Forum 4 Emploi et projet économique

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Forum 4 Emploi et projet économique
Forum 4
Emploi et projet économique
Participaient au forum :
Lyne Cohen-Solal, adjointe au Maire de Paris, chargée du commerce, de l'artisanat,
des professions indépendantes et des métiers d'art,
Christian Sautter, adjoint au Maire de Paris, chargé du développement économique,
des finances et de l'emploi,
Jean-Bernard Bros, adjoint au Maire de Paris, chargé du tourisme,
Bernard Brunhes, président de Bernard Brunhes Consultant, président de France Initiatives
Réseau,
Philippe Lemoine, coprésident du groupe Galeries Lafayette,
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Laurent Davezies, professeur à l'université Paris XII, rapporteur du forum,
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Richard Tofolet, conseil de quartier du Temple,
Jean-Pierre Vives, conseil de quartier de Réaumur.
Le forum était animé par Emmanuel Kessler, journaliste à Public Sénat.
I - Ouverture
Emmanuel Kessler
Conformément à la loi Solidarité et Renouvellement Urbains (SRU), la Ville de Paris s'engage
dans l'élaboration d'un Plan Local d’Urbanisme (PLU), qui doit aboutir aux environs de 2004
ou 2005 pour traduire dans les textes une vision du Paris des vingt prochaines années, sur le
plan de l'urbanisme, des paysages, de la solidarité, mais aussi de l'emploi. Notre débat s'inscrit
à mi-parcours et il s'agit notamment d'intégrer les premières réflexions des 121 conseils
de quartier.
Un film vidéo est diffusé en introduction.
Ce film met en lumière les problématiques générales du projet économique, à travers le défi de
l'emploi, les inquiétudes sur le commerce et l'impact d'une politique de localisation.
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II - Le commerce de proximité
Emmanuel Kessler
Le commerce de proximité apparaît comme une préoccupation majeure pour les conseils de
quartier. Lyne Cohen-Solal, quel diagnostic portez-vous sur la situation actuelle ? De quelle manière
avez-vous reçu les contributions des conseils de quartiers ?
Lyne Cohen-Solal
Le travail d'écoute et d'échange avec les conseils de quartier est essentiel dans le cadre du
diagnostic du PLU ; il permet non seulement de prendre connaissance d'un certain nombre de faits,
mais aussi de passer d'une dimension locale à une dimension globale. De ce point de vue, il faut
bien voir que beaucoup de demandes exprimées sont partagées et que les attentes de chacun
doivent coexister avec les besoins des autres.
La volonté de la Ville de Paris recoupe souvent les besoins exprimés par les conseils de quartier.
Comment utiliser au mieux les outils et les ressources à notre disposition pour atteindre ces
objectifs communs ?
En ce qui concerne le commerce, il est important de lier la qualité du cadre de vie et le commerce de
proximité. Ma délégation a pour objectif de défendre ou recréer un tissu commercial diversifié de
proximité, au service des habitants de quartier, et encadrer le développement de l'urbanisme
commercial, normalement laissé au marché spontané. La gestion des outils en place n'est pas simple
et le PLU est l'opportunité de définir des outils et les utiliser au maximum de ce que nous permet la loi.
Il faut distinguer le commerce non sédentaire (les marchés essentiellement), soumis aux
autorisations de la municipalité, et le commerce sédentaire, localisé dans des murs privés.
Comment la réglementation du PLU peut-elle nous permettre d'intervenir sur les commerces
sédentaires, qui structurent la vie des quartiers ? Des outils existent en dehors du PLU (loi sur les
permis de construire, préemption de locaux commerciaux, mise en place d'hôtels industriels ou
artisanaux…), mais celui-ci est l'occasion d'en créer de nouveaux, de nature à maîtriser le
développement commercial à Paris (encouragement du commerce de proximité, défense de
l'artisanat, régulation des livraisons dans le cadre des contraintes de mobilité…). De manière
générale, notre action s'appuie sur un dialogue constant avec les entrepreneurs privés, qu'il
s'agisse de la Chambre de commerce, des associations de commerçants ou encore des
investisseurs commerciaux.
Si la création d'entreprises est une source importante d'emplois urbains, nous avons aussi à
travailler sur la transmission des petites entreprises et des commerces ; à Paris, plus de 20% des
commerçants sont âgés de plus de 55 ans et il convient de veiller à ce que leur activité ne
disparaisse pas.
Emmanuel Kessler
Je propose aux représentants des conseils de quartier de réagir à ces propos introductifs.
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Richard Tofolet
De manière générale, nous constatons une pression sur les loyers du commerce qui engendre
la disparition progressive des indépendants et une uniformisation de l'offre commerciale. Deux
problèmes se posent particulièrement dans le 3e arrondissement : le commerce de gros d'une part,
le cercle vicieux de la “boboïsation” de l'autre.
