Corrigé (plan détaillé) 1. Oui, on peut tout exprimer 2. Non, on ne

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Corrigé (plan détaillé) 1. Oui, on peut tout exprimer 2. Non, on ne
Editions Hatier
Corrigé (plan détaillé)
Introduction1
1. Les titres en gras servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.
1. Oui, on peut tout exprimer
A. Si ce qu’on cherche à exprimer est une idée précise et claire, une signification sensée, le langage est un
système combinatoire de signes, réglé par la syntaxe et la sémantique, qui rend logiquement et matériellement
possible l’expression de notre pensée à autrui.
B. La pensée ne devient claire et consciente d’elle-même que par les mots. Il n’y a donc pas de déperdition
de sens lorsque la pensée prend corps dans l’expression linguistique (silencieuse ou articulée). Tout ce qui est
clairement pensé peut s’exprimer, “ l’ineffable n’[étant] que la pensée obscure, la pensée à l’état de fermentation
”. (Hegel, Philosophie de l’esprit, § 463.)
2. Non, on ne peut pas tout exprimer
A. Certes, la pensée conceptuelle s’élabore et s’exprime adéquatement et intégralement, mais ce n’est pas le
cas des sentiments impressions ou émotions. L’expression dans la langue entraîne une perte d’intensité de ce que
l’on perçoit et de ce que l’on ressent. La vivacité et la nuance qui caractérisent nos sentiments sont figées, voire
anéanties par les mots. Les mots étant les mêmes pour tous les membres d’un même groupe linguistique, ils ne
peuvent rendre compte de la plus intime subjectivité. On ne peut pas tout exprimer à autrui parce qu’on ne peut
exprimer que ce qui est potentiellement compréhensible par tous. (Cette insuffisance du langage est soulignée
par Pascal à propos de la foi religieuse, qui est un “ je-ne-sais-quoi qu’on ne peut exprimer ”.)
B. Si l’expression a pour but une parfaite réceptivité et une compréhension de la part d’autrui, alors tout
n’est pas exprimable, car certains états affectifs ne peuvent être ni compris par les autres, ni partagés avec eux.
Quand bien même j’arriverai à décrire précisément les manifestations de ma douleur, autrui comprendra peutêtre que je souffre, mais il ne souffrira pas comme moi. Ma douleur ou mon angoisse ne s’expriment pas, dans la
mesure où l’interlocuteur ne pourra jamais l’éprouver à son tour du fait de mon discours. Tout au plus pourra-t-il
éprouver de la compassion ou de la sympathie (souffrir avec, en grec).
C. Quand bien même on aurait les moyens d’exprimer l’intégralité de nos sentiments, on ne doit pas tout
dire. Les impératifs moraux peuvent exiger que l’on ne révèle pas ou que l’on transforme ce que l’on sait. (ex.
les Résistants). La bienséance sociale nous contraint également à masquer nos sentiments, nos émotions (les
témoignages d’amour, par exemple, évoluent en fonction des époques et des sociétés).
3. Si pouvoir c’est avoir le pouvoir, nous n’avons pas le pouvoir absolu sur ce qui est exprimé en
nous et par nous
A. Tout ce que nous exprimons n’est pas consciemment pensé ou voulu. L’inconscient peut s’exprimer,
c’est-à-dire se manifester et révéler sa présence sans que nous le voulions, à travers les rêves, les lapsus, les actes
manqués, les symptômes névrotiques… Tout ce qui s’exprime et est extériorisé par nous ne dépend pas de notre
pouvoir conscient.
B. L’artiste peut “ sublimer ” (Freud) les désirs inconscients refoulés qui cherchent à s’exprimer, en
canalisant cette “ énergie ” par la création d’œuvres d’art. Ce qui en nous cherche à s’exprimer – des pulsions
d’ordre sexuel le plus souvent – peut s’exprimer (par l’art) de manière indirecte et transformée, et désormais
acceptable socialement. Ainsi, ce qui est indicible, parce qu’inconscient, n’est pas conceptualisable dans la
langue, mais peut s’exprimer à travers des manifestations sensibles différentes. De plus, l’“ expression ”
artistique rencontre bien une certaine réceptivité, comme toute expression proprement dite, puisqu’en présentant
son œuvre, l’artiste donne à réfléchir et à éprouver, à son public.
C. On peut exprimer l’indicible sans tomber dans l’insensé. Ce qui est exprimé par des voies différentes de
celle du langage reste ambigu (cf.1. A). Néanmoins, ce n’est pas nécessairement un défaut. Si par son œuvre
l’artiste n’exprime pas tout au sens d’un tout, “ quantité ” définie et achevée de sens, il donne peut-être plus à
penser et à réfléchir qu’une phrase univoque qui ne donne lieu qu’à une seule interprétation. De plus, la
perception de la beauté suscite en nous un sentiment d’harmonie intérieure, qui nous paraît devoir être éprouvé
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par tous : on exige qu’autrui partage notre jugement esthétique. Ainsi, c’est de manière tacite, sans expression et
sans passage par le concept, que l’on peut communiquer avec chacun (Kant, Critique de la faculté de juger).
Autrement dit, s’exprimer n’est donc pas le seul moyen de communiquer avec autrui.
Conclusion
Ouvertures
LECTURES
– Kant, Critique de la faculté de juger, Vrin, § 40.
– Hegel, Philosophie de l’esprit, Germer Baillère, 1897, § 463, Remarque.
– Heidegger, Être et Temps, Gallimard, §§ 40-50.
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