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p Le magazine du conseil général de l’Aude Septembre/octobre 2014 erspectives #231 audevant, Après 5 ans “ Ce que vous avez demandé, ce que nous avons fait, ce qui reste à faire ” som ma ire Le ticket à 1€ Un p.4-5 : Territoire équilibré p.6 : THD : après, il sera trop tard p.7 : Aude rurale : jamais sans le CG p.8-9 : Un environnement préservé la qualité de vie la solidarité partout Les éleveursde Bordegrande p.12 : pesticides : Comment faire sans p.12 : La pépinière du canal p.13 : ouverture D’une banque de stages p.14 : p.16 : Premier collège “nouvelle génération” : Marcelin-Albert Créer de l’emploi autrement Les poussières p.16 : de pierre du tailleur p.17 : Le goût du pays cathare p.18 : Face à la précarité au quotidien p.19 : Solidarités : faciliter la vie p.20 : p.23 : Perspectives n° 231 Jobs en “drive” l’économie sociale et solidaire : p.21 : 2 Il y a une vie après La Poste p.10-11 : naturalistes p.15 : une économie dynamique une idée d’avance, un modèle copié ! Le bus PMI la santé à dom icile Contre la désertification médicale La clé des marchés publics audois éd ito quinquennat Audevant le Perspectives Le magazine du conseil général de l’Aude Tirage : 50 000 exemplaires ISSN : 0985-2247 Directeur de la publication : André Viola Directeur de la communication : Yvon Le Gall Rédaction : Yvon Le Gall, Anick Noé, Hubert Mery, avec l’aide des services du Conseil général Maquette et mise en page : Guy de Guglielmi Impression : Imprimerie de Bourg Crédits photos : services du Conseil général, Philippe Benoist Imprimé sur du papier provenant de forêts gérées durablement A la question : « s’il y avait le feu chez vous, qu’emporteriez-vous ? », Jean Cocteau répondit : « je crois que j’emporterais le feu ». Au moment où le projet Audevant a été lancé, en mars 2009, sous l’impulsion de Marcel Rainaud, alors président du Conseil général, qui m’en avait confié la mise en œuvre, la crise financière mondiale commençait à devenir crise économique en France. Quand il s’achève, 5 ans plus tard, les effets de cette crise sont visibles partout, et dans l’Aude plus qu’ailleurs. On voit bien, parce que la crise les a encore accentués, ce que sont les tendances lourdes du monde moderne : aller vers les grandes villes, les grands pôles économiques, les grandes universités. Donner tout à ceux qui ont déjà tout. Quant aux autres… L’intention initiale d’Audevant est là : ne rien lâcher. C’est donc notre XXIe siècle qui a été dessiné ainsi, en concertation avec les Audois qui ont été consultés par milliers, avec les agents des services départementaux qui se sont réorganisés autour des priorités définies : Audevant est un projet collectif bâti collectivement parce que c’est ainsi que nous, Audois, faisons les choses depuis toujours. Au bout de ces 5 ans, il y a donc ce que nous nous sommes déjà donné : le bus à 1€, la consultation itinérante de Protection maternelle et infantile, des digues de protection contre les inondations, des zones naturelles sauvegardées, un plan de lutte contre la dépendance des personnes âgées, l’installation du numérique dans les collèges, la création de circuits courts pour les produits agricoles…Et il y a tout ce qui est lancé mais reste encore à construire : le Très Haut Débit, le maintien de médecins généralistes dans les zones rurales, le classement des forteresses du Pays cathare à l’Unesco, la création ou la rénovation de deux collèges… Dans la création de ce projet comme dans sa mise en œuvre, il n’y a pas un espace de son territoire que le Conseil général ait négligé : l’Aude du XXIe siècle sera la même pour tous les Audois tant qu’existera une structure départementale qui les entendra tous et répartira entre eux les moyens et les charges. Audevant n’est donc pas un projet bouclé, terminé. Il est une ambition qui n’a pas de fin : entretenir le feu. André Viola, Président du Conseil général de l’Aude Septembre/octobre 2014 3 Un Territoire équilibré Le ticket à 1€ une idée d’avance, Le Conseil général transporte annuellement 5 millions de personnes dans tout le département. Et pour 1 € depuis septembre 2011. Une idée qui a fait école… 1 €, c’est pour tous les trajets sur le réseau départemental Audelignes comme sur les réseaux locaux de Transport à la Demande. Pour assurer les connexions et la continuité du service pour tous – et pas seulement les collégiens – les mercredis après-midi et pendant les vacances scolaires, des horaires supplémentaires ont été mis en place sur les lignes principales du réseau (Carcassonne-Lézignan-Narbonne ; BramCarcassonne ; Fanjeaux-Carcassonne ; Homps-Carcassonne ; Pépieux-Carcassonne ; Axat-Carcassonne ; Castelnaudary-Carcassonne). Un bilan très satisfaisant L’objectif est atteint au-delà des espérances, avec une augmentation moyenne de 92 % des ventes de titres de transport à l’unité dès la première année et des pointes à 31 600 tickets supplémentaires sur les lignes exploitées par Kéolis Aude (+102 %), à 6 000 tickets sur les lignes exploitées par les Autocars Teissier (+51 %) ou encore à 3 000 tickets sur les lignes des Autocars Vidal (+119 %). La tarification a même été unifiée sur les trois réseaux audois Audelignes (Conseil Général), Citibus (Grand Narbonne) et Agglo’bus (Carcassonne Agglo), rejoints par les trains TER de la Région Languedoc-Roussillon. Au total, les services du CG ont compté 5 000 000 de voyages sur les lignes de bus départementales, dont 2 300 000 dans les cars scolaires. Tous les horaires de toutes les lignes sont disponibles sur : www.aude.fr/audelignes Témoignage Chauffeur de bus : changement d’ère Jean-Charles Garcia est chauffeur de bus depuis 1987. Employé des entreprises Vidal, une PME familiale qui possède une flotte d’une quarantaine d’autocars 4 Perspectives n° 231 à Bram, il conduit aussi bien des élèves sur les lignes scolaires que des touristes ou des clubs sportifs. « Le chauffeur n’a plus le respect qu’il avait autrefois », déplore le conducteur, qui se souvient du temps où, dans les campagnes, on demandait volontiers « un service à celui qui allait en ville ». Il est frappé d’être devenu presque transparent pour bien des passagers, qui ne lui disent même pas bonjour en montant dans son véhicule. « On nous prend un peu comme un chauffeur de taxi ». Depuis quelques années, Jean-Charles Garcia constate toutefois un regain d’intérêt pour les transports collectifs. « Les bus sont de plus en plus remplis. La ligne entre Carcassonne et Castelnaudary par exemple a gagné de nouveaux passagers depuis que le prix du ticket est passé à 1€, à l’initiative du Conseil général. » Des automobilistes qui ne savaient même pas où se trouvaient les arrêts de bus laissent désormais leur véhicule au garage parce que les transports collectifs sont devenus plus pratiques et plus rentables. « En fait, les gens nous voient de moins en moins, tout en ayant de plus en plus besoin de nous. Nous sommes transparents mais utiles. C’est peut-être bien comme ça, après tout », résume M. Garcia. Une année sur les routes Il y a 3 300 ponts sur les 4 300 km de routes que le Conseil général est chargé d’entretenir, et 400 km de murs de soutènement qui préservent ces routes des éboulements. 80 km de routes sont traités en enrobé. 160 km sont revêtus d’enduits superficiels. 