Dans notre arrondissement et les arrondissements environnants, certaines rues sont entièrement
destinées au commerce de gros, qui n'intéresse pas directement les habitants et qui provoque
beaucoup de nuisances (détérioration du bâti, incendies, livraison…). Notre conseil de quartier
a réfléchi aux mesures de police permettant de faire respecter les différentes réglementations.
Après un an de travaux, on constate qu'il y a une démission de la police de manière générale :
démission de l'architecte des bâtiments de France, qui dit ne pas pouvoir faire appliquer la loi,
démission de l'inspecteur du travail, qui nie l'existence d'ateliers clandestins, tolérance totale de
la police vis-à-vis du stationnement des véhicules…
Pour les habitants du 3e, il semble nécessaire de faire appliquer la loi, ce qui passe par un véritable
changement de culture de la part de ceux qui en ont la responsabilité. Nous pensons que la ville
doit engager une négociation volontariste pour que ces commerces de gros changent de
localisation ; cela suppose qu'elle soit en position de force. Or aujourd'hui, les commerces de gros
mettent en avant les emplois qu'ils représentent. Mais quelle est la consistance de cet emploi ?
Et quelle est la part relevant de l'économie souterraine ? Quel est le coût sociétal de ce commerce ?
Nous avons besoin d'arguments pour trouver d'autres solutions.
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Il serait bon, en particulier, que la Ville puisse intervenir en matière d'installation de commerces :
cela peut passer par des labels (commerce de proximité de qualité, artisan de proximité…) et
des réseaux de garanties. Je crois qu'il est important de recenser les zones touchées par le
commerce de gros. Aujourd'hui, le dossier est traité de manière politique, et non de manière
systémique et structurelle : la Mairie du 11e se fait entendre, tout comme l'association des
Gravilliers, mais ce ne sont pas les seules zones touchées. Enfin, il faut réfléchir à une alternative
au commerce de gros.
S'agissant du phénomène de “boboïsation”, il fait suite à la pression qui s'exerce sur les loyers
des habitations, ce qui va à l'encontre de la recherche de la mixité sociale tant mise en avant.
Nous pensons qu'une réflexion est à mener sur ce point. Les conseils de quartier suggèrent
d'instaurer un observatoire des prix, de manière à informer les gens de la réalité de la situation.
On ne peut pas vouloir la mixité sociale et accepter de tout payer à n'importe quel prix.
Jean-Pierre Vives
Pourquoi le commerce de proximité s'est-il délité ? Nous devons y réfléchir. Pour ma part, je pense
que l'insuffisance de la demande pour ce type d'activité est un facteur explicatif de leur disparition
du centre de Paris. Peut-être encourageons-nous la “boboïsation” en maintenant un commerce
de proximité qui est relativement coûteux !
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Lyne Cohen-Solal
Le commerce alimentaire de proximité tend à disparaître du centre de Paris, du fait d'une mauvaise
transmission des enseignes, du fait aussi de la cherté des loyers. Aujourd'hui, Paris compte seulement
130 poissonniers installés dans la ville de Paris, et un peu moins de crémiers, ce qui est très peu.
Pour y pallier, la ville peut contribuer à l'installation de marchés. Mais encore faut-il que les habitants
les fassent vivre. J'ajoute que l'installation de petits commerces souffre de l'influence des grandes
enseignes - comme Zara, H&M… -, qui sont prêtes à acquérir des locaux à un prix très élevé.
Pour ce qui est du commerce de gros, il faut bien voir qu'il y en a toujours eu. Le problème tient
avant tout à un développement excessif de certains commerces de gros. Que peut faire la Mairie
face à cela ? En l'état, elle ne peut pas faire grand chose, si ce n'est solliciter des contrôles de la
part de l'État, gêner les livraisons excessives ou encore intervenir par le biais des permis de façades
ou les permis de construire.
Nous réfléchissons à la mise en place de nouveaux outils, dont une Société d'Économie Mixte qui
aurait la possibilité de racheter ou préempter des commerces dans des zones actuellement dédiées
au commerce de gros. La loi ne permet pas à une collectivité d'intervenir à ce niveau, ce qui
suppose un tel détour ; il faut par ailleurs trouver des moyens financiers et des commerçants
intéressés. Nous négocions avec les représentants du commerce de gros pour envisager d'autres
solutions de localisation, si possible dans Paris, sinon en banlieue.
Pour le reste, il est vrai qu'il y a de l'économie souterraine, des ateliers pirates…
Richard Tofolet
On a en tout cas l'impression d'un fort éclatement des actions de police. Je pense qu'il faudrait
centraliser l'action pour qu'un intervenant soit responsable localement d'un dossier.
