la RABATELIÈRE - montaiguvendee.fr

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la RABATELIÈRE
La Rabatelière, Jarrie et Raslière formaient une Vicomté. De cette justice relevaient en
première instance et en plein exercice : 1° Les paroisses de la Rabatelière et de Saligné en
entier ; 2° partie de celles de Boulogne, de Chauché et de la Merlatière. — Un juge sénéchal,
un procureur fiscal, un greffier, sept procureurs, dont l'un était à la fois notaire et huissier, et
tous les autres notaires qui, en totalité, étaient au nombre de neuf, et deux huissiers.
Ce fut à l'un des seigneurs de la Rabatelière que cette petite localité dut d'être érigée en
paroisse : en l'année 1640 elle fut formée d'une partie de celles de Chavagnes et de Chauché.
L'église, dédiée à saint Charles, a la forme d'une croix latine. Au-dessus de la porte d'entrée
et dans l'angle supérieur d'un fronton, on voit les armes de la famille Bruneau à laquelle la
paroisse doit son érection. Une petite flèche en ardoises surmonte la toiture également en
ardoises. Deux petits autels sont consacrés, l'un à la Sainte-Vierge et l'autre à saint Pierre.
Sous les dalles du chœur règne un caveau où reposent les cendres de la famille de Martel.
Le presbytère est une maison convenable, un beau jardin et 25 boisselées de terre en
forment les dépendances. Une rente de 225 francs, léguée par Madame de Martel, vient en
aide au desservant.
En 1795, le général Hoche, poursuivant de tous côtés Charette et son armée, ayant le fer
d'une main, et l'or de la corruption de l'autre, s'adressa au curé de la Rabastelière pour offrir au
général vendéen une transaction. Cet ecclésiastique, nommé Guesdon, avait jadis pris une part
active à l'insurrection, était rentré dans sa paroisse sous la sauvegarde des Républicains, et
paisible au milieu de son troupeau, il ne voulait plus le voir exposé aux chances d'une guerre
d'extermination. Le curé de la Rabastelière parvint jusqu'à Charette ; voici quelles étaient ces
propositions : un libre passage au général et à sa famille ; tous les trois mois on lui ferait
passer les revenus de sa propriété, et un Million de francs une fois donné ! Charette n'hésita
pas ; voici sa réponse au général Hoche : "Je saurai périr les armes à la main ; mais
abandonner les braves gens que je commande, non, jamais". La démarche du curé Guesdon
fut ainsi inutile.
Ce même ecclésiastique fut, quelque temps après, accusé de jouer le rôle de dénonciateur ;
cinq Vendéens pénètrent chez lui au milieu de la nuit, ils le saisissent, l'entraînent dans une
lande voisine avec ses deux domestiques accusés du même crime, puis là, usant du droit de la
guerre qui autorise à fusiller les espions, ils tuent le prêtre et les deux domestiques.
Ces détails sont tirés de l'Histoire de la Vendée par Crétineau-Joly. Cet auteur, qui paraît
approuver Charette, fut sans doute mal informé, car M. Guesdon jouissait de l'estime
générale, et le crime de Charette ne contribua pas peu à lui aliéner les esprits et hâter
probablement sa perte.
N. B. — Celle chronique paroissiale peut être complétée à l'aide de plusieurs notes et
documents qui faisaient défaut à M. l'abbé Aillery.
NOTICE SUPPLÉMENTAIRE
LES SEIGNEURS
FAMILLE RABASTEAU. — La Rabastelière vient de Rabasteau ou Rabastel, Rabastellus, l'un
de ses premiers seigneurs. Cette étymologie n'est pas contestable.
"Plusieurs familles ainsi nommées ont en effet habité le Bas-Poitou. Au XVe siècle, l'une
d'elles s'est distinguée par la science du droit ainsi que par les vertus civiques. Jean Rabasteau
fut appelé d'office, par la libéralité royale, du présidial de Fontenay-le-Comte au Parlement de
Paris. Il y devint président à mortier et fut même garde des sceaux par intérim ; mais on
ignore s'il descendait du personnage qui donna son nom à la Rabastelière. Ce dernier vivait
antérieurement au XIIIe siècle, époque à laquelle elle appartenait déjà à la maison de SaintJean-de-l'Aunay que les Hospitaliers de Jérusalem possédaient près de Sainte-Cécile. Il
habitait cette paroisse dont un des principaux villages est encore appelé la Rivière-Rabasteau ;
et si la Commanderie de l'Aunay, située dans le voisinage, n'a pas été donnée par lui et sur sa
propriété, au moins fut-il l'un de ses principaux bienfaiteurs, notamment par le don de la
Rabastelière,
FAMILLE BRUNEAU. - "Un des commandeurs, Louis de Lorraine, donna la Rabastelière,
avec deux autres fiefs, à Pierre Bruneau, qualifié varlet, pour le récompenser de la bravoure
avec laquelle il avait assisté les Hospitaliers dans leurs combats contre les Sarrazins. Bruneau,
en acceptant cette donation de la Commanderie, s'obligeait d'abord à tenir noblement les
domaines dont elle se composait, et aussi à servir L'ordre pendant six années. C'est ce qui
résulte d'un acte écrit en latin et daté du 10 mai 1226…
A ce Pierre Bruneau, par lequel commence la généalogie de sa famille, et qui mourut sans
postérité après avoir fait son testament le 9 septembre 1282, succéda un autre Pierre,
probablement son neveu,
L'héritier de celui-ci du même nom, qualifié varlet comme son grand'oncle, épousa
Catherine de Cléreàu, en 1319
Nicolas, leur fils, prit pour femme, en 1366, Jeanne de Preuilly, nom d'un fief de Touraine,
appartenant alors à la famille Frottier,
De ce mariage naquit Jean Bruneau, varlet, qui épousa, en 1392, Marie-Anne Buor de la
Gerbaudière.
Leur fils Millet ou Miles, écuyer, seigneur de la Rabasteliére, se maria, en 1438, avec
Perrine de la Noue, maison noble de Bretagne, la même probablement où naquit, en 1551, le
célèbre Bras-de-Fer.
Christophe Bruneau, écuyer, fils de Miles, qui épousa, en 1480, Jeanne de la Boucherie.
Jacques Bruneau, dit de la Rabastelière, fils aîné de Christophe, épousa, en 1503, Jacquette
Moreau, dame de la Jaunière, maison noble, près la Roche-sur-Yon ; de cette union :
Antoine Bruneau , marié , en 1540 , avec Anne de Thorigné.
Leur fils aîné, Charles, l'un des cent gentilshommes de la maison du Roi, seigneur de la
Rabastelière, de la Robretière et de Chavagnes. Il prit alliance, en 1584, avec Renée de la
Motte de l'Onglée et de Montigny.
Charles, deuxième du nom, leur fils, s'unit, le 26 juillet 1614, à Suzanne Tiercelin. C'est le
fondateur de l'église paroissiale de la Rabatelière.
Par lettres-patentes du mois de mai 1632, la terre de la Rabastelière fut érigée en baronnie,
en faveur de Charles Bruneau, seigneur dudit lieu, pour services rendus au Roi en s'enfermant
dans la citadelle de 1'Ile-de-Ré, et en la défendant vaillamment sous les ordres du maréchal de
Thoiras.
Trois ans plus tard, ce brave chevalier recevait de Louis XIII, des lettres de commission,
datées de Paris le 10 février 1635, pour lever une compagnie de cavalerie de 90 hommes dont
il aura le commandement.
Aussitôt formée, cette compagnie est conduite par Charles Bruneau à l'armée que
commandait le maréchal de la Force, et elle concourt à la prise de Spire.
