la carabine cz zkm 452 cal 22lr et la silhouette
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la carabine cz zkm 452 cal 22lr et la silhouette
LA CARABINE CZ ZKM 452 CAL 22LR ET LA SILHOUETTE METALLIQUE J'ai écrit cet article pour Cibles il y a quelques années, 2001 si je me rappelle bien. Je l’ai légèrement remanié. Quel outil choisir pour la silhouette carabine petit calibre ? La silhouette métallique carabine petit calibre (22LR) prend de l'essor dans notre pays. Si certains se sont déjà lancés, d'autres s'interrogent. Avec quoi s'équiper, pour quel budget, quelle(s) épreuve(s) tirer, …? La carabine 22LR comporte deux épreuves : Légère et Silhouette. Sommairement, l'épreuve Légère se pratique avec une carabine grand public de série (certaines modifications sont cependant autorisées) dont le poids ne doit pas dépasser 3,855 kg, lunette comprise. L'épreuve Silhouette autorise une arme plus sophistiquée, éventuellement transformée selon les idées de l'utilisateur et pouvant peser jusqu’à 4,6 kg. Ceci dit, rien n'interdit de tirer les deux épreuves avec une carabine Légère, alors que l'inverse n'est pas vrai: une carabine Silhouette ne peut pas concourir en catégorie Légère, règlement oblige. Si vous voulez tâter de la silhouette, je pense qu'il vous faut acquérir une carabine entrant dans la catégorie Légère. Vous pourrez l'utiliser pour tirer le combiné (Légère + Silhouette) et vous aguerrir dans la discipline. Si vraiment vous accrochez, il sera toujours temps d'investir plus tard dans une seconde carabine. Pour une carabine 22LR, pas besoin d'aller voir outre-Atlantique, nous avons ce qu'il faut en Europe: Anschütz, CZ, Unique (en occasion), Sako, TOZ. Personnellement et subjectivement, j'ai retenu la CZ ZKM 452 Luxe. Les carabines tchèques CZ (Česká Zbrojovka) sont des armes de qualité ayant un bon rapport qualité/prix et bien distribuées en France. La ZKM 452 est importée en quatre versions : • La version Standard. • La version Luxe. • La version Silhouette. • La version Varmint. La version Varmint comporte un canon étoffé "varmint" (sic) de 530 mm de long. Sa crosse est en bois. La version Silhouette est une carabine Légère, comme son nom ne l'indique pas, dont le canon de 570 mm est dépourvu d'instruments de visée. Elle est équipée d'une crosse synthétique noire. Personnellement, je n'aime pas cette crosse, bien quelle soit plutôt esthétique, car je la trouve désagréable au toucher. Mais c'est un point de vue tout à fait personnel et elle est appréciée par bien des tireurs. Les goûts et les couleurs … Toujours en catégorie Légère, la version Luxe bénéficie d'une meilleure finition que la version Standard, particulièrement au niveau du bois qui est de bien meilleure qualité. La poignée pistolet est quadrillée. Vu la faible différence de prix avec la version Standard, ce serait bête de s'en priver. La crosse mesure 355 mm de la queue de détente à la plaque de couche. Cela convient à pas mal de monde. Il est toujours possible de la raccourcir ou de la rallonger si nécessaire, ce qu’il est pratiquement impossible de faire avec une crosse synthétique. Le canon fait 625 mm de long. Je l'eus préféré plus court. Moins de longueur implique une plus grande rigidité et moins de vibrations. Il comporte 6 rayures à droite au pas de 406 mm (16 pouces) ce qui est tout à fait classique. En forçant à la baguette une balle lubrifiée, dans le canon également lubrifié, j'ai pu me rendre compte que le cône de raccordement est plutôt raide. La balle ne prend pas les rayures en douceur et laisse des copeaux. La hausse est à curseur et son feuillet est réglable en dérive. Le guidon sous tunnel peut être réglé en hauteur en le faisant coulisser sur une rampe inclinée. C'est rare de rencontrer des instruments de visée aussi sophistiqués sur ce type d'arme. D'accord, on ne s'en sert pas en silhouette et on va vite monter une lunette, mais ce qui est bien fait mérite d'être signalé. La mise en bois est correcte et l'ensemble boîtier/canon est fixé sur la crosse par le biais de deux vis. Une est située sous le boîtier de culasse devant la platine et l'autre sous la pièce servant de support à la hausse sur le canon. Le tube n'est pas flottant : la portion de canon située en avant de la hausse est fortement plaquée sur