LA Texte 2 - Le blog de Jocelyne Vilmin

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LA Texte 2 - Le blog de Jocelyne Vilmin
LA Texte 2 : Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables, « Les animaux malades de la peste », Livre VII, 1
En quoi cette fable donne-t-elle une vision critique de la société ?
Introduction
L’auteur : Jean de La Fontaine (1621-1695) est un des grands écrivains, comme Molière et Racine, du XVIIe siècle, siècle du
Classicisme. Les œuvres classiques reposent sur une volonté d'imitation et de réinvention des œuvres antiques. Elles
respectent la raison et sont en quête d'un équilibre reposant sur le naturel et l'harmonie. (voir photocopies sur le XVIIe siècle
et le Classicisme). La Fontaine s’est illustré dans différents genres : poèmes l’Élégie aux nymphes de Vaux (1662) , contes
Contes et nouvelles en vers (1665) et surtout les fables dans lesquelles il reprend fréquemment des modèles des fabulistes
anciens comme le grec Ésope (VIIe-VIe siècle avant J.-C.) et le latin Phèdre (15 av. J.-C.- 50 ap. J.-C.). Cependant La
Fontaine renouvelle le genre grâce à la vivacité du récit, à la maîtrise de la versification, à l’art de camper des personnages.
« il faut instruire et plaire » écrit-il dans Le pâtre et le lion, Livre VI, c’est ce que les Fables illustrent, en harmonie avec un
des principes majeurs du Classicisme : « placere et docere » (Horace, poète latin du 1er siècle av. J.-C.), « plaire et
instruire ».
(Pour plus de renseignements sur la vie de La Fontaine : http://ysopet.free.fr/auteur_bio.php)
L’œuvre et le texte : Les Fables sont composées de 12 livres, parus en trois recueils successifs (1688, 1678, 1694), elles
sont écrites en vers, la plupart mettent en scène des animaux anthropomorphes et elles contiennent généralement une
morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but pédagogiques : certains livres sont adressés au Dauphin
(livres I à VI) ou au duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV (livre XII).
À travers cette œuvre, plusieurs thèmes se dégagent : la nature, la souffrance humaine, les relations humaines et sociales.
Souvent, La Fontaine porte un jugement critique sur les comportements, les injustices, les abus de pouvoirs en mettant en
scène les animaux, décalques fidèles des hommes. Les fables sont des apologues : apologos" en grec : « récit détaillé » ;
synonyme de fable, terme issu du latin récit. Il désigne un « court récit exposé sous forme allégorique, et qui renferme un
enseignement, une leçon de morale pratique ». C’est une forme de l’argumentation indirecte.
C’est sur la fable « Les Animaux malades de la peste » que s’ouvre le livre VII des Fables de La Fontaine. L’auteur souligne
dans un registre satirique l’injustice qui règne à la cour, en montrant comment un conseil réuni par le lion pour châtier « le
plus coupable », finit par sacrifier en réalité le moins coupable de tous. Après un tableau sombre des ravages de la peste vers
1 à 14, La Fontaine donne la parole au lion, qui propose, pour apaiser la colère du ciel, que chacun confesse ses fautes pour
que soit puni le plus coupable (vers 15-24) ; il donne lui-même l’exemple vers 25-33. Le renard, vers 34 à 43, excuse alors
les fautes du prince, et il en va de même pour les « autres puissances » comme le Tigre ou l’Ours, vers 44 à 48. Vient alors la
confession de l’âne qui avoue un péché mineur, vers 49 à 54, ce qui suscite l’indignation générale et débouche sur sa
condamnation unanime vers 55 à 62. La morale, qui succède au récit dans les deux derniers vers, explique que la force est
toujours innocente, et la faiblesse toujours coupable.
