les connecteurs logiques - Faculté Jean Monnet - Université Paris-Sud

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les connecteurs logiques - Faculté Jean Monnet - Université Paris-Sud
D.A.E.U. 2011-2012 – Faculté Jean Monnet – Université Paris Sud 11
Français – A.Gissat
LES CONNECTEURS LOGIQUES
NATURE
Conjonctions de
coordination
CAUSE
HYPOTHESE
BUT
Car
Donc
En effet,
De fait,
Aussi (+ reprise
du sujet),
Alors,
en conclusion,
en conséquence,
C’est pourquoi,
Par conséquent,
ainsi,
Dès lors,
d’où
En ce cas,
Sinon,
pour un peu...
Dans ce but,
à cette fin
Parce que,
du fait que,
Étant donné que,
puisque,
sous prétexte que,
Comme
De sorte que,
si bien que,
tellement que...,
si...que...,
de telle manière
que...
Si,
à condition que,
à supposer que,
pourvu que,
au cas où,
à moins que,...
Pour que,
afin que...
Adverbes et
locutions
adverbiales
Conjonction et
locutions
conjonctives de
subordination
CONSEQUENCE
OPPOSITION
CONCESSION
Mais,
or
Cependant,
néanmoins,
pourtant,
par contre,
du reste,
d’ailleurs,
au contraire,
en revanche,
toutefois,
Bien sûr,
Soit,
Certes
Quoique,
bien que,
Il est vrai/certain
que,
même si,
Nul doute que,
encore que,
Quand bien même,
alors que,
ADDITION
EXEMPLE
Et,
ni...ni
d’abord,
premièrement,
d’entrée de jeu,
en outre,
D’une part...,
d’autre part...
Puis,
ensuite,
de plus,
Par ailleurs,
Enfin,
C’est-à-dire,
Ainsi,
Par exemple,
Notamment,
En effet,
citons
ALTERNATIVE
Ou
Soit..., soit...
Ou bien..., ou
bien...
Soit que..., soit
que...
D.A.E.U. 2010-2011 – Faculté Jean Monnet – Université Paris Sud 11
Français – A.Gissat
I. Révision de la méthode du résumé d’un texte argumentatif pour préparer le d.s.t. du 10 janvier.
Les connecteurs logiques marquent
le plus souvent une étape du
raisonnement de l’auteur
« Jeunes et Jeunes »
Une habitude perverse s’est installée dans le langage parlé et imprimé, en France et ailleurs, pour
relater la violence d’une partie de la jeunesse : celle de ne pas qualifier les délinquants et les criminels,
et de les désigner par l’un des mots les plus chargés de promesses du vocabulaire, les « jeunes ».
Or ce ne sont pas n’importe quels « jeunes » qui insultent et crachent au visage des chauffeurs de
bus, ce sont de jeunes voyous. Ce ne sont pas des « jeunes », qui extorquent des blousons et de
l’argent à des lycéens, ce sont de jeunes voleurs. Ce ne sont pas n’importe quels « jeunes » qui lancent
des pavés dans les vitrines, mais de jeunes casseurs. Ce ne sont pas tous les jeunes qui incendient les
voitures, mais de jeunes incendiaires. Enfin, ce n’est pas toute la jeunesse qui tue à coups de couteau,
de massue et de fusil, mais quelques jeunes assassins.
Il est donc injuste d’amalgamer par le même vocabulaire une minorité de diverses catégories
d’asociaux et une majorité de jeunes citoyens normaux et loyaux. C’est non seulement un abus de
langage, mais une atteinte à la dignité et aux droits des plus nombreux. C’est, à leur égard,
diffamatoire.