Le septième janvier 1644, fut accompli le mariage de messire François Bruneau, de la
Rabastelière, fils aîné de messire Charles, deuxième du nom, et de dame Suzanne Tiercelin,
avec dame Charlotte de Pompadour, fille unique de messire de Pompadour, chevalier,
seigneur de Laurière conseiller du Roi en ses Conseils d'État et privé, capitaine pour Sa
Majesté de l'une de ses compagnies d'ordonnance, et de dame de Fumel."
Déjà, il avait suivi sur les champs de bataille les traces de son père ; et l'année même de
son mariage, il reçut la lieutenance d'une compagnie de gens d'armes par brevet du duc
d'Enghien, daté de Philisbourg.
Le 3 août de l'année suivante, il tomba à Nordlingen, frappé de cinq blessures, en
combattant à la tête de sa compagnie, et son cœur, enfermé dans une boîte de plomb, apporté
à la Rabastelière et déposé dans l'église1 avec cette épitaphe
La France, l'Allemagne et les cieux et les arts,
Les soldats et le monde ont fait comme six parts
De ce grand Chevallier ; car une si grand'chose
Dedans un seul tombeau ne pouvant être enclose.
La France a eu le cœur qu'elle avait élevé ;
L'Allemagne le corps qu'elle avait éprouvé ;
Les cieux en ont l'esprit et les arts la mémoire ;
Les soldats le regret et le monde la gloire,
Son père, Charles, deuxième du nom, se maria en secondes noces à Marie de la Baume,
Pierre, l'aîné des quatre enfants nés de ce nouveau mariage, n'eut pas de postérité de son
union avec Marguerite Le Normand."2
Sous Pierre Bruneau, un meurtre ensanglanta le château de la Rabatelière. Le 23 octobre
1759, le seigneur de la Rabatelière avait à dîner plusieurs gentilshommes de ses amis. Après
le repas, l'un des convives, M. de Montsorbier, de la Brallière, en Boulogne, sortait du
château par la porte de l'Éperon, quand le seigneur de Saint-Fulgent, qui nourrissait contre
lui une haine secrète, le frappa à l'improviste de quatre coups de son épée et l'étendit mort.
Dès qu'il le vit tombé, le meurtrier monta à cheval et se sauva.
A la requête de la veuve de la victime Mme Anne de la Barre, les officiers de justice de la
Rabatelière, accompagnés de Trastour du Chêne, des Essarts et de Choblet, de Saint-Sulpicele-Verdon, maîtres chirurgiens jurés, se rendirent dès le lendemain au château, où ils
trouvèrent le corps du défunt couvert de sang répandu par la bouche, les narines, et par
quatre blessures dont deux à la poitrine, une au flanc gauche et l'autre à la main du même
côté. Il était habillé d'un justaucorps brun avec des boutons d'or, une culotte de chamois, des
bottines, un chapeau et une perruque. Auprès, était son petit sabre ou couteau de chasse, sur
lequel il n'y avait aucune trace de sang.
Le meurtrier s'étant caché ou absenté, son procès lui fut fait par contumace ; un huissier
général, assisté d'un sergent et d'un trompette juré qu'on dut faire venir d'ailleurs, se
transporta à la Rabatelière, le 20 février 1720, sur les trois heures après midi ; là, en place
publique, par un seul cri et son de trompe, assigna le seigneur de Saint-Fulgent, et attacha,
avec un clou, à la porte de l'auditoire, copie de l'arrêt portant assignation, le tout en présence
de plusieurs personnes qui refusèrent de se nommer, malgré l'interpellation à elles faite,
après nouveau cri public et son de trompe.
1
En 1873, le cœur de François Bruneau a été retrouvé dans une petite cavité du pilier du sanctuaire, côté de
l'épître. Il est maintenant recouvert par la plaque en bronze de son père, Charles deuxième. (Note de M. l'abbé E,
Hillairet, curé de la Rabatelière)
2
M. Mourain de Sourdeval, — La Rabastelière.
1871.
Même exploit le lendemain devant la grande porte du château de Saint-Fulgent et en
présence de témoins qui n'osèrent non plus se nommer ni signer, par crainte du seigneur de
Saint-Fulgent.
Ces formalités accomplies, le jugement par contumace fut enfin rendu le 12 juin 1720.
En voici le libellé :
"L'accusé est atteint et convaincu d'avoir tué et homicidé à coups d'épée le sieur de
Montsorbier, pour réparation de quoi l'avons condamné à avoir la tête tranchée sur un
échafaud qui, pour cet effet, sera dressé sur la place publique de la Rabatelière, l'avons
condamné, en outre, en 12,000 livres de dommages-intérêts et réparation civile envers la
dame de la Barre, veuve Montsorbier ; en 100 livres d'amende envers le seigneur de cette
cour, et 20 livres pour les réparations de ce parquet et auditoire, et aux dépens du procès, que
nous avons liquidés, sur les pièces, à la somme de 300 livres, nos épices et levée des présentes
non comprises. Et sera la sentence exécutée par effigie dans un tableau attaché par l'exécuteur
de la haute justice à un poteau planté, pour cet effet, sur la place publique de ce lieu de la
Rabastelière, pour y rester un jour de jeudi, depuis neuf heures du matin jusques à six heures
du soir."
En marge du jugement est écrit :
"Aujourd'hui, 19 septembre 1720, la présente sentence a été publiée à haute et intelligible
voix, sur la place publique, au devant de la porte du parquet des vicomté et châtellenie de la
Rabatelière, Jarrie et la Raslière, par moi greffier ordinaire desdites cours. Ce fait, l'effigie y
mentionnée, étant dans un tableau, a été attachée à un poteau dressé, pour cet effet, en ladite
place, par François Fresneau, exécuteur de la haute justice de Fontenay-le-Comte,
conformément et en exécution de la dite sentence, les jours et an que dessus.
Signé Henri Rochelet, greffier."
Le condamné réussit à obtenir des lettres de grâce au mois de juillet 1723.3
"Les affaires de Pierre Bruneau s'embarrassèrent au point que ses terres furent saisies en
1718. Pierre Bruneau vendit d'abord, le 23 janvier 1720, sa vicomté de la Jarrie et autres
domaines.
Ce sacrifice était insuffisant pour solder toutes les dettes faites par son père, par lui-même
et par la famille. Afin de les acquitter, il dût aliéner encore la vicomté de la Rabastelière, les
seigneuries de Chavagnes, la Robertière, la Manselière, c'est-à-dire tout ce qui lui restait, à
raison de 150,000 livres, à M. et Mme Montaudouin, L'acte fut passé à Nantes, le 10 octobre
1725," (M. Mourain dc Sourdeval.)
Les Bruneau portaient : d'argent à sept merlettes de sable posées, 3, 3 et 1,
En 1621, les armes, par suite d'alliances, se composaient : d'argent à sept merlettes de
sable. Partie d'argent à deux herses d'azur posées en potence, accompagnées de quatre
merlettes de sable, écartelés de gueules à trois lions d'argent, au troisième quartier d'argent à
sept merlettes de gueules au franc canton de même ; au quatrième comme au premier, et sur
le tout d'azur au lion d'or semé d'étoiles de même, qui sont les armes de Culant.
FAMILLE DE MONTAUDOUIN. - Messire René de Montaudouin, écuyer, conseiller-secrétaire
du Roi, maison et couronne de France et de ses finances, nouveau seigneur de la Rabastelière,
la Clartière, Chavagnes et autres lieux, avait épousé Marie Bertrand.