Monique Massafero, association Écologie pour Paris
Il y a vingt ans, on trouvait une forte activité d'artisanat et de fabrication dans le 3e arrondissement,
ce qui n'est pas du commerce de gros. Elle participait à la circulation de savoirs, mais aussi de
personnes, ce qui générait de la vie dans le quartier (cafés, petits commerces…), et ce
contrairement au commerce de gros, qui n'est pas une activité traditionnelle.
Que constate-t-on aujourd'hui ? Le commerce de gros reste localisé dans des zones où les rues
sont étroites, parce que cela lui permet de se développer hors des limites de la légalité. Il est
par exemple impossible d'y installer des plates-formes de déchargement.
Enfin, je tiens à évoquer l'action de diverses associations pour le secteur du 3e, dont SOS Arts et
Métiers, Écologie pour Paris, association Marais-Temple…
Jean-François Toroma
J'habite le 10e arrondissement, où le commerce de gros appartient maintenant à des communautés
(indo-pakistanaises, chinoises), qui sont en mesure d'acquérir tous types de locaux, quelle que soit
la surface et quelle que soit la rentabilité du commerce. Il existe pourtant des moyens de contrôle
et la Ville de Paris ne doit pas faire preuve de défaitisme. Je pense également que la politique
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de préemption et le recours à une structure porteuse d'une politique des baux commerciaux est
possible. À mon sens, il faut privilégier des activités à forte valeur ajoutée, qui correspondent à une
forte qualification des habitants et au coût des loyers. Enfin, j'estime que les zones touristiques sont
envahies et polluées par des commerces de gadgets ou de vêtements, dont certains abusent des
règles d'ouverture.
Lyne Cohen-Solal
Sans faire preuve de défaitisme, la Mairie a peu de moyens en la matière. J'ajoute que le commerce
répond à un certain nombre de lois, en premier lieu la loi du marché. Nous avons conscience d'une
certaine communautarisation dans quelques quartiers, mais sauf s'il y a de fortes nuisances, nous
n'avons pas à décider de l'installation de tel ou tel.
Christian Sautter
Que peut-on faire ? Dans le cadre du PLU, nous réfléchissons à la création d'une activité
particulière, qui est l'activité d'entrepôt, avec des règles qui lui soient propres. Le commerce de gros
et de demi-gros, qui est indispensable, est sans aucun doute mal situé dans le centre historique et
nous réfléchissons à l'installation de quatre plates-formes logistiques, où les marchandises
arriveraient par train, camion, peut-être même par voie d'eau.
Il faut ensuite appliquer la loi, ce qui est principalement le rôle de l'État. En l'occurrence, il y a sans
doute beaucoup à faire en termes de stationnement illicite, en collaboration avec les services
concernés. Concernant le rachat de baux commerciaux, je pense qu'il est préférable de racheter les
murs, ce qui n'est pas toujours possible. Quoi qu'il en soit, des opérations seront menées, du type
de celle qui a permis à la Société d’Économie Mixte d’Aménagement de l’Est parisien (SEMAEST)
d'aménager le Viaduc des arts.
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Jean-Pierre Vives
Je pense qu'il faut limiter les actions des Sociétés d'Économie Mixte aux situations véritablement
problématiques.
Collette Clément, Union fédérale des consommateurs - Que choisir - Paris
Je ne pense pas qu'il faille éloigner de Paris le commerce de gros et je plaide pour une grande
diversité de l'activité. Certes, il faut réglementer certains aspects, mais il faut aussi conserver
la diversité de la ville. En l'occurrence, le commerce de gros n'est pas la seule nuisance et le
développement des franchisés me semble tout aussi problématique.
Martine Cohen, Association agir solidairement pour le quartier Popincourt dans le 11e
Le 11e arrondissement compte plus de huit cents commerces de gros. Pour ma part, je pense qu'on
ne peut pas vouloir de l'emploi dans Paris à tout prix. Le commerce de gros n'est plus une affaire
de tradition dans la fabrication ; aujourd'hui, il relève de filières textiles mondialisées, tenues par des
communautés. Je souhaite que la Ville de Paris sollicite les services de l'État et organise une
concertation de la politique de contrôle. Si nous ne le faisons pas, je crains que l'on ne s'oriente
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vers des conflits ethniques dans Paris, basés sur des conflits économiques. Il faut instaurer des
contrôles sérieux sur le travail clandestin, sur les conditions de travail et sur les donneurs d'ordre.
J'invite la Ville à ne pas botter en touche et à interpeller l'État sur le sujet.
