2013année française
Transcription
2013année française
N° 5 8 2 F É V R I E R / M A R S 2 0 1 3 REPORTAGES, DOSSIER 100%création hexagonale W W W. C O T E M A I S O N . F R EILEEN GRAY PHÉNOMÈNE Rétrospective pour une grande dame Hôtels de rêve dans prison ou hôpital désaffectés SHOPPING À GAGNER seconde peau Un buffet laqué MisuraEmme Décoration, design ANNÉE 2013 FRANÇAISE Des plaids EXERCICE DE STYLE L’ART NOUVEAU VU PAR POOL Ils appartiennent à cette jeune génération de créateurs qui revivifient le design français. Léa Padovani et Sébastien Kieffer, cofondateurs de Pool, ont revisité les codes du café de quartier avec le Craft à Paris, démarrent une collaboration avec Habitat, sortent une lampe chez La Chance… Ils ont accepté de mettre en scène des pièces de la vente événement de Sotheby’s consacrée à l’Art nouveau. Par Virginie de La Batut I Réalisation Lily de Champris assistée de Fabrice Paulet I Photographe Hervé Goluza assisté de Yann Le Flohic Sur la commode «Wrongwoods» de Sebastian Wrong (Established & Sons chez Silvera Université), casiers pliables «Midi Box» de Surplus Systems (Pop Corn chez Design de Collection). Figurine «The Lover III» et vase «Small Conversation» en porcelaine de Jaime Hayon (Lladró chez Silvera Wagram). Armoire «Job Cabinet» en métal laqué époxy et clé en bronze poli, design Studio Job (Lensvelt chez Persona Grata). Sur la table, pichet et bols «Ustensiles Picturaux» en porcelaine (Pool) et TGV électrique vintage (Hornby). Chaise «Superleggera» de Gio Ponti (Cassina) et tabouret «Arnold Circus» (Martino Gamper). Au sol, kilims (galerie Triff). En fond, peinture «Green Verditer» (Little Greene). Canapé en oranger sculpté d’Edward Colonna (retapissé), vers 1900. Vendu avec une suite de 4 sièges. Estimation : 8 000-12 000 €. L’expert de Sotheby’s : « Edward Colonna n’est pas un artiste majeur de la période mais il a produit en petite série des pièces d’élégante facture, aujourd’hui très abordables. » Pool : « Dans un environnement qui se réfère à un autre univers – celui du groupe Memphis des années 1980, si important durant notre enfance –, ce meuble prend tout à coup force et importance. On aime son tissu, le changer affadirait ce canapé qu’on se plaît à imaginer à Berlin sur un sol en béton craquelé. C’est le mélange qui rend un appartement vivant. » Table rectangulaire en noyer signée émile Gallé, 1891 (L 120 x P 74 x H 77,4 cm). Estimation : 20 000-30 000 €. L’expert de Sotheby’s, Cécile Verdier, directrice Europe du département Arts décoratifs du xxe siècle et Design : « émile Gallé était vraiment un génie de la marqueterie et le plateau de cette table témoigne du savoir botanique du créateur qui a ici représenté uniquement des fleurs de printemps : iris, narcisse. Notre estimation est vraiment basse pour un meuble de cette qualité. » Pool : « Avec cette évocation d’une cuisine, nous voulons signifier qu’une table de style – peut-être pas signée Gallé, certes – peut prendre place dans n’importe quelle pièce. Nous avons joué ici avec des motifs forts, celui de la commode rappelant le bois, et ceux des kilims superposés, clin d’œil aux origines iraniennes de Léa. » Au mur, sur l’étagère «Climb» de Basko Trybek (La Chance), appareil photo vintage, figurines de Louise Gaarmann (Arhoj) et flacons de Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard (Petite Friture). Sur le tapis «Sipat», 100% laine, de Daniel Buren (Chevalier édition), pouf «Tatoo» de Maurizio Galante et Tal Lancman (Cerruti Baleri chez Atù) et souliers (Pierre Hardy). Sur le guéridon «Kyoto» de Shiro Kuramata (Memphis Milano chez Asteri), baleine en plastique (Le Bon Marché), vase «Titicaca» en porcelaine de Matteo Thun (Memphis Milano