Il eut de ce mariage 7 enfants dont trois fils, René, seigneur de la Rabastelière, Nicolas,
seigneur de la Clartière, près Machecoul, et Thomas, seigneur de la Bonnetière.
René épousa, le 9 octobre 1754, Jeanne-Elisabeth Picot d'Eprémesnil, leur fille unique,
Marie Michelle, mourut jeune et la Rabastelière passa à la fille de Nicolas Montaudouin,
3
Echo du Bocage Vendéen, 5 année, n°1, p. 102 et suiv, Art. D-M sur des notes extraites des Archives mêmes du
Château de la Rabatelière.
"Cette héritière, nommée Thérèse, était dans sa 18 e année, lorsqu'elle épousa, en 1780,
dans l'église de Sainte-Croix de Nantes, René-Elisabeth de Martel, chevalier, seigneur du Pé
et baron de Rié, âgé de 27 ans.
Il décéda en 1785, laissant une fille unique, dont la mort suivit de près la sienne. La jeune
veuve ne se remaria pas, et elle ne suivit pas à l'étranger presque tous les membres de la
famille Montaudouin, qui a fourni dix-sept noms à la liste des émigrés. Elle passa à Nantes le
temps de la Révolution, et lorsque la pacification de la Vendée lui permit de revenir à la
Rabastelièrc, elle honora son veuvage par de nombreux bienfaits, employant sa grande fortune
au soulagement des misères répandues autour d'elle par la guerre civile, ainsi qu'à la
réparation de son château dévasté et de l'église paroissiale incendiée. Mme de Martel vivait
modestement et n'était riche que pour l'infortune. Elle est morte en 1827, laissant une
mémoire vénérée.
Elle avait eu un frère, Thomas René Montaudouin, seigneur de la Clartière, mort peu de
temps après son retour de l'émigration ; aussi M. de Martel n'avait-il jamais pris le titre de
seigneur de la Rabastelière."4
FAMILLE DE LA POEZE. — En 1828, la terre de la Rabastelière fut acquise des héritiers de
M de Martel par le comte Charles-Henri-Marie de la Poeze, d'une famille originaire de
l'Anjou, et alors établie en Touraine, mais qui, au XVIIIe siècle, fut représentée en Bas-Poitou
par divers de ses membres. Les registres paroissiaux de Saint-Gilles, Saint-Gervais, Aizenay
et Chauché en font foi. En 1398, la veuve de Pierre Daniau, seigneur châtelain de SaintGilles-sur-Vie, dame Jehanne de la Poëze, tutrice de Josias Daniau, son fils, habitait le
château de Saint-Gilles.5 Un Parménas de la Poëze, cité comme seigneur de la Naulière en
1612, a dû être l'hôte de Louis XIII en 1622, ce monarque descendit à Aizenay chez M. de la
Noulière.6
Le comte Olivier de la Poëze, à l'occasion de son mariage avec Mlle de la Roche-Lambert,
a reçu en dot la terre de la Rabatelière. Chambellan de l'Empereur Napoléon III, il a été élu
plusieurs fois député au Corps législatif et membre du Conseil général de la Vendée.
Le château de la Rabatelière est aujourd'hui la propriété de M. le vicomte Yves-CharlesMarie de la Poëze.
Ce château remonte au XVIe siècle. Sa masse imposante paraît avoir perdu le caractère
primitif, par suite des incendies et reconstructions dont on voit les traces.
me
ÉRECTION DE LA PAROISSE
PROCES VERBAL DE VISITE
7 novembre 1626
"L'an de grâce 1626 et le samedi 7 novembre à nous René Mauvilain prestre licentié es
saints décrets chanoine de leglise catedrale de Lucon et promoteur aux causes doffice de la
cour de l'officialité a esté presenté de la part de Messire Charles Bruneau chevalier seigneur
de la Rabastelière et de Chavagnes certaine requeste exposant a Monseigneur le reverend
evesque du dit Lucon que la maison de la Rabastelière en la paroisse du dit Chauché estait si
4
M. Mourain de Sourdeval. — La Rabasteliére.
Abbé Pontdevie. — La Châtellenie de Saini-Gilles-sur-Vie.
6
Mémoire d'Héroard.
5
esloignée de son eglise paroisiale du dit Chauché et les les chemins si difficilles
principalement l’hiver et a cause des rochers et abondance des eaux et distance du lieu entre le
dit bourg et sa dite maison de la Rabastelière que luy et sa famille ne pouvoint assister aux
messes dobligation ains le plus souvant perdent le service divin à leur grand regret requerant
partant qu'il plaise à Monseigneur souffrir et permettre au dit sieur de la Rabastelière de faire
construire et bastir une eglise proche sa dite maison de la Rabastelière avec fons baptismaux
et que pour estre élevée et demeurer perpetuellement en tiltre deglise paroisiale de la
Rabastelière tant le dit lieu et hotel signeurial de la Rabastelière que la métérie proche et
moulins a vant et eau avec le vilage de la Creschère et leurs appartenances fusent retranchés
de leglise et paroisse de Choché et assubjectis à la nouvelle eglise paroischiale de la
Rabastelière offrant de doster le curé de revenu suffisant pour l'entretien d'un prestre curé sen
reportant a Monseigneur lévesque ce reservant à luy et a ses futurs successeurs seigneurs de la
Rabastelière le droit de patronage et presentation et proche de sa maison de la Rabastelière en
tiltre deglise paroisiale a laquelle nous avons soubmis et soubmettons par ces presentes chatel
et seigneurie de la Rabastelière meteries moulins et apartenances dicelles avec le vilage de la
Creschère et tout ce qui est plus à plain exprimé par le proces verbal icelle declaration
exempte a l'avenir de la jurisdiction du curé de Chauché consentans que le dit sieur et son
principal héritier sieur de la Rabastelière aient et se reserve le dit droit de nous presenter un
prestre idoine et capable pour estre par nous institué en la dit cure vaquance advenant à la
charge neantmoins de paier annuellement 16 boiseau de blé seigle mesure de Montaigu au
curé de Chauché et successeurs curés pour désinteresser et dassigner la dit vante sur sa
maison et seigneurie jusques a ce qu'il en aie acquis une de pareille valeur en bon fonds qu'il
garentira et que le dit sieur paira par chacun an au prestre pourveu de la dit cure de la
Rabastelière cent cinquante livre par forme de pension annuelle jusques à tant qu'il aie
pourveu par union de chapelles legat ou autrement et de nsê avis et consentemant et qu'il fera
bastir une maison presbiterale avec jardins sortables à la condition d'un curé et la plus proche
de leglise que faire ce pourra ensembre intretiendra la dit eglise de luminaires ornemans et
touste autre chose necessaire pour lentretien du service divin. Ce que le dit sieur de la
Rabastelière viendra accepter ou répudier dans quinzaine à peine de nulite. Donné et fait en sa
maison épiscopale
à Luçon le 7 du mois de décembre 1626 ainsi signé en la minute Emeri de Bragelongne
evesque de Luçon sellé le 9 de décembre 1626 par moy coumis."