le fût. Un filetage en bout de tube permet le montage d'un modérateur de son Still ou ParkerHale. Le boîtier de culasse comporte une queue d'aronde standard de 11 mm pour accueillir un support de lunette. La culasse est à verrouillage arrière par le biais de deux tenons massifs qui pourraient supporter la pression de certaines cartouches à percussion centrale. L'extracteur est double sous la forme de deux griffes disposées de part et d'autre de la cuvette de tir. La sécurité, située à l'arrière de la culasse, bloque le percuteur et l'ouverture de la culasse lorsqu'elle est engagée. Je rappellerai à ce propos que la seule vraie sécurité est le bon sens de l'utilisateur et qu'il ne faut pas se fier aveuglément à un dispositif mécanique. Le boîtier de culasse et la culasse comportent un évent de dégazage en cas de rupture d'étui. Cette carabine est pensée et réalisée à la manière d'une carabine de gros calibre. Des chargeurs de 10 et 5 coups sont disponibles. Je recommande le chargeur de 5 coups qui ne dépasse presque pas sous la carabine, contrairement à l'autre ce qui est laid et gêne la prise en main. Sans parler du poids supplémentaire inutile. Le chargeur de 10 coups pèse environ 80 grammes et celui de 5 coups environ 45 grammes (ces chargeurs sont métalliques). Il y a maintenant un nouveau chargeur de 5 coups en plastique qui tourne autour de 13 grammes. Il est costaud et sa légèreté est un atout. La carabine pèse un peu plus de 2,8 kg avec le chargeur de 5 coups en métal. Ce poids peut varier d'une carabine à l'autre en fonction de la densité du bois, mais il y a une bonne marge pour la lunette et son support avant d'atteindre les 3,855 kg maximum stipulés par le règlement pour la carabine Légère. La carabine est livrée avec un carton d'essai de cinq balles. D'après les informations que j'ai pu obtenir, il semblerait que ce carton soit le résultat d'un simple test de fonctionnement et par conséquent aucunement représentatif de la précision intrinsèque de l'arme. En toute logique, ce devrait être le cas, car ce n'est pas parce qu'on obtient un mauvais groupement avec un type de munition, qu'on n'en obtiendra pas un bon avec une autre marque ou un autre lot et inversement. Préparation Départ : Le poids de départ est réglable par le biais d'un gros ressort situé derrière la queue de détente et accessible en retirant la crosse (Photo1). En le comprimant ou en le déprimant, on augmente ou on diminue le poids du départ. La carabine sort de l'usine avec un poids de départ qui tourne autour de 1500 grammes, qui souvent gratte. Le réglage du ressort ne peut pas corriger ce dernier problème. L'idéal est de faire retoucher la platine par un armurier compétent qui élaborera un départ net dans les 950 grammes, le ressort permettant de régler en plus ou en moins autour de cette valeur. Si le ressort d’origine ne permet pas ce réglage, changez-le. Je rappelle qu'en épreuve Légère, le départ doit être à 907 grammes minimum et qu'en épreuve Silhouette le départ est libre dans les limites de la sécurité. Nettoyage initial du canon : La première chose à faire est de nettoyer soigneusement le canon. Pour cela, j'utilise de la pâte J-B (non, ça ne se boit pas), produit qui a fait ses preuves depuis plus de 30 ans (en vente chez ESP 38200 Villette de Vienne). A vue de nez, l'intérieur du canon n'a pas l'air trop sale, mais au ramonage le coton prend une belle teinte rouille. Il faut plusieurs passes pour qu'il ressorte propre. Rien de bien grave mais on peut se poser des questions quant aux conditions d'entreposage des carabines. Canon flottant : On ne peut pas rendre le canon totalement flottant vu son mode de fixation. Mais autant faire ce qui peut être fait. Du papier de verre et de l'huile de coude permettent de dégager du fût la partie avant du canon. La surface de bois ainsi mise à nu sera vernie ou traitée à l'huile afin que l'humidité ne puisse pas pénétrer. La pièce métallique supportant la hausse et sur laquelle prend la vis de fixation du canon au niveau du fût, est de forme cylindrique dans sa partie inférieure, celle qui est taraudée. Elle s'insère dans un logement correspondant dans le bois, mais n'en touche pas le fond. Une fois le canon rendu flottant, il faut mettre une entretoise au fond de ce logement afin