Pour ce qui est de la Société d'Économie Mixte (SEM), j'aimerais savoir si elle verra le jour. Je
souhaite que les associations de quartier puissent être associées à la réflexion relative à la
redynamisation des quartiers. J'ai entendu dire que la SEMAEST n'avait pas pour projet
de s'intéresser aux zones Popincourt, Chemin Vert et Bréguet, sous prétexte qu'il serait trop tard
pour y agir, pour se concentrer sur le reste de l'arrondissement. Nous sommes nombreux à ne pas
être d'accord avec cette politique et il faut inclure les associations dans la démarche.
Jean-Yves Katz, conseil de quartier Léon Blum
Plusieurs objectifs s'imposent au sujet du commerce de gros : agir contre le développement
excessif, trouver des formes de délocalisation et renforcer le commerce de proximité et l'artisanat.
Jérôme Relinger, élu du 13e arrondissement, membre du conseil de quartier Bibliothèque
Nationale
Tout le monde semble d'accord pour dire que les règles du marché spontané vont à l'encontre de
l'objectif de mixité sociale et d'emploi. Je pense que les problèmes sont tous imbriqués, qu'ils aient
trait au logement, aux transports, à l'emploi... Sur tous ces sujets, je crains que par manque de
volontarisme, on se contente d'agir après coup pour réparer les dégâts. Or cela ne permettra pas
de sortir du cercle vicieux dans lequel nous sommes : cherté de la vie, spéculation foncière,
“boboïsation”, commerces en repli…
Sur les commerces, je pense que les aménageurs publics doivent s'interroger sur les zones
d'aménagement et les prix de vente qui y sont pratiqués. Au nom de la logique comptable, la SEM
Rive Gauche (Société d’Économie Mixte d’Aménagement de Paris - SEMAPA) pratique des prix
très élevés qui favorisent l'implantation de chaînes pratiquant des tarifs abusifs. Que fait-on par
ailleurs pour éviter que les emplois publics ne quittent Paris ? À ce sujet, peu se sont mobilisés pour
l'Imprimerie Nationale. Je me félicite de l'initiative d'aujourd'hui et je plaide pour davantage de
démocratie participative, ce qui passe d'abord par plus de pouvoir aux conseils de quartier.
Emmanuel Kessler
Les propos font état d'un manque de volontarisme. La Ville de Paris ne se cantonnerait-elle pas
à des réponses de structure au lieu de proposer des actions immédiates ?
Lyne Cohen-Solal
J'insiste sur le fait que nous cherchons à utiliser au maximum les outils dont nous disposons. Nous
souhaitons redéployer la SEMAEST pour qu'elle intervienne pour préempter des murs de
commerce, ce qui est une première en France. Cette délibération, qui a un coût, sera normalement
votée au conseil de Paris d'ici la fin de l'année. J'indique que des négociations ont lieu avec les
représentants des commerces de gros pour trouver de nouveaux lieux d'implantation, mais tout cela
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prend du temps, parce que le dossier est complexe. Pour le reste, Paris doit effectivement
conserver une activité artisanale. Enfin, nous travaillons avec la SEMAPA à ce que les rues du
quartier de Tolbiac conservent une diversité commerciale. Je dois reconnaître que les franchises
ont une grande importance mais nous devons tenir compte des candidats disponibles. Il manque
actuellement 1 500 employés dans la boulangerie à Paris. N'oublions pas cet aspect des choses.
III - L’emploi à Paris
Emmanuel Kessler
Paris a perdu près de 200 000 emplois en une décennie. Comment lutter contre le chômage à
Paris ? Quelle politique de l'emploi faut-il mettre en œuvre ? Et pour quels emplois ? Quelqu'un l'a
d'ailleurs demandé : faut-il de l'emploi à Paris à tout prix ? Christian Sautter, quel est votre constat
en la matière ? Comment mener une politique active tout en protégeant les habitants de Paris ?
Christian Sautter
Le PLU est une vision du Paris que nous voulons pour 2010, 2015 et 2020, mais aussi des outils
permettant de passer de la vision à la réalité. Concernant l'emploi, notre vision est celle du plein
emploi pour les Parisiens, ce qui ne signifie pas que nous accepterons toute forme d'emploi. Il ne
s'agit pas d'en passer par le travail clandestin.
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Paris perd des emplois. Actuellement, un tiers des Parisiens travaille en dehors de Paris. Si nous
ne faisons rien, cette proportion passera à la moitié d'ici peu. Qui demande de l'emploi à Paris ? Il
s'agit d'une part des jeunes ayant fini leurs études, d'autre part des 124 000 chômeurs. Ne
résumons pas Paris aux bobos, même s'ils sont très visibles !
