Confirmer son projet professionnel » : Repères

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Confirmer son projet professionnel » : Repères
Septembre 2012 - n°49
Direction veille, PROSPECTIVE et affaires internationales
Repères & Analyses
Études
« Confirmer son projet
professionnel » :
les enseignements de l’expérimentation
par Pôle emploi d’une nouvelle prestation
d’orientation professionnelle
Depuis 2010, la compétence
de Pôle emploi a été renforcée
en matière d’orientation
professionnelle des demandeurs
d’emploi. Aussi, Pôle emploi
a-t-il développé une nouvelle
offre de services d’orientation
professionnelle au sein de
laquelle figure la prestation
« Confirmer son projet
professionnel » (CPP) qui a été
expérimentée et évaluée dans
cinq régions.
L’évaluation conduite montre
que cette prestation, réalisée
le plus souvent par des
psychologues du travail,
répond bien à un impératif
de personnalisation du service
et produit des effets variés
et positifs incontestables en
termes de confirmation ou
de consolidation du projet
professionnel. De plus, la mise
en œuvre de la prestation CPP
a la vertu de contribuer à
la reconnaissance de l’expertise
des professionnels venus
de l’Afpa.
Dès sa création, Pôle emploi s’est vu confier
une mission importante d’orientation
professionnelle, en cohérence avec les
dispositions de la loi de novembre 2009
sur « l’orientation et la formation
professionnelle tout au long de la
vie ». Ceci s’est notamment traduit par
l’intégration aux équipes de Pôle emploi
de 917 professionnels de l’orientation
issus de l’Afpa. Pôle emploi s’est fixé des
objectifs relativement ambitieux et a
développé progressivement une nouvelle
offre de services en matière d’orientation
professionnelle. L’instruction de la Direction
générale d’avril 2011 en indique les
finalités : « L’orientation professionnelle
chez Pôle emploi vise à développer la
capacité de la personne à s’orienter tout
au long de sa vie et à sécuriser elle-même
le bon ajustement, dynamique et continu,
entre ses caractéristiques (aptitudes,
compétences, intérêts, aspirations) et celle
de l’environnement professionnel (marché
du travail, connaissances des métiers et
des organisations du travail) ». En termes
d’offre de services, cela se traduit en
2011/2012 par le déploiement progressif de
nouvelles prestations (internes et externes)
d’orientation professionnelle, parmi
lesquelles figure « Confirmer son projet
professionnel » (CPP).
Il s’agit d’une prestation individuelle courte
destinée à un public souhaitant valider un
projet professionnel. Figurent également
dans l’ensemble de l’offre de services en
matière d’orientation professionnelle, une
prestation collective plus longue d’aide
à la définition d’un projet professionnel
(Cap projet professionnel), une prestation
d’orientation vers la formation (Construire
son parcours de formation) ainsi que quatre
ateliers plus ciblés : « Identifier ses atouts
et compétences – Passeport orientation
formation », « Décider de se former ? »,
« Choisir son organisme de formation »,
« S’informer sur les métiers et le marché
du travail ».
La décision de mener une expérimentation
de CPP exclusivement confiée à des
professionnels internes à Pôle emploi a
été assortie du souhait d’en réaliser une
évaluation, sous l’égide de son comité
d’évaluation, et permettant d’examiner
la portée, les conditions d’usage et de
déploiement de cette nouvelle prestation.
Cette évaluation a précédé un déploiement
plus large de ce dispositif, qui peut être
désormais réalisé en interne à Pôle emploi,
ou en externe, auprès d’opérateurs intégrés
dans le nouveau marché de prestations
pour les demandeurs d’emploi
[cf. encadré n°1].
CPP : une nouvelle prestation,
individuelle et de courte durée
A partir du 1er février 2012, cette nouvelle
prestation CPP s’est substituée au Bilan
de compétences approfondi (BCA), et
s’adresse aux personnes disposant déjà
d’une expérience professionnelle, d’au moins
une piste professionnelle et souhaitant la
confirmer ou la préciser. Son objectif est
donc de permettre aux publics concernés
de « sécuriser » leur piste professionnelle
et d’élaborer un plan d’action qui contribue
à s’y engager, tout en développant la
compétence à s’orienter tout au long de sa
vie professionnelle.