que la base de la partie cylindrique précitée vienne au contact du fût. Ceci afin d'avoir un serrage uniforme des deux vis de fixation de l'ensemble boîtier/canon, dans le même plan horizontal. En effet, ce serrage uniforme était auparavant garanti par le contact du canon sur le fût. L'entretoise que j'ai utilisée est une simple rondelle de 8/10 mm d'épaisseur (Photo 2). Le polissage interne du canon : De manière générale, la qualité de l'âme des canons va de parfaite, pour les canons de match polis comme des miroirs, à désastreuse pour les poubelles bas de gamme, avec grosses traces d'usinage et inconstances de diamètre à la clef. Nous éliminons d'office cette dernière catégorie, irrécupérable et dont nous n'avons que faire. La CZ n’en fait pas partie. La question est de savoir s'il est possible d'améliorer l'état de surface de l'intérieur d'un canon de qualité, qui n'a pas été pensé et traité au départ comme un canon "match". En simplifiant, un polissage interne traditionnel se fait via un lingot de plomb coulé autour d'une tige dans le canon (non chambré), enduit d'abrasif et auquel on imprime mécaniquement un mouvement de va et vient. C'est long, délicat et pose un certain nombre de problèmes quant à sa réalisation par un amateur, surtout sur un canon fini. La firme étasunienne Neco vend un kit de polissage (en vente chez ESP 38200 Villette de Vienne) facile à utiliser. Selon une procédure précisément définie, que je recommande de suivre scrupuleusement bien qu'elle soit assez longue (mais on ne la fait qu'une fois), l'intérieur du canon est poli en tirant des balles roulées dans une pâte abrasive de haute qualité. Quatre grains de pâte abrasive sont fournis avec le kit : 220, 400, 800 et 1200. Pour les canons utilisant des cartouches à percussion centrale on commence au 220 et ainsi de suite jusqu'au 1200. Pour les 22 à percussion annulaire, on commence au 400. Le fabricant affirme que la précision peut être grandement améliorée, mais que si ce n'est pas le cas, elle ne peut en aucun cas être détériorée. L'accent est également mis sur l'extrême facilité du nettoyage une fois le canon poli. Ayant déjà traité un pistolet Contender en 22 Hornet et une carabine 22LR de cette manière, et connaissant l'expérience similaire d'un ami tireur sur une carabine 22LR, je ne peux que souscrire à cette affirmation. Ce traitement ne modifie pas la géométrie des rayures et il élimine les éventuelles traces d'outils. Dans le cas qui nous intéresse, il faut pour cela utiliser des 22LR vitesse standard à balles de plomb nu (pas de balles cuivrées). Le contenu du kit est donné pour traiter 10 ou 12 canons. Je pense qu'on peut en faire plus. Il peut être intéressant d'acheter ce kit à plusieurs. Comme indiqué dans la notice d'utilisation du kit, j'ai passé manuellement une balle plomb dans le canon avant et après l'opération. J'en ai déjà brièvement parlé au début de cet article où je signale un cône de raccordement plutôt vif. Sur la balle récupérée avant polissage, des traces longitudinales sont visibles au fond des rayures. J'ai poli en tirant 20 balles enduites de 400, 20 balles enduites de 800 et 40 balles enduites de 1200. Il faut nettoyer tous les cinq coups. Après polissage, la balle forcée dans le canon est exempte de toute trace et l'on sent sous la pression de la main que le cône de raccordement s'est adouci. Le résultat de ce traitement peut se résumer ainsi : Un certain nombre de groupements, dont certains comptaient parmi les meilleurs, se sont améliorés. D'autres se sont détériorés mais ils n'étaient pas spécialement intéressants au départ. Le reste n'a pas subit de changement. Le nettoyage du canon est grandement facilité. Une passe de cordon de nettoyage et tout est dit. Le bedding : Envisager un bedding sur cette carabine n'est pas une idée saugrenue. Mais en démontant la crosse, on s'aperçoit que le boîtier de culasse porte correctement sur le bois sur toute sa longueur. Le bois est relativement dur et les deux vis de fixation serrent sur du métal (la branche de fixation du pontet à l'arrière et un insert métallique dans le fût à l'avant). Il faudrait vraiment forcer comme un fou, et encore, pour provoquer un écrasement. J'ai fait un petit repère à la peinture sur chaque vis pour être sûr de revisser