Nous avons un potentiel éducatif et universitaire, que nous allons renforcer, ce qui est une
inversion. Il faut offrir aux jeunes concernés des emplois diversifiés. Nous devons également
favoriser l'emploi pour les cadres de plus de cinquante ans, les chômeurs de longue durée et les
jeunes sans qualification. Notre stratégie n'est pas de créer uniquement des sièges sociaux. Nous
devons créer toutes sortes d'emplois et pour notre part, nous privilégions trois visages de Paris :
n
le Paris technopole : création, design, mode,
n
le Paris quotidien : commerce, artisanat, services à la personne,
n
le Paris solidaire : aide aux structures d'insertion, aide aux chômeurs de longue durée pour qu'ils
créent leurs propres emplois…
J'insiste sur le fait que nous voulons créer un service municipal de proximité, qui complètera le rôle
des cinq maisons de l'emploi et des espaces de commerce et d'artisanat.
Emmanuel Kessler
Laurent Davezies, vous avez travaillé sur l'évolution de l'emploi à Paris. Quel est votre point de
vue ?
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Laurent Davezies
La chute de l'emploi a été très forte à Paris. Cela tient à des questions d'implantation des activités
et au déplacement des entreprises vers l'ouest de Paris. Aujourd'hui, Paris continue à développer
de l'emploi dans deux domaines, très et peu qualifiés : les secteurs de l'innovation et les services à
la personne. Paris affiche un cœur d'agglomération qui est actif en emplois mais des populations
locales qui souffrent d'un taux de chômage élevé. S'y ajoute le problème des offres d'emploi non
satisfaites. Au final, la situation est paradoxale.
Concernant l'étalement de l'activité dans la région, il apparaît que le business s'implante dans la
petite couronne tandis que l'on trouve des activités back office dans les villes nouvelles. Il y a bien
un déplacement de l'activité de Paris vers la banlieue. Le problème tient au fait que beaucoup de
Parisiens doivent se déplacer pour travailler, ce qui génère des déplacements en voitures. En l'état,
les transports collectifs sont très performants vers le cœur de Paris (Châtelet notamment), qui
a perdu 200 000 emplois, mais ne répondent pas aux besoins de transports actuels.
Jean-Pierre Vives
Je vois dans l'évolution de l'emploi l'un des effets de la politique de décentralisation. Autre élément,
il faudrait, je pense, mener une politique de l'emploi qui ne se résume pas à Paris intra-muros.
Bernard Brunhes
Il semble paradoxal que Paris présente un taux de chômage si élevé. De mon point de vue, cela
tient au fait qu'il n'y a pas de politique locale, dans de petites zones. En France, la politique de
l'emploi fonctionne dès lors qu'il y a une volonté commune de l'ensemble des acteurs, sur un bassin
d'emploi. À Paris, le bassin est trop vaste pour travailler ainsi. Il s'agit donc de trouver des formes
de travail qui permettent le développement local.
Il faut bien voir qu'un arrondissement de Paris correspond à une ville de la taille d'Angers. Or il
n'existe pas de marché local du travail, et un habitant du 3e ne cherche pas nécessairement un emploi
dans le 3e arrondissement. À mon avis, il manque une véritable approche de développement local.
De ce point de vue, la Ville de Paris peut agir en réunissant les acteurs concernés, à un échelon
local.
Les débats pointent essentiellement le rôle des entreprises, mais elles ne sont pas les seules en cause ;
il faut donc impliquer tous les acteurs locaux, au niveau d'un arrondissement, à l'image de ce qui peut
être fait dans toute ville de province : structures administratives, associations, établissements financiers.
Jean-Bernard Bros
Il faut aborder la place internationale de Paris, en matière d'affaires, de haute couture, d'organisation
de congrès… C'est un aspect essentiel de notre politique de l'emploi, qui génère une forte activité,
et qui doit être pris en compte lorsque l'on se penche sur la question du commerce de gros.
Richard Tofolet
Il n'y a pas de culture de l'emploi au niveau des arrondissements. Je l'ai constaté lors des réflexions
du conseil de quartier sur le devenir du Carreau du Temple : aucun critère défini n'est relatif
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à l'emploi. Surtout, les données relatives à l'emploi sont méconnues : il faut mettre en lien l'évolution
de l'emploi avec l'évolution du logement, de la population… Le contexte sociologique a
profondément changé. Il nous manque des données, parce que cela n'a pas été fait pendant
longtemps, ce qui complique l'analyse.
Pour ma part, je pense qu'il faut tenir compte de la place de Paris dans la concurrence mondiale,
mais aussi mener une réflexion sur le coût sociétal de l'emploi, c'est-à-dire incluant différentes
nuisances, entre autres les questions de transport. Je pense enfin qu'il faut préserver l'emploi
artisanal, qui est en danger.
Monique Massafero
L'offre de locaux me semble un critère essentiel pour le développement de l'emploi, et le PLU a ici
un rôle à jouer. Prenons le cas de l'assurance, qui, faute de pouvoir moderniser ses locaux, a quitté
le 8e arrondissement pour la banlieue ouest.
