DOSSIER DE PRESSE_Heimat

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DOSSIER DE PRESSE_Heimat
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HEIMAT, un mot à sens multiples
Les diverses traductions de « Heimat » :
Pays natal, patrie, région natale, lieu de naissance, (dernier) domicile
« Lorsque le monde ne connaît plus de frontières et que les lieux deviennent
arbitraires, le mot “Heimat” ne rend plus la notion de lieu, mais celle de temps. Le
film est la seule forme artistique qui permet de remonter le cours du temps. Si le
cinéma ne peut pas arrêter le temps qui passe, il peut discourir à son sujet. Le
cinéma peut être une “Heimat”. »
Edgar Reitz
R
obert Musil (romancier autrichien) a écrit sur le mot « Heimat » qu’il signifiait cet autre endroit où
tout ce que l’on fait reste innocent. Après la guerre, le mot « Heimat » est longtemps resté entaché
d’un nouveau sens, né hors des frontières allemandes, qui rappelait la philosophie du « Blut und
Boden » des Nazis.
On peut reconnaître à l’oeuvre monumentale d’Edgar Reitz le mérite d’avoir rendu au mot « Heimat »
toute son universalité. Le film lui a même conféré une dimension plus vaste. Au fil de la trilogie on
comprend la façon dont le concept de « Heimat » a évolué, passant de la caractérisation du lieu à celle
du temps. Avec la disparition progressive des distances physiques, ce terme est devenu un sentiment qui
a de plus en plus à voir avec des périodes de la vie des êtres humains et moins avec l’endroit où ils
résident.
La deuxième série traite des grands changements à l’oeuvre depuis le début des années 60 : la réduction
des distances, l’ouverture de la campagne où l’on ne parlait plus des « nouvelles de la ville » mais où
l’actualité mondiale faisait son entrée dans la ferme, où le monde extérieur venait jusque devant la porte
via les grands canaux de communication.
La troisième série, qui s’ouvre sur la chute du Mur, remet au goût du jour le concept de « Heimat ». En
effet, non seulement les deux Allemagnes sont réunies, mais les frontières se sont également estompées
partout en Europe, les gens se sont mis à la recherche de nouvelles façons de combler leur « besoin de
Heimat ».
Le point fort de la trilogie de Edgar Reitz est son universalité. Bien que l’histoire soit typiquement
allemande, Schabbach pourrait se trouver aussi bien en France que dans les Ardennes, aussi bien dans
les polders néerlandais que quelque part dans les Cotswolds britanniques. C’est la raison pour laquelle
Heimat n’est pas un « film allemand » mais est devenu une chronique de l’Europe du 20e siècle.
SCHABBACH, un village fictif
E
dgar Reitz a installé les personnages de Heimat dans la région du Hunsruck, à Schabbach précisément, un petit village allemand fictif qui ne figure
sur aucune carte. Et ce n’est pas par hasard s’il a choisi le Hunsrück pour sa chronique. Cette région se situe dans le Land de Rhénanie-Palatinat,
tout à fait à l’ouest de l’ancienne République fédérale d’Allemagne. Il s’agit d’une région parsemée de collines entre le Rhin et la Moselle, le Taunus
et l’Eifel, au climat variable. Et c’est là que Edgar Reitz lui-même est né, dans le village de Morbach. Lui aussi a décidé de partir à un certain moment
pour Munich afin d’y faire ses études, tout comme l’un de ses personnages principaux, Hermann Simon.
Depuis le tournage de la trilogie, le Hunsrück, et surtout le village de Woppenroth, qui a servi de modèle pour Schabbach, sont devenus un pôle
d’attraction qui attire chaque année des milliers de « pèlerins de Heimat »... Les habitants de Woppenroth, « le Hollywood rhénan », ont étroitement
pris part à la réalisation du film. Deux panneaux sont d’ailleurs installés à l’entrée du village : « Woppenroth » et « Schabbach ». Cependant, le
deuxième panneau a déjà été volé plus d’une fois, par des chasseurs de souvenirs...
