Unenuitàdormirdebout - cyprien.fr : Les vidéos de Cyprien

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Unenuitàdormirdebout - cyprien.fr : Les vidéos de Cyprien
LA MONTAGNE DIMANCHE 20 JUILLET 2008 27
Turbulences
DJ Hell aux platines
dans un avion aux
couleurs de MTV : la
plus haute piste de
danse du monde…
Magazine
Monegros (Espagne)
Une nuit à dormir debout
Matthieu Perrinaud
[email protected]
U
n décor de
western apocalyptique. Une
impression de fin de civilisa­
tion. Des squelettes métalli­
ques d’immeubles décharnés
se dressent dans le sable, de
part et d’autre du bitume
longiligne, sous une pluie in­
habituelle pour la saison.
Le bus a quitté Barcelone
depuis à peine plus de deux
cents kilomètres, mais il est
déjà loin de tout. En direc­
tion du désert du Monegros,
site du festival éponyme, à la
gloire du Dieu de la musique
électro. L’un des plus grands
du genre au monde. Mais
jusqu’ici, chaque point car­
dinal ne révèle qu’un espace
quasiment vierge. Une Terra
Incognita.
FESTIVAL
Plus de 40.000 personnes perdues au milieu de nulle part, entre désert et claustrophobie. C’était le
Monegros desert festival. L’un des plus grands shows de musique electro au monde.
■ EN CHIFFRES
45.000 personnes. Alors
qu’en 2007 ils n’étaient
« que » 30.000 fans, la réputation du festival amène
chaque année un nombre
exponentiel de nouveaux
amateurs.
Plus de cinquante artistes. Ils se sont succédé sans
répit aux platines : Cypress
Hill, Miss Kittin & The Hacker,
Soulwax, 2 Many DJ’s, Laurent Garnier, Dave Clarke,
Sven Väth, Richie Hawtin,
Derrick May, Ben Sims, Infected Mushroom…
gale, des corps vidés et des
pieds martyrisés
Retour. Le même bus. À
travers les yeux mi­clos des
fêtards défaits, le paysage
défile, à la vitesse d’un film
rembobiné paresseusement.
Barcelone. L’avion. Frappé
du sceau de MTV, histoire de
fêter le partenariat entre la
chaîne musicale et la com­
pagnie aérienne Vueling à
travers cet événement : le
« Jet lag au Monegros desert
festival by MTV Pulse ».
Ville-champignon
Soudain, au détour d’une
courbe, des gigantesques toi­
les de tentes chamarrées
jaillissent du sol, théâtre pro­
visoire d’une pièce aux ac­
teurs improbables. Sur des
parkings de fortune et de cir­
constance, au gré des pleins
et des déliés du décor, des
milliers de véhicules s’agglu­
tinent. Et leurs propriétaires
font de même, bien décidés
à transformer le terrain va­
gue en terrain de jeu.
■ Génération Internet
Pas de traversée
du désert pour Cypr ien, Margaux,
Denis, François et
Florian, cinq Français invités au rendez-vous du Monegros. Ils sont
« blogueurs ». Ou
comment des journaux de bord publiés sur Internet peuvent attirer un public énorme… et intéresser les annonceurs. Une génération influente
ancrée dans son siècle, bien décidée à se tailler
une part du gâteau médiatique.
Mix de haut vol
DANTESQUE. Plus de 45.000 personnes, et les plus grosses pointures électro pour le 21e Monegros Festival, organisé dans un désert à deux cents kilomètres de Barcelone. PHOTOS : MATTHIEU PERRINAUD
À l’entrée du site, déjà, des
dizaines de milliers de watts
marquent le territoire. La
soirée gagne, petit à petit,
son bras­de­fer face à la fin
d’après­midi, aux forces dé­
clinantes.
Et le désert se change en
ville. Emplissant d’une foule
bigarrée le moindre espace
de sa solitude quotidienne.
Un spectacle dantesque. Sur
des centaines d’hectares,
quelques têtes peinent à
émerger d’un flot humain
compact et ininterrompu.
Plus de 45.000 personnes,
sur l’un des plus grands
dance floor de la planète,
unies dans les mêmes spas­
mes électroniques, tels des
humanoïdes démembrés,
branchés sur courant alter­
natif.
À chacun son plan de ba­
taille pour approcher les
quelque cinquante des plus
grands artistes du genre, tri­
turant leurs platines sans
ménagement sur chacune
des six gigantesques scènes,
dignes des plus grandes
tournées des Stones.
Et pas question de fermer
un œil. Rien pour se reposer.
Rien pour s’isoler. Même en
plein désert.
Déjà, le soleil pointe les
premiers bouts de ses
rayons. Le paysage s’éclaire,
jetant sur la foule épuisée
un voile fantomatique. Mais
la lumière, cette fois, ne
pourra pas défaire l’œuvre
de la nuit. Le soleil a rendez­
vous avec la lune, et les dé­
cibels continuent de cracher
sans discontinuer leur dis­
cours saccadé aux visages de
ses fidèles en transe. Lais­
sant, au bout de la lutte iné­
À l’aller, l’espace d’un vol
et d’à peine deux heures en­
t r e Pa r i s e t B a r c e l o n e ,
l’oiseau d’acier s’était mué
en plus haute piste de danse
du monde. Avec, en com­
mandant de bord des en­
ceintes, DJ Hell.
Mais là, au retour, plus un
bruit. Juste des séquelles
persistances du rythme sé­
quencé des baffles monu­
mentales. Et des souvenirs
hypnotiques d’une incursion
sauvage dans la nuit la plus
longue de l’année.
Aéroport de Roissy. Le jour
a repris ses droits depuis
longtemps. Loin, là­bas, le
désert a retrouvé une activi­
té normale, lui aussi. Mais
déjà, le soleil reprend ren­
dez­vous avec la lune. Pour
2009. ■
è Post fiesta. www.monegrosfesti-
val.com
Hlo