave s'illumina et, munie du précieux bracelet, elle fit promptement demi-tour pour foncer sus à
Von Ewig. Le cautionnement de DeVille à propos de Gantz l'avait totalement requinquée et c'est pleine de
détermination et d'énergie qu'elle s'engouffra dans l'ascenseur.
=/\=
Parvenu sans encombre dans le gigantesque hall de la Tour Hellsing, Gantz fut abordé aussitôt par deux hommes en
armes qui s'adressèrent à lui avec déférence.
— M'sieur Gantz! fit l'un d'eux, la mine préoccupée, Miss Gungrave vous cherche partout! Vous allez bien?
Lilium allait bien! Gantz fut aussitôt soulagé. Il n'avait toujours aucune idée de ce qui leur était arrivé après s'être
arrêtés devant la porte des Scavengers. Comment avait-ils été séparés? Dans quel état était-elle? Comme avait-il
échoué sur un tas d'immondices?
— Où garde-t-on la prisonnière amenée hier soir? S’enquit-il sur un ton impératif.
— Bah… enchaînée au 3e sous-sol en attendant que les huiles décident quoi en faire…
Gantz avait voulu parler de Nera. Le garde lui avait répondu en croyant qu'il faisait référence à Aldane. Pourtant,
tous deux étaient persuadés qu'ils parlaient de la même femme. La vie est ainsi faite de petits hasards et autres
malentendus.
Gantz monta dans un ascenseur au moment même où Lilium sortait d'un autre.
— Miss Gungrave! Appela le garde, heureux d'avoir une bonne nouvelle à apprendre à la dangereuse amazone.
— Pas le temps! répondit-elle méchamment en passant près de lui au pas de course, dégainant du même coup ses
terribles armes de poing.
=/\=
Aldane était initialement parvenue à attraper une longue clé de métal qui s'était avéré parfaitement inutile pour se
défaire du bracelet terminant la chaîne qui la reliait au mur. Découragée, elle allait se défouler en la lançant le plus
loin possible mais se retint à la dernière minute.
Elle venait de réaliser que ladite clé rallongeait sa portée d'une trentaine de centimètres. Tout juste ce qu'il lui avait
fallu pour faire tomber d'un établis une deuxième clé semblable à la première. Assise sur le béton, elle avait passé
les deux outils dans le bracelet de métal et avait ensuite appliqué le principe du levier en imprimant de toutes ses
forces des mouvements contraires aux deux clés, transformant celles-ci en tenailles (hp: un peu comme si vous
tentiez de faire péter une bague de métal en ouvrant une paire de ciseaux à l'intérieur de l'anneau).
Elle souffrait le martyr et sa cheville cisaillée perdait beaucoup de sang. Mais son énergie était directement alimentée
par un refus absolu de continuer à voir son propre destin contrôlé par autrui. Elle en avait marre. Elle était sale,
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affamée, portait des vêtements en loques, crevait de fatigue, avait le système nerveux ruiné et pour couronner le tout,
ses jolis dessous à dentelle finiraient assurément à la poubelle!
Enragée, elle avait décidé que le bracelet ou bien sa cheville finirait par casser. Elle n'abandonnerait pas avant
d'atteindre un ou l'autre de ces résultats. Elle tirait sur une clé, poussait sur l'autre, serrant les dents à s'en faire
saigner les gencives.
Un claquement sec la gratifia de ses efforts. Tant pis si elle s'était éraflée toute une main sur le béton rugueux dans
la foulée de sa poussée qui venait d'être libérée par le bris du bracelet.
Elle se remis à la verticale avec difficulté et boita vers l'unique porte, brandissant sa clé d'acier de la main droite et
essuyant de la main gauche l'eau qui avait perlé de ses yeux sous l'effort.
Elle était prête à fendre des crânes. Plus personne ne lui ferait du mal! Plus personne n'abuserait de son corps!
Plus personne ne l'enchaînerait!
La porte s'ouvrit brusquement avant qu'elle ne l'atteigne. Rassemblant ses dernières énergies, elle leva son morceau
d'acier bien haut et vit Elliot entrer dans la pièce.
La clé tomba bruyamment sur le plancher. Spriggan et Lenassy s'observèrent avec intensité, les yeux dans les yeux,
stupéfaits chacun pour des raisons qui leurs étaient propres.
=/\=
Le Dr Ivafaire se tordait de douleur. Son épaule défaite, son poignet probablement facturé et son visage en sang…
c'était plus qu'il n'en pouvait supporter! Il n'avait pas signé pour ça! Il était fait pour le travail bien propre, pépère,
dans une salle de chirurgie de haute technologie! Pas pour la médecine de brousse! Encore moins pour jouer les
hommes volants en sautant d'un 60e étage!
Épuisée et au bord de l'évanouissement, Nera implora Von Ewig.
— Vous ne pouvez pas faire quelque chose pour lui?
— Hein? répondit distraitement l'étrange bonhomme, luttant lui aussi contre l'épuisement. Mais je n'ai aucune notion
de médecine, moi!
Nera sentait le désespoir la gagner — encore! S'ils ne partaient pas immédiatement de là, ils allaient se faire chopper
à nouveau. Et elle savait pertinemment le sort qui lui était réservé!
Mais, absorbé par sa propre douleur, Ivafaire refusait obstinément de bouger. Sa raison semblait vaciller.
Dégoulinant de pluie, assis parmi les déchets de la ruelle, il gueulait haut et fort son indignation. Mieux: il exigeait,
EXIGEAIT que l'Indépendance vienne le chercher immédiatement!
Von Ewig eut un regard découragé vers le praticien avant d'être saisi d'une idée.
— Vous êtes télépathe, non? fit-il à Nera avec un entrain renouvelé.
— Euh… plutôt empathe. Mais en fait, je ne suis plus certaine…
— Vous arrivez à entrer dans la tête des gens, oui ou merde? Laissa tomber Jan, agacé.
— Je COMMENCE à m'exercer! répondit-elle sur le même ton!
— Parfait, ça ira. Vous allez me transmettre les connaissances médicales du bon docteur!
— HEIN??? Vous êtes dingue! Ça ne se fait pas!
— Eh bien, ça va se faire!
— Monsieur Von Machin…
— Ewig!
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— … Ewig, oui c'est ça… si ce que vous demandez était possible, plus personne n'aurait besoin d'aller à l'école!
— Je ne vous demande pas de me transférer dix années d'études, ni vingt années de pratique! Je veux juste de quoi
soigner sommairement le docteur pour nous permettre de foutre le camp d'ici!
— Et comment je suis supposée faire le tri! Hurla-t-elle au visage de Jan.
Ils s'affrontèrent du regard, dégoulinants, clignant des yeux à cause de la pluie et reniflant à grand bruit.
Von Ewig céda le premier. Il jeta des regards apeurés d'un côté et de l'autre de la ruelle, puis fixa Morak à nouveau.
— S'il vous plait, fit-il plus calmement, vous voulez bien essayer?
=/\=
En une seconde, son champ de vision était devenu complètement noir. Disparus les murs, le plancher et le plafond,
tout ce qui constituait la cave une seconde plus tôt. Plus rien que du noir. Même pas du noir: du néant! Le grand
vide avec, au milieu, ces yeux extraordinaires!
Ces yeux-là! C'étaient ces yeux-là qui l'ancraient encore à son ancienne réalité. Sa seule réalité. Progressivement,
une image se reformait autour de ce regard salvateur. Un visage, des cheveux, une bouche délicieuse, il en était
certain. Le corps puis la pièce… au fur et à mesure que sa perception de la réalité reprenait ses droits, des bulles de
souvenirs remontaient à la surface de sa conscience. Oh! Ça n'était que des fragments épars, mais c'était un début.
— Je… Je m'appelle Spriggan, murmura-t-il.
Aldane hocha de la tête, interdite.
— Tu t'appelles… Aldane.
La zaldane approuva avec vigueur, pleurant à chaudes larmes.
Elle était sale, elle se sentait laide; elle était souillée, les cheveux cotonnés, le corps tuméfié… pourtant, jamais Elliot
Spriggan n'avait trouvé Aldane aussi belle!
Lenassy se jeta au cou de Sprig qui la souleva et l'appuya avec fougue contre un mur pour dévorer sa bouche avide.
Jamais encore le jeune homme n'avait embrassé une femme en pleurant. Il la goûta longuement, buvant à ses lèvres
une passion jusque là inconnue. Et par ce baiser, elle lui rendait peu à peu ses souvenirs, son entité, son existence.
Lorsqu'ils se résolurent à séparer leurs bouches, il se regardèrent longuement, éperdus de bonheur, de soulagement,
de sérénité.
— Je vais te sortir d'ici, lui dit-il avec détermination.
Elle avait foi en lui. À partir du moment où ils étaient réunis, tout irait pour le mieux!
Spriggan s'empara d'un bout de corde traînant sur un plan de travail et fit faire un demi-tour à sa précieuse
compagne.
— Que fais-tu? demanda-t-elle en souriant, s'abandonnant totalement aux initiatives de l'humain.
— Je te libère, répondit Elliot, sourire en coin, en liant délicatement les poignets de la jeune femme blonde.
Spriggan sorti son arme et, après s'être bien assuré que le cran de sûreté était en place, poussa doucement sa belle
devant lui en pointant le canon sous son aisselle.
Ils ne rencontrèrent aucune embûche et, un peu étonnés, furent bientôt dehors.
Dès qu'ils furent hors de vue, Elliot attira Aldane dans une ruelle et lui retira ses entraves. Il lui quémanda à nouveau
un très long baiser qu'elle fut trop heureuse d'accorder.
— Faut plus jamais me quitter, dit Lenassy sur un ton de reproche en posant son front contre celui d'Elliot.
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— Je te protègerai. Je serai ton rempart contre le mal.
Spriggan pris la main d'Aldane et s'enfonça dans la ruelle sombre, son visage souriant levé vers le ciel! Dieu! Que la
pluie était bonne!
=/\=
Sans qu'ils ne sachent trop comment, quoi, pourquoi et par qui, une sorte de transfert partiel avait eu lieu. Des
morceaux d'information fragmentaire, hétéroclites, sans suite, avaient trouvé leur chemin jusque dans l'esprit de Jan
Von Ewig. Rien de suffisant pour en faire un neurochirurgien, mais des connaissances (voire instinct) de base qui
parurent satisfaire l'homme au cheveux bleus.
Quelques peu dérouté par le processus et ces connaissances nouvelles, il fallut un moment à Jan pour se stabiliser
mentalement. Suite à quoi, il farfouilla dans les décombres autour et parvint à bricoler une attelle de fortune. Cela
stabilisa l'épaule et le poignet du médecin. L'effet placebo fit le reste. Ivafaire accepta de se remettre en route,
sentant sa douleur maintenant sous contrôle. Nera Morak avait passé ses dernières forces dans l'opération et c'est
en traînant les pieds qu'elle avança péniblement à la suite de ses compagnons.
Le ciel était à l'orage. L'atmosphère s'était assombrit, donnant au jour l'aspect de la nuit. Nera avançait entre deux
murs de briques sales en tâchant de ne pas trébucher sur les monticules de déchets parsemant son trajet.
Von Ewig ne vit pas la cadette Morak chutant sur le bitume alors que ses jambes se dérobaient de sous elle mais il en
entendit le bruit.
— Ça ne va pas? demanda-t-il en revenant vers elle.
" Bon sang, elle est terrifiée!" jugea Jan en voyant le regard exorbité de Nera qui fixait la ruelle devant elle.
— Allez, miss, il faut continuer!
Elle secoua négativement la tête, incapable de prononcer une parole. Comment aurait-elle pu, de toute façon,
transmettre à Von Ewig toute l'horreur qu'elle éprouvait actuellement à se retrouver dans son rêve!?
Jan soupira.
— Nera, c'est bien ça? Écoutez, Nera, soit on avance, soit les monstres nous récupèrent.
Cette façon de voir les choses calma légèrement la jeune fille. Elle eu une pensée pour sa mère. T'Kar la farouche
aurait bravé courageusement la ruelle. Nera souhaitait plus que tout la revoir, lui dire combien elle avait su être
courageuse, elle aussi, et comment sa maman pouvait être fière d'elle!
— Je… je marche devant! Annonça Morak alors que Jan l'aidait à se relever.
=/\=
Le hasard est une chose étrange. Souvent évoqué par ceux qui refusent de croire au destin. Le hasard a le dos
large et c'est sans hésitation que nous choisissons de l'évoquer ici pour raconter la suite de cette aventure, n'en
déplaise aux puristes.
Le fait était que les ruelles n'étaient pas si nombreuses autour du gigantesque carrefour de la Tour Hellsing. Une fois
que l'on avait compris cela, on pouvait raisonnablement supposer que des gens en fuite opteraient pour ces allées,
question d'éviter la trop grande visibilité conférée par les rues ordinaires et autres avenues bondées de gens.
C'est cette hypothèse, et un peu de hasard, qui avait conduit Lilium Gungrave au croisement de deux ruelles
perpendiculaires où elle eu la joie immense de rencontrer Gantz et la grande blonde. Il ne lui fallut pas longtemps
pour réaliser que son amant avait retrouvé une partie de sa mémoire et avait maintenant changé de camp. Il lui fallut
encore moins de temps pour lever ses armes vers le couple en fuite et intimer à Elliot de laisser tomber la sienne.
La rousse en armure vivait une bataille intérieure. Elle n'aurait su dire si la colère ou la douleur l'emportait en elle.
Colère de voir ses plans échouer et de perdre son esclave, ou douleur ressentit par pure jalousie. Il était évident que
Gantz — non, Spriggan, comme il s'appelait vraiment — tenait à cette créature. C'était probablement elle qui était à
l'origine du regain de mémoire de son Gantz!
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Lilium détesta immédiatement avec une ferveur absolue cette grande fille blonde terrifiée, là devant elle.
Elliot et Aldane se tenaient côte à côte, adossés à la brique, à la merci d'une femme qui crevait de jalousie et de rage
contenue.
Comme si les choses n'allaient pas suffisamment mal pour le clan fédéré, le trio formé de Nera, Jan et Ivafaire sortit
de la brume sur la gauche de Lilium.
— Ah! s'exclama la rousse guerrière en braquant une arme sur les arrivants stupéfaits, la réunion de famille est
complète! Approchez, approchez! Placez-vous près de vos compagnons!
Morak flottait maintenant dans un état surréaliste, persuadée qu'elle était sur le point de s'éveiller, en hurlant, chutant
au bas de son divan.
Lilium jubilait. Ils étaient là, tous les cinq, alignés dos au mur devant elle. À sa merci!
— Lilium, écoutes, ne fait pas… dit Spriggan lentement en faisant un geste apaisant de la main.
— Ta gueule! Lui balança Gungrave.
— Bon! C'en est assez maintenant! Annonça Jan sur un ton déterminé. Mais son visage afficha aussitôt un
ébahissement total.
Un rire franc et fort, un rire méchant secoua Lilium.
Sans cesser de les tenir en joue à deux pistolets, Gungrave tordit légèrement le poignet pour laisser Von Ewig y
apercevoir son bracelet.
— Je t'ai mis la switch à "off", petit malin! Pas de télékinésie pour toi! Tu vas gentiment retourner dans les
laboratoires de DeVille, espèce de freak!
Lilium fixa ensuite Spriggan.
— Quant à toi, tu vas revenir avec moi. On va tout reprendre à zéro, mon mignon. Et tu finiras par m'aimer pour de
vrai! Même si je dois moi-même d'abord te lobotomiser à la petite cuillère!
Le Dr Ivafaire en avait plus qu'assez! Il fit un pas en avant et prit courageusement la parole.
— Madame, je vous incite à la raison! Nous sommes des représentants officiels de Starfleet — Lilium grimaça de
dégoût — et nous pouvons certainement négocier une…
— Négocie donc ça, le fédéré! Hurla Gungrave en ouvrant le feu en direction du médecin.
BANG!
Tout ce qu'il avait été, les expériences accumulées, les années d'études, les multiples vies sauvées, ses quelques
histoires d'amour, son professionnalisme, sa famille, ses amis, ses rêves et ses ambitions, tout cela se retrouva étalé
sur le mur crasseux derrière lui, en fines particules grisâtres teintées de rouge. En une impitoyable seconde, Ivafaire
avait cessé d'exister.
Complètement choquée, Nera eut vaguement conscience du corps sans vie s'écroulant à côté d'elle. Dans un état
second, elle essuya d'une main molle les particules poisseuses constellant sa joue droite.
Aldane n'avait pas pu retenir un cri de terreur, se rappelant ainsi au bon souvenir de la sensuelle meurtrière.
— Toi! Grinça Lilium entre ses dents serrées tout en pointant son arme sur elle. C'est à cause de toi que je l'ai
perdu! C'est toi qui me l'as pris!
Lenassy était déroutée. Comme cette femme, là devant elle, pouvait l'honnir à ce point? Qu'est-ce qui justifiait une si
formidable concentration de haine?
— CRÈVE, SALOPE!!! Hurla Gungrave, hystérique, en tirant à trois reprises sur la jeune officière scientifique de
l'Indépendance.
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Trois détonations assourdissantes se répercutent entre les murs de la ruelle.
BANG!
BANG! BANG!
=/\=
Dès qu'il avait senti que Lilium allait tirer sur sa douce Aldane, Spriggan fut submergé par une vague d'effroi lui
paralysant l'esprit. Avant qu'il n'ait pu songer à quelque action que ce soit, son subconscient avait fait le travail. Elliot
avait opéré un rapide demi-tour et s'était plaqué contre Aldane, faisant de son propre corps un bouclier à Lenassy.
Un bouclier de chair et de sang face à des projectiles de métal propulsés à une vitesse dépassant celle du son!
Il était à ce point collé sur elle qu'on l'aurait cru moulé contre le corps de la grande blonde. Anticipant la douleur
inévitable, tous les muscles de son corps s'étaient contractés à en faire mal et on aurait pu voir ceux-ci saillir de son
dos, n'eut été de son manteau. Simultanément, Elliot serrait les paupières et les dents, le visage enfoncé dans le cou
de son adorée.
BBBBBBBBAAAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNGGGGGGGGGGGG !!!!!!!!!!
La première balle le frappa avec une violence inouïe au milieu du dos, brisant des côtes et déchirant des organes. La
force de l'impact enfonça le corps de Spriggan contre celui de Lenassy en un assaut presque bestialement sexuel!
Involontairement, Spriggan enfonça ses dents dans l'épaule d'Aldane et étouffa un sanglot.
BBBBBBBBAAAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNGGGGGGGGGGGG !!!!!!!!!!
BBBBBBBBAAAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNGGGGGGGGGGGG !!!!!!!!!!
Un second projectile pénétra l'organisme du jeune officier de sécurité, proche du premier point d'impact, éclatant un
poumon et d'autres organes encore. Nouvelle secousse formidable du corps d'Elliot contre celui d'Aldane qui en perd
le souffle, les bras serrés autour de la tête de son preux chevalier.
Elliot laisse échapper un couinement et du sang gicle de sa bouche sur le cou de Lenassy. Les jambes de Sprig
faiblissent et déjà la troisième pièce de métal brûlant lui déchire impitoyablement le flanc droit.
La scène entière n'a duré que deux petites secondes. Lilium elle-même n'avait pas pu réaliser qu'elle faisait feu sur
son amant d'un soir. Lorsqu'elle le constata, elle demeura abrutie par la vision de ce qu'elle venait de faire et son
estomac se retourna.
Aldane, abasourdie, demeurait plaquée au mur, les mains contre la tête de Spriggan. Tout doucement, Elliot glissa le
long du corps de sa belle… ses mains glacées parcourant involontairement les formes gracieuses de cette femme
qu'il eut tant aimé aimer, posséder, consommer.
— … suis navré, Alda… fut la seule chose qu'il parvint à articuler avant de choir mollement parmi les flaques d'eau
noire brillant sur le sol.
=/\=
Sous le choc, Lilium fixait le corps inerte de Gantz, ses armes pendant vers le sol au bout de ses bras ballants. Elle
ne songeait plus à tuer Aldane. Elle ne songeait plus à capturer Von Ewig. Son esprit était pris dans une boucle
sans fin de l'horreur alors qu'elle revoyait partir les projectiles avant de pouvoir choisir de ne pas tirer.
Nera était tombée assise sur ses talons et pleurait, le dos contre le mur et la face dans les mains. Elle hochait la tête
de gauche à droite comme si, à force de nier la situation, elle finirait pas ne jamais avoir eu lieu.
Sous la pluie battante qui coulait sur lui et s'insérait dans ses vêtements, Jan Von Ewig se tenait immobile, près du
corps d'Elliot. Son regard allait d'Ivafaire à Spriggan puis à Ivafaire à nouveau. Et surtout, il allait à cette étrange
jeune femme aux doigts palmés, agenouillée près du jeune homme qui, c'était flagrant, avait gagné son cœur.
Aldane était penchée sur Elliot et repassait sans arrêt ses mains sur le visage de son compagnon, replaçant ses
mèches de cheveux trempés, en une vaine et futile tentative d'essuyer son visage sur lequel les larmes du ciel
chutaient sans relâche.
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— Il vit encore! s'exclama Von Ewig, tout étonné, attirant sur lui le regard des autres.
Imperceptiblement, la poitrine de Spriggan persistait à se soulever encore.
Il s'agenouilla près de Spriggan et tourna la tête en direction de Gungrave.
— Je peux peut-être faire quelque chose! Lui lança-t-il sur un ton impératif. S'il vous plait, mon bracelet!
Lilium observa Jan, puis Elliot. Puis Aldane qui essuyait doucement un peu de sang sur les lèvres du blessé.
Elle défit le bracelet, le jeta au Bioweapon et s'en fut en courant dans la brume.
Von Ewig fit rapidement les ajustements nécessaires à ses PCD et posa les mains à plat sur le corps d'Elliot.
— Je ne sais pas… fit-il piteusement à Aldane qui lui rendait un regard débordant d'espérance. Je vais tenter de
maintenir ses organes en place et interrompre les hémorragies. Mais il a besoin de soins professionnels le plus
rapidement possible.
80-Lenassy
Nera ravale ses larmes et passe sa main dans les cheveux d'Aldane. Celle-ci n'a pu se résoudre à lâcher la main
d'Elliot, maintenant qu'elle l'a retrouvé, elle comprend à quel point elle tient à lui. Elle préfèrerait avoir été touchée, il
souffre, il va peut-être mourir ! Son regard est brouillé par les larmes, elle garde ses sanglots pour elle essayant de
comprendre ce que dit cet homme étrange. Elle ne sait pas qui il est mais une chose est certaine elle donnerait sa
propre vie pour qu'Elliot soit sur pied, intact.
Elle lève sa main droite, passant le bout de sa langue sur ses lèvres, honteuse de goûter encore une fois les lèvres
d'Elliot. Alors que tout va si mal, penser à ça. Elle n'était qu'une imbécile, une incapable, elle ne méritait même pas
d'être encore en vie.
Puis Nera qui se penche sur elle, la prend dans ses bras, essaie de lui faire lâcher la main d'Elliot.
MORAK : Aldane, on va s'en sortir, on va s'en sortir.
Elle étouffe sa tristesse et son horreur, ses yeux glissant contre le mur où elles ont installé le docteur Ivafaire.
Il n'avait fallu que quelques minutes pour agir et dégager d'un endroit aussi exposé. Nera, malgré l'horreur et l'état
incertain où elle se trouvait, avait su repérer l'endroit parfait. Ils n'avaient pu s'éloigner de trop avec un blessé grave et
un mort.
Jan avait longuement regardé le petit groupe, s'y sentant étranger et quelque part proche. Ils fuyaient probablement
la même chose, eux-mêmes, dans cette course éperdue pour leur liberté. Le bon docteur l'avait trouvée sans même
le savoir.
Aldane l'avait vu sans le voir au début, jusqu'à ce qu'il sorte cette phrase magique, la plus belle phrase qu'elle n'ait
jamais entendu, celle qui lui avait fait éclater le coeur.
VON EWIG : ... Je vais tenter de maintenir ses organes en place et interrompre les hémorragies. Mais il a besoin de
soins professionnels le plus rapidement possible.
Leurs regards s'étaient croisés et déjà Aldane aimait cet homme qui lui rendait une parcelle d'espoir. Il était vivant,
elle avait frissonné un instant sous le regard étrange de l'homme dont elle n'avait pas retenu le nom. Nera semblait le
connaître, c'était tout ce qui lui importait. Et puis n'importe comment, malgré son épuisement et son estomac qui la
tiraillait en plus, elle avait saisi l'espoir au bond.
MORAK : je vais voir si je peux trouver des médicaments, de quoi manger et idéalement trouver un moyen de
contacter l'Indépendance, je n'aime pas l'idée que nous soyons si près, il faudrait aller plus loin. Et puis, il faut rester
ensemble maintenant. Aldane ? Tu m'écoutes ?
LENASSY : oui, oui, excuses-moi, c'est juste... il est vivant Nera, il est vivant.
Nera lui fait lâcher la main d'Elliot après qu'elle y eût déposé un baiser.
192/446
Aldane se lève enfin, boitillant légèrement, entre sa cheville et le dessous de son pied, elle commence a ressentir une
gêne évidente. Elle s'appuie au mur, les yeux fixés sur Elliot. Elle a eu si peur, si peur. Elle en tremble encore.
LENASSY : tu penses qu'il faut s'éloigner d'ici, mais pour aller où, c'est peut-être pire ailleurs non ?
Elle montre d'un geste un peu ample la pièce dans laquelle il se trouve.
Nera les avait guidés jusque dans cette rue, qui, autrefois avait dû accueillir des familles entières qui avaient caressé
l'espoir d'une vie nouvelle sur cette planète, certes artificielle, mais si pleine de promesses.
Puis le rêve avait tourné au cauchemar, libérant cette presque banlieue de son flot de travailleurs potentiels et d'une
population en devenir. Quelques résistants s'y étaient accrochés à la limite du bon sens. Et, entre les maisons aux
fenêtres aveugles, quelques îlots encore habités persistent malgré l'adversité. Il y a là quelques rares familles, mais la
plupart des maisons ont été investies par des sans-domiciles prudents qui ont fui la proximité de la lumière du centre
direct de Paradise City et son lot de complications.
Nera avait vite fait son choix, il y avait là toute la place nécessaire pour le petit groupe qui s'était formé. Ni Aldane, ni
elle n'avaient pu se résoudre à abandonner le corps du Docteur Ivafaire dans la ruelle où il avait succombé. Le
véhicule que Nera avait "trouvé" contenait une couverture, elles avaient étendu le corps maintenant sans vie et
l'avaient précautionneusement recouvert, tel un linceul aux couleurs incertaines, puis l'avait porté dans le coffre.
Ensuite portant Elliot dont Jan avait pu stopper au moins les hémorragies externes, ils étaient partis, s'éloignant le
plus vite possible, à l'opposé de la zone d'embarquement pour l'espace qui leur avait été si néfaste. Quelque part, elle
se sentait investie de la mission la plus importante qu'il lui ait échu. Elle avait le devoir de se substituer à Elliot, à
Fenras et tous les autres, quelque part, elle était la garante de leur survie et allait s'atteler à les sortir de là.
Nera conduisait, concentrée sur la route, elle avait obliqué, voulant éviter les rues trop passantes et avait fini par se
perdre dans des quartiers qu'elle ne s'attendait pas à trouver. Son choix s'était fait rapidement et elle avait opté pour
une maison à deux étages cachée en partie par une construction aux fenêtres brisées et aux travaux interrompus
dans un autre temps.
A l'arrière du véhicule, Aldane a glissé ses doigts dans les boucles de cheveux blonds qui se forment à peine. Elliot
est inconscient, sa tête repose sur ses cuisses. Elle baisse la tête, atteignant de ses lèvres le front du blessé. Sa
chevelure, depuis longtemps défaite, l'enveloppe et les isole le temps d'un tendre baiser. Les yeux toujours humides,
la jeune femme n'arrive à se défaire de la tristesse. La mort du docteur, Elliot dans cet état et leur fuite. Cette femme
terrible qui avait voulu la tuer, pourquoi ? Qui était-elle au juste ?
Elle se redresse, croisant le regard si étrange de l'homme aux cheveux bleus.
Jan veut dire un mot, il ne sait pourquoi au juste... peut-être la réconforter ? Il fait un sourire vague ne s'adressant
qu'à lui-même. Contre toute attente elle lui répond par un faible sourire qui a connu plus grande joie.
LENASSY : je m'appelle Aldane Lenassy... Enseigne au département des sciences de l'USS Indépendance. Je vous
remercie.
Jan la perçoit sans même s'en rendre compte, tant de tristesse.
VON EWIG : de quoi ? Il n'est pas sorti d'affaire encore.
LENASSY : même... d'avoir essayé, je vous remercie.
MORAK : on arrive.
Le véhicule termine sa course derrière une haie brûlée par la pollution mais encore haute. Elle a choisi avec soin
l'endroit, voulant qu'ils puissent être à l'abri, le temps de retrouver l'Indépendance. Elle avait hâte. Si le vaisseau les
avait suivis, alors Sprigg serait sauvé. Là, malgré les allégations d'Aldane, elle avait bien peur que Von Ewig n'ait pu
faire grand chose ou plutôt qu'il avait fait au-delà de toute attente. L'étrange contact plus tôt où elle avait simplement
servi d'intermédiaire entre Ivafaire et Von Ewig lui avait laissé une étrange impression. Comme si, quelque part, elle
s'était recroquevillée sur elle-même, laissant passer les pensées étrangères. Elle n'avait aucune idée qu'elle puisse
être capable d'une telle chose. Elle n'avait pu empêcher les pensées d'affluer, il avait été difficile de discerner l'utile
de la pollution quasi sonore des esprits.
Aldane contemple Elliot. Elle se sent maintenant liée à lui et lorsqu'elle regarde Nera, il lui est évident qu'elle lui est
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autant liée, par contagion peut-être, elle a étendu la chape de "protection" virtuelle sur Von Ewig. Elle n'a absolument
pas compris qui il était, et elle s'en moque éperdument. C'est un ami et ils traversent ensemble l'adversité. Il va
sauver Elliot et c'est là le plus important. Il est à ses yeux aussi important qu'Elliot et Nera.
LENASSY : je suis désolée, je n'ai pas compris votre nom.
Il soulève Elliot avec précaution, aidé par Nera et Aldane.
VON EWIG : c'est normal, je ne crois pas l'avoir dit.
Nera sourit puis, prend le relais, ahanant sous le poids d'Elliot.
MORAK : c'est la personne que nous devions récupérer sur la navette Aldane, Von Ewig, il s'appelle.
LENASSY : vous êtes un prisonnier ?
Le transport d'Elliot qui nécessite leurs attentions pour qu'il ne soit pas trop secoué interrompt naturellement la
conversation qui menaçait de s'installer. Le cou enserré dans ce qui rappelle le plus à une minerve est manipulé avec
d'infinies précautions. Jan est prudent. Il craint fort ne pouvoir faire plus pour ce jeune homme.
Nera ouvre la porte de ce qui semble être un atelier ou une remise. Il y a là du matériel ancien et abandonné. Une
flaque d'eau s'est formée au milieu du garage au-dessus d'une bouche qui normalement aurait dû l'évacuer depuis
longtemps. L'odeur est forte, une odeur d'égout, d'eau stagnante. La jeune fille fait stopper ses compagnons
d'infortune puis grimpe une volée de marches pour tomber sur porte close.
Elle se tourne vers Aldane, puis Jan, l'agacement se lit dans son regard fatigué.
VON EWIG : réessayez...
Sa voix est presque douce, Nera d'un coup d'épaule fait voler en éclats la porte. Elle a gardé la poignée entre les
mains, la regardant bêtement, un peu effrayée.
Puis ils transportent Elliot dans une pièce, bien au sec, de la poussière, certes, mais au moins l'endroit le plus sain
que Nera ait trouvé. Nera pense machinalement que s'il y avait eu une chambre froide en état de fonctionner, elle
aurait été reconnaissante aux gens ayant déserté cette maison, ils auraient pu l'utiliser pour le docteur.
Laissant Elliot aux soins de Jan, Aldane rejoint Nera et les deux jeunes femmes fouillent la maison à la recherche du
moindre objet d'intérêt. Aldane trouve même un stock de boîtes en fer qui semblent contenir de la nourriture. Elle fait
la grimace puis se ravise.
LENASSY : au moins, je suis sûre qu'il n'y a pas de poussière dedans.
Elle souffle sur la boîte, l'humidité a déjà fait son office gangrénant une couche épaisse de poussière et d'infimes
particules inidentifiables sur la ferraille rouillée. Elle fait la moue.
LENASSY : mais ça doit être pire.
Aucune nourriture, aucun espoir sur le sujet. Nera trouve une boîte de ce qui a pu être une trousse à pharmacie. Les
produits, tous bons pour la poubelle, sont poussés de côté. Même les bandages semblent vouloir se muer en
poussière humide.
MORAK : il faut que l'on puisse avoir accès à un transmetteur, nous pourrions toujours avoir une balise de repérage.
J'espère juste que l'Indépendance sera à l'écoute.
LENASSY : tu sais, en mécanique ou électronique, c'est pas vraiment mon fort, tu penses trouver le matériel où ?
Nera sourit.
MORAK : la voiture, il y a plein d'électronique là-dedans et puis une trousse à outils. Aller, viens, on va faire quelque
chose de bien et bientôt tout ça ne sera qu'une vieille histoire que nous nous raconterons le soir, et puis, il y a des
câblages dans cette maison. Je vais trouver de quoi faire.
Les heures s'étaient égrenées et avaient vu le travail s'effectuer, maladroitement, mais avec acharnement. Une pause
194/446
nécessaire avait vu Aldane retrouver Jan au chevet d'Elliot plutôt pâle. Jan avait utilisé les morceaux les plus propres
de sa tunique et aidé d'une paire de ciseaux grinçante, il avait confectionné ce qui ressemblait le plus à des
bandages. Il secoue la tête.
VON EWIG : je ne pourrais rien faire si on ne trouve pas du matériel et un bon chirurgien très vite.
Nera travaille sur un matériel qu'elle seule doit imaginer fini.
Aldane est assise les jambes repliées sous elle, passant sa main sur la joue d'Elliot qui mériterait de se faire raser.
Elle ne peut s'empêcher de lui voler quelques baisers, fermant les yeux, imaginant lorsqu'ils se sont retrouvés.
Comme il l'avait serrée fort dans ses bras. Elle avait adoré. Elle avait prié pour un instant de tendresse et elle avait
trouvé quelque chose de plus fort encore. Elle lève ses yeux bleus presque transparents et sourit à Jan.
LENASSY : tout va bien se passer, il n'y a pas le choix. Vous savez ce qui se passe lorsqu'on atteint le fond d'une
faille ? On ne peut que remonter, alors... je crois que nous avons eu notre lot d'ennuis.
Jan est moins confiant.
VON EWIG : ils nous retrouveront, ce n'est qu'une question de temps.
LENASSY : et bien, l'Indépendance aussi peut nous retrouver.
Elle sourit, presque heureuse, mais luttant contre l'envie de pleurer de nouveau.
81-Vela
=/\= Indépendance ; Heure H moins 18 minutes =/\=
*** Groupe Delta ***
A’LARM : J’ai peur. J’aurais pas dû v’nir.
JAY : Exact. T’aurais pas dû. (Un silence.) Mais t’es là.
A’LARM, angoissé : Frissk ?
FRISSK, à la limite de l’agacement : Ssssuis là. Arrête de psychoter.
A’LARM : Chuis rassuré quand t’es là.
FRISSK, ronchonnant : Ouais, c’est ççççça.
JAY, éclatant de rire : Vous faites la paire vous deux, j’vous jure !
KABAL : La ferme Jay.
Mais il ne pouvait s’empêcher de sourire. Le Caïtan flanqué de son inséparable petit Ritink conféraient à la mission un
aspect un peu moins dramatique qu’il n’y paraissait. C’était lui qui avait insisté auprès du Chef pour encadrer ce
groupe. Vela n’y avait rien trouvé à redire.
=/\= Indépendance ; Heure H moins 13 minutes =/\=
*** Groupe Alpha ***
Matolck avait fini par faire entendre raison à l’Andorien : il ferait équipe avec Cole et Zee (ces deux là semblaient par
moments entretenir des relations dépassant la simple entente professionnelle) et se contenterait de l’enseigne Horton
avec les agents Malcolm et Holwarth pour le seconder. Il fallait agir vite, et sans bavure.
Davis et Vela étaient présents lorsqu’il disparut dans une volute d’étincelles pour se matérialiser à bord du vaisseau
de leurs (provisoires) alliés. Au dernier moment, il s’était retenu de leur porter une accolade. Il était sûr que cela aurait
mis Vela dans l’embarras, surtout devant le Sous-lieutenant Laporte.
4 zones. Le recoupement des analyses de pertinence avec la localisation des signaux avait relevé quatre zones
susceptibles d’abriter Von Ewig et au moins l’un des officiers enlevés. C’était beaucoup, mais bien moins que ce à
quoi ils s’étaient attendus. D’où une réorganisation des effectifs. Chaque groupe se doutait de la possibilité d’un
accueil explosif et avait été briefé sur les conditions de vie à Paradise City.
Il se frappa la paume du poing. *Il me tarde de leur montrer qu’on ne touche pas impunément à un de mes hommes,
bordel !* Par une des baies de l’étroit cockpit du Venture, il aperçut le majestueux profil du gigantesque oiseau blanc
qui était sous son commandement. Derrière ces parois qui semblaient immaculées, il devinait des centaines de
personnes affairées, mangeant, buvant, travaillant, dormant ou faisant l’amour – et il en avait la responsabilité. Il en
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eut un vertige brutal, qui attira l’attention de Dunkin et fit se froncer les sourcils de Zee. Il repoussa tout commentaire
d’un geste de la main et se composa une figure plus déterminée.
Etrangement, sa dernière pensée avant que le Venture ne quitte l’orbite pour traverser l’épaisse couche de pollution
dominant la cité tentaculaire fut qu’il n’avait pas eu le temps de s’envoyer une dernière lampée de son précieux
breuvage réconfortant.
=/\= Indépendance ; Heure H moins 4 minutes =/\=
*** Passerelle ***
NAIMA : Un EMH de Lapointe nous signale une échauffourée aux alentours du spatioport.
T’KAR : Précisez.
NAIMA : Des personnes auraient tenté de forcer un barrage et se seraient trouvées impliquées dans une fusillade
entre les forces de l’ordre (petit raclement de gorge, charmant d’ailleurs) et des bandits locaux puissamment armés.
T’KAR : Quelque chose me dit que cette nouvelle ne vous enchante guère.
NAIMA : En temps normal, j’aurais dit que c’était le lot quotidien à la surface d’un monde tel que Tyrell. Cependant
l’EMH m’a signalé cette info à cause de deux faits troublants.
T’KAR, ne cachant guère son impatience : Lesquels ?
NAIMA : Eh bien, les fameuses personnes interpellées (peut-être pour un passage en fraude, on n’en est pas sûrs)
étaient deux femmes (elle fit comme si elle n’avait pas vu le visage de T’Kar se crisper). En outre, les « bandits »
utilisaient des armes à feu et des explosifs.
T’KAR : C’est vrai que nos ravisseurs sur la navette avaient employé des armes utilisant des munitions de ce genre.
OK, je transmets l’information. Ca s’est passé quand ?
NAIMA : C’est assez vague, d’autant que certains rapports se télescopent. Apparemment, dans les 20 dernières
heures.
VALERYA : Puis-je préciser qu’il s’agit du point d’arrivée de l’équipe bêta, sir ?
T’KAR, agacée : Ah oui. Contactez M. Roy en priorité. Avec qui se trouve-t-il ?
VALERYA: Un dénommé Drett, Blank, l’enseigne Castonguay, Donut et Dunkin. Et M. Harker.
T’KAR : *Mais pourquoi a-t-elle sciemment mentionné Jazz à part ?* OK. Transmettez.
BIRD : J’ai l’impression que ça va chauffer en bas.
T’KAR : Taisez-vous et contentez-vous de votre console, M. Bird.
Sa mauvaise humeur ne pouvait cacher ce qu’elle ressentait : ça allait effectivement chauffer en bas. Et elle crevait
d’envie d’y être, de retrouver les salauds qui s’en étaient pris à la chair de sa chair et de leur faire regretter leur venue
sur ce monde pourri. Si elle s’écoutait, elle téléporterait sa fille à bord et balancerait tout ce que l’Indépendance avait
dans le ventre afin d’atomiser cette pustule grumeleuse qu’était Tyrell, de réduire la vermine qui y vivait à néant, de
désintégrer chaque particule de vice qui régnait sur cet infect trou à rats cosmique. Rayer Tyrell de la carte
galactique. Repartir avec Nera et tout recommencer.
Mais elle se rendit compte qu’elle oubliait Spriggan. Et Aldane. Ivafaire aussi. Et tous ceux qui, dans quelques
instants, allaient se faire téléporter en bas.
Consciente de son impuissance, elle fit la seule chose qu’il y avait à faire : se ronger les ongles de la main gauche. Il
n’y avait de toutes façons plus rien à ronger sur la droite.
=/\= Indépendance ; Heure H moins 1 minute =/\=
*** Groupe Gamma ***
Il avait choisi ce lieu. Comme mû par un pressentiment médiumnique. Il n’y croyait pas vraiment d’ailleurs, mais il
s’était aperçu que ses facultés de perception étaient souvent considérées comme paranormales par les humains.
Cela avait le don de l’énerver : pour lui, le paranormal se limitait à l’emploi de dons télépathiques ou télékinésiques,
bref, à la maîtrise d’une force incommensurable dont le cerveau était le siège.
Il était clair que le spatioport, de par son éloignement, constituait à la fois le piège parfait et le lieu idéal pour y
envoyer Harker. Ce type-là, plus loin il était de lui, mieux il se portait. Non pas qu’il était louche : mais Vela haïssait
par nature toute personne dotée de ce genre de pouvoirs brisant les barrières naturelles de la pensée humaine. Il se
savait particulièrement vulnérable à l’utilisation de pouvoirs psi. Et il détestait être vulnérable.
Si Harker était au spatioport avec Drett et Roy, Matolck avait jeté son dévolu sur l’un des deux lieux plus centraux
retenus par l’ordinateur : une des plus hautes tours de la ville. Les relevés indiquaient la plus forte concentration de
signes vitaux zaldans et des traces non négligeables qui pourraient être liées à Morak. Zee et lui étaient tombés
196/446
d’accord pour investir ce lieu. Le groupe de Frissk et Kabal se rendrait au point 3, dans une zone plus ou moins
industrielle sur une des rives d’un ancien cours d’eau.
e
Restait le 4 spot : un complexe vaguement résidentiel situé au nord, dans une banlieue qui avait dû être
paradisiaque dans un passé appartenant désormais à l’utopie urbaine. Une équipe réduite suffirait. Davis, bien sûr.
Allons, il était temps.
*** Groupe Delta ***
A’LARM : Qu’est-ce qui va se passer ?
FRISSK, patiemment : On t’a déjà dit : on va se téléporter en bas, à proximité immédiate de l’endroit d’où est émis le
ssssignal.
A’LARM : Et on va faire quoi ?
FRISSK : Trouver si c’est Von Ewig.
A’LARM : Et après ?
FRISSK : On le ramène.
A’LARM : C’est tout ?
FRISSK : Oui.
A’LARM, réjoui : C’est simple alors !
FRISSK : Euh… (Il regarda Kabal qui hocha imperceptiblement la tête.) Oui, sssi on veut.
A’LARM : Cool, j’adore me téléporter !
Frissk leva les yeux au ciel, ignorant les éclats de rire de Jay. Il vérifia une dernière fois son équipement, resserra une
sangle un peu lâche et se raidit, attendant l’ordre qui désintègrerai son corps avant de le recomposer ailleurs, par ce
mystérieux processus si difficile à appréhender pour un esprit pratique. Juste avant que Kabal ne s’adressât à
Laporte, il sentit la main de Ritink se glisser dans la sienne. Il n’eut pas le temps de réagir que déjà le responsable de
la téléportation venait de les expédier à des milliers de kilomètres plus bas.
82-Vela
=/\= Tyrell ; Heure H plus 6 minutes =/\=
*** Groupe Gamma ***
3 hommes. Peut-être quatre. Difficile d’être sûr avec cette pluie glaciale qui fouettait le visage et rendait nombre de
données illisibles sur les écrans de contrôle. Ils avaient pris soin de se matérialiser à l’abri d’une petite éminence, une
vague colline naguère verdoyante et couverte de vergers dont les vestiges rabougris n’avaient même plus l’ambition
de projeter une ombre quelconque sur le sol détrempé et morne. Il y avait trois véhicules et Fenras repéra facilement
les traces d’un quatrième qui avait quitté la résidence.
Ce que Davis observait depuis 3 minutes, c’était une bâtisse aménagée dans un ancien entrepôt, avec un étage et
une cour menant directement à la route goudronnée plutôt bien entretenue. Si le rez-de-chaussée ne montrait aucun
signe d’activité, l’étage, visiblement aménagé, était éclairé en divers endroits. Certaines fenêtres étaient brisées mais
le bâtiment tenait encore bon. Bien à l’écart des principaux flux de circulation, il était une cachette idéale. Derrière
eux, à moins de deux kilomètres, les lumières de la ville tremblotaient, autant de lucioles artificielles ponctuant un
espace humain dégénéré, bien pâle reflet d’un ciel de toutes façons invisible derrière ces lourds nuages d’orage. Un
léger vent apportait par bouffées nauséabondes les remugles témoignant de la place prépondérante prise par les
déchets organiques : la pourriture régnait sur Paradise et même la pluie puait.
DAVIS : Ca marche pas.
VELA : Ils avaient dit 20 m.
DAVIS : Ah merde !
VELA : On va contourner par la droite, là, de manière à rester à couvert. On devrait se retrouver derrière, du côté du
lac artificiel.
DAVIS : No problemo, je te suis.
=/\= Tyrell ; Heure H plus 12 minutes =/\=
*** Groupe Beta ***
L’arrivée avait été programmée dans une aile désaffectée de l’astroport, un bâtiment dont le toit s’était effondré
depuis des lustres et qui reflétait par intermittences, lorsqu’un éclair bienveillant zébrait le ciel uniformément gris
(quoique, pas vraiment uniforme, puisqu’il y avait toutes les nuances de gris qui se succédaient de façon aléatoire), le
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caractère visionnaire de l’entreprise, la fluidité des lignes, tendues à l’extrême, et une utilisation audacieuse de
nouveaux bétons.
Bien que ne pouvant matériellement s’attarder, Denis Roy ne manqua pas d’admirer la voûte spectaculaire d’un seul
tenant reposant sur cinq piliers équidistants monumentaux. *D’en haut, ça ressemble à un pentagone. Ou un pentacle
magique.* Il souriait presque en évoquant cela, mais déjà Drett donnait ses ordres de sa voix rocailleuse.
L’accès au grand hall s’effectuait à l’origine par une coursive entièrement vitrée menant au terminal ouest. Désormais,
après avoir passé le tas de gravats qu’avait été le poste de contrôle, c’était presque à l’air libre qu’il fallait se frayer un
chemin entre les poutrelles déchiquetées et rongées par les pluies régulièrement acides, les vestiges de murs
porteurs défoncés portant encore les traces d’ambitieuses fresques exotiques, un plancher crevé en plusieurs
endroits par l’explosion de canalisations. En connaisseur, Drett signala quelques impacts vraisemblablement dus à
des projectiles de fort calibre. Des armes rayonnantes semblaient également avoir été employées ici.
*Ca sent mauvais ici : la souffrance et la futilité des êtres qui y ont vécu et sont morts pour rien. Ca sent la fin de la
civilisation.*
Roy suivait mécaniquement, jetant de temps à autre un regard sur l’écran de contrôle des pisteurs. Castonguay le
précédait, flanquant un Harker bien déterminé, au regard plus dur que d’habitude. Derrière, le duo indéfectible
composé par Donut et Dunkin : après deux ou trois plaisanteries sur ce qu’ils pourraient bien trouver à faire sur place
une fois la mission accomplie, ils étaient redevenus deux soldats sérieux et attentifs. Deux agents de la Sécurité
rassurants, tels que les voulait Vela. Quant à Blank, il avait quitté le groupe aussitôt leur arrivée, comme prévu.
ROY : Signal à 40 mètres devant.
Drett acquiesça, ralentit le pas. Ce ne pouvait être que le terminal. Le grand hall était bien trop loin. Un signe de tête.
Les deux agents s’écartèrent. Roy s’aperçut que le tricorder subissait des fluctuations, comme des parasites. Drett
lorgna du côté de Jazz. Ce dernier se concentra. Il y avait du monde dans le hall. Il affina ses perceptions
extrasensorielles : quelque chose se mouvait à la lisière de son champ de « vision » télépathique. C’était flou,
brouillé. S’ils avaient été en rase campagne, il ne l’aurait probablement pas détecté. Mais là, c’était un peu le même
phénomène qui avait permis jadis aux astronomes de déterminer la position d’une planète invisible ou la composition
d’une atmosphère : un déplacement aberrant ou l’incidence des rayonnements mettait en évidence la présence de ce
qui n’était pas perceptible. Ici, quelque chose de vivant brouillait ses perceptions, mais sur le brouhaha psychique
ambiant dégagé par la foule de passagers en partance, ce quelque chose révélait indirectement sa présence.
Il allait falloir jouer serré.
Et Roy détestait cela.
=/\= Indépendance ; Heure H plus 16 minutes =/\=
*** Passerelle ***
NAIMA : Oh ! Un des signaux se déplace.
T’KAR : Nouveau, ça ! Lequel ?
NAIMA : Celui de la Tour Hellsing.
T’KAR : C’était l’objectif du groupe Alpha !
NAIMA : Eh bien, à ce qu’il semble, il se dirigerait plutôt vers le groupe de Kabal. Mais c’est étrange : il subit des
variations bizarres.
T’KAR : Bizarres ?
NAIMA : C’est la même signature énergétique, il n’y a pas de doute, mais ce signal affiche des fluctuations
déconcertantes.
T’KAR : Avisez-en Lapointe. Où en sont les équipes ?
VALERYA : Bêta et Gamma en position. La communication vers le groupe de M. Roy est erratique. Pas de nouvelle
de l’équipe Alpha.
T’KAR, de plus en plus agacée: Allez donc, le capitaine veut me faire porter le chapeau de ce grand fiasco !
VALERYA: Ce n’est peut-être pas le moment de se lamenter.
T’KAR : *Mais qu’est-ce qu’elle raconte, celle-là ?* Oh ! J’ai pensé tout haut ?