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HEIMAT,
la trilogie de Edgar Reitz
« Nous devons commencer à aborder sérieusement le passé, jeter un regard différent sur l’histoire. »
Edgar Reitz
« Tous les records d’audience étaient battus, et les médias comme les politiques furent unanimes à saluer « l’événement
de société » : l’Allemagne se réconciliait avec son Histoire, grâce à cette chronique intime (…). »
Libération, 15 septembre 1989
« Lors de sa sortie sur les petits écrans d’outre-Rhin, à l’automne 84, cette chronique de la vie d’un petit village du
Hunsrück entre 1920 et 1945 avait provoqué un véritable phénomène de société. A l’heure de sa diffusion, les rues se
vidaient, de la mer baltique jusqu’au fond de la Bavière. L’Allemagne tout entière se passionnait pour les joies et les
peines des gens de Schabbach. »
Le Monde, 13 décembre 1992
HEIMAT 1
HEIMAT 2
HEIMAT 3
Une chronique
allemande
Chronique
d’une jeunesse
Chronique
d’une époque
E
n janvier 1979, Edgar Reitz entreprit la rédaction de la première série des films HEIMAT. Les premières phases de développement du projet se
déroulèrent jusqu’en mai 1979. Une année durant, il visita des villages dans la région de Hunsrück et se documenta. En septembre 1980, la
pré-production commença et le tournage proprement dit eut lieu de mai 1981 à novembre 1982. Après quoi le montage prit une année et la postproduction dura jusqu’en mai 1984. Pour la première série, il aura donc fallu 286 jours de tournage, 28 acteurs et actrices, 140 personnages
principaux et environ 5.000 acteurs et figurants amateurs. 320.000 mètres de pellicule noir & blanc ont été utilisés, ainsi que 120.000 mètres de
pellicule couleurs.
Comme si ce travail de titan n’était pas encore suffisant, Edgar Reitz commença, juste après la première de HEIMAT, sa deuxième série, HEIMAT 2
CHRONIQUE D’UNE JEUNESSE. Celle-ci fut principalement filmée à Munich. La production de la deuxième série commença à l’automne 1985 et fut
achevée à l’automne 1992. Pour HEIMAT 2, 40 premiers rôles, 310 personnages principaux et environ 2.300 figurants ont été engagés.
La production de HEIMAT 3 CHRONIQUE D’UNE ÉPOQUE quant à elle débuta en mars 2002. Le tournage se déroula à nouveau dans la région de
Hunsrück (Woppenroth, Gehlweiler, Simmern) mais également à Wiesbaden, Mayence, Berlin, Leipzig, Dresde, Amsterdam et Munich.
L’envergure totale de HEIMAT, plus de 52 heures de film, rend cette production unique dans l’histoire du cinéma et demeure un évènement marquant
dans l’histoire de la télévision. Le journal italien ”Corriere della Sera” avait placé HEIMAT et HEIMAT 2 parmi les plus grandes réussites du cinéma
européen. Les deux premières séries HEIMAT ont été diffusés dans le monde entier et ont su donner aux spectateurs un sens nouveau au lien qui unit leur
vie au cours de l’histoire. Certains acteurs, surtout ceux dont le personnage évolue à travers les trois séries, racontent que, à l’issue de HEIMAT 3, ils
s’étaient tellement identifiés à leur personnage qu’ils ont éprouvé des difficultés à redevenir eux-mêmes. Selon Edgar Reitz, HEIMAT est un “magnum
opus” qui mérite sa place dans l’histoire du Cinéma, au même titre que de la télévision européenne.
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HEIMAT 1 - Une chronique allemande
(1919-1982) - 11 épisodes – 15h40’
D
ans ces premiers films, l’histoire politique, sociale et culturelle de l’Allemagne au XXe siècle
s’enchevêtre avec les événements de la vie quotidienne de la famille Simon et des habitants du petit
village de Schabbach dans le Hunsrück. Personnage central de cette fiction, Maria Wiegand, fille
d’un riche propriétaire terrien, tombe amoureuse de Paul Simon, tout juste rentré au pays au lendemain
de la Première Guerre Mondiale. Après s’être mariée et avoir eu deux enfants, Anton et Ernst, Maria
pense avoir trouvé le bonheur. Mais un jour, Paul part pour l’Amérique sans crier gare et ne fait plus
parler de lui. Maria reste dans le village dans l’espoir de le voir revenir auprès d’elle. Avec Otto, elle a un
troisième fils, Hermann. Lorsque Maria meurt en 1982, elle n’a jamais quitté Schabbach, mais beaucoup
de choses ont changé en Allemagne...