C’est une injustice consistant à innocenter de jeunes coupables et à culpabiliser de jeunes
innocents, à impliquer l’immense majorité de la population jeune dans une présomption de culpabilité
collective qui les stigmatise. Il y aurait, certes, lieu de stigmatiser des voyous, des voleurs, des
incendiaires, des assassins, qualifications qu’au fond même les auteurs de ces délits et de ces crimes
n’arboreraient pas tous fièrement. Au lieu de quoi, on élève ces « jeunes » dévoyés sur le pavois de
l’impunité en bagatellisant leurs méfaits ; comme s’il était normal et inéluctable de casser, de brûler,
de tuer avant de se « ranger »…
Mais l’immense majorité des français ne sont ni des délinquants ni des criminels. L’immense
majorité des jeunes non plus.
Que penseraient, que diraient, que feraient d’autres catégories d’humains si l’on usait à leur égard
tant de désinvolture, si l’on amalgamait les français délinquants et criminels avec tous les français, pour
stigmatiser les « français » et engendrer l’idée d’une équivalence entre Français délinquants et
criminalité ?
Il ne s’agit pas seulement d’un emploi impropre de mots. « On a bouleversé la terre avec les
mots », a écrit Alfred De Musset, dans A quoi rêvent les jeunes filles ? Avec les mots détournés de leur
sens, on est en train de bouleverser le monde civilisé.
La vérité, disait Marguerite Yourcenar, est une exactitude. Il faut dire l’exacte vérité : des voyous,
des casseurs, des incendiaires, des assassins sont à l’œuvre parmi la jeunesse. Il faut stigmatiser,
punir les coupables. « Les » jeunes sont innocents.
Paul Giniewski « Le Figaro » Janvier 1999
 RAPPEL - Pour bien résumer, il faut absolument :
1. Comprendre le sens global du texte en relevant thème, problématique et thèse
2. Repérer l’énonciation du texte (respect des personnes et des temps employés)
3. Repérer les différents arguments ou idées essentielles
4. Mettre en évidence l’articulation des arguments en repérant les connecteurs logiques (reconstituer
le circuit argumentatif)
5. Supprimer ce qui n’est pas essentiel comme les exemples illustratifs ou les énumérations.
5. Reformuler, c’est-à-dire ne reprendre ni les expressions du texte initial, ni les constructions de
phrase tout en étant fidèle à la pensée du texte
6. Respecter le nombre de mots imposé avec une marge de 10% et écrire à la fin du résumé le
nombre de mots utilisés
Le titre peut apporter
des informations sur le
sens global du texte.
L’introduction ou le
premier paragraphe
est souvent une piste
pour trouver le thème,
la problématique et la
thèse du texte.
Commentaire [MSOffice1]:
Argument 1
Commentaire [MSOffice2]:
Argument 2
Commentaire [MSOffice3]:
Argument 3
Commentaire [MSOffice4]:
Argument 4
Commentaire [MSOffice5]:
Argument 5
La conclusion est
aussi souvent une
piste pour affiner la
thèse de l’auteur.
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II. Préparation des questions de vocabulaire
1. Expliquer le sens du mot « diffamatoire ».
2. Expliquer le sens de l’expression « bagatellisant leurs méfaits ».
 RAPPEL – Pour bien répondre aux questions de vocabulaire, il faut absolument :
1. Répondre en deux paragraphes
2. Dans le premier paragraphe, donner la nature grammaticale du mot et sa formation. Puis
donner le ou les sens dénotés (celui ou ceux du dictionnaire)
3. Dans le deuxième paragraphe, expliquer le mot dans son contexte c’est-à-dire le sens que
lui a attribué l’auteur dans le texte.
N.B. : lorsqu’il s’agit d’une expression, il faut donner dans le premier paragraphe la nature
grammaticale, la formation et le(s) sens du mot le plus difficile. Puis, dans le second paragraphe,
expliquer l’expression complète dans son contexte.
Le titre peut apporter
des informations sur le
sens global du texte.
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LE CIRCUIT ARGUMENTATIF OU PROGRESSION ARGUMENTATIVE
1Multiples sont les motifs que nous avons de protéger la nature.