2 000 panneaux de circulation ont été remplacés, 3 500 arbres élagués, 6 700 m de glissières installés, 150 km de fossés curés. Les agents du Conseil général sont intervenus 89 fois pour réparer des glissières accidentées, 126 fois pour des accidents de la voie publique. Ils ont collecté 40 tonnes d’ordures ménagères en bordure de route. LE TAD EN CHIFFRES Le Transport à la Demande, service de proximité à vocation rurale, est organisé par les communautés de communes et subventionné par le Conseil général. Il compte dix réseaux, situés essentiellement en Haute-Vallée et dans l’Ouest du territoire. NBRE VOYAGES VOYAGEURS COUT CG LIGNES RAZES MALEPERE 2 78 358 2 650 € PIEGE LAURAGAIS MALEPERE 4 78 402 1 794,50 € COUIZA 8 52 300 1 100 € AXAT 2 19 23 330 € COTEAUX DU RAZES 1 22 226 745 € LIMOUXIN SAINT HILAIROIS 6 30 400 2 618 € MOUTHOUMET 2 119 461 10 411 € CHALABRE 2 72 621 4 250 € AUDE EN PYRENEES 2 93 289 4 010 € Témoignage Un minibus pour faire son marché Vendredi, Josette Roger fait son marché à Limoux. A 78 ans, elle habite le village de Pieusse avec son mari âgé de 75 ans, qui ne conduit plus. Alors pour continuer à remplir son panier de produits frais, Josette téléphone tous les jeudis à Kéolis. L’entreprise a inauguré en octobre 2012 un service de transports à la demande pour le compte de la communauté de communes du Limouxin. Pour 1€ grâce à la compensation financière du Conseil général, les habitants des villages les plus éloignés peuvent emprunter l’une des six lignes qui convergent deux fois par semaine (mercredi et vendredi) vers la sous-préfecture. Josette apprécie beaucoup ces « minibus tout bariolés. Avant, on se débrouillait avec une voisine pour aller à Limoux, mais il fallait parfois attendre de trouver quelqu’un pour revenir ». Le minibus des Circulad’, lui, a des horaires fixes. Il démarre dès 8h30 de l’abribus situé à côté du stade et repart théoriquement à 11h30. Les horaires peuvent toutefois être assouplis à la demande, comme cela a été récemment le cas pour répondre aux soucis d’une autre habitante de Pieusse « qui ne voulait pas laisser son mari malade seul trop longtemps », raconte Josette. Le minibus repart donc momentanément à 10h30. « C’est un peu juste, mais le chauffeur attend les retardataires jusqu’à un quart d’heure si nécessaire », précise Josette Roger. Contrairement aux bus classiques, les navettes hebdomadaires du Limouxin peuvent même embarquer des personnes en fauteuil roulant, apprécie-t-elle. Septembre/octobre 2014 5 Un Territoire équilibré THD : après, il sera trop tard Qu’est-ce que le Très Haut Débit (THD) ? Quand un particulier surfe sur Internet, son ordinateur reçoit à chaque seconde des milliers (haut débit ou Kbps) ou des millions (très haut débit ou Mbps) d’informations par seconde. L’affichage de ces informations est plus ou moins long selon le débit. Elles sont transportées principalement par des réseaux en fibre optique. Quel est le projet du gouvernement ? Le gouvernement a lancé le Plan France Très Haut Débit en avril 2013, dont l’objectif est la généralisation de la fibre optique sur l’ensemble des territoires d’ici 10 ans. Elle sera prise en charge par les opérateurs privés dans les agglomérations, par les collectivités publiques ailleurs. Au plan national, l’enjeu porte sur l’équipement optique de 35 millions de lignes. C’est un projet sur 15 ans qui est évalué entre 25 et 30 Mds €. Quels sont les besoins ? - Pour un ménage, les besoins dus au multi-équipement, à l’enrichissement des médias TV (HD, 3D, …), aux projets de télétravail, au développement du contrôle à distance des équipements ménagers se situent dans une fourchette de 50 à 100 Mbps (Millions de bits par seconde). - Pour les entreprises, le choix de s’installer dans une zone d’activités dépend dé- 6 Perspectives n° 231 sormais autant sinon plus de la présence du Très Haut Débit que de la proximité de nœuds de communication routiers, ferroviaires ou aéroportuaires. - Pour les services publics, le développement du télé-enseignement, de la télémédecine et de l’e-administration représente une amélioration considérable du service rendu aux usagers (moins de déplacements, disponibilité 24h/24, 7j./7) et des coûts de ces services (moins de papier, moins d’espaces de stockage). Pourquoi est-ce vital pour le département de l’Aude ? De la présence ou non du Très Haut Débit dépendront bientôt : - La survie de territoires dont les habitants ne disposeraient pas des mêmes services que les autres ; - L’attractivité économique de ces territoires dont les entreprises ne seraient pas reliées aux autres et à leurs clientèles. Le Très Haut Débit est au XXIe siècle ce que le chemin de fer était au XIXe. Combien ça coûte ? L’Aude est traversée par deux réseaux de fibre optique : le long de l’autoroute A61 et le long du canal du Midi. Les coûts nécessaires pour amener le THD aux Audois en pas de porte ont été évalués à coût total de près de 130 M€. 75% du coût final sont liés aux infrastructures (fourreaux, poteaux, pylônes…). Que fait le Conseil général ? Comme dans tous les grands projets structurants pour l’avenir de l’Aude, il fédère l’ensemble du territoire : -une politique d’aménagement équilibrée du territoire pour s’assurer que le Très Haut Débit ne sera pas réservé aux seules populations que les opérateurs privés jugent rentables ; -un système de péréquation départementale pour répartir équitablement les moyens et les charges entre les communautés de communes et d’agglomérations. Au total, le Conseil général de l’Aude, le SYADEN qui sera maître d’ouvrage du déploiement et les 11 communautés de communes et d’agglomérations unis apportent 39% des investissements globaux, l’Etat au travers du Fond pour la Société Numérique 32%, la Région LR 12%, les opérateurs privés 9%, l’Europe 8%. Quelle ambition ? L’ambition commune est de ne laisser personne de côté. A la fin de la phase 1 du déploiement (2015-2020), 80% de la population bénéficieront du THD par la fibre optique, 2% par le Haut Débit amplifié, 15% par une desserte par satellite. A la fin de la phase 2 (2020-2030), 100% des Audois bénéficieront du THD par fibre optique. Aude rurale : jamais sans le CG Le département aide les communes de l’Aude à mener leurs projets à terme. Sans lui, elles n’auraient pas les moyens de répondre aux besoins de leur population. Ce n’est pas une piscine conventionnelle qui a été inaugurée en juin à PeyriacMinervois. Le complexe aquatique qui a poussé à côté de la nouvelle gendarmerie compte plusieurs bassins, extérieurs ou couverts, et une plage engazonnée. Le projet, porté à l’origine par les 17 communes de l’ex-communauté de communes du Haut Minervois, a mis plus de dix ans à sortir de terre, pour un investissement de 9,7 millions, toutes taxes comprises. Les Bains de Minerve peuvent accueillir jusqu’à 680 personnes et visent autant les touristes que la population locale. Les résidents bénéficient d’une réduction d’un euro sur le ticket d’entrée (5,50€) et les différents tarifs d’abonnement. Les réductions s’appliquent aux habitants des 73 communes de l’agglomération de Carcassonne en contrepartie d’une subvention d’équilibre de 410.000€ versée chaque année à la société Equalia, qui gère le complexe en délégation de service public. L’aide du département s’est concentrée sur l’investissement. Pendant trois ans, le Conseil général a contribué à hauteur de 10% au chantier. Sans cette contribution, la petite commune de Peyriac n’aurait jamais pu remplacer son ancienne piscine, inaugurée en… 1965. En dehors de la période estivale, la nouvelle piscine intercommunale prévoit d’accueillir 25.600 scolaires durant l’année, des collèges de Rieux-Minervois et Olonzac. Les Bains de Minerve abritent également des séances d’aquagym pour les adultes et des horaires sont réservés pour les bébés-nageurs. Les riverains de la station d’épuration de Villesèque, eux, ne souffrent plus des mauvaises odeurs. La petite commune des Hautes-Corbières s’est dotée d’une nouvelle station d’épuration à l’extérieur du village. Elle fonctionne avec des filtres de roseaux plantés, ce qui élimine tous les dysfonctionnements électromécanique antérieurs. L’investissement s’est élevé à 1,2 millions€, soit l’équivalent du budget annuel de la commune. Le conseil général (285. 