Discours de Nesim FINTZ à l`occasion de la remise des diplômes de

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Discours de Nesim FINTZ à l`occasion de la remise des diplômes de
Discours de Nesim FINTZ à l’occasion de la remise
des diplômes de la promotion 2015 de l’EISTI
Samedi 7 novembre 2015 – Campus de Cergy
C’est toujours un grand honneur, une immense satisfaction et une
profonde émotion de vous retrouver pour la remise des diplômes.
Avant de commencer cette cérémonie, je voudrais vous proposer une
minute de silence pour les êtres chers qui nous ont quittés pendant
l’année écoulée. Merci.
Qu’il me soit permis tout d’abord d’adresser quelques
remerciements :
Un grand merci aux parents des diplômés qui ont dû faire
d’importants sacrifices afin que leurs enfants puissent avoir la
possibilité d’affronter le monde professionnel devenu de plus en plus
incertain avec les meilleures armes parmi lesquelles le diplôme
d’ingénieur de l’EISTI.
Un grand merci à tous les professeurs qui vous ont enseigné en
maternelle, à l’école primaire, au collège et au lycée. Il ne faut pas
oublier qu’ils sont les maillons indispensables de la chaine du savoir
qui vous a amené à ce jour.
Je ne peux pas ne pas avoir, à ce stade, une pensée pour Charles
PEGUY et les hussards noirs de la République qui représentaient aux
yeux de ce dernier la culture, et de ce fait, n’avaient aucun lien de
subordination ni avec les hommes politiques qui s’occupent du
terrestre, ni avec les hommes d’église qui s’occupent du céleste.
Un remerciement particulier aux professeurs de l’EISTI qui ont fait
preuve durant toute votre scolarité de professionnalisme, de
disponibilité et surtout d’abnégation.
J’associe bien sûr à ces remerciements les membres du personnel
administratif qui pendant trois ans pour les uns et cinq ans pour les
autres, ont fait de leur mieux pour résoudre vos problèmes tout en
gardant leur sourire.
Chers diplômés,
Je me souviens vous avoir promis lorsque vous avez intégré l’école
que les années que vous alliez passer à l’EISTI seraient parmi les
meilleures de votre existence. J’espère que cette promesse d’un
bonheur tangible aura été tenue et que, dans votre cœur et dans
votre mémoire désormais, il y aura toujours une place pour les
années EISTI.
L’EISTI est, comme toute institution, un corps vivant dont nous
sommes nous les cellules et vous, mes Chers Diplômés, le cœur
battant. De ce corps vivant, j’aimerais reprendre les faits marquants
des trois dernières années et en préciser leur évolution :
1) La loi ESR de juillet 2013 a transformé le PRES Collégium Ile de
France en ComUE et son nom est devenu Institut Polytechnique
du Grand Paris (IPGP). Bien évidemment, l’EISTI est restée
membre fondateur de cette ComUE qui constitue avec l’UCP et
l’ESSEC l’un des trois piliers de la ComUE Université Paris Seine.
Aujourd’hui, plus l’évolution de l’IPGP parait problématique,
plus notre implication dans la ComUE Université Paris Seine est
extrêmement dynamique. A ce titre j’aimerais vous annoncer
qu’un Bachelor multidisciplinaire devrait voir le jour à la rentrée
2017 en partenariat avec l’UCP et l’ESSEC et qu’un dossier de
Master en Actuariat va être déposé à l’Institut des Actuaires
début janvier avec les mêmes partenaires.
2) Je ne reviens pas sur les conclusions extrêmement positives
suite à l’audit de l’AERES qui est devenue HCRES qui nous a
permis de renouveler notre contractualisation avec l’Etat.
3) Tous nos diplômes ont été certifiés ISO 9001 aussi bien sur le
Campus de Cergy que sur celui de Pau. Je me permets de vous
rappeler que l’EISTI est précurseur de cette certification pour
les Grandes Ecoles en général et pour les écoles d’ingénieurs en
particulier.
4) Durant ces trois années, nous avons signé cinq nouveaux
partenariats avec l’Université Paris Dauphine qui font de notre
école celle disposant du plus grand nombre d’accords avec
cette prestigieuse Université. Concernant ces doubles diplômes,
il m’est agréable de préciser que la réussite de nos élèves a été
de 100% en 2014-2015. C’est ainsi que vous êtes 80 à avoir
obtenu un double diplôme français dans votre promotion. Je
suis heureux aussi de vous annoncer qu’un accord de
partenariat a été signé par notre Campus de Pau avec l’UPPA
pour le Master « Technologies de l’Internet ».
5) Nos accords avec GEM se poursuivent depuis près de vingt ans
avec un volume d’une trentaine d’élèves par an dans le sens
EISTI / GEM. Depuis le début de cette rentrée universitaire nous
accueillons à notre tour une dizaine d’élèves de GEM afin qu’ils
obtiennent le Diplôme d’ingénieur EISTI.