Cette prestation doit aider la personne
à bâtir des « repères sur elle-même »,
à exprimer les raisons qui motivent ses
choix, ses décisions, à confronter son
projet aux réalités du marché du travail et
à déterminer les étapes de mise en œuvre
du projet professionnel (retour à l’emploi,
action de formation). Elle s’appuie pour
cela sur la posture « éducative » en matière
d’orientation professionnelle.
« Confirmer son projet professionnel » se
déroule sur huit semaines si elle est délivrée
en interne (six semaines si elle est réalisée
par des prestataires externes) et comporte
huit entretiens en face-à-face d’une durée
de 1h30, et 3 heures mobilisées pour des
questionnaires, inventaires ou encore tests
utilisés en orientation professionnelle.
Ces 3 heures peuvent être transformées en
deux entretiens complémentaires d’1h30
si les questionnaires, inventaires ou tests
ne sont pas mobilisés.
La prestation est individuelle et se déroule
selon le schéma [cf. graphique 1].
CPP : une expérimentation lancée
en septembre 2011 et achevée en
février 2012
A l’appui de cette prestation, et avec le premier
retour d’expérience des professionnels qui
expérimentaient la prestation CPP, Pôle emploi
a conçu un Guide méthodologique de
l’orientation. Ce guide avait pour vocation
d’intégrer, les principes fondamentaux de
l’orientation professionnelle à Pôle emploi, les
outils mobilisables, les repères méthodologiques
concernant l’élaboration et la confirmation
d’un projet d’orientation et le déroulement de
l’animation de la prestation CPP.
Pôle emploi a expérimenté cette prestation
pendant cinq mois sur cinq territoires (Aquitaine,
Bourgogne, Limousin, Rhône-Alpes, Réunion
et Martinique), afin de vérifier la pertinence
des contenus de CPP et des outils utilisés, de
tester les livrables, d’expérimenter le processus
de prescription et le retour en agence des
bénéficiaires, de tester sa réalisation, tant dans
son contenu que de ses modalités et d’éprouver
2
Graphique 1
Synthèse de la démarche d’animation de CPP
Investigation des différentes dimensions en fonction
de la problématique identifiée de la personne
Personnalisation de la prestation
Approche éducative
Entretien
de diagnostic
Connaissances de soi / acquis expérientiels
Connaissance de son environnement
Entretien
de synthèse
et élaboration
du plan d’action
Traduction en pistes de métiers
Éléments de validation du projet dans
le cadre de l’entretien de synthèse
Durée de 6 à 8 semaines
1 entretien d’1h30
1 à 6 entretiens d’1h30 optionnels au contenu modulable
1 entretien d‘1h30
Après prescription par le conseiller personnel, la prestation est encadrée par deux jalons
essentiels : d’une part, l’entretien de diagnostic qui conditionne le déroulement de la
prestation, d’autre part, l’entretien de synthèse qui permet à partir des éléments travaillés
au cours de la prestation, de vérifier si le projet est cohérent et réalisable et si la personne
est en capacité de porter son projet. Cette synthèse permet de déterminer lors du même
entretien, le plan d’action qui définit les étapes de mise en œuvre du projet professionnel.
Encadré 1
Objectif et méthode de l’évaluation
L’objectif de l’évaluation a porté sur l’analyse des conditions de mise en œuvre et
l’identification des différents effets de la prestation « Confirmer son projet professionnel ».
Les questions évaluatives se sont attachées à mesurer la pertinence et l’efficacité de
la prestation, l’efficience de sa mise en œuvre et la cohérence avec l’offre de services
d’orientation et de formation. L’évaluation a visé à formuler des recommandations
permettant d’améliorer sa mise en œuvre et son contenu et à définir les bonnes conditions
de la généralisation de la prestation. L’évaluation devait aussi contribuer à l’identification
de critères permettant de construire à terme des indicateurs d’efficacité pertinents.