Naïma, Parlpatrô et Actarus échangèrent un regard gêné. Valerya haussa les épaules.
BIRD : Non, non.
T’KAR : On ne vous a pas demandé votre avis, M. Bird.
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Elle se renfrogna davantage. A ce rythme-là, il n’y aurait pas de survivant sur la Passerelle si l’away team revenait.
=/\= Tyrell ; Heure H plus 17 minutes =/\=
*** Groupe Gamma ***
Ils eurent confirmation. Dans la mesure où les relevés étaient fiables, il y avait manifestement des preuves d’une
présence zaldanne ici.
Vela avait rapidement trouvé une planque toute proche de l’arrière-cour qui en outre les mettait relativement à l’abri
du vent et invisible pour les occupants de la baraque. Ils prirent le temps d’étudier les relevés du tricorder, les
comparèrent aux plans qu’ils avaient pu télécharger, hochèrent la tête.
Un escalier de pierre brute permettait d’accéder rapidement à l’étage par l’extérieur. Une sorte de tracteur dont le
capot éventré révélait un véritable capharnaüm de pièces mécaniques gisait juste sous la première volée de marches.
Le palier du premier, non couvert, faisait office de balcon. Si la porte, en bois, était scellée, il serait possible de
passer par l’une des trois fenêtres dont seule une, tout à droite, comportait un véritable store.
Il se serrèrent les mains, se frappèrent les phalanges, échangèrent un sourire entendu. C’était à Davis de passer.
Vela ne serait jamais loin derrière. Tout reposait sur la confiance.
Comme prévu, une sentinelle passait de temps en temps à proximité de cet escalier : un homme maigre, à l’allure
souffreteuse, affublé d’une toux inextinguible. Mais redoutablement armé. Davis s’en débarrassa sans coup férir et
sans faire de bruit, sous les yeux approbateurs de son ami à la peau bleue.
L’avantage d’un escalier en pierre est qu’aucune marche n’est susceptible de grincer. En revanche, elles peuvent
s’avérer glissantes. Surtout sous une pluie drue et continue comme celle qui tombait depuis leur arrivée, sans baisse
d’intensité. Au contraire. Malgré toutes les précautions qu’il prit, Karl dérapa sur le bord d’une marche un peu plus
arasée que les autres, se rattrapa comme il put à la rambarde en métal poli, étouffa un juron, écouta, puis jugea ne
pas avoir fait suffisamment de bruit.
Il arriva sans encombre sur le palier. Nul son ne traversait les murs. Une seule fenêtre était éclairée. Le signal était à
moins de 5 mètres.
Si proche…
Il inspecta la porte, sans bouger, examinant le chambranle, la poignée, les charnières. Il estima qu’elle n’était pas
sûre. La fenêtre en revanche lui permettait de savoir où il mettait les pieds : là où il se trouvait, il voyait une sorte de
grande salle de séjour en désordre, quelques meubles dans un coin, des couvertures miteuses, des récipients
recueillant l’eau qui parvenait à se faufiler à travers les fissures du plafond ; une porte métallique à moitié défoncée
donnait sur un petit résidu au fond à droite.
Davis fit un pas vers la fenêtre.
« Où tu vas comme ça, Ducon ? » fit une voix rauque.
Patatras !
=/\= Tyrell ; Heure H plus 19 minutes =/\=
***Groupe Beta***
Harker marchait devant. Confiant.
Lorsqu’il s’écroula, en proie à des spasmes incoercibles.
Roy s’approcha, fut étonné de voir qu’aucun de ses compagnons ne se soit précipité. D’ailleurs, aucun d’entre eux
n’était visible. L’Officier Tactique se tenait les tempes et les serrait avec ses doigts, comme dans l’intention de presser
la douleur hors de son crâne. Il souffrait terriblement. Denis s’avança encore, dans l’intention de calmer son collègue.
Ce fut alors que trois hommes semblèrent surgir du néant et lui apparurent, à moins de deux mètres. Celui de droite,
ricanant, gardait ses yeux fixés sur Harker. Alors que les deux autres brandissaient des armes à feu, lui portait un
dispositif à la main droite, recouvrant tous ses doigts ; à en juger par les diodes luminescentes qui s’y agitaient, il était
manifestement en fonction.
199/446
Tous les trois arboraient le costume que Vela et T’Kar avaient décrit.
RICO : Fais pas le con, Roy.
ROY : Vous… vous connaissez mon nom ?
RICO : Eh ouais. Le chef te veut vivant, mais rien n’a dit que nous ne pouvions pas t’amocher un peu.
ROY : Très bien. Mais cet officier est en proie à …
RICO : Cet « officier » (grimace de dégoût) est la victime de notre dispositif psycho-répulseur (air pédant de vendeur
d'aspirateurs). On n’aime pas trop les psi par chez nous.
Il donna un coup de pied dans les côtes de Jazz qui se tordait de douleur. Roy esquissa un geste, mais se ravisa
aussitôt qu’il aperçut le canon de leurs armes se lever.
ROY : Ecoutez, nous sommes des officiers de StarFleet et nous tenons à …
Un crachat reçu en plein visage interrompit son discours protocolaire.
MOSSH : Rien à foutre de Tare-Slip !
RICO : T’as compris, connard ? Alors tu vas nous suivre gentiment et…
DRETT : Hey ! Qui t’appelle connard, Ducon ?
Il avait surgi d’on ne sait où, de la pénombre et mettait les agresseurs en joue. Ces derniers se retournèrent et virent
Donut et Dunkin en position de tir.
MOSSH : T’as merdé, Rico !
RICO : J’ai pas merdé. On n’a qu’à s’en débarrasser.
VELASQUEZ : Sans moi. On se casse !
RICO : Non !
Il se retourna, levant son arme dans le même mouvement. Dans la seconde qui suivit la première détonation, l’enfer
s’abattit sur le terminal. Sous le déluge de plomb et de lumière, le TIC parvint sans savoir comment à hisser le corps
de Jazz dans un recoin. Puis, après avoir soufflé deux secondes, il poussa une petite porte et se réfugia avec Harker
dans une salle annexe.
Il lui fallut deux secondes supplémentaires pour s’apercevoir de la teneur de l’endroit : une petite chapelle. *Bon sang,
même dans cet endroit maudit, il est possible de trouver ce genre de lieu de culte. Qui a dit que Paradise city était
abandonnée de Dieu ?*
Etrangement, cela le rassura.
=/\= Tyrell ; Heure H plus 19 minutes =/\=
NAIMA : Le signal qui se déplaçait a cessé d’émettre.
T’KAR : QUOI ? C’est impossible.
NAIMA : Ou alors il est définitivement brouillé. Mais je ne le capte plus.
T’KAR : Il faut que j’y aille.
VALERYA : Vous n’y pensez tout de même pas !
T’KAR : Bien sûr que non. *Mais dès que tu auras le dos tourné, ma vieille…*
=/\= Tyrell ; Heure H plus 20 minutes =/\=
*** Groupe Gamma ***
Karl se raidit. Bordel, il ne l’avait pas entendu arriver ! C’était cette satanée pluie qui engourdissait ses sens ! Mais où
était Fenras ?
La voix reprit, d’un ton rigolard : « Mais c’est le petit Davis ! Venu tout droit se jeter dans la gueule du loup ! »
DAVIS : Vous… me connaissez ?
VOIX : Evidemment. On a été bien briefé sur toi et ta bande de petits merdeux en uniformes.
VELA : Hey ! Qui tu traites de merdeux ?
Davis n’entendit qu’un coup sourd, précédé de peu d’un léger sifflement. Il choisit de se retourner : son ami venait de
surgir par la fenêtre béante et son adversaire se tenait l’avant-bras droit. Près de l’escalier, à 2 mètres environ, gisait
son arme de poing. Apparemment, l’Andorien lui avait balancé un outil quelconque qui avait pu le désarmer.
VELA : Ca va ?
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DAVIS : T’as mis le temps !
VELA : Deux autres à éliminer en bas. T’es vivant, de quoi tu te plains ?
Karl n’en revenait pas : dans ce genre de situations, Fenras rayonnait. Il n’avait plus rien de l’homme au regard
éternellement grave et préoccupé. Ici, il agissait. Il était dans son élément. Il dégaina son phaser et tint en joue son
vis-à-vis. L’homme était imposant, une abondante masse graisseuse recouvrait une non moins impressionnante
musculature. Sa bouche se tordait d’un rictus dont on ne savait s’il était dû à la douleur ou à une parfaite indifférence
face au danger. Son visage porcin portait les stigmates d’une bagarre récente et ses yeux reflétaient clairement la
folie qui l’habitait.
VELA : Elles étaient ici, Karl. Toutes les deux.
DAVIS : Vrai ? Mais ?
VELA : Elles n’y sont plus.
DAVIS : Bordel ! On arrive trop tard !
A’RESH : Vous parlez des deux petites putes qu’on a ramenées ?
VELA : Cette voix… Attends.
L’Andorien sortit sous la pluie qui refusait de se calmer. Il inspecta leur prisonnier et le reconnut.
VELA : Toi… c’est toi qui étais sur la navette carcérale !
A’RESH : Eh ouais, mon pote. C’est moi qui t’ai baisé, toi et ta bande de nazes.
VELA, contenant sa colère : Bah maintenant, c’est toi qu’est baisé, mon gars.
A’RESH : Ha ! Je me serai quand même payé du bon temps avec ces deux petites. Hum ! D’abord la grande blonde.
Je me suis amusée avec elle pendant que mes copains forçaient la petite Vulcaine à regarder. Après, quand j’en ai
eu assez, ça a été son tour. Et là, tu peux me croire, je me suis…
DAVIS : Espèce de…
VELA : Non !!!
L’Andorien avait réagi une fraction de seconde trop tard. Le jeune pilote était entré dans le jeu pervers du
psychopathe. En entendant les horreurs dont il se serait rendu coupable sur la personne de ses collègues, il avait
perdu son sang-froid et s’était précipité sur lui. Exactement ce qu’il voulait. Vela l’avait compris, mais il ne put que
constater qu’A’Resh était moins affaibli qu’il n’en avait l’air. Malgré de multiples blessures, il s’était dressé avec une
vigueur surhumaine et avait envoyé valdinguer Karl à travers la fenêtre, tout en récupérant le phaser.
Mais pas pour longtemps. Incapable d’empêcher son ami de réagir sous l’emprise de la rage, il avait tout de même
suivi le mouvement et avait décoché immédiatement un formidable coup de pied latéral qui percuta le dos de la main
du mercenaire. L’arme réglementaire de StarFleet alla voler 10 mètres plus bas, dans la cour détrempée.
A’RESH : Toi, t’en veux, hein ?
Le gros porc était un redoutable adversaire. Certes, il était volumineux, mais savait se mouvoir avec une rapidité
étonnante. Sa respiration était hachée, mais rien ne laissait vraiment comprendre qu’il était à bout de souffle.
Et il s’était ramassé sur lui-même.
Vela le jaugea vite : une force impressionnante, une carrure supérieure à la sienne, une résistance hors du commun,
à en juger par les nombreuses blessures qu’il portait, dont certaines sanguinolaient encore.
Le duel serait serré.
L’autre chargea. *Si tôt ?* Fenras chercha à l’esquiver afin de le frapper dans le dos pour qu’il poursuive son
mouvement. Mal lui en prit. La place sur ce palier était limitée. La visibilité médiocre. Et surtout, A’Resh était un
redoutable combattant. Bien qu’emporté par son élan, il parvint, d’une légère rotation du torse, à empoigner l’avantbras de l’Andorien et, l’emportant avec lui, à traverser ce qui restait de la fenêtre. Les deux hommes arrachèrent le
chambranle, et atterrirent dans l’espèce de salon vétuste.
Vela accusa le coup ; sa nuque et son dos avaient percuté un bord de la fenêtre. Mais ses réflexes lui permirent de se
recevoir à peu près décemment. Il fut aussitôt sur pieds pour frapper son adversaire. Mais le monstre qui s’était
pourtant affalé de tout son long effectua une surprenante ruade qui le propulsa en avant, de manière à ce qu’il puisse
se saisir des chevilles du jeune homme. Ses mains se refermèrent comme un étau puis se dressèrent à la verticale.
Fenras bascula la tête en arrière.
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Dans un geste désespéré, il tendit les bras pour amortir sa chute, puis opéra une rotation du bassin en équilibre sur
les mains, le dos arqué, dans une position surréaliste. Il sentait le combat lui échapper. L’homme ne lâcha pas, mais
cela l’empêcha de se remettre debout.
Alors, contractant au maximum ses abdominaux, repliant les genoux, l’Andorien se projeta en avant et frappa de
toutes ses forces le côté de la tête du mercenaire herculéen. 3, 5, 10 coups. Ses phalanges se couvrirent du sang
s’écoulant de l’oreille. A’Resh finit par le repousser devant lui, presque comme on se débarrasse d’un roquet. Fenras
se retrouva sur les fesses, non loin de la porte de la cellule. Sans réfléchir, instinctivement, il se remit debout en un
mouvement souple, grimaça à peine en constatant qu’il devait avoir au moins deux côtes fêlées et ne se soucia pas
de cette raideur à la nuque.
Mais l’autre s’était relevé. *Il est increvable.*
Ca n’allait pas être facile. Il avait été cueilli comme un bleu. Mais il ne pouvait pas se permettre de perdre. Pas
maintenant.
A’Resh s’avança doucement dans sa direction, les bras tendus vers l’avant, légèrement repliés, la tête baissée,
comme un prédateur. Il était sûr de sa force et ne craignait pas la douleur. Fenras abandonna l’idée d’accepter la
lutte. C’était sans doute l’art martial qu’il maîtrisait le mieux, mais cet adversaire là était peut-être trop coriace. Et le
Chef de la Sécurité ne pouvait se permettre de simplement espérer. Il devait frapper là où il pourrait le faire chuter.
Viser les points faibles. Et ne pas s’arrêter.
La danse de mort commença, sous les yeux de Davis qui reprenait lentement ses esprits. Vela avait adopté la même
posture, le buste légèrement penché vers l’avant. Cela déclencha un de ces sourires cruels chez A’Resh qui fit
monter d’un cran sa rage. Mais il mit la bride dessus : ce n’était pas le moment de tout gâcher.
Le bulldozer humain rugit et fonça. Vela fit mine d’accepter l’empoignade et se saisit des poignets, les forçant à se
lever. A’Resh exerçait une pression terrible qui se ressentait sur ses épaules. Il ne tiendrait pas longtemps. Vela
écarta alors brutalement les bras et décocha un coup de genou au menton, profitant de la position de son adversaire.
Lâchant ses bras, il envoya un direct du droit dans le nez du mercenaire, ce qui écrasa encore davantage le peu de
relief qui demeurait encore sur le visage tuméfié, puis, prenant appui sur son pied gauche, tournoya pour balancer un
sidekick magistral. A’Resh en eut le souffle coupé et recula de trois pas.
Ca n’était pas suffisant. Il sauta sur lui, le prit à la gorge, se laissant submerger par la colère. Il n’était plus qu’une
bête féroce. Mais il manquait d’assise, l’autre étant plus grand que lui. A’Resh rabattit ses énormes bras sur ses
épaules, l’écrasant littéralement, le pliant en deux. Une ruade violente : Vela poussa de toutes ses forces sur ses
jambes pour propulser un coup de boule dans le plexus. A’Resh cracha du sang et quelques dents, recula encore.
Ne pas s’arrêter.
Il bondit en l’air, frappa l’adversaire du talon gauche sur la tempe. Le monstre vacilla. L’Andorien voulut opérer un
mouvement tournant mais ce fut sans compter sur la remarquable résistance de l’humain qui lui happa la jambe et,
comme d’une hache, le rabattit contre le sol. Fenras percuta le plancher avec une violence inouïe, ne pouvant que
faire en sorte d’amortir avec l’épaule gauche. Sous le choc, elle se démit complètement, rendant son bras inutilisable.
Son pied libre frappa le visage d’A’Resh qui ne s’en soucia pas et s’évertua à lui briser celle qu’il tenait.
Alors il le laissa faire. Se retournant, il se mit sur le dos et replia sa jambe ce qui entraîna son terrible ennemi vers lui.
Il en profita pour bloquer un bras sous sa cuisse et rua violemment sur l’épaule. L’horrible son qui s’ensuivit prouva
que le bras avait cassé net. Le colosse hurla et se saisit l’épaule gauche, cherchant à remettre en place ce qui était
encore possible. Fenras ne lui en laissa pas le temps. Toujours sur le dos, il pivota et effectua un balayage des
jambes de son adversaire. L’autre s’écroula, faisant exploser une vieille table.
Vela roula aussitôt sur lui-même, retint un cri de souffrance lorsqu’il chercha à utiliser son bras démis pour se
redresser. Son rival faisait de même. *Mais que faut-il faire pour l’abattre ?* Fenras se sentait gagner par la fatigue et
le désespoir. Mais il repensa à ses supérieurs qui comptaient sur lui, à Davis qui n’aurait aucune chance, aux filles
dont il était pour l’instant le seul à savoir où elles étaient.
Il choisit la vitesse. Coups de poing, coups de pied, esquives, feintes. Plus mobile que son opposant, il frappait sans
relâche. Le visage d’A’Resh était à présent méconnaissable. Mais il tenait encore bon. Et Vela n’avait plus qu’un bras.
Alors il se remémora les coups vicieux, ces coups interdits aux entraînements comme en compétition mais que les
Andoriens utilisaient régulièrement pour leurs duels d’honneur.
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Il s’approcha, pour la mise à mort. Il s’aperçut que du sang gouttait de quelque part au-dessus de son front. Tant pis,
il y voyait encore. L’autre l’attendait et espérait lui broyer définitivement les côtes ou encore lui arracher le cœur avec
les dents. Vela fit mine de sauter, se ramassa et frappa de toutes ses forces sur la rotule de la jambe d’appui.
Nouveau hurlement. A’Resh perdit l’équilibre, chercha à se rattraper mais ne put que s’agripper au bras démis de
Vela. La douleur fut atroce, le jeune homme bleu eut l’impression qu’on lui arrachait un membre. Il préféra
accompagner le mouvement et frappa de son poing valide la saillie du coude. Deux fois. Ses phalanges explosèrent
sous le second impact qui se répercuta jusque dans son crâne.
Mais A’Resh l’avait relâché et gisait à présent, tel un dinosaure agonisant.
Un genou à terre, l’Andorien contemplait sa victime, essayant de contenir sa douleur et de contrôler sa respiration
chaotique. La haine avait disparu, la rage s’était dissipée, seul le dégoût subsistait.
VELA : Dis-moi, dis-moi où elles sont.
Pas de réponse. Pourtant l’autre vivait. Il le regardait, lui souriait, montrant les derniers chicots péniblement accrochés
à ses gencives ensanglantées.
VELA : Parle.
A’RESH : Pauvre con. Je les ai violées, toutes les deux, puis j’ai bouffé leurs entrailles et j’ai donné le reste aux rats
de la cité. Si t’avais vu la tête de la petite pendant que je fouillais le corps de sa copine et…
DAVIS : Ta gueule ! Ta gueule ! Ta gueule !!!
A’RESH : Pfff… Vous n’êtes… qu’une bande… de pédales.
Vela se releva. Stoïque. Il passa la main dans sa ceinture, récupéra le phaser dont il ne s’était pas servi. Pourquoi ? Il
était à présent trop tard pour répondre à cela. Il était las.
VELA : Karl, ça va ?
DAVIS, se massant la tête : T’en as mis le temps.
VELA : Ouais. Tiens, surveille-le. Il faut… savoir… les autres…
DAVIS, inquiet : Ca va pas fort, Fen’.
VELA : Si, si, t’inquiètes.
DAVIS : Attends. Je vais m’occuper de toi. *tap* Davis à Passerelle. Vela gravement blessé.
VELA, d’une voix faible : Non, pas gravement, pas gravement…
DAVIS *com* : Avons le chef des ravisseurs. Il faut le remonter et l’interroger.
Vela commençait à subir le contrecoup de ses efforts. La douleur s’estompait, mais sa vigilance aussi. Il comprit trop
tard la portée des paroles de son ami.
VELA : Non, non.
DAVIS : Tu délires, Fen’. Mais ça va aller. On va nous remonter.
VELA : Tu ne comprends pas. T’Kar…
DAVIS : Quoi, T’Kar ?
VELA, d’une voix cotonneuse : Elle va… essayer… de se venger…
Ils disparurent tous trois.
Et réapparurent au sickbay. Le Chef de la Sécurité fut immédiatement pris en charge par un Lapointe constamment
en train de secouer la tête, déplorant cette manie des soldats à se faire du mal. Fenras se laissa faire, à moitié
conscient, faisant confiance à ses facultés de récupération pour se remettre vite au travail et retourner en bas pour
aider ses copains. Oui, oui, d’ici deux minutes. Allez, trois. Il pouvait bien s’accorder un peu de repos. Juste un peu…
Les derniers mots qu’il prononça avant de s’endormir furent : « Dis-leur que j’arrive. » Karl était resté à son chevet
jusqu’à ce qu’il ferme les yeux. Alors, il contacta la passerelle. Valerya lui répondit qu’elle en avait la charge depuis
que le FO le lui avait ordonné. Non, elle ne savait pas où elle était. Oui, elle était au courant pour le chef des bandits.
Karl soupira : *Bordel, T’Kar, ne va pas commettre une bêtise maintenant !*
83-Lenassy
"A la balançoire
Tout le long du soir
Tout le long du paradis
Saute la petite souris !"
La comptine s'était faite rumeur dans le silence, comme si, insidieusement, elle s'était faufilée entre les interstices
203/446
d'un matériau en voie de désagrégation. Nera dresse l'oreille, tout comme Jan.
Depuis combien de temps sont-ils là, peu de temps pourtant. Il lui semble qu'une éternité déjà le sépare de ses
habituelles rencontres thérapeutiques.
Il regarde les deux jeunes gens près de lui. Le dénommé Spriggan dort ou est inconscient. Il a fait ce qu'il a pu,
logiquement, dans un tel lieu, il serait mort d'ici quelques heures, tout dépendrait de sa résistance naturelle. La jeune
femme qui s'était présentée à lui, Aldane quelque chose, avait fini par s'allonger sur le sol, sa longue chevelure lui
servant d'oreiller. Sa main s'était glissée sur le poignet de Spriggan comme si elle cherchait à percevoir, même dans
son sommeil les soubresauts de la vie.
Maintenant dans un calme tout relatif, Jan essayait de reconstituer les événements, cherchant désespérément des
souvenirs qu'il ne pouvait avoir. Combien de temps était-il resté dans cet état végétatif avant de pouvoir enfin
reprendre les rênes ? Le temps étant tout relatif c'était sans doute une question inutile, ou c'est sa réponse qui l'était.
Quelle était la meilleure question du moment alors ? Ce jeune homme va-t-il vivre ? Non, question inutile, il n'avait
pas la réponse. Qu'allait-il faire, maintenant ?
Il y réfléchit un moment sans trouver de réponses satisfaisantes. Peut-être que la réponse était d'arrêter de poser des
questions ?
De petits rires répondent à ses interrogations, il tourne lentement la tête vers la source de ces bruits incongrus en la
circonstance, c'est presque agaçant d'ailleurs de constater que quelqu'un puisse rire de la situation.
Il regarde la jeune femme qui dort toujours, puis il se lève enfin. Il n'a pas bougé depuis qu'il s'est installé près de son
patient... son patient ? Quelle sensation étrange. Quelque part, il sent le besoin évident d'une réussite. Celui-là
mourrait-il ?
Il s'aperçoit rapidement que c'est cette question qui le hante pour il ne sait quelle obscure raison. Qu'est-ce que cette
petite fille avait fait en plus de ce qu'il lui avait demandé ?
Il sent plus qu'il ne voit l'extérieur. Les rires viennent de l'extérieur.
Dans la pièce d'à côté, Nera est concentrée sur son travail. Elle a été une élève appliquée autant dans ses cours de
rattrapage qu'à l'académie, ce qui lui rend, à l'instant, immensément service tout en la frustrant quelque peu.
*Bon, et si je le branche comme ça !*
Elle tire le câble, consciente du fait que ce n'est pas le tout de préparer cette pseudo-balise, mais qu'il allait falloir
trouver de l'énergie. Et la seule énergie possible qu'elle voit au plus près c'est le véhicule qu'ils ont amené avec eux
ainsi que le peu d'armes qu'ils ont. Si elle sacrifie le véhicule, ils seront coincés ici et ne pourront pas partir si le
besoin s'en fait sentir.
Elle était sortie plusieurs fois dans la cour, espérant trouver une solution simple pour alimenter sa balise. Tout n'est
pas prévisible, c'est ce que lui avait dit son professeur. Elle, elle cherchait la perfection parce qu'elle comprenait
qu'avec le peu de matériel à sa disposition, il n'avait pas droit à l'erreur et que son échec en la circonstance coûterait
la vie à ses amis.
Elle rebranche le câble dont elle a adapté à coups d'ingéniosité les embouts incompatibles. Le matériel hybride
qu'elle a sous les yeux est le plus bel objet qu'elle ait jamais vu, un c'est elle qui l'a fait, deux plus que quelques
minutes pour vérifier son fonctionnement.
Elle sourit puis prend le câble qui court vers l'extérieur, il faudrait faire démarrer le véhicule.
Elle chuchote fortement.
"Aldane ?"
Quelqu'un bouge dans la pièce d'à côté et approche.
"Elle dort, elle en avait bien besoin."
MORAK : oh désolée. Hum... je voudrais faire un essai...
VON EWIG : et c'est ... ?
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Il regarde d'un air bizarre la nouvelle passion de Nera pour les heures passées.
MORAK *retenant à peine un sourire* : une balise.
Puis elle regarde de nouveau ce qu'elle tient en main, ses sourcils se froncent.
MORAK : enfin... je crois.
Il approche.
VON EWIG : vous permettez ?
La sensation est curieuse.
A l'extérieur de la maison, les petits rires persistent, puis une autre voix se fait entendre chantonnant :
"Au clair de la lune
Trois petits lapins"
Une autre voix réplique :
"Qui mangeaient des prunes
Comme des petits coquins"
Et les deux voix reprennent en choeur :
"La pipe à la bouche
Le verre à la main
Ils disaient : "Mesdames
Versez nous du vin
Jusqu'à demain matin." "
Puis de nouveaux éclats de rire.
Il est déjà tard et contre toute attente des enfants jouent dans le jardin mitoyen. Une fillette d'une dizaine d'années
tient la main d'un garçonnet qui est assis sur le siège encore bon d'une balançoire surannée.
Ils sont pieds nus mais ne semblent pas s'en formaliser. Le peu d'herbe rêche est mouillée et coupante pourtant. La
fillette vêtue d'une robe rapiécée qui fût blanche dans des temps anciens a les bras nus. Ses cheveux filasse se
terminent en mèches enserrées. D'un mouvement rapide de la main, elle rejette à l'arrière une mèche noyée sous la
pluie qui continue son oeuvre.
Le garçonnet finit par se plaindre.
"Je veux maman !"
La fillette prend un air ennuyé puis lui sourit.
"Je suis ta petite maman maintenant, viens on va trouver quelque chose à manger."
Elle l'aide, le soulevant pour qu'il ne tombe pas, soufflant sous l'effort.
"Et maman, quand est-ce qu'elle revient ?"
La fillette hausse les épaules.
"Bientôt chéri, bientôt."
Chéri fait un beau sourire, qui, malgré la saleté sur ses joues et autour de sa bouche, éclaire son visage trop maigre.
La fillette prend le châle troué qui lui reste de sa grand-mère disparue depuis longtemps et l'utilise comme protection
inutile contre la pluie. Son petit frère se serre contre elle tout en fourrant son doigt dans une narine et fouillant
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consciencieusement. Elle place le châle au-dessus d'elle.
"Restes bien dessous."
Et ils s'éloignent du auvent troué, mince protection pour leur aire de jeux.
Le jardin est à l'abandon et quelques plantes grasses aux formes étranges ont envahi la rocaille. La maison à l'arrière
est en piteux état et ne laisse pas envisager qu'elle puisse être habitée ou tout au moins habitable.
Les deux enfants vont dans le fond du jardin, il y a quelques fois des petits animaux qui viennent se prendre dans une
nasse que la petite a installée maladroitement. Elle y installe consciencieusement tous les matins quelques morceaux
d'herbe de choix pour y attirer ses futures proies. Là, le piège n'a pas fonctionné et a plutôt été saccagé par une bête
plus grosse que celles qui passent habituellement dans le jardin. Elle prend un air boudeur, puis regarde son petit
frère qui déjà a saisi un bout de bois et donne de petits coups dans la nasse pour en faire sortir ce qu'il imagine y être
pris.
Elle ravale sa déception puis lève la tête, de l'autre côté de la palissade, elle a vu de la lumière. Personne n'habite à
côté de chez eux pourtant. Elle laisse le châle sur la tête de son frère qui rit de sentir tout le poids l'écraser et qui finit
assis dans l'herbe mouillée à rire sans pouvoir s'arrêter.
"Chhhuuutt !"
Elle lui fait signe de se taire, essayant maintenant de percevoir quelque chose dans le jardin d'à côté.
Elle plisse les yeux, essayant d'apercevoir de nouveau la lumière, puis s'aperçoit qu'il s'agit probablement d'un feu
follet comme maman lui racontait. Une toute petite lumière qui quitte les gens quand ils sont morts. Elle ouvre de
grands yeux et frissonne tout en cherchant malgré tout à voir quelque chose qui puisse la conforter dans son idée.
Derrière l'ouverture d'une des fenêtres closes avec des planches disjointes, une ombre passe. Elle sent quelque
chose lui tirer sur le pantalon et pousse un cri vite étouffé.
"Qu'est-ce que tu vois ?"
"Chhhhuuuttt."
Elle chuchote, se baissant vers son frère et lui parle doucement à l'oreille.
"Il y a des morts à côté, il vaut mieux rentrer."
Dans la maison des morts, un véhicule attend, frissonnant sur son moteur maintenant en marche, un câble le relie à
la maison courant jusqu'à la première fenêtre.
84-Matolck
Le sextuor (ou un truc comme ça) s’était matérialisé dans l’habituel halo de particules bleutées à l’endroit prévu, une
petite pièce paumée dans les sous sols du bâtiment. Si ce lieu était incontestablement discret, Horton pestait malgré
tout : il était sur qu’ils allaient devoir se taper l’ascension de la tour ce qui promettait d’être au mieux harassant.
Matolck quant à lui était mal à l’aise. Tout en lui criait qu’il aurait mieux valu procéder à un assaut en règle du
bâtiment, un nettoyage étage par étage. Un rien aurait suffit, une trentaine d’officiers de sécurité aurait fait l’affaire - et
ce n’était pas comme si le Big I manquait d’officiers puisqu’il y en avait un bon millier à bord -. Néanmoins il avait dû
se ranger à l’évidence assénée par Zee et T’Kar : un assaut en règle aurait conduit nécessairement à la mort des
prisonniers ce qui était inacceptable. Pour transiger Matolck s’était donc rendu à ces arguments, non sans exiger
qu’ils soient tous suréquipés : grenades, phaseurs types 2 & 3 (on en sait jamais un bête dysfonctionnement),
batteries supplémentaires de phaseurs, etc…pour tout dire ils avaient un sac à dos remplit d’équipement divers et
pouvaient affronter sereinement un régiment de jem’hadar. C’était peut-être un chouia excessif mais Matolck avait
toujours eu peur de manquer, et il n’y a rien de plus désobligeant que de se retrouver à cours d’argument frappant
lorsqu’on discute avec un adversaire teigneux et contrariant.
La petite troupe se mit discrètement en route vers la zone dans laquelle il y avait une forte concentration de signaux.
Il ne leur avait fallut que dix minutes pour s’y rendre et Cole avait fait montre d’une grande efficacité pour éliminer
discrètement l’opposition : les deux brutes épaisses qu’ils avaient croisé aurait pu en témoigner si le poignard de Cole
ne les avait pas privé définitivement de la parole. Il fallait lui reconnaître qu’il s’y connaissait en arme blanche.
206/446
Le tricordeur médical n’indiqua aucune forme de vie présente, mais ce que Malcom voyait indiquait clairement que
Nera et Spriggan avaient été dans cette pièce et en étaient ressortis vivant. Ce n’était pas grand-chose mais c’était
toujours ça.
Zee : On va devoir aller explorer le dernier étage, connaissant De Ville s’il est ici, c’est sûrement là qu’il s’est installé.
Horton : Chef y’a un plan des sous sols sur le mur, probablement un truc qui date de l’époque où ce coin méritait
encore le nom de « paradise city »
Matolck : Bien. Les escaliers sont deux couloirs plus loin.
Horton : *et voila c’est partit pour 60 étages à pinces….je le savais !*
Zee : Connaissant de Ville, il doit y avoir des caméras dans les escaliers
Matolck : vous suggérez quoi ?
Zee : Les ascenseurs
Horton : *elle est bien cette Zee*
Matolck : Ca sera encore pire !
Zee : Je n’aie pas dit qu’on prendrait l’ascenseur ! On en sabote un et on monte par la gaine.
Horton : *et merde*
Matolck : mouais ça peut marcher.
Horton n’eut pas vraiment le temps de grognasser puisque l’ascenseur n’était pas loin. Deux minutes plus tard, ils
étaient à pied d’œuvre. Matolck émit quelques regrets sur l’absence d’un certain Lagaffe pour la panne de
l’ascenseur, allusion que Zee et Cole ne comprirent pas mais ce n’était pas comme si ça les intéressait non plus.
Au même instant un voyant rouge clignota dans le local de la sécurité au rez de chaussée.
Garde 1 : Chef, l’ascenseur n°5 est en panne au sous sol.
ème
Garde 2 : ce n’est jamais que le 6
ce mois-ci, c’est vraiment du matériel de merde. Bon comme d’habitude, tu faits
un rapport en deux exemplaires et tu préviens la maintenance.
Quelques étages plus bas, le groupe Alpha contemplait l’immensité de la tache qui les attendait : 60 étages qu’ils
allaient devoir escalader à l’ancienne.
Alors que Zee allait mettre le pied sur le premier barreau de l’échelle de secours, Matolck l’arrêta net.
Matolck : Regardez le barreau de plus près.
Zee se pencha pour observer de plus près le barreau en question.
Matolck : Regardez à gauche, vous voyez le petit espace en dessous du point de fixation ? C’est un capteur de
pression. SI vous posez le pied dessus, il y a probablement un signal d’alarme qui va bruyamment se manifester en
un endroit quelconque du bâtiment.
Zee regarda avec étonnement l’officier de Starfleet *il est peut être pas aussi incompétent qu’il en a l’air…*
Tout en parlant, Matolck sortit deux espèces de mousquetons qu’il fixa sur deux gaines qui devaient servir au
passage de câbles quelconques et se tourna vers ses officiers : Vous vous souvenez de l’entraînement
holographique 236 refit 6 ?
Horton : La tour infernale ?
Matolck : oui celui là même. On fait pareil.
207/446
A regret les trois officiers de l’Indépendance sortirent le matériel de leurs sacs. Ils se souvenaient bien de ce
programme qui n’était pas leur préféré. Malcom pouvait encore ressentir la douleur qui s’était installé dans ses bras
après 30 étages…et là il y en avait 60…ça n’allait pas être une partie de plaisir.
Quelques instants interdits, Zee et Cole imitaient maintenant les officiers de l’Indépendance.
Matolck : Vous verrez c’est assez simple, vous faites glisser un des mousquetons vers le haut, vous le bloquer, vous
vous en servez pour supporter votre poids pendant que vous faites pareil avec le suivants, etc…
Même s’ils appréhendaient l’exercice, ni Zee ni Cole ne le laissèrent paraître, et le groupe Alpha se mit
courageusement à la tâche.
Une heure et demi plus tard, le groupe atteignait le 45ème étage quant un bruit inattendu se fit entendre.
Horton : C’est quoi ça ?
Cole : Le bruit d’un ascenseur qui se met en marche.
Horton : Mais y’avait pas ça dans la simulation
Cole : Bienvenue dans la vie réelle
Horton : pffffff
Matolck : Zee vous devriez pouvoir ouvrir la porte palière d’où vous êtes. Messieurs on va faire une pause.
Le groupe réussit à franchir la porte et à pénétrer l’étage sans se faire écraser par l’ascenseur, ce qui en soit était une
satisfaction.
Ce qui était moins satisfaisant par contre, c’est le curieux qui s’était approché en entendant le bruit inhabituel que fait
une porte d’ascenseur en ouverture manuelle. Pas de chance pour lui, c’était Matolck qui réagit le premier. Le rayon
du phaseur type III l’atteignit entre les deux yeux, ce qui de toute façon ne changeait rien à l’effet de l’arme.
Malheureusement pour Matolck un joli bouton rouge se mit à clignoter dans le local de la sécurité.
Garde 1 : Chef, tir d’arme rayonnante dans la tour !
Garde 2 : quel étage ?
ème
Garde 1 : 45
Avec le calme des vieilles troupe le supérieur prit alors le ton détaché de ceux qui savent : c’est l’étage du labo du
vieux fou, si ça se trouve c’est une des ses expériences. Envoie une patrouille vérifier, je n’ai pas envie de déranger
le patron pour une fausse alerte.
Quarante cinq étages plus haut, Matolck était en train de se faire sermonner, chose à laquelle il n’était pas habitué
depuis au moins…deux heures, c'est-à-dire la dernière fois qu’il avait discuté avec son FO préférée. En y repensant
non il avait vu Cass juste avant de partir, et ça ne faisait donc que une heure cinquante.
Zee : et les détecteurs ? Vous y avez pensé aux détecteurs ?
Matolck (l’air serein d’un chien battu) : Il avait une arme braquée sur vous
Zee : C’était pas une arme c’était un morceau de gâteau !
Matolck : Dans le doute…et puis ça peut-être traître un gâteau, c’est ce que dit toujours ma femme en tout cas.
Zee : Bon faut bouger de là. S’ils ne rameutent pas tout le monde, dans le meilleur des cas ils enverront une
patrouille. Venez, planquons le corps dans le premier local venu.
Le premier local venu s’avéra être une espèce de laboratoire dans lequel un nain grotesque était en train de préparer
ses valises.
208/446
Pour une raison qu’il ignorait, cette tête n’était pas inconnue à Matolck.
85-Lenassy
Les silhouettes se matérialisent avec le son caractéristique habituel. Elles se stabilisent derrière un bâtiment. Miss
Valérya avait avec soin choisi la zone d'arrivée, guettant le moindre signal inquiétant d'une activité quelconque dans
la zone. Il y avait eu de l'activité, c'était certain et elle avait même un instant soupçonné qu'il s'agissait là seulement
de traces anciennes, puis elle avait espéré qu'elles n'étaient pas si anciennes que cela et qu'ils pourraient trouver
leurs officiers. Mais en toute logique cet endroit était important, ils comportaient, même de manière infime la trace de
leurs officiers ainsi que celle du biosignal recherché.
KABAL : bien, d'après mon tricorder, la zone qui nous intéresse est comprise entre ce bâtiment gris avec ces
inscriptions effacées et cette cabane.
FRISSSK : c'est une zone de déchargement...
Il montre du menton des containers, entassés là depuis un temps certain.
Ritink tout près de lui porte un bel uniforme qui le colle un peu, il y ait peu habitué, mais il le trouve beau et sobre. Il
aurait bien sûr préféré porter des épaulettes dorées pour donner de l'importance à sa mission. Puis il s'avise
brusquement qu'il porte toujours le symbole des étrangers sur son front. Il se met sur la pointe des pieds, puis tirant
un bout de tissu de son sac, il le mouille de salive et commence à effaçer le beau triangle.
KABAL : Frisssk, toi et ton copain vous allez vers la cabane, restez planquer, on ne sait jamais. Il y a peut-être des
bio-signaux indétectables. Vérifies qu'il n'y ait pas de caméras, neutralises-les. Nous nous recontactons dans ...
mettons, 5mns. Ca vous laisse le temps de vous mettre en place. Je vous contacte à ce moment-là. Jay et moi nous
passons sur la gauche, nous allons voir s'il y a du monde dans ce bâtiment.
Puis il voit Ritink qui lèche alternativement un bout de chiffon et ses doigts.
KABAL : mais... qu'est-ce qu'il fait ?
Frisssk baisse la tête, regarde ce que fait Ritink et hausse les épaules dans le signe évident de son ignorance. Ritink
traçe avec un crayon noir deux traits noirs sur le front et le menton. Puis s'apercevant de l'intérêt qu'il provoque, il
lève la tête puis fait un sourire satisfait, ayant pu voir dans le morceau de verre de la vitre brisée qu'il avait réussi
contre toute espérance.
AL'ARM : je suis en mission... ça aide.
FRISSSK : ah oui ?!
Le caïtan est dubitatif, Jay derrière eux manque s'étouffer dans ses sanglots de rire.
KABAL : Jay ! Ça suffit ! Bon, tout le monde est prêt ?!
Frisssk secoue la tête affirmativement, Ritink l'imite. Jay hausse les épaules en levant les mains, les joues rouges et
gonflées, il essaie de reprendre son sérieux.
Ritink vient de voir l'attitude de Jay et il est profondément vexé. Il avance de quelques pas et donne un violent coup
de pied dans le tibia de l'officier.
JAY : HE !!
KABAL : ça suffit, maintenant. Frisssk tient ton copain, t'es responsable, en route.
Frisssk et Ritink disparaissent rapidement, Kabal les suit des yeux et pousse un soupir entre désespoir et
stupéfaction lorsqu'il voit toute l'emphase que met Ritink à se déplacer, sur la pointe des pieds, collé au bâtiment,
marchant comme s'il était sur des oeufs. Il passe la main sur son front. Ils sont foutus, puis très rapidement, il ne voit
plus Ritink. Il plisse les yeux mais ne voit que le caïtan qui avance.
JAY : on y va chef ?! Si tu veux mon avis c'est pas malin d'avoir amené ce civil.
KABAL : on verra plus tard, pour l'instant au boulot.
209/446
Les deux officiers vont vers leur destination.
Les cinq minutes données à Frisssk et Ritink seront largement suffisantes. Ils ne rencontrent personne, même à un
moment Frisssk a l'impression d'être tout à fait seul, mais il repère son compagnon aussitôt. Un léger frémissement
sur sa droite, le mur semble légèrement plus grumeleux, il tend le bras, par simple réflexe, touchant Ritink.
AL'ARM *chuchotant* : hé M'sieur Frrisskt pas dans les yeux...
Frisssk recule sa main ne pouvant empêcher un sourire de se dessiner sur sa face féline, lui donnant un air
particulièrement cruel. Ritink pense fugitivement qu'il est bien heureux que Monsieur Frisstk soit son ami.
Le caïtan montre du doigt la petite porte qui permet de pénétrer dans le bâtiment. La cabane est reliée à la bâtisse
grise où normalement Kabal et Jay doivent aller par un couloir à l'air libre protégé par un auvent en tôle.
Probablement que cette cabane était réservée à un gardien ou quelque chose de ce goût là.
FRISSSK : Vous pouvez aller voir s'il y a quelqu'un dans la cabane ? Je vais directement à l'autre entrée, vous voyez
?
Ritink hoche affirmativement la tête, ce que ne voit pas le caïtan. Il ne voit qu'un léger mouvement sur le mur.
FRISSSK : bien, on y va. Prêt ?
AL'ARM : oui M'sieur Frissskt.
Le félinoïde soupir, puis il commence son déplacement.
Ritink, à petits pas, se dirige vers la cabane, se baissant quand il passe sous la fenêtre, il se rétablit, parfaitement
camouflé, contre le mur. Puis enfin, il glisse un regard dans la pièce. Il n'y a personne. A priori sans danger, le lieu lui
paraît négligeable, il se déplace, moins prudent, pour parvenir sur les talons du félin.
Frisssk a ouvert la porte qui n'a offert aucune résistance. Puis il comprend enfin où il se trouve. Une longue étendue
d'asphalte, puis des aires d'atterrissages. Probablement était-ce là que les déchargements de navettes
commerciales... ou autres avaient dû se faire, avant que le spatioport soit prêt à accuueillir la kyrielle de vaisseaux
étrangers de tous bords.
Les lieux semblent déserts.
KABAL *com* : bon, vous êtes en place ?
FRISSSK *com* : oui chef.
Il se tourne essayant d'apercevoir Ritink.
KABAL *com* : il n'y a plus personne, vous voyez quelque chose ?
FRISSSK *com* : c'est un entrepôt probablement.
KABAL *com* : une navette est ici, nous en approchons, avancez tant que vous pouvez, mais restez méfiants.
Ritink tire sur le bas de l'uniforme de Frisssk qui a un frisson d'appréhension, il n'aime pas beaucoup l'idée d'ennemis
invisibles, heureusement que Ritink est avec eux.
Au fond de l'entrepôt le son d'une porte qui claque surprend Jay qui veut alerter Kabal. Les deux hommes se sont
séparés pour entreprendre l'encerclement d'une navette dans un état plutôt minable.
Son tricorder lui annonce très clairement que les traces repérées viennent de l'intérieur de la navette. Il semble qu'il y
ait eu à cet endroit plusieurs personnes en plus de leurs officiers. Puis le tricorder lui signale des mouvements, il y en
a tout autour de lui, quatre, non, cinq ou six. Il recule, essaie de faire signe à Jay qui s'est avancé vers la navette.
Puis brutalement c'est la fusillade. Il n'a rien vu venir, le bajoran enrage. L'espace d'un instant les alentours de la
navette sont envahis de sons de mitrailles.
Kabal entend les balles sifflées, il se jette derrière un container, essayant de repérer Jay.
210/446
KABAL *com* : contact !! Frisssk mets ton protégé à l'ab...
Puis il sent contre sa nuque le canon froid d'une arme.
"Alors petit malin, tu croyais nous surprendre. C'est dingue ce que vous pouvez être naïf, vous les gars de StarFleet.
C'est le patron qui va en pleurer de joie."
Un humain de grande taille, bâti comme une armoire à glace tient une arme de petite taille presque dévorée par
l'aspect de battoir de sa grande main.
"Et puis, si t'es pas sage ton copain y passe, que ce soit un gars ou deux, le patron a dit de ramener ce qu'on trouvait,
alors toi ou un autre c'est pareil."
Kabal lève les mains, le phaser dans l'une, le tricorder dans l'autre. Il se redresse. Cinq hommes se sont matérialisés
autour de la navette. Un tient en joue Kabal et lui arrache le phaser des mains. Le premier réflexe de Kabal est de
fonçer dans le tas, mais il ne peut pas, il y a Jay. Mais le discours de l'homme qui le tient en joue est clair. Ils ne
savent rien de Frisssk et de Ritink.
Jay a reçu la crosse d'un revolver en plein visage et se tient le nez, les yeux aveuglés par le sang.
Deux hommes se sont mis devant la navette, attendant, tranquilles les nouveaux ordres. Décidément cette mission
avait été une balade.
Dans un coin, celui qui semble être le chef du groupe parle dans sa radio, le visage tout sourire.
"Oui, facile comme tout, vous en avez d'autres ? ... Ah bien, bon, on rentre alors !"
Il fait un signe, aussitôt Kabal et Jay sont encadrés. Ils n'ont pas pris la peine de les attacher. Deux hommes derrière,
le chef devant. Deux hommes qui courent vers l'extérieur.
Maintenant qu'il a le temps et l'obligation de regarder tous les aspects particuliers de l'endroit, Kabal repère les deux
portes sur le côté, puis surtout la porte à moitié ouverte de la navette. En fait, même s'ils avaient atteint la navette, ils
se seraient faits avoir. Comment arrivaient-ils à brouiller leurs bio-signaux, bon sang, le tricorder ne lui avait servi à
rien.
A l'extérieur, les deux hommes rejoignent un véhicule planqué derrière un container et ils sont surpris par Frisssk qui
ne discute pas tirant des rayons paralysants sur les deux qui tombent au sol. Il se précipite, leur ôtant leurs armes,
puis revient vers le bâtiment. Est-ce que Ritink a compris ce qu'il voulait ? Son estomac se serre, et si le zwickien
n'avait pas compris ? Et s'il était en train de faire une connerie, il n'aurait jamais dû insister pour le laisser venir.
Dans le hangar, le chef de l'équipe de récupération A de Deville regarde ses deux prisonniers, jubilant intérieurement
de la situation.
"Vous allez adorer nous raconter tout ce que vous savez."
Kabal ne peut s'empêcher de cracher au visage de l'homme, qui de souriant passe à furieux, il avance pour effaçer le
sourire satisfait du bajoran, l'injuriant déjà. Contre toute attente un hurlement se fait entendre derrière les prisonniers.
Ses deux hommes se roulent au sol en hurlant, pissant le sang. Il reste un instant de trop hébété quand il reçoit le
poing de Kabal en pleine face. Le bajoran n'a aucune idée de ce qui se passe, mais il est certain qu'il s'agit de
Frisssk.
Il ne note pas le fait que les deux hommes perdent du sang par le bas, comme si quelqu'un leur avait tranché l'arrière
des cuisses ou des genoux. Ils hurlent au sol, jusqu'à ce que l'un d'eux s'évanouisse de douleur.
Jay s'est penché, retenant son nez. Frisssk entre et se précipite vers le groupe.
FRISSSK : Kabal, il bouge plus, arrêtes.
Le bajoran se redresse, il a récupéré l'arme et son communicateur de son adversaire.
KABAL : c'était un piège, ils savaient que nous venions ici.
211/446
Derrière le groupe, Ritink apparaît. Le zwickien est couvert du sang qui a giclé, il tient deux lames entre les mains,
ensanglantées. Il regarde d'un air plutôt effrayé ce qu'il a fait. Puis, il essuie ses lames et les range dans leurs étuis
respectifs.
KABAL *com* : Kabal à l'Indépendance. Nous avons un officier blessé et trois prisonniers.
Frisssk s'est approché des deux hommes au sol.
FRISSSK : ils vont mourir, ils se vident de leur sang.
Le bajoran enrage, qu'est-ce qu'il aimerait un instant seulement ne pas être un officier de StarFleet.
KABAL *com* : urgence médicale pour deux prisonniers, que des hommes de la sécurité prennent en charge les trois
individus. Faites un transfert sur Jay pour quatre.
Il recule, imité par Frisssk et Ritink et regarde disparaître le groupe.
Puis il regarde le zwickien qui s'essuie le visage.
KABAL : Frisssk, la navette, regarde ce que tu trouves, où sont les deux autres ?
FRISSSK : dehors.
KABAL : ils sont maîtrisés ?
FRISSSK : assomés seulement.