6) La 3ème meilleure école de management du monde d’après les
deux derniers palmarès du FT, j’ai nommé l’ESSEC, a accepté
que nos diplômés soient directement admissibles aussi bien
pour le programme Grande Ecole que pour ses Mastères
Spécialisés. Quatre d’entre eux ont bénéficié de ces accords
l’année dernière, ils sont huit à avoir intégré le programme
Grande Ecole et deux les différents Mastères Spécialisés cette
année. Je dois vous préciser que des discussions sont en cours
pour un partenariat encore plus fort avec cette dernière.
J’espère pouvoir vous en dire un peu plus dans un avenir
proche.
7) Nous sommes depuis 3 ans membres à part entière du très
sélectif Concours Commun Polytechnique qui permet à une
centaine d’élèves d’intégrer notre école.
8) Le Concours Avenir avec ses 7200 candidats nous a permis
d’avoir en 1ère année de notre cycle préparatoire 165 élèves à
Cergy et 72 à Pau au mois de septembre.
Je suis heureux de pouvoir vous dire à ce stade qu’avec 270
élèves et 20 permanents sur le Campus de Pau, le pari
audacieux que nous avions fait en 2003 est devenu un
engagement durable après 12 ans.
9) Les deux Diplômes Nationaux de Master dans des domaines
aussi prisés que la Finance Quantitative et le Big Data nous ont
permis d’être l’une des rares écoles d’ingénieurs privées ayant
la possibilité de les délivrer. C’est ainsi que les diplômés de la
2ème promotion de QFRM et de la 1ère promotion de Business
Analytics- Big Data sont parmi les élus d’aujourd’hui. Nous
pensons pouvoir proposer la première année de ces Masters
sur un site étranger et ce dès la rentrée 2017.
10)
Vous avez dû lire que dans tous les palmarès de la presse
spécialisée (l’Usine Nouvelle, l’Etudiant ou le Figaro Etudiant)
l’EISTI a eu, cette année encore, une place de choix.
11)
Et enfin, la nouvelle la plus importante de l’année
universitaire a été la publication au BO du 23/07/2015 du 1er
arrêté accordant la qualification d’EESPIG. J’ai été extrêmement
heureux de constater que l’EISTI faisait partie des 9 premiers
établissements à recevoir ce label. Cette qualification est très
importante car elle reconnait à notre établissement sa mission
d’éducation et de formation au service de l’intérêt général,
accepte notre gestion désintéressée et confirme le caractère
non lucratif de notre activité.
Mes chers diplômés, vous avez vraiment de quoi être fiers
aujourd’hui :
Fiers d’avoir acquis un diplôme de qualité après de dures et longues
études, dois-je vous rappeler que le diplôme d’ingénieur français est
l’un des meilleurs diplômes d’ingénieur du monde et à ce titre très
apprécié aux quatre coins du globe.
Fiers d’avoir acquis un savoir personnel qui vous permettra
d’envisager la vie, votre vie, avec confiance et sérénité.
Et plus généralement
Fiers d’être les enfants d’une culture riche dont je suis sûr que vous
allez raviver l’éclat avec votre travail, votre enthousiasme et votre
optimisme.
Fiers enfin d’être les citoyens d’une République qui est généreuse
avec tous ses enfants sans distinction de couleur de peau, de religion,
d’origine ou de je ne sais quel autre critère discriminatoire pour les
uns et d’être les invités de cette République qui est prête à vous
intégrer en son sein si tel était votre volonté pour les autres.
Aujourd’hui notre mission s’achève, c’est à vous de saisir pleinement
votre destin, de maitriser votre futur, d’imaginer sereinement votre
avenir.
Je vous demande de regarder avec courage et ambition ce futur et
de le bâtir à votre image en imprimant vos propres repères.
Permettez-moi néanmoins avant de vous quitter de vous soumettre
quelques réflexions que j’ai eues à la lecture du dernier livre »le
syndrome de la grenouille » d’Ivar EKELAND, mon très cher ami, mon
maître, diplômé HC de l’EISTI, président du jury de diplômes et que je
citerai sans vergogne dans la suite de mon discours.
Chers amis,
Sachez avoir un esprit critique en toute circonstance.
Sachez dire non aux apparences quelles qu’elles soient : 2 exemples
historiques avant de vous donner un exemple contemporain :
Le Général de Gaulle, lorsque le Président Roosevelt lui a dit que
Vichy représentait une certaine face de la France, a dû répondre :
« non la France est toute entière où je suis ». Dans ces paroles, il n’y
a ni un souhait, ni une espérance mais une certitude.
Du temps de Galilée, tout le monde pensait que
- le soleil tournait autour de la terre qui elle-même était immobile
- qu’un kilo de plomb tombait plus vite qu’un kilo de plume
- que les objets tombaient parce qu’ils avaient tendance à se diriger
du haut vers le bas.