avec le même couple en cas de démontage. J'ai décidé de ne pas faire de bedding pour le moment, mais peut-être changerai-je d'avis un jour. Quelle lunette choisir ? Celles ou ceux qui veulent se faire plaisir et qui en ont les moyens, pourront toujours taper dans le haut de gamme de marques réputées sans se poser trop de questions (quant à la marque du moins). Ceci dit, quels sont les besoins ? Ils peuvent selon moi s'énumérer ainsi : Une qualité optique "raisonnable". On ne fait pas de tir au crépuscule ou de nuit mais il faut que l'image soit nette y compris sur les bords. Un zoom allant au moins jusqu'à 18x et pourquoi pas 24x. Je pense qu'avec l'habitude, beaucoup de monde finit par tirer avec un fort grossissement. Mais justement, le zoom permet de choisir. Jusqu'à 18x, un objectif de 40 mm suffit. Au-dessus, cela vaut la peine de passer à 50 mm. En effet, augmenter le grossissement consiste à rétrécit le champ et donc à diminuer l'arrivée de lumière. Un grand objectif permet de garder une bonne clarté de l'image aux forts grossissements. Un réglage de la parallaxe. Un réglage du réticule par tourelles à clics ne nécessitant pas d'outil particulier (Photo 3). Un outil cela s'égare et un réglage "en continu", sans clics, nécessite de faire coïncider visuellement deux repères, ce qui est lent et fastidieux, et je ne parle pas des problèmes rencontrés en match par les presbytes dans ce cas. La fidélité du réglage. On doit pouvoir retrouver un réglage spécifique après l'avoir modifié et il ne doit pas varier avec le grossissement. Une étanchéité raisonnable. C'est à dire l'absence de formation de buée à l'intérieur des lentilles quelles que soient les conditions atmosphériques. Ce qui ne veut pas dire que la lunette résisterait forcément à une immersion totale et prolongée. Un réticule "Duplex" (une croix fine au centre d'une croix plus épaisse) ou "Target Dot" (une croix fine avec, en son centre, un point). Un poids qui permette de rester dans les limites du règlement une fois la lunette montée sur la carabine. Même en faisant abstraction de leur prix, je ne suis pas sûr que l'on puisse trouver toutes ces caractéristiques dans les gammes de modèles proposées par les fabricants européens (Zeiss, Swarovski et consorts), qui sont plus axés vers la chasse pure. Du côté étasunien (bien que ce ne soit pas toujours fabriqué là bas), ceux qui disposent d'un budget confortable pourront se tourner vers Leupold, Burris, Nikon, … Dans ce cas, l'optique coûtera plusieurs fois le prix de la carabine. Des firmes comme Weaver, Bushnell ou Swift se situent entre deux avec des prix qui restent raisonnables et on trouve ensuite les propositions plutôt bon marché chez Simmons, Tasco, Leapers, BSA, … Listes non exhaustives, bien entendu. Je pense qu'un choix raisonné est possible dans les gammes offertes par les fabricants qualifiés de "bon marché". En effet, les modèles qu'ils proposent sont en pratique faits pour être montés sur des carabines de gros calibre, pour aller à la chasse. Ces entreprises n'existeraient plus depuis longtemps si leur production se désintégrait après quelques cartouches tirées, se remplissaient de buée à n'importe quelle occasion, ou comportaient des réglages inopérants. Nous allons utiliser leur lunette sur une carabine 22LR, sans contraintes liées au recul, dans des conditions protégées. On ne va pas crapahuter dans la boue ni sous la pluie avec. Il n'y a donc pas de raison de ne pas trouver une lunette correspondant à nos besoins chez eux, du moins à partir de leur milieu de gamme. Si l'on tape vraiment trop bas, il n'y a pas de miracle et c'est la qualité optique elle-même qui sera insuffisante. Je commençais à me renseigner sur les différentes gammes d'optiques actuellement disponibles, lorsque, lors d'une ballade sur Internet, je tombe sur une promotion (déstockage d'un modèle retiré du catalogue) chez un revendeur étasunien connu: une lunette Tasco variable 6-18X42, avec correction de parallaxe et réglage par tourelles pour 89 USD. Je commande en ligne et, une dizaine de jours plus tard, je reçois l'objet, avec le port, la taxe d'exportation, la douane et la TVA en plus, bien sûr, ce qui, compte tenu du dollar qui n'est pas donné, fait monter la note à un peu plus de 1000 francs. Surprise, cette