Le Maire,
PERMISSION
DE MONSEIGNEUR LEVESQUE DE LUÇON
DE CONSTRUIRE UNE ÉGLISE PAROISSIALE
AU LIEU OU IL PLAIRA
AU SEIGNEUR DE LA RABASTELIÈRE
9 décembre 1626
"Emeri de Bragelongne par permission divine evesque et baron de Luçon à tous ceux qui
ces présentes lettres verront scavoir faisons que veu la requeste à nous présentée par Charles
Bruneau chevalier seigneur de la Rabastelière et de Chavagnes portant que sa maison de la
Rabastelière située en la paroisse de Chauché estait si esloignée de son église paroissiale les
chemins si difficilles notenmant en hiver que luy et sa famille ne pouvoient estre asses tost
rendus pour assister au service divin es jours dobligation ains en estoint le plus souvent
frustrés requerant partant luy estre sur ce pourveu et en ce faisant permis de faire ériger et
construire une église proche de sa maison avec fons babtismaux et icelle estre sensée a
perpétuité eglise paroisiale de la Rabastelière a laquelle chatel de la Rabastelière les métairies
moulins et vilage de la Crechère demeureront assubjectis et tout ce qui en dépend offrand
doster la cure de revenu suffisant pour doter un prestre et tel que nous jugerions nécessaire se
réservant le dit sieur et à ces futurs successeurs seigneurs du château et signeurie le droit de
presenter ledit curé et à nous dinstituer le présenté Et outre de désintéresser le curé pour et a
cause de la dite érection novelle et retranchement des vilages et moulins et meteries de la dite
paroisse de Chauché sous coumission au pied de la dite requeste portant pouvoir et
mendement special a maistre René Mauvilain prestre un promoteur et chanoine en une église
catédrale de descendre sur les lieux iceux voir et visiter et du tout nous faire fidel raport de la
comodité ou incomodité proces verbal de la visite faict avec le dit sieur son conseil et maistre
Guilaume Jouneaudeau prestre curé de Chauché a cette fin appellé du 7 de novembre dernier
par lequel nous est aparu la vérité du contenu en la dite requeste et pour la distance des lieux
et de la difficulté des chemins Et que le dit curé ne pouvoit consentir la distraction et
démembration du dit château de la Rabastelière moulins meteries vilages susdits ni
letablissement d'une nouvelle paroisse en la sienne que le dit sieur ne s'obligeast de paier seize
boiseau de ble et seigle de rante annuelle et perpétuelle au curé de Chauché pour ses
donmages et intéres moienant quoy le dit curé tant pour luy que pour ses successeurs curés
renoncoit aux droits qu'il avoit tant au spirituel que temporel suz les dits lieux retranchés de sa
paroisse et pouvoit avoir et prétendre dans la dite eglise novellement bastie et sur les
contestations les parties sen seroint neantmoins raportée ansê jugement. Nous ayant égard à la
susdite requeste et pour bonne et juste cause a ce nous mouvans icelle enterinant avons permis
et permettons au dit sieur de la Rabastelière faire bastir et construire une église au lieu désigné
par le procès verbal de la visite à Monseigneur le reverend evesque linstitution et a ses
successeurs evesques de Luçon. Et outre de desinteresser le curé du dit Chauché et ses
successeurs curés pour le retranchement de dites choses en consentant par iceluy curé le dit
établissement et érection de la dite église avec renonciation aux droits qu'il et ses dits
successeurs curés pouvoint avoir et prétendre a lavenir en la dite église de la Rabastelière et
choses susdites et droits y incorporés mesmemant au impatronat au bas de laquelle requeste
est ordonne qu'auparavant y faire droit. Il sera informé de l'exposé en icelle et la coumission a
nous adressée pour descendre sur les lieux et en faire un raport par vertu de laquelle
coumission advenant le mercredi 11 dudit mois et an nous estant transportés au dit lieu de
Chauché avons ce requerant le dit sieur de la Rabastelière octroié un mendemant pour
assigner le dit curé de Chauché a demain 9 heures du matin au devant la porte principale du
dit Chauché pour de là nous transporter au dit lieu de la Rabastelière avenant lequel jour et
heure de la dite assignation le jeudi 12 du dit mois et an ce sont comparus audevant de la dite
porte de leglise le dit sieur de la Rabastelière par M. Louis Chedaneau son procureur qui a
requis lexécution de nsr coumission et semblablement cest comparu en sa personne ché sire
Guilaume Jounaudeau prestre curé du dit Chauché qui a desclaré avoir eu coumunication de la
requeste portant une coumission contre laquelle il ne veult insister quand a la distance des
lieux et difficulté des chemins pour ne pouvoir estre principalement l'hiver assez à temps au
cervice mais quil ne pouvoit consentir ni aprouver letablissement dune nouvelle paroisse en la
siene ni la substraction ni retranchement de la dite maison et meteries et moulins de la
Rabastelière et vilage de la Creschère et leurs apartenances qu'il et ses successeurs curés de
Chauché ne fussent désintéresser de leursdroits annuels tant de boicelage mariages cervices
batesme enterrements quautres accoutumés estre levés sur les dits lieux et famille lesquels
droits annuels le dit Jounaudeau curé estime et estime pour le moins valoir par an la somme
de quinze livres tournois le tout réduit à largent."
LETTRES PATENTES DU ROI
ÉRECTION DE LA PAROISSE DE LA RABASTELIÈRE
A LA REQUESTE
DE CHARLES SECOND DE LA RABASTELIÈRE QUI A BASTI
FONDÉ DOSTÉ ET ORNÉ LA DIT ÉGLISE ET CURE
4 avril 1634
"Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navare à tous presens et a venir Charles
Bruneau de la Rabastelière chevalier Baron du dit lieu nous a faict dire et remontrer que la
terre de la Rabastelière a esté depuis peu erigée en Baronie et faicte une novelle paroisse eust
requis qu'il nous pleust ordonner que les eleus de Moleon envoiroint cette presente année et
autres suivantes leur soumission et departemant partie des tailles aux momens et habitans du
dit lieu de la Rabastelière lesquels pouvoint suivant les dits departemens assoir et imposer les
tailles subvensions et crues sur les contribuables par les asseurs et collecteurs qui seront par
eux eleux et nominés suivant les années sans que les maisons et meteries dépendantes du dit
lieu de la Rabastelière ensemble celle de la Guichardière de la Benastonnière maisonneufve la
Haie, la Chambornière, la Creschère, la Bousle, la Martinière, la Giroulière, la Rouselière,
moulins à eau et a vant et autres lieux y anexés et tires des paroisses de Choché et Chavagnes
puissent estre encor imposés ains que les dittes paroisses de Choché et Chavaignes seroint
deschargèes a proporsion des dites tailles et subsides que vouloint porter les dits lieux anexes
et quiceux lieux annexes seroint en tant que besoing seroit distraits dicelles paroisses et unis à
celle de la Rabastelière conformement aux consentements tant de lEvesque diocésain que des
habitants prestres et curés des paroisses du dit Chauché et Chavaignes. A ces causes appres
avoir fait voir en nostre conseil nos lettrespatentes derection dudit lieu de la Rabastelière en
baronnie du mois de may mil six cent trente deux acte denregistrem. augreffe de la
sénéchaussée de Poitiers du seize juillet mil six cent trante trois Acte de permission dusieur
Evesque de Lucon au dit Bruneau de faire construire une Eglise paroissiale au dit lieu de la
Rabastelière et de consentement à lannexité desdits lieux du VIIe decembre mil six cent vingt
six avec acte de consentement des dits habitans prestres et curé de Chauché et la Rabastelière
a la distraction des dits lieux annexés aux choses et conditions y apposées des vingt VIIe juin
deuxie et vingt deuxie octobre mil six cent trente trois. De ladvis de nostre dit conseil suivant
larrest en Iceluy de XXVIIIe jour de janvier dernier y attache soub le contresect de nostre
chancellerie et de nos pleine puissance e tactorité royalle nous avons ordonné et ordonnons
que les esleus de Moleon envoyeront la presente année et suivantes les commissions et
départements partie aux manans et habitans du dit lieu de la Rabastelière pour asseoir et
imposer les tailles subventions et crues sur les contribuables en la mesme forme et manière
que les aue parrocs de la ditte election ce faisant celle de Chauché Chavaigne dont elle a esté
distraitte seront dautant deschargées. Cy donnons en mandement a nos amez et féaux coners
les gens tenant une cour des aides à Paris président trésoriers de France et generaux de nos
finances au Bureau establis à Poictiers que ces presentes ils faient register et executer
nonobstant opposition ou appellation quelqoncque car tel est nostre plaisir et affin que ce soit
chose ferme et stable a tousiours nous avons fait mettre nostre scel a ces presentes sauf en aue
chose nostre droit et lAltruy donné a Paris au mois de feuvrier l'an de grace mil six cent trante
quattre et de nostre regne le vingt-quatrième Ainsy signé par le Roy de Lommenie et scellé de
cire verte en laces de soye.