414 €) a été le principal contributeur, aux côtés de l’Agence de l’eau (302.299 €). « Il a fallu éloigner la station vers un terrain non inondable, ce qui doublait la facture », rapporte Jean-Claude Bouquet, adjoint au maire. Les travaux les plus lourds ont concerné la démolition de l’ancienne station et la pose de près de 1.000 m de canalisations. Au passage, le nouveau réseau capte les effluents de l’auberge du château de Bonnafous, qui peut accueillir jusqu’à 200 personnes au bord de la Berre. Le cœur de village de Saint-Polycarpe se métamorphose. Une place dotée d’une fontaine et un jardin public ont été aménagé au pied des ruines de l’ancienne abbaye. Dans la foulée, une ancienne cave viticole, une grange et un hangar vétuste sont transformés en petit centre culturel. Baptisé « espace abbaye », il peut abriter des concerts, des pièces de théâtre, des expositions ou des réunions associatives. Le montant des travaux s’élève à 450.000 €. Un investissement hors de portée d’une petite commune de 200 habitants. Le département contribue à hauteur de 127.890 € à cet aménagement. Le Conseil Général a voté pour 2014 une enveloppe de subventions d’investissement de 38 533 161 € dont environ les ¾ sont affectés aux communes et à leurs groupements. Ce volume de subventions engendre un montant de travaux de l’ordre de 200 M€. Les travaux réalisés par les communes grâce aux aides du CG bénéficient à 75% aux entreprises audoises. Le Conseil général est donc, de très loin, le premier investisseur du département. Ces subventions se répartissent ainsi : - Voirie & aménagement cœurs de village 5 170 000 € - Bâtiments et équipements publics 7 164 000 € - Eau et assainissement 9 700 000 € - Aménagement des rivières 7 880 270 € - Développement économique & touristique 2 400 000 € - Environnement (bois, déchets, espaces naturels) 2 997 250 € - Habitat & établissements médicosociaux 3 221 641 € Les domaines prioritaires d’intervention sont définis chaque année par les élus du Conseil général mais ils concernent traditionnellement la réfection des réseaux d’eau, d’assainissement et de voirie ainsi que la réhabilitation des bâtiments et équipements publics. Sont privilégiées les opérations qui répondent aux exigences d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, au respect de l’environnement et, dans la mesure du possible, à l’intégration des clauses sociales dans la commande publique. Septembre/octobre 2014 7 Un Territoire équilibré Il y a une vie après La Poste Pour maintenir les services publics au plus près des populations, le Conseil général a inventé les Poms. Reportage dans les Hautes Corbières. La remplaçante de la postière de Laroque-de-Fa porte de multiples casquettes. Les anciens de ce village de moins de 150 habitants se souviennent de l’époque où il fallait se rendre chez l’employée des Postes pour téléphoner. L’ancienne postière du village fut l’une des premières à être reliée au réseau téléphonique. Désormais, Brigitte cumule les emplois de postière, bibliothécaire, conseillère sociale, informatique et touristique. Elle vient tous les jours de la semaine travailler à mi-temps au village. Présente alternativement le matin ou l’après-midi, elle trimballe le reste du temps ses différentes fonctions dans l’un des huit autres POints Multi Services des Corbières. Ces « POM’S » font désormais partie de la vie des villages, où La Poste a fermé ses agences les unes après les autres. Le petit bureau de Brigitte, qui porte toujours les couleurs jaune et bleu de La Poste en devanture, est mitoyen de la mairie du village. Avant l’ouverture du POM’S, en 2001, c’est la secrétaire de mairie qui se transformait ici en postière, quelques heures par semaine. La pièce unique qui accueille le public est encombrée d’un mélange hétéroclite de livres, de magazines, de confitures, charcuteries et produits cosmétiques rangés sur 8 Perspectives n° 231 des étagères ajoutant encore à l’étroitesse des lieux. Le rayon des produits locaux est volontairement peu fourni pour ne pas faire concurrence à l’épicerie du village. Une deuxième pièce, interdite officiellement au public, abrite le photocopieur et deux coffres forts. C’est là que sont déposées les espèces que les titulaires d’un CCP peuvent retirer de leur compte. Le seul distributeur automatique de billets se trouve à Mouthoumet. « Nous sommes surtout là pour dépanner », dit la postière-banquière polyvalente du POM’S. Brigitte est employée par l’ADHCo, l’association de développement des Hautes Corbières qui gère aussi l’aide à domicile dans tout le canton. Pour une population vieillissante qui a parfois du mal à se déplacer, il est crucial de disposer de services publics de proximité. Outre l’affranchissement du courrier, les neuf employés affectés aux POM’S servent de relais pour d’autres administrations, comme la CAF, la CPAM ou Pôle-Emploi. « Nous avons aussi un rôle social », souligne Brigitte. Dans un coin, un ordinateur connecté à Internet permet d’effectuer des télé-procédures. Mais il est bien moins consulté que le panneau où s’affichent toutes sortes d’activités, commerciales ou associatives, proposées sur la commune et les alentours. Des « flyers », tracts, affiches et cartes de visite multicolores témoignent plus sûrement qu’un portail web de la vie d’un des cantons les moins peuplés de France. Des habitués passent cependant toujours au moindre prétexte. « C’est un lieu de services, mais aussi un lieu d’échanges et de vie », résume la secrétaire de mairie. Brigitte accueille aussi les touristes de passage. Elle tient à leur disposition quelques dépliants touristiques et accorde un soin tout particulier à l’étagère où sont présentés des produits locaux. « Parce qu’on fait aussi un peu Office de Tourisme », résume l’employée multicasquette. Où et quand ? Bouisse Mardi, jeudi et samedi de 9h à 12h15 Mercredi et vendredi de 14h à 18h Davejean Lundi, mercredi et vendredi de 9h à 12h15 Mardi et jeudi de 14h à 18h Félines Termenès Lundi, mercredi et vendredi de 9h à 12h15 Mardi et jeudi de 14h à 18h Lanet Lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 9h à 12h30 Laroque de Fa Lundi, mercredi, vendredi de 14h à 18h Mardi et jeudi de 9h à 12h15 Mouthoumet Mardi, mercredi, vendredi et samedi de 9h à 13h Lundi et jeudi de 14h à 18h Soulatgé Lundi, mercredi, vendredi de 14h à 18h Mardi et jeudi de 9h à 12h15 Vignevieille Lundi, mercredi et vendredi de 9h à 12h15 Mardi et jeudi de 14h à 18h Villerouge Termenès Lundi au vendredi de 14h à 18h Septembre/octobre 2014 9 Un environnement préservé Les éleveursde Bordegran Pour entretenir les Espaces naturels sensibles (ENS) qu’il est chargé de protéger, le Conseil général a choisi d’y implanter des éleveurs. Quand il part avec son troupeau vers les collines boisées de chênes verts qui surplombent la petite vallée, Matthieu Vaslin n’oublie jamais ses jumelles et son appareil photo. Le jeune homme était ornithologue en Vendée avant de suivre sa compagne, Annaïg Servain, installée depuis 2010 sur l’ancienne ferme pédagogique de Bordegrande à Laroque-de-Fa. Le couple a choisi d’élever des chèvres du Rove, une race dotée de spectaculaires cornes torsadées qui a bien failli disparaître. L’espèce, originaire des Bouches-du-Rhône, se révèle particulièrement bien adaptée au climat méditerranéen et aux rares pelouses sèches qui résistent à l’avancée du maquis dans ce secteur des Hautes-Corbières où même la vigne ne se cultive plus. Bordegrande, c’est un domaine de plus de 100 hectares acquis par le Conseil général au titre des espaces naturels sensibles. Une grande surface qui n’était plus vraiment exploitée quand la ferme abritait un centre de loisirs pour les enfants du canton de Mouthoumet. Lors de son arrivée, Matthieu Vaslin s’est aus- 10 Perspectives n° 231 sitôt lancé dans la construction de la fromagerie. Un investissement de près de 10.000 € contre la garantie d’une occupation durable. « Il nous fallait un bail de longue durée pour nous engager et bénéficier des aides à l’installation », dit Annaïg. En tant que fermiers, Matthieu et Annaïg verseront pendant 18 ans un loyer annuel de 2.600 € au Conseil général. Le couple s›occupe aussi au quotidien du plan de gestion écologique de l›espace naturel sensible, où l›expérience précédente de Matthieu dans une réserve naturelle de Noirmoutier est particulièrement utile. Tout naturellement, ils ont choisi de produire selon le cahier des charges de l›agriculture biologique. Agriculteurs, et non gestionnaires salariés d›une réserve, le couple vit de la vente de ses fromages et de la viande des chevreaux. « Nous devons prouver qu’on peut encore être paysan à Bordegrande », dit le jeune apprenti berger. Les journées à Bordegrande commencent invariablement par la traite des chèvres, sauf à l›époque des naissances des chevreaux. « Pas de petits, pas de lait, pas de lait, pas de fromages » résume Annaïg Servain. L›éleveuse a également fait le choix de ne pas vendre les chevreaux à des engraisseurs qui les nourrissent de lait en poudre, mais de les garder plusieurs mois avant les conduire à l›abattoir coopératif de Quillan. La viande est ensuite découpée dans un atelier de Couiza. « Cela fait des kilomètres, mais on refuse de voir partir nos chevreaux encore vivants dans des caisses à lapins comme cela se