La vie quotidienne des mineurs au XIXe siècle

Transcription

La vie quotidienne des mineurs au XIXe siècle
S
A RT
I
NNEM
ENV
RO
T
HIST
RE
EN
OI
La vie quotidienne
des mineurs au XIXe siècle
Le mineur au travail
L’ équipement du mineur
Avant de descendre dans les galeries, le mineur doit s’équiper. Pour cela, il passe par la Salle des Pendus,
vestiaire aérien où un système de cordages et de poulies permet de suspendre l’équipement des ouvriers.
Jusque dans les années 1920, le mineur garde ses sabots aux pieds et pose sur sa tête la barrette - dur
chapeau de cuir bouilli, ancêtre du casque. Après 1920, des innovations techniques se répandent petit à
petit dans les mines : certains mineurs troquent leurs sabots inconfortables, voire dangereux, contre des
galoches, chaussures de cuir munies d’une semelle en bois. Elles augmentent le confort des mineurs mais
aussi leur sécurité. Plus libres dans leurs déplacements, ils
trébuchent et tombent moins, diminuant ainsi les accidents
de travail.
Une fois équipé, le mineur passe à la lampisterie, vaste pièce
où sont nettoyées et entreposées toutes les lampes de la
mine. Chaque mineur a sur lui un jeton sur lequel a été gravé
un numéro. Ce numéro lui a été attribué dès son premier
jour de travail. En échange de ce jeton, le lampiste lui remet
sa lampe, gravée du même numéro. Le soir, quand chaque
mineur a récupéré son jeton, le lampiste sait qu’aucun
homme n’est resté prisonnier du fond. La mine est en effet
un dédale de galeries et de dangers.
© Conseil général de la Vendée
Un temps de travail très long
En 1827, date à laquelle débute l’exploitation charbonnière à Faymoreau, les journées de travail dépassent quatorze heures. A partir de 1894, la durée légale du travail est réduite à huit heures par jour, sans
tenir compte du temps passé à s’équiper, descendre dans la mine, ou rejoindre les chantiers dans les
galeries. Elle ne tient pas non plus compte des vingt minutes accordées à la pause du briquet, repas du
mineur. Ainsi, il faudra attendre la loi Durafour, en 1919, pour que les huit heures de travail soient une
réalité effective. Dès lors, les ouvriers travaillent en trois postes de huit heures. Le matin est consacré à
l’abattage du charbon, l’après-midi au remblayage et la nuit au boisage.
Classification Décimale Dewey 944.05
- Conseil Général de la Vendée - Ecole Départementale des Arts et du Patrimoine -
1
Un métier éprouvant
C’est un dur métier que celui de mineur. En plus d’un labeur harassant, il faut supporter le manque d’air,
l’humidité et les températures élevées du milieu souterrain. Selon la profondeur et l’aération des galeries,
la température peut osciller entre 30 et 40 degrés. L’étroitesse des galeries oblige les mineurs à travailler
dans des positions inconfortables, sans oublier le poids des outils, qu’il faut manier à bout de bras.
De plus, les dangers guettent les mineurs à chaque galerie. Le grisou fait partie de ces menaces. C’est
un gaz inodore et incolore qui, trop concentré dans une galerie, explose
à la moindre étincelle. Cette explosion porte le nom de coup de grisou.
La lampe du mineur permet de détecter la présence de ce gaz. Quand
sa flamme s’allonge et devient bleue, les mineurs donnent l’alerte et
se mettent à l’abri. D’autres dangers menacent les ouvriers, tels que :
asphyxie, éboulements, incendies ou inondations, causant l’invalidité voire
la mort de mineurs.
Après le travail
Le retour de la journée de travail
Lorsque l’heure de quitter le travail est signalée, le mineur de fond regagne
la surface, rend sa lampe au lampiste, récupère son jeton et va se changer
dans la Salle des Pendus. Mouillé de sa sueur et de l’humidité des galeries,
il se douche, rince ses vêtements, les met à sécher et se rhabille avec
sa tenue propre du matin. La Salle des Pendus et les douches sont des
© Conseil général de la Vendée
installations qui sont arrivées dans les années 1920. Avant, les mineurs rentraient chez eux en habit de
travail.
Des lieux de détente
En dehors du travail, les mineurs apprécient de se retrouver dans des lieux où ils peuvent passer un bon
moment. Le café, bien sûr, en est un. On s’y détend, on y boit un peu, et surtout, on y discute. Dans les
bassins miniers, le café était très souvent le siège du syndicat. A Faymoreau, il y a eu jusqu’à sept débits
de boisson.