lunette a été fabriquée en Chine. Je croyais que Tasco faisait soustraiter uniquement au Japon. Provient-elle d'une officine "normale" ou bien d'un laogaï (version chinoise du goulag soviétique qui signifie rééducation par le travail), voire d'une usine où sont exploités les "p'tis n'enfants" ? J'ai peut-être trop d'imagination et puis, malheureusement, comme le disait Guy Béard dans l'une de ses chansons il y a bien des années : "Qui suis-je, qu'y puis-je, en ce monde en litige. Qui suis-je, qu'y puis-je, en ce monde en émoi". La lunette pèse 540 grammes. Avec le montage en aluminium et le chargeur de 5 coups, le tout accuse 3,460 kg. La finition est correcte, les tourelles sont protégées par des caches à vis, une protection de l'objectif et de l'oculaire ainsi que des colliers de type Weaver et une clef Allen sont également fournis. L'objectif (qui fait vraiment 42 mm de diamètre utile) et l'oculaire bénéficient d'un traitement de surface antireflet. Les clics de réglage font correctement sentir leur présence, sous le doigt comme à l'oreille. Lorsque l'on est sur un clic, la tourelle présente un tout petit peu de jeu, mais c'est minime et n'a pas d'incidence pratique. Chaque clic représente ¼ de minute d'angle. L'oculaire comporte un entourage caoutchouté. Le réticule est un Duplex. Je pense qu'il peut être utile que je développe deux points que j'ai évoqués à maintes reprises : la parallaxe et la minute d'angle. La parallaxe : D'après la définition du Petit Larousse, la parallaxe est "le déplacement de la position apparente d'un corps, dû à un changement de position de l'observateur". Tout le monde a pu expérimenter ce phénomène lors de la recherche de son œil directeur. Je rappelle qu'il s'agit, les deux yeux ouverts, de pointer avec l'index un objet éloigné. Ensuite, sans bouger, on ferme un œil, puis on le rouvre et on ferme l'autre œil. L'œil directeur est celui qui voit l'index pointer sur l'objet choisit. L'autre œil voit l'index pointer à côté de l'objet choisit: effet de parallaxe du à la distance qui sépare les yeux. L’index est observé de deux endroits différents et l’arrière plan ne peut être identique selon que l’on regarde de l'œil gauche ou de l'œil droit. Et pour une lunette, comment cela se passe-t-il ? Pour vérifier qu'une optique est exempte de parallaxe à une distance donnée, il faut la mettre sur un support quelconque, table ou autre, et pointer le réticule sur un objet à la distance choisie. Ensuite, sans toucher la lunette, regardez dans l'optique en déplaçant votre tête de haut en bas et de gauche à droite. Si le réticule reste sur l'objet pointé il n'y a pas de problème de parallaxe. Sinon, … Dans cette dernière hypothèse, cela signifie que si votre œil n'est pas exactement aligné avec l'axe optique de la lunette, vous êtes à côté du point visé, en croyant le contraire. Lorsqu'une lunette a un défaut de parallaxe à une distance donnée, un autre inconvénient apparaît: on n'arrive pas à voir le réticule et la cible nets en même temps. La plupart des lunettes vendues dans le commerce et destinées aux carabines en général (je ne parle pas des lunettes spécifiques "air-comprimé" ou "22LR") sont exemptes de parallaxe à 100 yards ou à 100 mètres, selon leur provenance. Dans cette configuration, les plus gros défauts de parallaxe se situent en amont de cette distance, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas au-delà. En carabine 22LR, les cibles s'échelonnent de 40 à 100 mètres. Il est donc indispensable de s'équiper d'une lunette équipée d'une correction de parallaxe. Ce n'est pas un gadget pour faire riche mais une nécessité. Généralement il s'agit d'une bague située du côté de l'objectif et graduée en distances. Il existe des modèles ou le réglage est situé vers l'oculaire, voire avec les tourelles. A chaque changement de distance, on réglera la parallaxe. La minute d'angle : C'est une valeur qui est liée à la distance. Pour matérialiser la chose, on peut dire qu'un cercle de dispersion d'une minute d'angle à la distance "D", correspond à la surface de la base d'un cône dont l'angle au sommet fait une minute (1/60 de degré) et dont la hauteur vaut "D". A 100 mètres, c'est un cercle de 29 mm de diamètre. Comme cette valeur est strictement proportionnelle à la