De la salle
Je suis charcutier-traiteur et mon expérience me fait dire que les difficultés sont anciennes et tiennent
à une dévalorisation des métiers artisanaux. Nous manquons de jeunes formés à nos métiers. Nous
souffrons également des difficultés de stationnement que rencontrent nos livreurs et nos clients.
Enfin, nous devons faire face à la recrudescence de surfaces alimentaires, type ED ou Franprix.
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De la salle
Pour favoriser le retour du commerce de bouche, peut-être faudrait-il utiliser le levier fiscal et
favoriser en la matière les petits commerces au détriment des commerces de gros !
Martine Cohen
Je suis favorable à l'idée de Monsieur Brunhes, qui préconise une concertation de tous les acteurs
d'un arrondissement autour de l'emploi.
Christian Sautter
Je dois d'abord dire que je me réjouis de votre implication sur ces questions. Je suis par ailleurs
favorable à ce que les conseils de quartier travaillent la question de l'emploi. Je signale que des
forums de l'emploi ont déjà eu lieu, dans différents arrondissements, et je précise que chaque maire
d'arrondissement s'appuie sur un chargé du développement économique. J'ajoute que nous allons
organiser un atelier “Paris pour l'emploi” avec un face à face organisé entre des entreprises
cherchant à recruter et des demandeurs d'emploi.
Concernant l'embauche de proximité, certaines entreprises sont prêtes à passer des conventions
avec la Ville de Paris et l'Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE) afin de trouver des candidats
répondant à leurs besoins. Sur les emplois publics, nous prenons des résolutions, au sein du
conseil de Paris, pour lutter contre la tendance à la délocalisation d'emplois publics. Nous sommes
aussi en train de préparer un PLU qui est proactif sur le plan de l'emploi, via notamment des règles
plus simples. En ce sens, vos idées sont importantes.
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IV - La place du tourisme
Jean-Bernard Bros
Le tourisme est une source d'activité importante pour Paris, qui est la première destination touristique
mondiale. Il contribue à 135 000 emplois directs et à bon nombre d'emplois indirects ; il s'agit donc
d'une véritable industrie. Quel est l'enjeu en la matière ? Le développement du tourisme n'a pas été
prévu il y a vingt ans et nous en souffrons actuellement, en termes d'infrastructures de transport,
en termes de capacités hôtelières… Il convient de maintenir notre première place mondiale et nous
devons pour cela prévoir la place du tourisme dans les vingt ans à venir, étant entendu qu'une ville
comme Paris n'est pas spontanément structurée pour accueillir des millions de touristes. J'ai
proposé pour cela que se tiennent des États Généraux du Tourisme.
Emmanuel Kessler
Certains considèrent que des quartiers sont surtout structurés autour du tourisme. Comment faire
la jonction entre l'attractivité de Paris et la vie de ses habitants ?
Jean-Bernard Bros
La concertation doit répondre à bon nombre de difficultés. Je pense que les associations de quartier
peuvent s'impliquer dans le “tourisme de quartier”, à l'image de ce que fait l'association de Belleville.
Il s'agit de rendre le tourisme attractif pour les habitants.
Colette Clément
À mon sens, Paris ne dispose pas suffisamment d'hôtels “bas de gamme”. Cela rejette les touristes
concernés en périphérie, en particulier les jeunes.
Monsieur Lejeune
Effectivement, on favorise le tourisme haut de gamme. Prenons le cas de Notre-Dame - qui
accueille 12 millions de touristes par an en temps ordinaire - où l'interdiction des autocars n'a pas
été atténuée par une mesure alternative en faveur des “petits touristes”. Depuis cette mesure,
le tourisme a chuté de 20% dans la zone.
De la salle, 12e arrondissement
Le problème du tourisme à Paris est d'étaler les touristes sur toute la surface de la ville, et non de
les concentrer sur les zones centrales. Je signale qu'il y a 572 hôtels 2 étoiles et que Paris ne peut
pas se priver de ses hôtels de luxe.
Jean-Bernard Bros
Concernant l'offre hôtelière, nous devons effectivement travailler à élargir les structures et à veiller
à accueillir les jeunes. L'un des gros problèmes de Paris consiste à accueillir 1 500 cars par jour ;
je ne peux pas imaginer que les rues soient envahies par les cars. Nous devons trouver un moyen
d'acheminer les touristes, dans une démarche collective. Pour ce qui est de Notre-Dame, le
problème est aigu, compte tenu de la localisation du site, de la courte durée des visites…
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Richard Tofolet
Les habitants se plaignent des touristes en autocars, qui ne font guère vivre les quartiers. Pour
ma part, je ne pense pas qu'il faille accepter toutes sortes de touristes.
