oya en burdeos
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oya en burdeos
Avant-propos Jean-Pierre Castellani Jean-Pierre Castellani, agrégé d'espagnol, est actuellement professeur de littérature contemporaine à l'université François Rabelais de Tours, vice-président de la SIEY (Société Internationale d'Études Yourcenariennes) et trésorier de l'AICL (Association internationale de la critique littéraire). Spécialiste des médias et de cinéma, il est l'auteur d'une soixantaine d'articles sur la littérature et la civilistion hispaniques dont plusieurs sont consacrés à des réalisateurs comme Manuel Gutiérrez Aragón, Víctor Erice, Carlos Saura, Pedro Almodóvar ou Icíar Bollaín. La proposition d'étudier le film de Carlos Saura Goya en Burdeos (1999) dans le cadre du programme des épreuves écrites du CAPES d'espagnol, pour la session de 2006, est un retour logique à l'orientation pertinente qui avait été engagée dans les années 80 avec l'introduction d'une question esthétique à l'écrit de ce concours. De façon significative, une des premières questions inscrites alors portait sur le sujet suivant : « Goya et son temps ». Et rendons hommage, au passage, aux pionniers qui avaient défendu, ensuite, la nécessité d'apprendre à décrypter le discours filmique. On ne peut donc que se féliciter d'un choix qui contraste avec des réformes ou des modifications récentes assez chaotiques, inutiles ou improvisées... En effet, Goya en Burdeos de Saura, dont c'est le troisième film mis au programme après Elisa vida mía et ¡Ay, Carmela! reprend les étapes principales de la vie du peintre et comme l'indique l'énoncé de la question tel qu'il apparaît au Bulletin officiel (n°5, 19 mai 2005) « son rôle à la cour, sa surdité, sa relation avec la duchesse d'Albe, l'exil à Bordeaux » ainsi que ses principales œuvres : Los Caprichos, les peintures noires... Afin d'aider au maximum les candidats du concours 2006, le but de cet ouvrage est de proposer une étude détaillée à la fois de l'itinéraire de création du peintre Francisco Goya et de la biographie très personnelle qu'en donne Saura dans son film. C'est pourquoi nous divisons notre ouvrage en deux parties bien distinctes et pourtant complémentaires : la première est consacrée à une présentation qui se veut la plus complète possible du séjour de Goya à 9 Goya en Burdeos de Carlos Saura Bordeaux de 1824, année de son arrivée comme exilé à 1828, celle de sa mort. Tout naturellement nous présentons, en premier lieu, un récit minutieux de ce temps de vie, qui tient compte des dernières recherches en la matière, avec les contributions de deux spécialistes, l'un du XVIIIe siècle (Jean-René Aymes) et l'autre de l'histoire de l'art (Jesusa Vega). Une biobibliographie synthétique de Jesusa Vega permet de bien situer chronologiquement ces années bordelaises dans l'itinéraire de Goya. Nous reproduisons, par ailleurs, un texte fondamental, signé du peintre Antonio Saura et intitulé Goya o la contradicción, qui permettra de bien mesurer l'influence de Antonio Saura sur son frère et les rapports étroits du réalisateur avec la peinture. Ce n'est qu'à partir d'une bonne connaissance de l'expérience de Goya à Bordeaux que l'on pourra aborder la place du peintre dans l'esprit et dans la production de Saura. Dans la deuxième partie nous abordons donc le film de Saura : tout d'abord la place qu'il occupe dans sa filmographie et les circonstances de sa genèse et de son tournage (César Combarros) ainsi que son rôle dans le labyrinthe du réalisateur (Santiago García Ochoa). Il est bon aussi de mesurer sa réception en Espagne au moment de sa sortie en 1999 (Françoise Heitz). Enfin, deux spécialistes de l'analyse du discours filmique envisagent des problèmes particuliers : l'une se penche sur le problème de la citation des tableaux dans le champ filmique (Jacques Terrasa) et l'autre sur une séquence décisive, celle de la Quinta del Sordo, dans la biographie de Goya que nous propose Saura (Nancy Berthier). Pour Saura aussi il est proposé une chronologie commentée de sa vie et de sa filmographie pour bien mettre ce film en perspective (JeanPierre Castellani). Un cahier de photogrammes permet de mieux visualiser les commentaires des critiques. Nos contributions sont proposées aussi bien en langue espagnole qu'en langue française, selon l'origine des auteurs. Dans tous les cas notre propos est d'expliquer avec rigueur cette problématique complexe et toujours source de polémiques et de malentendus : quels sont les rapports possibles entre ces deux types de représentation visuelle que sont la peinture et le cinéma ? Comment le cinéma intègre-t-il la peinture dans son discours spécifique ? Quelle est l'originalité de Saura dans cet exercice toujours délicat de la citation picturale au cinéma ? A-t-il réussi ce projet – faire un film sur Goya – qui le poursuit et l'obsède depuis l'âge de dix-huit ans ? Autant de questions qui ne peuvent qu'enrichir la formation intellectuelle et esthétique des futurs enseignants d'espagnol que ce livre se propose d'aider dans leur préparation. 10