distance, elle sera de 14,5 mm à 50 mètres, 58 mm à 200 mètres, 87 mm à 300 mètres et ainsi de suite. Dire qu'une arme tient la minute d'angle ne veut rien dire en soit. Encore faut-il préciser à quelle distance (et avec quelle munition). Pour revenir aux clics des tourelles de réglage de ma lunette, ils sont donnés pour ¼ de minute d'angle, soit un peu plus de 7 mm à 100 mètres. Je vous laisse faire le calcul pour les autres distances. Essai de la lunette Tasco "Made in China" (ou d'une autre) Avant de se fier à une lunette, il faut la tester. J'effectue un préréglage classique pour ne pas gaspiller trop de munitions: la carabine calée sur un trépied et un coussin de bench-rest, je retire la culasse et vise la cible à 25 mètres au travers de l'âme du canon. Sans bouger la carabine, je règle la lunette de façon à ce que le réticule pointe au centre de la cible. Je tire une cartouche. Si l'impact n'est pas au centre (faut pas rêver) je cale bien la carabine sur son support de bench, réticule de la lunette pointé sur le centre de la cible, et sans bouger l'arme je manœuvre les tourelles de réglage de façon à amener le réticule sur l'impact. L'impact de la seconde cartouche doit logiquement venir au centre. Cette opération permet de se régler avec deux cartouches. Ensuite, ce n'est pas un problème de se régler à chaque distance. Si à un moment ou à un autre on arrive en butée des réglages de la lunette, c'est qu'il y a un problème au niveau de la géométrie du montage de la lunette (colliers et/ou rail) ou du perçage des trous du boitier de culasse. Connaissant la valeur des groupements obtenus avec certaines munitions à l'aide d'une lunette éprouvée, je teste la nouvelle optique sur plusieurs points : La qualité optique: au grossissement maximum, par temps sombre et pluvieux, elle doit être correcte et les bords doivent être nets. La fidélité des réglages: le test classique consiste à tirer un premier groupement, mettre x clics à gauche, tirer un second groupement, mettre x clics en bas, tirer un troisième groupement, mettre x clics à droite, tirer un quatrième groupement, mettre x clics en haut et tirer un cinquième groupement (on peut le faire dans l’autre sens, bien sûr). Si le réglage est fidèle, chaque groupement formera l'un des coins d'un carré et le dernier groupement se superposera au premier. Le test est bon pour cette lunette. La valeur des réglages: chaque clic correspond-il à la minute d'angle annoncée ? Ayant fait le test de fidélité avec une valeur de seize clics (4 minutes d'angle) d'un groupement à l'autre, je trouve bien, en mesurant les distances entre groupements sur la cible, une valeur moyenne du clic d'environ 7 mm dans les deux sens (hauteur et dérive) à 100 mètres. L'absence d'interférence du zoom avec les réglages: tir d'un groupement au grossissement maximum, puis, toutes choses égales par ailleurs, tir d'un groupement au grossissement minimum. Les deux groupements doivent se superposer. Le test est bon pour cette lunette. Le réglage de la parallaxe: les distances indiquées sur les bagues de parallaxe sont souvent fantaisistes. Il faut faire le test visuel à chaque distance, c’est à dire régler la parallaxe de façon à ce que la cible soit nette à la distance choisie et faire un repère sur la bague. Tous ces tests sont faits sur des groupements de cinq coups, sur appui de benchrest, avec des cartouches aux performances connues dans l'arme considérée. Je n'effectue pas le test d'étanchéité consistant à plonger l'instrument dans de l'eau à 50° centigrades pour voir si des bulles s'échappent, ce qui indiquerait un problème d'étanchéité. Ceci dit, aucune buée ne se forme à l'intérieur de la lunette lors des chocs thermiques subis en cette période hivernale (nous sommes en janvier lors de ces essais) en passant de locaux chauffés au pas de tir extérieur et inversement. La recherche de la munition Tous cela est positif. Il est maintenant possible de passer aux choses sérieuses, à savoir la recherche de la munition qui va bien dans cette carabine. N'importe quelle arme devant pouvoir chambrer n'importe quelle cartouche et les tolérances de la production de masse étant ce quelles sont, il faut trouver le lot de cartouches qui s'appariera le mieux avec la chambre et le canon spécifiques de la carabine