Philippe Lemoine
Concernant le développement du tourisme, je tiens à souligner la place du tourisme international pour
des enseignes comme les Galeries Lafayette. Il s'agit d'un marché spécifique, en croissance continue.
Je rejoins le souhait d'étalement du tourisme sur tout Paris, de manière à allonger la durée des
visites. Actuellement, nous constatons un raccourcissement de la durée des visites, avec une
montée en puissance des touristes chinois.
Si l'on veut entrer dans une logique de qualité, il faut créer un lien entre la clientèle nationale et la
clientèle étrangère et accorder une grande importance aux questions de lieux, quels que soient les
impacts des nouvelles technologies en termes de services à distance. Je suis convaincu qu'il ne
faut pas opposer service à distance (recherche d'information…) et lien social. Il faut donc accorder
une grande importance à la qualité des emplacements et à la qualité architecturale.
J'estime enfin qu'il faut manier la notion d'emploi non qualifié avec beaucoup de prudence. De mon
point de vue, il importe de décrire précisément ce que l'on attend des métiers. Le métier de la vente
est un métier extrêmement important ; il est pourtant peu reconnu en France. C'est encore plus vrai
si l'on raisonne sur les services de proximité. Il faut par ailleurs tenir compte du rapport entre les
situations de travail et les situations de vie. À ce niveau, les horaires d'ouverture de nos magasins
posent des problèmes aux salariés, surtout s'ils habitent loin. Il me semble donc nécessaire de
promouvoir une meilleure adéquation entre les recrutements opérés et la situation de l'emploi local.
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Lyne Cohen-Solal
En ce qui nous concerne, nous avons entamé un dialogue pour que les grandes enseignes
cherchent à privilégier les embauches dans leur environnement immédiat. Monoprix va le faire de
manière plus systématique et nous insistons sur cet aspect au sein des CDEC (Commissions
Départementales d'Équipement Commercial). N'oublions pas les métiers de l'artisanat où nous
disposons d'un patrimoine de savoir-faire qui est fondamental.
Bernard Brunhes
Dans une ville comme Paris, la majorité des emplois qui se créeront seront des emplois dits “non
qualifiés”. Il faut sortir de l'idée selon laquelle les emplois du service sont mal payés et peu reconnus.
Mais le problème est national et suppose une concertation avec les organisations syndicales.
De la salle
Je souhaite évoquer le problème du commerce sauvage et des stands qui proposent par exemple
des CD pirates à même le trottoir !
Lyne Cohen-Solal
Encore une fois, cette situation ne relève pas directement de la Mairie. Les stands dont vous parlez
se trouvent en contravention.
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Richard Tofolet
Il ressort des discussions des conseils de quartier que le développement d'activités de service est
primordial en termes de développement de l'emploi. S'y adjoint l'aspect formation et nous avons
évoqué le rôle des “écoles de la seconde chance”. Deuxième thème, il concerne le tourisme. Pour
ma part, je souhaite que l'on réfléchisse à la distinction entre “bon” et “mauvais” tourisme. Enfin, il
y a beaucoup à faire concernant l'artisanat et les activités manuelles, dont l'hémorragie
s'accompagne d'une perte de savoir-faire irrémédiable. Peut-être faudrait-il protéger ces
professions, voire certains quartiers. Enfin, les conseils de quartier ont discuté de l'innovation. À ce
sujet, je pense qu'il faut agir en amont, dès l'émergence des idées. C'est pour cela qu'il faut
organiser des lieux de rencontre, en amont des pépinières d'entreprise, dans une logique de
fertilisation croisée.
Jean-Pierre Vives
Je retiens qu'il faudrait impliquer beaucoup plus fortement les quartiers, élus et habitants, sur les
questions de l'emploi. Pour le Carreau du Temple, les habitants ont été consultés ; il apparaît que seule
une vingtaine de projets, sur 133, incluaient une dimension économique forte. Je pense que c'est
le rôle des conseils de quartier que de mettre l'accent sur les incidences économiques des projets.
Julie Baudry, représentante d'une association de commerçants du secteur des Halles
Les conseils de quartier n'impliquent pas suffisamment les commerçants et leurs associations,
ceux-ci n'habitant pas toujours sur place. Or pour les riverains, les commerces sont souvent une
nuisance. La cohabitation n'est pas toujours facile. Je tiens à dire que le commerce du Sentier
a permis à beaucoup de petits créateurs de faire émerger leurs projets. J'ajoute que l'emploi de
proximité contribue à l'insertion de jeunes en situation d'échec scolaire.
Gilles Roux, habitant du 10e arrondissement
Tout le commerce de gros n'est pas concerné, mais quelques commerces sont en situation
irrégulière, ce qui amenuise le stock de locaux disponibles et génère de nombreuses nuisances.