Lecture
Reprise de la question et annonce du plan : cette fable offre une vison critique de la société. Cette critique passe par la
mise en scène des protagonistes, la progression du récit et par la satire
I – Des personnages typés
1) le lion : incarne le roi des animaux, protecteur de ses sujets ; c’est dans cette fonction qu’il réunit son peuple afin de faire
face à l’épidémie de peste : « le roi tint conseil » v. 15
a- une certaine modestie :
Il ne semble pas au préalable un monarque imbu de ses pouvoirs. Il s’adresse à ses sujets aimablement « mes chers amis »
v. 15. Le ton n’est pas péremptoire mais empreint de modestie comme le soulignent le verbe « je crois » v. 22, le
modalisateur « peut-être » v. 20, le pronom indéfini « on » v. 22. De plus, il ne s’exclut de l’ensemble de ses sujets en
utilisant le pronom « nous »
b – un roi conscient de son pouvoir :
Le lion n’oublie pas pour autant sa fonction de roi. Le passage de l’octosyllabe à l’alexandrin v. 19 à 21, vers au rythme plus
ample, majestueux correspond à sa suprématie. De même, en temps que souverain, il ordonne de trouver un coupable:
« Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux » v.18-19
Il utilise l’impératif : « Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence » v.23
En sa qualité de maître spirituel de son peuple, il fait référence au passé et à la religion :
« Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune » v. 16-17
« céleste courroux » v. 19
« L'histoire nous apprend » v. 21
C’est à lui, le roi, de rendre la justice, c’est le sens de son discours : pour apaiser la colère de Dieu, il faut trouver un
coupable :
« Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune »
Enfin, conscient de son rôle de modèle, il commence sa propre confession : « pour moi … » v. 25
c - une confession hypocrite
Cependant, le lion, va mettre en place une stratégie lui permettant d’être exclus de tout reproche.
- premièrement, il s’accuse lui-même et dénonce ses méfaits en toute franchise : « satisfaisant [ses]appétits gloutons », il a
« dévoré force moutons », il lui est arrivé de « manger/ Le berger » ; il met en évidence l’innocence de ses victimes : « Que
m’avaient-ils fait ? Nulle offense ».
 il s’agit peut-être de montrer l’exemple mais plus sûrement d’amadouer l’assemblée.
- la conclusion de son discours met en évidence son hypocrisie : en effet, l’affirmation « je me dévouerai donc » est
largement atténuée par l’expression « s’il le faut » ; d’autre part, le discours s’achève par une autre restriction « mais je
pense / Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi » : on comprend donc qu’il va essayer de trouver un bouc émissaire
et que son apparente sincérité était fausse.
 un roi manipulateur
 une image du Lion quelque peu éloignée de sa représentation traditionnelle : noble et bon ; ici c’est un souverain qui sait
manipuler son peuple
2) le renard :
a - image du courtisan : dans la tradition littéraire et notamment depuis le Roman de Renard, le renard est connu pour sa
ruse et son art de flatter. Il apparaît ainsi dans cette fable
- il sait flatter le roi : il lui adresse la parole avec respect : « Sire », il le complimente par des expressions hyperboliques :
« trop bon roi », « « trop de délicatesse ». Il atténue les crimes du roi et dévalorise les victimes :
« J’ai dévoré » v. 26 crime
- « manger » v.34  besoin naturel
- « en les croquant »  euphémisme, verbe qui évoque le jeu, la
gourmandise sans conséquence.
« force moutons »  nombreuses victimes
« canaille, sotte espèce » v.36 termes péjoratifs
« Le berger »
Son élimination devient une œuvre utile : « il était digne de tous
maux »
 vers 41-42. Sa mort est la conséquence logique et normale de son
comportement
 Le renard renverse donc la situation : le roi n’est pas un criminel mais un bienfaiteur
b - la ruse
Le renard sait manier le discours : le style de son intervention est vivant. Il emploie exclamation, interrogation, rythme vif, ce
qui convainc l’auditoire.
Mais on remarque qu’il ne dit rien de lui-même : flatter le roi lui permet de ne rien avouer. Le « je » est absent de son
intervention.
D’autre part, il permet par son discours à tous les courtisans puissants de s’exclure de la confession :
« On n'osa trop approfondir
Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins (9),
Au dire de chacun, étaient de petits saints. »
 Comme l’a fait le renard pour le lion, les courtisans se disculpent en transformant leurs crimes en vertus : « au dire de
chacun », « de petits saints »
3) l'âne
a- honnête
Contrairement à ceux qui l’ont précédé, l’âne fait preuve d’une réelle honnêteté :
« L'âne vint à son tour, et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense,
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. »
Il utilise la 1ère pers ( contrairement au renard) : véritable confession honnête.