HEIMAT 2 - Chronique d’une jeunesse
(1960 – 1970) - 13 épisodes – 25h32’
L
e personnage central du deuxième volet est Hermann Simon, qui part étudier la musique à Munich.
Sa vie sentimentale et estudiantine est agitée, c’est pendant ces années-là qu’il devient adulte.
À Munich, il rencontre Clarissa, le grand amour de sa vie, mais Helga et Schnüßchen ne le laissent
pas non plus indifférent. La vie de bohème qui caractérise Munich dans les années 1960 nous est contée
au travers de Hermann et de ses amis. C’est l’époque de la contestation et de la montée de la contreculture. Les jeunes tentent leur chance en tant que réalisateur, les artistes cherchent d’autres modes de vie
et les étudiants s’opposent à l’establishment. Mais la révolte étudiante dérape progressivement et
débouche sur les premières manifestations de violence qui feront vaciller les fondements de l’État de droit
allemand : la Rote Armee Fraktion…
HEIMAT 3 - Chronique d’une époque
(1989 – 2000) - 6 épisodes – 10h58’
L
e premier film s’ouvre le 9 novembre 1989 sur la chute du Mur et dépeint les bouleversements et la
désorganisation qui ont suivi. Tout le monde est envahi par l’euphorie de la réunification des deux
Allemagnes. Hermann Simon et Clarissa Lichtblau se retrouvent après une longue période et
redécouvrent l’amour qu’ils avaient eu autrefois l’un pour l’autre et partent pour le Hunsrück. La maison
Günderrode, qui surplombe la vallée du Rhin et que Hermann et Clarissa restaurent avec passion, est le
point autour duquel s’articule cette chronique. De jeunes travailleurs d’Allemagne de l’Est y viennent
travailler, des amis de Berlin et de Munich s’y retrouvent, des Allemands russes du Kazakhstan prennent la
direction du Hunsrück et de jeunes gens viennent s’y installer. Chacun se trouve confronté aux
changements qui touchent la mobilité, les télécommunications, le travail, les modes de vie, etc. Mais tous
rêvent des nouvelles possibilités que la nouvelle Allemagne peut leur offrir.
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HEIMAT, la chronique d’une famille allemande à travers le XXe siècle.
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EDGAR REITZ, réalisateur
E
dgar Reitz, fils d’horloger, est né à Morbach, dans le Hunsrück, en 1932. Il a étudié
la littérature allemande, l’histoire de l’art et le journalisme à Munich.
En 1953, il a fondé le « Studentisches Zimmertheater », rebaptisé un an plus tard
« Studiobühne an der Universität München », et s’est énormément investi dans le théâtre.
C’est au cours de ces années qu’il a fait ses premiers pas dans le monde de l’audiovisuel
en tant qu’assistant caméraman, assistant monteur et assistant réalisateur. Il a également
tourné des documentaires, des films industriels et quelques courts-métrages.
Puis il rejoint l’« Oberhausener Gruppe » qui, en 1962, a donné naissance au « jeune
cinéma allemand » et a déclaré mort le « Cinéma de papa ». Avec d’autres jeunes réalisateurs, entre autres Alexander Kluge,
il a fondé en 1963 l’institut cinématographique à l’école supérieure de design d’Ulm : la première école cinématographique de
la République fédérale d’Allemagne, qui a fermé ses portes en 1968. Pendant 8 ans, il y enseigne la mise en scène de théâtre
et la théorie cinématographique.
Sa première fiction est sortie en 1966, Mahlzeiten, pour laquelle il a reçu le prix des jeunes talents au Festival du film de Venise
en 1967. Au cours des années 60 et au début des années 70, il a réalisé des documentaires et des films expérimentaux, qui
seront salués partout dans le monde et plusieurs fois récompensés. Le plus remarquable étant Die Geschichten vom Kübelkind.