L’Hôtel des Mines en était un. Construit à l’origine pour loger des ouvriers, il devient très vite un lieu de sociabilité incontournable du village. Un piano mécanique et des orchestres font danser les mineurs et leurs
familles. Les bals de Faymoreau sont si réputés que les habitants des autres villages s’y déplacent. On y
organise également le banquet de la fête de la Sainte Barbe et les fêtes du mardi gras. A l’occasion, il se
transforme même en théâtre ou en cinéma.
En 1918, à Faymoreau, une centrale électrique thermique est construite. Pour l’alimenter en eau, on aménage l’Étang de la Digue. Rapidement, quand il fait beau, les mineurs et leurs familles vont y passer des
dimanches entiers à pêcher et à se baigner.
Plus quotidiennement, les mineurs passent un temps important dans leur jardin. C’est une bande de terre
que la Société des Mines leur a accordée en même temps que leur maison. Ils y cultivent des légumes, des
fleurs et y élèvent des poules et des lapins. C’est un moment où ils profitent du grand air et les produits du
jardin permettent d’améliorer l’ordinaire.
Classification Décimale Dewey 944.05
- Conseil Général de la Vendée - Ecole Départementale des Arts et du Patrimoine -
2
ZOO
M
S U R ..
.
LE TRAVAIL DES FEMMES ET DES ENFANTS DANS LA MINE
Dans une mine, on distingue les mineurs de jour, qui travaillent sur le carreau, c’est-à-dire à la surface, et
les mineurs de fond, qui travaillent dans les galeries. Au XIXe siècle, les femmes travaillaient autant au jour
qu’au fond. Mais, à partir de 1892, la loi française leur interdit de descendre. Ainsi, au XXe siècle, dans tous
les grands centres miniers, les femmes restent en surface. Elles sont affectées au triage du charbon et parfois, à la lampisterie. Le triage n’est pas en soi un travail difficile, mais il est pénible. Il demande habileté et
rapidité. La cadence soutenue est liée au rythme de la remonté des berlines pleines.
A Faymoreau, le nombre de femmes travaillant à la mine a toujours été minime. En 1936, on n’en compte
que quatre sur 250 employés. Les directeurs préféraient réserver le triage aux mineurs de fond, quand ils
prenaient de l’âge et que leur santé ne leur permettait plus de descendre.
En revanche, les enfants et adolescents étaient nombreux. Ils représentaient en moyenne 10% de la main
d’œuvre. On les appelait les galibots. Ils apprenaient le métier de mineur. Ils passaient par tous les postes,
en fonction de leur âge. Souvent ils commençaient par travailler avec les chevaux, pour tirer les berlines
dans les galeries. Ce n’était que lorsqu’ils devenaient des hommes et avaient acquis la force nécessaire
qu’ils pouvaient être affectés à l’abattage. Certains d’entre eux travaillaient sur le carreau.
Au début de l’exploitation charbonnière, aucune loi de protection de l’enfance ne venait limiter l’âge d’embauche. Au début du XIXe siècle, des enfants très jeunes ont travaillé dans les mines, parfois dès six ans. Puis,
en 1874, une première loi a interdit d’employer des enfants de moins de douze ans. Il a fallu attendre 1937
pour que cette limite soit repoussée à quatorze ans.
UNE MINE COSMOPOLITE
Avant la Première Guerre Mondiale, la quasi-totalité de la main d’œuvre de Faymoreau est originaire de Vendée et des Deux-Sèvres. C’est une situation habituelle pour une petite mine rurale. Seuls les cadres, et notamment les porions – chefs d’équipe des mineurs de fond - viennent d’autres régions minières: le Nord, la
Loire ou Carmaux. On note la présence d’ouvriers anglais à Faymoreau pour le fonçage du premier puits.
Après le désastre humain de la Première Guerre Mondiale, les mines manquent de bras : 11,5% de la population active masculine a été tué pendant le conflit et les mutilés de guerre ne peuvent effectuer le travail de
la mine. Il faut ajouter à cette situation l’important exode rural des années 1920 qui prive encore un peu plus
la mine d’ouvriers, ainsi que les lois sociales de 1919 qui imposent la journée de 8 heures, ce qui implique
de créer de nouveaux emplois.
Ces trois facteurs réunis conduisent les bassins houillers à s’organiser pour faire venir de la main d’œuvre
étrangère. Des Polonais principalement, qui ont représenté 66% des étrangers à Faymoreau mais également des Tchèques (17%). En tout, une vingtaine de nationalités viendront enrichir Faymoreau : Italiens,
Belges, Espagnols, Portugais, Suisses, Russes, Lettons, Arméniens, Grecs, Autrichiens, Suédois, Hongrois,
Britanniques, Marocains, Algériens, Allemands… Essentiellement constituée d’hommes jeunes, cette main
d’œuvre étrangère a représenté jusqu’à 30% des employés de la mine et plus de 50% du personnel travaillant au fond.