Registrée en la cour des aides oy le procureur du roy pour iouir par les impetrons du
contenu et estre executées selon les forme et tener suivant l'arrest du jourdhuy a Paris le
quatrième iour davril mil six cent trante quattre ainsy signé Boucher etc. etc."
FONDATIONS
"Les chapelles qui sont unies et. incorporées à la cure de la Rabastelière sont la Grand-Noé
desservie autrefois, Saint-Saturnin et Notre-Dame de Bonne-Nouvelle et celle de Saint-Lorens
lequoy lespres sont en la prée de Riece qui est desservie par Jac de Peré.
Il y a quelques rantes qui ne ce paient pas que doit M. le Baron de Pontchateau. Il y a une
maison et un jardin et sept ou huit journaux de ving qui sont proche Doulon et sapelle le lieu
la Grand-Noé. Il y a outre la chapelle de Saint-Michel autrefois desservie dans leglise de la
Trinité. Les domaines sont la plus part en Bois de Cené qui vont den prés des aires de marais
quelque six ou sept ving et une maison et jardin dans la ville de Machecou. Toutes ces choses
ont été donnés par le seigneur Baron de la Rabastelière et joinctes et annexces â la cure qu'il a
fait faire et bastir comme leglise et donc tous les ornemants de la dite eglise toutes les dites
choses faites pour la gloire de lieu et par lotorité de levesque de Lucon et celle de levesque de
Nantes Philipes Cospeau pour l'union des trois chapelles pour obliger aussi les curés du dit
lieu de la Rabastelière de prier Dieu pour les ames des deffunts parens du dit seigneur et de
luy vivant et pour cela sont obliges les curés de dire chaque sepmaine deux messes pour les
trepasses et a chaque fin des maises cotidiennes ces mots requiescant in pace. Cest ce quoy
sont obligés les dits curés et pour le lieu et emplacement de la cure et jardin donneront tous
les ans a Nouel une poule et cinc sols.
Le premier curé est Claude Toumasau qui cest obligé soubs son seing et a promis devant
Dieu dentretenir les choses ci desus.
Il y a les copies des fondations des dits chapelles au chasteau de la Rabastelière qui ont ete
dottés par les predecesseurs des dits seigneurs du cote de sa mere dame Renée de la Motte du
Vauclerc dame de Longlee Montigni, la Morinière la Haie et le droit de présenter est au nom
des seygneurs et non affecté au terres. La cure a été totallement faitte bastir par le dit seygneur
Baron de la Rabastelière Charles second et fourni de son bien et de ces deniers touttes les
choses qui sont a leglise et a la cure sont les dittes choses batimants et jardin dans le fonds et
fief du seygneur.
L'an 1633. Contract de cinc boisceaux de seigle de rante sur les biens de Pierre Charrier
demeurant a Benaston legués par Melle de la Giroulière a la fabrisc de l’Eglise de SaintCharles de la Rabastelière.
L'an 1633. Contract de cinc boiseaux de seigle donnes par dame Marie Bruneau de la
Rabastelière fame en première noces de Charles du Plantis seygneur du Landreau et de la
Guionnière et en seconde de Jacques Foucher seygneur du Gué et de Sainte-Flaive et de
Longeville a la fabric de l’église de Saint-Charles de la Rabastelière assignes sur la meterie de
la Fosse en la paroisse de la Guionnière. Le contract fait le 14 decembre 1633 par Rousseau et
Néran, notaires des Herbiers — le dit Rousseau a la minute.
ÉTAT NOMINATIF
DES
CURÉ, VICAIRES, PRÊTRES
DE LA RABASTELIÈRES
depuis 1637 jusqu'à ce jour
1637. — Claude THOUMAZEAU, premier curé de la Rabastelière.
1638. — Mathurin Bretaud, vicaire.
1639. — V. Bousseau,
id.
1639. — Mathurin Bretaud, id.
1639.
Bossis,
id.
1639. — A.Bobin,
id.
1640. — P. Penisson,
id.
1641. — A. Bobin,
id.
1641.
J. Drefflues,
id.
1643.
R. Beaulieu,
id.
1644. — P. Symon,
id.
1646. — Louis Merland, id.
1648. — Julien Grégoire, id.
1648. — I. Lorieau,
id.
1649. — Maurice Forget, vicaire en l'an 1649, du 13 septembre.
1653. — Maurice Forget, signe recteur de la Rabastelière.
1659.
"Je, père Roch de Mesières, prédicateur capucin, missionnaire apostolique dans
les diocézes de Luçon et de la Rochelle, preschant le caresme à la Rabastelière et adjacentes,
quoy qu'indigne atteste et certifie par ce presant acte à tous ceux qui le voiront que j'ai donné
l'absolution de l'hérésie à Perrine et Jeanne Guilbaud, de la paroisse de Saint-André-Gouldois,
sur le rapport que m'a fait missire Louis Martin, vicaire du dit Saint-André, quelles étaient de
longtemps dans le dessein de se convertir à notre religion apostolique et romaine, les ayant
préalablement, duement interrogées en présence de M. le curé de la Rabastelière et les ayant
reconnues véritablement converties et dans le dessein d'abjurer leur hérésie, les ai inscriptes
au nombre des fidelles au commencement de la grande messe de la paroisse en présence de
tous les habitants. En foy de quoy j'ay inscript et signé ce présant acte.
Ainsy signé Frère Roch ; Basty, procureur fiscal ; Bossis, huissier ; Maurice Forget, recteur
de la Rabatelière."
1661. — M. TEXIER, curé de la Rabastelière.
1671. — I. HUCHELOU, curé.
1673.
F. OLLUIVEAU, curé.
"Veu pendant le cours de notre visite ce dixième novembre mil six cent soixantetreize.
"HENRY, Ev. de Luçon."
1690. — F. THOUMAZEAU, curé de la Rabastelière.
"Veu. le cinquième septembre 1695. B. Caritte, archidiacre. Veu le 28 août 1696.
"HENRY, Ev. de Luçon."
"Il est à remarquer que cette année (I709), il y a eu un hyver si rigoureux que
presque tous les arbres ont péri par la gelée aussi bien que le bled ce qui a causé
un cher temps. Le bled seigle de la mesure de Saint-Fulgent a valu trois livres
quinze sols. Cet hyver commença au commencement de février 1709, a duré
quinze jours qui a fait porter un deuil à toute la terre qui n'a jamais été veu.
Noyers, chatiniers, poiriers, presque tous les pommiers, jusqu'aux housins, se
trouva gelé, les vignes mêmes. Le vin de Chavaignes a valu cent vingt livres le
tonneau.
"Veu dans le cours de notre visite à la Rabastelière, le 13 mars 1719.
"JEAN-FRANÇOIS, Ev. de Luçon."