naturalistes de pratique sur de grandes exploitations », dit l›éleveuse bio de Laroque-de-Fa. La traite est un moment privilégié pour s›assurer de la bonne santé de chacun des animaux du troupeau. Le cheptel atteint désormais une centaine de têtes et la traite ne peut plus s›effectuer manuellement, mais les éleveurs reconnaissent toujours leurs bêtes, qui ont chacune leur caractère. Les rations d›orge distribuées pendant la traite proviennent d›une exploitation biologique voisine. « On n’en produit pas nous-mêmes à cause des sangliers, trop nombreux autour de l’exploitation et qui ravagent les cultures », explique Matthieu. Les vieilles pratiques de l›autosuffisance paysanne se retrouvent toutefois à la sortie de la laiterie, où un tuyau alimente directement le cochon de la ferme en petit lait. Contrairement aux éleveurs du Razès ou du Lauragais qui manifestent contre les prédateurs, Matthieu et Annaïg n›ont pas peur du loup. « Nous avons envisagé la présence des prédateurs dès notre arrivée », affirment les deux néo-paysans de Bordegrande. Un gros chien Patou fait partie du troupeau. « La question n’est pas d’être pour ou contre les prédateurs, mais comment se protéger » estime Matthieu. Ecologiste de terrain, il inventorie inlassablement les différentes espèces d›orchidées qui poussent sur les parcours des chèvres au milieu de la forêt. Moderne, il a équipé la chèvre qui fait office de meneuse du troupeau d›une balise GPS pour reconstituer les itinéraires de ses animaux sur ordinateur. Ce suivi s›avère précieux pour éviter le surpâturage qui menacerait les écosystèmes. Les chèvres sont d›excellentes débroussailleuses, mais elles sont aussi capables de raser toute végétation et transformeraient les collines en désert minéral si elles n›étaient pas surveillées. Dans le massif boisé de Laroque-de-Fa, les chèvres du Rove sont d›abord des sapeurs-pompiers de premier choix. Leur présence est une garantie contre les feux de broussailles, qui peuvent rapidement dégénérer en graves incendies. Deux avions trackers jaunes de la protection civile passent dans le ciel de Bordegrande au moment où Matthieu se met en marche avec son troupeau. « Ils font des patrouilles régulières dès qu’il y a du vent » dit le jeune berger, qui n›a pas sorti ses jumelles pour observer ces drôles d›oiseaux. Septembre/octobre 2014 11 Un Olivier Baron, le responsable des pépinières départementales de Nébias et Lézignan environnement préservé La pépinière du canal pesticides : Comment faire sans A partir du 1er mai 2016, l’usage des produits phytosanitaires par l’Etat, les collectivités locales et les établissements publics pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles ou ouvertes au public sera interdit. En 2022, cette interdiction sera étendue aux particuliers. Dans la politique environnementale qu’il met en œuvre comme, évidemment, dans ses propres pratiques, le Conseil général de l’Aude a largement anticipé ces échéances. Pour réduire l’usage des pesticides : -il aide les communes à protéger les captages d’eau prioritaires -il a installé 107 stations dont 27 stations pesticides pour évaluer l’état des rivières. -il subventionne les collectivités territoriales pour l’achat d’équipements et de matériels alternatifs aux pesticides (débroussailleuse, rotofil, etc.) -les pépinières départementales fournissent aux collectivités de plantes adaptées au climat pour constituer des jardins secs. -il fournit de jeunes plants aux agriculteurs pour créer ou recréer des haies. -pour entretenir les bords de route, le Conseil général pratique désormais la fauche tardive (hors période de reproduction des espèces qui habitent les fossés), et la tonte haute (6 à 8 cm) qui empêche la germination de graines indésirables et le développement excessif des mousses. 12 Perspectives n° 231 Les remplaçants des fameux platanes du canal du Midi poussent entre Puivert et Quillan. A la pépinière départementale de Nébias, 600 peupliers blancs attendent la fin de l’automne pour être transplantés sur les berges du canal. Les jeunes arbres ont été plantés il y a trois ans sur les terres de ce village qui présente la particularité d’être situé sur la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée, comme le seuil de Naurouze. Ils vont remplacer les platanes centenaires, victimes du chancre coloré. D’autres essences, plus exotiques, seront plantées au fil des années pour succéder à la fin de règne annoncée des 42.000 platanes jalonnant l’ancien canal royal du Languedoc. Olivier Baron, le responsable des pépinières départementales de Nébias et Lézignan, teste actuellement deux variétés de carya, une espèce de noyer originaire d’Amérique du Nord. « Nous sommes en phase d’expérimentation avec les experts du canal. J’ai commandé 10 kilos de graines, les premiers résultats sont mitigés. Le pacanier (carya illinoisensis) a bien marché, mais la variété cordiforme (carya cordiformis) s’est révélée un fiasco : sur 500 à 600 graines plantés en godets, seules cinq ont germé. Nous avons sans doute été victime d’un lot périmé, car les nouveaux essais lancés cette année ont bien marché. » Pour améliorer les chances d’acclimatation de cet arbre exotique peu répandu sous nos contrées, le pépiniériste du département a multiplié les semis avec du terreau, de la terre de Lézignan et des graviers. D’autres graines ont été directement plantées en pleine terre. Les premières rangées de plants encore fragiles qui poussent à Nébias semblent prometteuses. Les semis sont protégés par une clôture électrique de l’appétit des lièvres, abondants dans le secteur. « On les pouponne, mais pas trop » dit Olivier Baron. Cultivés suivant les préceptes de l’agriculture biologique, les jeunes arbres n’ont droit ni aux engrais, ni aux produits chimiques. L’arrosage des jeunes plants est arrêté dès la première année pour habituer les jeunes plants aux conditions de sécheresse estivale. Olivier Baron se démène encore pour importer des graines d’autres arbres exotiques, préconisés par les experts qui ont défini le programme de replantation du canal. « Je cherche depuis deux ans à me procurer des graines du liquidambar orientalis. Originaire de Turquie, il est considéré dans ce pays comme en voie de disparition. Le chêne à feuille de châtaigner provient d’Iran ou d’A zerbaïdjan, deux pays avec lesquels le commerce n’est pas des plus faciles en ce moment ». Par convention avec VNF, l’établissement public gestionnaire du canal du Midi, les pépinières du département sont engagées dans la replantation de la voie navigable pour les vingt prochaines années. Une contribution en nature estimée à 700.000 €. La pépinière de Nébias devrait s’agrandir de 2 ha supplémentaires pour répondre à la demande. la qualité de vie ouverture D’une banque de stages Après l’énorme succès de son opération « jobs d’été » (plus de 1000 propositions), Acti city installe sur le même modèle en octobre une banque de stages proposés aux jeunes Audois. Il s’agira aussi bien de stages de découverte pour les collégiens de 3e que de stages professionnalisants pour les bacs pros ou ceux qui suivent des études supérieures. La création de cette banque unique, centralisant toutes les informations et toutes les entreprises, était l’une des demandes de la jeunesse audoise, que le Conseil général avait accueillie pour des assises sous la présidence d’André Viola en 2012 et 2013. Ces assises avaient fait le point de la situation, des attentes et des demandes des adolescents et jeunes adultes du département. Les premières réponses commencent donc désormais à entrer dans leur vie quotidienne. Le Conseil général luimême proposera 25 stages à lui seul et sera donc le plus gros contributeur de l’opération. Le but de ces assises était d’élaborer une politique nouvelle de la jeunesse avec elle : c’est LA singularité de ce projet, très rare dans la France entière. Pendant plusieurs mois deux années de suite, les jeunes Audois ont participé à des groupes de parole partout dans le département, ils se sont exprimés sur le site Internet et sur la page facebook dédiés au projet. Ils ont expliqué, détaillé, défendu ce qu’ils craignaient, espéraient, voulaient. Toutes ces propositions ont ensuite été défendues par leurs délégués puis soumises aux élus de l’assemblée départementale. Les assises