Et d'abord, en défendant la nature, l'homme défend l'homme : il satisfait à l'instinct de conservation
de l'espèce. Les innombrables agressions dont il se rend coupable envers le milieu naturel (envers
«l'environnement», comme on prend coutume de dire) ne vont pas sans avoir des conséquences funestes
5pour sa santé et pour l'intégrité de son patrimoine héréditaire.
Protéger la nature, c'est donc, en premier lieu, accomplir une tâche d'hygiène planétaire. Mais il y a,
en outre, le point de vue, plus intellectuel mais fort estimable, des biologistes, qui, soucieux de la nature
pour elle-même, n'admettent pas que tant d'espèces vivantes (irremplaçable objet d'étude) s'effacent de la
faune et de la flore terrestres, et qu'ainsi, peu à peu, s'appauvrisse, par la faute de l'homme, le somptueux
10et fascinant Musée que la planète offrait à nos curiosités.
Enfin, il y a ceux-là - et ce sont les artistes, les poètes, et donc un peu tout le monde –, qui, simples
amoureux de la nature, entendent la conserver parce qu'ils y voient un décor vivant et vivifiant, un lien
maintenu avec la plénitude originelle, un refuge de paix et de vérité, parce que, dans un monde envahi par
la pierraille et la ferraille, ils prennent le parti de l'arbre contre le béton, et ne se résignent pas à voir les
15printemps devenir silencieux.
J. Rostand, extrait de la Préface au livre d'Edmond Bonnefous:
«L'homme ou la nature» (Librairie Hachette, Éditeur, 1975)
1Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D'abord, – parce qu'il
importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire
encore. – S'il ne s'agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez
qu'on peut s'échapper d'une prison ? faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des
5barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ? Pas de bourreau où le geôlier suffit.
Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l'un, ni l'autre. Se
venger est de l'individu, punir est de Dieu.
La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand
et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas "punir pour se venger" ; elle doit corriger pour améliorer.
10Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous adhérons.
Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l'exemple. – Il faut faire des exemples ! il faut
épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter !- Voilà
bien à peu près textuellement la phrase éternelle dont tous les réquisitoires des cinq cents parquets de
France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! nous nions d'abord qu'il y ait exemple.
15Nous nions que le spectacle des supplices produise l'effet qu'on en attend. Loin d'édifier le peuple, il le
démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, partant toute vertu.
V.Hugo, Préface du roman Le dernier jour d’un condamné (1829)
1
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Français – A.Gissat
1Et voilà que l’on écrit partout que mes personnages sont tous également ignobles, qu’ils se
vautrent dans la paresse et dans l’ivrognerie. Vraiment, est-ce moi qui perds la tête ou sont-ce les autres
qui ne m’ont pas lu ? Examinons mes personnages :
Il n’y en a qu’un qui soit un gredin, Lantier. Celui-là est un malpropre, je le confesse. J’estime que
5j’ai le droit de mettre un personnage malpropre dans mon roman, comme on met de l’ombre dans un
tableau. Seulement, celui-là n’est pas un ouvrier. […]
Voyons les autres maintenant.
Les Lorilleux. Est-ce que les Lorilleux sont des fainéants et des ivrognes ? En aucune façon. Jamais
ils ne boivent. Ils se tuent au travail, la femme aidant le mari de toutes les forces de ses petits bras. Certes,
10ils sont avares, ils ont une méchanceté cancanière et envieuse. Mais quelle vie est la leur, dans quelles
galères ils s’atrophient ? […]
Gouget. Est-ce que Gouget est un fainéant et un ivrogne ? En aucune façon. Ici, j’ai trop beau jeu.
Gouget, dans mon plan, est l’ouvrier parfait, l’ouvrier modèle, propre, économe, honnête, adorant sa
mère, ne manquant pas une journée, restant grand et pur jusqu’au bout. N’est-ce pas assez d’une pareille
15figure pour que tout le monde comprenne que je rends pleine justice à l’honneur du peuple ?
E.Zola, lettre au directeur du Bien public, 1877.