Or qu’a dit Galilée ? Que tout cela n’est qu’illusion et contrairement à
tout ce que l’on perçoit :
- c’est la terre qui tourne autour du soleil et sur elle-même
- un corps lourd tombe à la même vitesse qu’un corps léger si l’on
réalise le vide
- et enfin puisque la terre tourne, il n’y a ni haut, ni bas et donc
aucune propension à se diriger de l’un vers l’autre.
Revenons à aujourd’hui : Que dit-on du marché ?
1) Le marché est juste, les règles du jeu sont les mêmes pour tout
le monde et on ne peut s’en prendre qu’à soi même si on ne
réussit pas.
2) Le marché est efficace, il résulte de l’équilibre entre l’offre et la
demande et permet donc d’ajuster l’un à l’autre.
3) Le marché bénéficie à tout le monde : il ne force personne, si
j’achète ou si je vends, c’est bien que j’y trouve mon avantage.
4) Le marché libère la créativité et stimule le progrès : il dirige
l’attention des inventeurs vers les vrais problèmes et
récompense ceux qui savent les résoudre.
Or que constatons nous ?
1) Le marché est souvent injuste, il suppose la propriété privée et
chacun ne peut vendre que ce qu’il a. S’il n’a rien, il doit vendre
son travail pour acheter sa subsistance. Le marché redistribue
les biens, pas les richesses. Les riches restent riches et les
pauvres restent pauvres.
2) Le marché n’est pas efficace : en 2008, le marché le plus
important et le plus surveillé du monde, le marché financier
s’est effondré entrainant dans sa chute toute l’économie
mondiale. Il a fallu l’intervention massive des gouvernements
pour sauver les banques. Depuis le marché financier est reparti
à la hausse alors que l’économie mondiale est toujours en
récession. Qui peut discerner une once d’efficacité là-dedans ?
3) Le marché ne bénéficie pas à tout le monde : qui oserait
prétendre que la mondialisation a bénéficié aux ouvriers
français dont le travail est délocalisé vers l’Europe de l’Est ou
vers l’Asie, ou aux paysans africains dont le coton ne peut pas
lutter sur les marchés internationaux avec le coton
massivement subventionné produit aux Etats Unis.
4) Le marché crée des contraintes tout autant que des incitations
et l’histoire témoigne que les découvertes scientifiques
décisives ainsi que les progrès technologiques les plus
importants sont intervenus dans les milieux libérés de ces
contraintes. La découverte de la pénicilline et la découverte de
la structure en hélice de l’ADN ont eu lieu dans un cadre
universitaire. Ni Alexandre Flemming, ni WATSON et CRICK
n’étaient motivés par l’appât du gain fort heureusement
d’ailleurs car ils n’ont fait fortune ni l’un ni les autres.
Cela étant dit, je dois vous préciser que bien évidemment, je suis
pour la juste rémunération du travail et de l’innovation.
J’ai l’impression que tel l’aveugle de Descartes qui entraine le
clairvoyant dans la cave pour se battre, les marchés avec leur court
termisme sont aveugles et nous entrainent dans une cave sans issue.
Certes, et heureusement, le marché voit aussi naître de nouveaux
acteurs, de nouvelles formes d’échange, de nouvelles formes de
communication et de relations entre les hommes et les entreprises;
l’économie de partage, l’économie sociale et solidaire font leur
apparition.
Finalement, ce que je souhaite avant tout vous dire aujourd’hui, mes
Chers Diplômés, et vous n’en serez pas surpris, c’est que l’humain
reste la clé. Vous allez être aux commandes du monde de demain.
Vous êtes notre promesse, une promesse en laquelle j’ai toute
confiance et grand espoir.
Lourde responsabilité me direz-vous !
Alors que faire ?
Avoir en toutes circonstances une attitude éthique, l’une des valeurs
de notre charte en pratiquant le fondement de la morale Kantienne:
« agis toujours d’après une règle dont tu puisses vouloir en même
temps qu’elle devienne une loi universelle ».
Ou en appliquant un autre concept qui a ses racines très loin dans la
civilisation, je pense bien évidemment à cette règle d’or présente
dans toutes les religions et bien de philosophies : ne fais pas à autrui
ce que tu ne voudrais pas que l’on te fît, peut être votre devise.
Permettez-moi d’être un tout petit peu utopiste et Lévinassien à la
fin de ce discours, pensez à l’Autre plus qu’à vous-même car c’est
cette altérité qui fera votre richesse.
Le temps est donc venu de vous saluer toutes et tous et de vous dire
quel plaisir et quel bonheur vous me faites de représenter, ce 7
novembre 2015, la 30ème promotion de l’EISTI.
A toutes et tous un chaleureux et un très ému merci.