Habsbourg, maison de

Transcription

Habsbourg, maison de
1/5
25/08/2016 |
Habsbourg, maison de
Comtes de H. (première mention en 1108), ducs (1282) et archiducs (1360) d'Autriche, comtes du Tyrol
(1363), suzerains de l'Autriche antérieure (1368), ducs de Bourgogne (1477), rois d'Espagne (1516-1700), de
Bohême (1438) et de Hongrie (1526). De 1273 à 1806, avec quelques interruptions, les H. furent chefs du
Saint Empire romain germanique, puis ils furent empereurs d'Autriche de 1806 à 1918 (monarchie austrohongroise dès 1867). Contrairement à l'allemand, qui distingue entre l'empereur élu (traditionnellement
appelé roi de Germanie jusqu'au XVe s., dès lors roi des Romains) et l'empereur couronné, le français utilise
usuellement la seule appellation d'empereur.
1 - Les origines
La filiation des premières générations n'est connue que par les notices des Acta Murensia (vers 1160) et par
le testament de Werner ( -> 17), faux daté de 1027, mais réalisé vers 1085. Les généalogies qui, pour
souligner le prestige de la dynastie impériale, lui donnent des origines zähringiennes, voire troyennes,
égyptiennes et romaines, sont en général assez tardives. L'identification de Gontran le Riche ( 973), ancêtre
de la famille selon les Acta Murensia, avec un Gontran mentionné vers 952 comme comte dans la région en
aval de Bâle conforte l'hypothèse qui fait des H., anciennement possessionnés en Haute-Alsace et dans le
Brisgau, des descendants de la famille ducale alsacienne des Etichons. Un autre ensemble de possessions
précoces se trouve dans le nord de l'Argovie, au confluent de la Reuss et de l'Aar (Eigenamt) et autour de
l'abbaye bénédictine de Muri. On conteste aujourd'hui que le fils de Gontran, Lanzelin (appelé aussi Kanzelin),
comte d'Altenburg (sans doute Altenburg près de Brugg) soit identique au comte de Thurgovie Landolt. Après
l'an 1000 vint une phase d'expansion interne et externe: Radbot, petit-fils de Gontran, fonda l'abbaye de Muri
(après 1020), son frère Rodolphe celle d'Ottmarsheim en Haute-Alsace (vers 1045); les H. détenaient
l'avouerie de ces couvents privés, mais aussi celle de l'abbaye de Murbach (Alsace) et de sa filiale de
Lucerne. Radbot ou Werner édifia vers 1020 le château fort de Habsbourg, centre de la seigneurie. La famille,
qui possédait d'autres places fortes (Wildegg, Brunegg, Limburg dans le Brisgau), se mit à acquérir des droits
de justice (bailliages et comtés), base dès le XIIe s. de sa seigneurie territoriale: landgraviat de Haute-Alsace
(dès la fin du XIe s. au moins), avouerie du chapitre cathédral de Strasbourg. Vassale des Staufen
(Hohenstaufen), alliée des comtes de Lenzbourg, de Pfullendorf et de Kibourg, elle émit des prétentions sur
les successions de ces dynastes: elle hérita ainsi, en 1172-1173, les pouvoirs comtaux sur l'ouest du
Zürichgau avec Schwytz et Unterwald et sur l'Argovie, outre l'avouerie de l'abbaye de Säckingen, puis des
Zähringen le bailliage impérial d'Uri (1218-1231).