Il a fondé sa propre société de production en 1971, la Edgar Reitz Filmproduktion, pour laquelle il a non seulement écrit et
dirigé la mise en scène de six films, mais également attiré de jeunes réalisateurs talentueux. Dans le même temps, il a publié
des livres sur la théorie et l’esthétique cinématographiques, mais également des oeuvres narratives, des essais, des poèmes
ainsi que les versions littéraires de ses films.
Il a entamé son projet HEIMAT en 1979, une « chronique romanesque » en 11 parties, non destinée au cinéma, mais à
d’autres formats. La série, achevée en 1984, a connu un tel succès qu’elle a finalement été projetée en salle. La 2e série,
HEIMAT chronique d’une jeunesse, a également été acclamée dans le monde entier en 1992. La 3e série, HEIMAT 3 chronique
d’une époque, a connu le même accueil lors de sa projection dans les salles.
En 1995, l’Institut du Cinéma Européen EIKK est fondé à Karlsruhe. Reitz y est Professeur de Cinéma à la Nationale Hochschule
für Gestaltung.
FILMOGRAPHIE
1958
1960
1960
1961
1963
Schicksal einer Oper, court-métrage.
Baumwolle, court-métrage.
Yucatan, court-métrage.
Kommunikation –Technik der Verständigung, court-métrage.
Geschwindigkeit : Kino Eins, court-métrage.
Prix du film allemand
1965
1966
1966
Variavision.
Die Kinder, court-métrage.
Mahlzeiten, fiction.
Lion d’argent “Opera Prima” de Venise et prix du film allemand
1967
1968
1969
1970
1971
1973
1976
1978
1980
1984
Die Geschichten vom Kübelkind, fiction en 23 épisodes.
Das Goldene Ding, fiction.
Die Reise Nach Wien, fiction. Prix Ernst Lubitsch
Stunde Null, fiction.
Der Schneider von Ulm, fiction.
Geschichten aus den Hunsrückdörfern, documentaire.
Heimat 1, une chronique allemande, chronique en 11 parties.
Prix de la presse Fipresci de Venise
1985
1992
Fußnoten, fiction expérimentale.
Filmstunde, documentaire.
Cardillac, fiction.
1994
Lion d’argent de Venise et prix du film allemand
2004
Filmgeschichte(n). Die Stunde der Filmemacher. Quatre téléfilms.
Heimat 2, chronique d’une jeunesse, chronique en 13 parties.
Lion d’Or à Venise et Prix BAFTA
Die Nacht der Regisseure, documentaire
(en collaboration avec d’autres réalisateurs).
Heimat 3, chronique en six parties.
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HEIMAT 3 en 6 épisodes,
SORTIE INÉDITE AU CINEMA,
LE 29 MARS 2006
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n 2002, Edgar Reitz complète sa trilogie avec HEIMAT 3 CHRONIQUE D’UNE ÉPOQUE, six
nouveaux films au cours desquels il parcourt la dernière décennie du 20e siècle, de la chute du Mur
de Berlin en novembre 1989 à la Saint Sylvestre 1999.
Edgar Reitz a écrit le scénario avec Thomas Brussig, originaire des Cantons rédimés. Il a également porté
une attention particulière à la manière dont les Allemands de l’Est et de l’Ouest se sont progressivement
retrouvés.
On y rencontre des personnages familiers de HEIMAT 1, les frères d’Hermann qui appartiennent à la
génération plus ancienne : Anton, reconnu comme le patriarche et le fondateur de ”Simon Optical
Works“, et Ernst, aventurier, pilote et collectionneur d’art. Mais aussi de nouveaux venus, parmi lesquels
les quatre ouvriers d’Allemagne de l’Est, Gunnar, Udo, Tillmann et Tobi.
HEIMAT 3 est aussi le témoin de tous les changements significatifs de l’époque: la mobilité nouvelle, le
triomphe de l’informatique et des télécommunications, la valse des emplois, de la famille et d’une nouvelle
façon de vivre.