Il va chercher dans un passé lointain ce qu’il pourrait se reprocher : « J’ai souvenance »
Il en recherche les causes : « La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense,
Quelque diable aussi me poussant »
Il avoue franchement ce qu’il considère comme une faute : « Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. »
b - naïf, il avoue une faute qui n’en est pas une
- Vers 50 : « passant » : il n’y a donc pas d’effraction, pas de faute ; « un pré de moines » : allusion à la richesse du clergé,
ce qui atténue d’autant le « vol » de l’herbe..
- « la faim » : l’âne obéit à un besoin naturel, il agit donc sans aucune méchanceté
- « l’herbe tendre » : ce n’est donc pas un champ cultivé, il n’y a pas d’atteinte au travail de quelqu’un. Ce n’est qu’un
champ naturel
- « tondis » : ce n’est pas un acte criminel, il ne porte tort à personne, contrairement aux actions du lion
« J'ai dévoré force moutons ; », « Même il m'est arrivé quelquefois de manger / Le berger. »
- « la largeur de ma langue : c’est-à-dire presque rien compte tenu de la surface d’un champ..
 Il tente de s’accuser, mais il se disculpe sans le vouloir, tellement sa faute est bénigne (au contraire des autres)
4) le loup
« Un loup quelque peu clerc (11) prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal. »
a- violent
Il se définit par la violence de son propos : son discours est une « harangue » ; il traite l’âne, animal pacifique, de termes
injurieux : « ce maudit animal, / Ce pelé, ce galeux » ; il en fait le bouc émissaire « d'où venait tout le mal »
b - manipulateur :
il sait convaincre l’auditoire : il est « quelque peu clerc », c’est-à-dire savant ; c’est par son discours que le sort de l’âne est
scellé « prouva par sa harangue »
5) les autres animaux : interviennent brièvement : v 48-53 / 55 / 59-62
a – une foule anonyme
"on" v 44, 55, 62
b – et lâche
termes dépréciatifs : "flatteurs" v 43
comportement : « On n'osa trop approfondir »
II – Un récit construit théâtralement
1 ) le prologue
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur (1)
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, (2)
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
À chercher le soutien d'une mourante vie ; (3)
Nul mets n'excitait leur envie,
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie;
Les tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant (4) plus de joie.
1 – ouverture oratoire, dramatique
2 – les effets du fléau
- répétition du mot "mal" en début des vers 1 et 2
- allitération en "r" : v1 à 7 et "terreur" et fureur" en fin de vers 1 et 2
- "peste" seulement au v 4, et mis en relief au début du vers
- champ lexical de la religion mêlé à celui du malheur : « ciel », « punir », « crimes »,
« fureur » , « terreur », « Achéron » ... et « guerre » mis en relief en fin de vers.
 on a à faire ici avec le Dieu de la colère, qui punit les hommes pour leurs péchés
- universalité du malheur : chiasme du vers 7 : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous
étaient frappés : »
- multiples négations : « On n'en voyait point », « Nul mets », « Ni loups ni renards »
et lexique de la privation :
«
Nul mets n'excitait leur envie,
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie »
+ négation finale : « Plus d'amour, partant plus de joie. »
 la peste apporte une négation de la vie, tous les instincts sont anéantis
Symboles animaliers : « Les tourterelles se fuyaient » : la tourterelle symbolise
l’amour, la douceur, la reproduction ; « Ni loups ni renards n'épiaient / La douce et
l'innocente proie » : loup et renard, prédateurs, perdent leur instinct de prédation.