Auteur(e): Franziska Hälg-Steffen / PM
2 - La branche de Habsbourg-Laufenbourg
Aucune branche collatérale n'apparut avant le XIIIe s., de nombreux hommes étant morts sans héritiers. Le
premier partage eut lieu en 1232-1234 et 1238-1239, entre les frères Albert IV (branche aînée) et Rodolphe III
(Rodolphe Ier de H.-Laufenbourg, fondateur de la branche). Les historiens y voient aujourd'hui une simple
mesure administrative (les fiefs eux-mêmes restant indivis), qui ne se traduisit par un partage territorial que
dans le cadre de la rivalité, culminant dans les années 1270, entre partisans de l'Empire et partisans de la
papauté. Bien qu'à l'origine Rodolphe Ier de H.-Laufenbourg n'ait pas été confiné, de par l'étendue de sa
seigneurie, dans un rôle subalterne, il ne réussit pas à s'imposer personnellement en Suisse centrale, malgré
la construction vers 1240 du château fort de Neu-Habsburg. Sous son fils Gottfried Ier, Laufenburg devint le
centre de la seigneurie. Des mariages sont attestés avec les barons de Regensberg, les comtes de Kibourg,
de Rapperswil, d'Öttingen, de Neuchâtel et de Montfort; Jean IV se mésallia avec la fille d'un chevalier de
Landenberg-Greifensee, mais fit élever ses enfants au rang comtal. Un conflit avec le chef de la branche
aînée, le futur empereur Rodolphe Ier, fut résolu vers 1254. Eberhard, frère de Gottfried Ier, mari de l'héritière
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF19506.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
2/5
des Kibourg, exigea vers 1269 un partage qui entraîna la création du comté de Kibourg-Berthoud regroupant
les fiefs à l'ouest de l'Aar. Rodolphe III (1270-1315), fils de Gottfried, mourut sans avoir pu consolider sa
position, en dépit de son mariage avec l'héritière des Rapperswil. Depuis 1282 au plus tard, les deux
branches n'avaient plus rien en commun. Rodolphe ( -> 14), évêque de Constance, et Rodolphe III prirent
position contre l'empereur Albert Ier. Cependant, Jean Ier (mentionné dès 1305, 1337 à la bataille de Grinau
contre les Zurichois), fils de Rodolphe III, retomba sous la dépendance de la branche aînée. Ses trois fils,
Jean II, Rodolphe IV et Gottfried II, se partagèrent la seigneurie en 1353. Deux d'entre eux participèrent à des
entreprises militaires en Italie pour échapper au déclin économique de la famille, qui céda ses terres dans la
seconde moitié du XIVe s., surtout aux ducs de H.-Autriche et qui s'éteignit en 1408 avec Jean IV (attesté dès
1372), fils de Rodolphe IV.
Auteur(e): Franziska Hälg-Steffen / PM
3 - La première ascension sur le trône impérial
Rodolphe IV, futur empereur Rodolphe Ier, fils d'Albert IV, renforça la puissance de sa maison durant le Grand
Interrègne en profitant de la situation chaotique pour acquérir des gages impériaux, promesses d'héritage et
autres titres, telle l'avouerie de l'abbaye de Saint-Blaise en 1254, qui lui ouvrit le sud de la Forêt-Noire. Contre
les prétentions de la maison de Savoie, il s'empara largement de la succession des Kibourg dans l'est et le
nord-est de la Suisse (landgraviat de Thurgovie, Glaris, le Gaster, avouerie du couvent de Schänis), le comté
de Kibourg-Berthoud restant sous son influence. Il était déjà l'un des seigneurs les plus puissants de la
Souabe quand il fut élu roi de Germanie en 1273. Dès lors et jusqu'à la perte de cette couronne (événements
de 1308 et 1314), il n'est pas toujours facile de distinguer entre les affaires familiales des H. et la politique
impériale. Revendiquant l'héritage des Babenberg dans les pays autrichiens relevant de l'Empire, Rodolphe
dut affronter le roi de Bohême Ottokar et le battit à Dürnkrut en 1278. Il récupéra ainsi les duchés d'Autriche
et de Styrie, ainsi que la Carniole avec sa marche orientale, la Marche des Wendes (ou Vénèdes, peuple
slave); en 1282, il les inféoda, indivis, à ses fils Albert Ier et Rodolphe II, tandis qu'il confiait la Carinthie à
Meinhard Ier de Görz-Tyrol (Gorizia). La maison de H. prit ainsi pied dans le sud-est de l'Empire; elle put s'y
tailler un domaine plus facilement que dans sa région d'origine, où elle ne parvint jamais, durant tout le
Moyen Age, à rétablir le duché de Souabe.
Comme ducs d'Autriche et de Styrie, Albert Ier et ses fils avaient rang de princes d'Empire. Dans l'ordonnance
domestique de Rheinfelden (1283), Albert Ier fut désigné comme seul maître dans les pays autrichiens, ce qui
interrompit le régime d'indivision. Cependant, l'intérêt des H. pour leurs anciennes possessions ne faiblit pas.