RAPPEL
Les constituants d’un texte argumentatif sont :
o Le thème
o La problématique
o La thèse
o Les arguments
o Les exemples
o Les connecteurs logiques
o Les paragraphes
Le circuit argumentatif peut suivre trois voies :
1. L’étayage de thèse
2. La réfutation de la thèse adverse
3. La réfutation concessive
Ne pas confondre convaincre et persuader :
 Convaincre fait appel au raisonnement du lecteur
 Persuader fait appel à l’émotion et à l’affectivité du lecteur
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LES CLASSES GRAMMATICALES DES MOTS (ou NATURES)
La Nature ou la Classe Grammaticale du mot est en quelque sorte sa carte d’identité. Il ne faut pas la
confondre avec la fonction d’un mot. La classe grammaticale d’un mot ne change pas. Il en existe onze.
I. Les 5 classes grammaticales variables (dont la forme peut changer)
Les noms
Il désigne une chose (« voiture »), un être (« fée »), ou une abstraction
(« liberté »). Il existe les noms communs et les noms propres (« France »,
« Julien »)
Les déterminants
Il est toujours devant un nom et le détermine en genre et en nombre. Ex : « La
voiture », « Une fée », « Ta liberté », « ces messieurs », « trois enfants »
 ma, ta, sa, mon, ton, ces, cet, cette, un, une, des, le, la, les, deux, cinq, etc.
Les verbes
Il exprime une action (« manger », « lire », « poursuivre ») ou un état (« être »,
« sembler », « paraître », « ressembler », « devenir », « avoir l’air », etc.).
Les adjectifs qualificatifs Il exprime une caractéristique, il précise un nom avec lequel il s’accorde. Ex :
« Une voiture bleue », « Une magnifique fée », « Les libertés humaines ».
 rouge, jaune, grand, petit, sympathique, effrayant, gentil, inquiet, bête, etc.
Les pronoms
Il remplace un nom, il reprend un nom déjà énoncé (« Les frites, je les aime ! »),
ou bien il renvoie à un être ou une chose (« Je t’aime ! », « Donne-moi le tien. »).
 je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles, on, le, la, les, lui, me, le sien, les miens, etc.
II. Les 6 classes grammaticales invariables (dont la forme ne change JAMAIS)
Les adverbes
Il modifie le sens d’un verbe, d’un adjectif ou d’un autre adverbe. Ex : « Une très
grande voiture », « Une fée vraiment géniale », « La liberté, c’est super bien ! ».
 très, trop, grandement, extrêmement, agréablement, demain, hier, ici, là, etc.
Les prépositions
Elle introduit un mot ou un groupe. Ex : « Habites-tu à Palaiseau ? », « Il est
très content de son travail ».
 a dans par pour en vers avec de sans sous (elle marque souvent une position
dans l’espace)
Les conjonctions de
coordination
Elle relie deux mots ou deux groupes de mots. Ex : « Jean et Marie s’ennuient »,
« J’aime ton regard car il est charmant ».
 Mais, ou, est, donc, or, ni, car.
Les conjonctions de
subordination
Elle introduit une proposition subordonnée. Ex : « J’aime ce cours parce qu’il
m’intéresse »
 si bien que, que, pour que, alors que, tandis que, lorsque, dès que, puisque, etc.
Les interjections
Elle reproduit une exclamation, exprimant un sentiment ou un ordre, elle
constitue à elle seule un énoncé. Ex : « Ah ! Elle est bien bonne cette blague ! »
 Oh ! Hé ! Ah ! Zut ! etc.
Les onomatopées
Petit mot reproduisant un bruit. Ex : « Pan ! », « Boum ! », « Paf ! », « Ding ! »
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LA PERSUASION
1On dit que la publicité est synonyme de liberté. C’est faux. Le système publicitaire
est impérialiste. I1 s’impose partout par la force de l’argent (affiches, boîtes aux lettres,
revues, spots, etc.). Il pénètre par effraction dans nos cerveaux (coupures de films). Il
étend son empire sur la presse, puisqu’elle dépend de la. publicité pour survivre. La
5publicité est aussi le moyen, pour les grandes firmes, d’étouffer les petites : les
campagnes des mauvais films à "gros budgets," font ignorer l’existence des bons films
aux moyens modestes. La publicité est une arme, dont le public est la victime.