Kabal s'y dirige, autant les empêcher de nuire. Laissant Frisssk et Ritink à l'exploration de la navette, il part régler ce
dernier point de détail. Maintenant il leur faut savoir où sont leurs officiers.
Il faudra dix minutes à Frisssk pour constater l'inutilité de leur venue ici, si ce n'est la confirmation que leurs hommes
n'y sont plus. Il a trouvé de longs cheveux blonds d'une taille impressionnante et quelques traces de sang contre
l'encadrement de la porte. Il serre la mâchoire.
AL'ARM : je suis désolé !
FRISSSK : de quoi ?!
AL'ARM : je n'ai pas l'habitude... je ne pensais pas que ça ferait ça... tout ce sang.
FRISSSK : vous en faites pas de toutes les manières on ne pouvait pas leur laisser les copains d'accord ?
AL'ARM *baissant la tête et regardant ses pieds* : d'accord.
Kabal revient vers eux.
KABAL : bon, on a plus rien à faire là.
FRISSSK : mais on ne les a pas trouvés.
KABAL : on était là pour vérifier s'ils y étaient ou s'ils n'y étaient pas, nous avons la réponse.
KABAL *com* : Indépendance, trois pour transfert.
FRISSSK : j'ai récupéré des données, y'a pas grand chose mais on sait jamais.
Les trois silhouettes disparaissent rapidement de l'entrepôt Mariotte4.
86-T’Kar
Les derniers mots qu’il prononça avant de s’endormir furent : « Dis-leur que j’arrive. » Karl était resté à son chevet
jusqu’à ce qu’il ferme les yeux. Alors, il contacta la passerelle. Valerya lui répondit qu’elle en avait la charge depuis
que le FO le lui avait ordonné. Non, elle ne savait pas où elle était. Oui, elle était au courant pour le chef des bandits.
212/446
Karl soupira : *Bordel, T’Kar, ne va pas commettre une bêtise maintenant !*
Le pilote sortit de l'infirmerie et tomba nez à nez avec la vulcaine. Il y eut un moment figé où ils se regardèrent. Puis,
Karl la prit dans ses bras. Ce contact lui fit un bien fou puis elle se rendit compte que T'Kar tremblait.
Davis : T'Kar... Tu devrais rester sur la passerelle. On a besoin de toi là haut.
Elle ne répondit pas.
Davis : Viens...
T'Kar : Non. Laisse-moi passer.
Karl secoua la tête, il n'avait pas l'intention de lui laisser faire ce qu'elle avait en tête. T'Kar serra les poings, elle
semblait prête à craquer à tout moment.
Davis : Il n'y a rien ici qui t'interesse.
T'Kar : Karl... N'essaye meme pas...
Davis : De quoi? De t'empêcher de faire une betise?
La vulcaine jeta un coup d'oeil vers l'infirmerie. Davis soupira et se poussa du passage.
Davis : Allez va-y.
T'Kar hésita un instant. Puis le visage de sa fille resurgit dnas son esprit et le flot de colère envahit à nouveau la
vulcaine. Une sensation qu'elle connaissait tant et qu'elle avait appris à apprécier avec le temps.
La vulcaine entra dans l'infirmerie, le visage fier et sevère. Elle jeta un coup d'oeil à Vela puis sa voix gronda :
T'Kar : Où est-il?
Karl l'avait suivi et observait la scene. Lapointe sortit d'une des pièces adjacentes et accourut. Il grimaca lorsqu'il vit
T'Kar.
Lapointe : Cmdr. Si vous parlez de Vela, il est juste là.
T'Kar : Pas lui...!
Lapointe soupira.
Lapointe : A coté, sous bonne garde...
T'Kar : Vous l'avez soigné??
Lapointe : Bien sur, vous me prenez pour un barbare!
La vulcaine s'approcha de lui, menacante.
T'Kar : Ce type a surement torturé plusieurs officiers de ce vaisseau, Docteur et vous l'avez soigné!!??
Sa voix partit dans les aigu. Lapointe était de plus en plus mal à l'aise et son regard allait de la vulcaine à Davis qui
restait silencieux.
Lapointe : Voyons... Voyons...
Lapointe s'apprêtait à expliquer à la vulcaine qu'il avait un reglement à suivre et meme une éthique personnelle qu'il
n'était pas prêt de déroger de si tot lorsque Davis lui signifa d'un geste de la tête qu'il fallait mieux garder le silence.
Lapointe : Je vais voir Monsieur Vela.
T'Kar : Faites donc ca.
La vulcaine le suivit d'un regard puis se rendit avec Karl dans la pièce sécurisé au se trouvait A'Resh. Celui-ci était
allongé sur un biobed. La vulcaine ignora les gardes postés à l'entrée et se dirigea vers le biobed. Elle resta
néanmoins à une distance raisonnable. Karl resta prêt des gardes, tout à coup nerveux.
A'Resh roula ses yeux vers la vulcaine et emit un petit grognement moqueur.
A'Resh : Starfleet m'apporte de quoi m'amuser un peu...
Puis il plissa ses yeux et eut un subresaut.
213/446
A'Resh : Ahaha! V'là la mère! Vous etes venu me faire passer un mauvais quart d'heure, c'est ca?
Il jeta un coup d'oeil à Davis.
A'Resh : Hey, t'es venu admirer le spectacle? Je devrais trembler devant une femme, hein?
Davis : Effectivement.
A'Resh : Ahahah, le con!
Il bouge son corps immense et fait un geste vers T'Kar en disant "Approche, ma jolie". La vision de la vulcaine se
brouille, elle se revoit une arme à la main puis tirant sur son ennemi. La vengeance... Elle avait déjà tué par
vengeance et cela ne lui avait apporté qu'un gout amer et des remords atroce. "Plus jamais ca" s'était-elle dis alors.
Machinalement, elle demande :
T'Kar : Qu'avez-vous fait à ma fille?
A'Resh : Oh, tu veux tout savoir! Si j'avais su, j'aurai fait des video pour toi. Ca t'aurai interesser de voir ta fille se
faire...
Davis : FERME-LA!!!
Karl avait perdu sa patience avant T'Kar et s'était placé entre elle et A'Resh. La vulcaine ne voit plus A'Resh mais
Davis. Alors la colère s'évanouit et elle comprend qu'elle était à deux doigts de sauter sur A'Resh. Elle se concentre
sur Karl et se sent mieux.
T'Kar se place à côté du pilote et met une main sur son épaule. Davis la regarda et voit qu'elle lui sourit.
T'Kar : Ca va aller, Karl. Je te remercie. (puis à A'Resh) Vous etes en état d'arrestation. Vous serez maintenu à
l'infirmerie tant que des soins seront necessaires. L'Uss Indépendance vont transferera à la starbase la plus proche
où vous passerez en jugement pour vos crimes. Quoi que vous ayez fait, je peux vous assurer que vous le payerez
très cher.
A'Resh : Quoi? Je vais aller dans un pénitencier de Starfleet? C'est sensé me faire peur.
T'Kar : Ca, ce n'est pas mon probleme. L'important est que vous ne ferez plus de mal à personne.
A'Resh : Sale conne! Tu crois quoi avec tes grands airs!?
87-Roy
L’architecture de la chapelle était plutôt épurée. Les murs blancs semblait plutôt recouvert de plâtre que du marbre du
Vatican, l’autel recouvert d’un drap d’un blanc, était taillé dans un bois recouvert d’une peinture dorée. Les bancs
enlignés en deux rangées permettait de recevoir trois personnes chaque et étaient de ce même bois qui donnait une
allure un peu vieillote. Sur le mur, derrière l’autel, était un grand crucifix, symbole du christianisme qui, malgré les
chutes des religions humaines, avait réussit à se propager à travers la galaxie...
Ce qui donna un petite pensée historique au chef des opérations l’instant d’une seconde avant qu’il ne se penche à
nouveau sur le cas de Harker. Ce dernier continuait à se tenir les tempes à avoir un regard crispé. Denis passa son
tricordeur au dessus de l’homme en cherchant le signal d’urgence que Lapointe lui avait spécifié avant d’injecter les
quelques produits qui lui avait été remis. Le signal ne se révéla pas, donc Denis entama la procédure : 0,5 mg de
lorazépam et 150 mg de quétiapine sous-cutané. Lorsque le premier produit fut injecté, il sembla déjà que le visage
de Harker se calmait. Il attendit une trentaine de secondes, puis y alla avec le second.
À nouveau, Denis patienta et vit tranquillement les mains de l’homme se retirer tranquillement de sa tête.
-
Harker, appela le chef des opérations… Harker, vous allez bien ?
Il eut plus un grognement qu’une réponse.
-
Commandeur Harker ?, répéta Denis.
Il y eut un semblant de soupir, puis Harker ouvrit les yeux :
-
Oui… Oui, ça va… Mais… Je ne sens plus les autres.
Effet du neuroleptique administré…
Vous m’avez administré quoi ?! , demanda Harker se redressant sur son séant.
Le protocole que m’a remis le Dr Lapointe. Je me rappelais la dernière fois que nous nous sommes retrouvés loin
de l’Indépendance et je n’espérais pas que ça se reproduise… Surtout avec ces espèces de détecteurs…
214/446
Harker s’était légèrement renfrogné à la mention du souvenir de cette fois où il avait tué des gens à mains nues. Il
n’avait pas eu tout à fait conscience des événements du à un état second vu un manque de médication à ce moment
là, mais ça n’avait pas été le plus beau jour de sa carrière.
-
Bon, nous ne devrions pas traîner ici, commença Denis. Ce n’était pas…
La porte où il était entré fut enfoncée et Drett entra à reculons mitraillant quelque chose qui n’était pas à la vue des
deux hommes, puis deux coups de phasers retentirent dans le hall pièce adjacente. Denis se releva et aida Harker à
se redresser. Il fit quelques faux pas et s’appuya sur le mur.
-
Allez, on ne traîne pas ici vous deux, le temps des prières est passé.
Denis appuya sur le bracelet communicateur qu’il portait :
-
Roy à Indépendance, téléportation de retour, c’était un piège…
Une voix sembla répondre, puis que des grésillements.
-
Roy à Indépendance…
À nouveau que des grésillements. Il jeta un œil au tricordeur, les interférences continuaient toujours. Il reporta son
attention sur Drett qui fit signe aux deux officiers de le suivre. Ils ressortirent dans le Hall où plusieurs quittaient
rapidement à la course, mais sans crier. C’était ce qu’une civilisation habituée au crime avait fait de mieux :
évacuation efficace et sans panique… Et ce, malgré que plusieurs corps jonchaient le sol épars. Le chef des
opérations jeta un regard horrifié à Dunkin et Donut qui se tenait près de l’entrée de la chapelle.
-
Paralysie grand angle, souffla Dunkin en réponse.
Allez !, coupa Drett en pointant là d’où ils étaient venus.
Drett parti et la formation de départ repris son court. Près de Denis, Harker courait, mais semblait complètement
déconnecté. « Je lui donne une dose qui devrait lui permettre de se calmer… » avait dit Lapointe… Pas très efficace
d’être trop calme en cette situation, mais c’était mieux que d’être crispé sans pouvoir faire aucun mouvement. Ils
coururent en direction de leur point de départ jusqu’à ce qu’ils atteignent une brèche dans un mur et Drett leur fit
traverser.
-
Il faut quitté le spatioport, si nous sortons de la « juridiction » des proprio, ils nous laisseront aller… Nous nous
pourrons seulement plus y revenir.
Denis se félicita d’être maintenant sur la « black list » du seul établissement permettant un accès à Tyrell. Une fois à
l’extérieur, la pluie froide les frappa, ce qui sembla ravigoter un peu Harker, mais leur course ne s’arrêtait pas là, il
fallait entrer dans la ville. Denis fut heureux de ne pas avoir arrêter le badminton, car la frontière des buildings
semblaient très loin… Et plus loin encore lorsque des coups partirent en leurs direction. Elles allèrent se ficher dans la
coque de la rangée de navette qu’ils longeaient et le bruit d’une sirène s’éleva de cette dernière.
-
On se sépare, cria Drett, on se retrouve à l’autre bout du « stationnement ».
Car cette rangée de navette était la première de toute une série de vaisseaux enlignés les uns sur les autres. Denis
vit Drett s’enfoncer entre une navette qui semblait être un vieux modèle fédéré et une petite… boîte de conserve verte
et lui pris entre deux navette identiques… ou non, c’était un vaisseau plus gros et il était passé entre deux sections de
symétrie d’un violet étrange. Il ne se posa pas vraiment plus la question, mais se jeta à terre pour passer dessous la
section qui connectait ces deux sections, découvrant tout le confort d’un revêtement bétonné. Il se glissa aussi
rapidement qu’il le put, puis pris sur la droite et passa cette fois entre les trains d’attyrellissage d’un grand cargo.
Denis se sentant à découvert fit un sprint comme il n’en avait jamais été capable et entendit quelques coups feu partir
et se ficher sur le sol tout juste derrière lui et une autre dans la carlingue du navire. Il s’engouffra rapidement entre
deux petites navettes noires comme la nuit, mais surtout comme son habit, pris à nouveau sur la gauche, retraversa
une rangée de navette et une fois de l’autre côté sentit la fin du revêtement bétonné. Il s’arrêta et plaça ses mains sur
ses genoux pour souffler quelques secondes, avant d’essayer de retrouver les autres.
Dans un grand souffle, les cheveux collés sur la tête par la pluie et sa sueur, Denis eut une pensée, heureux de
savoir que Cynthia se trouvait loin de cette histoire de Brett DeVille et qu’il n’aurait pas à s’inquiéter pour autre chose
que de savoir ce qu’elle pouvait bien faire sur Lys V. Cette pensée dut le distraire une seconde de trop, car c’est une
sensation de métal froid sur le front qui l’amena à se redresser à se retrouver, un fusil prêt à tirer tout près de ses
215/446
pauvres neurones devant un être humanoïdes sombre. Denis n’eut pas le temps de se poser la question sur le temps
qui lui restait à vivre… Un coup de feu retenti, puis il y eut crispation et chute.
Le chef des opérations daigna ouvrir les yeux seulement quelques secondes plus tard pour voir de loin Drett qui lui
faisait signe de le rejoindre un peu plus loin dans les branchailles vides de feuilles qui séparait le spatioport de la ville
de Paradise City. Denis pris donc les jambes à son coup, entendant plusieurs pas frappés derrière lui sur le béton du
« stationnement ». Aux travers des broussailles, il chercha le chemin le plus rapide, tentant d’éviter les racines où les
branches basses, mais en détourner un c’était se lancer dans un autre…
Il entendit une voix le sommer de s’arrêter, mais il était beaucoup trop énervé pour porter attention, ce fut ensuite des
coups de balles… Une lui frôla l’épaules droite, ce qui le déstabilisa et il s’accrocha dans une racine et tomba face
contre terre. Les tirs cessèrent. Denis s’encouragea donc à faire le mort et attendit tranquillement sous la pluie,
inconfortable qu’il était de l’écorchure qu’il avait à l’épaule droite. L’oreille gauche dans la boue, il tendait l’autre pour
essayer de savoir si on s’inquiétait de lui… Autant Drett que ces damnés gardiens.
Il laissa s’écouler une bonne minute, en profitant pour tenter de faire le bilan de tout ce qui s’était passé en peu de
temps. Puis, jugeant qu’ils auraient tous eut le temps de se rendre à sa « dépouille », il releva la tête pour sortir sa
deuxième oreille de la boue puis écouta à nouveau. Toujours le bruit de la pluie tombant sans plus. Il se redressa et
s’assied pour jeter un œil aux alentours. Ils étaient partis, du moins, les gardes. Les autres ne l’attendaient
probablement pas très loin. En se relevant, il jeta un œil sur ce qu’il avait trébuché… Un cadavre.
Denis retint une nausée puis repris son chemin en ramenant son bracelet communicateur à lui pour tenter de
rejoindre l’Indépendance. Une belle ligne probablement tracée par son cheminement sous le véhicule violet scindait
en diagonal le petit écran. Il toucha la touche d’appel et lança quelques appels qui restèrent sans réponse. Peut-être
auraient-ils plus de chance une fois hors du terrain.
Il arriva finalement sur la rue et jeta des regards à gauche à droite à la recherche de l’équipe… Bon sang, où étaientils ?!
88-Lenassy
Il était fatigué... épuisé était plutôt le mot juste. Assis à même le sol, le front sur ses genoux repliés, il revoyait tout ce
qui s'était passé en l'espace de ces quelques minutes qui avaient été si intenses. Son coeur battait encore fort et il
avait l'impression que ses tempes allaient bientôt se désolidariser de sa tête. Un bref geste d'affolement pour les
retenir de ses mains complétait le tableau de l'harassement et l'inquiétude qui s'étaient montrés.
"Tu devrais aller te reposer."
Incapable de bouger, il se sent soulever. Tout ce sang... Il avait déjà eu l'occasion de voir mourir des gens autour de
lui, mais jamais de sa main. C'était la première fois qu'il ôtait la vie de créatures aussi imposantes et n'avait peut-être
pas réfléchi à l'impact qui l'avait foudroyé, une fois l'acte consommé. Il entendait encore la voix criarde de son
cauchemar : "Meurtrier ! meurtrier ! meurtrier !"
Voulant ne plus la percevoir, il avait décalé légèrement la paume de ses mains, venant boucher bien inutilement ses
oreilles.
Frisssk regarde d'un air un peu inquiet Ritink. Le zwickien, après l'annonce de la mort irréversible de l'un des hommes
qui leur avaient tendu cette embuscade dans le hangar, s'était effondré contre la paroi de l'entrée du sickbay et y était
resté un long moment jusqu'à se recroqueviller sur lui-même.
Le caïtan le porte jusqu'à un biobed libre. Sur les trois hommes qu'ils avaient ramené, un seul était sur pied et avait
été confiné pour le moment en cellule. Un second était décédé, trop gravement touché, il s'était littéralement vidé de
son sang. Le dernier gisait sur un biobed et sous surveillance. Jay était assis sur son biobed et posait les doigts sur
son nez se demandant, fort inquiet, pourquoi il ne le sentait plus et pourquoi il avait la nette impression qu'il avait
raccourci.
Lorsque l'équipe Delta avait réintégré l'Indépendance, le personnel du sickbay était déjà en place. Amoureux des
procédures indispensables en cas de crises Lapointe et son équipe d'infirmiers avaient fait des miracles dans la
rapidité et l'efficacité des actes prescrits.
Lapointe, malgré le surcroît de travail auquel il était confronté, avait une pensée pour Ivafaire. Une chose était
certaine, il aimerait bien qu'il revienne, il aimerait que le sickbay fourmille de médecins, de chirurgiens. Seules deux
équipes étaient rentrées et ça n'était pas les plus importantes, et déjà les dégâts étaient manifestes.
216/446
D'autres blessés arrivent l'interrompant sur ses récriminations qu'il comptait partager avec Laurana qui ne le quitte
plus, efficace comme toujours.
LAPOINTE : bien, pour celui-ci il faut qu'il se repose.
KABAL : oui, et bien, il peut se reposer au brig non ?
LAPOINTE : s'il vous plaît arrêtez de raconter n'importe quoi. Il lui faut un vrai repos, vous ne vous rendez pas
compte ! De plus, je tiens à m'insurger. Il est vraiment bizarre que cet homme ait perdu autant de sang. Qu'est-ce que
c'est que ces méthodes de sauvages !! J'en dirais deux mots au Capitaine, ça, vous pouvez en être certain !
FRISSSK : docteur, Ritink a besoin de vous.
Lapointe le front soucieux ignore les protestations de Kabal, puis se penche sur Ritink pour l'ausculter. Le zwickien
semble tétanisé. Le toubib tend la main vers le plateau que Laurana porte en le suivant de biobed en biobed et
applique un hypospray contre la nuque du petit homme.
LAPOINTE : lui aussi il lui faut du repos et un bon bain ne ferait pas de mal. Il a rien, vous pouvez libérer la place dès
qu'il sera réveillé. Vu la manière qu'ont les événements de se dérouler, je suppose que nous allons encore recevoir
notre lot de blessés.
*Flûte Ivafaire, vous êtes où !*
KABAL : Frisssk, trouves-lui des quartiers libres et installes-le, vois-ça avec les opérations. On ne va pas le remettre
dans son cagibi, j'en parlerais au chef, mais c'est la meilleure décision.
FRISSSK : c'est un civil...
KABAL : peut-être, mais s'il n'avait pas été là, je ne sais pas où nous serions à l'heure actuelle. Le chef comprendra.
*J'espère...*
Tout le vaisseau était en pleine effervescence et l'arrivée au sickbay d'étrangers et d'officiers blessés avait fait le tour
des ponts stagnant un long moment au NoName pour permettre à ceux qui n'étaient pas dans le secret du senior staff
de se mettre à niveau et ne pas paraître tomber des nues lorsqu'on les interrogeait. Les rumeurs ne s'étaient pas
encore formées. Dans l'adversité une espèce de cohésion d'équipe primait sur tout comportement vindicatif. Les uns
et les autres ravalaient qui sa fierté, qui sa rancoeur, pour être efficaces et disponibles au cas où.
Tout le monde savait qu'au moins une équipe était rentrée. Et des officiers se tenaient prêts au cas où il aurait fallu
plus de monde sur cette planète qui avait déjà pris quatre de leurs officiers. Les noms étaient sur toutes les lèvres et
certains nétaient pas très étonnés d'avoir entendu le nom de Spriggan en première place.
Frisssk s'était enquis de quartiers libres pour le moment et avait argué du fait que l'emploi desdits quartiers seraient
probablement temporaires mais qu'il lui fallait impératif pouvoir installer son invité au plus tôt, son état nécessitant un
repos confortable et le docteur Lapointe désirant garder ses biobeds pour les blessés qui rentreraient.
Par un jeu de coïncidences fort à propos, il obtient l'autorisation de l'usage de quartiers normalement réservés aux
enseignes fraîchement arrivés à bord.
Le caïtan décide d'aller visiter les quartiers en question, accompagné par un jeune homme plutôt impressionné par
l'aspect de Frisssk. A son souvenir, c'était la première fois qu'il voyait de près le félinoïde. Celui-ci attend patiemment
que l'officier lui ait ouvert les quartiers avant d'y pénétrer.
CREWMAN : tout est en ordre, l'entretien passe régulièrement maintenir l'état des quartiers.
FRISSSK : c'est parfait, je vous remercie.
Il ne faudra pas à l'officier cinq minutes pour vérifier que Ritink aura tout à portée. Peut-être que ça ne serait que pour
un temps, mais il avait mérité d'avoir un peu de considération plus matérielle.
Ritink est installé dans les quartiers 1258. Le zwickien dort comme un perdu quand Frisssk le laisse. Le caïtan veut
maintenant savoir quand il retournera à terre. Il leur manque encore plusieurs officiers, le travail n'est pas fini.
217/446
89-Lenassy
Denis Roy était maintenant isolé sur une planète dont l'hostilité ne semblait pas que légendaire. Il était à se demander
si les autorités légales n'étaient pas les mêmes qui cherchaient à les éliminer. Ce Deville était donc si puissant, icimême ?
Il lui faut trouver le reste de l'équipe, si au moins son fichu bracelet voulait bien fonctionner. Il était à deux doigts de
se dire qu'au final il y avait probablement en plus du parasitage. Toute la ville semblait bien être un énorme piège.
Après un moment de marche pressée, il s'arrête à l'entrée d'un square fréquenté par quelques personnes d'allure
modeste, des civils, aucun uniforme, ce qui était après tout rassurant. Il allait pouvoir s'organiser. La pluie incessante
a l'avantage de laisser une impression de flou et Denis profite de ce qu'il discerne lui-même assez mal les personnes
en présence pour se faufiler entre des étals sauvages où quelques marchandises à l'aspect douteux tendent
d'amadouer le passant frileux.
Le square conserve un cachet d'antant et probablement qu'au début du rêve Tyrellien, il devait s'agir d'un lieu de
rencontres tranquilles. Plusieurs façades maintenant aveugles portent encore des enseignes délavées aux parfums
exotiques. Il y avait là plusieurs restaurants dévoluent à une clientèle plus modeste que les grands hôtels ou
restaurants nichés en plein centre de Paradise city. Ils sont aujourd'hui remplaçés par des étals de marchandises
d'occasion dont la provenance douteuse ne laissait pas la place au questionnement. Oui ces adolescents débraillés
au regard d'enfants maladifs avaient dû faire preuve de toute l'ingéniosité possible pour ouvrir ce commerce autant
temporaire que nomade probablement.
Deux jeunes gens aux cheveux rouges gardent un sourire encourageant leur clientèle potentiel.
Denis observe un instant les alentours avant de se décider à se mettre en marche, il cherche un endroit plus
tranquille pour réessayer les communications. L'indépendance devrait pouvoir lui dire où trouver le reste de l'équipe
qui avait fui le spatioport sans demander son reste. Un doute affreux le taraudait, mais il ne pouvait le laisser éclater
avant d'en avoir confirmation. Il espérait plus que tout, qu'aucun des officiers présents au spatioport n'avait été
attrapé ou blessé voir pire. Il était responsable de ce groupe et il les avait perdus. Il s'en voulait énormément et
l'anxiété autant que la stupeur du résultat obtenu ralentissait son habituel sens de l'organisation.
Il faisait défiler, tel un listing, les actions immédiates à déployer pour rendre ce fiasco productif.
Le spatioport ne leur était d'aucun secours pour retrouver leurs hommes.
Ils y étaient attendus, il fallait donc s'attendre à ce que tous les points où des équipes étaient descendues comportent
les mêmes pièges.
Il devait à tout prix contacter le reste de l'équipe.
Il allait avoir besoin de l'assistance de l'Indépendance pour la suite des opérations.
Il était connu des gens qui les attendaient au spatioport, ce qui signifiait que Deville avait des informations qu'il
n'aurait pas dû avoir. Il savait même que c'était l'Indépendance qui avait été désigné pour transférer Von Ewig.
Y'avait-il sur l'Indépendance un espion à la solde de Deville ?
Y'avait-il à l'amirauté quelqu'un qui avait donné des informations à Deville ? Sans l'ombre d'un doute... il était au
courant du transfert et savait pour l'Indépendance.
Ou alors c'était l'institution où Von Ewig était qui avait vendu la mèche, mais l'information venait de quelque part.
Sur l'Indépendance, seules les plus hautes instances du vaisseau et les personnes ayant connu Von Ewig étaient au
courant de la situation. Il lui était impossible d'imaginer que l'un d'eux puissent être impliqué. Totalement et
définitivement impossible.
Cynthia... Son coeur se serre à la pensée de la femme qu'il aime et qui ne lui fait pas assez confiance pour se tourner
vers lui.
Imperceptiblement il murmure le nom de celle qu'il aime, puis prend une inspiration, chassant la vision douce-amère.
Pour l'heure il lui fallait s'occuper de ses hommes. Son fort sens des responsabilités impliquait un encadrement à
toute épreuve, et là il lui faut impérativement rattraper le coup.
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Il se dirige vers une ruelle qui semble remonter vers le centre, quand il aperçoit un véhicule avançer à une allure
d'escargot. La prudence étant reine de sûreté, il rejoint le groupe de badauds qui s'est formé autour de l'étal des
jeunes gens, baissant la tête, il utilise le montant de la "boutique" pour se dissimuler.
Bien lui en a pris, il reconnaît sans l'ombre d'un doute, l'un des hommes qui les attendaient au spatioport.
Le véhicule traverse sans un bruit le square, s'y arrêtant même, puis il repart accélérant avant de disparaître.
"Tu veux un peu de bon temps l'ami ?"
Denis sent quelqu'un qui tire sur sa tunique. Deux grands yeux noirs le regardent avec intensité, mi-interrogateurs,
mi-méfiants.
== USS Indépendance ==
T'Kar est revenue sur la passerelle. L'information sur l'incident du spatioport était parvenue par petits bouts jusqu'au
vaisseau. Des tirs fournis au spatioport, plusieurs morts, rien de précis, mais il est tellement évident que ce sont les
hommes de l'Indépendance qui ont été pris à partie que la première officière étend son anxiété pour sa fille, sur les
hommes qui sont partis la... les chercher.
T'KAR : entrez en contact avec le commandeur Roy !
"C'est ce que nous faisons Commander, mais nous avons un problème."
T'Kar approche du poste scientifique où Naïma essaie d'isoler les signaux.
T'KAR : qu'y-a-t-il ?
NAïMA : un violent orage qui s'est déplacé sur la ville, c'est ce qui brouille nos transmissions.
T'KAR : voyons, un peu d'eau ne vas pas nous brouiller !!
NAïMA : commander j'en suis navrée, mais il y a des particules dans cet orage et ce sont elles qui m'empêchent
d'isoler les signaux retours. Je tiens aussi à signaler une chose c'est que selon mes données, je suggère fortement
que nos hommes ne restent pas sous l'orage sans protection.
T'Kar se retient de sortir un juron qui lui vient aux lèvres, le rattrapant au dernier moment. Mais elle se confortait dans
son opinion, toute cette mission était une belle m...
90-Davis
Lorsqu’ils avaient été séparés, les individus qui formaient le groupe gamma n’avaient pas tous semés temporairement
leurs poursuivants comme l’avait fait Denis Roy. Harker et Castonguay avaient dû emprunter plusieurs ruelles et
traverser à un certain moment un immeuble désaffecté afin de semer ceux qui les pourchassaient. Ils avaient fini par
trouver un recoin où ils s’étaient jetés et d’où ils avaient pu voir leurs poursuivants les dépasser. Ils avaient décidé
que le mieux était maintenant d’attendre que les choses se calment.
De leur côté, Donut, Dunkin, Drett et Blank étaient toujours poursuivis par plusieurs hommes armés. Le nombre
semblait se renouvelé à mesure que Drett réussissait à en toucher quelques-uns. La prochaine ruelle qu’ils
empruntèrent les mena à une ruelle large et particulièrement puante. Elle était jonchée d’ordures et les bâtiments qui
la flanquaient étaient recouverts d’une couche de graisse souvent parcourue de moisissures. Le tout était à lever le
cœur. Près du milieu de la ruelle, il y avait deux gros conteneurs rouillés, pleins depuis longtemps. Donut et Dunkin
plongèrent sans hésitation derrière l’un d’eux et n’eut été de la gravité de la situation, ils l’auraient regretté de par les
saletés qui se collaient à leurs vêtements. Ils offrirent un tir de couverture à Drett et Blank qui se réfugièrent derrière
le deuxième conteneur. Une dizaine d’hommes étaient maintenant à leurs trousses et faisaient feu sur eux en tentant
de se mettre à couvert derrière les petits amas d’ordures.
DRETT : « Blank, on va avoir besoin de toi sur ce coup-là. »
BLANK : « Non, on peut se les faire. »
DRETT : « Blank, déconne pas, j’te dis qu’on va avoir besoin de toi sur ce coup-là. »
BLANK : « Et je t’ai dis que non, il n’en est pas question. »
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Blank ponctua son refus par quelques tirs en direction de leurs assaillants. Ceux-ci lui rendirent son assaut au
quintuple. L’étrange homme détestait avoir recours à ses dons télépathiques pour paralyser autrui. Chaque fois qu’il
le faisait, des souvenirs le quittaient. Rien de récent, ça avait commencé par ses souvenirs les plus anciens de son
enfance, mais peu à peu, lorsqu’il utilisait ses pouvoirs avec un peu de force, sa mémoire s’effaçait, d’où lui venait
son surnom : Blank. La situation ne pourrait toutefois être retourné sans qu’il s’introduise dans l’esprit de ces
hommes, même s’il détestait le faire, pas seulement pour ses pertes de souvenir, ni pour la douleur qu’il subirait
probablement temporairement par les détecteurs de la ville, mais bien parce qu’il lui dégoûtait de procéder à telle
intrusion. Cette fois-ci, il n’avait toutefois pas le choix. Une balle vint traverser la paroi du conteneur entre Drett et lui.
Blank observa le trou une seconde et sentit le regard insistant de Drett posé sur lui qui voulait sans doute dire « Tu
vas attendre qu’on s’en prenne une ou quoi? ». Blank se concentra donc un instant et fit signe à Drett. Le vieux
soldat sortit de son couvert sans hésitation et se pointa au milieu de la ruelle, armes en main. Il n’hésita pas une
seconde et ouvrit le feu sur les hommes qui lui faisaient face et qui semblaient ne plus bouger pendant l’espace de
trois secondes aux yeux de Donut et Dunkin. Trois secondes, c’est tout ce qu’il fallut à Drett pour mettre une balle à
chacun des dix hommes. Les deux officiers de l’Indépendance s’assurèrent qu’il n’y avait effectivement plus
personnes d’autres aux alentours, puis allèrent rejoindre Drett en observant les corps sans vie qui jonchaient
maintenant le sol.
DUNKIN : « Était-ce vraiment nécessaire? »
DRETT : « Probablement pas dans votre monde, les p’tits gars, mais dans le mien ça l’est. Et surtout, n’allez pas
croire qu’ils auraient hésité à vous descendre s’ils en avaient eut l’occasion. »
Donut jeta un œil à son phaseur, puis à celui de Dunkin, tous deux toujours réglé sur le mode « assomé ». Tyrell était
vraiment loin du l’univers de la réalité de Starfleet.
DRETT : « Maintenant il faut retrouver vos copains, et nos saletés de communicateur ne réussissent pas à contacter
votre vaisseau, il doit y avoir des interférences là-haut. »
Les quatre hommes rebroussèrent chemin avec précaution afin de retrouver Roy, Harker et Castonguay.
==/\== Passerelle de l’Indépendance ==/\==
Naïma et T’Kar tentaient toujours de trouver une façon de percer l’orage qui s’était placé au-dessus de la ville et qui
empêchait toute communication. Il était frustrant de voir qu’un phénomène aussi bête puisse mettre en danger leurs
officiers et les empêcher d’entrer en contact avec eux. Grey était venu leur donner un coup de main, mais en vain.
Les portes de la passerelle laissèrent passé Davis, Kabal et Jay qui venaient aux nouvelles.
DAVIS : « Des nouvelles des autres équipes? »
T’KAR : « Toujours aucune. »
KABAL : « Quelles sont les dernières informations? »
NAÏMA : « Il semblerait que l’équipe de monsieur Roy ait essuyé un feu continu juste avant que nous ne perdions le
contact et nos lectures. »
JAY : « C’est l’équipe de Drett! Téléportez-moi en bas, je vais aller voir ce qui se passe. »
GREY : « Je crains que ce ne soit impossible. »
DAVIS : « Pourquoi? »
GREY : « Voyez-vous, nous avons perdu la communication avec les équipes, ainsi que la plupart de nos lectures sur
la planète, à cause d’un orage qui fait rage au-dessus de la ville et… »
JAY : « Je ne veux pas savoir la météo, je veux savoir pourquoi on ne peut pas descendre. Vous nous avez
téléportez une fois, vous pouvez le faire encore. »
GREY : « Comme j’allais le dire, cet orage contient des particules qui brouillent les communications et les données du
téléporteur. Si nous essayons de vous envoyer là-bas dans ces conditions, nous ne pouvons vous assurer que vous
y arriverez entiers. »
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KABAL : « Monsieur Grey, nous ne pouvons pas communiquer avec nos officiers d’ici, mais qu’en serait-il d’un point
de communication sous l’orage? »
GREY : « Théoriquement, ça fonctionnerait. »
Le bajoran se tourna vers la Première Officière.
KABAL : « Madame, demande permission de mener une équipe au sol pour retrouver les autres officiers à bord d’une
navette. »
La demi-vulcaine considéra la possibilité que cela offrait de descendre elle-même pour aller chercher sa fille. Puis
elle se ravisa, elle avait réussit à faire preuve de responsabilité et de retenue, ce n’était pas pour tout balancer par le
premier air lock venu. Elle ne souhaitait pas non plus renvoyé une équipe et mettre des officiers en danger, mais en
même temps il y avait là des officiers déjà potentiellement en danger et elle se devait de leur envoyé du secours.
T’KAR : « Permission accordée lieutenant. Davis? »
DAVIS : « J’étais déjà parti. »
T’KAR : « Bonne chance messieurs. »
JAY : « Hé! Oh! J’en suis aussi! »
La demi-vulcaine leva un sourcil en posant son regard sur le jeune pirate dont le visage arborait un très voyant
bandage au niveau du nez. Jay n’en fit pas un plat et retira le bandage illico, le sang avait coagulé de toute façon et il
pouvait toujours se recasser le nez plus tard pour le replacer.
KABAL : « Je crois qu’il pourrait être utile. »
T’KAR : « Très bien, emmenez-le. »
Les trois hommes sortirent de la passerelle. Davis fit un demi-tour et fit quelques pas à reculons avant que les portes
ne se referment et regarda T’Kar en murmurant tout en prononçant exagérément « Je te la ramène. ». Très peu de
temps plus tard, une navette quittait l’Indépendance à toute vitesse et rejoignait l’atmosphère de Tyrell. À son bord,
Kabal et Jay qui se préparaient à retourner à l’action, ainsi que Davis qui pilotait en poussant les manettes autant que
cela était permis pour ne pas se retrouver écrasé sur la planète.
91-Spriggan
Elle s'est arrêtée face à un mur de briques crottées, entre une vieille porte condamnée et une carcasse de voiture
abandonnée. Elle a posé ses mains à plat sur la surface détrempée et reprend son souffle, la tête baissée. Elle
regarde ses bottes dans l'eau accumulée sur le bitume mais ne les voit pas vraiment. Comme elle ne sent pas la
pluie qui l'imprègne. Perdue dans ses pensées, elle fulmine.
Pourquoi ce jeune con s'était-il jeté devant ses balles? Tout avait si bien commencé, pourtant! Elle avait réussi à
effacer sa mémoire — bon, d'accord, c'était cet avorton de Vance qui l'avait fait… et encore, il n'avait rien effacé du
tout, cet imbécile! Tout au plus "enterrée sa mémoire" ou l'avait mise en sommeil!
Elle l'avait, quoi qu'il en soit, à sa main. Et Gantz s'était avéré un candidat particulièrement adéquat pour la servir.
Oui, bien sûr, on pouvait aisément faire subir le même type d'amnésie à n'importe qui, mais ça ne les transformait pas
nécessairement en assassin! Certaines choses demeuraient bien ancrées dans le cerveau. Certains principes, un
certain code d'éthique… Gantz, lui, avait fait exploser le crâne d'un type à la seconde près où Lilium le lui avait
ordonné. Et ça, ça signifiait bien des choses... Ça voulait dire que le canevas sur lequel elle comptait peindre une
nouvelle personnalité à l'ex-officier de Starfleet était particulièrement propice à en faire quelqu'un comme elle. Il était
fort possible que le jeune homme ait ignoré complètement ce sombre aspect de sa personnalité. Mais il était là! Il
existait, latent, prêt à être libéré.
Elle était passée si proche…
L'espace d'un moment, Lilium Gungrave avait possédé l'esprit de ce garçon et elle avait commandé à ses actions.
Ç'avait été si enivrant qu'elle s'était même mise à ressentir quelque chose d'étrange, depuis longtemps oublié. Gantz
était rapidement devenu important pour elle. Personne ne devait être important! Elle enrageait en se le répétant.
Personne sauf DeVille! Elle avait faillit oublier cette seule vérité! Et elle était maintenant dévorée de colère à l'endroit
de Gantz, pour lui avoir fait tourner la tête et oublier qui elle était vraiment!
221/446
Lilium avait possédé son esprit et son corps, mais c'était cette grande salope blonde qui était titulaire de son cœur!
La plus puissante partie de toutes! Lilium s'en voulait terriblement! Elle aurait dû les descendre, tous! Pourquoi
diable ne l'avait-elle pas fait?
Gungrave frappa violemment dans la brique devant elle. Sous l'impact du poing gainé par l'armure, le matériau avait
explosé.
Maintenant, Gantz était mort. Malgré ses dons étonnants, le bioweapon n'était pas un magicien. Il était fait avant
toute chose pour la destruction. Gungrave avait ravagé le corps de son amant de trois projectiles à très haute
vélocité dont l'énergie cinétique à elle seule était suffisante pour percer un blindage. Elle l'avait tué elle-même. Et ça
n'avait pas été satisfaisant. Parce ça n'était pas volontaire! Et là, maintenant, elle le tuerait volontiers devant sa
chienne blonde! Elle s'était secouée et sorti de cette guimauve de merde! Après tout, des tas de mecs devaient
certainement baiser aussi bien que lui! Elle en chercherait d'autres. Elle trouverait. Pour l'instant, tout ce dont elle
aurait eu envie était de crever de salaud! Mais il était trop tard.
Trop tard.
Gungrave fit volte face et leva ses yeux noirs de rage vers la Tour Hellsing qu'elle apercevait à quelques blocs de là.
Il ne lui restait plus qu'à aller présenter ses excuses à DeVille et, s'il ne la tuait pas sur place, à le supplier de la
laisser finir ce qu'elle avait commencé.
Le bioweapon, elle lui ramènerait par simple loyauté. La petite brunette, parce qu'il l'avait demandé et pour lui faire
plaisir. Mais la grande blonde… elle se la réservait. Lilium avait atteint des sommets de cruauté et de vice sadique
dans sa vie. Mais cette poufiasse constituerait son chef d'œuvre.
Elle se mit en chemin vers son maître en échafaudant déjà des scénarii où la zaldane tiendrait le premier rôle avec un
brio dont elle ne se doutait même pas.
=/\=
Nera avait branché son dispositif sans savoir s'il fonctionnerait ou pas. Avec le peu d'outils dont elle disposait, il lui
était impossible de savoir si son émetteur de fortune fonctionnait vraiment. Pire: qui capterait les signaux s'il marchait
bel et bien? C'était une chance à prendre.
Elle ignorait donc totalement que l'émetteur fonctionnait… mais que l'orage empêchait les signaux d'atteindre
l'espace.
Elle était assise seule dans ce qui avait dû être une cuisine. Le bras droit allongé sur la table mais replié de façon à
ce qu'elle appuie sa tête sur sa main droite. Devant elle, l'émetteur semblait faire… quelque chose. Elle n'y portait
pas attention. De la main gauche, elle manipulait distraitement la terrible arme de poing que Spriggan avait laissé
tomber sur le sol alors qu'ils étaient tenus en joue par la dingue aux cheveux roux. L'arme noire était sinistre. C'était
celle-là même que Sprig avait appuyée contre le front de Morak au spatioport. L'arme de laquelle il avait sans hésité
pressé la détente. N'eut été de l'intervention de la bonne femme en question, Spriggan tuait sans la moindre arrièrepensée la jeune cadette qui se croyait pourtant son amie.
Maintenant il était là, en train de mourir dans la pièce à côté, et Nera ne savait plus quoi penser. Aldane était
bouleversée. Nera aussi, d'une certaine façon. Mais elle ignorait si elle parviendrait un jour à oublier ce Spriggan-là.
Celui qui avait voulu mettre fin à sa vie comme on recycle un plateau-repas après l'avoir terminé: sans même y
réfléchir.
Et puis une autre chose la perturbait encore plus… ses visions! Elle avait vu ce qui allait se passer! La ruelle… la
pluie… elle avait entendu les trois coups de feu! Elle avait vu Spriggan touché à mort. D'accord, ça n'était pas
Aldane qui avait tué Spriggan, mais il était bel et bien en train de mourir à cause d'elle, d'une certaine façon. Elle se
souvenait que ces maudites visions avaient débutées en même temps que les leçons de Harker pour lui apprendre à
ouvrir son esprit.
Et ces connaissances qu'elle avait transférées à Von Ewig? Elle n'avait jamais été télépathe! Ou alors… peut-être
que toutes ces expériences qu'elle avait subies en laboratoire… se pouvait-il qu'elle possède des aptitudes qu'elle
ignorait encore?
Comme elle aurait aimé pouvoir parler avec sa maman en cet instant précis. Tout lui raconter. Et lui poser mille
questions.
222/446
La reverrait-elle un jour?
=/\=
Allongée près d'Elliot, Aldane avait ouvert un œil pour apercevoir l'air soucieux du type étrange appelé Jan Von Ewig.
Il paraissait épuisé au-delà de toute limite humaine.
Gentiment, Lenassy lui sourit et lui déclara:
— Vous devriez prendre un peu de repos. Vous tombez littéralement d'épuisement.
Von Ewig trouva la force de secouer négativement la tête.
— Je ne peux pas.
— Mais si, allons, insista Aldane avec douceur. Je vais veiller sur lui. Ne vous en faites pas, Nera et moi monterons
la garde. Nous vous avertirons au moindre signe de…
— Vous ne comprenez pas, mademoiselle. S'il tient encore à peu près en place, c'est parce que je me concentre
sans arrêt.
L'horreur déforma le regard de la grande blonde.
— Mais… je… vous l'avez arrangé… vous avez dit que…
Von Ewig fit "non" de la tête.
— Je n'ai rien recousu, rien réparé, Miss Lenassy. Avec ma télékinésie, je maintiens l'essentiel de ses organes et de
ses vaisseaux sanguins en place. Mais c'est un boulot de chaque instant. Si je m'éloigne, me déconcentre ou
m'endors, votre ami mourra dans les secondes qui suivront.
Aldane était dévastée. L'espace d'une seconde, elle fut prise de vertiges et eu l'impression de chuter sans fin. Elle
était persuadée que Von Ewig avait "temporairement stabilisé" Elliot, le temps de trouver un médecin. Et voilà qu'il
n'en était rien. La vie du jeune homme dépendait directement de la faculté de Jan de continuer à faire… euh… ce
qu'il faisait. Au détriment de tout repos, de tout sommeil.
— Mais tout à l'heure, vous êtes allé voir Nera dans la cuisine…
La jeune femme refusait tout simplement d'affronter une réalité trop horrible.
— J'étais encore tout près et concentré.
Von Ewig s'approcha d'Elliot sous le regard anéanti de Lenassy.
"Je vais le perdre! Je vais le perdre à nouveau! Juste après qu'on se soit retrouvés! Personne ne mérite une pareille
injustice!"
Son désespoir fut interrompu lorsqu'elle lut une grande inquiétude sur les traits de Jan qui examinait Spriggan.
— Quoi ? Quoi ? fit-elle en se redressant.
— On est en train de le perdre. Il a une fièvre terrible. Il va tomber en état de choc sous peu. Je crains la
septicémie.
Lenassy aurait voulu attraper Spriggan par le collet et le secouer brutalement en lui hurlant: "Je t'interdis de crever,
t'entends? T'as pas le droit de mourir sans ma permission, Spriggan! C'est compris? C'est compris?"
— Qu'est-ce qu'on peut faire? demanda naïvement la jeune femme.
Von Ewig retomba assis contre un mur en riant tout doucement. Un rire silencieux. Un rire de découragement.
— Y'a rien à faire. Il lui faut des soins. Il lui faut un miracle.
223/446
Aldane et Von Ewig sursautèrent en entendant Elliot émettre un grognement. La zaldane s'allongea précipitamment
aux côtés du jeune homme et porta son visage tout près de la bouche du blessé.
— Sprig? fit-elle avec hésitation. Spriggan, tu as dit quelque chose?
Le front du jeune homme se stria de sillons et il grimaça de douleur.
— … m'n'arm! Grinça-t-il entre les dents sans ouvrir les yeux.
— Quoi? Quoi? Qu'est-ce qu'il y a, mon chéri?
— Je ne suis pas sur qu'il devrait essayer de parler, laissa tomber Von Ewig, soucieux.
— … m'n'arme! Répéta Elliot en bougeant légèrement les doigts de sa main droite.
— Il veut son arme! S’étonna Aldane en fixant Jan.
Von Ewig haussa les épaules.
— Nera! Cria Lenassy vers la cuisine.
La fille de T'Kar arriva au pas de course.
— Donne! Ordonna la zaldane en tendant une main avide vers la cadette.
Aldane plaça maladroitement l'arme dans la main de Spriggan qui la tenait mollement contre son ventre. N'importe
quoi, se disait-elle, n'importe quoi pour l'empêcher de sombrer. Pour le garder ici, avec elle, dans la même sphère de
réalité!
— … f'tez… le camp! Articula Elliot avec grande difficulté.
— Impossible, sous-lieutenant, déclara froidement Von Ewig.
Spriggan grimaça de nouveau et fit un ultime effort pour passer son message de façon intelligible.
— … vont venir… v'tuer! P'rtez! J'vais l'z'attendre.
— On ne peut pas partir sans toi, dit Aldane en luttant contre ses larmes.
Elle lui caressa le visage. Il était littéralement brûlant. Elle souffla doucement sur sa peau; futile effort pour le
rafraîchir un peu.
Spriggan émit un couinement contrarié puis sombra à nouveau dans l'inconscience. Lorsqu'elle vit qu'il était à
nouveau parti, Aldane laissa son visage tomber dans le cou d'Elliot. Elle ne fit aucun bruit mais les soubresauts
parcourant son corps en disaient assez long en eux-même.
— Votre émetteur doit fonctionner, Nera! Affirma Von Ewig qui atteignait lui-même ses dernières ressources
d'énergie. Nous sommes vraiment au bord du gouffre.
Nera Morak leva les sourcils, mi-étonnée, mi-découragée. Il n'y avait plus rien qu'elle pouvait faire de plus.
Attendre… espérer… et prier d'être découverts… par les bonnes personnes!
92-Lenassy
Denis s'était débarrassé de la femme qui s'était collée à lui, relativement facilement.
La jeune personne ayant constaté le peu d'intérêt financier qu'elle pouvait tirer de l'officier avait fini par jeter son
dévolu sur un homme, plus âgé, qui avait le mérite d'avoir des vêtements bien coupés. Probablement un égaré des
beaux quartiers, venu s'encanailler dans des endroits plus exotiques.
Longeant la ruelle qu'il voulait précédemment emprunter, il avise un bâtiment dont la porte défoncée et les fenêtres
aveugles laissent entendre qu'il doit être abandonné. Il se faufile à l'intérieur puis essaye de nouveau de joindre son
équipe et l'Indépendance. Curieusement, maintenant à l'abri sous son porche le signal passe enfin.
224/446
== Navette de l'Indépendance ==
La navette file rapidement vers la couche nuageuse. Dès qu'elle passe la protection moutonneuse, Karl sent aussitôt
le vent qui s'est levé, cherchant à le balayer. Rééquilibrant les stabilisateurs, le pilote passe l'inconvénient sans coup
férir.
Kabal est nerveux et il a le regard fixé sur la nuque de Karl, concentré dans la tenue de vol.