utilisée. J'ai commandé chez mon armurier préféré une boite de cartouches de différentes sortes chez différents fabricants. Je lui ai bien précisé de ne me fournir que des lots dont il avait une certaine quantité en stock. En effet, le jeu consiste à trouver un lot qui convienne et à pouvoir en commander une quantité substantielle pour éviter de recommencer l'opération de recherche trop souvent. Lors de cette recherche, il faut essayer dans toutes les gammes des fabricants, vitesse standard, haute vitesse, balles cuivrées ou non, bidons en vrac, etc. On peut trouver d'excellents lots dans des types de cartouches peu onéreux. Si LA cartouche qui convient est du type Gold-Platinum-Super Extra Machin vendue à prix d'or, on la réservera aux matchs et l'on s'entraînera avec quelque chose d'un peu moins performant. Pour la petite histoire, j'ai le souvenir d'un test effectué par un ami au banc et à 100 mètres avec 17 lots de Eley Tenex différents dans un pistolet Hämmerli 120. La différence entre les groupements extrêmes allait du simple au double. Je me rappelle également être tombé sur un lot de Eley Pistol Match absolument fabuleux. Il ne faut donc pas se focaliser sur un type particulier mais essayer de ratisser le plus large possible. Chaque essai se fait en une passe de dix cartouches ce qui est un minimum et sert à dégrossir. Les meilleurs groupements demanderont à être confirmés sur un plus grand nombre de cartouches et sur plusieurs séances de tir. Un véritable bon groupement est reproductible. Un bon groupement obtenu une seule fois est un hasard heureux. Tous les essais se font à la distance maximale de tir, en l'occurrence 100 mètres. Un bon résultat à 50 mètres n'implique en rien un résultat similaire à 100 mètres, mais un bon groupement à 100 mètres sera toujours bon aux distances intermédiaires. J'ai fait mes essais en tir sur appui (trépied, sac sous la crosse). Lors des tirs d'essais, cinq balles seront tirées dans la butte à chaque changement de marque et de type de cartouche : Pour salir le canon lors de la première passe. Pour éliminer toute trace de lubrifiant de la passe précédente lors des passes suivantes. Ne pas se conformer à cette exigence donne des résultats erronés. Après avoir tiré des centaines de cartouches de toutes marques et de tous types, surprise: c'est avec les munitions rapides (> 370 m/s), y compris à balles cuivrées, que j'obtiens les meilleurs résultats dans cette carabine. Les munitions plutôt lentes, même de haute qualité, donnent des résultats inférieurs, parfois inexploitables en compétition avec cette arme. J'entends par là que la dispersion à 100 mètres ne tient pas la silhouette du bélier. Pas toujours de beaucoup d'ailleurs, mais quand une balle est dehors, il importe peu que ce soit de 1 millimètre ou de 10 centimètres, c'est dehors, un point c'est tout. Et le match ne se tire pas sur appui. Bref, chaque arme est un cas particulier. Les meilleurs groupements obtenus figurent en illustration rapportés à la silhouette du mouflon (61 mm du haut du dos au bas du ventre). Ils sont reproductibles avec ma carabine et sont obtenus à 100 mètres, en tir sur appui et sur 20 balles dans un stand protégé du vent. Les munitions qui tiennent le haut du tableau sont les RWS HV (V0 385 m/s) et les CCI Mini Mag (V0 375 m/s), qui délivrent des groupements sur 20 balles d'environ 45 mm de diamètre à 100 mètres, soit 1,5 minutes d'angle à cette distance. Viennent ensuite les CCI Blazer (V0 375 m/s), munitions bon marché et sans prétentions qui délivrent des groupements un peu plus larges mais encore exploitables. Bien sûr, il n'est pas évident que des lots différents de ces mêmes munitions donnent les mêmes résultats. On devrait pouvoir diminuer ces valeurs et donc connaître la dimension absolue du groupement en testant la carabine sur un banc à tirer. En effet, l'installation qui m'a servi à faire les tests et plus particulièrement la table de tir, n'est pas parfaitement adaptée. Je pense que le groupement réel se situe autour de la minute d'angle à 100 mètres. J'ai essayé les CCI Stinger pour voir. Bien que n'étant pas le meilleur, le groupement obtenu sur 20 balles tient la silhouette du mouflon à 100 mètres. Je tiens à signaler que les pires groupements obtenus lors des tests