ont bien entendu reflété les inquiétudes des jeunes Audois : le chômage, la difficulté à se déplacer, le manque d’argent. Elles ont également révélé leur attachement au territoire, à leur identité audoise, à la vie qu’ils ont ici. Comment bénéficier du chèque Passerelle ? Destiné aux élèves boursiers du département, le chèque Passerelle est une aide financière pour que les familles modestes puissent accéder plus facilement aux enseignements et pratiques artistiques et sportifs (cours de musique, de théâtre…, licence dans un club). Pour l’employer, il faut avoir payé l’inscription dans une association sportive, dans une école d’art ou dans une structure type MJC, Francas, Foyers Léo-Lagrange, FAOL. Un chèque du Trésor Public de 50 € vous sera alors adressé. Tous les renseignements sur : www.aude.fr/chequepasserelle Septembre/octobre 2014 13 la qualité de vie Jobs en “drive” Depuis qu’elle a décroché son permis de conduire, Priscilla Pineau a trouvé du boulot chez McDo. A 21 ans, ses revenus se limitaient à quelques heures de ménage par jour dans un autre fastfood de Carcassonne. « Avant d’avoir le permis, je m’en sortais parce que je pouvais aller au travail en bus à côté de chez moi », témoigne la jeune fille qui réside au foyer des jeunes travailleurs du Viguier. Mais son premier contrat est revu à la baisse. Elle ne gagne plus que 300 € par mois. La Mission Locale oriente alors Priscilla vers « Au volant », l’auto-école associative ouverte avec le soutien du Conseil général dans le quartier de La Prade en décembre 2010. « Je n’avais pas les moyens de laisser plus de 1.000 € dans une auto-école classique. Le permis m’a finalement coûté 200 €. Je l’ai eu à la deuxième tentative », raconte la jeune fille qui a intégré l’un des premiers groupes d’élèves de Au Volant. Petite galère supplémentaire pour Priscilla : sa première voiture tombe en panne un mois seulement après son achat. « J’avais oublié de surveiller les niveaux d’huile et d’eau !». Le permis de conduire a toutefois permis à la jeune fille, originaire de la région parisienne, de ne pas rester prisonnière du quartier du Viguier. Outre ses ménages au KFC, elle propose ses services à une enseigne concurrente et décroche quelques heures de travail supplémentaires. Depuis deux ans, Priscilla fait donc chaque jour la tournée des fast-foods de la ville. Grâce à l’auto-école Au volant, et à ses grands-parents qui lui ont offert une Volkswagen Polo d’occasion. 14 Perspectives n° 231 L’auto-école d’insertion, portée par l’association « Alliance Comptoir Emploi », accueille un public de jeunes relevant des dispositifs de l’Aide Sociale à L’Enfance, des missions locales d’insertion, de personnes bénéficiaires du RSA, et présentant des handicaps. En 2013 106 personnes ont bénéficié de l’auto-école à Carcassonne et Narbonne. Mobilité : une nouvelle plateforme à l’Ouest En plus de celle de Narbonne, le Conseil général installera à Alzonne la 2eme plateforme de mobilité du département en novembre. Son but est de permettre à toute personne en recherche d’emploi ou inscrite dans un parcours d’insertion d’accéder à un moyen de se déplacer autonome, pérenne, adapté à ses besoins. Pouvoir se déplacer est en effet souvent la première condition pour trouver un travail… et le garder. La plateforme - réalisera un diagnostic de la situation spécifique de la personne -informera des possibilités déjà existantes (bus, train, réseau de covoiturage du Conseil général, transport à la demande…), -recensera les besoins non couverts, -proposera des solutions transitoires, jusqu’à la location de 2-roues ou de voitures sur une période réduite et à tarifs adaptés, -aidera chacun à trouver une solution définitive. Premier collège “nouvelle génération” : Marcelin-Albert à Saint Nazaire d’Aude… Le Conseil général reconstruit entièrement le collège Les Fontanilles à Castelnaudary et construit un nouveau collège à Lézignan Corbières et une halle de sport à Carcassonne. Des établissements nouvelle génération dont Marcelin-Albert est l’exemple. Sorti de terre en 2006, cet établissement a été le 27ème collège et le premier du département né d’un concept nouveau : celui d’une construction HQE (Haute Qualité Environnementale), conçue pour respecter l’environnement et s’intégrer au mieux dans le paysage. Il est un symbole important de l’action du Conseil général en direction de l’enseignement public secondaire. C’est avec curiosité et enthousiasme que les 523 collégiens, les enseignants et les personnels techniques ont découvert les bâtiments flambants neufs de ce collège « nouvelle génération » lors de la rentrée scolaire. Huit ans après, Yannis, aujourd’hui lycéen à Narbonne, se souvient avec plaisir de son entrée en 6ème dans ce lieu fonctionnel et agréable à vivre. Alors âgé de 11 ans, il découvrait un autre monde : vision de grandeur, impressionné par le nombre de classes, d’élèves et de professeurs. Mais il a su s’adapter rapidement et a trouvé ses marques grâce à cet outil formidable, qui donnait un confort supplémentaire aux études. Pour lui, « les meilleures conditions de travail étaient réunies grâce aux équipements dernier cri des salles spécialisées : CDI, technologie, sciences, arts plastiques, musique, infor- En chiffres sport : Personne n’est exclu ! 97 333 jeunes de moins de 25 ans sur une population totale de 357 844 habitants au recensement 2010, soit 27,2%. En 2040, les moins de 25 ans seront 112 000 pour une population totale de 459 000 habitants, soit 24.5%. 27 collèges publics 14 826 élèves dont 9 898 demi-pensionnaires et 186 internes. Le Conseil général est associé depuis 2010 avec les deux comités départementaux en charge de la promotion du sport et du handicap pour promouvoir la pratique du sport chez les personnes en situation de handicap moteur et de handicap mental (handisport et sport adapté). Il soutient toutes les manifestations sportives d’importance comme le Tour de l’Aude handisport ou le Championnat de France d’escalade en sport adapté qui aura lieu en octobre à Belcaire. Tout au long de l’année, un programme départemental de plein air est proposé aux Instituts médico-éducatifs (IME), aux instituts thérapeutiques éducatifs et pé- matique… ». Mais ce qu’il a le plus apprécié, « c’est la salle dite d’expression libre, un gymnase en somme, où l’on pouvait se lâcher, se détendre et libérer son énergie. Seul bémol, ajoute-t-il avec malice, lui qui est habitué à jouer au basket devant du public : il manque des gradins… » Les 3 établissements de Castelnaudary, Lézignan et Carcassonne porteront aussi le label Haute Qualité Environnementale. Le Département y investit 42 millions €. dagogiques (ITEP) mais aussi à des structures en lien avec le handicap moteur comme l’association des paralysées de France (APF). Le partenariat avec le comité handisport s’inscrit aussi autour de journées découverte aventure (1 journée par mois d’une nouvelle pratique sportive) ou encore de l’organisation du Festival Aude aventure handisport. Septembre/octobre 2014 15 une économie dynamique l’économie sociale et solidaire : Créer de l’emploi autrement Le Conseil général soutient financièrement les projets de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qui, à côté des entreprises privées et du service public, représente la 3e forme d’organisation du travail en France et qui est de plus tellement liée à toute l’histoire audoise. Des corporations médiévales aux confréries de charité du XVIIe siècle jusqu’aux coopératives viticoles d’aujourd’hui, le département de l’Aude a en effet toujours été précurseur dans cette organisation professionnelle où chacun a un intérêt personnel au développement de son entreprise.. L’ESS représente : 1152 associations, 220 coopératives et 41 fondations et mutuelles, soit 12 % des emplois audois. 40 % de ces emplois concernent l’action sociale. Près de 8 % sont des emplois dans les coopératives agricoles, plus du double de la moyenne française : c’est l’une des 16 Perspectives n° 231 spécificités audoises. 