Jay vérifie son phaser, le coeur battant. L'incident du hangar n'avait fait qu'exacerber son âme d'homme d'action et il
avait plutôt presque hâte d'en découdre. L'histoire était simple, au moins il était clair que l'on ne pouvait pas se
tromper d'adversaires. Aucune erreur possible. Il fait un mouvement pour rencontrer le regard de Kabal, portant
aussitôt la main à son visage, puis il rend un sourire au regard interrogateur du bajoran.
"Attention, nous allons commencer à être à portée."
Karl, concentré sur la conduite toute en souplesse de la navette, n'a pas relevé le nez des instruments de bord.
KABAL : il vaut mieux éviter de survoler le centre. Les équipes sont descendues, au spatioport et là où la
concentration de population est la plus forte.
DAVIS : essaies de voir si tu les captes.
Au loin, la cité qui usurpait pompeusement une appellation inadaptée, s'éclairait peu à peu de lumières. Toutes
concentrées en son centre et rejoignant le spatioport. Quelques éclairages épars laissaient voir l'étendue
approximative de la cité ou ce qu'elle aurait dû devenir avant que sa croissance prévue ne fût interrompue par un
avenir changeant.
KABAL : rien, pour le moment.
Le pilote de la navette la garde dans le champ visuel le plus discret possible compte tenu des circonstances. Il a
réduit sa vitesse se calquant sur le vent qui a légèrement forci mais ne perturbe pas ses capacités.
KABAL : j'ai plusieurs signaux, nos équipes au sol sont visibles *au moins c'est déjà ça*.
DAVIS : tu as essayé de lançer la recherche sur les autres ?
KABAL : attends.
Le bajoran, n'y croyant pas un instant cherche les bio-signaux qualibrés pour l'équipe manquante.
KABAL : mince... je les ai, assez faiblement, il y a quelque chose qui brouille.
Karl regarde l'écran de contrôle.
ORDINATEUR *com* : ... dance, vous m'entendez !? L’équipe Bêta a été séparée.
DAVIS : c'est Denis, ne le perd pas ! Tu as les autres ?!
KABAL : oui oui.
KABAL *com* : Commandeur Roy, heureux de vous entendre, le reste de l'équipe Bêta se trouve a priori à deux
pâtés de maisons de vous. Mais j'ai d'autres signaux plus loin. Nous n'avons pas pu les contacter. Nous avons un
signal pour l'équipe à récupérer. Signaux faibles. Nous nous dirigeons vers eux. Je vous suggère de converger aussi.
Vous êtes empêchés de joindre l'Indépendance à cause de l'orage pour le moment.
Le bajoran donne les coordonnées d'un quartier mitoyen du centre. La navette s'éloigne doucement de sa position
presque stationnaire, disparaissant rapidement. Elle n'a de toutes les manières ni la place ni la discrétion nécessaire
pour se poser. Avec un peu de chance les bio-signaux captés par Kabal les mèneront à Spriggan, Morak, Lenassy,
Ivafaire et Von Ewig. Kabal sent un serrement de la gorge quand il englobe dans son esprit la présence de Von Ewig
à celle des autres.
== Quartier de la goutte de cristal ==
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Ce quartier, composé de quatre pâtés de bâtiments est limitrophe du centre de Paradise. Quelques bâtiments sont
encore en état et demeurent entretenus par leurs occupants. Il y a là toute une faune que l'on qualifierait de
pittoresque, si l'on ne savait l’apprêter de rester en vie et sur le haut du panier des bas fonds. C'était là le secteur
Ba'tak un ferengi au visage déformé par une maladie de peau attrapée par manque de prudence.
Deux bâtisses lui appartenaient et ses occupants avec. Il y avait là plusieurs tripots et un claque qui rendait ce petit
coin de Paradise presque vivable pour la lie de la cité. Repoussés par les forces de sécurité toutes dévolues au bienêtre des pires malfrats des lieux et ayant bien réussi à maintenir une réputation sans tâche d'honnêteté, ces hommes
et femmes qui vivotaient là, essayant de construire une vie perdue ou de survivre tout simplement, s'étaient réfugiés,
tels des parasites accrochés à une proie aux formes voluptueuses, dans la périphérie directe du centre et des beaux
quartiers.
Dans la ruelle qui porte le nom peu adapté d'avenue de la gloire, Denis se dirige vers les premiers membres de son
équipe. C'est le premier signe encourageant depuis qu'ils ont été chassés du spatioport. Il a quitté son abri provisoire
après un court contact avec Harker. Suivant les indications de l'officier tactique, il s'est enfonçé dans la ruelle
maintenant désertée puis repère rapidement ses hommes.
Jason sort de l'ombre, lui faisant un signe.
Castonguay est accroupi au sol essayant toujours de joindre l'Indépendance en vain. Il n'a qu'une envie, pouvoir
respirer plus librement. Il n'arrive décidément pas à s'habituer à l'odeur épouvantable qui semble provenir du sous-sol
du bâtiment contre lequel ils s'étaient installés.
ROY : laissez tomber. Vous savez où sont les autres ?
Les trois officiers se remettent à l'abri. Jason se frotte les tempes. Il aimerait tellement pouvoir retrouver Nera, la
réduction de ses possibilités à l'usage du communicateur et du tricorder le désole un instant.
Il rencontre le regard de Denis.
ROY : ça va ?
HARKER : oui, oui. Nous avons été séparés des autres pendant la poursuite. Ils ont continué dans la rue. Mais ils ne
devraient pas être remontés plus loin. Nous avons entendu d'autres tirs plus tard, mais nous n'avons rien trouvé pour
le moment. Ils sont plus hauts.
ROY : il faut récupérer le reste de l'équipe. Kabal m'a contacté, pour le moment l'Indépendance ne peut rien pour
nous. Une navette est là. Elle se dirige à l'extérieur de ce secteur et j'aimerais récupérer les autres. D'après Kabal
nous ne sommes peut-être pas inutilement descendus. Il semble être certain de ses résultats. Les officiers que nous
recherchons sont proches. Nous allons les rejoindre, mais j'aimerais récupérer le reste de l'équipe avant.
A cet instant le son caractéristique d'une communication, relayée par la navette qui va rester en permanence les
"oreilles" ouvertes leur parvient.
Il faudra pas moins d'un bon quart d'heure avant que l'équipe Beta ne soit de nouveau rassemblée.
== Tour Helsing ==
Quelque part dans la ville un appareillage original et étrange émet des signaux réguliers interceptés par un homme au
front bas et au regard fixé sur son écran de contrôle. C'est le patron qui allait être content.
Nielson se précipite hors de son bureau, consultant la localisation qu'ils attendaient.
== Quartier du Val ==
La gorge serrée, Aldane avait retiré l'arme des doigts de Spriggan. Qu'est-ce qu'elle avait été stupide ?! Elle n'était
pas certaine de ce que Spriggan avait voulu faire... en fait, non, elle ne voulait surtout pas le savoir. C'était à cause
d'elle qu'il était en si piteux état. S'ils s'en sortaient, elle devrait lui rendre au centuple.
Elle passe la main sur le front du jeune homme, sachant fort bien que ce qu'il a ne partira pas par miracle. Elle jette
un regard presque implorant vers Von Ewig.
226/446
LENASSY : je m'absente un instant, je reviens. Ca va aller ?
VON EWIG : oui.
Aldane se lève passant une dernière fois sa main sur la joue brûlante de Spriggan. Derrière elle Nera les regarde.
Elle ne peut plus rien faire pour le moment.
LENASSY *chuchotant* : je vais faire un tour dehors, pour voir si on peut trouver mieux... Je sais, je suis
probablement optimiste, mais, pourquoi n'y aurait-il pas un médecin dans les environs. Ou peut-être même qu'on peut
trouver un hôpital... une clinique ?
MORAK : tu rêves Aldane.
L'officière scientifique qui n'en a vraiment plus l'aspect, hausse les épaules et se dirige vers la sortie. Elle prend avant
de sortir une espèce de parka à capuche aux bords élimés. L'odeur est celle de la moisissure, la jeune femme le
secoue, doutant qu'elle puisse lui faire changer d'aspect puis sort de la maison de manière aussi furtive qu'elle le
peut.
93- Spriggan
Brett DeVille resserre sa grosse main velue autour du cou de Lilium Gungrave. Il la tient adossée à un mur et la
soulève lentement. Les pieds de la jeune femme ont quitté le sol et son teint change lentement au cramoisi. Mais
elle ne se défend pas. Elle a mérité ce qui lui arrive. Son seul regret aura été de ne pas avoir eu le temps de tuer la
grande blonde.
DeVille maintient l'étau apparemment sans effort. Il penche la tête légèrement de côté et regarde intensément Lilium
dans les yeux. Il savoure le spectacle du regard qui s'éteint lentement. Des yeux qui se révulsent. De la vie qui
quitte un corps. Il sait très bien que cette femme pourrait se dégager de lui aisément. Le terrasser, peut-être même,
grâce à sa formidable armure. Mais elle n'en fait rien. Elle a depuis longtemps abdiqué toute volonté face à lui et sa
loyauté va jusqu'à laisser DeVille la tuer si le caprice lui en prend.
DeVille sait que se départir d'un pareil élément serait du gaspillage. Tenant toujours Gungrave à la gorge, il la
propulse au-dessus d'un divan et la regarde s'écraser sur une table basse en marbre, sans toutefois se faire trop mal.
— Je vais réfléchir à ta punition! Promit le caïd.
Lilium déglutit avec difficulté. Lorsqu'on avait à faire à Brett DeVille, mieux valait toujours subir son courroux sur-lechamp. Au final, ça s'avérait toujours moins grave que de le laisser longuement réfléchir à un châtiment offrant un
raffinement de cruauté.
— Prends six hommes et va me les chercher. Le bioweapon et Morak!
Il s'approcha d'elle et lui hurla à la figure:
— TUES LES AUTRES! TOUS CEUX QUE TU TROUVERAS!
Il fit le tour de son bureau et reprit sa place dans son fauteuil pour lui donner ses dernières instructions.
— Starfleet est en ville. Ils sont probablement déjà ici, dans cette tour! Je vais devoir quitter les lieux pour ne jamais
y revenir mais c'était prévu.
— Où vais-je trouver le bioweapon? demanda gravement Gungrave en se massant le cou.
DeVille jeta un plan sur la table, presque avec dédain.
— Voilà l'emplacement des dix balises bidon. Tu remarqueras un onzième point encerclé en rouge. C'est le vrai Von
Ewig. Ils sont arrêtés dans une masure depuis plusieurs heures. Ils se croient probablement à l'abri.
Lilium regarda le plan, prit note mentalement de sa destination et s'en alla vers la sortie en parlant dans son
communicateur. Lorsqu'elle arriva au rez-de-chaussée, six mastodontes en armures l'attendaient, lourdement armés.
94-Davis
À bord de la navette, Davis observait le trafic aérien pour s’assurer qu’ils n’entreraient en collision avec aucun autre
véhicule. Ayant choisi un runabout pour avoir suffisament d’espace pour embarquer tout le monde, ils se retrouvaient
avec le problème de l’atterrissage. Ce type de navette était volumineux et nécessitait un certain espace dégagé pour
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se poser et, disons-le, les parcs manquaient dans Paradise City. Derrière le pilote, Kabal suivait les lectures des
senseurs pour voir progresser Roy tandis que Jay sautillait presque sur place, un phaser d’un côté de sa ceinture,
une arme à projectiles de l’autre.
KABAL : « Le lieutenant-major aura bientôt rejoins les autres. Je reçois toujours une sorte de signal qui brouille un
peu le signal de nos kidnappés. C’est constant. »
DAVIS : « Attends un peu. Est-ce que c’est un signal qui émet de ce point? »
KABAL : « Oui, on dirait. »
DAVIS : « Un type de communication? »
JAY : « Une balise, si vous voulez mon avis. »
Jay s’était approché et jetait des regards par-dessus l’épaule du bajoran. Les deux officiers regardèrent leur allié
pirate un instant, puis reportèrent leur attention sur le signal.
KABAL : « Il ne me semble pas qu’ils aient avec eux une balise. Et ce n’est définitivement pas un signal fédéré. »
DAVIS : « Ils en ont peut-être trouvé une quelque part. »
KABAL : « Si c’est vraiment eux. »
DAVIS : « Il le faut, les signatures concordent toutes. »
KABAL : « Il faudrait être plus près pour en être certain. »
JAY : « Je ne veux pas vous déranger, mais si nous pouvons capter ce signal, il y a de bonnes chances que nous ne
soyons pas les seuls. »
Kabal et Davis réalisèrent qu’ils venaient déjà de perdre trop de temps.
DAVIS : « Kabal, contacte Denis, dis-lui les coordonnées de la balise, qu’ils se dirigent tous vers ce point lorsqu’ils se
seront réunis. Jay, prépare-toi à descendre pour aller vérifier ce qu’il en ait. »
Trois secondes plus tard, le runabout prenait déjà une nouvelle direction, Roy était en communication avec Kabal qui
le mettait au courant des dernières informations et Jay s’était éloigné plus à l’arrière.
==/\==
Aldane s’était recouverte du parka avec dégoût. L’odeur en était infecte. Avant de sortir, elle jeta un œil prudent à
l’extérieur. C’était le calme plat, mise à part la pluie qui s’évertuait à tomber sans relâche. La zaldane fit d’abord
quelques pas, puis s’arrêta pour tendre l’oreille. Le rideau de pluie provoquait un bruit constant qui pouvait camoufler
bien des choses, Aldane en avait conscience, mais elle essayait d’être aussi prudente que possible. Il n’était pas
question qu’elle retombe entre les mains de ces sauvages, elle aurait d’ailleurs rebroussé chemin et serait retournée
à l’abri avec les autres, si ce n’eut été de Spriggan. Elle devait trouver un docteur pour Spriggan. Elle devait lui
trouver des soins médicaux au plus vite. Elle ne pouvait pas le perdre. Elle ne devait pas le perdre.
Aldane arriva bientôt dans des ruelles plus achalandées. Elle tentait d’aller d’une personne à l’autre, demandant
tantôt où il y avait un hôpital, tantôt où il y avait un docteur. La plupart la contournait et l’ignorait simplement, au
mieux, d’autres la poussait carrément hors de leur chemin. Au bord des larmes, désespérées, Aldane avait fini par
s’adosser à un mur sale, ils l’étaient tous d’ailleurs. Que pouvait-elle faire? N’y avait-il donc aucun respect pour la vie
dans cette ville pourrie? Déçue, triste et trempée jusqu’aux os, elle tourna les talons et retourna vers leur cachette de
fortune.
Lorsqu’Aldane déboucha de la ruelle, elle releva la tête juste à temps pour voir qu’il y avait un homme armé qui
avançait discrètement vers le bâtiment où ses amis étaient réfugiés. Elle se plaqua contre le mur pour ne pas être vu
et essaya de réfléchir rapidement. Elle devait faire quelque chose pour les prévenir, mais quoi? Si elle criait,
l’homme pourrait sans doute la repérer et la descendre, en plus ça risquerait de déconcentrer Von Ewig et elle ne
voulait pas qu’il se déconcentre, il devait maintenir Spriggan en vie. Elle essaya de s’imaginer ce que Nera aurait fait
à sa place. Elle serra la mâchoire et fit un détour pour arriver derrière l’homme armé. Elle devait essayer de le
maîtriser, c’était la seule option. Elle resta donc à bonne distance le temps de le contourner pour arriver derrière lui.
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Elle avança ensuite à pas feutrés derrière l’homme qui était maintenant presque à la porte. Lorsqu’elle brandit son
arme pour tenir l’homme en joug, celui-ci fit un demi-tour et pointa une arme sur elle de sa main droite. La zaldane
poussa un petit cri de surprise. Elle vit Nera sortir en lançant « Aldane? Est-ce que ça va? ». Aussitôt, l’homme
pointa un phaseur sur Nera de sa main gauche. Plus personne ne bougeait jusqu’à ce que l’homme prenne la parole.
JAY : « Hé! Oh! On se calme! Vous seriez pas Melasse et Torak? »
LENASSY : « Lenassy et Morak. Qu’est-ce que vous nous voulez? »
JAY : « Tout doux mesdemoiselles, je suis là pour vous aider. »
Jay baissa doucement les bras pour leur montrer clairement qu’il ne leur voulait aucun mal. Il rengaina ensuite ses
armes lorsqu’il vit que Lenassy baissait aussi son arme. Il sorti un communicateur de sa ceinture et l’approcha de sa
bouche en disant : « C’est bon, ce sont eux. ». Un vrombissement accompagna l’arrivée du runabout au-dessus du
trio. Lenassy et Morak fondirent en larmes. Ils étaient venus. L’Indépendance les avait retrouvé. Ils allaient s’en
sortir, enfin!
Jay, Morak et Lenassy retournèrent à l’intérieur pour en informer Von Ewig. Ils le trouvèrent penché au-dessus de
Spriggan, l’air épuisé et inquiet.
MORAK : « C’est l’Indépendance, ils ont envoyé une navette, nous sommes sauvés. »
VON EWIG : « Ce n’est pas trop tôt. »
JAY : « On m’avait dit que vous devriez être cinq, il n’y avait pas un docteur aussi? »
LENASSY : « Le corps du docteur Ivafaire est dans le véhicule à l’extérieur. »
JAY : « Oh. Désolé. Bon, préparez-vous, on va vous téléporter dans la navette. »
VON EWIG : « Impossible. »
Jay, qui avait sorti son communicateur, reste a en suspend et fixait Von Ewig.
JAY : « Et pourquoi ça? »
VON EWIG : « Parce que cet homme est gravement blessé et est maintenu en vie par ma volonté seule. Si nous
sommes téléportés, le lien se brisera et il mourra. »
Jay regarda Spriggan, puis Von Ewig, puis les deux officières. Il activa son communicateur.
JAY : « On a un problème là. »
==/\==
Sur le runabout, Davis et Kabal avaient écouté l’explication de Jay et étaient maintenant très embêtés. Le quartier
n’offrait pas suffisamment d’espace pour poser le runabout, il y avait des bâtiments trop près tout autour. Il fallait faire
vite, même si Morak avait débranché sa balise, rien ne garantissait que les hommes de DeVille ou qui sait d’autre
encore ne soient déjà en chemin. Davis jeta un œil sur quelques bâtiments en mauvais état autour de la cachette des
officiers.
DAVIS : « Kabal, tu peux me dire combien tu détectes de signes vitaux dans ces trois bâtiments, juste là? »
KABAL : « Il ne semble y en avoir aucune. Pourquoi? Tu as vu quelque chose? »
DAVIS : « Simplement que ce ne sont que de vieux murs atteints par l’age. »
KABAL : « Ça y a pas de doute, ça a l’air de tomber en ruine, mais pourquoi… »
Le grand bajoran fut interrompu par une batterie de tir de phaseurs. Le runabout faisait feu à répétition sur deux
bâtiments tout proche de celui où se cachaient Lenassy, Morak, Spriggan et Von Ewig en compagnie maintenant de
Jay. Jay qui, d’ailleurs, venait de les héler au communicateur.
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JAY v.c. : « Mais put*** qu’est-ce que vous foutez dehors? »
DAVIS : « Nous avons dû faire un peu de place, nous allons nous poser, préparez-vous à bouger le blessé. »
KABAL : « T’es barge, tu viens de détruire un pâté de maison. »
DAVIS : « Tu exagères, j’ai accéléré le processus de décrépitude de quelques murs et par la même occasion nous ai
creusé une aire d’atterrissage. »
KABAL : « C’est ce que je disais. »
DAVIS : « Si tu n’en parles pas, je n’en parle pas. »
KABAL : « C’est pas comme si on avait tué quelqu’un. »
Le runabout se posa avec tout juste assez d’espace autour de lui pour ne pas érafler les murs voisins. Kabal et Davis
en sortirent ensuite avec une civière pour déplacer Spriggan. Lorsqu’ils entrèrent, Lenassy et Morak se jetèrent à
leurs cous. Pas parce que c’était eux en particulier, mais parce qu’ils annonçaient la fin de leur malheur, qu’ils étaient
une parcelle de lumière dans cette ville de ténèbres. Ce fut moins chaleureux lorsque Kabal se retrouva face à Von
Ewig. Les deux hommes se firent face sans dire un mot, mais la tension était visible. Von Ewig se contenta de dire
« il est mourrant » en pointant Spriggan. Kabal aurait aimé avoir le loisir de réagir comme bon lui semblait, mais des
vies étaient en jeu, il se contenta de lancer un « Karl. » et les deux hommes placèrent Spriggan sur la civière qu’ils
soulevèrent ensuite. Pendant ce temps, sous l’insistance de Lenassy et Morak, Jay les avait aidé à traîné le corps du
docteur Ivafaire dans le runabout.
Le duo Kabal et Davis arrivaient à l’extérieur, civière en main, suivi de Von Ewig, lorsqu’ils furent surpris par des
coups de feu. Ils se jetèrent à l’intérieur pour se mettre à l’abri. Von Ewig risqua un œil dehors et aperçu une petite
troupe de six individus en armure lourde menée par la rousse qu’ils avaient vu plus tôt.
VON EWIG : « Encore celle-là. »
DAVIS : « Une connaissance? »
VON EWIG : « C’est elle qui a blessé votre ami. »
KABAL : « Nous ne nous rendrons pas au runabout, nous sommes trop à découvert. »
DAVIS : « Nous allons devoir faire de notre mieux. »
Le pilote et l’officier de sécurité déposèrent la civière et sortirent leurs phasers. Ils se placèrent de chaque côté de
l’entrée et firent feu en direction de leurs assaillants. Un projectile traversa le mur et alla se ficher dans le bras de
Kabal. Du runabout, Jay avait ouvert le feu lui aussi, mais les six hommes de Gungrave avaient prit couvert et
ripostaient avec une précision déconcertante. Gungrave et ses hommes avançaient progressivement. Jay avait
réussis à atteindre l’un d’eux, mais pas mortellement, et l’homme continuait tout de même sa progression.
L’espoir revint lorsque deux des hommes les plus à l’arrière s’écroulèrent. Gungrave fit volte-face. Derrière eux
c’étaient déployés Roy et son équipe et les avaient pris entre deux feux. Placés en parfait éventail, ces nouveaux
arrivés offraient une résistance particulière aux hommes de Gungrave. Dunkin et Donut parvinrent à bout d’un des
hommes, tandis que Drett et Blank en finirent de deux autres. Gungrave et son dernier gorille faisaient feu en avant
et en arrière. Ils réussirent à atteindre Dunkin au bras et Blank à la jambe avant que Harker atteigne le dernier porteflingue de la belle rousse avec son phaseur. La rage s’était emparée de Gungrave, elle ne pouvait pas faillir à deux
reprises, elle ne le permettrait pas. Elle détacha un dispositif de son armure avant de s’adresser à tous lorsque les
coups de feu s’interrompirent.
GUNGRAVE : « Rendez-vous! J’ai sur moi de quoi faire sauter tout le quartier et je n’hésiterai pas à m’en servir si
vous ne me rendez pas immédiatement le bioweapon et la fille Morak. »
ROY : « Vous ne serez pas avancée si vous détruisez votre bioweapon. »
GUNGRAVE : « Si nous ne l’avons pas, personne ne l’aura. »
Drett et Blank allèrent se placer près de Roy. Tous regardaient Gungrave qui brandissait son bras au bout duquel
elle tenait ce qui semblait être un détonateur. Drett et Blank se placèrent tous les deux.
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ROY : « Qu’est-ce que vous faites? »
DRETT : « Je peux l’avoir. »
ROY : « Il n’en est pas question. »
BLANK qui visait Gungrave aussi : « Je suis prêt. »
ROY : « Écoutez-moi bien, il y a des vies en jeu ici et je ne prendrai pas le risque de faire détoner une bombe. »
DRETT : « Moi si. »
Roy n’eut que le temps de réaliser le poids de ce que cela signifiait que deux coups de feu retentirent à l’unisson. Le
premier projectile atteignit la main de la rousse en armure, laissant une gerbe de sang jaillir du trou béant et des
doigts arrachés. Le deuxième projectile atteignit au même moment à la milli-seconde près le détonateur qui se fendit
en multiples morceaux. Le temps de réagir et de se crisper de douleur, Gungrave était plaquée au sol par Jay. Elle
fut bientôt entourée par un mélange d’officiers de sécurité et de pirates de l’air. Le chef des opérations de
l’Indépendance bouillait lorsqu’il arriva derrière le grand Drett et qu’il lui fit faire demi-tour sur lui-même pour lui faire
face.
ROY : « Mais vous êtes fou ou quoi?! Je vous avais interdit de le faire! Vous avez désobéi aux ordres! »
DRETT : « Écoutes-moi bien mon p’tit. Est-ce que tu vois un bout d’uniforme de Starfleet quelque part sur moi? Estce que j’ai un grade quelque part à mon collet? Est-ce que j’ai écrit ‘Fédération’ sur les fesses!? J’ai rien à faire de
tes ordres quand il s’agit de neutraliser un ennemi. Tu crois qu’elle aurait hésité à te tuer si elle en avait eut
l’occasion? »
ROY : « Ce n’est pas une raison pour agir comme ces barbares, c’est ce qui nous différencie d’eux. »
DRETT : « Faux p’tit, c’est ce qui pourrait te tuer un jour. »
JAY : « On fait quoi de la dame? »
BLANK : « On la tue, elle est trop dangereuse en vie. »
ROY : « Alors ça non! Vous n’allez pas la tuer de sang froid! Nous allons la ramener avec nous et la questionner, elle
peut avoir des informations importantes.»
JAY : « Il a pas tord Drett, et je suis persuadé que Zee aimerait lui poser des questions elle aussi. »
DRETT : « Bon, on va faire comme ça pour l’instant. »
Dunkin, Donut et Jay escortèrent Gungrave à bord du runabout, accompagnés de Harker et Castonguay. Blank alla
donner un coup de main à Davis et Kabal pour transporter Spriggan et Von Ewig suivit derrière. Juste avant que
Drett et Roy montent à leur tour, Drett s’arrêta et stoppa Roy en lui mettant une main à plat sur le torse. Il se tourna
ensuite vers lui,
DRETT : « Ce genre de situations, on sait comment les régler. Si vous essayez de vous mettre dans notre chemin,
vous risquez de nous faire faire une erreur et quelqu’un pourrait être blessé. Ces gens-là ne sont pas comme vous et
ne suivent pas les mêmes règles, fourrez-vous ça dans le crâne. »
ROY : « Et moi lorsque je dis que c’est trop risqué pour la vie de mes hommes vous devez m’écouter, ou sinon vous
aurez de mes nouvelles. »
Le lieutenant-major n’attendit pas la réplique du soldat et entra dans le runabout. Drett fut d’abord surpris que le
fédéré lui tienne tête, mais en fut amusé en définitive. Peu de temps après, Lenassy et Morak étaient dans l’unité
modulaire avec Spriggan et Von Ewig et avaient sorti du matériel médicale pour essayer de stabiliser l’état de
Spriggan. Non loin, sous la surveillance de Donut et Dunkin, Jay faisait un bandage de fortune à la main de
Gungrave. Blank et Kabal traitaient leurs propres blessures et Harker avait prit place à côté de Davis qui faisait déjà
décollé le runabout.
DAVIS : « La dernière équipe est celle du Capitaine. Ils sont dans une espèce de tour. »
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HARKER : « J’essaie de les contacter mais ils ne répondent pas. »
DAVIS : « Et la lecture de leurs signes vitaux? »
HARKER : « Toute la tour est brouillée, ils doivent s’être doutés de quelque chose. »
DAVIS : « Bon, on va prendre un peu d’altitude et contacter l’Indépendance, je vais en même temps me rapprocher
de la tour et me placer juste au-dessus. »
==/\== Passerelle de l’Indépendance ==/\==
Depuis maintenant longtemps la navette avait quitté le hangar du vaisseau et ils n’avaient pas eut de nouvelles
depuis. Grey et Naïma travaillaient d’arrache-pied pour trouver une façon de percer l’orage et d’établir une
communication, mais rien. T’Kar commençait à être encore plus impatiente si cela était encore possible et à coup sûr
c’était Bird qui en payait les frais à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Décidément, il n’aimait pas cette femme. Puis
Naïma interpella la First Officer.
NAÏMA : « Madame, j’ai quelque chose. »
T’KAR : « Passez-le! »
L’écran principal grésillait et on ne réussissait pas à avoir une image claire, mais le son passa plus facilement.
HARKER : « …dépendance, m’entendez-vous Indépendance? »
T’KAR : « Ici l’Indépendance, on vous reçoit. »
L’image commençait à se stabiliser et les officiers sur la passerelle purent voir Harker sur l’écran principal.
HARKER : « Nous avons récupéré Von Ewig, Spriggan, Morak et Lenassy. L’équipe du Capitaine ne peut être
contactée. Nous avons une prisonnière à bord. Quelles sont vos instructions? »
T’KAR : « Nous allons téléporter les officiers secourus à l’infirmerie et la prisonnière au brig, vous repartirez ensuite
pour porter assistance au Capitaine. »
HARKER : « Nous ne pouvons pas téléporter Spriggan, il est maintenu en vie par Von Ewig et une téléportation le
tuerait, il doit être stabilisé par soins médicaux d’abord. »
T’KAR : « Et où est le docteur Ivafaire? »
Le visage de Harker afficha un air sombre.
HARKER : « Le docteur Ivafaire est mort. »
T’KAR : « …d’accord…Nous vous envoyons un médecin, nous téléporterons tout de même les autres. »
T’KAR : « T’Kar au docteur Lapointe! »
LAPOINTE v.c. : « Ici le docteur Lapointe, qu’est-ce que je peux… »
T’KAR : « Préparez-vous à partir en away mission docteur. »
LAPOINTE v.c. : « Mais, je… »
T’KAR : « Pas de mais. T’Kar out. »
Lenassy et Morak protestèrent, ne voulant pas quitter Spriggan, mais furent finalement téléportées à l’infirmerie, ainsi
que Blank et Dunkin. Le corps d’Ivafaire fut récupéré également. Le docteur Lapointe fut envoyé sur le runabout
pour porter assistance à Spriggan. Le runabout se remit immédiatement en route vers la tour Hellsing.
95-Lenassy
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Les yeux fermés, elle n'osait croire que les ouvrir ne fasse pas cesser l'espoir revenu. Une inquiétude demeurait, elle,
intacte. Tant qu'elle ne reverrait pas Spriggan, elle ne pourrait pas être définitivement rassurée. Elle luttait contre une
envie de dormir.
Le biobed s'était avéré plus confortable qu'elle n'avait osé l'espérer. Elle avait l'impression d'avoir quitté le vaisseau
depuis plusieurs semaines, essayant de se rappeler son ignorance et son bel optimisme sur la vie en général et son
devenir en particulier.
Elle avait eu beau protesté, les infirmières s'étaient mises à deux pour l'obliger à s'allonger le temps d'une
auscultation. Le centre médical s'épuisait en médecins, Lapointe ayant été récupéré par la navette, seules les
infirmières pouvaient prendre en charge les deux jeunes femmes avec l'aide du EMH.
Mark IV avait été activé. Il avait laissé Aldane aux soins de Marie-Catherine et Laurana qui l'avaient mise sous la
douche. La jeune femme en avait bien besoin. Elle aimerait pouvoir partir au fond de l'eau pour se ressourcer, mais
elle veut surtout récupérer Spriggan. Son corps maintenant dénudé, elle n'a pas conscience des marques virant au
sombre sur son dos. Elle est courbattue et a mal partout. Comme si durant les dernières heures, seule l'adrénaline,
expression même de sa volonté à demeurer active l'avait maintenue inconsciente de la douleur. Les plaies
recouvrent en partie sa cicatrice d'origine. Elle a mouillé ses cheveux essayant de se débarrasser des saletés qu'elle
y a embarquées. Puis quand elle se sent prête, elle enfile l'espèce de peignoir que Laurana lui a apporté et enfile les
chaussons blancs dont l'infirmière a exigé l'usage.
La jeune femme revient vers le centre des opérations écoutant les commentaires des infirmières.
MARIE-CATHERINE : vous allez très bien, mais il va falloir se reposer un peu. Le commandeur T'Kar a demandé des
nouvelles et je sais qu'elle va venir, autant que vous restiez allongée. Reposez-vous, dans quelques jours il n'y
paraîtra plus.
Aldane avait cherché des yeux Nera qui était maintenant entre de bonnes mains. La jeune fille est assise sur le
biobed, l'air déçu de ne pouvoir quitter dans la minute le sickbay. Elle se sent brusquement inutile. Pui elle lève la tête
et aperçoit Aldane qui lui fait un sourire fatigué. Elle approche et ne peut s'empêcher de prendre Nera dans ses bras
pour l'embrasser tendrement.
LENASSY : il ne reste plus que Spriggan et notre ami Von Ewig à récupérer.
MORAK : il s'appelle Jan tu sais.
LENASSY : qui ça ?
MORAK : et bien ... Von Ewig, c'est Jan.
C'est ce moment-là que T'Kar choisit pour faire irruption au sickbay. La porte s'ouvre, libérant la place à T'Kar
toujours inquiète pour les hommes de l'Indépendance, mais n'ayant pu faire autrement que prendre des nouvelles de
Nera.
MORAK : ah... Maman.
Aldane se pousse, un peu surprise. Après tout, elle n'avait aucune idée du lien qui unit Nera et T'Kar, le découvrant.
Elle va s'asseoir sur le biobed qu'elle avait quitté plus tôt, observant les retrouvailles de la mère et de la fille.
Laurana s'est approchée d'Aldane et lui tend un tube de pommade.
LAURANA : il faudra vous reposer et vous auriez tout intérêt à passer cette pommade sur les marques qui vont
rester. Comme ça, elles disparaîtront sans problème. Si vous avez besoin d'aide, vous pourrez venir au sickbay, on
vous l'appliquera.
LENASSY : ça signifie que je ne pourrais pas me baigner ?
LAURANA : vous baignez ? Et bien, pas tout de suite. Laissez passer 48h, ça ira mieux après.
Laurana reste un instant près de la zaldane qui tourne dans tous les sens le tube de pommade.
LAURANA : dès que vous irez mieux, vous devriez aller voir l'un des conseillers. Maintenant vous pourrez retourner
dans vos quartiers.
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LENASSY : j'attends Spriggan !
LAURANA : il sera là bien à temps. Vous avez sûrement le temps de vous reposer un peu.
LENASSY : je ne veux pas, je veux Spriggan !
Aldane prend un ton boudeur, les larmes aux yeux.
L'infirmière sourit intérieurement puis réplique.
LAURANA : bien, en ce cas allongez-vous et essayez de dormir.
LENASSY : vous voulez bien me réveiller quand il sera là... si je m'endors ?
LAURANA : oui, oui.
LENASSY : et vous n'avez pas de nouvelles là ?
LAURANA : dès que j'en ai, je vous les apporte d'accord ?
Aldane acquiesce silencieusement. Ses muscles se détendent peu à peu rendant son corps encore plus douloureux
si cela était permis. Laurana se penche appliquant un hypospray à Aldane.
A pas feutrés elle disparaît, éteignant la lumière au-dessus du biobed et part surveiller les autres patients.
Le chef de la sécurité a obtenu qu'il puisse mettre en place des gardes pour chaque prisonnier alité contre la
discrétion la plus extrême.
Aldane somnole, écoutant dans l'indiscrétion la plus totale les propos tenus par le personnel médical. Entre sommeil
et éveil, elle discerne la voix de Nera, s'y accrochant encore un peu avant de sombrer. Elle n'a bientôt plus
conscience de son corps, bien incapable de lever la main pour écarter une mèche de cheveux rebelles, elle prend
l'option la plus simple et ferme les yeux.
MORAK : ... il nous a sauvé !
T'KAR : nous n'avons pas à avoir cette discussion, Nera. S'il te plaît, nous parlerons de cela plus tard. Pour le
moment tu vas rester au sickbay, je veux que tu en sortes quand tu seras complètement sur pieds.
MORAK : maman. J'ai rien, bon sang, je veux retourner au travail. Ils ont besoin d'hommes. Spriggan est toujours làbas et les autres aussi...
Un... deux... trois...
"Voilà, ouvre les yeux !"
Ses yeux s'ouvrent, elle est heureuse jusqu'à ce qu'elle réalise ce qu'elle voit. Dans un univers sombre et
souffreteux, un corps est allongé et plusieurs pendent contre des parois encombrées de scories. Il y a là le géant aux
cheveux blancs. Elle frissonne puis se dirige vers le corps qui est au sol. Elle est nue et porte une chaîne au pied. Elle
se penche et cherche son pouls. Il est livide presque exangue, il ouvre des yeux aveugles crachant du sang.
"Ce n'est pas grave, tu m'as tué."
Elle regarde sa main, ensanglantée.
Un hurlement se fait entendre dans le sickbay, éveillant un patient. Nera lâche le verre d'eau qu'elle avait à moitié
vidé. Le gobelet se répand au sol. La porte du sickbay s'ouvre et deux gardes entrent, bousculant Gaston qui venait
voir Aldane et prendre de ses nouvelles. Il a un bocal dans les mains contenant dans un liquide indéterminé quelques
racines d'un plant indéterminé lui aussi.
Laurana s'est précipitée au chevet d'Aldane.
LAURANA : vous avez dû faire un cauchemar, ce n'est pas grave. Je vais vous donner un sédatif.
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Aldane se débat.
LENASSY : c'est hors de question !! Il est en train de mourir. Il faut le faire rentrer ! Je veux aller le chercher.
Elle est en nage, comme prise par une forte fièvre.
LAURANA : Enseigne Lenassy, ça suffit. Ca ne sert à rien, vous n'irez nulle part maintenant.
Aidée par l'un des gardes, elle applique cette fois un sédatif plus puissant. Aldane s'écroule sur le biobed. Laurana
attend un peu avant de la laisser enfin.
96-Lapointe (Keffer)
LAPOINTE : Hé merde... tampon.
Laurana fouilla dans le cabaret d'équipement pendant quelques secondes...
LAPOINTE : Vite !
Le praticien trouvait la journée difficile et longue. Il ne faisait guère de doute que personne, sur ce navire, ne passait
une journée aussi difficile que la sienne. D'abord, il ne voulait pas être chef du département, et d'
ailleurs, après cette expérience, il se sentait prêt à remettre les guides du département au premier venu qui en ferait
la demande.
Le premier à entrer dans l'infirmerie avait été l'officier de la sécurité Vela, accompagné par un autre individu qui en
avait visiblement bavé plus que ce dernier. Le reste de l'équipe avait suivit avec quelques ecchymoses.
Le triage avait admirablement bien fonctionné. Vela avait été assigné à une place, où, sachant pertinemment que ce
dernier refuserait un traitement raisonnable, Laurana lui avait seulement pensé les plais. Il s'était endormi de lui
même, et le docteur avait simplement ajouté un léger sédatif afin qu'il puisse mieux profiter de son sommeil
réparateur. Cela devait faire facilement 40 minutes qu'il se reposait.
Le second type, plus amoché, avait nécessité plus d'intervention. Il avait dû passer, au total, une vingtaine de
minutes sur son cas, entrecoupé par une visite de la première officière du navire. Parlons-en de cette visite !
Cette dernière s'était permise de critiquer sa façon de gérer l'infirmerie et l'efficacité de personnel de son service. Le
pilote était avec, et ce dernier avait crié après son patient. De peur que la situation ne dégénère, Lapointe avait fait
ce qu'il savait si bien faire : il avait contacté la sécurité du navire pour avoir des renforts. Ces derniers étaient arrivés
tout juste comme T'Kar et le pilote quittait l'endroit. La première officière lui avait jeté un regard sombre avant de
reprendre la route de l'infirmerie. Bien qu'elle n'avait rien dit, il savait pertinemment qu'elle savait que ces gens
étaient venus pour elle.
Comme T'Kar n'était plus là, il leur avait demandé de garder l'oeil sur leur « invité », probablement plus pour sa
sécurité que pour celle des autres. Il avait beau se faire menaçant, il n'était pas, actuellement, en mesure d'exécuter
ses menaces verbales.
Puis, il y avait eu ce zwikien qui était venu, et qui, somme toute, s'en était tiré avec bien de la chance. Un autre cas
de repos prolongé, à l'exception que ce dernier ne semblait nullement vouloir contester son avis médical. En fait, il
semblait avoir glissé dans un autre monde. Ce serait probablement plus une aide psychologique dont le petit être
aurait besoin.
Médicalement parlant, il n'y avait rien d'autre à faire.
LAURANA : Voilà...
L'infirmière s'exécuta habilement laissant une visibilité bien meilleure sur l'opération qu'était en train de faire le
médecin. Cela eut pour effet de ramener ses pensés sur ce qu'il était en train de faire. Il ne fallait pas vagabonder,
mais rester précis et concentrer sur le travail à faire.
LAPOINTE : Merci Laurana.
Ce pauvre bougre venait tout juste d’arriver à l'infirmerie avec un autre groupe d'officier. Sans trop savoir ce qui se
passait, le médecin croyait que les équipes au sol avaient dû tomber dans un piège. Il était bien content de ne pas
être descendu.
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Le patient étendu devant lui avait subit une lacération abdominale profonde qui nécessitait une intervention rapide
pour limiter l'hémorragie et pour permettre un rétablissement efficace. De plus, comme la blessure semblait avoir
sectionné un nerf, cela entrait un peu dans ses cordes.
LAPOINTE : Bien... Passez-moi les clampes.
LAURANA : Les clampes... voilà.
LAPOINTE : Merci.
Instinctivement, le médecin tira légèrement la langue sous son masque de chirurgie, tout en manipulant l'instrument.
Tout le monde qui avaient des choses minutieuses à faire savait que ça allait mieux avec la langue tirée.
LAPOINTE : Voilà... c'est fait. Passez-moi le regénérateur de tissus.
L'infirmière s'exécuta. Le médecin récupéra le nouvel appareil, puis donna une autre instruction.
LAPOINTE : Assurez-vous de faire une succion adéquate dans la zone de l'artère, ici-là. Je veux avoir une bonne
visibilité sur les tissus... mais faites attention de ne pas la sectionner.
LAURANA : D'accord.
Le médecin utilisa l'appareil pour réparer une perforation à l'intestin...Certains disait que c'était une mission de merde.
Et bien, pas autant que celle-là ! Il allait exécuter une tâche délicate lorsqu'il fut tiré de ses activités.
[SL - 94 - Davis]
T'KAR [Via communicateur] : T'Kar au docteur Lapointe!
Il n'avait pas le temps, et pas le goût non plus, de se lancer dans des débats avec la première officière sur la façon de
faire sa tâche. Du revers de sa manche, il parvint à taper sur son communicateur qui se trouvait sous son habit
d'opération.
LAPOINTE : Ici le docteur Lapointe, est-ce que je peux...
La vulcaine ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase.
T'KAR [Via communicateur] : Préparez-vous à partir en away mission docteur.
En mission ? Il échangea un regard avec Laurana. Il s'était pourtant entendu avec le capitaine pour ne pas partir en
mission. Et de toute façon, il était occupé. Cela était impossible.
LAPOINTE : Mais, je...
T'KAR [Via communicateur] : Pas de mais. T'Kar out.
Décidément, c'était dur de se faire écouter sur ce navire !
LAURANA : Docteur ?
LAPOINTE : Bien... Vous avez entendu la patronne. Je descends sur la planète, et j'imagine qu'on a que peu de
temps. Je vais finir ces quelques petites opérations, et je prendrai le chemin de la salle de téléportation.
On va prendre le temps de le refermer, de toute façon, il est stabilisé. On reprendra le travail de minutie plus tard,
lorsque l'on aura plus de temps.
Une dizaine de minute plus tard, le patient était de nouveau refermé, et Laurana le prit en charge pour le conduire à
son lit de repos, en attendant la suite des opérations. Il serait sous surveillance médicale d'ici là.
Las, il sorti de la salle d'opération, retira son ensemble de chirurgie qu'il jeta dans le recycleur. Il se lava
méticuleusement les mains, se passa de l'eau sur le visage, puis passa dans la salle principale de l'infirmerie.
Il y avait plus de gens que la dernière fois où il y avait mis les pieds.
T'KAR [Via communicateur] : T'Kar au docteur Lapointe !
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Encore elle ! Bon sang, ce qu'elle pouvait être casse-pieds !
LAPOINTE : Oui, ici le docteur Lapointe...
T'KAR [Via communicateur] : Vous êtes toujours à bord docteur ?
LAPOINTE : Oui, oui... J'arrive, laissez-moi le temps !
T'KAR [Via communicateur] : Pressez-vous docteur.
LAPOINTE : Je fais aussi vite que je peux... mais je perds un temps précieux à vous parler.
T'KAR [Via communicateur] : T'Kar terminé.
Le sourire aux lèvres, il consulta le recueil des admissions. Il remarqua qu'un nom se distinguait des autres, car ce
n'était pas une blessure de mission qui l'amenait à l'infirmerie. Il adressa sa question à Marie-Catherine, qui, voyant
l'urgence, était entrée travailler finalement.
LAPOINTE : Quelle est l'histoire de la patiente sur le lit#5 ?
M-C : Oh ! C'est Miss Potin. Elle se plaint de maux de ventre qui ont probablement un lien avec une grossesse, je lui
ai dit que l'on regarderait ça dès que ça se calmerait. Ça n'avait pas l'air très grave sur la lecture initiale des
tricorders.
Le médecin acquiesça son accord, puis jeta un coup d'oeil à la rousse qui attendait, assise sur le lit#5. Cette dernière
regardait tout ce qui se passait dans l'infirmerie, visiblement intéressé par les mouvements de personnels. Ne
sachant pas que cette dernière était la potineuse du navire, et qu'elle désirait être au courant des dernières nouvelles,
Lapointe interpréta son comportement comme une autre femme qui allait lui dire comment faire son travail.
Il soupira.
LAPOINTE : Je descends sur la planète, pas le choix. Mais j'y resterai pas très longtemps, je reviens vous assister
tout de suite.
Marie-Catherine acquiesça avant de s'éloigner.
-*****Le médecin se matérialisa enfin à l'intérieur du Runabout.
Il fut accueilli par un commentaire du genre « Il était à peu près temps » dont il ne sut pas réellement l'origine en
raison du processus de téléportation. Aussi, il se contenta de répondre vaguement à la personne qui lui avait si
gentiment fait la remarque.
LAPOINTE : Mon ami... la journée où je tripoterai vos tripes, vous serez bien heureux que je prenne le temps de
vous refermer avant de passer au patient suivant... Bon, qu'est-ce qu'on a ici ?
En posant la question, le médecin prit le temps d'examiner les gens qui se trouvaient en face de lui. Ils étaient
détrempés, et il y avait visiblement une certaine tension dans l'air. Le bajoran (Kabal) regardait un autre gars d'une
façon étrange, comme s'il épiait ses mouvements et ne lui faisait pas confiance. Il pu facilement reconnaître l'individu
épié comme étant le dénommé Von Ewig. Il ne s'en fit pas trop, on le surveillait sans doute parce qu'il était en fuite
d'une navette carcérale.
KABAL : C'est lui, monsieur.
Le bajoran indiqua une région ombragée du Runabout, où quelqu'un était étendu, sans toutefois quitter du regard Von
Ewig. D'un geste coutumier, sans trop y penser, Lapointe retira son tricorder de la trousse médicale qu'il portait à
l'épaule. Il se rendit en silence auprès du malade, conscient d'avoir tous les regards sur lui.
Il passa le senseur à quelques reprises au-dessus du patient, puis ferma son tricorder, dictant ce qu'il pensait.
LAPOINTE : Il est vraiment dans un sale état. Il faut le remonter à bord de l'Indépendance tout de suite.
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VON EWIG : Vous ne pouvez pas faire cela. La seule raison pour laquelle cet homme est encore en vie est parce
que je le maintiens en vie avec mes facultés télékinésiques.
Le médecin regarda le drôle de type avec un sourire moqueur. Non, cette fois, c'était trop. Il devait être le 4e
aujourd'hui à lui dire comment faire son travail. Il ne savait pas pourquoi, mais il se disait que si il avait plus de pins à
son cou, on lui accorderait peut-être plus de crédit.
Et puis... Ce Von Ewig n'était pas de Starfleet. Il pouvait lui tenir tête.
LAPOINTE : Je vois... Et vous êtes médecin ?
VON EWIG : Non, non, je ne suis pas médecin.
LAPOINTE : Vous êtes infirmier alors ?
VON EWIG : Non plus...
LAPOINTE : D'accord. Autrement dit, il n'y a pas de bloc d'opération stérile à cet endroit, et il n'y a pas non plus
d'équipe de soutien pour l'intervention chirurgicale de l'ampleur dont nécessite cet homme. Je ne peux sûrement pas
l'opérer seul, et sûrement pas, non plus, dans un endroit mobile comme celui-ci. La chirurgie de précision nécessite
un milieu stable, et les turbulences de cette chaloupe de l'espace ne conviennent sûrement pas.
KABAL : Qu'est-ce que vous préconisez alors ?
LAPOINTE : On le téléporte sur l'Indépendance dans un champ de stase jusqu'à ce qu'une équipe médicale puisse le
prendre en charge et opérer dans des conditions optimales. Cela nous permettra de bien étudier sa condition et ce
que l'on doit faire pour le sauver. Je n'ai pas l'intention de m'attaquer à un cas aussi lourd sans y être préparé et sans
le personnel de soutien nécessaire.
VON EWIG : La téléportation implique un risque.
LAPOINTE : Vous savez, à l'école de médecine, on nous apprend que même lorsque l'on fait notre travail
convenablement, il y a des gens qui meurent.
Cet homme est à ça de la mort...
Le médecin montre du pouce et de l'index une distance d'à peine un centimètre.
LAPOINTE : ... Je peux vivre avec ce genre de risque. Le département médical déborde actuellement... Et si la
tendance se poursuit, je ne veux pas mettre tout le personnel de l'Indépendance sur le cas de cet officier alors que
d'autres cas arriveront sans l'ombre d'un doute dans les prochaines minutes. Ce risque peut nous permettre de
sauver bien des gens.
Le docteur Lapointe installa un bidule de communication sur le torse de Spriggan, et appuya sur son communicateur.
LAPOINTE : Lapointe à Lécule.
LÉCULE [Via communicateur] : Lécule à l'écoute.
LAPOINTE : M. Lécule, protocole médical C45, préparez-vous à transporter le lieutenant Spriggan directement dans
une chambre de stase, et transportez-moi avec lui dans la salle des chambres de stases dès que vous serez prêt.
Un silence s'installa dans le Runabout. Pour le combler, le médecin s'adressa généralement à ceux qui se trouvaient
à l'arrière de l'appareil.
LAPOINTE : Désolé les gars, j'aimerais bien faire la guerre civile avec vous, mais on a besoin de moi là haut...
LÉCULE [Via communicateur] : Nous sommes prêt monsieur.
