1 - massifs fleuris - Gestion différenciée
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1 - massifs fleuris - Gestion différenciée
A bannir absolument Les massifs fleuris • Les pesticides, à plus forte raison quand les massifs sont plus proches d’une zone humide, ou situés sur une zone d’infiltration des eaux pluviales alimentant une nappe phréatique. • Les engrais chimiques : ils ne sont pas stables dans le sol et l’appauvrissent en oligo-éléments, ce qui peut provoquer des carences. • Les cultivars horticoles hybrides, parfois OGM, toujours fragiles et de peu d’intérêt biologique, souvent stériles. Fiche n° 1 Objectifs En zone de prestige, les massifs de fleurs ont pour but essentiel de fournir un décor coloré durant toute la saison chaude, et jusqu’en automne. La question se pose : comment concilier cette obligation de résultat esthétique et les méthodes douces de jardinage ? La technique du fleurissement raisonné, en pleine terre, est une réponse. Ses caractéristiques sont : - l’absence de pesticides ; - une fréquence d’arrosage limitée ; - l’application de la sociologie des plantes et insectes. Remarques • L’intérêt naturaliste, urbanistique, économique et social des massifs fleuris est encore plus grand dans le cas particulier des plantes grimpantes et des plantes aromatiques. • Les plantes grimpantes ont un très grand impact visuel, et transforment en massif n’importe quel support vertical adapté à les recevoir. Elles présentent de nombreux avantages sur le plan environnemental, mais aussi pour la gestion du bâti, pour l’hébergement et l’alimentation de la faune, pour la qualité de l’habitat (protection contre la pluie battante, les excès de température…). Le choix est vaste, comme la gamme des floraisons : pois de senteur, chèvrefeuille, clématite, rosier, houblon… La préparation du sol est à peine différente de celle des massifs, avec l’aménagement d’une petite fosse de 15 cm de profondeur, et autant de diamètre pour accueillir les plants en motte. La pose d’un treillis d’accrochage est souvent nécessaire, mais par la suite l’entretien est limité. • Les plantes aromatiques s’entretiennent en massifs exactement comme les plantes ornementales, dont elles sont souvent proches par leur feuillage abondant et leurs teintes nuancées. Chicorée, cerfeuil, marjolaine, mélisse, camomille, tanaisie, menthe, basilic, alliaire et des dizaines d’autres par leurs usages culinaires ou médicaux, entretiennent un intérêt particulier qui peut rapidement déborder du cercle des connaisseurs. • Les plantes ont un pouvoir grâce à la sève sécrétée qui peut soigner les hommes et les autres plantes... La nature fonctionne comme le corps humain. Si les goûts sont simples et rustiques, une autre solution est le massif de plantes messicoles annuelles (bleuet, coquelicot, nielle des blés...), dont la floraison est étalée, et qui s’intègrent spontanément à tout continuum biologique. Attention : les semenciers proposent parfois des cultivars et non les espèces recherchées. Les parterres de plantes à bulbes présentent de nombreux avantages de gestion. Dans tous les cas, l’objectif des fleurs étant de faire vivre les insectes butineurs, le choix des plantes mellifères s’impose, et parmi elles, celles qui fournissent après floraison le plus de graines aux passereaux. Calendrier • Automne - hiver : - Préparation sous serre. - Mise en état des parterres pour la morte-saison, par un nettoiement raisonné : conservation des refuges, sélection des bisannuelles et des bulbes à laisser en place, apport de compost et paillage éventuel. - Préparation du sol pour les parterres neufs ou rénovés. • Février - mars : - Raccourcissement des vivaces qui ont servi de refuge pour la faune auxiliaire durant l’hiver. - Mise en place des plantes couvre-sol qui protégeront les massifs des plantes inesthétiques, et semis des messicoles. • Mai - juin : - Plantation des annuelles pour le fleurissement estival, ainsi que leur couvre-sol associé, avec apport de compost et paillage après plantation des annuelles. - Désherbage manuel. • Juin à septembre : - Arrosage et poursuite du désherbage. “Gérer autrement les espaces avec des méthodes respectueuses de l’environnement, c’est une bataille de tous