50 % des emplois se situent dans la tranche d’âge 25-44 ans. 63 % des effectifs sont à temps complet. Ci-dessous Batiscop : les 3 compagnons Ils ont une petite trentaine d’années, ils sont compagnons charpentiers, patrons et salariés tous les trois. Et comme les trois mousquetaires, ils sont quatre : Tommy, Thomas et Yakob, qui ont créé Batiscop en 2010, viennent d’embaucher un ouvrier pour un chantier obtenu par une autre SCOP débordant d’activité : « On s’échange les commandes, ce sont de bons procédés pour tous ». Ce matinlà, c’est au pied du Bugarach qu’ils travaillent, sur une maison en ossature bois. Pourquoi avoir créée une SCOP plutôt qu’une SARL traditionnelle par exemple ? « C›est le statut qui nous a semblé le plus adapté à notre éthique, car il met la coopération au service du travail. Chacun de nous est impliqué de la même manière dans l›entreprise. » Les poussières de pierre Sébastien Chevrin, 34 ans, vient de reprendre l’entreprise fondée en 1975 par ses parents dans le village d’Airoux, à coté de Labastide d’Anjou. L’entreprise familiale Chevrin-Géli, qui emploie une trentaine de salariés, est spécialisée dans la rénovation des monuments historiques. Elle vient de déménager son siège social sur la zone d’activité commerciale de Fendeille, à proximité de l’échangeur autoroutier de Castelnaudary. , explique le nouveau chef d’entreprise. ChevrinGéli dispose aussi de bureaux d’étude à Toulouse, mais l’entreprise qui travaille autant en Midi-Pyrénées qu’en Languedoc-Roussillon souhaitait conserver son siège dans l’Aude, souligne Sébastien Chevrin. Le déménagement de l’entreprise a représenté un investissement de 1,2 millions €, pour une surface de 5.000 m2. « Le département a contribué à hauteur de Le goût du pays cathare Suite à la perte d’un important marché, les producteurs de fruits du Somail qui alimentent traditionnellement les industriels de la confiture et de la compote se sont lancés en 2005 dans la production de jus de fruits. Après des débuts timides la première année (20.000 bouteilles), l’ancienne coopérative de producteurs de Sallèles d’Aude écoule désormais près de 100 tonnes de pêches et d’abricots, mais aussi de pommes et de poires ou de cerises et de tomates en jus et nectars. Les 120.000 bouteilles produites portent le label « pays cathare ». du tailleur « Il était impensable de se lancer sans l’appui d’une marque » raconte Laurent Ratia, président de Somail fruits. Le dirigeant de l’entreprise, qui siège aussi à la chambre d’agriculture, était convaincu de l’intérêt du label pour installer ses nouveaux produits sur les rayons des grandes surfaces et des épiceries. « Nous avons demandé dès le départ notre rattachement à ce label qui porte la marque du département dans un esprit de filière. » Un cahier des charges a été élaboré, stipulant que les jus doivent être élaborés avec des fruits sains, et non les rebuts comme cela se pratique souvent dans l’industrie agroalimentaire. Le succès est tel que la demande excède désormais les capacités de production de Somail fruits. L’entreprise achète donc aussi des fruits, notamment des pommes et des raisins, à d’autres producteurs. Mais exclusivement dans le département de l’Aude, cahier des charges oblige. « Nous ne prétendons pas que nos fruits sont meilleurs que ceux des départements voisins, mais nous garantissons l’origine de la matière première et la qualité en ne sélectionnant que des bons fruits. C’est ce qui assure notre différence », dit Laurent Ratia. Et la différence, c’est précisément tout ce qui fait la valeur unique de la marque Pays cathare… 13.000 € à la construction du nouvel atelier et 10.000 € pour la modernisation de l’outil de production, dit Sébastien Chevrin. L’entreprise s’est ainsi dotée d’un nouveau système d’extraction de poussières avec rideau d’eau pour la taille des pierres. », se félicite le chef d’entreprise. Le Conseil général est le premier investisseur du département. Un cinquième de son budget bénéficie aux entreprises et aux communes audoises. Soit 100 millions d’euros chaque année pour construire des routes, de nouveaux collèges, des équipements sportifs et culturels, des stations d’épuration … Il a également développé une politique d’aides directes et indirectes aux entreprises : 130 ont été aidées en 2012, 253 emplois créés ou maintenus. Septembre/octobre 2014 17 la solidarité partout Face à la précarité au quotidien Les 9 centres médico-sociaux du département ont accueilli l’an dernier 57 000 personnes, enfants, adultes et personnes âgées. Reportage à Carcassonne. Les plus anciens habitants du quartier du Palais de Justice l’appellent encore « le dispensaire ». Le centre médicosocial (CMS) de Carcassonne-centre est l’un des trois CMS géré par le Conseil général dans la ville-préfecture du département. Outre les habitants de la bastide, ses activités s’étendent jusqu’à la Montagne Noire et le Minervois. « La pauvreté et la précarité ne sont pas nécessairement là où on les attend. Le rural n’a pas l’apanage de la solitude. Nous avons vu des mamans isolées dans des squats du centre-ville », témoigne Geneviève Nova-Soffiati, chef du CMS (en orange sur la photo). Le petit jardin devant le bâtiment qui abrite le centre a lui-même été squatté pendant la nuit par des SDF, 18 Perspectives n° 231 contraignant l’adjointe de Mme NovaSoffiati à déposer une main-courante au commissariat pour les immondices retrouvés dans les jardinières. Les trois CMS de Carcassonne sont de permanence par alternance pour s’occuper des vagabonds qui errent dans les rues de la ville. « Avant toute chose, on leur demande de trouver une domiciliation pour pouvoir monter un dossier d’aide sociale », explique l’une des six assistantes sociales. Une affichette à l’entrée du centre stipule que les chiens doivent rester à l’extérieur. Depuis peu, un vigile est posté en permanence devant le sas d’entrée. « Le personnel a malheureusement été victime d’agressions à répétition qui nous ont contraint à faire appel à une société spécialisée », explique la directrice. Les hôtesses qui reçoivent le public et répondent au téléphone sont enfermées dans un grand bureau vitré accessible avec un badge. Les trois bureaux où le public est reçu en toute confidentialité sont équipés d’une alarme discrète. Même l’accès à la salle de pesée des bébés est commandé par électronique. Ces mesures de sécurité contrastent avec les petites attentions portées aux enfants qui accompagnent parfois les femmes venues en consultation. Une cabane en plastique, un cheval à bascule : les deux salles d’attentes du centre prennent parfois des allures de cour de récréation. Le CMS se compose de deux parties bien distinctes. A gauche, la protection maternelle et infantile (PMI). L’accueil des jeunes mères et leurs enfants, jusqu’à 6 ans, constitue l’activité historique du CMS de la rue du Palais. Une sage-femme et un médecin assurent également le suivi des grossesses, en lien avec la maternité de l’hôpital, et les permanences hebdomadaires du planning familial. Contraception, IVG, test de grossesses ou dépistage du sida : depuis le début de l’année, 200 personnes, en majorité des adolescentes, ont eu recours anonymement et gratuitement aux services du CMS. Dans l’Aude, les centres sont ouverts à tous jusqu’à 25 ans. Le CMS de Carcassonne- centre tient également des permanences hebdomadaires à Rieux-Minervois et l’infirmière fait la tournée des établissements scolaires. « Nous avons mis l’accent sur la prévention grâce à l’équipe pluridisciplinaire complète », dit la directrice. Un programme de détection précoce de la surdité a par exemple été mis en place dans les écoles du département. Dans la salle d’attente du centre social, des magazines de presse féminine se mêlent au Journal de Mickey sur la table basse. Les dix sièges restent rarement vides. « Nous sommes confrontées à une demande accrue d’aide sociale. Parmi le nouveau public accueilli par le CMS, on voit passer des retraités dont les soins sont de plus en plus mal remboursés ou des femmes qui travaillent mais n’arrivent plus à boucler les fins de mois », constate Mme Nova-Soffiati. La plupart des consultations se font sur rendez-vous, mais il faut parfois gérer l’urgence : « quand je suis saisie par le procureur d’une demande de placement d’un enfant, je dois répondre sous 48 heures ». La directrice du CMS dispose d’un réseau d’une soixantaine d’assistantes familiales. Chaque famille d’accueil héberge en moyenne deux enfants. Depuis la loi de 2007, le CMS est également tenu de signaler à la justice tout soupçon de maltraitance