Ils prirent des mesures pour garantir la paix publique, s'attachèrent les ministériaux qui avaient servi les
Staufen et améliorèrent la gestion des biens d'Empire. Au sud-ouest, Rodolphe Ier poursuivit jusqu'à sa mort
(1291) une politique résolue d'expansion, en visant l'intégration des biens familiaux et impériaux: il acquit
ainsi dans les années 1270, outre Fribourg (1277), la seigneurie de Grüningen (ZH) et les terres des abbayes
d'Einsiedeln et de Saint-Gall inféodées aux Rapperswil; il soumit Berne en 1288 et acheta en 1291 les droits
fonciers sur les domaines de l'abbaye de Murbach-Lucerne.
Rodolphe Ier n'eut jamais formellement la dignité impériale, ce qui rendait problématique une transmission
directe. Il essaya d'obtenir des électeurs, dont la plupart étaient alliés par mariage aux H., l'engagement de
porter au trône son fils, Rodolphe II (décédé en 1290), puis Albert Ier. Non élu en 1291 (mais il le sera en
1298), ce dernier poursuivit avec succès l'énergique action stabilisatrice qu'il menait depuis 1282 en Autriche
et résista dans ses terres occidentales à une coalition de seigneurs et de villes lésés par sa politique
territoriale, rassemblant le comte de Savoie, Berne, Zurich, Lucerne, l'abbé de Saint-Gall et l'évêque de
Constance Rodolphe de H. ( -> 14). La dynastie habsbourgeoise enregistra des progrès à l'est: à l'extinction
des Prémyslides (1306), Rodolphe III ( 1307), fils d'Albert Ier, recueillit la couronne royale de Bohême (ancien
fief d'Empire). Cette succession était cependant encore contestée quand Albert Ier fut assassiné en 1308. Pour
la première fois, la dynastie subit alors les conséquences de la contradiction entre l'indivision traditionnelle
(avec partage implicite de l'administration entre tous les fils, l'aîné gardant la prééminence) et la remise de
toute l'autorité au seul Albert Ier: contrairement à ce qui avait été convenu, ni son frère Rodolphe II ni le fils de
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF19506.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
3/5
ce dernier, Jean, ne furent dédommagés. Les H. perdirent pour longtemps aussi bien leurs perspectives
d'établissement en Allemagne centrale et en Bohême que leurs possibilités de créer une monarchie
héréditaire dans l'Empire.
Auteur(e): Franziska Hälg-Steffen / PM
4 - Développement de la maison d'Autriche
Après s'être arrangé avec l'empereur Henri VII (un Luxembourg) en 1309, Léopold Ier ( -> 10) s'attacha à la
poursuite des régicides, dont il confisqua les biens au profit de sa famille. La mort précoce de Henri VII, en
1313, permit d'envisager une nouvelle élection à la dignité impériale. Conséquence de la double élection du
19/20 septembre 1314, la longue lutte entre Frédéric le Beau et le Wittelsbach Louis de Bavière (qui esquiva
jusqu'en 1322 l'affrontement décisif) tendit à affaiblir les H. sur leurs propres terres. A l'ouest, ils se
heurtèrent à l'opposition renforcée des Waldstätten qui, pour mieux les contrer, se firent confirmer leur droit
d'immédiateté, après avoir pris parti pour Louis de Bavière. Néanmoins, on conteste aujourd'hui que la
bataille de Morgarten (1315) ait eu une grande importance dans ce contexte. Frédéric fut associé à l'Empire
par Louis de Bavière en 1325, mais n'en profita guère. Pendant qu'ils luttaient pour le trône impérial, les H.