les instants. Il nous faut sans cesse écouter et expliquer pour convaincre du bien-fondé de la gestion différenciée”. Annie Van Cortenbosch, Maire de Sailly-sur-la-Lys Mise en oeuvre • Pour la préparation du sol par bêchage et binage, penser aux apports de sable pour empêcher l’asphyxie des racines et la pourriture au collet des plantes, à des engrais verts à enfouir (moutarde, trèfle), et à enrichir les composts en calcium, en fonction du PH du sol. la silène compagon rouge • Pour les plantes couvre-sol, évaluer et suivre l’équilibre biologique qui s’installe, pour l’adapter finement aux micro-conditions locales : lierre, pervenche, lamier, brunelle, gléchoma, bugle, pulmonaire, véronique... l’épipactis à feuilles larges • Pour la lutte contre les ravageurs, choisir la lutte biologique intégrée, par l’exemple bien connu des coccinelles contre les pucerons, ou l’exemple moins connu des scarabées contre les oeufs de limaces et larves. En respectant la biodiversité des espèces et des variétés, un équilibre naturel s’établit dans les massifs et l’autorégulation fait le travail. des coquelicots • Pour l’arrosage, préférer le soir pour éviter les déperditions et l’effet-cuisson en plein soleil, et mettre en place des systèmes fixes de goutte à goutte au niveau du sol dans les cas où c’est possible. • Pour la couverture du sol, on peut également utiliser des broyats végétaux, qui limitent le développement des indésirables et maintiennent l’humidité. Les résultats de la paillette de chanvre sont très bons. Les matériaux de couvre-sol naturel limitent fortement les arrosages. la tanaisie • Pour le fleurissement hors sol (suspensions, colonnes, arches, mosaïques), on se limitera aux strictes situations de décor de lieux de prestige, car cette technique est complètement déconnectée des écosystèmes. Elle nécessite des plants horticoles, du terreau de type hollandais, de l’engrais, des grains d’eau, des fongicides et insecticides (existent en produits naturels), et 2 arrosages par semaine ! • Dans tous les cas, la qualité finale du travail dépend de l’état biologique initial du sol. Cela demande une étude de sol et un relevé floristique, pour choisir les bons moyens d’approcher le milieu idéal. le haricot d’Espagne la bardane Matériel et fournitures • Graines de plantes annuelles messicoles et autres ; récoltées localement, elles ne nécessitent que la préparation du sol de semis, et aucun entretien. • Bulbes et plants de bisannuelles d’espèces locales, naturellement plus résistantes, plus riches en nectar, pollen et graines. • Espèces de couvre-sol en complément, pour éviter binages et arrosages. Elles empêchent le ruissellement érosif, maintiennent l’humidité et l’aération du sol, la micro-faune et le bon fonctionnement de la chaîne écologique à petite échelle (ex : lierre, hépatique). • Matériaux : 1 m3 de compost pour 10 à 20 m2, sable, broyat de branches et/ou paillette de chanvre : 1 m3 pour 20 m2. • Outillage : bêches, houes, 4 dents, fourches, pelles, plantoirs, balais, sécateurs. • Véhicules de transport et système d’arrosage. • 1 litre d’engrais liquide et 0,5 litre de fongicide et insecticide naturels dans le cas de jardinières hors sol. • Aucun produit pour le fleurissement raisonné. la sauge des prés la marjolaine Volume de travail • Pour 10 m2 d’entretien de massif et 1 personne : 30 h - mise en état ou réparation du sol 10 h - soins aux vivaces en février-mars 2h - plantation des annuelles et couvre-sol 14 h - désherbage et arrosage 4h • A titre de comparaison, le fleurissement hors sol, d’automne et de printemps, exige, pour 10 jardinières (25 x 25 x 80 cm) 114 h de travail par an. Précautions • Prendre les renseignements auprès du Centre de Phytosociologie de Bailleul (Conservatoire National de Botanique). • Dans le cas de rosiers, préférer les espèces ouvertes, où les étamines sont abondantes. • Les massifs doivent comporter au moins 50 % de plantes vivaces et un maximum de plantes indigènes. • Il est possible d’appliquer la méthode raisonnée au fleurissement hors-sol, grâce à des plantes non hybrides, avec des variétés anciennes ; les résultats sont un peu moins performants sur le plan esthétique. Le travail et les fournitures sont les mêmes.