infantile. Solidarités : faciliter la vie LE grand projet du département de l’Aude en 2014 est le Schéma unique départemental des solidarités. Son but : répondre plus efficacement aux besoins sociaux des populations. Quel est le diagnostic ? Les politiques sociales et de solidarité sont les compétences essentielles des départements : elles concernent aussi bien la protection de l’enfance que l’accompagnement des personnes âgées, les personnes en situation de handicap que le logement des jeunes, l’aide aux familles qui soutiennent un malade Alzheimer que l’insertion sociale et professionnelle. Dans l’Aude, ces politiques représentent plus de la moitié du budget total du département (230 M€) et impliquent près de 900 agents sur tout le territoire. A l’intérieur du Conseil général, les services du pôle Solidarités sont chargés de les mettre en œuvre, de guider et d’aider les usagers. A l’extérieur, beaucoup d’autres organismes sont aussi chargés d’une mission précise : l’Agence régionale de santé, la Caisse d’allocations familiales, la Mutualité sociale agricole, Pôle emploi, etc. Bien souvent, le même usager a donc affaire à plusieurs personnes, parfois pour la même demande, ce qui rend les choses plus compliquées pour tout le monde. L’idée fondamentale du schéma est de sortir de ce fonctionnement cloisonné pour faciliter les rapports de chacun avec les services publics. Quelles sont les priorités ? 1. Favoriser un accès équitable aux droits et aux services publics sur tout le territoire. 2. Accompagner les personnes et leur environnement pour prévenir la dégradation des situations. 3. Adapter la prise en charge aux projets de vie de chacun. 4. Renforcer le partenariat entre les services publics sur tous les territoires pour en renforcer l’efficacité. Septembre/octobre 2014 19 la solidarité partout Le bus PMI la santé à domicile Le Conseil général a la charge de la Protection maternelle et infantile (PMI) sur son territoire. Mais il se trouve que le territoire de l’Aude est à la fois vaste et parfois vide. Certaines familles n’ont pas les moyens, pas de voiture, pas de possibilité de trouver un cabinet médical près de chez elles. Le bus PMI, c’est donc un cabinet médical ambulant qui vient dans les secteurs ruraux chez ceux qui ne peuvent se déplacer. Depuis le 5 septembre 2013, il propose une consultation de pédiatrie pour les nourrissons et enfants de moins de 6 ans dans un véhicule spécialement aménagé. La consultation, assurée par un médecin et une puéricultrice dans un but préventif, a pour objectifs de suivre médicalement le développement du bébé et de l’enfant, d’apporter des conseils diététiques et d’hygiène de vie, de proposer les vaccinations selon les recommandations en vigueur, de promouvoir et de soutenir l’allaitement maternel, d’accompagner la relation parent/ enfant. 11 communes accueillent le bus : Axat, Belpech, Belvèze-du-Razès, Caves, Couiza, Espezel, Port-Leucate, Salles-surl’Hers, Tuchan, Villesèque-des-Corbières et Villerouge-Termenès. Elles mettent des locaux à disposition, qui serviront de salle d’attente. Les familles, elles, pour être reçues en consultation ont préalablement pris rendez-vous auprès du centre médico-social (CMS) qui correspond à leur lieu d’habitation. La consultation est gratuite. Lieux et horaires : aude.fr Personnes âgées : vivre chez soi Depuis quatre ans, le Conseil général propose aux personnes âgées des journées d’information pour les sensibiliser à la prévention des risques et aux pratiques qui favorisent le bienêtre, le bien vivre et le bien vieillir. Toute la politique du Département à destination des seniors est basée sur un objectif essentiel : leur permettre d’être indépendant et de rester vivre à leur domicile le plus longtemps possible. Les Centres locaux d’information et de coordination (CLIC) de l’Aude leur apportent donc des conseils techniques pour l’organisation des logements, des aides possibles pour améliorer leur habitat, des informations sur la prévention des accidents domes- 20 Perspectives n° 231 tiques, les économies d’énergie, des conseils juridiques. A l’occasion des journées « Bien vieillir dans l’Aude » chaque printemps, ils proposent également des tests de motricité et d’équilibre, des tests visuels et auditifs, la révision du code de la route et une sensibilisation aux risques routiers. Seule condition pour en bénéficier : avoir plus de 60 ans. CLIC CARCASSONNAIS : 04 68 11 35 40 CLIC LAURAGAIS : 04 68 23 71 90 CLIC DE LA MOYENNE ET HAUTE VALLEE DE l’AUDE : 04 68 69 79 60 CLIC CORBIERES MINERVOIS : 04 68 27 89 80 CLIC du LITTORAL : 04 68 90 27 60 Contre la désertification médicale Quelle est la situation ? La densité des médecins dans l’Aude est exactement égale à la moyenne nationale pour la province : 162 généralistes pour 100 000 habitants. Il y a 139 médecins spécialistes pour 100 000 habitants (moyenne nationale pour la province : 159), presque tous installés dans les grandes villes. Près de la moitié des médecins audois ont plus de 55 ans. Quelles sont les perspectives ? La population augmente fortement (+3000 nouveaux habitants/an) et vieillit (le tiers a plus de 60 ans). 156 médecins nouveaux seraient nécessaires d’ici 2020 pour maintenir l’offre de soins actuelle : 132 pour remplacer les départs à la retraite, 24 pour faire face à l’afflux de populations. Or il n’y a aujourd’hui que 164 internes en médecine générale en faculté de médecine à Montpellier pour la région entière. La désertification touche aussi bien les villes que les campagnes : 55 médecins généralistes à Narbonne en 2007, 28 prévus en 2020. Pourquoi estce difficile ? Bien qu’au Sud et en bord de mer, l’Aude accueille moins de 20 nouveaux médecins par an et 3 d’entre eux seulement s’installeront en cabinet. Les étudiants en médecine sont formés à travailler en groupe, en hôpital, en ville. Aucun d’entre eux ne connaît le travail parfois solitaire d’un médecin de campagne, d’autant que 90% des étudiants ont toujours vécu dans des grandes villes. Près des 2/3 de ces étudiants sont des femmes, dont les maris, souvent également très diplômés, demandent un travail correspondant à leur parcours. Que fait le Conseil général ? -il accompagne financièrement les étudiants qui effectuent leur stage de mé- decine générale dans les zones rurales : 3600 € pour prendre en charge leurs frais de logement et leurs déplacements entre Montpellier et leur lieu de stage. 8 étudiants ont déjà profité de ce dispositif. Le but est d’essayer de les convaincre de revenir s’installer dans le département à l’issue de leurs études. -il crée des Maisons de santé pluridisciplinaires qui regroupent dans un même lieu des professionnels de santé : médecins, infirmières, pharmaciens, dentistes. Avantages pour eux : ils ne travaillent pas seuls, ils se partagent les permanences. Avantage pour la population : un service de soins de proximité. Deux MSP fonctionnent à Axat et Tuchan ; 3 sont en cours d’élaboration à Saint-Laurent de la Cabrerisse, Espéraza-Couiza et Durban. -il fait tourner le bus de la Protection maternelle et infantile (PMI) toute l’année dans 11 villages et participe (360 000 €) au financement de l’hélicoptère du SAMU, qui permet l’accès aux soins urgents. Globalement, la population de l’Aude est aujourd’hui mieux prise en charge que la moyenne nationale des départements ruraux. Septembre/octobre 2014 21 la solidarité partout Les services départementaux Chargés de la solidarité Comment s’abonner au nouveau Perspectives ? Mensuel jusqu’à décembre 2013, Perspectives est devenu bimestriel avec des parutions en janvier, mars, mai, juillet, septembre, novembre 2014. Le magazine du Conseil général sera désormais envoyé par courrier à ses abonnés et 50 000 exemplaires seront mis à la disposition de tous les Audois sur des présentoirs spéciaux dans les endroits recevant du public. Le tout gratuitement. Pour vous abonner, deux possibilités : > soit directement à l’adresse : www.aude.fr/perspectives > soit en renvoyant le coupon ci-dessous à : Conseil général de l’Aude, service communication, 11855 Carcassonne cedex 9 Je souhaite recevoir gratuitement le magazine Perspectives à cette adresse : Nom : Prénom : Adresse : Code Postal : Ville : Emplois d’avenir Bonne impression C’est l’histoire d’un coup de foudre. Et pourtant « pour me convaincre, Bernard ne m’a montré que les mauvais côtés de l’imprimerie, raconte Najib : le bruit, le travail répétitif, les charges lourdes à porter. Mais quand on m’a dit que j’étais admis, j’ai fait demi-tour sur la route des vacances pour venir tout de suite ». « J’ai encore aggravé mon cas le premier jour, précise Bernard : je lui ai fait faire le pire travail de tous, le plus ennuyeux : le pliage. Je voulais savoir ce qu’il avait dans le ventre. » Résultat : « l’imprimerie, je ne me vois pas la quitter de toute ma vie ! » Les voilà donc côte à côte pour quelques temps, le très grand jeune homme qui n’a pas mené ses études avec beaucoup de conviction mais sait utiliser n’importe quel logiciel comme si c’est lui qui l’avait créé, et l’imprimeur aux cheveux blancs qui reconnaît au poids et à l’odeur les caractéristiques de n’importe quelle feuille de papier. « En bientôt 40 ans de travail, j’ai vécu plusieurs vies, dit Bernard, tellement le matériel n’a jamais cessé d’évoluer et de s’améliorer. Il a beaucoup plus changé ces 20 dernières années que dans tous les siècles précédents depuis Gutenberg ! » « Moi, je n’ai pas vécu plusieurs vies mais j’ai déjà fait plusieurs métiers avant celui-là, ajoute Najib. Je mesure ma chance d’avoir un emploi stable, c’est tellement exceptionnel à 20 ans. » Lorsqu’il a adhéré au dispositif de ces emplois d’avenir, qui s’adressent aux jeunes sans emploi et sans formation de 16 à 25 ans, le Conseil général a recruté en fonction de ses besoins véritables. Les jeunes qui en ont bénéficié doivent donc normalement intégrer le service qui les forme au bout des 36 mois, dans une fonction dont la collectivité a réellement besoin. Ici, pas question d’emploi-prétexte. D’où sans doute la grande motivation de Najib, « moi qui ne connaissais rien ni personne ». Les deux se complètent donc à la perfection, l’apprenti qui programme finement les ordinateurs et l’artisan qui organise ce qui en sort. « Najib sera le dernier que je formerai, dit Bernard. Je lui trace la route et quand je partirai, il fera aussi bien que moi. » La clé des marchés publics audois Perspectives : Pour accéder à certains marchés publics, le département a demandé que votre entreprise de BTP embauche des chômeurs et des handicapés. Quel bilan tirez-vous de cette exigence ? un jeune pour qu’il puisse suivre son entreprise sur des chantiers. Le taux d’insertion atteint désormais 70%. Chaque année, nous intégrons ainsi un salarié supplémentaire en moyenne dans l’entreprise. Jérôme Escourrou : Dans notre entreprise, qui emploie 60 personnes, ces dispositions ont permis de dégager 7.000 heures de travail, soit deux équivalent temps-plein. Assortir l’accès aux marchés publics de clauses qui favorisent l’insertion des personnes éloignées de l’emploi, quel que soit leur âge, est une mesure qui tend à se banaliser. Le département a été précurseur en la matière. Les entreprises ne peuvent pas régler tous les problèmes de la société, mais elles ont un rôle à jouer. Pour l’emploi des handicapés, les entreprises ne qui jouent pas le jeu sont soumises à des pénalités financières. P. : C’est aussi un moyen de donner la priorité aux entreprises locales pour accéder aux chantiers ? P. : Bilan positif, donc ? J.E. : La principale difficulté est de pérenniser ces emplois. Nos métiers sont durs et il y a beaucoup de turn-over. Mais nous nous sommes vite aperçus qu’à la fin d’un chantier, on avait remis des chômeurs en selle. C’est pourquoi la fédération du bâtiment a monté des groupements d’employeurs. On en recense 8 dans la région LanguedocRoussillon, qui représente 200 entreprises. Ces groupements se chargent de sélectionner les meilleurs profils et de leur proposer des formations en apprentissage, parfois simplement faire passer le permis de conduire à J.E. : C’est effectivement un moyen assez simple de vérifier que l’entreprise est bien ancrée dans son territoire. C’est un critère parmi d’autres, qui permet de préserver le tissu des PME locales en respectant le code des marchés publics. A terme, il faudrait labelliser les entreprises qui jouent le jeu et annualiser les clauses d’insertion pour éviter de multiplier les contraintes au coup par coup. La clause sociale représente 439 marchés publics à ce jour. 120 000 heures d’insertion ont été générées sur les marchés en question, 213 contrats de travail conclus avec les entreprises. Sur les 178 participants concernés, 19 ont obtenus des contrats supérieurs à 840 heures (soit 6 mois de travail), 58 ont obtenus des contrats de travail d’une durée allant de 2 à 6 mois, 101 personnes ont effectué des missions inférieures à deux mois de travail. Depuis le démarrage du dispositif en 2010, le Conseil général a intégré la clause sociale dans 88 opérations propres pour 173 marchés publics. Septembre/octobre 2014 23 trib unes Hervé Baro, Président du groupe Majorité départementale Vice-président du Conseil général Longueur de temps Nous sommes devenus impatients. On dirait que le temps d’un clic de souris sur ordinateur est devenu la mesure de tout : je le veux-clic-je l’ai ! Aménager un territoire requiert au contraire une longue patience parce qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’un exercice d’équilibre : entre ce qu’on souhaite et ce qu’on a les moyens de faire, entre la somme des intérêts individuels et l’intérêt collectif, entre les projets des communes et les besoins de leurs voisines. Conformément aux engagements pris par André Viola, le Département a pris le temps, avant de lancer Audevant de consulter les Audois sur son contenu, pendant l’installation du programme de leur rendre compte de son action. Et bien entendu d’en évaluer, voire d’en réévaluer la pertinence : rester à l’équilibre suppose de toujours savoir où on va et comment on y va. Comment, par exemple, absorber l’augmentation exponentielle du RSA pendant ces 5 ans tout en diminuant la dette. Audevant n’est pas une fin en soi. Aude 2030 le prolonge. Je mesure bien la difficulté qu’il y a à organiser ainsi l’avenir si lointain alors que le présent est déjà, pour beaucoup, si lourd. Et pourtant ! Sans ces grands projets – le Très Haut Débit, la valorisation - notamment économique - du patrimoine, la lutte contre la désertification médicale – notre département n’aura ni présent, ni avenir. Quelles que soient la forme et les responsabilités que la future réforme territoriale lui donnera cet automne, le Conseil général offre cette garantie aux Audois : les prendre tous et chacun en compte. Ce qui ne serait plus possible s’il on supprimait - d’un clic les départements partout, et plus particulièrement dans les zones rurales qu’Audevant a maintenu vivantes. Christian THERON, Conseiller Général du canton de SIGEAN, membre du groupe U.M.P et non inscrits Baisse du quotient familial : plus d’un million de foyers touchés. Alors que François HOLLANDE et Manuel VALLS annoncent une baisse d’impôts pour certains ménages, ce qui reste à vérifier du reste, il convient de souligner, ce qui est réel, la baisse du quotient familial (revenu imposable du foyer divisé par le nombre de parts, servant de base au calcul de l’impôt). Elle va avoir pour conséquence une hausse d’impôt sur le revenu pour 1 074 000 foyers. En effet, en 2013 ce quotient, plafonné à 2 336 € pour une demi-part supplémentaire a été revu à la baisse pour être ramené à 2 000 €. Cette mesure représente une majoration d’impôts de 546 € en moyenne pour chaque foyer concerné. Le rendement de la mesure est lui aussi à la hausse, soit 554 M€ encaissés contre les 490 M€ prévus. Pour la suite, ce n’est pas mieux. Un deuxième abaissement du plafond du quotient familial sera appliqué en septembre 2014. Ainsi, ce plafond baissera de 2 000 € à 1500 €. Cette mesure, votée par les parlementaires, touchera alors plus de 1 300 000 ménages. Ce chiffre ne représente qu’un minima. Très certainement, il sera dépassé. Le résultat de la première mesure, en 2013, a été sous-estimé. Il est fort probable qu’il en sera de même en 2014. Que devons-nous en conclure ? Tout simplement que la baisse dont seront bénéficiaires certains ménages sera très largement compensée par la hausse supportée par les autres, qualifiés de « plus aisés ». Vivement 2017, afin de retrouver un certain équilibre et plus d’égalité. p