HEIMAT 3 et La maison Günderrode
A
chaque nouveau volet de Heimat, une maison a joué un rôle.
Dans Heimat 1, c’est la maison du forgeron, la maison de la famille Simon à Schabbach où tous se retrouvent.
Dans Heimat 2, c’est la villa Fuchsbau à Munich.
Dans Heimat 3, on retourne dans le Hunsruck, avec la maison Günderrode, la romantique maison en bois que Hermann et
Clarissa achètent et rénovent. Schabbach y est à quelque pas seulement. Cette maison a été spécialement reconstruite au
sommet d’une colline de la vallée du Rhin. Le déplacement d’un bâtiment historique existant représenta un énorme défi qui
demanda aux restaurateurs plusieurs mois de travail.
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Fiche Artistique
HERMANN SIMON
CLARISSA LICHTBLAU
ERNST SIMON
ANTON SIMON
HARTMUT SIMON
MARA SIMON
LULU SIMON
GUNNAR
UDO
GALINA
JANA
TILLMANN
Henry Arnold
Salome Kammer
Michael Kausch
Matthias Kniesbeck
Christian Leonard
Constance Wetzel
Nicola Schössler
Uwe Steimle
Tom Quaas
Larissa Iwlewa
Antje Brauner
Peter Schneider
TOBI
Heiko Senst
MONI
Julia Prochnow
PETRA
Karen Hempel
REINHOLD
Peter Götz
RUDI
Bertold Korner
LENCHEN
Christel Schäfer
MATKO
Patrick Mayer
MAX MEISE
Benjamin Krämer-Jenster
HERR BÖCKLE
Rainer Guldener
DIETER SIMON
Andreas Külzer
GISELA SIMON
Jutta Altmeyer
Et beaucoup d’autres encore…
Fiche technique
Réalisé par
Scénario
Image
Monteur
Directeurs de production
Costume
Maquillage
Casting
Son
Mixage
Musique
Producteurs délégués
Producteur
Production
Co-production
Edgar Reitz
Edgar Reitz / Thomas Brussig
Thomas Mauch (1-4) / Christian Reitz (5-6)
Susanne Hartmann
Franz Bauer (1-2) / Michael Fechner (1-2) / Irmhild Gumm (3-6)
Rosemarie Hettmann
Paul Schmidt / Ariane Wisniewski
Petra Kiener
Gunnar Voigt
Max Rammler
Nikos Mamangakis / Michael Riessler
Dietrich Mack, SWR / Karl-Heinz Staamann, MDR
Robert Busch
Edgar Reitz Filmproduktion
SWR, ARD, ARD Degeto et ARRI CINE TECHNIK GmbH & CoKG et
Recorded Picture Company – Jeremy Thomas
Spécificités techniques
Allemagne – 2002 – Durée : 10h58’ – 6 épisodes – 35 mm – couleur – Dolby digital – Format 1.85 – VOSTF
Notes de Production de HEIMAT 3 :
Premier jour de tournage : 20 Mars 2002
Dernier jour de tournage : 11 Octobre 2003
Soit 61 semaines, 246 jours
Décors extérieurs et intérieurs : dans le Hunsrück et dans les villes de Oberwesel, Frankfort, Wiesbaden, Mainz, Berlin, Leipzig,
Dresden, Amsterdam, Munich.
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Les 6 épisodes de HEIMAT 3
Chronique d’une époque
EPISODE 1
Le peuple le plus heureux du monde - (1989) – 105 min.
Hermann et Clarissa se rencontrent le soir du 9 novembre 1989 et tombent dans les bras l’un de
l’autre dans un hôtel berlinois. Hermann est devenu un chef d’orchestre connu et Clarissa une
chanteuse célèbre. Clarissa lui avoue son rêve de toujours : une maison où elle aurait voulu vivre
heureuse avec lui car elle ne l’a jamais oublié. Hermann part avec elle la nuit même. Le bonheur de ce
nouveau départ est total. Il achète la « maison de Günderrode » – qui doit son nom à la poétesse
romantique qui y aurait vécu. Ils doivent régulièrement se quitter en raison de leur carrière musicale.