n'avaient considéré les Etats autrichiens que pour leur rôle économique; après leur échec, ils s'intéressèrent
davantage à y affirmer leur suzeraineté, surtout sous Albert II ( -> 2), frère cadet de Frédéric. Le prestige dont
les H. jouissaient à cette époque ressort des mariages qu'ils conclurent avec des maisons princières
allemandes, mais aussi avec les familles royales de France et d'Aragon. Ils acquirent en 1335 le duché de
Carinthie et en 1363 le comté du Tyrol, qui rapprochait leurs possessions de l'est et de l'ouest. Dans leurs
anciennes terres, les conflits qui couvaient depuis 1315 culminèrent au cours des années 1350 dans les
disputes avec les Zurichois et avec les Waldstätten, alliés dès 1351. Zurich lança des attaques contre des
territoires habsbourgeois en Argovie, à Zoug et à Glaris. Tandis que les H. durent renoncer à leurs
prétentions, en fait depuis longtemps abandonnées, à Schwytz et Unterwald, ils réussirent à imposer leur
hégémonie, contre Zurich, à l'est du Plateau, par la paix de Ratisbonne (1355). A la mort d'Albert II (1358),
son fils aîné Rodolphe IV (1339-1365), administrateur de l'Autriche antérieure dès 1357, beau-fils de
l'empereur Charles IV (de la maison de Luxembourg) qui lui confia l'avouerie impériale en Alsace, devint de
facto le seul maître des Etats habsbourgeois. Très sensible au prestige de la dynastie, il produisit un
ensemble de faux documents (autour du Privilegium maius), censés renforcer la position de sa maison face à
l'Empire et aux dynasties royales concurrentes des Wittelsbach et des Luxembourg et probablement aussi lui
assurer le premier rang après les sept princes électeurs. Jointe à l'usurpation du titre d'archiduc, cette
attitude le dressa passagèrement contre Charles IV. L'élévation de la ville de Vienne au rang de résidence
princière (université fondée en 1365, construction de la cathédrale Saint-Etienne) témoigne à la fois de la
puissance et des ambitions des H. à l'époque où ils constituèrent la "maison d'Autriche" à partir d'un
ensemble hétérogène de droits seigneuriaux. En 1362 et 1364, ils conclurent mutuellement des pactes
successoraux avec les Anjou en Hongrie et avec les Luxembourg en Bohême.
Auteur(e): Franziska Hälg-Steffen / PM
5 - Divisions internes
Rodolphe IV mourut sans enfant en 1365. Ses frères puînés Albert III ( -> 3) et Léopold III ( -> 11) firent
encore quelques acquisitions (notamment Fribourg-en-Brisgau en 1368 et le landgraviat de Montfort-Feldkirch
en 1375) mais, dans les décennies suivantes, la famille connut une grave crise. L'absence d'un accord réglant
l'ordre de succession à long terme et le nombre toujours croissant de descendants mâles amenèrent des
conflits de famille et des tendances centrifuges se manifestèrent. On n'acceptait plus le gouvernement
indivis, ni la prépondérance du fils aîné. Cela conduisit au traité de Neuberg (1379) qui avalisa un partage de
durée indéfinie entre la branche albertine (Basse-Autriche) et la branche léopoldine (Styrie, terres
héréditaires et nouvelles acquisitions à l'ouest et au sud). Celle-ci se divisa à son tour en 1411, après
d'amères disputes, entre les lignées styrienne (Ernest Ier de Fer, 1377-1424) et tyrolienne (Frédéric IV, qui
obtint aussi l'Autriche antérieure). L'unité fictive se brisa définitivement au XVe s. Chaque branche menait sa
propre politique à l'égard du pape, de l'empereur, de ses adversaires potentiels et de ses sujets. Tandis
qu'Albert V, petit-fils d'Albert III se rapprochait de la maison de Luxembourg en épousant en 1421 Elisabeth,
fille de l'empereur Sigismond, Léopold III et ses successeurs durent affronter la Confédération naissante à
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF19506.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
4/5
Sempach en 1386 et à Näfels en 1388; dans cette région, après avoir perdu l'Argovie en 1415, sous
Frédéric IV ( -> 8), ils ne cessèrent de voir leur puissance décliner au cours du XVe s.