LAPOINTE : Exécution monsieur Lécule.
Avec un soulagement certain, Lapointe sentit le processus de téléportation s'amorcer, et sut qu'il retournait à la
confortable sécurité du navire. Il vérifierait que la stase de l'officier de sécurité était bien amorcée, et retournerait se
rendre serviable à l'infirmerie...
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97-Lenassy
Un grand silence frisé s'était installé dans la salle d'opérations. Par une précaution extrême, le docteur Lapointe et
son patient ont été téléportés dans la salle de confinement. L'environnement stérile nécessaire arrivait sans doute
trop tard selon l'avis de Lapointe, mais au moins tous les protocoles avaient été respectés.
L'arrivée de Spriggan ne s'était pas faite sans douleur. Lapointe avait beau s'attendre à tout, il avait été étonné de
l'état des blessures. La stase avait été primordiale. Et pendant qu'il s'activait sur ce mort en sursis, il repensait à la
remarque bien étrange de ce Von Ewig.
VON EWIG : ... La seule raison pour laquelle cet homme est encore en vie est parce que je le maintiens en vie avec
mes facultés télékinésiques.
L'éclairage de la table d'opération était bien suffisant pour constater l'effet plus que douteux, à son avis, sur les
blessures. Retirer les balles avait été presque simple, la cautérisation des plaies allait devoir attendre, il avait dû
entreprendre le nettoyage de bris d'os.
Le reste du sickbay était passé d'un état d'effervescence à un calme tout relatif, la plupart des patients étant sous
médication et surtout sédatifs, la tranquilité était comateuse. De temps en temps quelques gémissements provenaient
des biobeds.
Sous la hampe de loupiottes éteinte, Aldane s'était une nouvelle fois réveillée en sursaut. Elle eut presque peur du
silence qui régnait enfin. Nera avait disparu et cela lui fit comme un coup au coeur. Elle réalise qu'elle est inquiète et
se sent brusquement perdue. Il lui faut quelques instants pour prendre un pas sur son réveil, recouvrant la possession
d'un corps un peu moins douloureux. Elle se lève en grimaçant oubliant ses chaussons blancs. La fraîcheur du sol lui
fait du bien et elle dirige ses pas vers la chambre de bain. Plusieurs douches soniques sont disponibles ainsi que des
sanitaires. Elle se penche au-dessus du lavabo observant cette femme qu'elle a du mal à reconnaître.
Puis elle voit sur son cou des marques. Comme des traces de doigts. Pendant un court instant elle est transportée
dans le vaisseau ennemi. Elle déglutit. Elle lève sa main allant à la rencontre de ces traces et retient des larmes de
dépit et d'amertume. Elle devait arranger tout ça, elle ne pouvait rester dans cet état.
Elle prend une des lingettes disponibles essayant contre toute attente de les effaçer bien inutilement. Elle se
redresse, réajuste le col de la tenue qu'on lui a fournie, recule un peu, et essaye de s'apercevoir de la tête aux pieds.
Elle voit sa cheville qui a atteint une bonne couleur bien sombre. Le genre de teinte qu'il allait être difficile de
camoufler. Avec appréhension, elle tourne le dos au miroir et défait la tunique blanche. Tout en la baissant, elle
tourne la tête pour voir son dos puis émet un gémissement. Elle se recouvre vite, refermant la tunique, elle réajuste
de nouveau le col, essayant de le faire monter sur son cou. Elle était tout simplement hideuse !
Elle quitte presque en courant la pièce surgissant dans le sickbay en manquant bousculer Laurana.
LAURANA : ils ont ramené Spriggan.
Aldane qui partait à la course pour aller le plus loin possible de l'image d'elle qu'elle venait de voir s'arrête
brusquement.
LENASSY : où est-il ?
Elle tourne les yeux, à droite, puis à gauche ne voyant pas de nouveaux patients, elle consulte du regard l'infirmière.
LAURANA : son cas est plutôt grave, le docteur est encore avec lui.
LENASSY : il en a pour combien de temps ? Je pourrais parler avec lui après ?
LAURANA : houlà, vous allez vite en besogne, vous avez largement plusieurs heures à attendre, je vous conseillerais
de prendre du repos. Profitez-en pour le moment, ça vous fera le plus grand bien.
Aldane sourit gentiment à l'infirmière. Elle n'a qu'une idée, courir jusqu'à ses quartiers pour s'habiller
convenablement. Elle passera son uniforme. La vision d'elle-même engonçait dans l'uniforme dont elle a eu temps de
mal à s'habituer lui semble presque rassurante. D'un seul coup elle effaçe les derniers jours, les rendant presque
irréalistes.
LENASSY : je peux le voir ?
239/446
LAURANA : pas vraiment, mais bon vous pouvez toujours l'apercevoir.
Elle lui montre la chambre stérile et ses baies vitrées. C'est là qu'Aldane aperçoit enfin le sommet d'une tête aux
cheveux bouclés blonds qui mériteraient une coupe plus idoine à l'uniforme auquelle elle est associée.
Elle s'y dirige, se collant à la vitre, avançant de quelques pas sur la gauche pour essayer d'apercevoir le visage de
Spriggan. Celui qu'elle aperçoit est presque exangue et les appareillages de maintien lui semblent presque
menaçants.
Marie-Catherine sort de la salle abaissant son masque. Elle n'est plus utile à Lapointe. Elle soupire puis enlève ses
gants, jetant le tout dans le recycleur. Puis elle aperçoit Aldane et lui fait un faible sourire. Mine de rien, entendre
parler de nouveau de Jan lui fait quelque chose. Et c'est cette fille qui avait prononcé son nom lorsqu'elle était arrivée
au sickbay.
LENASSY : tout se passe bien ?
CHATEAUBRIAND : dès que le docteur sortira vous pourrez vous dire qu'il sera dans un état jugé stable. Il y a du
travail à faire. Je me demande comment il a fait pour être encore vivant.
Aldane regarde toujours le dos de Lapointe qui lui cache en grande partie Spriggan.
LENASSY : c'est grâce à Monsieur Von Ewig. Heureusement qu'il était là, il nous a sauvé. Vous savez où il est ? Il
aurait dû être transporté ici... enfin, je crois. Et Nera ? Où est-elle ?
Marie-Catherine a une pensée vers Jan, se demandant qui le sauvera, lui. Puis elle essaie de se souvenir à quel
moment Nera a disparu du sickbay.
CHATEAUBRIAND : il me semble qu'elle est rentrée chez elle, et vous devriez faire de même. Nous craignons d'avoir
d'autres blessés.
LENASSY : oh, bien sûr. Je vais y aller. Je pourrais repasser bien sûr ?
CHATEAUBRIAND : bien évidemment. Vous ne voulez pas que je vous fasse chercher des vêtements ?
LENASSY : oui... non... j'y vais, je reviens.
Elle s'éloigne rapidement, salue les gardes toujours à l'entrée du sickbay puis prend le premier turbolift pour sa
destination. Elle longe la coursive jusqu'à ses quartiers et en demande l'ouverture d'une voix trop faible, elle se racle
la gorge puis manipule les commandes d'entrée, libérant le panneau d'ouverture.
Ses quartiers sont plongés dans le noir, s'éclairant sur son passage.
Elle se débarrasse de ses vêtements, les laissant en tas au bord de son tapis des sables, puis elle va dans son coin
salle de bain pour reprendre une douche.
Il lui faudra un bon trois quart d'heure pour se sentir prête à affronter de nouveau les regards des autres officiers. Elle
a réussi à batailler avec sa chevelure mais contrairement à l'habituel, elle ne les a pas relevés, préférant les utiliser
pour masquer une partie de son cou. Elle a eu beau chercher parmi ses accessoires un foulard qui puisse se marier
avec son uniforme, c'était largement insuffisant. Soit la couleur ne convenait pas, soit la forme générale dénaturée
l'aspect somme toute martiale de l'uniforme et c'est ce dont elle avait besoin pour le moment.
Après s'être préparée, elle file au laboratoire, ne serait-ce que pour remercier Gaston d'être venu lui rendre une visite,
puis prendre les ordres si elle en avait.
Elle n'arrive pas un instant à avoir une pensée plus forte que celle qui persiste concernant Spriggan. Elle le voit
s'écrouler, encore et encore, comme dans un cauchemar à répétition. Il faut aussi qu'elle voit Nera et puis aussi ce
Von Ewig, comment Nera avait-elle dit qu'il se prénommait déjà ? ... Ah oui, Jan, c'était un joli prénom.
La tête farcie de pensées vagabondes elle ressort de ses quartiers, enfin prête. Elle a revêtu un uniforme neuf, le seul
qui lui reste. Elle allait devoir penser à en faire répliquer d'autres. Le haut de sa chevelure a été relevé et les longues
boucles installées de part et d'autre de son visage ont l'effet qu'elle recherchait. Personne ne devrait se douter de la
présence des affreuses marques qu'elle a au cou.
240/446
L'arrivée au laboratoire se passe moins dans l'anonymat qu'elle ne l'avait prévu et déjà Blondie l'assaille de
questions.
AIRHEAD : et il paraît qu'on t'a tiré dessus. Bon sang, j'aurais été morte de peur.
LENASSY : en effet, je ne me suis pas sentie mieux. Euh Gaston n'est pas là ?
AIRHEAD : non non, c'est son temps de repos. Klemp fait l'inventaire et puis je ne sais pas où sont les autres. Ah si
Angelica est sur la passerelle.
Puis Aldane laisse une nouvelle fois vagabonder son esprit, ses oreilles devenant sourdes aux paroles que Blondie y
déversent sans discontinuer.
Elle avait besoin de voir Nera et Jan aussi, comme pour se rassurer. Ils iraient voir Spriggan et celui-ci serait réveillé
et tout irait bien. Elle n'arrivait pas à s'empêcher d'associer à Spriggan, Nera et Jan comme si ces deux personnes
étaient les garantes de la santé du jeune homme.
AIRHEAD : ... et puis il a cassé un autre de ces petits aquariums. Il te dira qu'il n'a pas fait exprès, mais... Tu
m'écoutes ?
LENASSY : pardonne-moi. Je reviendrais plus tard, j'ai plusieurs choses à faire en définitive. Il faut que je récupère
un combadge.
Elle passe les doigts sur son uniforme le recherchant machinalement. Puis elle quitte le laboratoire pour courir
presque vers le sickbay. Elle part vers la salle toujours fermée où Spriggan a été abandonné. Elle passe son doigt sur
la vitre, suivant la courbe du visage du jeune homme voulant en effaçer la douleur qui y est inscrite.
Il lui faudrait aller faire son rapport des événements sur ce qui s'était passé... Elle déglutit. Devrait-elle tout dire ? Elle
pouvait probablement passer sous silence certaines parties.
98-Vela
=/\= Sickbay de l’Indépendance =/\=
Il aurait pu le vaincre plus aisément. Plus vite surtout.
Il aurait pu prévoir ses mouvements, les anticiper, faire jouer ses sens développés et surentraînés pour ce genre de
situations afin d’esquiver ses coups de boutoir : il aurait ainsi pu le neutraliser et rester valide pour la suite de la
mission. Mais la pluie discontinue, l’atmosphère électrique de l’orage approchant, l’exigüité de la surface où ils se
tenaient, la proximité de Karl l’avaient perturbé. Grave erreur.
Il aurait pu en finir au plus vite, briser ses rotules et user de certains coups prisés des amateurs de kharakom dès le
début du combat : il aurait ainsi pu le neutraliser et rester valide pour la suite de la mission. Mais il avait été pris de
court, avait cherché à maîtriser sa colère et avait lui aussi cédé face aux injonctions de l’ostrogoth qui lui faisait face.
Grave erreur.
Il aurait pu user de son phaser, lui laisser croire qu’il avait une chance, le laisser parader, lancer ses insultes, charger,
avant de dégainer posément et de l’abattre avec une désinvolture confinant au mépris (il avait vu ça dans un très
beau film d’aventures terrien que Roy lui avait montré où un certain Indiana Jones, au lieu de répondre aux
provocations d’un colosse armé d’un sabre monumental, préfère l’abattre d’un coup de revolver) : il aurait ainsi pu le
neutraliser et rester valide pour la suite de la mission. Mais sa fierté de combattant, son instinct de guerrier avaient
pris le dessus et transformé le zélé officier en un barbare sanguinaire. Grave erreur.
Il aurait pu le paralyser dès le moment où A’Resh tenait Davis en joue : il aurait ainsi pu le neutraliser et rester valide
pour la suite de la mission. Mais ça lui avait semblé trop facile et il avait préféré un désarmement plus spectaculaire,
sans doute pour avoir quelque chose de croustillant à raconter lorsqu’il réunirait ses hommes et qu’ils lui
demanderaient, l’œil brillant, comment il s’était débarrassé sans user de son arme de trois bandits redoutables. Grave
erreur.
Perdu dans ses pensées, ressassant et ressassant encore les séquences de son face à face avec le psychopathe qui
n’avait cessé de le provoquer en détaillant les sévices exercés sur la petite Morak, Fenras Vela se morigénait. Il s’en
voulait terriblement a posteriori. Il s’en voulait d’avoir laissé son ami juste pour le plaisir d’affronter celui qui l’avait
ridiculisé à bord de la navette carcérale. Il s’en voulait d’avoir compromis sa mission juste pour le plaisir d’entamer un
241/446
combat contre un adversaire hors normes. Il s’en voulait de ne pas s’être consacré davantage à ses hommes juste
pour le plaisir de se frotter à quelqu’un d’invincible. Juste pour montrer aux autres ce qu’il valait. Vraiment. Juste pour
leur prouver ce qu’il était : un homme d’honneur. Pour se le prouver aussi.
Il s’en voulut davantage lorsqu’il s’aperçut qu’il avait pris un pied d’enfer à se frotter à ce monstre, une excitation que
bien peu de simulations avaient pu lui procurer. Le fait qu’il y ait eu un témoin ajoutait encore à cette sensation
enivrante, quelqu’un qui pourrait, ensuite, avec emphase et précision, raconter par le menu comment Fenras Vela,
Chef de la Sécurité de l’Indépendance, avait affronté et vaincu le bourreau qui s’en était pris à plusieurs des membres
de l’équipage. Il nourrirait la gloire naissante de l’Andorien, l’entretiendrait en diffusant son histoire dans les médias et
ce reportage aurait sa place en une du journal du vaisseau, remplaçant une interview qui lui avait laissé d’amers
souvenirs [pour ceux qui ne connaissent pas, Vela s’est effectivement fait interviewer – et piéger – par un reporter et
a révéla naïvement certains secrets intimes, n’est-ce pas Mat ;-)]. Son aura grandirait et son histoire atteindrait tous
les mondes de la Fédération. Jusqu’à sa planète natale. Jusqu’à son père. Et là, cet homme austère et ambitieux
devrait bien se rendre à l’évidence et reconnaître la valeur de ce rejeton qu’il avait naguère renié.
Oui, c’est ainsi que cela devait se passer.
Il sourit. Fugitivement. Savourant un peu de cette gloire éphémère que les peuples confèrent à leur héros.
Puis il se rembrunit.
Pour des infirmières qui auraient un tant soit peu accordé leur attention à l’homme bleu étendu sur le biobed, il aurait
été fascinant de voir ce visage endormi exprimer un plaisir intense avant de montrer une profonde inquiétude.
Mais Laurana et Chateaubriand avaient bien autre chose à faire qu’à s’occuper d’un individu qui, de toutes façons,
avait été traité comme il le fallait et était connu pour ses facultés de récupération remarquables – comme tous ses
compatriotes d’ailleurs. Elles vaquaient avec une armada d’infirmières affairées auprès des patients autrement plus
nécessiteux.
Seul, Fenras Vela se rappela qu’il n’avait pas été dépêché sur Tyrell pour sauver le monde, mais uniquement dans le
but de retrouver ceux qui avaient été enlevés ainsi que leurs agresseurs. La vengeance, quoique délicieuse, n’avait
pas sa place dans une mission officielle de StarFleet. Il aurait pu s’en offusquer, se rebeller, critiquer ouvertement, à
l’instar des Klingons, cette attitude si peu « humaine ». Mais il avait, et depuis longtemps, choisi de suivre les
préceptes de cette organisation. Et maintenant, il s’en voulait terriblement.
Tout en savourant sa victoire, il s’en voulait d’avoir failli. Encore une fois. Et il était désormais persuadé que ses
supérieurs le lui reprocheraient. Encore une fois. Et que Karl le soutiendrait, mais tout en lui disant le fond de sa
pensée. Que Denis lui tournerait le dos. Que le capitaine Matolck lui ferait une sévère remontrance. Et que T’Kar lui
en voudrait à mort pour n’avoir pas su retrouver sa fille. Violée. Torturée. Assassinée peut-être. Sans qu’il n’ait rien
fait d’autre que punir l’un de ses tourmenteurs.
Vrai. Quel manque de professionnalisme.
Il lui fallait redescendre, finir le boulot. Voyons, combien de temps était-il resté là à ne s’en prendre qu’à lui-même ?
Ce n’était pas constructif tout ça, pas digne d’un homme d’action ! Il se força à retrouver le chemin vers la
conscience, à se réveiller. Il devait se réveiller !
Il ouvrit les yeux, péniblement. A peine surpris de l’agitation qui régnait aux alentours. Il héla une infirmière.
VELA : Miss, il faut que… que je…
Il se sentait faible. Il se sentait vil. Il se sentait impuissant.
LAURANA : Reposez-vous, monsieur Vela. Vous en avez beaucoup fait.
VELA : Mais… mais je dois… retourner…
LAURANA : Tut tut, vous ne devez rien du tout. Prenez un peu de repos et tout rentrera dans l’ordre.
VELA : Mais… vous ne comprenez pas. Les autres… je dois les retrouver !
LAURANA : Rassurez-vous, M. Vela, ils sont tous là. Comme vous le voyez, nous tentons de les soigner.
VELA : Tous ?
LAURANA : Tous.
VELA : Ah ?
Il était surpris. Soulagé, mais surpris.
242/446
VELA : Il faut… il faudrait qu’ils aient… un homme pour les surveiller…
LAURANA : Vous croyez ? Bien, je vais faire en sorte qu’ils soient tous surveillés, mais discrètement. [HP : cf. SL de
Eric].
VELA : Merci.
LAURANA : Je vous en pris. Allez, dormez maintenant. Vous avez fait du bon boulot.
VELA : Vous croyez ?
Elle le dévisagea, s’apprêtant à se rendre utile dans une pièce voisine. Il avait quand même été sacrément amoché.
LAURANA : Mais oui.
Elle semblait sincère. Cela le rassura. Il sourit : après tout, il avait peut-être fait du bon boulot. Il se laissa aller en
arrière et ses yeux se fermèrent. Allez, juste un petit somme, rien du tout, juste un petit… Il l’avait bien mérité.
=/\= Tyrell ; à bord de la Navette=/\=
Karl s’escrimait à contrecarrer les effets contradictoires des courants ascendants, très forts aux alentours de la tour,
et des perturbations liées à l’orage qui grondait toujours au-dessus d’eux. La navette était aussi stable que possible,
mais ça ne lui plaisait qu’à moitié : l’effort mobilisait toutes ses ressources alors qu’il avait également l’esprit
préoccupé par le sort de l’équipe de Matolck, la présence intrigante de Von Ewig, les regards noirs que se lançaient
Roy et Drett et la santé de son ami Vela. Kabal, à ses côtés, essayait de soutirer une information quelconque des
différents écrans qu’il consultait, mais ce n’était pas facile. En tous cas, c’était toujours mieux que de se retourner
pour faire face à son ancien supérieur.
e
KABAL : Pfff… pas moyen de voir s’il y a même une personne vivante au-dessus du 45 étage.
DAVIS : En tout cas, ça a bardé. T’as vu ?
KABAL : Quoi ?
DAVIS : Le trou. Là. Attends, je vais repasser, tu verras mieux.
Cette manœuvre lui permit de se dégourdir un peu et de soulager les stabilisateurs : il fit faire au runabout un petit
tour à mi-hauteur. Effectivement, ils aperçurent une brèche béante, vraisemblablement faite depuis l’intérieur, sur la
façade de cet immeuble qui était pourtant l’un des très rares bâtiments intacts du centre-ville.
KABAL : Mmm… c’est récent.
DAVIS : Tu crois ?
KABAL : Ouais. Peut-être une arme pulsante, mais de gros calibre. Seulement, ça ne colle pas avec les contours.
DAVIS : Pourquoi pas un explosif ?
KABAL : Non, je ne crois pas. Il n’y a pas de trace qu’aurait pu laisser une substance détonante. C’est plutôt comme
si… un énorme bélier avait tout défoncé. Sauf que c’est presque découpé.
VON EWIG : C’est moi.
DAVIS : Quoi ?
VON EWIG : C’est moi. Le trou.
Karl et Kabal échangèrent un regard. Ils allèrent répliquer quelque chose lorsque Denis remarqua :
ROY : Hey, vous avez vu ça ?
Un compteur s’affolait : quelque chose dans l’immeuble dégageait une impressionnante quantité d’énergie. Drett
observa même que certains étages s’éteignaient.
KABAL : Bordel, qu’est-ce qui se passe encore ?
DAVIS : C’est le pompon ! Deux glisseurs de la police arrivent. Je fais quoi ?
DRETT : Descend-les, ils vont nous gêner.
ROY : Hors de question !
DRETT : Je rigolais…
KABAL : Hé, attendez… oui, là !
Triomphant, sur un des moniteurs, il avait remarqué quelques « pings ! » qui prouvaient la présence dans l’immeuble
de l’équipe de Matolck. Ca ne dura que 2 secondes, mais ce fut suffisant.
KABAL : Probablement le trou qui a généré une perturbation dans leur écran. On y va ?
ROY : Non, c’est trop dangereux. Il vaudrait mieux passer par le toit.
VON EWIG : M’est avis que ce sera difficile.
243/446
Il tendait le doigt. Toute la partie supérieure de l’immeuble subissait une étonnante transformation : les façades se
fendillaient suivant un schéma précis, des poutrelles aux formes étranges en sortaient, faisant coulisser d’immenses
panneaux de béton et de verre. C’était comme de voir une gigantesque fleur d’acier éclore. Le processus générait
des vibrations que les hommes ressentaient à travers les parois de la navette. Davis avait toutes les peines du monde
à stabiliser l’engin et choisit de prendre de la hauteur, remarquant que les vaisseaux aériens de la police locale
opéraient une manœuvre similaire.
ROY : Regardez : ça s’ouvre !
Doux euphémisme : la tour en effet avait vu son sommet se scinder en plusieurs parties qui s’étaient doucement
rabattues, laissant apparaître une machinerie complexe et ce qui ressemblait à une énorme rampe de lancement.
Karl était aussi stupéfait que les autres, mais il avait un engin récalcitrant sur les bras. Il prit le parti de monter encore
un peu, juste sous le plafond nuageux, afin de gagner un peu de stabilité.
Il y eut un éclair. D’une blancheur aveuglante.
Ca avait duré une fraction de seconde.
Les lumières vacillèrent. Des alarmes hurlèrent.
KABAL : Merde, c’était quoi ça ?
DAVIS : Touchés ! On est touchés !
ROY : Quoi ?
DAVIS : Les stabilisateurs sont en rideau, je ne parviens pas à compenser, les systèmes décrochent les uns après
les autres !
DRETT : On fait quoi ?
DAVIS : On s’accroche et on prie !
La navette qui était en trajectoire ascendante commença à doucement retomber, avant de partir en une vrille à faible
inclinaison.
Karl s’activait, multipliait ses actions, pilotant tout autant que répartissant l’énergie restante dans les dispositifs
essentiels. Il nota du coin de l’œil le crash des vaisseaux de la police, plus légers que sa grosse navette et se
concentra sur le maintien de l’assiette du vaisseau. Il ne tombait plus comme une pierre, mais perdait de l’altitude
irrémédiablement. Petit à petit, certains témoins revinrent au vert tandis qu’ils s’éloignaient de la tour, planant à
quelques 400 mètres du sol.
KABAL : Un EMP ?
DAVIS : On s’en fout, mais si j’avais été moins haut, on se serait crashé en beauté.
Il était en nage, mais satisfait d’avoir évité le pire. Il se permit même un clin d’œil à son voisin bajoran. Ce dernier ne
le lui rendit pas : il avait les yeux vissés sur un écran de contrôle.
KABAL : Deux missiles ! Droit vers nous !
DAVIS : Les gars, j’ai l’impression que quelqu’un nous en veut !
99-Lenassy
Il comptait machinalement et mentalement la surface dans laquelle il était. Il avait élevé son bras et de son pouce et
son majeur il avait à peu près la taille de trois quarts de pas. Il calculait, pas très minutieusement, mais tout en se
concentrant sur les chiffres qu'il sélectionnait, il voyait l'espace énorme dans lequel il se trouvait.
"50 !"
Ritink fait la moue, puis, comme pour vérifier, il se glisse contre la paroi de ses quartiers et à grands pas, il compte.
La distance lui paraît énorme.
Il court se remettre sur le lit plutôt stressé par la taille de la pièce. Il avale bruyamment, manquant s'étouffer sous sa
précipitation. 50 pas, c'était trop, c'était trop. Il n'aimait pas tout cet espace, ne s'y sentant pas en sécurité.
Il reste un long moment dans ses quartiers. Frisssk lui a dit que c'était chez lui pour le moment et personne n'avait
trouvé à y redire.
244/446
Il avait dû courir pour atteindre la salle de bain. Il avait aimé la petite surface tout à fait dans ses goûts et envisageait
sérieusement de déplacer les quelques meubles de la grande pièce afin d'en réduire la surface et la rendre habitable.
C'était une idée lumineuse.
Il se hausse sur la pointe des pieds, essayant d'atteindre le miroir puis, en désespoir de cause va chercher un
tabouret pour y grimper. Là, content de l'image qu'il donne après s'être soigneusement rasé, il peigne soigneusement
sa chevelure se demandant où il pourra trouver autre chose qu'un couteau pour les tailler. Il y réussirait, très
probablement, mais le souvenir de leur dernier usage le laissait quelque peu pantois. Pas, par l'horreur de ce qu'il
aurait commis, mais plutôt du plaisir qu'il y avait trouvé. Il avait eu un goût de cendre quand il s'en était rendu compte.
Il soupir, conscient qu'il était sans doute improductif de combattre sa nature. Mais il souhaitait tellement être accepté
sur le vaisseau, qu'il ferait tous les efforts nécessaires. Peut-être en parlerait-il à Frisssk, qui était son ami. Etait-il son
ami ?
Il arrête son coup de peigne, revoyant la tête si expressive parfois du caïtan. Puis il reprend lentement d'aplatir son
toupet, tendant la main sous l'eau qui coule du robinet, la mouillant et la portant sur ledit toupet rebelle, l'écrasant,
l'aplatissant, le peignant, laissant l'eau couler.
Satisfait du résultat, il se mire, se sourit puis décide qu'il lui faudrait élimer ses dents. Il se rinçe la bouche, se les
frottant avec un index vengeur. Il se sourit encore, puis décidément très satisfait de son allure, il décide
qu'aujourd'hui était un bon jour, ou tout au moins une bonne nuit. Il avait un peu de mal à se faire à cette espèce de
liberté à bord. Sur le Paricipaparlà, le chef décidait du jour et de la nuit, et il lui était arrivé parfois d'être obligé de
travailler dans le noir complet. Il avait à ces moments-là bricolés une espèce de casquette aux bords assez solide où
il avait fixé une lumière alimentée par une pompe. Le summum du perfectionnement pour quelqu'un comme Ritink.
Sur l'Indépendance, les lumières obéissaient au désir du zwickien et il en était ravi. Il sort de la salle de bain, puis se
ravise, retournant fermer le robinet qui coule toujours. Ca aussi, quel luxe, toute cette eau. Il avait malgré tout
quelques inquiétudes qu'il avait du mal à combattre et il avait rempli une espèce de seau qui se trouvait sous le
lavabo. Il ne manquerait pas d'eau en tout cas.
Il ramasse sa serviette mouillée et l'étend sur le sol pour récupérer l'eau répandue après ses efforts pour remplir le
seau et le fait que pour nettoyer son visage du savon utilisé pour se raser, il avait plongé la tête dans le lavabo plein,
avait barbotté dedans tout en faisant des bulles. Le savon avait bon goût.
Il sort enfin, prêt, de la salle de bain, puis quitte précipitamment ses quartiers. Il faudrait qu'il en parle à Frisssk, il
devait y avoir moyen de déplacer le mobilier pour lui cacher la place en trop.
Depuis qu'il était revenu de son incursion sur Tyrell, il avait pris la décision d'approcher sa dulcinée. Pour ce faire, un
détour à l'arboretum s'imposait. Il y avait vu des fleurs d'un parfum extraordinaire. Il ne savait pas où elle habitait,
mais il savait maintenant où elle travaillait. Frisssk lui avait dit : laboratoire de sciences. En plus ce devait être une
savante. Il trépignait d'impatience devant le turbolift qui prenait tout le temps du monde pour lui faire apprécier la
durée de l'attente.
Dans la coursive un groupe d'officiers se rassemblent, échangeant des propos qui lui sont inaudibles. Mais ils jettent
souvent des regards vers lui.
Il avait entendu à un moment donner son voisin qui était entré et sorti. Il n'avait pas eu la présence d'esprit d'aller voir
à quoi ressembler son voisinage, mais se promettait d'y remédier. Il était maintenant officiellement entré dans sa
phase passager officiel et utile à bord du vaisseau. Il avait tracé sur son cou l'ondulation idoine pour le signifier.
Il a dans les mains une corbeille en osier qu'il a prise au Noname lors de son dernier repas qu'il a pris seul, Frisssk
étant occupé ailleurs. Lorsqu'il arrive à l'arboretum, la lumière artificielle monte en intensité, simulant le lever du soleil.
L'arrosage intégré s'est mis en marche arrosant d'une pluie fine les nouveaux plants d'Aster multicolores. Il fonçe
dans le massif de belles fleurs blanches odorantes et sortant l'un de ses couteaux, il prend le parti de décapiter une
dizaine de bouton s'ouvrant de pétales épaisses comme si elles étaient faites dans du sucre. Il les dépose dans sa
corbeille qui a contenu des galettes puis les hume. Satisfait du résultat, il n'a plus qu'à aller au laboratoire de sciences
et le déposer devant la porte. Peut-être devrait-il joindre un petit mot ?
Un peu plus tard, après cette mission importante et incontournable, il rejoint le service de sécurité essayant de mettre
la main sur Frisssk.
Devant les portes fermées du laboratoire de sciences, une corbeille d'osier recouverte d'un bout de tissu léger
immaculé attend qu'on la recueille, une carte est posée dessus.
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"Pour Blondie,
Un admirateur inconnu...
qui vous aime."
100-Davis
Deux missiles en approche. Pas besoin de longues explications. Suffit de dire que deux missiles vous foncent
dessus et vous pouvez être certain que vos passagers savent à quoi s’attendre et que tous se trouvent un siège
auquel ils peuvent s’attacher. Pilotant toujours à une bonne distance au-dessus du sol, Davis filait en s’éloignant de
la tour Hellsing, ou ce qui en restait, pour fuir les deux missiles qui avaient été lancés à leur poursuite. Ils les
rattrapaient. Il n’avait pas d’autres choix, il allait devoir pousser les manettes à fond, essayer d’aller en périphérie de
la ville et utiliser le relief rocheux pour perdre les missiles. Seulement, ils allaient drôlement vite, auraient-ils le temps
de se rendre assez loin pour éviter des pertes civiles? Paradise City était un trou pourri, mais des réflexes d’officiers
de Starfleet, ça ne se perd pas, même dans ce genre de situation.
DAVIS : « Kabal, trouves-moi d’où ces missiles arrivent. »
KABAL : « Je crois que j’ai trois petites navettes derrière, difficile de dire pour l’instant si ce sont les autorités locales
ou des hommes de Deville. »
DAVIS : « Harker, j’ai un missile qui me colle d’un peu trop près. »
HARKER : « Je suis déjà dessus. »
L’officier tactique pianotait sans arrêt et ses yeux passaient d’un moniteur à un autre. La navette ne cessait de
changer de direction et de vriller et cela rendait sa propre tâche plus difficile, mais en officier d’expérience qu’il était il
savait qu’il ne pouvait en être autrement. S’ils allaient en ligne droite, les missiles gagneraient sur eux beaucoup trop
rapidement.
HARKER : « Ralentis quelques secondes. »
DAVIS : « Ne manque pas ton coup. »
À l’arrière, certains passagers avaient la nausée. Ceux qui ne l’avaient pas restaient tout de même bien cramponnés
à leurs sièges, incertain de leur destin. L’épreuve était tout particulièrement désagréable pour Drett, Jay et Blank qui
n’avaient pas l’habitude de se retrouver dans ce genre de situation avec un autre pilote que le leur. Ils auraient fait
confiance à Cole les yeux fermés et se seraient peut-être même servis une petite tasse de café, n’eut-ce été des
vibrations de l’appareil, mais ce fédéré, ils ne le connaissaient pas encore.
JAY : « Vous savez ce que vous foutez au moins? »
HARKER : « On va le savoir bien assez tôt. »
DAVIS : « Tu l’as? »
HARKER : « Oui. »
DAVIS : « Maintenant. »
Davis accompagna son dernier mot d’une vrille exagérée et d’une poussée d’accélération. Harker appuya sur une
série de boutons et de la navette se détacha une petite torpille. Lorsqu’ils en furent le moindrement éloigné, Harker fit
feu avec les phaseurs de la navette et fit explosé la torpille qui emporta avec elle le premier missile. Ils n’étaient
toutefois pas suffisamment loin pour ne pas ressentir de secousse, mais Davis avait prévu le coup et compensait. Ils
reprirent ensuite de la vitesse pour gagner les montagnes à la limite de la ville.
DRETT : « Vous ne comptez pas aller aux montagnes tout de même. »
DAVIS : « C’est exactement mon intention. »
DRETT : « Mais votre navette est trop grosse pour manœuvrer entre les rochers, et les navettes qui nous poursuivent
doivent être plus petites et plus manoeuvrables. »
246/446
KABAL : « Je confirme. Toujours trois signaux, à distance constante pour l’instant. Navettes de type chasseurs interatmosphère. » (bon je viens de l’inventer, mais vous comprenez tous ce que ça donne)
DAVIS : « Kabal, tu peux les scanner et relayer les données techniques que tu auras sur nos moniteurs à Harker et
moi? »
KABAL : « J’y travaille. »
BLANK du fond de la navette : « Efficaces. »
Pour les trois visiteurs, l’efficacité démontrée par les trois officiers de Starfleet était somme toute assez
impressionnante en effet. Devant eux, trois hommes faisaient leur travail en harmonie parfaite, impossible de deviner
qu’il y avait habituellement une tension continue entre Davis et Harker. Les deux hommes étaient, à ce moment
même, des officiers d’abord et des hommes ensuite et ils étaient donc entièrement concentrés à accomplir leur tâche
au mieux de leurs compétences. Les seuls à s’en rendre compte étaient d’ailleurs Roy et les autres officiers de
l’Indépendance présents qui trouvaient, sur le coup, qu’ils faisaient preuve d’un professionnalisme remarquable. Le
temps de faire ces observations et Kabal avait déjà quelques informations sur les navettes poursuivantes. Harker
étudia minutieusement les détails techniques qu’il possédait et Davis y jeta un coup d’œil rapide, continuant de
manœuvrer pour empêcher le missile de les rattraper trop rapidement. Il était en ce moment bien heureux d’avoir
choisi un runabout dont les moteurs étaient beaucoup plus puissants qu’un shuttlecraft.
DAVIS : « Ils sont petits et manoeuvrables. »
HARKER : « Ils ont des armements intéressants aussi. »
DAVIS : « J’aimerais bien en avoir un. »
DRETT : « Si tu arrêtes de parler et que tu nous sors de ce merdier je t’en offrirai un pour ton anniversaire. »
DAVIS : « Ce qu’il est gentil le monsieur. »
La dernière phrase du pilote fut accompagnée d’un piqué vers les montagnes qu’ils avaient alors rejoins. Ils
s’engagèrent dans un couloir (oui il y en a toujours un à proximité dans les poursuites aériennes) et Davis savait
pertinemment qu’il pourrait semer les missiles sans problème dans ces conditions. Il restait les trois chasseurs dont il
fallait s’occuper.
KABAL : « Ils nous scannent. »
DAVIS : « Harker, tu peux me refaire la torpille dormeuse? »
HARKER : « Tu veux en gaspiller une autre pour ce missile? »
DAVIS : « Non, je veux que tu la laisses dépasser leur missile et que tu la fasses sauter quand ils en seront proches.
Ils seront sûrement trop occupés à nous scanner et à observer leur missile pour remarquer une torpille inactive. »
KABAL : « Ça pourrait fonctionner. »
HARKER : « Très bien, faudra que tu lui donnes un petit élan. »
DAVIS : « Sans problème. »
Lorsque l’officier tactique fit signe quatre secondes plus tard qu’il était prêt à manœuvrer, le pilote leva le nez de la
navette en un coup sec et accéléra un peu. La torpille se détacha sans s’activer, propulsée vers l’avant par l’élan
donné par la navette, en se faisant toutefois rapidement distancée par le runabout puis le missile. Harker attendit
encore trois secondes et fit feu avec les batteries phaseurs. Deux des vaisseaux poursuivants volèrent en éclat alors
qu’un troisième avait comprit à la dernière seconde et avait désengagé le runabout. Davis se contenta ensuite de
facilement perdre le missile dans les parois rocheuses. Lorsqu’ils quittèrent la montagne, Kabal annonça que le
dernier vaisseau avait fuit. Ils filèrent en vitesse vers la tour hellsing, conscients que des renforts seraient
probablement bientôt à leurs trousses. Ils espéraient seulement que l’équipe de Matolck y était encore, et intacte.
==/\== Tour Hellsing ==/\==
247/446
Après le départ de Lilium Gungrave, DeVille avait initié les procédures pour partir de ce trou à rats de planète. C’était
dommage, car il avait encore quelques petites choses à régler, mais ce n’était pas vital. Ce qui l’emmerdait le plus,
c’était de ne pas avoir déjà en sa possession la fille de la FO de l’Indépendance, et encore plus important; le
bioweapon. Toutefois, Gungrave savait comment le contacter, alors elle pourrait les lui apporter une fois qu’elle se
serait acquittée de sa tâche. Quelques couloirs plus loin, DeVille se retrouva à bord de son vaisseau, à l’intérieur de
la tour. Il commanda l’ouverture de la tour Hellsing, peu lui importait s’il restait des employés dans l’endroit, ce
n’étaient que des minables. On rapporta à DeVille qu’une navette fédéré ainsi que deux navettes des autorités
locales se tenaient à l’extérieur de la tour alors même que la rampe de lancement était en déploiement. Le visage du
caïd se fendit en un sourire mauvais. Quelques ordres plus tard, le vaisseau était propulsé vers l’espace, une onde
de choc déséquilibrant les navettes autour, et des chasseurs s’occuperaient bientôt de la navette fédérée si elle
survivait.
101-Spriggan
L'intervention avait été longue et ardue et était maintenant terminée. Lapointe était épuisé mais plutôt fier de lui. En
plus d'avoir à traiter un nombre important de blessures de toutes sortes, voilà qu'il venait de terminer l'intervention
chirurgicale la plus délicate de sa jeune carrière. Jamais il n'avait vu pareils dégâts à l'intérieur d'un seul corps,
même dans les bouquins de médecine. La reconstruction des organes, tissus, nerfs, vaisseaux sanguins et tout le
tralala tenait davantage de l'œuvre d'art que de la médecine conventionnelle. Quelle que soit l'issue finale de
l'intervention, Spriggan ne serait probablement plus jamais le même homme.
Le grand convalescent venait d'être installé dans un coin plus reculé de l'infirmerie. Une sorte de salle de réanimation
de longue durée. Même une fois cicatrisé, Lapointe aurait encore à faire un tas de tests et de vérifications sur lui.
Pour le moment, Elliot était allongé dans cet espace aux lumières tamisées et semblait reposer dans un calme
empreint de sérénité.
Encore "gommé" par l'effet du sédatif, Fenras Vela s'était éveillé au terme d'une courte période de repos. Soucieux
de reprendre l'action dès que possible, il était descendu de son biobed sous les récriminations de l'infirmière Laurana.
La pièce avait semblé tourner autour de lui et les gens se dédoublaient avec une de ces impudences! Maudit
médicaments qui amollissaient l'esprit et émoussaient les réflexes!
L'infirmière affirmait au chef de la sécurité qu'il devait demeurer allongé pour récupérer, ce à quoi Vela répondait
gentiment mais fermement qu'il aurait bien assez de temps pour dormir quand il serait mort. Tous deux acceptèrent
de soumettre leur différent au jugement du Dr Lapointe.
— Où est-il?
— Là bas, avec monsieur Spriggan.
— Spriggan est ici? S’étonna Fenras. Il est blessé?
L'andorien émergeait un peu plus de son brouillard. Qu'un de ses plus jeunes officiers ait été blessé l'inquiéta. Il se
sentait responsable des mille âmes à bord et particulièrement de ses recrues. C'est pourquoi il avait toujours été
intransigeant sur leur entraînement.
Vela demanda à voir le sous-lieutenant. Laurana lui demanda de la suivre en se mordant la lèvre inférieure. Elle
avait eu son comptant de mauvaises nouvelles à annoncer aujourd'hui et préférait laisser les chefs de départements
se parler entre eux.
Vela suivit l'infirmière en marchant prudemment, prenant appui sur les murs et autres pièces de mobilier s'offrant à sa
stabilité.
Dès qu'il parvint au chevet de sa recrue, Fenras comprit la gravité de la situation. De l'autre côté de la couche,
Lapointe monitorait quelques signes vitaux.
— Qu'est-ce qu'il a?
Le chirurgien soupira et tendit un padd au CSO qui le parcourut rapidement sans pouvoir réfréner un frisson dans son
épine dorsale.
— Bon sang! Que lui est-il arrivé? Qui lui a fait ça? S’emporta Vela, toujours souffrant d'un restant de vertige.
Lapointe haussa les épaules.
248/446
— À mon avis, et à en juger par les projectiles que j'ai extraits de son corps, une arme de très fort calibre. Mais
j'ignore tout des circonstances. Vous devriez interroger plutôt Morak ou Lenassy. Je crois qu'elles étaient là à ce
moment-là.
— Je le ferai, promis Vela.
— Ce que je ne m'explique pas, poursuivit Lapointe sur un ton strictement professionnel, c'est comment il se fait que
ça n'ait pas fait plus de dégâts.
Fenras demeura absent, contemplant le visage endormi du jeune homme qu'il s'en voulait déjà de ne pas avoir su
protéger. La question du docteur lui parvint à retardement.
— Hein? Que voulez-vous dire?
— Eh bien, à l'examen des projectiles, et d'après ce que m'ont dit vos gens de la sécurité en se basant sur leurs
connaissances des diverses armes de ce type, on a tiré sur Spriggan avec des munitions perforantes. Ces armes
sont susceptibles de traverser un blindage solide. Spriggan en a reçu trois dans le dos. Logiquement, il aurait du
être coupé en deux!
— Vous déplorez que ça ne soit pas le cas? fit Fenras, cynique.
L'andorien était purement et simplement révolté à l'idée qu'on ait pu faire feu sur un de ses p'tits gars avec une
pareille arme.
— Les balles auraient du le déchiqueter et passer au travers lui. Probablement même traverser ce qui se serait
trouvé au-delà de lui. Or elles ont stoppé dans son corps et y ont causé moins de dommage qu'on eut été
logiquement en droit de redouter.
Vela regarda à nouveau Elliot comme s'il cherchait une réponse dans la vue de ce corps inerte et meurtri. Puis son
expérience l'orienta sur la voie à suivre:
— Où avez-vous mis ses affaires?
Le docteur montra une petite table toute proche où s'empilaient les vêtements d'Elliot.
— Nous allions les détruire, expliqua le médecin, mais je me suis dit que vous voudriez les examiner avant.
Vela s'éclaira, ravi du réflexe du praticien. Décidément, ce Lapointe avait une bonne tête sur les épaules. Le fin
limier en Véla pris le pas sur les autres aspects de sa personnalité. Il fit les quelques pas le séparant de ladite table
et examina rapidement le grand manteau noir troué et couvert de sang. Il frotta le tissu étrange entre ses doigts
experts et un coin de sa bouche se souleva.
— Kevlar souple! Conclut-il sans hésitation [hp: ou entéka, l'équivalent du Kevlar dans 400 ans ]
— Oh… laissa tomber Lapointe, satisfait de l'explication.
— J'ignore où il a trouvé ce manteau, continua Fenras, mais ça lui a sauvé la vie.
— Docteur! Appela Lorana, légèrement paniquée. Il… il se réveille!
— Impossible! s'exclama Lapointe en se précipitant près d'Elliot, suivi de Fenras.
Pourtant, le patient semblait bel et bien déjà émerger de son sommeil induit, et ce bien avant l'échéance prévue. Il
avait commencé par écarter les paupières très légèrement, plissant le regard malgré la faible luminosité ambiante.
Puis il avait cligné des yeux à plusieurs reprises en grimaçant, regardant autour de lui sans paraître reconnaître
l'endroit.
— Infirmière, sédatif! Ordonna Lapointe en tendant déjà la main pour accueillir le hypospray demandé.
— Pas encore! demanda Vela en posant une mais sur l'épaule du docteur.
Fenras s'approcha d'Elliot et se pencha légèrement au-dessus de lui.
249/446
— Vous m'entendez, sous-lieutenant? demanda-t-il avec douceur.
Spriggan balançait lentement la tête de gauche à droite et paraissait n'avoir aucun contrôle sur la direction de son
regard. Au bout d'un moment, il parvint à fixer l'andorien au prix d'un grand effort.
— Je dois savoir ce qui s'est passé, monsieur Spriggan.
— Ne le faites pas parler! Ragea Lapointe juste derrière.
— Juste un instant! Promit Fenras en levant l'index derrière lui sans quitter Elliot des yeux.
Le blessé agita mollement les lèvres, puis parla d'une voix éteinte.
"… tire pas sur elle… mémoire… enchaînée sous-sol… les poubelles de Gros-Louis… suis pas Gantz… Lilium
maîtresse… la bibine de Gontrand. "
— Une sorte de langage codé? Se demanda naïvement Vela, toujours dans un simili brouillard.
— Bougre de crétin bleu! Vous voyez bien qu'il n'est pas du tout dans le même univers que nous! Laissez-moi le
rendormir!
— Hé, ho! fit Vela en tournant la tête vers le médecin. J'suis désolé de ne pas avoir ma sagacité habituelle… je lutte
encore contre vos drogues.
— Lui aussi, figurez-vous! Et il n'est pas censé faire ça! Je n'ai pas passé des heures à le recoudre pour…
À leur grand étonnement, Spriggan leva la main droite et empoigna solidement Fenras par le col. Il parvint même à
se soulever légèrement de son oreiller, faisant rougir son visage et gonfler les veines de ses tempes.
Spriggan avait les yeux exorbités, plongés directement dans ceux d'un Vela quelque peu surpris.
— Chef! Lâcha-t-il agressivement en inspirant et expirant bruyamment entre ses dents serrées. Trouvez… Adlane…
Nera!
Elliot grognait littéralement en essayant de parler, comme s'il voulait tenir un discours en essayant de soulever un
shuttlecraft à lui tout seul.
— Calmez-vous, Sprig, implora Vela, alarmé. Recouchez-vous. Vous devez dormir. Le doc dit que…
— Gngngnnnnntrouvez-lesbordeldemerd… rugit-il avant d'émettre un hoquet qui lui fit gicler un peu de sang sur le
menton.
— Et voilà! Et merde! Je l'avais dit mais personne ne m'écoute! Cria Lapointe en poussant brutalement un Fenras
dérouté sur le côté. Sortez d'ici! Je vais probablement devoir l'ouvrir à nouveau!
Lapointe plaqua le hypospray au cou d'Elliot et appliqua la dose.
Laurana avait rattrapé le chef de la sécurité avant qu'il ne chute.
— Commandeur, lui dit-elle, vous êtes sous l'effet d'une dose importante de sédatif. Vous devriez normalement être
couché!
Vela chassa l'argument d'un revers de la main plutôt mou. Il prit appuie sur le rebord du biobed de Spriggan, le
temps de reprendre son souffle. Il avait besoin d'eau fraîche dans le visage.
— Où… où sont Morak et Lenassy? Je veux savoir ce qui s'est passé en-bas, et qui a fait ça à l'un de mes hommes!
102-Lenassy
Fenras était assez énervé, rendant le léger sédatif qui arrivait à sa fin totalement inopérant. Il avait l'impression que
son corps était passé sous plusieurs rouleaux compresseurs et au moins une centaine d'A'resh. Il regarde le docteur
Lapointe s'affairer avec les infirmières autour du biobed d'Elliot quand il entend un gémissement derrière lui.
"Que se passe-t-il ?"
250/446
L'andorien se retourne puis voit l'Enseigne Lenassy. Il devrait peut-être écouter cette infirmière. Il lui semble avoir la
vue légèrement trouble et ça a le don de l'agaçer sérieusement.
VELA : il est gravement blessé Enseigne. Et s'il était possible que vous me racontiez ce qui s'est passé exactement...
Aldane le regarde sans le voir, son inquiétude est visible. Elle regarde de nouveau le groupe formé par le docteur
Lapointe et les infirmières qui s'éloignent de nouveau. Tout semble redevenir calme.
LENASSY : ils m'ont dit que je ne pouvais pas lui parler. Il vous a parlé, qu'a-t-il dit ?
VELA : je ne sais pas exactement. Mais l'important c'est que vous vous puissiez me dire ce qui s'est passé et
pourquoi un de mes hommes se trouve dans un tel état.
Il s'adosse à la paroi, puis avise que la salle d'attente est libre.
VELA : venez vous asseoir.
L'andorien malgré la prévenance qu'il montre, souhaite aussi pour lui même n'importe quoi pour s'asseoir.
LENASSY : vous êtes sûr que tout va bien Commandeur ?
VELA : bien sûr voyons.
Elle regarde avec insistance les chaussons blancs qu'il porte aux pieds, malgré l'uniforme impeccable qu'il a pu au
final passé.
VELA : bon, là, nous serons bien. Vous savez où est Miss Morak ?
LENASSY : je l'ai vue quand ils nous ont amené ici. Le commandeur T'Kar y était aussi.
VELA : bien bien. Allons-y qu'est-ce que vous pouvez me raconter au juste ?