Lorsqu’ils sont sur la route, ils s’écrivent des lettres d’amour. Petra, l’épouse de l’ouvrier du bâtiment
Gunnar, le quitte pour Rheinhold, l’agent de Hermann. Les Allemands réunis fêtent la Saint Sylvestre à
Berlin dans l’euphorie. Gunnar reste seul chez lui.
EPISODE 2
Les champions du monde - (1990) – 96 min.
8 juin 1990. La maison Günderrode est prête. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement la pendaison de
crémaillère mais aussi le match d’ouverture de la Coupe mondiale de football. Clarissa et Herman ont
notamment invité le frère aîné de Hermann et sa famille, les ouvriers saxons Udo, son épouse et ses
fils, Tillmann et Moni, sa nouvelle amie, Petra, ses deux enfants et Reinhold. Le lendemain matin, Ernst
part de bonne heure avec son Cessna vers l’est. Cette fois-ci, il veut réussir un coup avec des objets
d’art provenant des archives de l’Union soviétique en pleine décomposition. Hermann et Clarissa se
promettent de libérer du temps pour le passer ensemble dans leur maison. La finale de la Coupe
mondiale de football réunit toute l’Allemagne, y compris les protagonistes, dans la célébration de la
victoire.
EPISODE 3
L’arrivée des Russes - (1992-93) – 120 min.
Septembre 1992. Les Américains quittent le Hunsrück. Ernst Simon revient après avoir passé 2 ans
dans une prison soviétique. Avec lui reviennent également des Allemands russes des républiques
soviétiques. Les familles russophones emménagent dans les maisons des Américains. Clarissa souffre
de bourdonnements d’oreilles. Lulu, la fille que Hermann a eue de son mariage avec Schnüßchen,
arrive à l’improviste en compagnie de deux amis. Hartmut, le fils d’Anton, patriarche et fondateur de
la « Simon Optik Werke », entre en concurrence avec son père. Hartmut et Anton s’affrontent. Hartmut
s’en va dans sa Porsche et entre en collision avec le taxi qui ramène Lulu et ses amis du restaurant.
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EPISODE 4
Tout le monde va bien - (1995) – 126 min.
Automne 1995. Clarissa prend de nouveaux engagements. Hermann, qui a lui-même été un musicien
passionné, est aujourd’hui jaloux de sa partenaire de chant. Dans son désespoir, il retrouve cependant
le goût de la composition. Âgé de 75 ans, Anton profite de ses vieux jours. Il a reçu une médaille du
mérite et est à présent directeur de l’équipe de football, mais il meurt peu après d’une crise cardiaque.
La crémation d’Anton et l’inhumation de son urne mettent Schabbach en émoi. À son retour dans la
maison de Günderrode, Hermann trouve Clarissa désespérée et en pleurs. Elle est tombée malade et
a dû interrompre sa tournée. Inquiet, il la prend dans ses bras.
EPISODE 5
Les héritiers - (1997) – 101 min.
1997. Sans enfant, Ernst prend sous sa garde Matko, le fils de 14 ans d’un réfugié yougoslave. Il veut
construire un musée à Goldbach et créer une fondation pour son impressionnante collection
d’expressionnistes. Le cancer de Clarissa prend les allures d’une odyssée passant par salles
d’opération, hôpitaux et thérapies. Les nouveaux habitants de Schabbach, qui vivent dans leurs
élégantes maisons de campagne, ne veulent pas voir se déverser dans le village des flux de visiteurs
d’un musée. Lorsque l’administration communale lui refuse le permis de bâtir, Ernst monte dans son
petit avion et s’écrase contre le rocher de la Lorelei. La « Simon Optik Werke » vit une succession de
crises. Hartmut, qui n’arrive plus à payer les intérêts, a besoin d’argent pour sauver l’entreprise de la
banqueroute. La mort d’Ernst entraîne une violente querelle à propos de l’héritage, dont l’issue est
dramatique.
EPISODE 6
Adieux de Schabbach - (1999) – 110 min.