Auteur(e): Franziska Hälg-Steffen / PM
6 - Avènement d'une dynastie européenne
Albert V (1397-1439) devint roi de Hongrie et de Bohême en 1437, à l'extinction des Luxembourg. Le 18 mars
1438, il fut élu à l'unanimité roi de Germanie; c'est sous le nom d'Albert II qu'il monta sur le trône impérial,
que les H. n'avait plus occupé depuis plus d'un siècle et qui revint après sa mort précoce à Frédéric III (élu en
1440). Celui-ci, issu de la branche styrienne, prit aussi sa succession comme chef de la maison de H.; il eut à
exercer la tutelle sur le fils d'Albert II, Ladislas le Posthume, futur roi de Hongrie-Bohême, ainsi que sur
Sigismond ( -> 16). Il ne parvint ni à réunifier la puissance habsbourgeoise, à cause de disputes avec son
frère cadet Albert VI ( -> 4) et avec les Etats d'Autriche et du Tyrol, ni à l'asseoir en Hongrie-Bohême, où il
rencontra un adversaire redoutable, le roi Matthias Corvin, qui occupa même Vienne et Wiener Neustadt. Il
intervint aux côtés des Zurichois dans la succession des comtes de Toggenbourg (guerre de Zurich), entre
1442 et 1450, mais, mis à part le gain temporaire des villes de Rapperswil (SG), Winterthour, Diessenhofen et
Rheinfelden, il n'obtint des Confédérés aucune des terres que les H. prétendaient récupérer. Sigismond tenta
probablement, après la perte de la Thurgovie (1460), un rapprochement avec Charles le Téméraire, qu'il
voulait embrigader contre les Suisses. Mais il dut finalement conclure avec les Confédérés la Paix perpétuelle
de 1474, qui entérinait le statu quo. La mort précoce, en 1457, de Ladislas le Posthume, roi de Hongrie et de
Bohême, signa l'extinction de la branche albertine. Elle entraîna des modifications dynastiques, puis de
nouveaux conflits internes qui, pendant un certain temps, tendirent à détourner Frédéric III des affaires de
l'Empire. Grâce au mariage, projeté dès 1462 et conclu en 1477, de son fils, le futur empereur Maximilien Ier,
avec l'héritière de la maison de Bourgogne, Marie, Frédéric réussit à étendre largement sa zone d'influence
vers l'ouest; en s'emparant d'une grande partie de la succession bourguignonne, Maximilien fit le pas décisif
qui assura aux H. le rang de grande dynastie européenne.
Les historiens suisses ont longtemps vu dans les H. l'ennemi héréditaire de la Confédération naissante. Cette
interprétation, apparue au XVe s. et défendue par Aegidius Tschudi, a fait place aujourd'hui à une analyse plus
nuancée, moins influencée par l'esprit national.
Auteur(e): Franziska Hälg-Steffen / PM
7 - Les Habsbourg et la Suisse à l'époque moderne
Après l'épreuve de force de la guerre de Souabe (1499), les relations entre les Confédérés et la maison de H.
furent pacifiques, mais parfois tendues. Elles se fondaient sur l'Union (ou Alliance) héréditaire de 1511, qui
stipulait la reconnaissance des territoires des parties contractantes et l'obligation pour elles de se porter
secours, tout en plaçant de fait la Franche-Comté sous la protection des Confédérés (disposition sans grande
portée). Après la Réforme, la plupart des conflits furent liés à des motifs confessionnels, par exemple lorsque
le futur empereur Ferdinand Ier conclut avec cinq cantons catholiques l'Alliance chrétienne pour contrer les
réformés et leur Combourgeoisie chrétienne. En revanche, les efforts pacificateurs de Charles Quint lors de la
Diète d'Augsbourg (1530) préservèrent les Confédérés d'une intervention des puissances étrangères dans
leurs conflits internes. Le Service étranger devint au XVIe s. un élément important des rapports avec les H.,
moins cependant avec leur branche allemande qu'avec l'espagnole (après le partage de 1556 et la Ligue d'Or
de 1586). Les cantons catholiques étaient particulièrement attachés au maintien de bonnes relations avec
l'Espagne, leur principal appui confessionnel. L'Autriche et l'Espagne intervinrent politiquement et
militairement lors des Troubles des Grisons. Peu après éclata l'affaire Sebastian Peregrin Zwyer von Evibach,
parfaite illustration des tensions opposant les partisans des H. et ceux de la France. Dans les cantons
catholiques, l'art sacré baroque bénéficia dans une modeste mesure de la générosité des H., lesquels ne
possédaient en Suisse, à l'époque moderne, que le Fricktal (qui faisait partie de l'Autriche antérieure), la
seigneurie de Tarasp (inféodée aux Dietrichstein en 1687) et celle de Rhäzüns (en droit membre de la Ligue
grise).