imparfait duratif : l’imparfait exprime la durée, c’est un tableau d’un monde vide et
désolé
2 – le procès
a – un récit théâtral
b – une parodie de procès
c – un récit vif
- ouverture du conseil par le roi
- plaidoirie du renard
 acte 1
- témoignage de l'âne
 acte 2
- réquisitoire du loup
verdict : « Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! »
 acte 3
- le lion : intervention la plus longue : 19 vers ; juge et partie d’un procès truqué
- le renard : 9 vers. Discours marqué par la malhonnêteté  les victimes du roi
devenant des coupables ainsi le berger « Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire »
- Les autres : ne s’expriment pas au discours direct, ils sont définis par leur pouvoir et
leur violence « puissances », « tous les gens querelleurs »
- l'âne : coincé entre le renard et le loup ; 6 vers. Une vraie confession pour un acte
anodin
- rapidité du jugement : « À ces mots on cria haro sur le baudet »  le coupable est
désigné
hiatus "on cria haro", assonances "o", "a"  violence de la foule « on »
intervention du loup : violence injustifiée
- une condamnation inique : « Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! »
- dénouement elliptique et immoral : « Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir »
- Alternance de différents discours :
Direct : le lion, le renard, l’âne
indirect : le loup
indirect libre : « Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! »
- diversité des tons selon les personnages : fausse modestie et ton majestueux pour
le lion ; rythme vif et hyperboles du discours du renard ; humilité du discours de
l’âne ; violence des propos du loup
- diversité de la longueur des vers : alternance des alexandrins et octosyllabes
3 – la morale
deux vers :
« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour (12) vous rendront blanc ou noir »
- antithèses : "puissants" / "misérables" ; "blancs "/ "noirs"
- formulation rapide et expressive
- condamnation des courtisans flatteurs et lâches
- condamnation d’une justice arbitraire et expéditive
- Emploi du pronom « vous » : le lecteur, élargissement
 une morale pessimiste
III - un enseignement pessimiste
a) une justice contestable
- la morale nie l’existence d’une justice égale pour tous. Comme dans « Le Loup et l’Agneau », elle est au service du plus
fort. L’âne est condamné parce que personne ne prend sa défense, parce qu’il est faible et honnête.
En revanche, ceux qui ont mal agi ne sont pas puni : le lion et tous ceux qui ont un quelconque pouvoir dû à la force : le
tigre, l'ours, les autres puissances, les simples mâtins. Comme on les craint, on ne les accuse pas :
« On n'osa trop approfondir
Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins »
 c’est une image de la justice du XVIIe siècle mais aussi une invitation à réfléchir sur la justice d’aujourd’hui.
b) une mise en cause des relations humaines
Les animaux ne sont que le reflets des hommes :
- La Fontaine stigmatise la croyance que tout fléau est une punition divine pour les péchés des hommes : le discours du lion
reproduit les doutes de l’auteur par l’utilisation de modalisateurs :
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents (5)
On fait de pareils dévouements »
 cette croyance des hommes est en fait un aveu de leur faiblesse : ne comprenant la raison de ce qu’ils subissent, ils en
attribuent la cause à une volonté surnaturelle
- la loi du plus fort et la recherche du bouc émissaire : le récit montre bien que les plus forts sortent indemnes d’un procès
alors qu’ils sont pourtant les coupables. En revanche, l’innocent est châtié. Mais cela ne peut se faire sans l’assentiment du
plus grand nombre qui, lâchement, prend le parti du plus fort. Ceci est souligné à trois reprises dans la fable :
- « On n'osa trop approfondir
Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances
Les moins pardonnables offenses. »
- « À ces mots on cria haro (10) sur le baudet »
- « on le lui fit bien voir. »
 le pronom indéfini « on » montre que la responsabilité individuelle se dilue dans la foule et chacun, pour ne pas s’exposer,
permet la condamnation de l’innocent
Conclusion
Satire ironique de la cour, la fable donne de celle-ci une image très négative : elle est un lieu où la force prime sur le droit,
ou l’intérêt des dominants prévaut sur les droits des dominés. Elle est aussi un lieu d’apparences et de mensonges,
d’hypocrisie et de flatteries, un lieu où c’est la parole qui est pestiférée et viciée. La peste dont souffrent les animaux n’est
pas seulement une maladie physique, c’est bien davantage une peste morale, qui fausse les valeurs et les jugements, et qui
débouche sur des aberrations : au désordre de la nature frappée par la peste, qui voit les tourterelles renoncer à l’amour,
répond un désordre culturel qui voit les hommes renoncer à la justice et à la raison au nom de leur intérêt immédiat. En
moraliste pénétrant, la Fontaine met au jour la mauvaise foi des puissants qui font passer l’exercice arbitraire de leur force
pour des décisions de justice.