L’évaluation qualitative, menée par le cabinet Geste et la sous-direction Animation des
évaluations, veille et benchmark de Pôle emploi entre septembre 2011 et février 2012,
s’est déroulée dans cinq régions : Aquitaine, Bourgogne, Limousin, Rhône-Alpes, Réunion et
Martinique. Elle s’est appuyée essentiellement sur des entretiens semi-directifs, en face à
face, individuels et parfois collectifs, avec les acteurs de l’expérimentation ainsi que
sur une enquête téléphonique réalisée auprès des bénéficiaires de la prestation.
les dimensions relatives au développement
des compétences des opérateurs. Au total,
une dizaine de psychologues du travail ont été
mobilisés en métropole et treize conseillers
dans deux départements d’outre-mer (Dom).
A noter que dans les Dom, il n’y avait pas eu de
transfert de psychologues du travail en raison du
statut particulier de l’Afpa qui relève de la tutelle
des Conseils régionaux. Le choix de Pôle emploi
a donc été de confier la réalisation de CPP à des
conseillers à l’emploi.
Une prescription auprès d’un public
varié
Près de 130 bénéficiaires ont pu suivre cette
prestation. L’absence de caractéristiques
prédéfinies du public visé se retrouve dans
le constat de grande diversité des profils des
bénéficiaires, que ce soit en termes de durée
d’inscription comme demandeur d’emploi,
de niveau de qualification ou d’expérience
professionnelle. Le profil des bénéficiaires
de CPP dans les Dom se distingue en outre
quant au niveau de qualification, souvent
inférieur à la métropole et par des pistes
professionnelles plus contraintes du fait de
l’insularité.
Pour tirer bénéfice de CPP, les demandeurs
d’emploi doivent avoir acquis un niveau
minimal d’autonomie, tant en matière
d’expression orale et écrite qu’en termes de
capacité de compréhension des consignes.
Par ailleurs, la prestation CPP implique de
consentir à un investissement personnel dans
la démarche. Ceci est illustré par le fait que
les rares abandons trouvent apparemment
leur origine dans le manque de motivation.
A noter que certains conseillers en outremer ont rencontré des difficultés à réaliser la
prestation CPP avec des publics qui n’avaient
pas un minimum de compétences de base.
Pour autant, des réponses ont généralement
été apportées, par exemple grâce à l’envoi
vers la Maison départementale pour les
personnes handicapées, ou encore vers des
formations portant sur les compétences clés.
Les raisons évoquées sont très variées mais
toujours en lien avec les différents aspects
de leur trajectoire comme de leurs difficultés
professionnelle et personnelle.
Plusieurs objectifs qui élargissent
celui de « confirmation » du projet
professionnel
CPP est une prestation individuelle fondée sur
une succession d’entretiens en face-à-face du
demandeur d’emploi avec le psychologue du
travail (ou le conseiller à l’emploi en outremer). Un seul écart significatif à ce principe
est observé sur un site où le psychologue a
choisi de privilégier le recours au collectif. De
même, dans l’un des Dom, la prestation a
été réalisée avec une alternance d’entretiens
individuels et d’entretiens collectifs.
Le nombre d’entretiens individuels peut varier
de deux à parfois une dizaine. CPP apparaît
ainsi comme une prestation souple qui
s’adapte au besoin de la personne en termes
de durée et de nombre d’entretiens.
La durée de 1h30 est garantie par la prise
de rendez-vous.
Les psychologues ont utilisé principalement
une méthode qui permet de faire émerger les
valeurs et les centres d’intérêts à partir des
représentations de chaque individu liées à sa
connaissance des métiers, de l’environnement
professionnel, de ses compétences et
aspirations. L’individu est au cœur du
processus d’orientation. Le psychologue ou le
conseiller est un expert de l’accompagnement.
Le guide méthodologique de l’orientation
recense tous les outils mobilisables pour
aider les personnes à travailler leur projet
tout en développant leurs compétences
en orientation. Ces outils sont proposés
en fonction du parcours et des besoins
du bénéficiaire et sont mobilisables
indépendamment les uns des autres.