On dit que la publicité "informe". C’est faux, Au sens propre, le mot "publicité" a
bien ce sens : faire connaître ce qui est d’intérêt public. Mais voyez la réalité : comparez
10l’énorme volume occupé par les pubs dans les médias et le peu d’informations
objectives que vous en tirez sur les produits! La publicité ne cherche pas à informer, mais
à vendre. Elle n’éclaire pas le public, elle flatte ses désirs inconscients ; elle le manipule.
On affirme aussi que la publicité favorise la "vie économique". C’est encore faux.
Les publicités servent avant tout les marques, non l’utilité de l’économie. Elles poussent
15au gaspillage, ou sont inutiles (à quoi sert la concurrence entre les diverses marques
d’essence?). Il est d’ailleurs prouvé que l’augmentation du pouvoir d’achat aide bien
davantage la consommation que toutes les publicités réunies.
On dit que la publicité favorise le bonheur, en offrant des modèles d’existence
que chacun peut atteindre, par l’acquisition des mille et un produits "qui facilitent la vie".
20C’est faux. Ces modèles ne sont jamais atteints, puisque la course aux nouveaux
produits est infinie.
En vérité, ce que favorise la publicité c’est la surconsommation de ceux qui ont
déjà les moyens de consommer, au détriment des milieux défavorisés qui peinent à
satisfaire leurs besoins élémentaires (logement, nourriture, habillement, etc. ). Quel peut
25être l’effet de la pub sur les SDF ? En répandant partout les images "heureuses" de
modes de vie dits "supérieurs", la publicité accroît le sentiment d’exclusion des pauvres.
Censée apporter la "'joie de vivre", elle ne fait qu’attiser la frustration.
Quant au mode d’existence vanté par la pub, il est lui-même fondamentalement
décevant. Faire croire que le bonheur est dans la consommation, que le rêve peut
30s’acheter, qu’il suffit de "s’éclater" avec des produits comme on "s’envoie en l’air"
avec des drogues, c’est répandre une grande illusion dont beaucoup sentent confusément
le mensonge. Ils savent bien que ces images sont fausses, qu’il n’y a pas de vraie joie
sans participation de l’intériorité, ni de vraie convivialité sans générosité. Mais ont-ils le
loisir d’en prendre totalement conscience?
35Bien des jeunes restent esclaves des modèles publicitaires parce que ceux-ci les
empêchent de découvrir, au fond d’eux-mêmes, leur idéal personnel de vie authentique.
F.Brune, Un pavé dans la gueule de la pub, Ed. Parangon, 2004.
1
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Français – A.Gissat
1Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux
armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons,
formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons
renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la
5mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui
en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort
de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine
de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux
qu’il put pendant cette boucherie héroïque.
10Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans
son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il
passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village
voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient
brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups
15regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs
mamelles sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins
naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi
brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient
répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
20Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des
Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours
marchant sur des membres palpitants, ou à travers des ruines, arriva enfin hors
du théâtre de la guerre […]
Voltaire, Candide, extrait du chapitre 3, 1759.
L’art de persuader ou l’art d’influencer
Voici les principaux procédés d’écriture pour influencer le lecteur :
o
o
o
o
o
o
o
o
Présence et marques de l’émetteur
Présence et marques du récepteur
Présence de verbes d’opinion et de modalisateurs (degré de conviction du locuteur)
Emploi d’un lexique valorisant / dévalorisant (mélioratif / péjoratif)
Emploi d’une ponctuation affective (point d’exclamation / points de suspension)
Emploi de questions rhétoriques
Emploi de figures d’insistance (répétitions / parallélisme de construction
Emploi d’images fortes pour frapper l’imagination : métaphores, comparaisons…
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