Aldane s'asseoit elle aussi et réfléchit, essayant d'imaginer ce qu'elle n'avait pu voir d'elle-même. Puis elle secoue la
tête, la relève enfin et regarde Fenras droit dans les yeux.
LENASSY : tout ce que je peux dire c'est qu'il a été grièvement blessé pour me sauver la vie, à moi. Cette femme
voulait me tuer... Je ne sais pas pourquoi, mais elle voulait me tuer. Elle a tiré et le Sous-Lieutenant Spriggan est
venu se mettre devant moi pour me protéger Monsieur.
VELA : c'est tout ce que vous pouvez dire ?
Aldane hausse les épaules en signe d'ignorance.
LENASSY : elle a tiré des balles en fait. Elle n'utilisait pas de phaser. C'est probablement pourquoi il y a eu autant de
dégâts. Enfin, je crois.
Fenras se cale dans son fauteuil puis regarde Aldane. Même s'il ne connaît pas tant que ça la jeune femme, il a
remarqué certains détails dans son comportement qui lui fait penser qu'il y a probablement des événements dont il ne
connaît pas encore la teneur.
VELA : vous pouvez me faire un rapport circonstancié des événements, de votre point de vue dès que vous avez été
enlevés ?
LENASSY : vous parlez juste de moi ou de Monsieur Spriggan et Mademoiselle Morak aussi ?
VELA : les trois, tout ce que vous pouvez me dire.
Aldane prend une profonde inspiration. Elle a un mouvement de la tête qui déplace un peu plus encore ses cheveux
sur ses épaules. Fenras plisse légèrement les yeux, ses antennes bougent très légèrement, il est dans une profonde
concentration. Cette jeune femme lui cache déjà quelque chose. Elle semble vouloir se cacher derrière sa chevelure.
Il est amusé puis ennuyé par cette constatation. Puis, il décide de lui laissait faire son récit, de toutes les manières il
croisera avec ce que la petite Nera lui a raconté et avec ce que Spriggan lui a dit.
251/446
LENASSY : Nous avons été téléportés sur le vaisseau... ennemi, par les ravisseurs de Monsieur Von Ewig. Comme
vous le savez déjà. J'ai compté qu'il devait y avoir peut-être une demi-douzaine de personnes à bord, mais je ne les
ai pas... enfin, nous n'avons pas visité le vaisseau. Ils nous ont enfermé dans une cellule, tous les trois. Puis ils sont
venus nous chercher. C'était pour nous emmener auprès d'un ... scientifique plutôt fou. C'est là que j'ai vu pour la
première fois Monsieur Von Ewig. Il était étendu et inconscient et le docteur Ivafaire le maintenait... en vie, je
suppose.
VELA : ne supposez pas Enseigne, contentez-vous d'évoquer les faits, sans en rajouter, vous verrez que ça viendra
plus simplement.
LENASSY : bien Commandeur. Donc là il a gardé Spriggan, le sous-Lieutenant Spriggan je veux dire, je n'ai pas
compris ce qu'il a fait, mais il l'a drogué et ils nous ont emmené de nouveau dans la cellule. Lorsqu'ils ont ramené
Spriggan il était dans un sale état. Et ils nous ont enlevé nos uniformes et les chaussures. Nera a décidé qu'il nous
fallait agir. Spriggan, le Sous-Lieutenant Spriggan était déjà blessé et il fallait que nous trouvions un moyen de vous
contacter. De contacter l'Indépendance. Mais nous avons été reprises. Puis ils nous ont débarqué dans une maison,
en cellule. Spriggan n'était plus là. Nous ne l'avons retrouvé que plus tard. Je ne me souviens pas de tout, mais c'est
par hasard que nous avons retrouvé le sous-Lieutenant Spriggan et... je ne me souviens plus, mais Nera avait
disparu et elle est réapparue avec Monsieur Von Ewig et le docteur Ivafaire. Le docteur a été tué, et le sousLieutenant Spriggan a été blessé en se mettant entre moi et la trajectoire des trois balles qu'il a reçues. Après nous
avons fui et Nera a monté, je crois avec Monsieur Von Ewig un émetteur pour essayer de reprendre contact.
Monsieur Von Ewig a maintenu le Sous-Lieutenant Spriggan en vie jusqu'à ce que Monsieur Davis nous retrouve
avec Monsieur Roy et Monsieur Harker et tous les autres. Et voilà Commandeur.
VELA : bien, je vous remercie Enseigne.
Il s'interrompt puis la regarde de nouveau.
VELA : vous n'avez rien de plus à dire ?
LENASSY : non Monsieur.
VELA : le sickbay a noté que vous portiez de nombreuses blessures. Vous n'avez toujours rien à me dire.
Aldane se redresse, le défiant presque du regard.
LENASSY : non Monsieur.
Il reste silencieux un instant, comme pour lui donner la possibilité de changer d'avis, puis ne voyant rien venir.
VELA : parfait alors. Bien, par contre Enseigne, il vous faudra me voir demain, dans mon bureau, j'enregistrerais votre
témoignage. Essayez de vous rappeler de détails supplémentaires.
LENASSY : bien commandeur.
Fenras s'éloigne après avoir jeté un dernier regard vers Elliot. Moyennement rassuré de le laisser au sickbay il rejoint
son biobed. Il devait mettre la main sur Nera, peut-être aurait-elle une vision plus claire de ce qui s'était passé.
Aldane, elle, hésite entre aller pousser Lapointe de là et s'approcher enfin d'Elliot. Elle ne comprend pas du tout
pourquoi elle n'a pas eu le droit de l'approcher. Elle attendra, faisant preuve d'une patience dont elle n'avait aucune
idée, puis finit par tirer un fauteuil à roulettes au plus près de la table d'opération où Lapointe s'est remis au travail. Un
bonne vingtaines de minutes plus tard, enfin stabilisé, le docteur quitte enfin les lieux, il est épuisé. Et pense à tous
ces rapports qu'il va lui falloir remplir.
Il active Mark IV de nouveau puis va dans le bureau d'Ivafaire. Devant la montagne de padds en attente, il pousse un
soupir indigné. Ivafaire était mort, il avait même vu son cadavre. Le jeune docteur avait plutôt été secoué. Il ne voit
pas Aldane, qui, à bout de patience, finit par s'approcher enfin du biobed où Elliot est allongé.
Elle avançe tout doucement, allant de l'autre côté du biobed où il fait plus sombre à son avis. Elle devrait y être
tranquille pour un moment, normalement. Regardant à droite, puis à gauche, elle pousse son fauteuil jusque dans le
coin, obligé de pousser une petite table d'instruments préparés pour de futures interventions.
Enfin, elle est enfin près de lui et personne ne vient s'en enquérir.
252/446
Il faut le laisser se reposer ce qui est une évidence pour elle. Mais elle veut être là si il s'éveille. Elle a absolument
besoin de rencontrer son regard, besoin peut-être d'une assurance ou d'une confirmation. Quelque chose, n'importe
quoi qui puisse la rassurer. Après seulement elle patientera.
Elle va rester de longues minutes à observer Elliot. Plus que l'observer, elle aura fouillé du regard jusqu'à son grain
de peau. Il gémit, elle approche ses doigts de sa main qu'il a brûlante. Puis le calme revient, elle restera ainsi pendant
assez longtemps pour finir par s'endormir. Une vague pensée l'effleure.
*J'ai oublié d'aller chercher un combadge... Blondie, relever Blondie.*
Puis le marchand de sable la trouve endormie, sa tête posée sur son bras replié. Sa main libre a rejoint celle d'Elliot.
Il botte son sac de sable en touche, le sickbay est silencieux à l'extrême, se tenant malgré tout prêt à intervenir à
n'importe quel moment délicat.
103-T’Kar
Depuis qu’elle savait Nera de retour à bord de l’Indépendance, une mélodie tournait en boucle dans la tête de T’Kar.
Et une voix qui criait sur un rythme entêtant : « Life will kill you !!! »
Une vieille rengaine, murmura la mi-vulcaine. Elle secoua la tête, essayant de retrouver un semblant de calme dans
ses pensées. En vain. Une partie d’elle, néanmoins, arrivait à analyser la situation avec distance mais n’offrait
vraiment rien d’agréable. Matolck avait mis T’Kar sur le banc de touche, elle savait qu’il voulait à tout prix protéger
son équipage et elle mais c’était dur à admettre, dur à vivre.
J’aurai du aller sur Tyrell, ma place était là-bas, pensa-t-elle amèrement.
T’Kar débarqua dans le sick bay. C’était un peu chaotique, des officiers s’activaient en tout sens, toutefois la vulcaine
repéra rapidement Nera.
Morak : ah... Maman.
Les cheveux encore en bataille, les yeux cernés et les joues creusées, Nera fit un sourire forçé. T’Kar eut un choc
lorsqu’elle vit les traits tirés de sa fille, elle la reconnaissait à peine.
Les deux femmes se serrèrent dans les bras durant quelques secondes. Gentiment, T’Kar repoussa Nera, incapable
de lui apporter le réconfort dont la jeune fille avait besoin. Nera n’en fut pas surpris ; c’était plutôt le contraire qui
l’aurait surpris.
T’Kar prit le visage de Nera entre ses mains et la scruta avec intensité. Nera n’eut pas de peine à comprendre ce que
pensait sa mère. Elle eut un mouvement de recul et fit une moue désapprobatrice.
Morak : ... Il nous a sauvé !
T'Kar : nous n'avons pas à avoir cette discussion, Nera.
T’Kar s’empressa d’ajouter avant que sa fille puisse faire la moindre objection :
T’Kar : S'il te plaît, nous parlerons de cela plus tard. Pour le moment, tu vas rester au sickbay, je veux que tu en
sortes quand tu seras complètement sur pieds.
Morak : Maman.
La petite mi-bajorane inspira profondément, détourna son regard de sa mère mais, dit, néanmoins, avec courage :
Morak : J'ai rien, bon sang, je veux retourner au travail. Ils ont besoin d'hommes. Spriggan est toujours là-bas et les
autres aussi...
T’Kar : Ta loyauté et ton dévouement sont admirables mais ils ne serviront personne quand tu sera morte.
Paroles dures.
Nera répliqua sur le même ton :
Morak : Je n’ai pas l’intention de mourir.
La vulcaine eut un rire ironique et haussa les épaules. Nera avait le même sens du devoir que son père mais elle était
aussi têtue que sa mère. Un mélange qui pouvait mener à un sort tragique…
Morak : Vela me fait confiance ! Tout le monde me fait confiance ici alors pourquoi pas toi ?
T’Kar ne répondit pas.
253/446
Morak : Je t’assure que là, j’ai besoin d’une réponse.
T’Kar : Tu es mon petit bébé, Nera. Comment pourrais-je te voir en officier de la sécurité ?
Morak : Pourtant, il va bien falloir.
La vulcaine déglutit avec difficulté. Dévouée, courageuse, volontaire… Sa fille se montrait si supérieure à elle et son
attitude égoïste et mesquine. T’Kar aurait voulu lui dire qu’elle était fière d’elle et qu’elle l’aimait tant. Elle voulait
rattraper le temps perdus et se racheter aux yeux de sa fille. Nera a déjà eu assez de misère comme ça, se dit T’Kar.
« Life will kill you… ! » Elle aurait du tuer A’Resh quand elle en avait eu la possibilité et montrait au Mal qu’elle était
toujours debout, toujours aussi combative. Mais qu’est-ce que la vengeance pouvait bien apporter en de tels
moments ? Brandir un bras vengeur et crier à une justice sanglante n’auraient pas apaisés les souffrances qu’avait pu
connaître Nera sur Tyrell, ça n’aurait rien effacé. T’Kar ne savait pas si elle avait agi par sagesse ou par résignation.
« Bon dieu, je me fais vieille ! Cette vie aura ma peau. »
Autour des deux femmes, les drames s’enchaînaient et l’équipage de l’Indépendance luttait toujours. Cependant,
T’Kar n’y pensait même plus. Il n’y avait que Nera. Et sa rédemption !
T’Kar : Laisse-les faire, tu as mérité un peu de repos.
La FO du Big poussa une main sur l’épaule de Nera Morak qui se laissa faire. Elle s’allongea sur le biobed et fixa le
plafond. Les évènements survenus sur Tyrell se bousculaient dans sa tête et elle savait que tout n’était pas terminé.
Les bruits sinistres de Paradise City résonnaient encore. Des cicatrices de plus pour la jeune Nera mais elles
n’étaient rien face aux plaies d’Aldane et d’Eliott. Elle se revit avec ses deux amis au mess hall, discutant,
insouciants, de sujets si futiles mais, pourtant, c’était ces moments là qui comptaient véritablement. Les instants de
sérénité qu’elle avait oubliés sur Tyrell et qui n’avaient pu percer l’horreur qu’ils avaient vécue.
Le visage grimaçant de DeVille dansa devant ses yeux.
Morak : * Dégage de là, toi ! Tu n’auras pas d’emprise sur nous ! Ca, je le jure !! *
Puis, Nera ferma les yeux et fit le vide dans son esprit. Les échos de la ville se turent, les chuchotements dans le
sickbay s’atténuèrent et s’envolèrent. Un silence s’abattit sur elle, chaud et réconfortant, presque douillet. La
présence de T’Kar demeura, malgré tout, et elle pouvait sentir la main de sa mère sur son bras comme un unique
pont vers l’extérieur. Un sentiment fort déferla sur elle, provenant de ce lien. Nera mit quelques secondes à le
reconnaître : l’amour maternel. La jeune femme se laissa envahir et eut l’impression de plonger dans un bain de lait
bouillonnant, ses plaies étaient soignées, son esprit était rassuré.
Nera s’enfonça doucement dans un état entre la conscience et le sommeil, la présence réconfortante de sa mère
s’était éloignée.
Elle rêve, saute d’un paysage déformé à l’autre et oublie, pour un moment, ses angoisses.
Lorsqu’elle revient à elle, le silence s’est fait dans le sickbay. Elle ouvrit les yeux et voit, penché au-dessus d’elle, la
mine mi-inquiète mi-sceptique de Fenras Vela.
Morak : Chef ?
104-Lenassy
Pendant un court instant encore l'équipage de l'Indépendance, au moins celui qui était au sickbay, goûtait au silence
et à un repos bien mérité. Aldane dormait toujours et le temps s'égrenait, imperturbable de tant d'émotions. Il était là
pour prendre en compte chaque instant passé ou à venir, leur donnant une cohérence parfois effrayante. Le passé
rejoint l'avenir et l'avenir est le passé. Son sommeil était un peu agité, pas comme sous un cauchemar mais bien
réparateur, gommant ou tout au moins altérant les événements les plus durs pour ne faire d'eux que des souvenirs,
ou tout au moins essayer. Ses doigts se crispent sur la main d'Elliot, se glissant contre la paume.
L'enseigne Lapointe a fini par s'endormir et Laurana a déposé sur ses épaules une couverture isolante. Il fait à cet
instant, plus penser à un enfant qu'au professionnel qu'il a montré durant toute sa période de veille.
Mark IV est toujours activé et remplit des rapports clairs, précis et froids, répertoriant les blessures et les bosses, une
à une, impassible à leur signification. Marie-Catherine lève parfois les yeux de son travail, surveillant par instant les
biobeds occupés. Outre Elliot qui est la vedette incontestée du sickbay, et aura droit à un méga rapport des réactions
de son corps à ses blessures, il y a là le chef de la sécurité qui, penché au-dessus de Nera semble guetter son
souffle. L'enseigne Lenassy qui pense n'avoir pas été vue et qui s'est mise en situation d'être découverte à tout
instant. Un prisonnier qui suit un lent processus de régénération et qui n'a toujours pas repris connaissance. L'homme
est robuste et probablement sa constitution est à l'origine de sa survie. Une artère a été touchée, ainsi que l'arrière de
son genou. En somme des blessures faciles à localiser ce qui était le seul avantage, les coupures étant nettes. De
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temps en temps un officier de la sécurité vient faire un tour, vérifiant que tout va bien. Il fait un signe de tête à MarieCatherine qui le lui rend en souriant puis elle retourne à son travail et à ses réflexions.
Il y a deux sujets de préoccupations qui tarabustent l'infirmière, tout d'abord l'absence de Cynthia. Elle a plutôt hâte
que son amie soit de retour et surtout, elle aimerait assez qu'elle lui dise si elle était vraiment son amie. Pourquoi ne
lui avait-elle rien dit ? Pourquoi avait-elle quitté le vaisseau comme ça, sans avertissement aucun ? Cynthia la
considérait-elle vraiment comme une amie ? Un petit pincement de coeur, puis, elle revoit la Cynthia des derniers
jours. Il était évident qu'elle était perturbée par quelque chose et cette nouvelle stagiaire qui avait eu un poste
d'infirmière, comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, Ste-Croix. Elle avait dit quelque chose au sujet de Cynthia qui
l'avait intriguée assez pour qu'elle se souvienne de l'instant, mais la signification lui échappée. La nouvelle infirmière
avait semblé satisfaite et sa première journée en tant que telle avait plutôt été satisfaisante. Marie-Catherine avait
trouvé que la jeune femme avait montré un talent particulier et ne s'était pas plainte du rythme trépidant, influencé par
cette mission sur Tyrell.
Et puis le second était l'arrivée annoncée de Jan. Elle ne savait même plus comment prendre cette nouvelle. Aldane
avait été diturambique concernant Von Ewig, se doutait-elle seulement de qui il était ? De ce qu'il était ?
Probablement pas. Elle était anxieuse, ça oui. Allait-elle le recontrer ? Voulait-elle le rencontrer ? Qu'arriverait-il et
qu'allait-elle faire... et lui ? Elle se mord la lèvre.
Pour l'heure elle doit se concentrer sur les padds et différents papiers qu'elle tentait de classer et de répertorier. Le
Docteur Ivafaire n'était plus et il ne viendrait plus s'occuper de ces documents. Elle avait donc pris son courage à
deux mains, avait pris un container suffisant pour tout transporter, débarrassant le bureau pour Lapointe qui s'y était
avachi et soufflait doucement sur la surface lisse, y laissant des traces par l'accumulation de buée. Il y avait là
l'empreinte de plusieurs doigts et l'on pouvait, sans mentir, dire qu'Ivafaire avait laissé là ses dernières traces.
Le corps du docteur avait été stocké pour le moment en chambre froide. Très probablement une autopsie en règle
serait demandée. Pour le moment l'absence d'officiers à bord retenait toutes les attentions et cette tache serait
dévolue pour plus tard.
Elle lit machinalement les entêtes des documents, les classant, regardant ceux à traiter avant de tomber quasiment
en arrêt sur la demande de Cynthia. Elle reste un instant la bouche ouverte de stupéfaction. Comment ça elle veut
quitter son poste ? Qu’est-ce que c'était que cette affaire là encore !!
Le sang de Marie-Catherine ne fait qu'un tour. Entre l'inquiétude réelle et la colère, elle relit les mots placés
incongrument dans le courrier. C'était tout simplement impossible. Qu'est-ce que Cynthia avait dans la tête ? Quel est
le crétin qui croirait un instant que c'était vraiment ça qu'elle voulait ? Ca n'avait vraiment aucun sens, aucun sens.
Mue, par elle ne sait quel réflexe, elle subtilise le padd portant la nouvelle, notant toutefois qu'il date d'avant leur
arrivée sur Lys5 et donc leur départ. Etait-ce pour cela qu'elle était partie ? Toute cette histoire demandait explication.
Il allait vraiment falloir qu'elle rencontre Denis Roy. Rongeant son frein, elle se lève du bureau et fait un signe vers
Ste-Croix qui a remplacé Laurana.
CHATEAUBRIAND : vous pouvez me remplacer un instant, je vais me rafraîchir.
STE-CROIX : bien sûr.
La jeune femme rosit de plaisir. Elle aime son travail et sait la chance absolue qu'elle a. Elle allait montrer à tous son
extrême compétence. Elle part s'installer au bureau de l'accueil, tourne un instant sur sa chaise puis se met à
observer autour d'elle.
Marie-Catherine s'absente le temps de ranger le padd dans son casier. Elle l'emporterait plus tard dans ses quartiers
et dès que Cynthia serait de retour, elle attendrait le bon moment pour l'interroger. Elle avait pensé jusqu'à
maintenant que tout ceci n'était qu'un projet et non une vérité qui allait se répandre au sickbay. D'ailleurs le Docteur
Ivafaire avait dû penser la même chose, puisqu'il ne l'avait pas validé.
Le sickbay retourne à son silence à peine effleuré par le ronronnement des machines.
Dans la coursive, deux officiers de la sécurité se relaient en permanence. Ils font leur travail avec un grand sérieux,
leur chef se trouvant au sickbay, il pourrait être dommageable de montrer la moindre faiblesse.
Les couloirs semblent déserts et peu de monde est parti se détendre. L'extrême tension qui règne à bord ne laisse
guère aux corps et aux esprits le loisir de le faire.
Pierre nettoie son comptoir, presque machinalement, dans l'attente de nouvelles. Le capitaine n'est pas rentré ! Un
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officier est mort et d'autres blessés. Il y avait eu de meilleurs moments sur l'Indépendance. Il a les lèvres serrées,
incapable qu'il est de récupérer son sourire, tout autant commercial que sincère et chaleureux.
Quelques officiers avaient défilé au NoName, la plupart étaient restés silencieux, mangeant ou buvant en ruminant
leurs pensées. Imelda n'avait pu s'empêcher de raconter ce qu'elle avait vu au sickbay. Il avait écouté avec attention.
Déjà des blessés étaient arrivés et le docteur Ivafaire bien sûr. Son nom était sur toutes les lèvres. Il n'avait pas prêté
une attention particulière aux rumeurs qu'elle avait rajoutées, incapable de se satisfaire d'une simple information.
Puis il avait vu passer Cassandra. Elle l'avait salué, lui souriant comme à son habitude, mais il avait bien vu qu'elle
aussi était inquiète. Son frère l'avait rejointe et ils avaient discuté à voix basse, comme pour ne pas déranger
l'atmosphère de morosité qui s'était installé. Et ça, ça n'était pas dans leurs habitudes. La flamboyance de l'un et de
l'autre était connue comme le loup blanc. Puis un enseigne qu'il ne connaissait pas encore s'était assis au comptoir et
s'était gentiment présenté. Il semblait soucieux et jetait de temps à autre des coups d'oeil vers la table de Talvin et
Cassandra.
"Je suis Pierre, qu'est-ce que je pourrais vous servir qui vous fasse plaisir officier ?"
SUDRONE : Enseigne Sudrone, je viens d'être affecté comme conseiller à bord.
GAY : bienvenue à bord. Les circonstances ne sont pas trop à la fête dans ces heures graves, mais vous verrez
qu'en dehors de ces moments la vie à bord est agréable.
Maximilien lui sourit espérant simplement rencontrer le personnel de bord. Peut-être pourrait-il faire un tour au
sickbay. Peut-être devrait-il en parler au commandeur Visao ? Ou alors il pouvait déjà prendre l'ampleur du bâtiment
et de ses occupants. C'était sans doute à lui de se construire dans ce nouvel univers. Il sirote machinalement la
boisson qui lui a été servie, pas certain de ce que cela pouvait bien être.
SAX : il est intolérable qu'on me laisse dans l'ignorance ! C’est tout de même mon époux !
VISAO : Cassy, calmes-toi. Tu sais bien que tout le monde est débordé et ça n'est pas du tout un signe d'un
quelconque irrespect, et tu le sais bien. Jouer l'épouse inquiète ne te va pas du tout.
Il sourit à sa soeur, mais il est aussi inquiet. Plusieurs équipes ont été rapatriées à bord et nulle part il n'a été question
de Matolck.
SAX *faisant la moue* : je ne joue pas, je suis inquiète.
VISAO : mais oui, je le sais bien. Ca ne t'a pourtant pas empêché de te faire belle, avec un peu de tragique dans ta
tenue évidemment.
SAX : quoi tu n'aimes pas le mauve ?
VISAO : c'est sombre et ça ne te va pas du tout.
Cassandra soupir. Physiquement, elle semble pimpante et fraîche, mais intérieurement elle est au bord du désastre.
Elle n'a jamais été aussi inquiète et elle se prépare à aller demander des comptes à cette T'Kar. Non seulement elle
lui enlève Matolck presque toute la journée, mais maintenant en plus, elle l'envoyait loin d'elle et à faire des choses
dangereuses pour sa santé c'était certain, il était tellement joueur. Intolérable, proprement et définitivement
intolérable, elle allait entendre parler d'elle, ça, elle pouvait l'assurer à n'importe quelle personne croisant son regard
électrique à l'instant.
SAX *faisant un sourire artificiel* : ce n'est pas grave, c'est de circonstances. Et toi tu ne sais rien ?
VISAO : non, je n'en sais pas plus. Si j'en savais plus, tu serais au courant, je te l'assure.
Le NoName est quasiment désert, tout le monde est à son poste ou en phase de repos. Pierre tient sur les nerfs et
est resté ouvert plus longtemps, dans l'espoir que quelqu'un vienne lui dire que tout était terminé dans les meilleurs
termes.
Frisssk passe dans la coursive, il lui faut relever l'officier de quart sur la passerelle, le boss n'était pas encore en état.
Il emprunte le turbolift qui l'amène sur la passerelle.
T'KAR : alors vous les avez ?!
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"Non, toujours rien."
T'KAR : c'est n'importe quoi, il faut à tout prix que nous les joignons. Des nouvelles de la navette ?
NAÏMA : pas encore, mais ils ont quitté la zone de combat. Il y a eu plusieurs explosions.
T'KAR : bon sang... mais, la navette, elle va bien ?
Quel désastre ! La première officière de l'USS Indépendance était en train de gérer une crise assez importante pour
lui faire oublier un instant ses inquiétudes et sa joie de retrouver Nera saine et sauve. Elle avait tarabusté et même
menacé le docteur Lapointe jusqu'à ce qu'elle puisse voir elle-même les résultats de santé de Nera. Il les lui avait
tendus, outré qu'il était du comportement de cette femme. Il était certain qu'il avait de quoi se plaindre, et c'est ce qu'il
ferait dès qu'il le pourrait. Si seulement quelqu'un, n'importe qui, avait pu le relever !
T'Kar avait oublié l'incident qui n'était pour elle qu'une extension de son inquiétude légitime.
NAÏMA : l'orage s'éloigne Commandeur, nous aurons plus de chance après.
T'KAR : combien de temps avons-nous à attendre ?
NAÏMA : je dirais que ce sera dégagé d'ici ving minutes et nous devrions pouvoir avoir de nouvelles communications
d'ici demi-heure, le temps que le parasitage se disperse.
T'KAR : bien, restez à l'écoute des deux équipes...
Elle s'assied dans le fauteuil du capitaine, se crispant légèrement et tapote l'accoudoir de ses doigts fins.
Frisssk prend place, remplaçant son collègue qui quitte la passerelle.
T'KAR : Monsieur Frisssk, le commandeur Vela n'est pas de retour ?
FRISSSK : il est au sickbay Madame.
T'KAR : ah... oui.
Même si elle appréciait le calme du caïtan, la désertion des officiers habituels à leurs postes sur la passerelle la
perturbait. Même l'andorien aurait mieux valu, au moins elle aurait pu... Elle aurait pu quoi au juste ? Maintenant
qu'elle était rassurée concernant le sort de Nera. Il fallait attendre pour avoir des nouvelles de Karl, de Jason... et de
tous les autres.
NAÏMA : communication en provenance de la navette Commandeur !
T'KAR : passez-là Miss Naïma.
ROY *com* : ... nous retournons au centre pour récupérer l'équipe alpha et nous...
La communication, plutôt brouillée, s'interrompt.
T'KAR : Miss Naïma, on entend plus rien !!
NAÏMA : ça je le sais commandeur. Nous ne pouvons qu'attendre.
T'Kar regrettait presque de ne pouvoir se défouler...
105-Spriggan
La première chose qu'il regarda en s'éveillant fut la main d'Aldane lovée dans la sienne. Il leva un peu la tête avec
difficulté et ses yeux parcoururent le bras jusqu'à l'épaule de la jeune femme. Parvenu à se mettre en appui sur un
coude, non sans échapper un grognement, il observa avec enchantement la jolie tête blonde posée près de lui sur
son lit. C'était sûrement la plus belle chose qu'il ait vue de sa vie! Ce visage au repos, presque serein. Ces
paupières prolongées de cils magnifiques, pour le moment immobiles, indiquant l'absence de rêve. Cette bouche
invitante… Spriggan se pencha lentement et mit le visage dans les cheveux d'Aldane pour en respirer l'odeur unique;
le parfum du bonheur.
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Il avait tant rêvé de ce moment qu'il en était encore à douter de sa réalité. Comme pour s'en convaincre, il glissa sa
main libre dans la longue chevelure blonde, se pencha encore un peu et déposa un baiser sur la bouche de la jeune
femme avec la délicatesse d'un papillon se posant sur la corolle d'une fleur. Mais il n'en fallait pas davantage à
Lenassy, à l'affût du réveil d'Elliot depuis plusieurs très longues heures, pour ouvrir les yeux et s'animer d'un sourire
éperdu.
— C'est réel, souffla-t-il émerveillé.
— Spriggan, enfin ! J'ai cru que tu ne reviendrais plus, je t'interdis de recommencer!
— Recommencer quoi? Mourir?
Il avait posé la question avec ce sourire en coin qu'elle ne lui avait pas vu depuis ce qui lui paraissait une éternité.
— Ça, oui! fit-elle, emportée et le plus sérieusement du monde. Mourir et puis m'abandonner, et puis te faire tirer
dessus, et puis te faire charcuter et pas te réveiller! Je t'interdis de ne plus te réveiller, tu m'entends?
Elliot leva les sourcils en souriant. Comme il avait eu faim de ce côté naïf si adorable!
— D'accord, je te promets de ne plus faire tout ça. On se lasse assez vite de toute façon, tu sais.
Elle se redresse, le regardant longuement comme pour imprimer dans sa mémoire ses traits moins douloureux. Puis
elle dit, doucement et lentement:
— C'est miraculeux, tu sais... C'est Jan qui a fait quelque chose, je ne sais pas quoi, ce Von Ewig. Tu serais mort
sinon. On a tous eu peur.
— Il faudra que tu me racontes tout ça. Côté mémoire, tu sais, j'ai été plutôt rudoyé dans les deniers jours. J'ai
l'impression d'émerger d'un rêve tordu. Sauf que j'ai mal partout.
Comme pour prouver cette affirmation, il finit de s'asseoir pour de bon sur le bord du lit aidé par la jeune fille qui ne
sait pas trop où poser ses mains de peur de lui faire encore plus mal. Il ne parvint pas à réaliser cet exploit sans
quelques grimaces qu'Aldane imite vaguement sans s'en rendre compte, par empathie.
Il est assis au bord du biobed, les jambes dans le vide, légèrement écartées. Elle est debout entre ses genoux.
Leurs visages sont pratiquement à la même hauteur.
— Comment vas-tu? Lui demande-t-il avec inquiétude en la détaillant avec minutie.
Elle le regarde, toujours inquiète, puis un sourire se forme sur ses lèvres, lui éclairant le visage.
— Bien maintenant, très bien.
Elle pousse un soupir de soulagement, ne pouvant s'en empêcher et tend la main pour, du bout du doigt, tracer le
contour des lèvres d'Elliot.
Spriggan saisi délicatement la main d'Aldane et embrasse sa paume puis son poignet. N'y tenant plus, il la saisit et la
colle à lui pour lui dévorer la bouche.
— Dites, vous lui faites le bouche à bouche? demande le Dr Lapointe qui vient de sortir de son bureau encore
ensommeillé. On ne m'avait pourtant pas prévenu que son état s'était détérioré!
Rouge de gêne, Aldane cache son doux visage dans le cou de Spriggan qui lui caresse les cheveux.
— On dirait que ça va mieux, constata le médecin en jetant un coup d'œil aux relevés des sensors.
— La pleine… hgn! [grimace de douleur] … forme, doc! Je suis prêt à quitter votre morgue!
— Ça, ça m'étonnerait!
— Je suis sérieux, docteur. Je m'en vais chez moi. Tirez-moi dessus si vous voulez me retenir.
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— Dites, vous trouvez peut-être que ça ne suffit pas pour l'instant?
— Je… je vais veiller sur lui, dit Lenassy, le regard implorant.
Lapointe les regarde, la tête légèrement inclinée sur le côté. Il observe encore ses lectures puis déclare:
— Je vous mets en congé pour quelques jours. Votre département sera averti. Aucun effort, aucun exercice, vous
ne soulevez pas de poids, rien!
Puis Lapointe ajoute, en brandissant un padd sous le nez de Lenassy, d'un air menaçant:
— Vous avez compris, hein? Aucun effort! Vous fêterez vos retrouvailles plus tard!
La zaldane est en train de fondre de gêne. Elle qui n'avait pas la moindre arrière-pensée à ce sujet!
— Et puis faudra revenir me voir d'ici un jour ou deux! Avertit le doc Lapointe en se tournant à nouveau vers Elliot.
J'effacerai les trois cicatrices dans votre dos. Les points d'impact.
Spriggan regarde le médecin, songeur, puis il regarde Aldane, puis le médecin encore.
— Inutile. Je garde ces marques. Elles sont trop significatives pour moi.
— Libre à vous, répliqua Lapointe en haussant les épaules. Il ne sera pas trop tard si vous changez d'idée plus tard.
Spriggan se laisse glisser au bas du biobed avec difficulté. Aldane le supporte de son mieux. Heureusement, la
jeune femme est athlétique et douée d'une énergie qu'on ne soupçonne pas à première vue.
— Le lit! Fait encore Lapointe en haussant le ton. Vous devez garder le lit!
Lapointe montre l'abdomen de Spriggan d'un index accusateur.
— C'est la pagaille là-dedans! Donnez-vous le temps de cicatriser.
Aldane assoit Elliot dans un fauteuil anti-grav (ben oui, l'équivalent des chaises roulantes) et le pousse vers la sortie.
— Une infirmière vous apportera les médicaments que vous devez prendre, Spriggan!
— Et mes vêtements, doc. Ne jetez rien, je garde tout.
Elliot pencha la tête vers l'arrière et s'adressa à Aldane:
— À la maison, Alfred!
Elle se penche et souffle juste à son oreille:
— Tu as de la chance d'être handicapé!
=/\=
— Le docteur a dit de te mettre au lit! Fait Aldane, insistante.
Ils sont arrivés dans les quartiers du sous-lieutenant qui s'est extrait avec difficulté de sa chaise et fouille dans ses
tiroirs d'où il sort un uniforme propre.
— Le docteur n'est pas là! répondit le jeune homme en se tournant vers son amie.
— Je peux très bien t'administrer un sédatif! Rétorqua Aldane en souriant, tout en brandissant son poing fermé sous
le nez d'Elliot.
Spriggan place un bisou sur les phalanges repliées puis vacille et tombe assis sur son lit, le visage défait. Des
gouttes de sueurs perlent à son front.
Lenassy en profite pour rabattre les draps et allonger l'officier sur sa couche.
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— Ça t'apprendra à ne pas écouter la scientifique! Fait-elle, inquiète sans vouloir le laisser paraître.
Spriggan prend une longue inspiration et regarde le plafond. Aldane revient de la salle d'eau avec un linge humide
qu'elle étend sur son front.
— Aldane…
— Oui?
— Là bas… sur la table… la petite boîte.
Lenassy va chercher un petit coffre ouvragé. Il est doré, avec tout plein de fioritures et un écusson d'étain sur le
dessus du couvercle, sur fond de velours rouge. Un petit bonzaï est gravé dans l'écusson. Elle s'assoit sur le rebord
du lit d'Elliot et lui tend le coffret. Il fait un vague signe de la main, indiquant de retourner l'objet.
— La clé, en-dessous… la remonter.
La zaldane obtempère, docile. Puis elle pose la boite sur l'oreiller à côté de Spriggan et soulève le couvercle.
L'intérieur de velours rouge contient un petit arbre d'étain lui aussi qui tourne lentement au son d'une musique
mécanique.
[Ici vous pouvez lancer le fichier téléchargé]
Les traits de Spriggan s'apaisent mais Aldane voit qu'il lutte encore contre le sommeil.
— Tu es sûre que ça va bien? Redemande-t-il. Tu n'as pas été blessée dans tout ce cauchemar? Les balles n'ont
pas traversé mon corps?
Aldane réfléchit un long moment, puis finit par répondre tout en passant le linge humide sur les tempes d'Elliot.
— Rien de grave. Sinon je serais allongée à ta place et je n'ai pas été touchée par les balles, non.
Spriggan caresse la longue chevelure dont il sent qu'il ne se lassera jamais. Il l'écarte doucement du visage de la
jeune femme en faisant glisser ses doigts écartés au travers puis soudain ses yeux se plissent et une ride d'anxiété
se forme sur son front.
— Et ces marques sur ton cou… qu'est-ce que c'est ?
Elle lève la main vers sa gorge repoussant doucement les doigts d'Elliot.
— Ce n'est pas grave, ça ne fait pas mal, c'était sur le vaisseau, nous nous sommes battues.
Spriggan se perd dans les yeux d'Aldane. Il est tellement fier d'elle! De sa force, de son énergie, de sa vitalité, de sa
beauté.
Dire qu'il est passé si proche de la perdre pour de bon! C'est son cadavre qu'on aurait ramené à bord de
l'Indépendance à côté de celui d'Ivafaire! Spriggan n'est pas croyant mais en ce moment, il aimerait tellement avoir
une entité quelconque à laquelle témoigner de sa gratitude!
Les yeux du jeune homme se ferment. Il ne veut pas resombrer dans l'inconscience mais sent que son corps
réclame du repos. Toutes ses énergies doivent être canalisées sur ses organes blessés.
Ses dernières paroles sont plus un murmure qu'autre chose:
— Merci d'être en vie, enseigne Lenassy.
106-Von Ewig
- Vous!
Vance s’était retourné rapidement, saisissant au passage un long instrument métallique, dans le but avoué de se
défendre. Il était en sueur. Rien n’avait fonctionné comme prévu. Rien! Et c’était encore une fois la faute des satanés
officiers de Starfleet. Il allait leur faire payer. Oh oui! Il ne travaillerait plus pour le compte d’un autre. Non. Maintenant,
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il mettrait toute son intelligence démoniaque à annihiler cette racaille en uniforme. Tout particulièrement celle de
l’USS Indépendance et de son capitaine. Qui était d’ailleurs devant lui.
- Bonsoir Capitaine, dit le nain avec une voix fielleuse. Vous arrivez un peu trop tard. Ce que vous cherchez n’est plus
ici.
- Où est-il? Où sont mes hommes?
- Évadés, bien entendu. Si vous aviez la moindre idée de ce qu’est Jan Von Ewig, vous auriez attendu sagement
dans votre navire qu’il s’en sorte seul, avec les autres. Mais non : pauvre papa Matolck qui s’inquiète pour ses petits
officiers. Il fallait ab-so-lu-ment qu’il fasse preuve d’une responsabilité hors pair. En fait, vous vous êtes mis les pieds
dans les plats. Si j’étais vous, je quitterais cet endroit immédiatement. DeVille ne fera qu’une bouchée de vous et
votre misérable clique!
Matolck avait senti son visage se crisper de rage au fur et à mesure que le nabot lui faisait une morale de mauvais
goût. Il était clair que Vance ne mentait pas : il dégageait trop de colère et de frustration devant ce nouvel échec. Le
capitaine ne pouvait qu’espérer qu’une autre des équipes au sol les avait trouvés sains et saufs.
- Merci pour l’information, répondit Matolck avec le plus de self-control dont il pouvait s’habiter. Ça nous évitera de
tourner en rond plus longtemps dans cet édifice.
- Alors dégagez! J’ai des choses à finir!
- Oh non! reprit Matolck. Vous avez déjà fait trop de mal, on ne vous laissera rien finir du tout. Horton, Malcolm,
saisissez-vous de lui!
Vance resta un instant surpris, mais afficha vite un sourire espiègle sur son visage fou. Au moment où son corps
s’effaçait sous leurs yeux, Matolck reconnaissait – trop tard – le vêtement strié de noir et de jaune que Vela lui avait
décrite comme une combinaison occulte.
- Restez devant la porte, dit Zee. C’est la seule issue. Il devra nous passer entre les jambes s’il veut sortir d’ici.
Alors que Horton, Cole et Malcolm circulaient entre les différents appareils du laboratoire, les deux capitaines alliés
bloquaient la porte et scrutaient le vide dans l’espoir d’y déceler quelque chose.
- Là! Dans le labo!
Des hommes avec de gros calibres couraient dans le corridor. Deux tirs déchiquetèrent le haut de la porte. Matolck et
Zee avaient juste eu le temps d’entrer à l’intérieur, mais répondaient déjà avec des tirs de phaseur répétés.
- Ça, c’est votre incartade avec le gâteau tout à l’heure, lança Zee, visiblement agacée.
Matolck haussa les épaules et visa un garde qui s’écroula aussitôt. Vivement que cette histoire de gâteau ne fasse
pas le tour de l’Indépendance!
À l’intérieur de la pièce, le trio d’hommes revint vers la porte afin d’aider au blocus. À quelques pas de l’ouverture
ébréchée, Horton poussa un cri de rage et de douleur. Malcolm fit volte-face et vit l’officier de la sécurité s’effondrer
dans une marre de sang.
- La petite merde, siffla l’officier médical entre ses dents tout en sortant son tricorder.
Muscles et tendons coupés à la hauteur de la cuisse, infection virale inconnue, chute de pression.
- Et merde! Capitaine, on a un blessé!
Tandis que Matolck tournait la tête pour regarder derrière lui, une fantastique secousse ébranla tout l’étage. Les
éclairages clignotèrent, les murs se lézardèrent. Des alarmes stridulantes se firent entendre en un concert inégal,
fluctuant à mesure que le courant électrique se faisait disparate. Les gardes lancèrent encore deux ou trois salves,
puis s’enfuirent sans demander leur reste alors que suite à la secousse, l’immeuble tressautait d’un tremblement
violent.
- Il faut évacuer, cria Matolck. Tant pis pour Vance. On se replie vers l’ascenseur.
Cahin-caha, louvoyant entre les débris qui s’effondraient, cherchant constamment leur équilibre, le groupe arriva à la
cage de l’élévateur, restée ouverte comme la bouche d’un quelconque monstre.
- Allez-y d’abord, dit Mat’ à l’adresse de Zee.
- Je suis désolé, capitaine, mais nos routes se séparent ici, répondit-elle.
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- Que voulez-vous dire? demanda-t-il, interloqué. Où voulez-vous aller? Vous voyez bien que ce bâtiment va
s’effondrer!
- Je le sais. Seulement rappelez-vous : nous nous aidions mutuellement, mais nos objectifs étaient différents. Le vôtre
n’est plus ici. Le mien, oui. Bonne chance!
Aussitôt dit, elle et Cole partirent dans la direction opposée à celle du laboratoire.
- Attendez, cria-t-il avec une rage dont il identifiait mal la source. Un appel derrière l’empêcha de partir au pas de
course derrière la femme.
- Capitaine! On ne peut repasser par ici. Horton s’est évanoui.
Peste. Et lui qui avait voulu quitter son poste de commande pour un peu d’action. Il était servi. Il activa son badge.
- Matolck à l’Indépendance.
Il supposa plus qu’il n’entendit le grincement des parasites, couvert par le vrombissement ambiant et il se dit que
T’Kar ferait sûrement un excellent capitaine…
***
Quand la navette arriva près de la Tour Hellsing, le paysage qui s’offrit aux officiers aux commandes était sidérant.
L’énorme aiguille composée de divers matériaux s’écartelait à sa pointe, éclosant comme une étrange fleur aux
pétales angulaires dans le ciel noir et pluvieux de Tyrell.
- Mais c’est quoi ce délire! Éructa Harker.
- Je n’en ai pas la moindre idée mon vieux, répondit rapidement Davis, mais nous avons à nouveau de la compagnie.
- On reçoit une communication. Je te la transmets sur écran, dit Harker à Kabal.
- *Ici le sergent Billings des Défenseurs de l’ordre de Tyrell. Veuillez vous identifier.*
- Je suis le lieutenant Kabal, officier de sécurité à bord du USS Indépendance de la Fédération. Nous sommes en
mission de sauvetage et…
- *De la sécurité? Excellent! Je n’aurai pas besoin de vous faire un dessin. Dégagez immédiatement du périmètre et
sauvez vos fesses.*
- Je suis désolé, sergent, mais nous avons des hommes à nous dans ce bâtiment et il est vital que nous les
récupérions. Terminé.
Billings frappa avec violence sur le tableau de bord du NX-24. Putain de fédération qui faisait toujours à sa tête.
Encore heureux que le vaisseau qu’il savait en orbite depuis plus de 48 heures ne se soit pas posé. Si tel avait été le
cas, les feux à éteindre dans la ville se seraient multipliés à une vitesse phénoménale et la famélique force policière
de Tyrell aurait connu des heures encore plus sombres.
- Est-ce que l’évacuation du quartier est terminée, demanda-t-il au co-pilote.
- Négatif. Je n’ai toujours pas de mise à jour.
Et il n’en aurait pas. Dans un fracas de tous les diables, un vaisseau s’éjecta de la tour, se propulsant dans l’espace.
L’onde de choc de ce décollage inattendu finit d’ouvrir la fleur. Billings manoeuvra son NX loin de la tour, luttant
contre les vibrations alors que la seconde navette de sécurité était réduite en miettes par l’un des pétales qui se
rabattait sur l’immeuble.
Pendant ce temps, Davis faisait des efforts surhumains pour rester stable tout en s’approchant de la tour et évitant les
décombres.
- Harker, peux-tu les localiser? demanda Kabal.
Il espérait pouvoir téléporter l’équipe et quitter au plus vite cette planète. Ça lui paraissait la solution la plus rapide et
la plus simple, maintenant que l’orage s’apaisait. Il souhaitait que cela fonctionne. Sinon, il ne savait pas trop
comment ils allaient s’y prendre dans les circonstances.
- Je n’y arrive pas, il y a trop d’interférences.
Voilà. Maintenant, trouvez autre chose. Et vite.
Une main se posa sur son épaule. Il détourna la tête pour se perdre dans le néant du regard de Von Ewig. Kabal se
roidit.
- Je peux vous aider.
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L’instant paru une éternité. Les retrouvailles de deux amis qui n’en étaient plus. Kabal était coincé entre confier à un
malade le sauvetage de son capitaine et l’orgueil de vouloir trouver la solution soi-même. Von Ewig pour sa part était
fatigué. Il ne voulait que dormir. Longtemps. Mais un drame se jouait sous ses yeux et pour une rare fois, on ne lui
demandait pas son aide, on ne lui donnait pas un ordre. Il choisissait lui-même.
- D’accord. Mais que peux-tu faire? demanda Kabal, mélangeant à la fois la détresse et l’ironie. Jan passa outre.
- Je vais vous donner le calme dont vous avez besoin pour les localiser et les téléporter. Demande à Davis de
s’approcher le plus possible de la tour.
Davis avait entendu et poussa au maximum le runabout dans la tourmente, jusqu’à ce que ce dernier ne soit qu’à un
mètre de l’enciente. Alors Jan ferma les yeux, pris de profonde respiration, réaligna chakras et kattas, et déploya ses
dernières forces vers le bâtiment.
Tout stoppa net. Les débris en suspension, les pans de mur gelés sur place, les étincelles et feux éteints sur le coup.
Le silence, qui accompagna cet arrêt artificiel de l’espace environnant, saisit les occupants du runabout. Davis réalisa
que le contrôle de la navette lui échappait alors que Kabal observait, circonspect, Von Ewig perdu en lui-même.
- Je les ai! s’écria Harker, soulagé, mais il fronça aussitôt les sourcils. Je n’ai que leur signal, je ne peux pas les
téléporter!
Kabal allait lui dire de tenter le coup à nouveau, mais Jan le devança, avec une voix caverneuse et vibrante :
- Je m’en occupe.
En haute atmosphère, des vents violents soufflèrent soudainement et poussèrent les restants de l’orage magnétique
au loin. Naïma expliquerait plus tard en réunion qu’elle n’avait jamais vu un phénomène climatique aussi soudain.
Dans cette même fraction de seconde, trois autres choses se produisirent. D’abord, Harker téléporta à bord Matolck,
Malcom et Horton évanoui, ainsi que Cole avec dans les bras une Zee vachement amochée. Ensuite, dans les PCDs
de Jan Von Ewig, un système de régulation s’activa : le contrôle des zéphyrs en atmosphère avait emmené
l’humanoïde vers un palier supérieur de sa violente télékynésie. L’effet fut immédiat et il s’écroula, inconscient, avec
un petit cri dû au choc électrique. Enfin, Von Ewig ne contenant plus rien, le chaos extérieur reprit avec une férocité
redoublée.
- Dégage, Davis! Cria Kabal.
Et la navette s’envola avec vélocité, laissant Tyrell en proie à un nouveau chapitre de sa désolation.
107-Lenassy
Elle le regarde longuement, guettant sa respiration pendant un temps qu'elle ne compte pas. C'est lorsqu'elle est
finalement rassurée qu'elle se lève du siège dans lequel elle aurait bien somnolé. Il lui faut faire deux choses.
Récupérer un combadge et aller au laboratoire, non, trois, les médicaments, elle ne les a pas pris quand ils avaient
quitté le sickbay. Pour le laboratoire, elle avait un peu peur d'avoir failli à son devoir, peut-être y avait-on besoin d'aide
et surtout Blondie devait en avoir plus qu'assez d'attendre. Elle se souvenait vaguement que le dernier quart qu'elle
aurait dû prendre avait été mal négocié. Puis, il y avait eu le départ pour la navette carcérale. C'est ce qui avait
déclenché toute cette histoire.
Elle fait réduire la lumière au maximum, laissant une veilleuse à l'entrée puis se tourne une dernière fois pour
regarder attentivement la forme allongée qu'elle a un peu bordée. Respire-t-il encore ?
Elle a un geste d'agacement. Qu'est-ce qui lui prenait ? Bien sûr qu'il respirait, sinon le médecin ne l'aurait pas laissé
repartir. Elle passe le bout de son index sur ses lèvres, goûtant un instant au baiser auquel elle a eu droit.
Etait-ce là la réponse d'Elliot à sa question ? Elle sourit, plutôt ravie, après avoir déterminé que ce devait être une
évidence qui ne la frappait que maintenant. Il faudrait qu'elle en parle à Nera.
Ce qu'elle aimerait la croiser. Elle est sans doute allée directement au travail, ce qui ne l'étonnait pas vraiment. Elle
se sentait brusquement honteuse d'avoir levé le pied et s'être réfugiée au sickbay, comme elle l'avait fait. Elle n'avait
fait qu'enfouir plus loin cet épisode qu'elle allait oublier. Ce serait si facile à bord... Il fallait qu'elle parle à Nera.