L’évaluation a mis en évidence différentes
logiques de prescription de la part des
conseillers en agence :
• Confirmer un projet déjà élaboré par
confrontation à un tiers pour gagner en
assurance et en confiance en soi.
• Valider ou infirmer un projet en mesurant
sa faisabilité en termes de compétences,
d’expérience et de qualification.
• Répondre à l’expression d’un besoin
de formation au travers de la validation
du besoin de formation et du projet
professionnel en particulier dans les Dom.
• Trancher parmi plusieurs projets ou pistes
professionnelles encore imprécises.
• Préciser le projet professionnel alors
que l’expérience professionnelle et/ou la
qualification sont le plus souvent faibles.
En outre, des prescriptions vers CPP ont
été faites alors que le besoin à satisfaire
relevait plutôt de la prestation « Cap
projet » destinée à la définition du projet
professionnel. Actuellement, le partage entre
ces deux prestations au regard de la maturité
du projet professionnel semble clarifié et ces
pratiques devraient disparaître.
Une forte adhésion à l’entrée en
prestation malgré des réticences
initiales
Certains bénéficiaires expriment une
appréhension à l’évocation de l’intervention
d’un « psychologue du travail ». D’autres
témoignent d’une information très succincte
sur le déroulement de la prestation. Pour
autant, les appréhensions sont levées
dès le premier entretien effectué avec le
professionnel de l’orientation. En effet, la
posture éducative qui est une méthode
centrée sur la personne, semble œuvrer en
faveur de la « réassurance » du bénéficiaire.
L’objectif du psychologue est alors perçu
comme un travail d’aide et de soutien dans
les investigations du demandeur d’emploi
concerné.
Au final, quel que soit leur profil, les
bénéficiaires sont majoritairement très
réceptifs à la proposition de suivre cette
prestation.
La réalisation de CPP révèle une
prestation souple, adaptable à chaque
cas individuel
Deux entretiens circonscrivent la
prestation : le diagnostic et la synthèse
Si la prestation est adaptable quant au
nombre d’entretiens, les deux entretiens
qui encadrent CPP sont incontournables.
L’entretien de diagnostic qui permet
d’accueillir et d’informer le bénéficiaire doit
aboutir à une analyse partagée de la situation.
L’entretien de synthèse est l’occasion
pour le bénéficiaire de hiérarchiser ses choix
professionnels. C’est aussi à ce moment que
la personne va construire un plan d’action
détaillé au regard des choix qu’elle a effectués
en amont.
Au terme de cette dernière étape, un
formulaire de bilan est complété par le
psychologue et envoyé au prescripteur ;
ce document permettant ainsi la transmission
d’information sur la situation du bénéficiaire.
Une forte valeur ajoutée des entretiens
et des exercices proposés
Une grande majorité des bénéficiaires
témoignent de leur satisfaction vis-àvis de cette prestation au regard de la
personnalisation des entretiens.
La durée et la fréquence des entretiens
accordés aux bénéficiaires permettent en
effet une réelle prise en compte de leur
situation et de leurs besoins. L’échange avec
le psychologue apporte une aide significative
dans le travail d’investigation du bénéficiaire.
De nombreux demandeurs d’emploi insistent
sur le caractère à la fois ludique et très
constructif des exercices. Une majorité
d’entre eux souligne que ces exercices et
les échanges avec le psychologue du travail
permettent une découverte de soi, un
développement de l’autonomie dans ses
choix, une priorisation de ces choix pour
parvenir à une prise de décision.
Très peu de critiques ont été exprimées.
Mais certains demandeurs d’emploi ont
jugé l’exercice de réflexion sur leurs désirs,
intérêts et valeurs « décalé » par rapport à
une situation dans laquelle l’urgence pour
eux était avant tout de trouver un emploi.
Une aide effective pour les bénéficiaires
affectés par des situations difficiles
Au-delà de la confirmation d’un projet
professionnel, certains bénéficiaires ont pu
dépasser des expériences professionnelles
douloureuses grâce à une écoute attentive.