excèdent les 150 mm à 100 mètres. Alors, si à votre premier tir vous obtenez un résultat de ce type, ne vous découragez pas. Continuez les essais ! Le tri des cartouches en fonction du poids Il est logique de penser que plus une série de cartouches est homogène, en l'occurrence composée d'unités ayant le même poids, meilleures seront ses performances. Ayant affaire à une munition finie, on est bien obligé de raisonner en poids total sans pouvoir distinguer les variations par composant (balle, étui, poudre, amorçage). J'ai pesé 225 cartouches CCI Blazer d'un même lot avec une balance électronique. Voici le résultat : Poids en grammes Quantité % 3,21 1 0,4% 3,22 5 2,2% 3,23 4 1,8% 3,24 1 0,4% 3,26 15 6,7% 3,27 73 32,4% 3,28 103 45,8% 3,29 21 9,3% 3,30 2 0,9% Total 225 100,0% J'ai fait un test de groupement avec chacune des séries de cartouches d'un même poids les plus nombreuses, soit 3,27 et 3,28 grammes. Les groupements sont du même ordre que ceux obtenus avec les cartouches non triées. J'ai eu des témoignages d'autres tireurs à propos de ce type d'opération. Certains disent n'avoir obtenu aucun résultat appréciable, d'autres affirment qu'ils ont amélioré le groupement. Cela dépend peut-être de la marque et du type de cartouches. Une chose est sûre, le tri est long et fastidieux, pour un résultat controversé. Je ne puis que vous encourager à faire le test afin de vous faire votre propre idée. Le tri des cartouches en fonction de l'épaisseur du bourrelet La cartouche de 22LR est une munition à percussion annulaire, donc à bourrelet. L'épaisseur de ce bourrelet constitue la feuillure de la cartouche et la différence de dimension entre la feuillure de la cartouche et la feuillure de l'arme influe sur la régularité du chambrage et de la percussion. Selon les fabricants, l'épaisseur de ce bourrelet peut présenter de fortes variations pour un même lot de cartouches. L'uniformité des résultats étant le but recherché, un tri des cartouches selon l'épaisseur du bourrelet pourrait être bénéfique. La mesure du bourrelet peut se faire à l'aide d'un comparateur (peu pratique) ou en se servant d'un outil spécialisé. Généralement, ce type d'outil se présente sous la forme d'un cylindre creux dans lequel on met la cartouche. Le bourrelet dépasse audessus. Une réglette graduée coulisse au-dessus du bourrelet dans un logement en forme de "T" inversé, usiné dans le cylindre (Photo 4). Selon l'épaisseur du bourrelet, la réglette coulisse plus ou moins. Il suffit de repérer la graduation. J'ai fait un essai en triant par épaisseur de bourrelet les munitions pesées de 3,27 et 3,28 grammes du lot de CCI Blazer déjà cité. Les groupements obtenus sont légèrement meilleurs. Pour cette expérience, le tri est double: poids et bourrelet. Je n'ai pas essayé le tri des bourrelets seul. Là aussi, je vous invite à essayer par vous-même. Peut-être quelqu'un trouvera-t-il un mode opératoire génial permettant de sélectionner les bourrelets de manière efficace, si ce mode existe… A quelle vitesse sortent les balles des cartouches essayées ? Lors de ces essais, j'ai essayé toutes sortes de cartouches. Si l'on excepte les cartouches vendues spécifiquement comme subsoniques et les CCI Stinger et autres Remington Yellow Jacket à balles légères à très haute vitesse (V0 470 m/s), les vitesses moyennes s'échelonnent, selon les marques et types, entre 300 m/s (SK Rifle Match, Winchester T22, …) et 420 m/s (Swartklip Blitzer). De même, les écarts de vitesse entre les balles les plus rapides et les plus lentes pour un même type de cartouches vont de 5 à 20 m/s. Les valeurs de ces écarts ne se répartissent pas en fonction des vitesses moyennes. On trouve tous les cas de figure. Une vitesse moyenne lente n'implique pas un écart réduit, pas plus qu'une vitesse moyenne rapide n'implique un écart maximal et viceversa. Quant aux meilleurs groupements, ils ne sont pas forcément obtenus avec les cartouches les plus régulières en vitesse. Mais cette constatation a été faite il y a déjà longtemps et pas seulement avec des cartouches à percussion annulaire. Quel budget ? L'ensemble carabine/lunette/support de lunette, compétitif dans sa catégorie, coûte environ 3 000 francs. C'est un budget raisonnable qui devrait permettre une bonne diffusion de ce sport. JPB