Elle finit par se décider à quitter les quartiers d'Elliot et laisse le panneau d'entrée à regret derrière elle. Au moins, il
était à l'abri.
"Comment va-t-il ?"
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"Oui, comment va-t-il ?"
"Pourquoi elle est entrée, elle ?"
Aldane se recule, dos à la paroi, regardant quatre officières dont elle ne comprend trop la présence en ces lieux, ni
les questions qu'elles posent d'ailleurs.
LENASSY : vous parlez de Monsieur Spriggan ?
"Bien évidemment et vous êtes qui vous ? Enseigne..."
LENASSY : et bien je suis l'enseigne Lenassy et euh... il vaut mieux que vous vous dispersiez. Vous reviendrez le
voir quand il sera sur pieds, ça n'est pas le cas pour le moment et ce serait contre l'avis médical que d'outrepasser
ses ordres de repos total.
"Il a été gravement blessé ?"
LENASSY : et bien, je ne suis pas en mesure de vous répondre. S'il veut le faire plus tard, il le fera. Et... je dois
retourner au travail. Mais il va bien.
Elle fait quelques pas, essayant de passer au travers de l'espèce de haie qu'ont formée les jeunes femmes. Elles
finissent par s'écarter, lui jetant un regard noir. Aldane s'éclipse aussi vite qu'elle peut. Elle a bien fermé la porte, oui
et seul Elliot de sa voix pourra l'ouvrir et elle, avec le panneau de commandes. Qui étaient ces femmes ? Il faudrait
qu'elle lui demande. Elles avaient l'air très inquiètes. Il faudrait qu'elle pense à lui en parler lorsqu'il se serait reposé
un peu. Au moins pour les rassurer.
Dès que le panneau d'ouverture du turbolift se libère, elle s'y engouffre, laissant passer deux officiers qui portent les
pins d'enseigne, tout comme elle. Elle leur fait un signe de tête puis choisit sa destination, c'est à dire le bureau des
opérations. Dès son arrivée, un jeune homme lève la tête d'un padd. Comptant à haute voix, une femme lui signale
des chiffres qu'il note avec empressement.
"Hum... quelqu'un pour toi."
"Nous sommes en plein inventaire Enseigne, ça ne peut pas attendre plus tard ?"
LENASSY : j'aurais besoin d'un nouveau combadge Monsieur.
"Et bien, le vôtre était défectueux ?"
LENASSY : non, je l'ai égaré.
Il pose son padd sur le plan de travail qui se tient presque au milieu de la pièce et sur presque toute sa longueur. De
multiples étagères cachent les parois et contiennent des containers pour le matériel géré par le département. L'officier
tend le bras vers l'un des containers, débloquant la trappe d'ouverture. Il plonge la main à l'intérieur, et en sort un
combadge. Il tapote sur sa console.
"Vous aviez le LEN6548GFB ?"
LENASSY : euh... si vous le dites.
Il active les touches tactiles, enregistrant la perte au nom d'Aldane Lenassy. Par acquis de conscience, il vérifie dans
quel département elle est affectée, puis lui tend le combadge qu'il a enregistré.
"Bien, essayez de ne pas l'égarer celui-ci. J'ai noté qu'il nous a fallu remplacer pas moins de 15 combadges au
département des sciences. Vous en faites quoi au juste ?"
Aldane est à la limite de trouver désagréable l'officier et n'a qu'une envie, le planter là et retourner au laboratoire. Elle
aimerait tellement être près d'Elliot avant qu'il ne s'éveille. Ses projets étaient simples. Elle allait travailler, puis elle
passerait chez elle pour prendre une couverture et ses affaires de toilettes et elle retournerait chez Elliot où elle
passerait la nuit dans le fauteuil qu'elle avait utilisé un peu plus tôt. Comme ça, il ne serait pas seul lorsqu'il
s'éveillerait. Ah oui, il fallait aussi qu'elle récupère les médicaments que le docteur Lapointe lui avait prescrit. Bien,
elle camperait chez Elliot, jusqu'à ce qu'il aille mieux.
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Sans même s'en rendre compte, elle a accroché le combadge sur son uniforme et a quitté le bureau des opérations
après un bref salut agacé.
Ses pas l'ont guidée vers la bonne destination et elle se trouve devant les portes du laboratoire de Sciences. Elle
entre d'un pas décidé.
"Oh, Aldane, ça va ?"
La jeune femme entend, en plus de la voix de Gaston, un bris de verre qui accompagne la question.
LENASSY : merci, oui Gaston, tout a fait. C'était gentil de venir me voir tout à l'heure. Tu as dû prendre sur ton temps
de repos. Blondie est toujours là ?
LAGAFFE : nnon... non, non. C'est Klemp qui la remplace. Il est dans la réserve.
LENASSY : mais... c'est quand... pour moi ?
LAGAFFE : p... pas tout de suite. Voilà, le planning.
Il désigne la feuille de présence qui est affichée. Elle s'approche et constate que son nom n'apparaît que dans 12h.
LENASSY : oh, mais j'aurais pu...
LAGAFFE : c'est parfait comme ça, tu as quartiers libres.
Aldane ne sait trop comment prendre la nouvelle. Elle espérait un peu travailler, il n'y avait rien de mieux à son sens
pour oublier ce que l'on souhaitait oublier. Elle sourit à Gaston.
LENASSY : bon, et bien alors, à plus tard, je vais en profiter pour me reposer un peu.
Elle quitte le laboratoire et ira faire un tour au sickbay d'où elle ramènera un flacon contenant la prescription d'Elliot.
Elle n'a pas assez faim pour obliquer vers le NoName et se dirige donc vers ses quartiers. Elle a tout le loisir de
passer des vêtements civils et de récupérer ses affaires. Tout s'arrangeait pour qu'elle puisse veiller sur Elliot et ça
n'était en définitive pas un mal, c'est ce qu'elle souhaitait pour le moment. Elle n'était pas encore bien sûr d'en
connaître la raison principale. Elle se sentait bien avec lui, mais elle avait toujours un serrement d'estomac quand elle
pensait à lui. Décidément, elle devait avoir faim. Elle hésite, le NoName n'est pas si loin, mais elle n'a pas
particulièrement envie de rencontrer quelqu'un d'autre.
Elle se sent un peu coupable de vouloir se terrer dans un coin. Elle croise un petit homme qui sort des quartiers
mitoyens. Il la salue en retirant sa casquette, laissant apparaître une coiffure de mèches installées probablement avec
du gel en l'air, lui donnant un air d'enfant trop vite poussé. Elle répond à son salut d'un sourire et pénètre dans ses
quartiers où elle rassemble un sac où elle fourre pêle-mêle ses affaires de toilettes, son peignoir, une paire de
serviettes et les vêtements qu'elle allait utiliser pendant ce laps de temps qui lui était accordé.
Bientôt il lui faudrait s'inquiéter du retour des absents. Pourquoi Von Ewig n'était-il pas sur l'Indépendance? Il aurait
dû être au sickbay si tel avait été le cas. Mais elle avait eu beau en faire le tour, lorsqu'elle était allée chercher les
médicaments, il n'y avait là que les personnes qu'elle y avait déjà vues.
Lorsqu'elle arrive non loin des quartiers d'Elliot qui sont sur le même pont, elle vérifie que la cohorte de jeunes
femmes n'est plus là avant de s'avancer plus avant. Elle ouvre le panneau et le laisse se refermer derrière elle. Elle
reste à l'entrée, écoutant la respiration régulière d'Elliot. Combien de temps avait-il dormi? Elle ne s'était pas
absentée longtemps... peut-être une heure. Elle pose son sac devant la porte de la salle de bain puis se dirige vers le
lit. Elliot a repoussé le drap, elle le tire pour le défroisser, puis le réinstalle sur le jeune homme.
Elle passera une vingtaine de minutes sous la douche puis devant le miroir avant d'être satisfaite. Son uniforme est
posé sur la barre des serviettes, elle récupère le combadge pour le garder avec elle. La tenue qu'elle a choisi est une
robe longue avec de larges manches et un col officier sur lequel elle a rajouté un petit foulard qui lui permet de faire
oublier ces traces sur son cou.
Elle laisse ses cheveux libres et se muni d'une couverture. Installée dans le fauteuil près du lit d'Elliot, elle pose ses
pieds sur son sac, les rehaussant. Elle sait qu'elle finira par s'endormir et déjà elle se retrouve transportée quelques
heures plus tôt — combien au juste, elle n'en savait rien — où par une communion forcée due à leur fuite, ils avaient
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été quatre à se tenir les coudes pour retourner dans son monde à elle, où les personnes qu'elle croisait n'étaient pas
ces monstres...
Elle s'endort, inconsciente encore que bientôt cet épisode où elle a eu un rôle indépendant de sa volonté allait bientôt
s'évanouir, laissant la place à des sentiments plus agréables que la violence trop actuelle pour elle. Ses parents lui
avaient toujours dit ça : quand on atteint le fond, d'un coup de pied la surface vous appelle et enfin vous respirez.
108-Lenassy
"Je veux savoir où ils sont, débrouillez-vous !"
T'Kar fait les cent pas derrière la console chargée des communications. Elle est inquiète et il y a de quoi. Elle ne sait
pas ce qui se passe sur Tyrell et dans sa seule et unique ville. Des explosions de forte intensité ont été détectées,
presque toutes à proximité des lieux où se trouvent les équipes au sol. Elle aurait dû insister et ne pas laisser partir
Matolck. Dire qu'elle s'était laissée bloquer pour ce vague argument comme quoi elle était trop concernée. N'importe
quoi ! Bien sûr qu'elle était concernée, elle était concernée par tous ! N'était-elle pas la première officière !
Elle fulminait littéralement, laissant, bien à l'abri dans son esprit, une bulle de calme et de sérénité entourant le retour
dans son giron de Nera.
NAÏMA : les revoilà Commandeur. Je les ai...
Elle met sur haut-parleur la transmission de la navette.
DAVIS *com* : USS Indépendance nous rentrons, prévoyez une équipe médicale à l'arrivée, plusieurs blessés.
T'Kar fait rapidement le tour de la passerelle du regard, comment se faisait-il qu'il n'y ait aucun des officiers qu'elle
avait l'habitude de voir en ces temps de crise ? Puis elle réalise qu'ils se trouvent tous dans cette foutue navette
probablement. Seul Fenras était rentré et devait gérer le peu d'hommes qui lui restait pour couvrir les zones de
sécurité prioritaires.
T'KAR : commandeur Naïma vous avez la passerelle. Faites préparer les procédures de départ dès que nous aurons
tout le monde. Que le vaisseau soit prêt, son capitaine revient.
Elle se dirige à grands pas vers le turbolift actionnant rageusement son combadge.
T'KAR *com* : T'Kar à Vela.
VELA *com* : oui.
T'KAR *com* : nous réceptionnons la navette, arrangez-vous pour qu'il y ait une équipe de sécurité sur place. Il y aura
l'équipe médicale aussi à soutenir.
VELA *com* : bien je m'y rends aussitôt.
T'Kar interrompt la communication attendant de pouvoir atteindre le pont où se trouve le sickbay. Elle a quelques
minutes pour organiser la réception des hommes et du Capitaine.
Les portes s'ouvrent devant elle, elle a vaguement répondu au salut des officiers en station devant les portes puis
pénètre dans le sickbay.
STE-CROIX : Commandeur, je peux vous aider ?
T'KAR : où est le responsable ?
STE-CROIX : et bien... je crois que vous voulez parler de Monsieur Lapointe, il est à faire des rapports et...
T'Kar ne se donne pas la peine de continuer la conversation et se dirige vers le fond de l'infirmerie. Elle enregistre
rapidement qu'il n'y a plus qu'un biobed d'occupé par l'un des hommes que l'équipe de Kabal avait ramenée. Laurana
est penchée au-dessus du patient vérifiant ses données.
Il allait falloir qu'ils se débarrassent de cet homme. Il n'était connu d'aucun service de sécurité et n'était visiblement
pas rechercher. Elle se demandait comment justifier sa présence ici. Au brig, il y avait trois prisonniers, l'un était dû
pour n'importe quel tribunal du moindre système où il avait sévi, il s'agissait d'A'resh. Un autre était inconnu au
bataillon. Elle ne voyait qu'une seule chose à faire, signaler ses méfaits sur Tyrell en imaginant bien que de toutes les
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manières ils seraient de nouveau en activité, dès que l'Indépendance serait reparti, et, les foutre dehors. Et puis il y
avait eu ce rapport sur cette femme, Lilium quelque chose. Il faudrait déterminer quoi faire d'elle. Elle n'avait pas eu le
temps de s'occuper de ça et espérait que Fenras avait avancé dans son rapport d'enquête.
Elle avise Lapointe qui, consultant un padd, se tient à l'entrée de la chambre d'isolation.
T'KAR : docteur, la navette rentre et il y a à son bord des blessés, j'aimerais que vous mettiez sur pieds une équipe
pour faire le tri. Je suppose que vous pourrez les faires téléporter ici.
LAPOINTE : bien, je fais le nécessaire. Mais... justement, puisse que je vous tiens, quand est-ce que le remplaçant
du docteur Ivafaire va...
T'KAR : nous parlerons de ça plus tard. Vous avez vos ordres. Des hommes de la sécurité seront en place, si vous
avez besoin de quelqu'un pour déplacer les blessés, voyez avec eux.
Lapointe soupir, de toutes les manières, il n'y a aucune discussion possible avec cette femme. Vivement que le
Capitaine rentre, il comprendrait sûrement qu'il se sentait en porte-à-faux, se retrouver propulser en première ligne le
mettait vraiment mal à l'aise. Il rêve un instant du travail tranquille qu'il avait avant qu'Ivafaire ne soit envoyé avec la
première away-team.
T'Kar a déjà tourné les talons. Elle avait besoin de se défouler et c'est pourquoi elle fait un petit tour jusqu'au moment
où la navette est enfin annoncée. Elle se précipite vers le lieu d'amarrage rejoignant Fenras qui est déjà en place,
faisant les cent pas en parlant à ses hommes, elle remarque au dernier moment que Nera fait partie de l'équipe
présente. Fenras voit arriver T'Kar et interrompt les indications qu'il donnait.
T'KAR : continuez commandeur.
VELA : j'avais fini. Nous sommes prêts.
T'KAR : où est l'équipe médicale ?
VELA *montrant l'entrée* : elle arrive.
Lapointe en tête, deux brancardiers le suivent ainsi que Laurana qui vient se placer à côté du médecin.
L'alarme d'annonce de l'arrivée de la navette retentit. L'engin s'engouffre à l'intérieur du vaisseau et les lourdes portes
derrière lui se referment, libérant les panneaux de protection. L'équipe de sécurité se précipite, suivie par l'équipe
médicale et T'Kar, qui, mentalement, tape du pied d'impatience.
Frisssk et Nera aident à l'ouverture du panneau qui libère enfin les hommes à bord. Matolck pointe la tête, son
uniforme est abimé et il semble s'être roulé dans elle ne savait quelle pataugeoire.
MATOLCK : il y a une urgence médicale, Von Ewig...
Il libère la place à Lapointe qui entre dans la navette avec Laurana, pendant ce temps le reste de l'équipage valide,
aide les blessés qui sont pris en charge par le reste de l'équipe de sécurité et les brancardiers.
T'KAR : tout le monde est rentré Monsieur.
Le Capitaine se tourne vers Nera qui se tient droite comme un piquet et il sourit.
MATOLCK : voilà une bonne nouvelle.
Puis son visage prend un air plus sombre, pensant au fait qu'il n'avait pu en découdre directement avec DeVille, le
Capitaine de l'Indépendance se trouvait frustré de sa revanche.
Zee sort derrière lui, le front soucieux, elle soutient Cole.
T'Kar a jeté un coup d'oeil vers Nera qui lui a lancé un regard de défi. Elle n'a rien dit, mais n'était-ce pas trop tôt ?
Elle était tellement jeune. Puis elle voit enfin les derniers équipiers, Karl suivi de Jason sortent de la navette, il
cherche des yeux quelque chose qu'il trouve immédiatement et sourit. Il avait ramené les derniers ce qui était
important, mais il calculait tout le plaisir qu'il avait de voir T'Kar. En cet instant il aurait voulu la prendre dans ses bras.
Il lui fait un clin d'oeil en attendant mieux.
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MATOLCK : debriefing en salle de réunion.
Laurana sort à son tour faisant un signe aux brancardiers. Le transfert de Von Ewig et du reste des blessés se fait
rapidement vers le sickbay.
T'KAR : Capitaine nous serons prêts à quitter Tyrell dès que vous le souhaiterez.
MATOLCK : je veux savoir où est ce foutu DeVille !
T'KAR : Un vaisseau a quitté l'atmosphère de Tyrell il y a un moment déjà.
Il se retourne brusquement vers sa première officière.
MATOLCK : et vous ne l'avez pas stoppé ??!
T'KAR : même si j'avais voulu... il s'est occulté et a fait un saut...
Matolck en tête la troupe des valides derrière lui, les officiers quittent les lieux, laissant les ingénieurs s'attaquer aux
réparations multiples nécessitées par les accrochages que la navette à essuyer.
Tout le monde était rentré !
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre, balayant sur son passage les intérêts des uns et des autres.
Presque machinalement quelques officiers se dirigent vers le NoName, sachant inconsciemment qu'ils y auront
forcément les premières nouvelles.
Au sickbay les blessés auront les premiers soins et Lapointe en a jusqu'au dessus de la tête. Il n'a même pas réussi à
se reposer, dormir n'avait fait qu'étirer sa fatigue. Il a activé Mark IV qui circule entre les biobeds, vérifiant les
données.
Les infirmières, efficaces, ont pris le relais sur les cas maintenant stabilisés. Le médecin, lui, est plus que soucieux.
Le dénommé Von Ewig a été mis à part et est sous surveillance de l'ordinateur médical. Lapointe ne sait pas quoi
faire pour ce cas plutôt bizarre. Les données de son encéphalogramme étaient ératiques avant de se stabiliser. Il
n'était pas blessé, ou tout au moins il n'avait que quelques égratignures et quelques coups. Il était dans un état de
fatigue hors norme et tout ce qu'il pouvait préconiser pour le moment était une surveillance accrue et le repos le plus
total. Il avait été nettoyé et portait la seule tenue disponible au sickbay. Vêtu de blanc il repose, le visage maintenant
détendu, inconscient des lieux qui l'entourent pour le moment.
Lapointe s'assied sur un fauteuil qu'il a poussé près du biobed de Von Ewig. Il consulte le dossier que Laurana a
extrait du retard documentaire d'Ivafaire. Ils fronçent les sourcils plus d'une fois, attendant une information qu'il puisse
rattacher à ce qu'il connaît et pourrait préconiser pour ce patient.
A petits pas Laurana approche, portant un plateau contenant une tasse de thé fumant.
LAURANA : tenez docteur, ça vous fera du bien.
LAPOINTE : heureusement que vous êtes là...
LAURANA : heureusement que vous êtes là vous !
Lapointe lève les yeux sur cette jolie femme qu'il n'a pas eu le loisir de voir derrière son uniforme de
professionnalisme.
LAPOINTE : j'espère que tout ira bien, j'avoue que je me sens...
Il sent un profond abattement l'envahir, ses épaules s'affaissent.
LAURANA : vous vous êtes très bien débrouillé Docteur, et c'est au feu que les médecins se forment. Vous avez été
parfait, je vous assure.
Il fait un faible sourire puis sourit.
LAPOINTE : merci Mademoiselle.
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Marie-Catherine s'est approchée observant l'homme couché sur le biobed, essayant de retrouver intact le souvenir
des traits qu'elle a connus.
Dans la salle de réunion, Matolck, T'Kar, Fenras, Karl, Jason, Denis ont commencé la réunion.
Angelica tient la passerelle avec les officiers suppléants en place. Elle prépare les données des observations faites
sur Tyrell et du vaisseau qui a quitté les lieux.
Dans les quartiers de Spriggan, Elliot et Aldane dorment.
Nera est partie manger un morceau au NoName, en attendant de pouvoir aller voir au sickbay comment va Jan. Et
puis, elle voulait avoir des nouvelles de Sprig et d'Aldane. Elle a un pincement de coeur quand elle repense à Sprig.
Chris supervise la réparation des dégâts causés sur la navette tout en préparant son rapport. Le capitaine demandera
fatalement à tous les services de se rapporter. Et il aime que tout soit près en avance de phase.
Talvin avait raccompagné Cassandra chez elle quelques heures plus tôt et venait de l'informer que son époux était
rentré en bonne santé.
Maximilien pour pouvoir commencer son travail s'était dit que le mieux était d'aller voir au sickbay, la liste des blessés
qui lui serviraient de premiers patients.
Ritink a ouvert une boîte de câblage d'énergie et observe le plan de montage avant de pouvoir intervenir. Il est
accompagné de V'Tek qui lui sert en quelque sorte de formateur.
L'atmosphère est toujours électrique sur le vaisseau et ne se décantera qu'après que tous les événements connus ou
pas encore exposés seront minutieusement étudiés, analysés, permettant d'anticiper et d'apprendre des erreurs ou
des manques.
Quelqu'un avait élevé le ton dans la salle de réunion, on se demande bien qui. Les esprits encore trop près des
combats n'avaient eu le temps de se raisonner.
109-Lenassy
Il était sous les tuyaux et sentait quelque chose d'épais lui glisser dans le dos. C'était sale, vraiment sale dans cet
endroit, mais il était heureux. Il avait déjà changé une des gaines de protection et là il jouait le plombier, pataugeant
dans les fuites que V'Tek avait indiquées sur le padd. L'ulien était reparti et avait laissé Ritink seul après une heure à
le suivre sur les travaux.
Le zwickien se débrouillait relativement bien, hésitait parfois, mais le travail rendu était plus que largement égal à
l'attendu.
Ritink se demande un instant comment un géant comme V'Tek aurait pu venir réparer ces câbles et rétablir l'énergie.
Il aurait bien été incapable de se faufiler comme lui l'avait fait. Il imaginait en riant que peut-être l'ulien était capable
de se plier en quatre et le voyait marchant dans la paroi dans un mouvement déambulatoire des plus comiques. Puis,
il arrête de rire regardant le fond du couloir caché par les parois. Il y fait sombre, très sombre, un léger souffle lui
parvient, il a la tête qui tourne, il s'assied et prend une respiration. Il passe sa main gantée sur son front, y laissant
une trace noire et luisante.
*... pas bien moi... *
Et il s'effondre la joue dans une petite flaque. Au-dessus de sa tête une légère fuite invisible se répand dans la paroi.
Ritink a dans sa poche un masque de protection qui l'a vite gêné et qu'il a ôté dès que V'Tek s'est absenté.
Il est bien, son esprit vagabonde, il est de nouveau dans cette salle toute noire avec le gros spot sur le mur. Il avait
mis un temps à comprendre pourquoi un homme était derrière lui à l'arrière d'une espèce de machine qu'il aurait été
curieux de démonter. Puis enfin, s'il n'avait pas compris pourquoi, il avait vu pourquoi. Sur la toile blanche qui était
descendue pour cacher la paroi, des images commencent à défiler.
Il s'était installé, ou tout au moins il avait été plus ou moins poussé par une jeune femme tout excitée.
"Il paraît que c'est très ancien."
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Ritink avait ouvert la bouche pour protester et expliquer qu'il était entré par erreur et voulait repartir. Mais il s'en était
vu empêcher quand il s'était senti tomber dans le fauteuil confortable. L'épaisseur tout en douceur avait épousé son
corps, voilà un lit qu'il était bien. Il avait souri et avait oublié qu'il était sensé retrouver Frisssk pour diner.
La jeune fille s'agite dans son siège et Ritink la trouve un petit peu trop présente, mais il est bientôt captivé par autre
chose : ce qui se déroule à l'écran.
Des signes étranges apparaissent, des jolis dessins blancs sur un fond noir. Ritink voit défiler un texte qu'il devine à
grand peine et dont il ne comprend pas un traitre mot. La musique n'est qu'un son de tambours frappés d'un rythme
régulier et lui rappelle vaguement le temple de Lorak où les prêtres guerriers haranguaient la foule de futurs guerriers,
les invitant à dédier leur première bataille à leur héros. Ritink déglutit, la tension montant au fur et à mesure que
défilent les dessins incompréhensibles et si hypnotisant. La musique augmente.
Brusquement une image, sombre, des hommes montés sur de drôles d'animaux avancent au galop le long d'une
crête. Ils sont vêtus d'armures impressionnantes et un peu clinquantes. Le son des voix s'entrechoquent dans la
langue qu'ils parlent, totalement étrangère à Ritink qui regarde du côté de sa voisine si elle a l'air de comprendre.
Puis un homme sort de dessous un fagot regarde partir les cavaliers puis descend en courant dans un champ plein
d'eau, et rejoint un village. Ils se parlent dans cette langue étrange et Ritink ne comprends toujours pas, jusqu'à ce
qu'il voie les textes qui défilent dessous.
Un homme s'est levé.
"Nous n'avons aucune chance. Le village sera détruit."
Ritink se tourne vers la jeune fille.
AL'ARM : qu'est-ce qu'il dit ?
La jeune fille regarde Ritink puis il la devine sourire dans le noir. Elle chuchote.
"Le village va être attaqué par les bandits qui volent leur nourriture. L'autre celui qui est maintenu veut se battre, mais
les autres préfèrent pas. Le chef du village dit qu'ils n'ont aucune chance et que le village sera détruit s'ils font mine
de se défendre."
AL'ARM : ah, merci.
Il voit par la suite des images dont il ne saisit pas l'entière signification, par contre, il prend partie intérieurement.
L'homme qui voulait se battre part avec des compagnons sur la route et ils s'arrêtent dans une petite ville où de
pauvres maisons en terre ou en bois sont plantées à ras du sol. La musique un peu forte fait plisser les yeux à Ritink
qui s'enfonçe dans son fauteuil. Les gens parlent en hurlant ou plutôt en éructant. Des guerriers, l'allure qu'ils ont est
significative, passent devant les hommes partis chercher les combattants. Le chef du petit groupe court après un des
guerriers qui a l'air féroce et porte une longue lance qui le dépasse largement. Brusquement celui-ci se retourne et
crie contre l'homme qui s'aplatit au sol.
La jeune fille aux côtés de Ritink souffle.
"Ah... il est vilain celui-là, il veut pas l'aider."
AL'ARM : l'aider à quoi faire ?
"Il cherche des euh... samouraïs pour combattre pour son village, pour chasser les bandits qui attaquent."
AL'ARM : ah... et c'est quoi des samouraïs ?
"Euh... désolée... je ne sais pas, mais des espèces de soldats je dirais."
AL'ARM : ah !
Ritink continuera à regarder les images qui défilent en noir et blanc, bientôt le son des voix qui s'entrechoquent est
bientôt remplacé par celui des lames qui se croisent dans des mouvements que tout guerrier rêverait d'accomplir.
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Le film s'interrompt sur une image qui brûle en plein milieu d'un combat que Ritink trouve captivant. Dans son fauteuil
il a déjà coupé en deux au moins deux des vilains et leur a tranché la tête.
La jeune fille à côté de lui s'est caché les yeux pendant que Ritink s'est mis debout dans son fauteuil et ayant sorti
ses deux couteaux simule un combat imaginaire. L'interruption du film l'a lui aussi interrompu sur ses acrobaties. Il
range vite ses couteaux, descendant de son fauteuil tout excité, puis lui est revenu son rendez-vous avec Frisssk. Il
part en courant et abandonne derrière lui la salle de nouveau éclairée.
Il sent qu'on l'attrape brusquement.
V'TEK : Hé, Ritink ! Ça va ?
Le zwickien s'éveille avec un drôle de goût dans la bouche. Il est couché au sol et V'Tek lui essuie le visage.
Il entend une voix qui dit.
"Il n'a rien ton copain, laisses-le se reposer un peu, mais il faudra qu'il passe au sickbay pour un contrôle."
Il sent que V'Tek le redresse. L'ulien lui sourit.
V'TEK : hum... le masque est fait pour se protéger. Tu as respiré quelque chose qu'on va colmater. En quelque sorte
tu l'as trouvé. Tu as quartiers libres et passes au sickbay dès que tu peux. Pour le moment c'est encombré je crois.
Ritink se fera raccompagner vers ses quartiers avec un rendez-vous dans une heure à l'infirmerie. Ce qu'il aimait
dans le bricolage, c'était les surprises qu'il pouvait y avoir. Et puis, c'est lui qui avait trouvé une fuite.
110-Lenassy
Cela faisait maintenant plus d'une demi-heure que la réunion se poursuivait. Le vaisseau n'avait pas bougé et sur la
passerelle Angelica suivait, imperturbable les procédures de départ. Jack était lui aussi prêt, mais se doutait qu'il
serait bientôt relevé par Karl.
BIRD : vous croyez qu'on va en avoir pour lontemps ?
NAÏMA : je ne sais pas, nous ne savons pas encore où nous allons.
BIRD : nous allons forcément poursuivre ce vaisseau non ?
NAÏMA : si nous étions partis tout de suite, probablement que oui, mais rien n'est dit, et de toutes les manières il sera
trop loin, nous ne savons pas où il est parti.
BIRD : hum...
NAÏMA : de plus, d'après ce que j'ai compris, nous avons des prisonniers civils. Ca n'est donc pas vraiment nos
affaires. Et d'après ce que je sais, ils sont toujours là.
BIRD : et bien on les rend aux autorités de Tyrell...
NAÏMA : ça... nous verrons bien.
Elle regarde son écran de contrôle, notant pour la troisième fois, le passage de débris en orbite, allant frapper un
vieux satellite radio.
Jack se tourne vers Angelica, la regardant un instant, il s'est adossé à son siège, son attention n'étant pas requise
pour le moment.
Dans la salle de réunion, Fenras est debout et expose ce qu'il a reconstitué pour le moment.
VELA : d'après les dires de l'Enseigne Lenassy, cette femme a délibérément tiré sur le sous-Lieutenant Spriggan.
Même si c'est elle qui aurait dû être atteinte. Je ne vois pas pourquoi elle devrait être confiée aux autorités locales.
Elle est à nous. Elle a volontairement agressé des officiers de starfleet. Elle est directement sous notre juridiction.
T'KAR : vous avez pu avoir les témoignages des témoins ?
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Pourquoi à chaque fois qu'elle l'interrogeait, prenait-il sa remarque ou sa question pour une attaque personnelle.
L'andorien s'empourpre légèrement puis continue.
VELA : j'ai pu avoir le témoignage de l'enseigne Lenassy, bien que je demeure persuadée qu'elle m'a caché quelque
chose.
T'KAR : et bien... et pour les autres ?
VELA : dès que cette réunion sera finie je poursuivrais. J'ai obtenu un rapport de sécurité concernant ces
événements.
T'KAR : qui l'a fait ?
VELA : votre... Mademoiselle Morak. Je l'ai ici et j'ai quelques petites choses à vérifier. Mais je peux vous assurer que
cet A'resh que nous avons arrêté a un lourd passif criminel et est recherché par plusieurs systèmes.
Matolck tapote sur la surface lisse de la table, attendant que Fenras en ait fini.
VELA : je prendrais directement le témoignage du sous-Lieutenant Spriggan dans quelques heures. De plus il y a des
interrogatoires à mener à l'encontre des deux autres hommes.
MATOLCK : nous avons quatre prisonniers à l'heure actuelle ?
VELA : oui Capitaine.
MATOLCK : Monsieur Davis, j'aimerais avoir votre rapport de mission au plus tôt. Monsieur Harker vous le validerez
et rajouterez vos conclusions. Nous allons forcément avec les autorités locales qui vont nous demander des comptes.
Si j'ai bien vu, leur centre ville a subi des dégâts assez importants. Maintenant moi, ce qui m'intéresse c'est de
rattraper cet empaffé !!
Il s'est redressé et tape du poing sur la table.
T'KAR : nous sommes près Capitaine, mais comme je l'ai dit, je doute que nous n'y puissions grand chose.
MATOLCK : où est le Capitaine du Venture ?
VELA : Ils sont repartis sur leur vaisseau Capitaine.
ROY : je voudrais aussi rappeler que Miss Keffer est toujours sur Lys5.
Matolck fronçe le sourcil puis se rassied.
MATOLCK : oui, nous avons plusieurs choses à faire. Où en est l'état de Von Ewig ?
T'KAR *prenant un padd qui lui est parvenu* : il est pour le moment au repos et toujours inconscient. Le docteur
Lapointe dit qu'il ne peut rien faire de plus et qu'il se réveillera quand il sera prêt.
MATOLCK : nous avions mission de faire son évaluation, je veux des rapports précis de son comportement.
DAVIS : ... je dois dire que c'est lui qui vous a récupéré dans la tour avec les hommes, s'il n'avait pas été là... Nous
avions des problèmes avec les instruments qui étaient brouillés par les différentes explosions qu'il y a eu.
T'KAR : Nera m'a dit quelque chose à son propos. Mais bon...
VELA : c'est tout à fait exact, c'est indiqué dans son rapport.
MATOLCK : préparez-moi un rapport concis et clair, je n'ai pas envie de lire les commentaires sur dix padds si je
peux en avoir un de concis. Il doit suivre aussi une évaluation par le conseiller. Nous en avons deux, ils pourront nous
fournir leurs avis. Bon traitez-le avec tous les égards et je ne veux pas d'histoires.
T'KAR : le rapport du département médical est... un peu urgent. Le docteur Lapointe menace de demander son
rapatriement sur Lys5 s'il n'y a pas plus de monde pour prodiguer des soins. De plus, la défection de Miss Keffer a fait
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un gros trou dans le département, ainsi que l'absence d'Ivafaire. Bref, il se plaint. Il a de bonnes raisons de s'inquiéter
et je crois que toute l'équipe médicale a tenu du miracle dans la situation.
Matolck prend un air ennuyé.
MATOLCK : voyez ce que vous pouvez faire Commandeur. Maintenant je veux savoir où est le Venture. Si nous
avons perdu Deville, eux ils savent peut-être où il va.
VELA : que fait-on des prisonniers Capitaine. Cet A'resh je serais d'avis de le rendre à une juridiction où il a des
comptes à rendre.
MATOLCK : ouais ! S’il pouvait avoir fait des siennes chez les klingons qu'ils se débrouillent avec.
VELA : et pour les autres.
MATOLCK : ils s'en sont pris à mes hommes, je ne peux pas laisser faire ça !
VELA : certes, j'abonde dans votre sens, mais on ne peut pas les garder là tout simplement.
Le combadge de Matolck s'active.
MATOLCK *com* : Matolck, j'ai demandé à ce qu'on ne me dérange pas.
SAX *com* : Chéri !! Tu es rentré et tu n'es même pas venu me voir !
MATOLCK *com* *et un ton en dessous* : voyons je vais venir aussitôt ma réunion finie, bien sûr que je voulais te
voir...
SAX *com* : tu as dix minutes !
La communication est interrompue.
Le capitaine pousse un soupir, partagé entre plusieurs sentiments.
MATOLCK : bon, que l'Indépendance colle au train du Venture, essayez de déterminer vers où ils vont, si on veut un
jour en découdre avec DeVille, on a tout intérêt à rester aux aguets. Vous confierez nos prisonniers à la première
station de StarFleet, celui qui est recherché partout, vous le faites véhiculer vers la juridiction d'un de ses méfaits les
plus importants, comme ça, on sera certain de ne pas le retrouver sur notre chemin. Pour les autres faites une liste
complète de leurs actions contre nous. J'aurais aimé qu'ils passent par un tribunal civil, mais je n'ai qu'une confiance
limitée en celles de Tyrell. De plus, ce caillou malgré ce qu'il est devenu reste sous juridication de la fédération.
Obtenez l'accord des autorités, présentez des regrets de n'être pas restés plus longtemps et on aura dégagé. Je veux
récupérer Miss Keffer !! J’ai deux mots à lui dire...
Il se tourne vers Denis, le regardant longuement, mais ne dit rien.
MATOLCK : je veux des rapports de tous les départements sur mon bureau dans deux heures. Maintenant j'ai des
choses à faire.
Il se lève et quitte la salle.
T'KAR : tout le monde à son poste, on dirait que nous repartons.
Monsieur Vela, je pourrais avoir vos conclusions, je voudrais avoir une description du rôle exact de chacun dans cette
histoire. Essayez d'en savoir le plus.
Elle le regarde un instant, retenant d'autres paroles. Non, elle n'allait pas s'immiscer dans les affaires de Nera. La
jeune fille avait fait preuve de responsabilités et elle ne voudrait surtout pas amoindrir ses efforts. Elle était fière de
Nera. Même Vela avait dit qu'elle avait été extrêmement courageuse. Elle prenait les compliments pour sa fille d'une
manière toute personnelle et elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un brin d'admiration pour cette si petite fille qui
démontrait une force de caractère assez remarquable.
Elle avise Fenras qui attend toujours.
T'KAR : oui ?
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VELA : vous avez fini ?
T'KAR : oui, oui, vous pouvez disposer.
Les autres officiers ont déjà quitté la salle de réunion, allant rejoindre leurs postes.
111- Lapointe (Keffer)
[Un peu en flash back, juste avant le SL 105 de Spriggan.]
L'infirmière Ste-Croix était venu réveillé le médecin, alors que Marie-Catherine était toujours absente, pour l'aviser de
l'éveil de Spriggan.
Instantanément, Lapointe força son esprit à être alerte. Inconsciemment, il s'en voulait de s'être ainsi assoupi, mais il
était exténué, et la tâche à accomplir était encore tellement grande. Vivement que quelqu'un puisse le remplacer
dans ces fonctions. Il devait néanmoins admettre que le petit somme avait eu un effet réparateur... probablement de
courte durée par contre.
Ainsi, lorsqu'il sorti du bureau, il put entendre Lenassy qui discutait avec Spriggan.
LENASSY : C'est miraculeux, tu sais... C'est Jan qui a fait quelque chose, je ne sais pas quoi, ce Von Ewig. Tu serais
mort sinon. On a tous eu peur.
Lapointe ne put s'empêcher de penser dans sa tête : « C'est ça... Et moi j 'ai passer des heures à ne rien faire sur
son cas... ». Décidément, on n'appréciait pas réellement son travail ici...
Un peu sur ces sombres pensées, il permit au petit couple de quitter l'infirmerie en leur faisant promettre de ne pas
faire de folies et uniquement de se reposer. Quelque part au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de se dire que,
comme tous les autres, ils n'écouteraient pas ses recommandations et que, de ce fait, ils reviendraient à l'infirmerie
dans les prochains jours avec des complications.
C'était étrange : tous ces gens qui venaient à l'infirmerie désiraient toujours quitter au plus vite, car ils se plaignaient
de ne pas rien avoir à faire. Pourtant, ce qu'ils avaient à y faire était ce qu'il y a de plus important : se soigner, guérir,
et récupérer.
Il les regarda partir, et soupira. Aussi bien aller voir le prisonnier, celui-là, en tout cas, ne risquerait pas de vouloir
partir...
-*****Denis Roy entra dans ses quartiers communs avec l'infirmière, et se dirigea au terminal de communication. Il avait
beau ne plus la comprendre, mais il aimait toujours Cynthia Keffer. Et il avait envi de lui parler, et vraiment hâte de la
serrer dans ses bras. Il lui semblait que cela remontait à si longtemps...
Et puis, comme pour se motiver à le faire pour autre chose que des motivations personnelles, il devait signifier à
Cynthia quand le navire passerait la récupérer sur Lys5, afin qu'elle soit prête. Matolck n'était visiblement pas
content, alors elle ne devrait pas trop le faire attendre.
Sans trop attendre lui-même, il ouvrit une communication avec Lys5. Le visage souriant du lieutenant commander
Upton Makela lui répondit, fidèle à lui-même.
MAKELA [Sur écran] : Lys5, bonjour !
ROY : Bonjour, je suis le lieutenant major Roy... j'aurais une communication à passer pour la lieutenant commander
Cynthia Keffer... elle est restée sur Lys5 lors de notre précédent passage.
L'officier acquiesça.
MAKELA [Sur écran] : Bien, un moment s'il-vous-plaît.
L'officier fut remplacer par le logo de la station, et Roy su qu'il y en aurait pour quelques temps... Aussi, n'ayant rien
de mieux à faire, il commença à examiner les modifications qu'avait entraîner l'emménagement de Cynthia dans ses
appartements. Au niveau de la décoration, bien peu de chose avait changé. En fait, il le réalisa soudainement, rien
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n'avait changé. Cynthia n'avait pas amené un seul item de décor avec elle, et avait tout laissé comme tel dans ceux
de Denis. C'était tout de même étrange...
L'écran afficha à nouveau l'officier de communication de Lys5.
MAKELA [Sur écran] : Monsieur Roy ?
ROY : Oui ?
MAKELA [Sur écran] : Ça risque d'être un peu plus long que je ne le croyais, j'arrive pas à établir une communication
directe... vous désirez patienter ?
ROY : Oui, prenez votre temps.
Conscient que ce serait plus long que prévu, il se leva, et se rendit, un peu coupable, dans les armoires d'effets
personnels de Cynthia. Qu'avait-elle bien pu emporté dans ses caisses de déménagement si rien ne se trouvait
parmi le décor ? Il ouvrit donc l'armoire à vêtement de cette dernière, et ne pu que constater 2 choses : la première
était que Cynthia avait réellement beaucoup de chaussures. Il l'avait remarqué précédemment, mais la réalité de la
chose sembla le frapper à nouveau. Cela était étrange, puisque, depuis qu'il la connaissait, elle portait toujours
sensiblement les mêmes chaussures. Il avait du la voir en porter 5 ou 6 paires, incluants les bottes de l'uniforme.
Pourtant, une porte entière était pleine de chaussures à talons hauts de toutes les couleurs imaginables. Elles
avaient toutes l'air encore neuve, comme si aucune n'avait jamais été portée. La seconde chose qu'il remarqua, ce
fut que Cynthia possédait, également, énormément de vêtement. Beaucoup plus que ce qu'il n'aurait supposé en
évaluant sa garde robe habituelle, lorsqu'il la voyait quand elle n'était pas de service.
Par curiosité, il tira 2 ou 3 robes, et les observa sur leurs supports. Il était sûr de ne jamais l'avoir vu les porter.
C'était bien trop décolleté et... court, pour ses habitudes vestimentaires.
Occupé comme il était, il ne remarqua pas le retour de l'officier de communication de Lys5 sur l'écran principal de la
station.
MAKELA [Sur écran] : Monsieur Roy ?
Denis déposa la robe qu'il examinait sur le lit, et se rendit rapidement à son terminal de communication.
ROY : Oui ? Désolé, je m'étais éloigné...
MAKELA [Sur écran] : Pas de problème monsieur. J'ai le regret de vous aviser qu'il nous est impossible de vous
mettre en liaison avec l'officière Keffer. Elle n'est plus à bord de la station.
ROY : Pardon ?
MAKELA [Sur écran] : Oui... Je me suis renseigné, et elle a quitté la station ce matin sur un navire de transport privé
(l'équivalent des lignes aériennes régulière d'aujourd'hui) en direction de la Voie Lactée.
ROY : Bon... bien, merci de l'information.
MAKELA [Sur écran] : Lys5 terminé.
Le logo de la fédération vint remplacé l'officier sur l'écran.
112- Lenassy
== Flashback ==
Rapport de l'acting-Enseigne Nera Morak - Sécurité
Nera relit son rapport, certains passages lui semblent trop marqués et elle n'a qu'une crainte concernant Elliot.
Pourquoi lui avait-il tiré dessus ? Parce qu'elle était certaine d'une chose, il l'avait fait, sans l'ombre d'un doute et elle
ne devait la vie qu'à cette femme qui avait plus tard assassiné sous leurs yeux le docteur Ivafaire.
Elle déglutit, la gorge sèche sous l'émotion provoquée par ce souvenir. Elle revoyait, comme si elle y était encore, le
corps de l'officier médical sans vie et tout ce rouge. Elle avait noté avec stupeur que le corps humain semblait
contenir une quantité énorme de sang et qu'il avait la couleur de la marmelade de fraise. Elle frissonne, un goût de
cendre dans la bouche. Ses yeux se voilent, elle se racle la gorge.
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Elle pose son rapport sur la table de son pseudo salon et va se chercher un verre d'eau qu'elle sirote comme s'il se
fût agi d'un délicieux cocktail.
Elle ne pouvait pas laisser l'agression de Spriggan en l'état dans son rapport. Il n'était pas lui-même à ce moment-là,
ça n'aurait pas été juste. Peut-être devrait-elle lui parler avant de prendre une décision sur cette phrase qu'elle avait
introduite entre les lignes de son rapport détaillé.
Nera décide de mettre de côté l'intervention malheureuse de son collègue et ami ne privilégiant que l'action générale.
Elle avait très bien compris quand elle s'était trouvée en présence de cet homme qui lui avait fait froid dans le dos,
qu'elle était elle-même concernée. Pourquoi cet homme qu'elle ne connaissait pas lui en voulait autant, ça n'avait,
pour elle, aucun sens. Mais elle savait déjà, à son jeune âge, que l'on pouvait rencontrer des êtres abjects partout. Et
quelque part, sa mère n'avait la responsabilité que d'être un bon officier de StarFleet et en fait, c'était sans doute la
seule raison qui lui avait valu de rencontrer cet homme. Ce qu'elle aurait voulu que Rayn soit là, il l'aurait conseillée
sur un ton dénué d'émotivité, il lui aurait calmement expliqué que mettre des émotions dans un rapport c'était déjà en
partie nié le simple fait. Et il aurait dit ça sans rire bien sûr. Ce qui aurait renforcé son importance.
Elle secoue la tête puis se rassied, reprenant son rapport, elle apporte quelques modifications. Elle relit
consciencieusement le passage concernant Jan Von Ewig et l'extraordinaire vol plané qu'ils avaient effectué quand ils
s'étaient enfuis de l'immeuble où ce DeVille les retenait avec le docteur Ivafaire. Elle rajoute qu'à son avis si Jan
n'avait été là elle aurait subi un sort sans doute définitif. Un brusque frisson la saisit lui faisant relever la tête de son
rapport. Elle avait trouvé cet homme affreux et la manière qu'il avait eu de la regarder l'avait vraiment effrayée.
Elle reprend une gorgée de son eau puis dépose le verre, tout en réfléchissant à la conclusion qu'elle pourrait mettre
sur son rapport.
Elle ne savait pas pourquoi elle avait rajouté des détails supplémentaires concernant Jan. Elle sentait, confusément,
que ça pouvait avoir son importance.
Durant leur séjour dans cette maison abandonnée, elle s'était occupée l'esprit en montant cette balise bien
improbable, heureusement que Jan était passé pour l'encourager. Ce qui lui avait permis de réfléchir et de voir où son
montage avait induit une erreur dans le fonctionnement général. Elle n'avait pu décanter l'action d'Elliot à son endroit,
peut-être avait-elle voulu la nier ? Mais elle était revenue avec plus d'évidence encore. Il allait vraiment falloir qu'elle
en parle à Sprig.
Son esprit vagabonde sur Elliot et Aldane qu'elle a laissés au sickbay. Allaient-ils bien maintenant ? Peut-être devraitelle s'enquérir de leur situation respective. Oui, elle devrait, cela deviendrait inévitable et puis, elle ne pouvait rien
gommer de ce qu'elle-même n'avait fait. Elle ne pourrait rien réparer, juste pouvait-elle comprendre.
Elle reprend son rapport au début survolant le passage concernant Aldane sur le vaisseau. Elle l'a noté comme un fait
avant de rajouter l'évidence pour tout le monde qu'elle a pu être agressée sans qu'elle puisse être là pour intervenir.
En tout cas, elle était sûre d'une chose, c'est qu'ils étaient tous passés à un fil de l'anéantissement. Et c'était ce qui
les lies. Elle aimerait bien parler à Jan... allaient-ils le ramener ? Ca n'était pas un officier de l'Indépendance, mais il
fallait être aveugle pour ne pas comprendre qu'il était important, en bien ou en mal, elle n'en savait rien. Mais elle
avait senti la réticence de sa mère lorsqu'elle lui avait parlé de lui. C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison, qu'elle
avait tant insisté sur les actions qu'il avait effectuées pour de parfaits étrangers. Elle d'abord, puis Elliot qu'il avait
maintenu en vie. Il faudrait qu'elle parle au commandeur Harker de ce qui lui était arrivé, ce qu'elle avait ressenti et
fait. C'était encore quelque chose de nouveau et elle ne savait pas si elle devait s'en effrayer ou quoi...quoi d'autre ?
Elle avait fini par reprendre une douche et se changer. Son miroir lui avait renvoyé une image impeccable. Cela la
rassura et elle se permit un sourire, un pauvre sourire pas encore remis de ses émotions, mais un sourire quand
même.
Elle sort de sa petite salle de bain et laisse son regard vagabonder sur les parois de ses quartiers. Elle aimait être ici
et était plus qu'heureuse d'y être. Elle ne regrettait pas un instant de n'avoir pas suivi son frère sur Vulcan. Tout en
prenant son rapport qu'elle décide de rendre à son chef, le commandeur Vela, elle continue de laisser son esprit
vagabonder sur son arrivée, si récente et si lointaine, tout à la fois, sur l'USS Indépendance.
Elle s'était fait rapidement des amis et malgré les mises en garde de sa mère, c'était ses amis à elle, elle les avait
choisis. Peut-être étaient-ils de circonstances, mais n'était-ce pas là ce qui pouvait faire des amis sûrs. Elle avait
confiance en Aldane et il ne fallait pas grand chose pour effacer cet épisode malheureux avec Elliot, et puis, il y avait
ce Jan Von Ewig, il l'avait simplement arrachée aux doigts avides de l'autre affreux. Quand elle y repensait encore,
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elle avait envie d'une douche.
Elle arrive sans même s'en rendre compte devant le bureau de Fenras, la porte s'ouvre sur Frisssk.
FRISSSK : le boss n'est pas là, il est au sickbay.
MORAK : oh, et bien, je vais juste déposer mon rapport sur son bureau alors. Est-ce que vous pouvez me dire où je
dois aller. Disons, je suppose que le tableau de service ne me compte pas encore et je voudrais bien me remettre au
travail.
Le caïtan la détaille un instant puis émet une espèce de grognement.
FRISSSK : il faut sécuriser le shuttlebay et le cargobay, il y a de moins en moins d'officiers de sécurité à bord, ils sont
soit blessés, soit ailleurs.