L’expérience et les compétences du
psychologue du travail permettent en effet
de gagner plus aisément la confiance du
demandeur d’emploi. Cette intervention
représente une réelle valeur ajoutée pour les
conseillers de Pôle emploi dans la gestion
de ces situations. Ainsi, dans des cas où
la relation est devenue difficile entre le
bénéficiaire et son conseiller à l’emploi,
le psychologue du travail introduit un
nouvel espace de dialogue et permet de
« normaliser » une situation bloquée voire
conflictuelle.
Des documents de bilan diversifiés
Les documents de bilan se composent d’une
part d’un bilan manuscrit généralement
riche et détaillé, d’autre part d’un bilan
synthétique qui combine des parties
réservées à la prestation réalisée en interne
et des informations à compléter destinées
aux prestataires externes.
En revanche, la transcription informatique
laisse peu de place pour saisir l’essence
des entretiens de diagnostic et de bilan.
3
Quant au Passeport-orientation1, il a été
mis à disposition trop tardivement pour que
son usage puisse être observé au cours de
l’évaluation. Pour autant, il apparait difficile
de le faire compléter par le bénéficiaire sans
l’aide d’un professionnel de la prestation.
Quel que soit le document transmis, il
semble que le retour d’information auprès du
conseiller prescripteur ne soit véritablement
efficace que si des relations directes sont
nouées avec le conseiller psychologue
(rencontre ou appel téléphonique).
Certaines situations témoignent de l’absence
de mise en œuvre des recommandations
du plan d’action, avec, par exemple, des
refus de financement de formation pour
des demandeurs d’emploi. Ces difficultés
sont surmontées par un accompagnement
conjoint de la démarche par le psychologue
et le conseiller personnel.
Un large éventail d’effets positifs sur
les projets des bénéficiaires
Il s’agit d’effets variés qui répondent à
des problématiques très diverses :
• Réassurance, effet majeur sur les
bénéficiaires de CPP, qui au début de la
prestation expriment des doutes sur leur
projet au regard de leur parcours et qui, à
l’issue de CPP ont une conscience plus claire
de leurs compétences et peuvent hiérarchiser
leurs besoins.
• Choix d’un nouveau projet professionnel
ou réorientation professionnelle, le travail
avec le psychologue ou le conseiller dans les
Dom permettant une remise en question
du projet initial et facilitant l’émergence
d’un nouveau projet ou d’un changement
professionnel important.
• Clarification du projet initial, la
prestation permettant une finalisation et
une formalisation du projet de certains
bénéficiaires.
• Elaboration d’un projet professionnel,
conséquence d’une cible élargie de public
envoyé sur CPP, en l’absence d’autres
prestations comme Cap projet. Ainsi des
bénéficiaires n’ayant qu’une idée très
imprécise, voire aucun projet, ont pu
profiter de CPP qui a permis l’émergence et
l’élaboration d’un projet professionnel.
font le constat que la prestation participe
à leur intégration auprès des équipes des
agences de proximité.
Les psychologues sont satisfaits de cette
ouverture du champ de leurs activités, car
CPP permet de diversifier leurs interventions
au sein de Pôle emploi.
Dans ce cadre, ils souhaitent enrichir leur
connaissance dans le domaine du marché
du travail au travers d’une collaboration
accrue avec les conseillers, comme avec les
équipes spécialisées (en charge des contrats
de sécurisation professionnelle, des platesformes de vocation,…).
En parallèle, les conseillers à l’emploi
en agence de proximité apprécient
particulièrement que cette prestation soit
délivrée par des psychologues du travail
appartenant à Pôle emploi. Pour beaucoup,
c’est une réelle plus-value à l’offre de
services de l’opérateur public.
Des pratiques différentes en outre-mer
et une légitimité des conseillers parfois
en question
À l’inverse des psychologues mobilisés
en métropole, les conseillers mobilisés en
outre-mer ne sont pas familiarisés aux
méthodes de l’orientation professionnelle,
mais maîtrisent mieux l’accompagnement
et le placement des demandeurs d’emploi.