Classification Décimale Dewey 944.05
- Conseil Général de la Vendée - Ecole Départementale des Arts et du Patrimoine -
3
En savoir plus...
Lexique
Abattage
Galibot
Barrette
Galoches
Extraction du charbon. On le détache de
la paroi à l’aide d’ un pic, ou, à partir des
années 1920, d’un marteau perforateur.
Nom donné au casque du mineur fait de
cuir bouilli.
Berline
Wagonnet utilisé pour transporter le
charbon du fond à la surface.
Boisage
Action dans une mine consistant à renforcer
les galeries avec du bois dans un premier
temps, puis avec des arceaux métalliques
ensuite, afin d’éviter les éboulements.
Carreau
Ensemble des infrastructures de surface
d’une mine.
Fonçage
Action de creuser un puits pour en faire
une mine.
Nom donné aux apprentis mineurs. Le
plus souvent ce sont des enfants ou des
adolescents.
Porion
Chef d’une équipe de mineurs.
Chaussure munie d’une semelle en bois,
intermédiaire entre le sabot de bois
et la chaussure avec une semelle en
caoutchouc.
Grisou
Gaz combustible, principalement composé
de méthane, contenu dans les veines de
charbon.
Lampisterie
Lieu de stockage des lampes. Le mineur
y passe pour prendre ou déposer sa
lampe.
Lampistes
sous le contrôle d’un chef lampiste.
Mais très peu de femmes travaillaient à
Faymoreau.
Mineur qui travaille au jour. Il est chargé
de l’entretien des lampes: les nettoyer,
vérifier leur bon fonctionnement et remplir
leur réservoir de pétrole raffiné. Dans
les bassins miniers du Nord, ces emplois
étaient souvent attribués à des femmes,
Remblayage
Action de reboucher les galeries dont on
a fini l’exploitation, avec les déchets de
terre provenant des galeries en cours
d’exploitation.
Sainte Barbe
Sainte patronne des pompiers, des
artificiers et des mineurs. On la fête le
4 décembre. Ce jour-là, les mineurs ne
travaillaient pas et des réjouissances
étaient organisées dans tout le village.
Salle des pendus
Equivalent des vestiaires d’aujourd’hui.
A son arrivée le mineur se change et
hisse ses effets personnels à la place de
son équipement. De cette manière, ses
vêtements de travail peuvent sécher
pendant la nuit.
Bibliographie et Sites Web
Documents Enseignants
MICHEL, Joël. La mine dévoreuse d’hommes. Gallimard, 1993.
GREGOIRE, Fabian. Les enfants de la mine. Paris : L’école des loisirs,
2003.
LE TIRANT, Dominique. Femmes à la mine, femmes de mineurs.
Lewarde : Edition du Centre Historique de Lewarde, 2002.
Ces documents sont empruntables à l’Ecole Départementale des
Arts et du Patrimoine
Contacts : http://edap.vendee.fr/
Tél : 02 51 47 61 50
Mél : [email protected]
PLESSY, B. ; CHALLET, L.. La vie quotidienne des mineurs au temps
de Germinal. Hachette Littératures, 1984.
COUDRONNIERE, Raymond. Un ancien de la mine se souvient.... La
Roche-sur-Yon : C.A.U.E., 2001.
Documents Elèves
LOYER, Jean-Luc. Faymoreau, la mine. Centre Minier de Faymoreau,
2010.
COUPRY, Patrice ; HOFFMAN, Ginette. Au temps des premières
usines. Casterman, 2000.
STIL, André. J’étais enfant au Pays Minier. Editions du Sorbier,
1997.
Sites Internet
Centre Minier de Faymoreau. Communauté de Communes
Vendée Sèvre Autise. Disponible sur Internet : http://www.
centre-minier-vendee.com/
Dossier Télédoc : Moi, Louis, enfant de la mine. Centre national
de documentation pédagogique. Disponible sur Internet : http://
www.cndp.fr/tice/teledoc/mire/teledoc_moilouis.pdf
L’Europe en expansion industrielle et urbaine. Le temps du
travail en usine Inspection Académique d’Amiens. Disponible
sur Internet : http://etablissements.ac-amiens.fr/0020687l/
articles.php?lng=fr&pg=200&prt=2
Conseil Général de la Vendée
École Départementale des Arts et du Patrimoine
40, rue Maréchal Foch
85923 La Roche-sur-Yon CEDEX 9
Tél. : 02 51 34 47 00
E-mail : [email protected]
CENTRE DE RESERVATIONS : 02 51 65 32 95
Classification Décimale Dewey 944.05
- Conseil Général de la Vendée - Ecole Départementale des Arts et du Patrimoine -
4