MORAK : euh, oui, ça me paraît bien ça, vous avez les fiches de procédures.
FRISSSK : elles sont affichées dans le local de la sécurité à l'entrée de chacun de ces espaces.
MORAK : je fais le shuttlebay ?
FRISSSK : oui parfait, je prends l'autre. Si vous avez un problème vous m'appelez.
Nera passe ses doigts sur son uniforme. C'était vrai, elle n'avait plus de combadge.
Le félinoïde a bien vu le geste et anticipé, il entre de nouveau dans le bureau et ouvre le battant d'une armoire,
farfouillant dans une boîte, il en sort un combadge qu'il tend à Nera.
FRISSSK : c'est temporaire, il est dédié à la sécurité. Les opérations préfèrent que l'on en aie des personnalisés et
répertoriés.
MORAK : bien, je verrais ça plus tard.
Ils se quittent dès que leur chemin le nécessite allant faire le seul travail qu'ils puissent faire à cet instant, contribuer
au bon maintien du vaisseau...
113- Lenassy
Le voyage était maintenant long. Autant son impatience avait été grande de mettre le pied sur la station Lys5, autant
elle redoutait d'être confrontée ne serait-ce qu'à Denis en premier lieu et ensuite peut-être à ses collègues. Elle
n'avait pas grand chose à faire de l'avis de McLoed, celui-là, il pouvait bien disparaître du jour au lendemain, elle n'en
avait cure. Mais elle repensait à Marie-Catherine et elle savait que quelque part elle avait plus que trahi sa confiance.
Allait-elle seulement retrouver l'Indépendance ? Etait-ce ce qu'elle souhaitait ? Ne vaudrait-il pas mieux disparaître
tout simplement ? Elle était fatiguée de toute cette situation qui lui pompait son énergie inutilement.
Quelque chose la retient, une pensée pour l'homme qu'elle aime et qui doit forcément l'aimer, vu toute la patience
qu'il met dans leur relation. Et cette espèce de pourriture qui l'empêchait de vivre ! Oui, c'est cela qu'il faisait, il
l'empêchait tout simplement d'exister, voulant tuer ce qu'elle était. Pourquoi et comment avait-elle pu mettre le doigt
dans cet engrenage infernal ? Y avait-il moyen d'interrompre cette roue du destin qui n'était pas le sien mais qui
l'écrasait jour après jour. Qu'était-elle au juste ? Etait-elle seulement Cynthia Keffer ?
"... Mademoiselle !?"
Cynthia relève la tête.
KEFFER : oui ?
Le co-pilote de la navette où elle a fini par échouer avec un peu d'aide, ça servait toujours en définitive d'être encore
un peu Cynthia Keffer, s'est penché au-dessus d'elle, la main posée sur son épaule, comme pour l'éveiller du songe
dans lequel elle s'était égarée.
"La station est proche, le prochain transport ne va pas tarder."
KEFFER : sait-on où est l'Indépendance au juste ?
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"Il faudra voir avec la station sur laquelle je vous laisse. Il y a une forte concentration d'équipements de StarFleet, je
suppose que vous trouverez de quoi réembarquer."
Elle regarde la main posée sur son épaule, elle est trop fatiguée pour la repousser. Le co-pilote se redresse, la
libérant aussitôt comme s'il avait lu dans ses pensées.
"Préparez-vous à l'amarrage."
Il s'éclipse revenant à son poste.
La navette accostera la station scientifique N-5295-TX, vulgairement appelée Grandes Oreilles, probablement en
raison du matériel d'écoute impressionnant qui en surmonte le faîte.
Cynthia prendra congé et se dirige vers le poste de contrôle où ses autorisations seront lues et relues plusieurs fois
avant qu'elle ne puisse officiellement être accueillie.
Visiblement les visites ne semblent pas habituelles et Cynthia est laissée seule durant un long moment dans une salle
où s'il y a de quoi se sustanter, il semble évident que le confort n'y a pas été mis en exergue. Tout y est juste
fonctionnel.
Elle peut voir l'activité quasi inexistante à l'extérieur et commence à se demander si en plus elle ne va pas rester
plantée là dans ce trou perdu. La porte coulisse dévoilant un homme aux tempes grisonnantes plutôt filiforme et d'une
taille remarquable. Il lui fait penser à un roseau se laissant balloter par le vent. Son regard inquisiteur l'a détaillée
avant qu'il n'arrive près d'elle. Il est flanqué d'une jeune femme qui sourit à Cynthia et d'un homme d'un âge moyen
tenant un padd en main.
"Vous êtes sur ma station parce que l'amirauté l'a exigée. Alors je ne veux pas d'histoire, je n'aime pas qu'on me dise
quoi faire sur ma station. Je veux juste une chose que vous la quittiez très vite."
Il fronçe les sourcils, regarde de la tête aux pieds la femme qu'il a devant lui, puis, toujours les mains derrière le dos,
il fait demi-tour et quitte la salle avec sur ses talons l'homme.
KEFFER : ... mais, j'ai rien demandé... !
"Je suis le Lieutenant Melor, bienvenue sur N-5295-TX. Ne vous fiez pas à l'air sombre du professeur Arkan. Il n'a
rien contre vous et puis, il est toujours comme ça. Et nous recevons rarement de la visite, c'est d'ailleurs pourquoi il
s'est malgré tout dérangé. Je suppose que c'était pour voir à quoi vous ressembliez."
Elle lui sourit puis la guide vers la sortie.
MELOR : j'ai pu faire préparer des quartiers en dehors de la zone de travail. Vous y serez tranquille et vous aurez
accès au restaurant. Il y a quelques boutiques aussi. Il semble que l'on vienne vous cherchez, mais je n'ai pas pu
savoir quand au juste.
Au bout d'un couloir en demi-cercle, l'officière s'arrête et fait coulisser un panneau qui s'ouvre devant les deux jeunes
femmes.
MELOR : voilà, vous serez bien ici. Si vous avez besoin de quelque chose, vous pouvez joindre la sécurité, ils me
transmettront votre appel. Vous avez des questions ?
== USS Indépendance ==
-- Quartiers 1166 - Pont 10 -Encore somnolente, la jeune femme s'étire doucement. Elle plisse les yeux pour voir l'heure qui a quelque peu
évolué. C'est le temps des médicaments. Elle se lève manquant se prendre les pieds dans son sac, puis va chercher
un verre d'eau, n'en mettant que peu. Elle s'approche d'Elliot. Il dort encore, elle hésite un instant puis repense aux
recommendations du docteur Lapointe.
LENASSY *à voix basse* : Spriggan ?! C’est l'heure du médicament.
Il remue dans son sommeil et pousse une espèce de grognement. Elle l'aide à redresser la tête, lui faisant prendre le
mélange. Il n'arrive même pas à ouvrir les yeux, tellement il est engonçé dans un demi-sommeil. Prenant conscience
malgré tout de la présence qui l'incite à s'activer, il avale le liquide frais, ça lui fait du bien et il est reconnaissant
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murmurant un vague "merci" avant d'être réallongé.
Aldane va nettoyer le verre puis le met à proximité pour la prochaine fois. Elle n'a plus sommeil, il ne lui reste que
deux petites heures avant de prendre son quart. Elle soupire, elle aurait tellement aimé qu'il s'éveille ne serait-ce
qu'un peu. Enfin, elle verrait plus tard.
Elle prend son sac et entre dans la salle de bain pour une douche salvatrice.
114- Spriggan
Le bambin tremble de tout son long, ses bouclettes blondes collées à son front par la fièvre. Maman l'a installé
confortablement sur le divan du salon d'où il peut voir le jardin japonais tant aimé par les grandes portes-fenêtres.
Elle l'a bien callé dans le gros oreiller qui sent si bon son papa et l'a habillé de sa doudou favorite. Georges, sa petite
chatte, est couchée en rond sur son ventre et ronronne doucement. Sa façon à elle, sûrement, de se faire pardonner
ses fugues qui forcent si souvent le gamin à lui courir après à travers tout le jardin.
Maman est assise sur le rebord du divan et caresse doucement ses cheveux. Elle n'est pas inquiète. Son visage
doux et serein est penché sur Elliot qui sait en la regardant que tout va bien aller. Si maman n'est pas inquiète, il n'a
pas à l'être non plus. Il aurait pourtant du l'écouter! Elle lui avait bien dit de ne pas sortir sous la pluie par ce temps
froid d'un automne tirant vers l'hiver. On doit toujours écouter sa maman.
Mais Elliot était grand maintenant. À presque quatre ans et demi, il n'était plus un bébé. Il avait des respisabo… des
risponsi… enfin, des obligations, comme le lui avait expliqué papa en lui offrant Georges. Et justement, hier, sa chatte
n'était une fois de plus pas rentrée pour grignoter ses croquettes du souper. Elliot avait du user de toute sa ruse pour,
sans se faire prendre, écarter la grande porte de verre et sortir sous la pluie afin de retrouver sa chatte. Le moment
où maman était allée faire un petit pipo lui était apparu comme particulièrement propice à une esquive et il s'était
élancé dans l'herbe mouillée, porté par le succès de sa stratégie.
L'embêtant avec les chats était qu'ils n'aiment pas l'eau, ce qui les rendait beaucoup plus difficiles à retrouver lorsqu'il
pleut. Elliot avait du patrouiller tous les recoins du vaste jardin, s'accroupir pour explorer tout ce qui était susceptible
d'offrir un toit à un chaton de six mois, ramper dans chaque bosquet, n'oublier aucun endroit. Lorsqu'il ressortit d'un
bouquet touffu, bredouille et couvert de boue, ça avait été pour arriver nez à nez avec une paire de chaussures
trempées.
Dans les chaussures, Elliot avait reconnu les pieds de maman. Ce qui signifiait sans l'ombre d'un doute que les
jambes prolongeant ces pieds étaient aussi celles de maman et que s'il levait les yeux un peu trop haut, il finirait
immanquablement par croiser le regard de maman. Il n'était pas certain d'en avoir très envie. Pour le moment, il lui
semblait plus judicieux de rester là à plat ventre sur la terre mouillée, à enlever à boue collée entre ses petits doigts
écartés.
En fin de compte, il aurait du attendre que maman ait envie de popo au lieu de pipo. Ça lui aurait procuré un gain de
temps appréciable dans ses recherches qui se trouvaient désormais sérieusement compromises.
Les genoux de maman ont fléchi et la voilà accroupie près de lui. Un miaulement familier fait lever la tête du
garçonnet. Sa maman est bien là, un gentil sourire aux lèvres. Elle tient un parapluie de la main gauche et une petite
chose poilue et ébouriffée est lovée sur son avant-bras droit.
— Georges! s'exclame Elliot, soulagé.
Il se relève avec difficulté. C'est pas facile quand les pieds glissent dans la boue molle. Il caresse la tête du chaton
puis fait un gros câlin reconnaissant à maman qui se trouve du coup trempée et tachée.
Maman ne l'a pas grondé. Ils rentrent ensemble au salon où elle les frictionne tous les deux à l'aide d'une grande
serviette moelleuse. Georges n'aime pas du tout et bondit vers sa gamelle en laissant de petites traces grisâtres sur
le plancher immaculé.
Elliot avait passé le reste de la soirée à éternuer sur les pages de ses bédés favorites.
Aujourd'hui, il était malade. Son vilain nez refusait d'obéir à ses ordres et s'obstinait à demeurer bouché et à couler
désagréablement. Il était tout chaud mais il avait froid. Il avait encore dans la bouche le goût tout doux des comprimés
que maman avait écrasés et mélangés à un peu de sucre dans un verre d'eau qu'elle lui avait fait boire d'un trait.
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Elliot aimait bien regarder l'expression inquiète de son cousin David, debout près du divan. Son statut de petit garçon
malade conférait à Elliot une importance qu'il aimait bien. Avec la fièvre venait des prérogatives non négligeables
comme un surcroît de câlins, et la réalisation de la plupart de ses souhaits avec une rapidité des plus agréables.
— Il a quoi, Hell Hot ? demanda David en parlant autour de sa suce [hp: tétine pour les potes français].
David n'avait jamais pu prononcer "Elliot" correctement et l'appendice caoutchouté qu'il ne retirait que pour manger
ne facilitait en rien son élocution. Il l'appelait Hell Hot (chaud comme l'enfer) comme le feraient beaucoup plus tard
bon nombre de demoiselles pour des motifs entièrement différents. À trois ans seulement, David était beaucoup plus
jeune qu'Elliot qui l'aimait bien même s'il avait tendance à le prendre un peu de haut depuis ses quatre ans et demi.
— Ze suis balade, affirma Elliot.
— Oh! Et cha fait mal?
Maman expliqua à David que ça ne faisait pas mal mais que c'était désagréable et qu'il fallait laisser Elliot se reposer
afin d'aller mieux. La tétine de David fit plusieurs allers-retours entre ses lèvres, signe chez lui d'une intense activité
intellectuelle. Le cousin d'Elliot décida de mettre à profit la période de calme qu'on lui réclamait pour aller foutre le
boxon dans le bac de figurines de son cousin, véritable trésor dont l'accès lui était habituellement formellement
interdit par son propriétaire.
Elliot avait beaucoup de difficulté à garder ouverts ses yeux vitreux. Maman avait redéposée sur son front la serviette
humide qu'elle venait de rafraîchir et alla à sa chambre d'où elle revint avec un joli coffret ouvragé qu'elle déposa sur
la petite table placée prêt du gamin. Là trônaient déjà des papiers mouchoirs et un verre en plastique à moitié rempli
de jus d'orange.
— C'est une boîte à musique, dit-elle en remontant le mécanisme.
Maman expliqua que la boîte lui venait de sa grand-mère à elle. C'était une boîte à musique dotée de propriétés
magiques. Le petit arbre qui y tournait avait la particularité de faire disparaître les maladies lorsqu'on s'endormait au
son de sa mélodie. Elliot était ravi. Il était pressé de retourner jouer dans le jardin avec David. La pluie de la veille
avait certainement semée la pagaille dans le fort des cow-boys construit avec papa près de l'étang et Elliot avait
grande hâte d'inspecter les dommages occasionnés à la palissade qu'il avait pris tant de temps à ériger à l'aide des
bâtonnets de bois normalement réservés à l'allumage du petit feu que papa faisait tous les soirs dans le foyer du
salon.
Le bambin cessa de lutter contre le sommeil, l'invitant tout au contraire à se saisir de lui. Concentré sur les petites
notes mécaniques, il s'en fut rapidement rejoindre Georges qui gambadait déjà depuis un moment au royaume des
songes.
=/\=
Lorsque Elliot ouvrit les yeux, maman avait disparu. David et Georges aussi. Il reconnut ses quartiers sur le USS
Indépendance et en fut quasiment navré. Un moment de confusion s'empara de lui. Maman venait pourtant de lui
donner ses médicaments!
Avec difficulté, le jeune homme parvint à s'asseoir sur le rebord du lit. Il retira l'horrible jaquette blanche que
quelqu'un avait eu le mauvais goût de lui mettre sur le dos puis regarda autour de lui. Un fauteuil avait été déplacé
près de son lit et Spriggan reconnut le son familier d'une douche qui coule.
Le sous-lieutenant se met debout avec prudence, insouciant de sa nudité totale. Il a un peu le vertige mais ça devrait
aller. En s'appuyant sur les murs, il va jusqu'à la salle de bain. Au travers de la vitre givrée, il devine la splendide
silhouette de la grande femme aux longs cheveux blonds. Elle chantonne doucement, les bras levés pour se faire un
shampoing. L'ombre éthérée qui transparaît de profil au travers du verre et de la vapeur d'eau laisse deviner des
formes envoûtantes qu'Elliot explorerait sans hésitation avec le plus grand délice malgré son état d'épuisement.
Appuyé contre un mur, il observe avec fascination l'étrange ballet d'ombre chinoise, véritable hommage à la plus
parfaite sensualité et aux désirs exacerbés.
Aldane fredonne d'une voix qui hypnotise littéralement Spriggan. Il sait qu'il devrait sortir de là. Laisser la belle à son
intimité. Mais décrocher son regard de ces formes divines est bien au-delà de ce dont il serait capable même s'il eut
été au sommet de sa forme.
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L'air humide et chaud l'enveloppe. Le chant de sa sirène le berce. Il roule une serviette autour de sa taille, question
de ne pas mettre la jeune femme mal à l'aise puis, cédant à la fatigue, glisse lentement le long du mur et s'assoit sur
le sol.
Les yeux de Spriggan se referment malgré lui et il s'assoupi avant d'avoir réalisé que sa muse reproduit tout
doucement le petit air de sa boîte à musique magique.
115- Lenassy
Elle arrête l'eau puis utilise sa grande serviette pour y enrouler ses cheveux. L'autre, elle l'utilise pour rapidement se
sécher, avant de sortir de la cabine de douche. Elle va enfiler la sortie de bain qui est pendue quand elle interrompt
son geste. Elle ouvre la bouche sur une exclamation.
"Spriggan !!"
Oubliant le peignoir, elle se précipite vers le jeune homme.
LENASSY : Spriggan ! Spriggan !
Il gémit.
LENASSY : voyons tu es fou, il ne fallait pas te lever, pas encore, viens, je t'aide.
Elle passe son bras sous le sien le maintenant contre son dos elle fait se lever le jeune homme. Celui-ci à demi
comateux, l'aide à peine mais finit par se stabiliser contre la paroi.
Aldane, inquiète pour les blessures, constate que tout semble normal de ce point de vue là.
"Aldane ?"
LENASSY : oui, ça va ? Viens on va jusqu'au lit, appuyes-toi sur moi.
Elliot a les yeux bien ouverts et esquisse un sourire.
SPRIGGAN : tu sais que tu n'as que les cheveux d'habiller ?
Aldane lève un sourcil.
LENASSY : regardes où tu mets les pieds, tu seras gentil. Et oui, je sais.
Elliot oublie un instant son envie de s'enfonçer dans le sommeil, il aimerait avoir un oreiller de cheveux blonds, mais
le reste fera l'affaire aussi à son humble avis. Il prend une inspiration qui lui amène le parfum qu'Aldane dégage.
LENASSY : voilà, assieds-toi maintenant !
Le jeune homme se retrouve assis sur son lit, il n'a même pas réalisé qu'ils s'étaient déplacés. Il ne peut détacher
son regard de la jeune femme. Elle lui sourit puis se penche sur lui, l'aidant à réintégrer le lit. Elle attrape la serviette
au dernier moment, la faisant glisser doucement, elle la récupère.
LENASSY : tu seras mieux comme ça. Je reviens.
Elle se redresse, il lui attrape le poignet la retenant.
SPRIGGAN : et où vas-tu ?
LENASSY : je reviens tout de suite, je dois sécher mes cheveux.
Il l'attire vers lui la regardant intensément, avant de la laisser s'échapper. Quelle idée idiote de vouloir dormir,
pourquoi avait-il envie de se laisser tomber dans le sommeil comme ça. Il l'écoute dans la salle de bain, entend couler
de l'eau, puis elle entend le souffle d'un sèche-cheveux pendant très longtemps et enfin la lumière s'éteint et une
silhouette engonçée dans un peignoir d'homme s'approche du lit. Ses cheveux à demi-secs s'étirent dans son dos.
Elle les ramène vers elle, les rabattant à l'avant du peignoir, un chouchou entre les lèvres, elle commence à faire une
longue tresse, tout en regardant Elliot.
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Elle fronçe légèrement les sourcils puis récupère le chouchou pour le passer à son poignet ce sera plus facile pour
parler, maintenant qu'il semble éveillé.
LENASSY : tu n'as pas mal ? Tout va bien ? Sinon il faut retourner au sickbay ! J'ai encore un moment avec toi, après
je vais aller travailler. Et puis, je dois prendre des nouvelles de Nera et puis voir si Jan est revenu.
SPRIGGAN : Jan ? Qui est Jan ?
LENASSY : tu sais, l'homme que nous devions récupérer Jan Von Ewig. Tu ne te souviens pas ?
Elliot fronçe les sourcils, tout lui semble tellement flou, il n'est même pas certain que les images qui surviennent de
temps en temps le fassent dans un ordre cohérent. Il fait une petite moue qui fait sourire Aldane.
SPRIGGAN : je devrais n'est-ce pas ?
LENASSY : oh oui, tu es encore en vie grâce à lui, puis au docteur Lapointe bien sûr.
Elle finit sa tresse, l'enserrant dans le chouchou et vient s'asseoir sur le bord du lit. Elle redresse le drap, venant le
poser sur le torse nu d'Elliot. Elle regarde machinalement ses doigts, sans doute devrait-elle rajouter quelque chose,
mais pour une fois, elle ne sait pas quoi lui dire. Elle attendrait, c'était le mieux. Elle attendrait que tout revienne à la
normale.
SPRIGGAN : ça va ? Approches un peu, je ne te vois pas.
Profitant de son état d'alitement, Elliot la laisse se pencher au-dessus de lui. Elle a le regard fixé sur sa main.
Il lève un peu son bras passant ses doigts sous le menton d'Aldane lui faisant lever les yeux vers lui. Ah ce regard,
mais il est à l'heure actuelle mouillé de larmes.
Aldane sourit, niant l'évidence. Elle ne sait même pas pourquoi elle a brusquement envie de pleurer. Pour laver tout
ce qui s'est passé ? Pour faire partir l'inquiétude qui la taraude ? Ou tout simplement de soulagement ? Elle ne sait
quoi lui répondre, mais ne saurait mentir pourtant, ça n'est pas dans sa nature.
LENASSY : je ne sais pas, mais ça va s'arranger, c'est certain.
Elle fait bien attention de ne pas peser sur lui et lui dépose un baiser sur la tempe. Elle ferme les yeux un instant, puis
se redresse.
SPRIGGAN : attends ! Reviens juste un peu !
Il l'attire à lui et trouve ses lèvres pour un baiser. Il aimerait davantage, oh oui, mais ne partirait-elle pas alors ? Il veut
la garder encore un peu contre lui. D'un petit mouvement, il lui dégage de la place sur le lit.
Elle le regarde, faisant mine de ne pas comprendre.
SPRIGGAN : tu as encore du temps, tu l'as dit. Allonges-toi un peu, c'est promis, je ne bougerais pas.
Puis avec un grand sourire il rajoute en lui faisant un clin d'oeil.
SPRIGGAN : ce serait trop dommage que mes blessures se rouvrent.
Sachant fort bien qu'il ment comme un arracheur de dents puisqu'il sent à peine les blessures en question. Il est juste
fatigué et la position allongée si elle lui convient, conviendra tout à fait à sa petite sirène.
Aldane lui sourit en fronçant légèrement le nez, puis elle vient se glisser contre lui, faisant attention de ne pas le
toucher de trop.
LENASSY : tu en as pour un moment avant de pouvoir être en forme.
SPRIGGAN : et tu vas m'aider ?
LENASSY : bien sûr, tant que tu auras besoin de moi je serais là.
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SPRIGGAN : oh ! Vraiment ?!
Aldane se met sur le côté, soutenant sa tête relevée, le coude enfoncé dans un oreiller.
LENASSY : oui, je te ferais prendre tes médicaments notamment. Sinon tu as faim ? Soif ? Tu veux quelque chose ?
Je reviendrais après mon travail, tu voudrais manger quoi ?
== Quartiers 1258 - Pont 10 ==
Il avait déjà démonté l'armoire et avait poussé le mobilier sur la gauche de ses quartiers, rejoignant la salle de bain.
Les meubles étaient trop grands, mais ça irait comme ça. Ne prenant en fait qu'une partie des quartiers, le reste, vidé,
lui est en partie caché. Il s'installe tout content du résultat dans le lit, ayant ôté ses chaussures pour pas salir.
Maintenant il avait faim. Il avait pas mal vomi après l'épisode de la fuite et n'avait pas encore mis les pieds au
sickbay. Il avait pas besoin, il était en pleine forme. Il avait juste faim.
Il prend rapidement une douche et passe des vêtements frais, vissant sur sa tête une casquette d'un beau vert
mordoré. Il faudra qu'il pense à aller chercher des fleurs pour sa dulcinée, elle en aura tous les jours, ce sera juste
parfait. Il griffonne un autre petit mot qu'il enfonçe dans sa poche puis il quitte ses quartiers pour aller au NoName.
Le restaurant est bien fréquenté à cette heure-çi, laissant malgré tout une place au comptoir pour Ritink, qui grimpe
sur le tabouret de bar après avoir installé son plateau repas. Il a repéré une jolie corbeille orangée qui sera juste
parfaite pour son prochain petit cadeau à Blondie. Pierre l'a reconnu, c'est la première fois qu'il le voit sans Frisssk
qui est toujours au travail à cette heure-çi. Il le salue brièvement, il n'est malgré tout pas encore prêt à oublier le
saccage de son lieu de travail qu'il aime à bichonner avec amour par les compatriotes du petit gars qui lui a sorti son
plus beau sourire.
Il vaquera à ses occupations, servant les cocktails demandés. Et oubliant le zwickien qui prend un plaisir évident à
dévorer le contenu de son plateau.
Il y va par touches successives, commençant presque par maniaquerie de la couleur la plus pâle à la plus foncée des
aliments qu'il a sélectionnés. La plupart lui sont inconnus mais il n'en a cure. Il a ici, la plus belle occasion de faire
fonctionner ses papilles gustatives qui ont été punies pendant si longtemps, devant se contenter du rata
épouvantable, spécialité du zwickien pauvre de tout. Seule richesse pour lui à bord du Paricipaparlà vu que personne
d'autre que lui n'en aurait voulu. Bref, c'était gris avec une odeur de crâmé huileuse et un goût de tissu ou de papier,
parce qu'il lui était arrivé de manger des morceaux de tissu, coupés en petits morceaux et trempouiller longtemps
dans de l'huile, c'était, si ce n'est digeste, au moins consommable. Après l'on était contenté pour quelques jours,
l'estomac criant sous la douleur de le digérer.
116- Spriggan
Rester allongé dans son lit près d'Aldane qu'il désirait tant, et ce sans la toucher ou tenter quoi que ce soit, n'avait
pas été chose facile pour Elliot. Mais il y était parvenu. Il lui aurait fallu être le pire des imbéciles pour ne pas réaliser
que "ça n'était pas comme avec les autres filles". Spriggan était en train de tomber amoureux, chose contre laquelle il
avait toujours lutté depuis son entrée à l'Académie.
Starfleet le changeait, tranquillement. Le simple fait de se retrouver avec des camarades sur qui l'ont pouvait compter
en situations de vie ou de mort renforçait son sentiment qu'en fin de compte, il était peut-être possible de faire
confiance aux gens.
Aldane ne le blesserait pas. Elle ne le trahirait pas. Elle prendrait soin de lui. Et puis elle ne lui mentirait jamais.
Spriggan aurait voulu trouver une façon de s'éclaircir l'esprit. Un peu comme on s'envoie de grandes giclées d'eau
fraîche au visage pour vaincre la torpeur occasionnée par une sieste au soleil. Depuis que ce damné Vance l'avait
drogué et rendu amnésique, il n'était plus en pleine possession de ses moyens. Certains de ses souvenirs n'étaient
même pas encore entièrement revenus. Et les médicaments de Lapointe l'abrutissaient.
Il avait désormais l'impression de voir sa vie défiler sous l'éclairage d'un stroboscope. Par petits bouts. Des images
qui se fixent mal sur la rétine. Même qu'encore tout récemment, il avait eu sa précieuse amie totalement nue à ses
côtés et n'avait pas su profiter de cette vision enchanteresse. Les médicaments, l'épuisement, l'éclairage qu'Aldane
avait gardé tamisé… Quel gaspillage!
La belle zaldane l'avait finalement quitté pour aller travailler, non sans promettre de revenir dès que son quart serait
terminé et, surtout, sans faire promettre à Spriggan de prendre grand soin de lui. Il l'avait laissée partir à regret.
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Il commençait à sérieusement détester son lit. N'importe quel lit, en fait. Il ne supportait plus d'être allongé. Le parfum
d'Aldane imprégnant légèrement les draps avait su le garder là encore un moment mais il n'en pouvait plus.
Un bref passage sous une douche fraîche lui redonna un semblant de clarté d'esprit. Il se vêtit en civil et sortit de ses
quartiers. Même en s'appuyant aux parois, le trajet jusqu'au turbolift lui parut un calvaire. Le front déjà couvert de
sueur, il eu du mal à garde la position verticale tandis qu'il se rendait deux decks plus bas. Lorsqu'il le vit entrer au
NoName, Pierre lâcha son chiffon et fonça soutenir le sous-lieutenant, non sans lui opposer un air scandalisé.
— Venir mourir chez moi! Me faire ça à moi! Mon Dieu, mon Dieu! Gloussait le barman.
— Je viens pas crever, Pierre, lâcha Elliot le souffle court. Je viens déguster un de tes formidables banana splits.
Aide-moi à atteindre la table, là-bas…
Pierre installa Elliot aussi confortablement que possible sous les regards des curieux que plusieurs rumeurs avaient
déjà rejoints. 'était bien lui, cet officier qui avait été kidnappé et sur qui on avait tiré avec une arme à feu…
Une fois assis, Spriggan reprit un peu du mieux.
— Un banana split? Tu es sûr?
— Sans coulis de fraise ni caramel. Juste du chocolat, Pierre.
— Juste du chocolat, confirma le barman.
Pierre s'en fut vers son comptoir et Spriggan crut l'entendre marmonner quelque chose du genre "il me fera mourir!"
Pour Spriggan, l'heure était à la réflexion. Une première véritable occasion depuis les évènements du Cerbère. Que
lui était-il arrivé depuis la fatale injection de Vance? Il se rappelait avoir été trompé par cette femme… Lilium
Gungrave… qui avait voulu lui faire croire qu'il était Gantz… il se rappelait être allé avec elle à la Tour Hellsing, puis
chez les Scavengers où elle lui avait fait cadeau de son arme. Il n'avait pas oublié ces souvenirs lorsqu'il avait
retrouvé la mémoire en découvrant Aldane dans les sous-sols de la Tour de DeVille. Mais un grand blanc subsistait.
Que s'était-il passé entre le moment où il était devant la porte des Scavengers avec Gungrave et le moment où il
avait été réveillé par le clochard Gontrand dans un tas d'ordures le lendemain matin? Un trou de mémoire d'environ
12 heures dont il ne gardait absolument aucun souvenir. En fait, la seule personne qui pouvait lui fournir cette
information était Lilium elle-même.
Spriggan picorait distraitement la glace apportée par Pierre. En fin de compte, il n'avait pas faim. Il se rappelait de
Gros-Louis et de la façon sauvage qu'il l'avait assassiné. Comme fou de rage et dévoré par une envie de massacrer
qu'il n'avait jamais connue, il avait ouvert le ventre de cette grosse brute à grands coups de feu dans les tripes. Et ça
avait été excitant. Et il avait aimé ça.
Spriggan se frotta le visage à deux mains. Était-il possible qu'une sorte de monstre sommeille en lui? Pourquoi avaitil frappé Tomkat à coups de poings, deux fois plutôt qu'une? Pourquoi avait-il tué Gros-Louis quand il aurait très bien
pu se contenter de le mettre en joue ou simplement l'assommer pour mettre fin à son assaut sur Gontrand?
Un doute s'insinua sournoisement en lui. Une peur indicible contracta son estomac. Qu'avait-il fait d'autre durant ces
douze heures avec Lilium? Que lui avait-elle ordonné de faire et l'avait-il fait? Était-il possible qu'il ait blessé d'autres
personnes?
— Cette place est prise?
— Nera! s'exclama Elliot.
Il eut le réflexe de se lever pour l'accueillir, stoppa à mi-chemin d'être debout, grimaça de douleur et retomba assis
sur sa chaise, crevé de fatigue.
Il fit signe à la jeune fille que tout allait bien, ce qui n'effaça pas complètement l'inquiétude du joli minois de Morak.
— T'as repris du service, déjà?
— Comme tu vois… mais là je suis en pause.
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Elle demanda à Elliot s'il ne devrait pas plutôt être allongé dans son lit.
— Tu rigoles? Je suis frais comme une rose! Lâcha-t-il sans parvenir à dissimuler son teint cadavérique.
Ils discutèrent un moment de banalités… les choses courantes du département de la sécurité. Spriggan apprit ainsi la
présence de Lilium dans une cellule de l'Indépendance et dut violemment réfréner une folle envie de foncer là-bas
pour l'interroger.
À un moment donné, Nera changea de sujet sans crier gare, lâchant une question qui lui brûlait les lèvres depuis un
moment déjà.
— Alors, ça y est? Tu as décidé d'accepter la proposition d'Aldane?
Elle avait tenté de feindre un air relaxe, un peu indifférent, mais sans succès aucun.
— La proposition d'Aldane?
— Tu n'as tout de même pas oublié la première fois où elle est venue s'asseoir à notre table pour me demander si
j'étais intéressé à toi!
— Oh! Non, je n'ai pas oublié, bien sûr, fit Spriggan un peu mal à l'aise avant d'ajouter d'un air taquin:
— Je n'ai pas oublié non plu que tu n'as jamais répondu à sa question.
Morak rougit, quelque peu vexée de se faire coincer pareillement.
— Ne change pas de sujet. Ça se voit très bien que vous êtes en train de tomber amoureux!
Spriggan touilla dans sa glace fondue. Il n'arrivait pas à regarder Nera dans les yeux.
Depuis son bar, Pierre observait les jeunes gens avec un sourire attendri. Il aimait bien voir les couples se former à
ses tables. Il était un éternel romantique.
— Les choses vont comme elles vont, Nera. Je l'aime bien, Aldane.
— Tu la désires! Corrigea Morak sur un ton de défi.
Spriggan croisa enfin son regard.
— Ça t'embête? demanda-t-il comme s'il s'en excusait.
— N…n… non, bien sûr! Ne sois pas bête! Je… suis très heureuse pour vous deux!
Ça sonnait faux. Et ça l'était. Il le savait. Spriggan aimait beaucoup Morak. Il avait même songé à… mais maintenant
qu'il y avait Aldane, et tous les sentiments montés à la surface sous l'impulsion de ce qu'ils avaient vécus, Nera avait
été reléguée au rang de petite sœur à chérir et à protéger. Elle n'avait pas à aimer ça.
En fait, Nera vivait vaguement ce qui ressemblait à une petite peine d'amour. Mais en même temps, elle adorait Elliot
et Aldane et souhaitait sincèrement leur bonheur. Sauf qu'elle savait que Lenassy ne serait pas prête. Pas
maintenant. Pas avant un bon moment. Pas avec ce qu'elle avait subit à bord du vaisseau des Scavengers.
Nera posa sa main sur celle d'Elliot et la caressa doucement.
— Sprig, il y a quelque chose que tu dois savoir.
Elliot se crispa. Il s'attendait à ce qu'elle lui joue la scène du "je t'aime aussi". Qu'elle lui dise qu'il serait bien mieux
avec elle. Qu'elle ferait n'importe quoi pour qu'il laisse tomber la zaldane. Il n'avait pas envie d'un tel combat.
— C'est à propos de ton Aldane… notre Aldane, se reprit-elle.
Spriggan songea que le moment était peut-être bien choisi pour demander de retourner à sa chambre.
— Tu vas devoir être très patient, Sprig. Et très compréhensif. Elle va avoir besoin de temps et de tout ton support.
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Elliot fronça les sourcils. La conversation n'allait pas du tout comme il l'avait redouté.
C'était pire.
Depuis son bar, Pierre sourit en voyant la jeune fille de T'Kar tendre le bras par-dessus la table pour saisir la main de
Spriggan. Il la vit se pencher vers lui et lui parler gravement. Pierre perdit son sourire en voyant Spriggan retirer
brusquement sa main et se lever d'un bond, faisant tomber sa chaise derrière lui. Il vit le sous-lieutenant reculer d'un
pas comme s'il dédaignait être si près d'elle, puis se prendre la tête à deux mains, serrer les dents et tourner en rond
en faisant "non" de la tête.
Le cœur de Pierre se fendit. Pauvre petit Casanova du Big I qui essuyait son premier refus! Il allait bien devoir s'y
faire! Personne n'a de score parfait en amour.
Il fut tout de même étonné de voir Spriggan tomber lourdement sur les genoux et se mettre à pleurer devant tout le
monde. Quel cinéma pour un simple "non".
Nera s'était agenouillée derrière Elliot et l'avait entouré de ses bras en lui murmurant des paroles de réconfort. Puis
elle passa un bras sous celui de Spriggan et le souleva avec cette énergie que ne laissait pas deviner sa petite taille
et l'aida à quitter le NoName.
117- Lapointe (Keffer)
Le jeune médecin déambulait dans les corridors en direction du Noname pour aller déjeuner lorsqu’il tomba sur le duo
Nera-Spriggan. Selon la démarche de ce dernier, il semblait évident que quelques chose n’allait pas.
LAPOINTE : Quelque chose ne va pas ?
Nera allait donner son opinion sur l’état de santé de son coéquipié, mais ce dernier lui coupa la parole.
SPRIGGAN : Je vais très bien docteur... Merci.
Le médecin demeura silencieux quelques temps, permettant au drôle de couple de le rejoindre dans le corridor.
Pendant ces quelques secondes, il analysa méthodiquement la démarche de ce dernier.
LAPOINTE : Vous avez toutes les caractéristiques d’une personne qui est en plein état de ses moyens. Enseigne,
aidez-moi à le ramener à l’infirmerie...
Le médecin tenta de prendre le malade par l’épaule libre, mais ce dernier se débattit, refusant obstinément l’aide du
médecin. Lapointe recula de quelques pas.
SPRIGGAN : Non ! J’en ai marre de vos drogues ! Vous en avez suffisamment fait pour moi, docteur !
Lapointe ne put s’empêcher de remarquer le mépris qui était compris dans ce dernier mot. Décidément, il était
difficile de soigner les officiers de se navire. L’enseigne en vint à envier le courage d’Ivafaire et de T’Pak dans de
telles situations. Si le sous-lieutenant Spriggan s’entêtait à refuser obstinément son aide et à n’en faire qu’à sa tête, il
était de son devoir de s’assurer que ce dernier s’en tirerait... le plus rapidement possible. Il s’adressa donc
directement à l’officière qui, visiblement, avait toute sa raison.
LAPOINTE : Bien... Enseigne, veuillez reconduire cet officier à l’infirmerie immédiatement, j’en fait un ordre formel.
Spriggan protesta. Il se libéra de l’emprise de Nera, et regarda avec défi le médecin. Depuis sa petite discussion
avec Nera, il en voulait à tout le monde, et si le médecin cherchait des embrouilles, il serait bien heureux de se
défouler sur lui !
SPRIGGAN : Foutaise ! Je suis sous-lieutenant, j’outre-passe votre ordre.
Le médecin accepta le défi de son patient difficile. Il faut dire qu’il se doutait que ça finirait ainsi du moment qu’il lui
avait donné son congé.
LAPOINTE : Très bien, dans ce cas, je vous désigne comme inapte à occuper vos fonctions, et réitère mon ordre.
Mademoiselle ?
Nera hésita, regardant le médecin et son ami têtu.
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MORAK : Vous pouvez améliorer son cas ?
Pouvait-il le guérir de sa stupidité qui lui faisait se causer du mal, ou de son entêtement à vouloir se soigner et guérir.
Il en doutait énormément.
C’est pourquoi, il déclara, sans l’ombre d’un doute.
LAPOINTE : Bien sûr que si ! Je le remettrai en bon état bien plus rapidement que ce qu’il fait lui-même !
-*****L’infirmière Desroches attendait patiemment dans la salle d’attente des installations psychiatriques du navire... non...
elle n’était pas encore folle du moins. Pour l’instant, le titre de bureau des conseillers, s’il était moche, était beaucoup
plus approprié.
Donc, l’infirmière, qui avait été temporairement relevée de ses fonctions suite à l’attaque des Zwickiens, attendait
depuis un bon bout de temps que quelqu’un se pointe. Il faut dire qu’elle avait pris la décision de venir consulter pour
se vider le coeur au cours de la nuit, ce qui avait fait qu’elle s’était présenté aux bureaux des conseillés bien en avant
des heures ouvrables. De plus, avec le départ de Lioux, cela ne laissait que Talvin Visao pour être en charge du
département, et ce Visao n’était pas reconnu pour sa ponctualité. En fait, ses retards étaient légendaire.
Pour passé le temps, elle avait entamer la lecture de plusieurs équivalents de magasines, qui servaient justement à
faire passer le temps lorsque l’on attends. Elle en était à lire un article abrutissant qui traitait des signes qu’un
homme ne vous ai pas fidèle. Ce n’est pas comme si elle en avait besoin, car il n’y avait pas d’homme dans sa vie !
Mais c’était un article qui, contrairement à plusieurs autres qui se trouvaient dans tous ces magasines, avait la qualité
de pouvoir être utile un jour.
Lorsque Maximilien Surdrone arriva à son bureau, ce matin là, il ne se doutait réellement pas d’y trouver quelqu’un.
Cela le surprit quelque peu.
SUDRONE : Bonjour !
L’infirmière leva les yeux de sa lecture ennuyeuse, et regarda le jeune homme qu’elle ne connaissait pas.
DESROCHES : Bonjour ! Vous attendez également après le conseiller Visao ?
La question sembla embarrasser l’officier.
SUDRONE : Non madame, je suis le nouveau conseiller du bord. Maximilien Sudrone, pour vous servir !
Il lui tendit la main. L’infirmière se leva, et la lui serra, commençant à être un peu embarassée à son tour.
Embarassée d’avoir confondu le nouveau conseillé avec un patient... et surtout embarassée par ce qui allait suivre
dans leurs discussions.
DESROCHES : Ha ! Désolée... Écoutez, j’ignore si vous êtes occupé, mais j’aurais besoin de discuter. Je pense
que cela me ferait du bien...
Et si en plus elle ne le connaissait pas, cela ne pouvait qu’être mieux...Non ?
SUDRONE : Dans ce cas, il me fera plaisir de vous recevoir en tant que première cliente... Vous voulez bien me
suivre ? Oh, et ne regardez pas trop le rangement, je n’ai pas fini de m’installer.
L’infirmière acquiesça nerveusement, et suivi le conseiller dans son bureau.
Elle lui déballa donc toute sa mésaventure... comment elle avait tenter de secourir sa collègue pour finir nue, ligotée
sur un lit avec cette dernière.
Comment elle avait eu peur pour leur sort... et comment elle avait de la misère à passer l’épreuve alors que sa
collègue n’avait aucun problèmes avec cela... vacant normalement à ses occupations. Elle refusait même d’évoquer
ce qui s’était déroulé...
118- Lenassy
"S'il te plaît, laisses-moi au moins t'aider, ça ne sert à rien ce que tu fais."
La jeune officière se mord la lèvre, tendant les mains vers Elliot, elle ne sait plus que faire. Quelle idiote elle avait été,
ça n'était sans doute pas la chose à dire. Elle aurait dû en parler à un conseiller pour que quelqu'un voit Aldane et
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anticipe sur les réactions d'Elliot. Mais non, il avait fallu qu'elle le fasse elle-même. Et en voyant le regard emprunt de
tristesse mêlée à de la rage ou de la haine qui lui était retourné, elle se sentait brusquement chassée de sa sphère et
cela lui faisait mal. En plus de lui briser le coeur, elle ne pouvait décemment dire qu'elle n'y était pour rien.
Nera jette un oeil vers le docteur Lapointe. Le trouvant assez courageux de se dresser devant la vindicte d'Elliot, qui,
presque menaçant a réussi à se redresser à l'aide du bord d'une des tables qui s'est brusquement vidée.
D'une vue aérienne, un grand cercle de plus personne s'est créé autour d'Elliot. En face de lui Alexandre (HP : ça y
est je vais m'en souvenir, merci Eric ;)) et Nera.
Le jeune médecin n'a aucune intention d'approcher ce patient récalcitrant. Il active son combadge s'éloignant un peu,
pour ne pas rajouter au comportement dangereux pour sa santé d'Elliot.
LAPOINTE *com* : Lapointe au sickbay.
STE-CROIX *com* : oui Monsieur ?
LAPOINTE *com* : préparez l'unité de soins au cas où.
Il interrompt la communication puis se tourne vers Nera.
LAPOINTE : pouvez-vous faire quelque chose ?
Nera serre les lèvres, faisant une moue sur l'indécision même qui l'habite. Il s'approche d'elle lui tendant un
hypospray.
LAPOINTE : je ne vois pas d'autre solution pour le calmer, ce n'est pas bon du tout qu'il s'agite comme ça.
Elliot regarde leur manège, il n'a pas vu ce qu'ils se sont échangés.
SPRIGGAN : qu'est-ce que vous faites à faire des messes basses, foutez-moi la paix, disparaissez !
Des larmes se sont formées dans ses yeux et il voit encore moins bien, s'il est permis, Nera ou Alexandre. Sans
parler du reste des convives du Noname qui s'est écarté. Dans la masse, une voix murmure.
"C'est toujours le même qui crée des problèmes de toutes les manières.
Là, cette fois, c'est le bouquet, il a l'air d'avoir pris un grain."
Elliot n'en est pas à ça près. Il n'a strictement rien à faire de ce que les gens peuvent penser. Il est dans une rage
folle. Plusieurs solutions lui passent à l'esprit. La première étant d'aller au brig et descendre tout le monde. Un bref
éclair de lucidité lui indique qu'il ne fera sans doute pas trois pas à la sécurité sans que son propre chef ne le
maîtrise. Il avait mal, très mal. Comme si une enclume lui avait été propulsée dans le ventre, son coeur le tiraillait et il
avait un peu de difficulté à prendre ses respirations. Il suffoquait de rage et il souffrait d'un mal qui ne partirait pas
comme ça. Ou alors, il allait voir Aldane, mais qu'allait-il lui dire ? Qu’il l'aimait ? Qu’il la protègerait ? Que plus rien ne
lui arriverait de mal ?
Il se déplace à la vitesse étonnante d'un escargot pressé par les viscissitudes de la vie, les yeux embués et arrive à la
table suivante. Il vise bien sûr les portes du NoName et se met à brusquement accélérer, niant son état pourtant pas
brillant.
Nera pousse une exclamation et Alexandre sur les talons elle le rejoint, n'osant pour le moment le toucher. Elle
voudrait tellement pouvoir le raisonner.
MORAK : Sprig, je t'en prie, sois raisonnable. Si tu ne veux pas retourner au sickbay, il faut que tu restes tranquille.
SPRIGGAN : pour m'obliger à garder le lit, alors que j'ai tant de choses à faire ?
MORAK : tu sais tu ne vas pas reprendre aujourd'hui le travail, le commandeur Vela ne le permettrait pas.
Il se maintient debout, les deux mains agrippées à la table.
SPRIGGAN : laisses-moi Nera, je ne veux pas te faire de mal.
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A ces mots la jeune fille recule, se mordant la lèvre, ce n'était pas le temps de lui fournir d'autres détails. Il allait falloir
qu'elle patiente pour comprendre ce second problème qui la concernait directement et qui était d'avoir une explication
plausible de pourquoi il avait bien failli la tuer.
LAPOINTE *grommelant* : maintenant ça suffit, ou vous le faites ou j'appelle la sécurité. Je ne peux pas permettre à
un de mes patients de venir mourir parce que ça lui chante. Et c'est un ordre Mademoiselle !
Alexandre est outré tout simplement. En plus d'être inquiet pour Elliot, il en a marre. Il en a assez de tous ces gens
qui lui disent : "Docteur Lapointe faites-çi" ou "Docteur Lapointe je veux partir" et encore "Vous n'avez pas votre mot à
dire" bref, qui l'enquiquinaient et lui spoliaient la seule chose qui était à lui en la circonstance, ses compétences, sa
bonne volonté et son libre arbitre. M... c'était lui le médecin pour le moment et même s'il aurait préféré être dans le
laboratoire à préparer les mélanges médicamenteux, il avait malgré tout était désigné d'office bon pour le service.
Nera revient vers Elliot avec un visage emprunt de tristesse. Ce qu'elle aurait voulu être ailleurs.
MORAK : Sprig, je suis désolée...
Elle a sorti l'hypospray, Elliot le voit et veut s'en défendre, mal.
Nera n'a qu'un geste à faire et l'applique sur le cou de son ami. Il la regarde, un air de reproche dans le regard et la
rage toujours sous-jacente.
SPRIGGAN *dont la voix faiblit* : je veux Alda..
Il s'écroule dans les bras de Nera.
LAPOINTE *com* : Lapointe au sickbay ! Miss Ste-Croix faites venir des brancardiers au NoName et au trot.
Alexandre respire enfin, il approche d'Elliot, l'ausculte rapidement en attendant ses hommes. Nera passe ses doigts
dans les cheveux un peu longs du jeune homme, pensant fugitivement qu'il lui faudra retourner chez le coiffeur. Elle
allait devoir dire à Aldane ce qu'elle avait fait. Non, ça n'était peut-être pas une bonne idée. Bon sang ce qu'elle aurait
voulu un conseil maintenant.
Elliot est transporté au sickbay et Nera les accompagne ne sachant pour le moment pas quelle décision prendre.
Au sickbay, les deux seuls patients restant sont l'un des prisonniers qui s'il est conscient n'en demeure pas moins à
l'infirmerie sous surveillance. La régénération étant un processus complexe, il a été confiné dans la chambre
d'isolation pour des raisons médicales et de sécurité. Jan est sur son biobed, il sent autour de lui l'agitation mais se
sent trop faible pour y répondre. Il n'a pas encore ouvert les yeux. Il ne bouge pas, pas un muscle ne frémit, se
ressourcant tranquillement. Son esprit est perturbé par une kyrielle d'images où la violence et la fureur ont leur mot à
dire. Se souvient-il seulement où il est ? Le sait-il ?
"Portez-le là ! Oui, c'est bien. Merci Mademoiselle, vous pouvez le laisser maintenant."
Alexandre lance un scan complet de son patient, observant avec inquiétude ses relevés. Ce ne sont pas les
blessures d'Elliot qui l'inquiète. A proprement parler elles avaient cicatrisé. Par contre son bilan était moins bon.
C'était un repos complet qu'il lui fallait et s'il fallait qu'il dorme pendant plusieurs heures d'affilées et bien c'est ce qui
allait lui arriver. C'était la meilleure solution de toutes les manières, il fallait qu'il récupère.
MORAK : je ferais peut-être bien d'avertir Aldane.
LAPOINTE : faites ce que vous voulez de toutes les manières pour le moment il reste ici, il y est consigné. Et faites
dire à vos collègues qui sont toujours à l'entrée que je veux qu'ils veillent à ce qu'il reste ici si d'aventure il s'éveillait
sans que j'ai pu faire ma dernière visite. Après ce sera à lui de faire le reste. Je ne pourrais plus 

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