1724. — MARTIN, curé de la Rabastelière. Le procès-verbal de la consécration, perdu, a été
retrouvé par M. Martin. Cette consécration aurait du être mentionnée par le premier curé de la
Rabatelière.
1734. — Mgr Emeric de Bragelogne, évêque et baron de Luçon, consacre l'église et l'autel
de la Rabastelière, le 4 novembre, fête du patron de la paroisse. Le 4 novembre 1737, un acte
est signé : Martin, curé de la Rabastelière et de Chavagne.
1738. — GARREAU, curé de la Rabastelière.
"Vu le présent registre dans le cours de notre visite, ce vingt-trois may mil sept
cent quarante-trois. JEAN-GUILL., Ev. de Luçon."
1764. — 8 janvier. — J. GILBERT, curé de la Rabastelière.
1786. — Pierre-Marie GUESDON DE LA POUPARDIERE, curé de la Rabatelière.
Depuis environ 1792, les actes de naissances, mariages, sépultures ne sont plus
signés que par l'agent municipal en fonction. Les feuilles des registres sont ainsi
paraphées : Mathurin-Joseph-Severin Pervinquière, membre de l'administration
départementale de la Vendée, à Fontenay-le-Peuple, le dix Fructidor, l'an IVe de la
République française, une et indivisible.
L'an VI, le 25 floréal, la maison ci-devant curiale, incendiée aussi bien que
l'église, avec ses servitudes et ses terres, a été adjugée au citoyen Merlet,
commissaire du canton de Saint-Fulgent, pour 18,000 livres. Enregistré à
Fontenay-le-Peuple, le 11 Prairial.
On raconte que l'officier républicain qui avait ordonné d'incendier l'église y
pénétra à cheval. Le cheval, épouvanté par les charbons qui tombaient de la
charpente enflammée, s'élança vers la petite porte de l'église. La malheureuse bête
put s'échapper, mais le cavalier eut la tête brisée contre le palâtre et fut consumé
par le feu qu'il avait allumé.
1802.
LEHOUSEL, prêtre, desservant de la Rabastelière, décédé le 19 juin 1816
1816.
1838.
R. VALTON, prêtre, desservant.
MIGNET, prêtre, desservant.
1854. — Drouet, prêtre, coadjuteur.
1862. — DROUET, prêtre, desservant la Rabatelière.
1864. — BESNARD, curé de la Rabatelière. — Alexandre Besnard, son frère, prêtre habitué.
1867. — Charles ALL1N, curé de la Rabatelière,
1873. — Elie HILLA1RET, curé de la Rabatelière.
1877. — Henri Rautureau, prêtre, vicaire.
1889. — R. P. Charles Blanchet, faisant fonction de vicaire.
1890. — R. P. Eugène Leroux, faisant fonction de vicaire.
Le premier soin de Mme de Martel, revenue à la Rabatelière, fut de racheter l'église, la cure,
et ce qui leur appartenait avant la Révolution. De plus, elle fonda une école de filles avec
rente pour l'entretien des religieuses institutrices. L'école de filles de la Rabatelière est la
seconde, peut-être la première, établie par le vénérable Père Baudoin. M me de Martel repose
dans les caveaux de l'église, ancien lieu de sépulture des châtelains de la Rabatelière.
"Hic, sub marmore juxta posito jacet corpus illustrissimæ necnon piissimæ Theresiæ de
Montaudoin de la Clartière, Dominæ de la Rabatelière, strenuissimi viri marchionis de Martel
equitum cohortis ducis viduæ. Hanc, ab antecessoribus fundatam Ecclesiam in fausto tempore
venditam, anno circiter 1792 cura suo fratre redemit. Deinde, sub bello civili incensam suo
sumptu in pristinum statum restituit, intùs ornavit multisque doris ditavit.
Nannetis obiit us
januarii die, anno Domini 1827, oetatis vero suæ 64 et in hoc avitorum suorurn sepulchrum
translata fuit.
Requiescat in Pace !"
(M. l'abbé Hillairet, curé de la Rabatelière).
L'ABBÉ GUESDON DE LA POUPARDIÈRE
CURÉ DE LA RABASTELIÈRES
(Documents inédits)
EXTRAIT DES MEMOIRES DE L'ABBE REMAUD, AUMONIER DE CHARETTE. "Comme la mort de
cet ecclésiastique a fait dans le temps une très grande sensation et que tous les papiers publics
ont chargé le général Charette de l'odieux de son genre de mort, il est peut-être bon que je
vous fasse connaître au juste et a l'écrivain pour qui vous destinez, ce rapport comment les
choses se sont passées. Voici les faits les plus exacts.
M. Guesdon, voyant les affaires des royalistes aller fort mal, se crut perdu et avec lui toute
la Vendée. Il fit connaissance alors avec un officier républicain qui commandait le poste de
Saint-Fulgent et il lui promit d'amener le général Charette à déposer les armes et à reconnaitre
la République. L'officier républicain qui crut avoir fait une bonne découverte, engagea M.
Guesdon à suivre la démarche proposée et lui promit la haute protection du Gouvernement.
Fier de cette promesse, le curé de la Rabatelière écrivit au général Charette qui me donna
aussitôt communication de sa lettre et me chargea d'y répondre. Après avoir pris ses ordres, je
répondis effectivement à M. Guesdon et ne mis dans ma lettre que ce qui avait été arrêté par le
général. Il était question de gagner du temps et rien de plus. Ce même ecclésiastique, pressé
par les républicains, écrivit une seconde et une troisième lettre au général en chef. Toujours
même réponse ; on demandait du délai. Enfin il écrivit que pour tout délai on accordait au
général Charette huit jours de répit, après lesquels, s'il -ne remettait pas les armes ou s'il
n'acceptait pas la proposition qui lui était faite de passer en Suisse ou à Jersey, qu'on ne lui
donnerait plus de repos ni le jour ni la nuit. Le général Charette répondit au général Gratien
qu'il ne sortirait pas de France, qu'il ne déposerait pas les armes et qu'il combattrait jusqu'à la
mort les ennemis de l'Autel et du Trône, Cette lettre, qui fut communiquée à M. Guesdon, le
mécontenta au moins autant que les républicains qui l'avaient mis en avant.
Voyant qu'il n'avait rien pu gagner sur le général Charette, il se décida à faire sa paix
particulière avec les républicains, et pour que personne n'en put douter, il alla lui-même
processionnellement avec tous ses paroissiens, en chantant des prières publiques, au-devant
d'une colonne qui traversait sa paroisse. Cette conduite de sa part donna de violents soupçons
à l'armée royale et particulièrement au général Charette qui le fit examiner de près. Ce jour,
deux soldats de l'armée royale, vêtus de l'uniforme républicain, se présentèrent chez lui et lui
demandèrent avec beaucoup d'instances s'il ne pouvait pas leur apprendre où était le brigand
de général Charette. Il leur répondit qu'il était caché, ce jour-là même, dans une enceinte de la
forêt de Grasla, que le fait était constant puisqu'il l'avait fait observer par ses domestiques,
"Allez promptement, dit-il, à ces deux soldats déguisés et dites à vos chefs qu'il n'y a pas un
moment à perdre pour prendre Charette." Ces deux soldats, dont un était allemand et jouait
fort bien son rôle, dirent à M. Guesdon : "Faites-nous le plaisir de donner par écrit les
renseignements que vous pouvez avoir sur le lieu qu'occupe actuellement Charette ; sur un
avis de votre part, mes chefs ne feront aucune difficulté de marcher sur lui et de l'arrêter," Le
malheureux ecclésiastique donna dans le piège et il écrivit que le général Charette était dans
une enceinte de la forêt de Grasla, qu'il en était sûr, l'ayant fait observer par ses domestiques.