En 1690 encore, les cantons protestants autorisèrent (sans signer cependant de capitulation militaire) la
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF19506.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
5/5
levée du régiment Bürkli pour la défense de l'Autriche antérieure, considérée comme un Etat-tampon de la
Confédération. Mais des tensions apparurent après 1700, à cause des interventions de l'empereur Léopold Ier
et de l'envoyé autrichien Franz Ehrenreich von Trautmannsdorff à la veille de la seconde guerre de
Villmergen, puis à la suite du renversement des alliances de 1756, qui vit la France et l'Autriche renoncer à
leur vieille inimitié. La Confédération se sentit prise en tenaille et, après le premier partage de la Pologne
(1772), se mit à craindre un destin semblable. On prêtait au dynamique empereur Joseph II des intentions
expansionnistes et l'on considéra avec la plus grande méfiance le voyage qu'il fit en Suisse en 1777, au retour
de sa visite en France. Les cantons protestants de Berne et de Zurich se rapprochèrent alors de la Prusse. Ce
danger à peine écarté, d'autres surgirent à l'époque de la Révolution française et de la République helvétique.
Certes, l'Autriche laissa la Suisse tranquille après le traité de Campoformio (1797), mais un peu plus tard, elle
renouvela son aide aux adversaires de la France. Lors de la deuxième guerre de Coalition, l'archiduc Charles (
-> 5) pénétra en Suisse avec ses troupes. Dans les bouleversements de cette époque, les H. perdirent leurs
dernières possessions suisses: le Fricktal et Tarasp en 1803, Rhäzüns en 1819 (par décision du congrès de
Vienne).
Auteur(e): Peter Hersche / PM
8 - Les Habsbourg et la Suisse aux XIXe et XXe siècles
Au début du XIXe s., les conservateurs, surtout catholiques, cherchèrent un appui auprès de la puissance
habsbourgeoise. Mais ils n'obtinrent pas d'aide militaire lors de la guerre du Sonderbund. En même temps,
dans le camp libéral, historiens et écrivains ranimaient le mythe anti-habsbourgeois (Mythes fondateurs),
dont le succès populaire dura jusqu'au XXe s. et fit soupçonner son principal critique, Joseph Eutych Kopp,
d'être financé par Vienne dans ses activités scientifiques. Après la Première Guerre mondiale, la Suisse devint
une terre d'exil pour les H. détrônés (avec visites symboliques à l'ancien château éponyme). L'impératrice
Sissi (Elisabeth d'Autriche), qui sera assassinée à Genève en 1898, s'était déjà réfugiée en Suisse pour y
oublier les obligations de la cour. Le dernier empereur d'Autriche-Hongrie, Charles Ier, contraint d'abdiquer,
résida dès 1919 dans diverses localités suisses, d'où il tenta en vain de restaurer la monarchie en Hongrie.
L'archiduc Eugène, grand maître de l'ordre teutonique, vécut à Bâle jusqu'en 1934; on l'y surnommait "Erzi".
Zita de Bourbon-Parme, femme de Charles Ier, se retira à l'abbaye de Saint-Jean à Zizers, où elle mourut, fort
âgée, en 1989, après avoir fondé dans l'église de l'ancienne abbaye de Muri (autrefois couvent privé des H.),
un caveau funéraire pour les membres de la famille morts en exil.
Auteur(e): Peter Hersche / PM
Références bibliographiques
Bibliographie
– GHS, 1, 12-25, 403-406; 3, 405 (avec généal.)
– W. Meyer, Die Verwaltungsorganisation des Reiches und des Hauses Habsburg-Österreich im Gebiete der
Ostschweiz 1264-1460, 1933
– A. Wandruszka, Das Haus Habsburg, 1956 (41982; avec généal.)
– P. Kläui, «Beitrag zur ältesten Habsburgergenealogie», in Argovia, 72, 1960, 26-35
– Ch. Brunner, Zur Geschichte der Grafen von Habsburg-Laufenburg, 1969
– B. Stettler, «Habsburg und die Eidgenossenschaft um die Mitte des 14. Jahrhunderts», in RSH, 23, 1973,
750-764
– J.J. Siegrist, «Die Acta Murensia und die Frühhabsburger», in Argovia, 98, 1986, 5-21
– B. Hamann, éd., Die Habsburger, 1988 (31993, avec généal.)
– R.-F. Krieger, Die Habsburger im Mittelalter, 1994 (avec bibliogr.)
– J. Bérenger, Hist. de l'Empire des Habsbourg: 1273-1918, 1990
– LexMA, 9 (généal. en annexe)
– H. Bogdan, Hist. des Habsbourg, 2002
– A. Collenberg, Die Habsburger in Disentis, 1919-1921, 2005
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF19506.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)

Documents pareils