chez Asteri), lampe en marbre de Michael Anastassiades (Gallery S. Bensimon) et lampe «Vulcain» de Pool (La Chance). En fond, panneau mélaminé d’après un dessin d’Alessandro Mendini et Ettore Sottsass (Abet Laminati). Ils sont arrivés pour la prise de vue avec des dessins de chaque scène. Léa Padovani et Sébastien Kieffer ont abordé notre exercice de style avec beaucoup de précision et de rigueur et un sens indéniable de la mise en scène. Architectes d’intérieur et designers, ils ont tous deux travaillé chez Noé Duchaufour-Lawrance avant de monter en décembre 2011 leur propre structure. « Ce nom de Pool reflète bien notre philosophie. Nous ne tenons pas à nous mettre en avant, nous voulons travailler dans un esprit d’équipe avec des gens que nous apprécions et dont nous partageons la vision. » Les deux comparses n’aiment rien tant que la diversité, passant d’une chaise Memento-mori « STQTVM » (Souviens-toi que tu vas mourir) à un système de plafond lumineux encastré pour faux plafond (chez Alter), d’une lampe à la conception globale d’un lieu, le Craft, dont ils ont signé l’identité graphique, l’architecture intérieure et la majeure part du mobilier. L’Art nouveau ? « Tellement loin de notre univers que le challenge était excitant », notent-ils. L’important pour eux n’est pas tant le style des meubles que la cohérence de la pièce. À condition de ne pas transformer la maison en showroom. « Un meuble sera mieux mis en valeur dans un environnement décalé.» Visiblement la confrontation les amuse et c’est tant mieux. WWW.POOLHOUSE.EU ET [email protected] 3 EXERCICE DE STYLE Horloge de parquet en acajou de Louis Majorelle, vers 1905 (L 46,4 x P 25,5 x H 209 cm). Estimation : 25 00035 000 €. L’expert de Sotheby’s : « Après l’Art nouveau, on ne fabrique pratiquement plus de pendules de parquet. Ce modèle très architecturé est d’une grande modernité, Majorelle a choisi un beau bois et comme souvent est resté sobre. Le goût a changé et les pièces Art nouveau n’ont plus la cote qu’elles pouvaient avoir dans les années 1970. Du coup, les pièces importantes apparaissent rarement dans les ventes. C’est ce qui fait l’intérêt de cette vacation composée de meubles de qualité “musée” et d’autres plus simples. » Pool : « On a voulu ici une ambiance Miami Vice, ce feuilleton à succès des années 1980. En même temps, on a aussi pensé à Indiana Jones : cette pièce est vue comme un objet archéologique qui émerge d’une végétation luxuriante… Aujourd’hui, il n’est plus pensable d’occuper l’espace avec un objet aussi volumineux juste pour donner l’heure : les pendules de parquet sont devenues des objets incongrus dans nos intérieurs. » LES PIÈCES PRÉSENTÉES ICI SERONT MISES EN VENTE LE 16 FÉVRIER PROCHAIN CHEZ SOTHEBY’S À PARIS LORS DE LA VACATION «CHEFS-D’ŒUVRE ART NOUVEAU, ANCIENNE COLLECTION DU GARDEN MUSEUM DE NAGOYA (JAPON) ». PRÉSENTATION DU 11 AU 15 FÉVRIER (10 H-18 H). WWW.SOTHEBYS.COM REMERCIEMENTS À SOPHIE DUFRESNE, DIRECTRICE PRESSE ET COMMUNICATION ET À ELIE MASSAOUTIS, DEPUTY DIRECTEUR ARTS DÉCORATIFS DU XXe SIÈCLE ET DESIGN SOTHEBY’S FRANCE, À PIERRE HARDY ET STÉFANIE SCHERER AINSI QU’À EMMANUEL FOSSE CHEZ HORNBY FRANCE. 4 Au premier plan, chaise «Vilbert» de Verner Panton pour Ikea en 1993 (xxO), dessus, lampe « Parasol » de Pool (Habitat). Derrière, fougères et pots (Truffaut). À droite de l’horloge, bananier artificiel (Truffaut) et lampadaire « Non Sens » de la série « Kebab Lamp » (Committee). Sur la chauffeuse en cuir « Togo » de Michel Ducaroy (Ligne Roset), brontosaure en plastique (Le Bon Marché). Dessous, cadre en bois recouvert d’adhésif faux marbre (BHV). Sandales compensées (Pierre Hardy). En fond, peinture « Jack Black » (Little Greene).