Le 9 août 1999, le jour de l’éclipse solaire, Hermann et Clarissa sont à Munich pour leur tournée
commune avec la « Chanson de Günderrode ». Hermann apprenant la mort de Rudi, l’aubergiste de
Schabbach, part pour le Hunsrück. Tout le village est présent pour rendre un dernier hommage à
l’aubergiste. La collection d’art d’Ernst, stockée dans une ancienne mine, est ensevelie par un
tremblement de terre. Le lendemain, Lulu ne peut que constater que son « trésor du Nibelungen » a
définitivement disparu. La fête de la Saint Sylvestre prend les allures de réunion. Lulu la passe avec
Roland, qui est atteint du sida et dont la fin est proche. Le matin du nouvel an, Lulu est accueillie dans
la maison de Günderrode par un air de musique joué au piano par Lucas : passionné de musique, le
garçon a appris toute une sonate de Mozart...
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INTERVIEW de EDGAR REITZ
pour la sortie de HEIMAT 3
Quand avez-vous su que vous alliez vous attaquer à
HEIMAT 3 ?
Directement après la diffusion de HEIMAT 2, j’étais très enthousiaste. Je voulais continuer à utiliser Ie flux
de cette langue de conteur. Je l’ai ressenti très fort l’année où HEIMAT 2 était acclamé dans le monde
entier et j’ai voulu continuer directement. Les nombreuses rencontres avec le public, les critiques
triomphantes, les milliers de journaux dans lesquels tous ces étrangers m’ont fait confiance dans la façon
de raconter leurs histoires, tout cela a été si inspirant que j’aurais pu écrire une nouvelle histoire à chaque
minute. Ca ne m’a donc pas pris très longtemps pour rassembler assez de matière pour un troisième
HEIMAT et je n’ai pas pu résister à l’envie de continuer. Ces élans créatifs ont malgré tout dû endurer
l’épreuve du temps puisqu’il a fallu 9 ans avant d’avoir pu réunir l’ensemble du financement nécessaire
pour commencer le film. Une chose était sûre depuis le début : je voulais retourner dans le décor où
HEIMAT avait commencé, dans le Hunsrück.
Donc, le décor de HEIMAT 3 était la conséquence d’une
impulsion plus qu’une phase historique spécifique ?
Il y a un lien très étroit entre le lieu et le temps. Aussitôt que je décris un lieu, je suis en contact avec son
histoire. Dans cet état d’esprit, chaque décor est un lieu historique. L’envie de retourner dans la région de
Hunsrück était présente dès le début. Mais il y avait une certaine timidité: qu’étaient devenus ces endroits
qui furent un jour si familiers ? Comment l’histoire contemporaine, notamment cet évènement historique
qui nous avait tous changés, la chute du Mur de Berlin en 1989, se reflétait-elle là-bas, dans les choses,
dans les gens ? J’ai trouvé excitant d’explorer cette histoire, non pas uniquement à Berlin ou en Allemagne
de l’Est mais aussi dans un endroit de l’Allemagne de l’Ouest qui est complètement différent de l’image
que tout le monde semble en avoir.
Où étiez-vous lors de la chute du Mur, comment l’avezvous vécu ?
En automne 1989, j’étais en train de filmer HEIMAT 2. Le soir du 9 Novembre, j’avais un rendez-vous
avec une actrice. Quand j’en suis sorti, j’ai décidé de traverser Schwabing à pied pour rentrer à la
maison. En passant devant un des immeubles de la Fraternité estudiantine, j’ai entendu chanter
joyeusement le “Deutschland über alles”. Ils étaient en train de chanter le prétendu premier verset
nationaliste, quelque chose que personne n’aurait osé faire avant. Sur le moment, ça m’a un peu effrayé.