J'aimerais que le conseil de Paris s'engage pour soutenir la proposition de Monsieur Brunhes
concernant la concertation locale, mais aussi qu'il sollicite l'État pour la mise en place d'un service
centralisé en matière de contrôles.
De la salle
Je suis un artisan du 11e arrondissement. À ce titre, j'affirme que les artisans parisiens ont une
réputation mondiale qui attirent bon nombre de touristes. Pourtant, leur développement va être freiné
par la spéculation sur les loyers. En matière d'immobilier, les règles sont totalement spéculatives,
contrairement à ce qui se fait en matière commerciale. Je déplore que l'on privilégie la spéculation
à l'activité. Dans mon arrondissement, ce sont 75 000 m2 d'ateliers qui ont été ainsi perdus.
De la salle, libraire
Pour ma part, je tiens à dire que le métier de libraire est écrasé par la grande distribution et les FNAC.
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Philippe Lemoine
Il y a beaucoup à faire entre les nouvelles technologies et les métiers de la création. D'autres villes,
comme Londres, ont beaucoup investi dans ce domaine et le potentiel me semble important.
Christian Sautter
Je pense que cette rencontre n'est que le début d'un long dialogue. Nous devons trouver le moyen
de poursuivre cette discussion, notamment autour du thème de l'embauche de proximité. La ville
peut y contribuer, avec son infrastructure existante. Pour ma part, je suis tout à fait disponible pour
en discuter, de manière concrète. D'ici le forum “Paris pour l'emploi”, nous devons trouver le moyen
d'impliquer les habitants des quartiers.
Vous voulez que l'on applique la loi ; pour cela, nous avons besoin de vous. J'invite les conseils
d'arrondissement à exprimer des vœux, qui seront ensuite discutés au conseil de Paris. Il est en
tout cas important que la loi s'applique à Paris, dans le domaine du stationnement et de la
législation du travail.
Nous dépensons beaucoup d'argent pour former des personnes en grande difficulté. Il est clair qu'il
faudrait mieux orienter cette formation, vers des métiers qui souffrent actuellement de postes
vacants. Il faut pour cela s'appuyer sur les associations de commerçants.
Autre conclusion forte, elle a trait au terme d'emploi peu qualifié, auquel il faudrait préférer celui
d'emploi peu diplômé. Bon nombre d'emplois de service nécessitent un bon relationnel et de
véritables qualifications. Il ne faut pas sous-estimer cet aspect.
Forum
4
E m p l o i ,
économie
La notion de label a été évoquée : j'ai noté la suggestion consistant à créer des labels de quartier.
En matière de haute technologie, Paris dispose d'un potentiel important : pour moi, Paris est une
technopole qui s'ignore. Nous avons la volonté de mettre en place des incubateurs sur le nord-est,
en collaboration avec la Plaine Saint-Denis, tandis que la création et les métiers d'arts seraient
localisés dans le centre de Paris. Enfin, le sud développerait les biotechnologies. Au-delà de la
volonté, il faut dans ce domaine que les gens se rencontrent - c'est le cas lors des matinales
de Paris Technopole.
Autre thème dont nous avons peu parlé, il est de redonner une deuxième chance aux personnes
en difficulté. Des dispositifs existent, dont les régies de quartier. J'aimerais que les 121 conseils de
quartiers de Paris envisagent la mise en place de régies de quartier, qui sont des associations qui
créent du travail pour des personnes en difficulté, dans les jardins, les immeubles. Actuellement,
il n'y en a que deux. Pour toute interrogation sur le sujet, je vous invite à me contacter ou
à questionner les Maisons du développement économique.
J'ai pour le reste le sentiment que Lyne Cohen-Solal a un contact étroit avec les associations de
commerçants. Si les conseils de quartier s'intéressent à la question de l'emploi, ils vont
nécessairement s'intéresser aux associations de commerçants et d'artisans. Ne gardons pas l'idée
qu'il y aurait un antagonisme entre les habitants et les commerçants : les Parisiens aiment leurs
artisans et leurs commerçants !
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Enfin, la reprise des locaux commerciaux est un chantier important. Deux problèmes se posent
lorsqu'un commerçant prend sa retraite : la vente du fonds de commerce et la reprise du commerce.
Nous allons travailler pour améliorer ces aspects.
Le visage de Paris en 2015 ou en 2020 correspondra à un urbanisme différent de celui que nous
avons connu. Oublions le travail uniforme sur les grandes friches industrielles. Le pari est de
construire des quartiers et de la ville harmonieuse, pour qu'il y ait une grande diversité de
logements, d'emplois…
Je vous remercie pour le travail que vous effectuez. Nous devons travailler à un retour au plein
emploi et au bon emploi.
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