Les deux-soldats royalistes déguisés, au lieu de porter au général républicain la lettre du
soldat Guesdon, la portèrent au général Charette qu'elle fit frissonner d'horreur.
La nouvelle de la trahison du curé de la Rabatelière se répandit dans toute l'armée, et, dès
la nuit suivante, l'ordre d'aller l'arrêter fut donné au même soldat allemand qui avait sondé ses
dispositions. Le père Potier, des Brouzils, qui servait sous Charette, confirme ce récit en ce
que Charette n'avait point donné ordre de tuer le curé Guesdon. Le fait vrai, c'est que le
général Charette avait ordonné de conduire M. Guesdon au quartier général, escorté du
détachement qui avait reçu ordre de le prendre ; mais au lieu d'exécuter cet ordre tel qu'il avait
été donné, on emmena M. Guesdon, son domestique et sa servante environ à une demi-lieue
de chez lieu, et en passant dans un champ7 on les massacra tous les trois,
La République lui fit décerner des honneurs funèbres ; des troupes nombreuses y
assistèrent en armes, et mon malheureux frère8, qui fut sommé de l'enterrer, pensa mourir de
frayeur."
EXTRAIT DE LA CORRESPONDANCE AUTOGRAPHE DE MGR DE MERCY. — La lettre de l'abbé
Brumault9 m'a fait éprouver toutes sortes de sentiments, et tous bien vifs ; elle m'a fait
répandre bien des larmes, et, finalement, elle me laissa dans une incertitude bien cruelle et sur
la santé de ce cher abbé et sur le sort de nos frères et de tout mon diocèse ; je vois que tout
entier, la force aidée de la trahison l'a soumis aux républicains. Les détails que le pauvre
Brumault m'a donnés me font frémir ainsi que le tableau désastreux qu'il fait de notre
malheureux pays et de toutes les pertes que nous avons faites... mais je m'étonne de le voir si
peu d'accord avec l'abbé Remaud, frère du curé de Chavagnes, sur le compte du curé de la
Rabatelière. Remaud m'écrit de Londres, du 17 may. Il y a été envoyé, dit-il, par les chefs des
royalistes et chouans et pour y traiter d'affaires importantes à la Religion et à la politique et
pour porter, à Edimbourg, à Monsieur, les derniers sentiments de l'immortel Charette... L'abbé
7
Ce champ a porté, depuis le meurtre, le nom de Champ-Rouge.
Remaud, Pierre-Marie, curé de Chavagnes.
9
L'abbé Jean Brumault de Beauregard, vicaire-général, résidant à Beaufou.
8
Remaud a fait à peu près les mêmes détails que l'abbé Brumault, mais voici en quoi il se
contredit avec Brumault. Il parle comme si dans la Vendée il y avait encore un parti royaliste
et comme de la possibilité de redonner une grande énergie à ce parti. Brumault au contraire
parle de la Vendée comme toute soumise aux républicains. Brumault loue la conduite du curé
de la Rabatelière comme ayant porté son peuple à la soumission et à la paix, après que les
armes victorieuses des Républicains ont eu tout soumis et qu'il n'y avait plus de moyen de leur
résister. Remaud, au contraire, dit que l'on combattait encore avec succès lorsque le curé de la
Rabatelière a prêché le désarmement et qu'il est, avec le curé du Poiré (sous-la-Roche), la
cause des malheurs et de la perte de Charette : j'ai peine à concilier ces deux versions.
Si ces deux curés n'ont prêché la soumission aux vainqueurs que lorsqu'il n'y avait plus
d'espoir de leur résister, ils ont fait leur devoir ; le combat et la résistance cessent d'être vertu
quand ils sont devenus inutiles et que sans profit pour la cause qu'on défend on ne peut
qu'augmenter la masse des malheurs ; il n'y a ni honte ni crime à demander à accepter une
paix nécessaire, si l'on ne sacrifie rien de ce que la Religion ordonne de défendre jusques à la
mort. Mais, si à l'époque où ces curés ont prêché à leurs peuples le désarmement et la
soumission, le parti du Roy pouvoit résister encore et se défendre avec espoir de succès, alors
c'est une infidélité envers le Souverain légitime. Il est permis, je l'ai dit, de se soumettre aux
tyrans et aux usurpateurs, lorsque réellement le pouvoir public a passé dans leurs mains et
dans le païs où ils l'exercent, mais dans un pais où leur pouvoir ne s'étend pas encore, où le
légitime Souverain est reconnu et défend ses droits, on ne doit que résistance aux usurpateurs,
il y a de la gloire à les combattre ; c'est même un devoir ; il n'est permis de leur céder que
lorsque la résistance est inutile et qu'on ne ferait qu'occasionner de nouveaux malheurs sans
espoir de servir le Souverain légitime. Remaud prétend que la liberté du culte annoncée et
promise par les généraux républicains, par les lettres écrites au curé de la Rabatelière et dont
j'ai la copie, n'a été qu'un piège tendu, qu'alors le peuple était encore armé et pouvait se
défendre, que c'est dans ces assemblées de religion que les pasteurs ont sollicité leurs
paroissiens à abandonner leurs chefs et à mettre bas les armes ; si cela est et qu'il n'existât pas
une réelle nécessité résultant de l'impossibilité de résister aux vainqueurs, c'est une véritable
prévarication.
Mais une autre faute c'est celle qu'ont commise les pasteurs en faisant, pour obtenir la
liberté du culte public, la soumission et la déclaration exigée par les décrets des 27 et 28
septembre 1795.
Vous sçavez ce que je pense sur cela et j'y tiens plus que jamais ; j'approuve où prévaut la
puissance des usurpateurs, la soumission à leur autorité et à leurs lois compatibles avec la
pureté de la religion. C'était l'esprit de la loi, du mois d'août 1795, mais je ne crois pas qu'on
puisse faire la déclaration prescrite par les décrets des 27 et 28 septembre 1795, parce que ils
renferment, pour la liberté du culte, des règles qui asservissent la liberté évangélique, qui
attaquent la sainte hiérarchie de l'Église et tendent à introduire le pur presbytérianisme, ce que
de vrais catholiques ne peuvent et ne doivent favoriser ni directement ni indirectement.
Remaud dit encore que les généraux des différentes armées royalistes dont il est chargé
d'interpréter les sentiments à Londres sont si pershuadés d'un accord parfait entre les ministres
du culte catholique et ceux qui le protègent par la force des armes, qu'ils l'ont chargé de dire
aux évêques de France que si à l'avenir le clergé prêchait le désarmement et la paix, ils
seraient forcés de traiter en ennemis de pareils prédicateurs. Il faut donc conclure de là que le
parti royaliste existait encore et avec espoir de succès lorsque Remaud est parti, supposition
qui paraît détruite par les détails que fait Brumault. Dans sa supposition Remaud a raison,
Brumault a raison dans la sienne. C'est donc d'après les circonstances bien établies qu'il faut
juger. Cependant Remaud me parait ardent et peut-être parle-t-il plus en soldat et en
compagnon d'armes de Charette qu'en pasteur évangélique...
(Lettre de Mgr de Mercy, évêque de Luçon, à M. l'abbé Paillou, son vicaire général, à
Astorga, en Espagne, datée de Venezia, Campo Sto Stephano, Caza Pepoli viceno la Chieza di
San Vitale, le 16 juillet 1796.)
