Lettre ouverte à Madame la Ministre Dr Maggie De Block Vendredi

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Lettre ouverte à Madame la Ministre Dr Maggie De Block Vendredi
Lettre ouverte à Madame la Ministre Dr Maggie De Block
Vendredi, le 4 mars 2016
Madame la Ministre,
Malgré les messages constructifs et répétés du Front Commun des syndicats médicaux et des associations de cercles
de médecine générale, votre Cabinet continue à forcer les partenaires de la concertation à entériner son projet d’organisation de la
garde.
Suite à une réunion de la Task Force Gardes de votre Cabinet qui a eu lieu vendredi le 26 février 2016, le Front Commun s’est
réuni le mardi 1er mars dernier. Les enjeux sont grands : la vision du Cabinet sur l’organisation de la garde ne tient aucunement
compte de l’expérience ni des efforts de la base dont celle-ci fait preuve depuis plusieurs années, alors que nous estimons que le
groupe de travail en soi forme une bonne base pour poursuivre la négociation. Les arguments et les solutions avancés par les
syndicats et les cercles de médecine générale sont tout simplement balayés, pour faire place à une vision qui met l’hôpital au
centre de l’organisation des soins de santé. Cela ne correspond pas au point 1.2.3 de l’accord médico-mutualiste. Le Front
Commun se demande dans quelle mesure le Cabinet opte toujours pour une 1e ligne autonome, qui s’investit pour des soins de
base accessibles.
Sans connaître la littérature sur laquelle le Cabinet se base pour décider unilatéralement d’intégrer physiquement
et fonctionnellement la garde de médecine générale dans les services d’urgences des hôpitaux, nous proclamons qu’il existe par
ailleurs une abondante littérature internationale qui démontre à souhait combien un système de soins de santé basé sur une 1e
ligne coordonnée est non seulement des plus efficients mais aussi des plus économiques. Placer conjointement à l’hôpital une
consultation de médecine générale et des services d’urgences hospitaliers ne peut que prêter à confusion pour la population qui en
déduira immédiatement que tout souci de santé est traité au mieux via le service des urgences de l’hôpital. Cela va totalement à
l’encontre de ce qui a été prôné dans notre pays depuis des années à savoir s’adresser prioritairement à son médecin traitant en
cas de problème de santé.
La forme
Depuis plus d’un demi-siècle, la concertation entre les différents professionnels de la santé et les autorités de notre pays a marqué
le succès d’un système qui satisfait la population. La médecine générale y a beaucoup contribué. En tant que
profession libérale, elle refuse de se faire imposer un système au sein duquel elle ne remplirait que le rôle de « pion » sollicité par
les autorités. Elle demande au contraire à être reconnue comme un partenaire à part entière, qui contribue à l’amélioration
constante du système de soins, et ce sous la forme d’un dialogue constructif et permanent. Dans son chef, il n’existe aucune
opposition entre la 1ère et la 2e ligne de soins : les différentes initiatives locales de collaboration entre des cercles de médecins
généralistes et des hôpitaux (en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie) en sont bien la preuve, à la grande satisfaction de toutes les
parties impliquées. La médecine générale demande justement de renforcer ce dialogue avec les confrères urgentistes et de faire
part de ses expériences. Il ne convient pas pour un Cabinet (libéral ?) d’imposer des points de vue sans aucune concertation.
Le fond
1. L’intégration physique et fonctionnelle des postes de garde de médecine générale dans les services de soins d’urgence
Le Front Commun refuse totalement et de manière univoque l’obligation de ce principe. Comme mentionné cidessus, il n’existe
aucune appréhension de renforcer le dialogue entre médecins généralistes et les confrères urgentistes pour rechercher la
meilleure solution qui doit rendre le plus efficient possible le service à la population qu’est la garde en dehors des heures
ouvrables. Mais le fait de donner comme message à la population de se rendre à l’hôpital pour un souci de santé, quel qu’il soit,
est un non-sens.
2. L’ouverture de ces postes de garde hospitaliers 24h/24 et 7 jours/7
La personne en demande de soins pendant les heures ouvrables doit avoir comme réflexe de s’adresser à son médecin traitant,
détenteur de son DMG. En cas de doute sur l’urgence de sa demande, un numéro d’appel uniforme pour l’entièreté du pays (1733
: voir le point 3) pourra le diriger vers l’administration de soins la plus adéquate à l’endroit le plus adéquat. En dehors des heures
ouvrables, des dispositions seront prises par les médecins généralistes, pour organiser la prise en charge de la personne en
demande : cela fait légalement partie des missions des cercles de médecins généralistes. Le service de garde est donc organisé
selon la vision du cercle de médecins généralistes, le cas échéant en concertation avec les confrères urgentistes. Dans ce
contexte il est bien de rappeler qu’il n’existe aucune obligation pour la création de postes de garde ; ils ont surtout été mis sur pied
pour pallier le manque d’effectifs.
3. Le tri des appels
On demande depuis plusieurs années d’instaurer un tri des appels opérationnel pour les demandes de soins (via le numéro d’appel
uniforme 1733), en amont de la médecine générale et de l’hôpital, et ce sous la responsabilité de l’état. En effet, il ne revient pas,
de point de vue médico-légal, aux médecins généralistes ni aux confrères urgentistes, de prendre la responsabilité de la décision
quant aux types de moyens à mettre en oeuvre (p.ex. ambulance, médecin généraliste, report des soins), et certainement pas au
personnel d’accueil, que ce soit à l’hôpital ou dans les postes de garde de médecine générale. Les organisations de médecins
généralistes sont prêtes à réexpliquer au Cabinet comment elles voient le fonctionnement d’un tel système : ce sujet doit
être inscrit dans les activités de la Task Force. La seule réponse obtenue jusqu’à présent de la part du Cabinet à la question sur la
lenteur de l’installation du système d’appel 1733 est « le manque de personnel, de bâtiments et de systèmes informatiques
adéquats ». Rêvons-nous ?
4. L’expérience et la vision de la base
Comme déjà été évoqué, il semble exister au sein du Cabinet un refus total d’écouter la base, notamment en ce qui concerne les
expériences acquises depuis de nombreuses années. Cette base, tant les médecins généralistes que les hôpitaux, est prête à
entrer en dialogue avec les autorités pour trouver des solutions réalistes tout en visant l’amélioration du système de la garde à un
coût correct. Le Front Commun répète que la médecine générale, en tant que profession libérale, se veut être reconnue comme
partenaire à part entière dans les discussions, qui doivent avoir comme seul objectif d’offrir à la population un service de garde de
qualité.
Dr Reinier Hueting, ASGB-Kartel Dr Paul De Munck, GBO-Modes-Cartel
Dr Jacques de Toeuf, ABSyM-BVAS Dr Peter Hoffman, AADM
Dr Guy Delrée, FAG Dr Maaike Van Overloop, Domus Medica
Dr Michel de Volder, FAMGB-FBHAV Dr Stefan Teughels, Wachtposten Vlaanderen
Dr Herman Moeremans, SVH
OUI pour une reconnaissance de la médecine générale comme élément essentiel de la 1e ligne de soins
de notre système de santé
NON pour l’obligation d’une installation systématique des PMG dans ou devant les services
d’urgences
OUI pour une concertation avec les urgentistes en vue d’améliorer l’efficience de la prise en charge
des soins non programmés
OUI au dialogue constructif
ABSyM

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