Pour réaliser la prestation CPP, ces
conseillers se sentent parfois en limite de
compétences avec certains bénéficiaires en
grande difficulté, lorsqu’il s’agit notamment
de difficultés périphériques à l’emploi, de
précarité économique, ou de situations
d’urgence. Pour y remédier, ils recourent
souvent à un échange régulier de pratiques
avec d’autres conseillers ou préfèrent mener
les entretiens en binôme avec un de leurs
collègues.
En outre-mer, les conseillers ressentent
un défaut de légitimité vis-à-vis de ceux
qui ne réalisent pas la prestation. Certains
conseillers expriment la nécessité d’expliquer,
voire de justifier leur travail auprès de leurs
collègues (en raison notamment des rythmes
et durées des rendez-vous qui diffèrent
sensiblement de l’organisation du travail que
connaissent les autres conseillers).
publics orientés vers CPP présentent des
caractéristiques variées, que ce soit en
termes de durée d’inscription, de niveau de
qualification, d’expérience professionnelle et
d’objectif poursuivi.
• En deuxième lieu, la souplesse de mise en
œuvre de CPP et la richesse de l’outillage qui
peut être mobilisé (entretiens, exercices, tests,
enquêtes, évaluations en milieu de travail,
etc.) sont des atouts substantiels adaptés aux
situations singulières qui sont rencontrées.
Les protagonistes s’accordent sur l’intérêt
d’une approche centrée sur l’expression
de la situation de l’individu. La diversité de
mise en œuvre s’observe notamment sur le
nombre d’entretiens (de 2 à 10) comme sur
le recours à des exercices complémentaires
(comme les tests ou autres exercices repris
de prestations antérieures). L’expérimentation
montre la grande plasticité de CPP qui
s’adapte à des configurations variées, tant en
termes de choix des publics que de méthodes
mobilisées.
• En troisième lieu, l’entretien de synthèse
et celui relatif au plan d’action permettent
de conclure la prestation par des pistes
opérationnelles favorisant la reprise d’emploi
dans un nombre significatif de cas.
• Enfin, la mise en place de CPP produit
un effet de reconnaissance d’intégration
des psychologues du travail au sein de
Pôle emploi et conforte leurs compétences
professionnelles et expériences, tout en
permettant une diversification de leur activité.
Ces résultats témoignent du grand intérêt
d’internaliser une prestation souple et
répondant à une large palette de situations
et de besoins des demandeurs d’emploi. Mais
ils incitent aussi à préciser la cible des publics
qui pourront bénéficier de CPP et celle des
prestations qui pourront être externalisées
avec profit. De plus, les constats établis
en outre-mer invitent à une plus grande
sécurisation de la qualité et des conditions
de mise en œuvre de CPP.
Marie-José RABNER
Sous-direction Animation des évaluations,
Veille, Benchmark
Dominique HERAUD et Daniel RIGAUD
Cabinet Geste
Par l’exercice de la prestation d’orientation
professionnelle CPP, les psychologues du
travail de Pôle emploi se sont sentis reconnus
dans leur professionnalité et ont estimé
disposer ainsi d’une activité adaptée à leurs
compétences. Si quelques psychologues du
travail expriment une relative difficulté à
entrer dans la « culture » de Pôle emploi, ils
La pertinence, l’efficience et l’efficacité
de la prestation CPP
La valeur ajoutée de la prestation telle qu’elle
a été expérimentée en interne à Pôle emploi
apparait au travers de différents registres.
• En premier lieu, CPP permet de couvrir une
grande variété de besoins individuels relatifs
à la confirmation du projet professionnel.
En témoigne en particulier le fait que,
dans le cadre de l’expérimentation, les
Directeur de la publication :
Jean Bassères
Directrice de la rédaction :
Annie Gauvin
Rédacteur en chef :
François Aventur
Secrétariat de rédaction :
Isabelle Labridy
Site : www. pole-emploi.org
(1) Document permettant à toute personne de retracer les moments clés de son parcours professionnel, de recenser ses compétences et de faire le point sur son projet professionnel.
© Pôle emploi - ISSN : 2107 - 4771 - Réf. 10031
La reconnaissance et une meilleure
intégration des psychologues du travail