EXTRAIT DES MEMOIRES DE MGR DE BEAUREGARD. — "Le curé de la Rabastelière se
trouvait sur la lisière des lignes ennemies ; le commandant des bleus, sachant qu'il y avait
quelques dépôts de grains chez les cultivateurs, les fit enlever ; la paroisse en fut tout émue, et
vint prier son curé de réclamer ces blés : ce prêtre le fit et en obtint une partie, Charette fut
instruit de cet acte de charité, et il lui déplut. Le curé vint me voir, je l'invitai à borner ses
rapports avec les bleus ; cependant, deux républicains s'étant présentés chez lui déguisés, il les
cacha, dans la crainte qu'on ne les fit mourir. Ces officiers venaient engager le curé à proposer
à Charette de déposer les armes et à lui dire qu'on le laisserait se retirer tranquillement en
Angleterre. Au lieu de rompre cette négociation, le prêtre communiqua le désir qu'il avait d'en
aller parler au général vendéen ; mais un soir, ces envoyés étant partis, on vint l'enlever avec
sa domestique, et le lendemain on les trouva morts l'un et l'autre à quelque distance.
Tout se répandait rapidement dans la Vendée. Le jour même, je reçus un billet qui me
donnait avis de cet évènement, et dans lequel on me disait qu'il me serait annoncé
officiellement, que je prisse garde à me compromettre, et que celui qui me serait envoyé aurait
aux pieds les boucles des souliers du curé: c'était de nous tous le seul qui en portât.
Effectivement, un homme vint à moi et me dit d'un air très sérieux : — "Vous apprendrez
avec peine la mort du curé de la Rabastelière." — "C'est un malheur, répondis-je ; il est plus
grand, s'il y a de sa faute." Je jetai les yeux sur la chaussure de cet envoyé et j'y vis, en effet,
les boucles du curé. Nul doute qu'on ne voulut par là m'engager à me tenir sur mes gardes."
(Mémoires de Mgr J. Brumault de Beauregard. Mon séjour en Vendée, — Poitiers, Saurin
frères, 1842.)
M. Clémenceau de la Serrie a raconté, dans l'un de ses opuscules devenus si rares, cet
épisode retentissant de la fin des guerres de Vendée. Des recherches obligeantes dans la
bibliothèque de Melle de la Serrie, sa fille, n'ont pu retrouver le volume qui contient ce récit.
Voici seulement ce que l'auteur mentionne dans ses Tablettes, sur M. Guesdon :
"Dans un de mes ouvrages, j'ai parlé de M. l'abbé Guesdon qui, par la sainteté de sa vie, sa
douceur, sa clémence, édifiait ensemble l'armée royale et l'armée républicaine ; j'ai décrit la
fin malheureuse de cet ecclésiastique du château et de l'église de la Rabatelière,"
Il est historiquement vrai qu'à l'époque du trop célèbre épisode, la Vendée, abandonnée et
trahie, succombant sous le nombre, était vaincue au point de vue militaire. C'était
chevaleresque assurément de la part de Charette de lutter toujours, de lutter jusqu'au bout et
de mourir les armes à la main, après avoir tenu si longtemps en échec toutes les forces de la
République, après avoir comme belligérant traité avec la Convention et ses généraux. Mais
cette résolution digne d'un héros sacrifiait inutilement à l'amour-propre de nombreuses
victimes. La sagesse de l'évêque de Luçon autant que son cœur paternel déploraient cette lutte
à outrance, cette guerre impossible, qui continuait à décimer, en pure perte, les pauvres
diocésains, immolés tant de fois naguère par sanglantes hécatombes. Du fond de son exil, il
suppliait avec larmes de séparer la religion d'avec la monarchie, en rappelant que la religion
seule a été l'objet des divines promesses, que si dans les circonstances, la Vendée royaliste et
militaire a succombé, la religion triomphe, le but principal des guerres de Vendée est atteint,
puisque la liberté du culte catholique a été obtenue.
Le curé de la Rabatelière se conformait donc dans le principe aux instructions formelles de
son évêque en faisant sa soumission politique mais il les avait outrepassées en se soumettant
aux derniers décrets,
Mgr de Mercy avait un représentant accrédité dans le diocèse, l'abbé de Beauregard. Au
grand vicaire général appartenaient l'initiative et la direction. L'abbé Guesdon eût dû suivre
les conseils de son sage supérieur, et montrer plus de réserve dans ses rapports avec les
généraux républicains, au lieu d'engager lui-même des négociations imprudentes.
A-t-il révélé la retraite de Charette ? Le témoignage, si explicite et si circonstancié de
Remaud, secrétaire du général, qui assure avoir eu entre les mains toute la correspondance,
c'est-à-dire toutes les pièces de conviction, semblerait ne permettre aucun doute à cet égard.
La triple exécution de la Rabatelière fut attribuée à Charette par le général Travot.
Quelque dénuée de preuves qu'elle soit, l'accusation fut répétée comme un mot d'ordre par
tous les patriotes, heureux de ternir à cette occasion la mémoire du héros de la Vendée. Par
contre, après lui avoir fait de splendides funérailles, ils se plurent à glorifier, à béatifier à
leur manière la vertueuse victime, l'excellent abbé Guesdon, le pasteur modèle de la
Rabatelière. L'histoire doit se tenir en garde contre ces jugements peu désintéressés de
l'esprit de parti.
La cure a été reconstruite en 1879, et un projet d'agrandissement de l'église est préparé par
M. Libaudière, architecte à la Roche-sur-Yon.
"Depuis quelques années, la paroisse de la Rabatelière a vu s'élever par les soins de son
zélé pasteur deux monuments religieux.
Le premier, dédié à la Sainte-Famille, se compose d'une petite chapelle ingénieusement
adossée à un énorme chêne creux qui en forme l'abside. Par ses dimensions, ce vieux témoin
des siècles passés dépasse en grosseur et en élévation le chêne de Saint-Joseph-de-Villedieu,
au diocèse d'Angers. Il est en outre plus vigoureux et semble devoir lui survivre. La SainteFamille de la Rabatelière est devenue un lieu de pèlerinage pour la contrée. Une cloche,
placée à l'entrée da sanctuaire et que les pèlerins doivent sonner pour avertir ceux qui
l'entendent de s'unir à leurs prières, retentit à toute heure du jour et témoigne de l'affluence
des pieux visiteurs. Le 5 juillet 1874, Mgr Poirier, évêque de Roseau (Antilles), posait la
première pierre de la Sainte-Famille du Chêne. La bénédiction du petit monument a été faite
par Mgr Colet, évêque de Luçon, le 11 octobre suivant. Le 2 juillet 1876, Mgr Lecoq venait
offrir solennellement à la Sainte-Famille du Chêne trois couronnes d'or, bénites par Pie IX.
L'autre monument, plus important, a été édifié en l'honneur de Notre-Dame de la Salette.
Bâti en briques sur le flanc d'une colline, au pied de laquelle coule la Maine et faisant face
au bourg de la Rabatelière, cet édifice s'étend sur un quadrilatère de près de cent mètres de
côtés. Au milieu de l'enceinte sont étagés les trois groupes représentant les diverses attitudes
de la sainte Vierge lors de son apparition aux petits pâtres Mélanie et Maximin. Les côtés du
quadrilatère sont ornés de constructions diverses dont la principale représente, au sommet,
une tour élevée que décorent des statues du Sacré-Cœur, de saint Michel, du Bienheureux
Père Montfort, le tout surmonté d'une croix monumentale. Le côté gauche est tout entier
consacré aux quinze stations du Rosaire.
Les foules se pressent, les jours de fêtes, surtout de Notre-Dame de la Salette, et de
nombreux pèlerinages se succèdent, chaque année, à la pieuse colline de la Rabatelière." (M.
le comte de Chabot.)