Personne n’avait alors la moindre idée que les Néo Nazi apparaîtraient en Allemagne de l’Est peu de
temps après. La chute du Mur a eu d’immédiates conséquences sur le tournage en cours. Dans une des
séquences de HEIMAT 2, les protagonistes voyagent sur la route de transit entre la RDA et Berlin. Chacun
d’entre nous a fait ce voyage un nombre incalculable de fois et on connaît tous l’absurdité des contrôles
et tous les soucis auxquels on est confronté en chemin. J’avais imaginé décrire dans le film un tel voyage
à travers la RDA. Quelques semaines auparavant, j’avais d’ailleurs rempli avec les autorités les
demandes d’autorisation de tournage. J’avais la sensation qu’ils me laisseraient filmer le long de cette
route. Le mur est tombé alors qu’on s’approchait de la date de tournage. Un peu plus tard, j’ai donc pu
tourner cette séquence du film sans aucune permission. On a vraiment pu filmer au moment même où
tout cela était en train de se passer. Des officiers qui, quelques semaines plus tôt faisaient partie des
patrouilles de douanes qui fouillaient les véhicules venant d’Allemagne de l’Ouest, jouaient maintenant le
rôle de renfort. J’ai pu mettre les mêmes officiers de douanes dans leur petite baraque et les utiliser aussi
pour surveiller les convois que l’on avait amenés pour le film.
Qui sont les héros de HEIMAT 3 ?
Je ne suis pas sûr que ce soit un individu plutôt qu’un couple qui assume le rôle du héro: Hermann et
Clarissa, Gunnar et Petra, Hartmut et Galina, Tillmann et Moni, mais il y a aussi des personnages seuls,
comme Ernst, ou Anton, ou encore le jeune Matko, ou la magnifique Lulu. La nuit du Nouvel An 2000, elle
fait une petite sortie avec des amis sur les quais du Main à Frankfurt. Une question intérieure la taraude:
est-ce qu’il y a pour elle quelque chose d’important a posséder à part la prospérité et la sécurité ? Son
compagnon veut savoir quel rôle l’amour joue pour elle dans sa vie. Lulu ne semble pas savoir ce qu’est
l’amour, elle se sent complètement perdue. HEIMAT 3 se termine sur Lulu en larmes. Elle a tout juste 33
ans, ce qu’Hermann appelle l’age du Christ.
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Comment se passe le casting ? Travaillez-vous avec une
agence ?
On peut dire que j’ai créé ma propre agence de casting avec Petra Kiener, qui a fait partie de mon équipe
et qui a été ma conseillère pendant de longues années. Petra a fait un travail fantastique sur HEIMAT 3. Elle
a travaillé avec des agences, des théâtres, des écoles d’art dramatique, et avec des collègues, elle a
préparé chaque rôle à trouver. Des mois durant, elle a reçu des photos et des vidéos, elle a pris des rendezvous pour rencontrer des centaines d’acteurs. Il faut dire qu’il y a 93 “rôles parlés” dans HEIMAT 3.
Quels ont été les rôles particulièrement difficiles à
trouver ?
Tobi, par exemple. Purement du point de vue de son apparence: de longs cheveux roux, une sorte de vieil
hippie d’Allemagne de l’Est. C’était aussi très important que les dialectes parlés soient authentiques et
donc que les acteurs soient vraiment originaires de ces régions afin qu’ils soient spontanés et naturels. J’ai
fait beaucoup d’essais durant l’automne 2001 pour lesquels j’ai engagé une petite équipe, ainsi qu’un
costumier. Thomas Mauch s’occupait de la caméra. Les acteurs étaient habillés et maquillés en fonction de
leur rôle et de leur profil. J’ai écrit des scènes spécifiques pour les essais parce que je ne voulais pas
“fatiguer” en quelque sorte les scènes originales du scénario. D’autres parties du casting ont également eu
lieu dans le Hunsrück par la suite. En plus des rôles parlés castés avec des acteurs professionnels, il y
avait aussi quelques 150 autres rôles que j’ai pu trouver dans la région. Les Russes allemands, dont la
langue m’intéressait particulièrement, ont été plus difficile à trouver. Le jeune Matko de 14 ans, qui joue
un rôle clé important dans la cinquième partie devait aussi être le plus authentique possible. Plusieurs
essais ont eu lieu durant un an juste pour ce rôle jusqu’à ce que nous ayons trouvé en Patrick Mayer le bon
jeune Hunsrückois.
Quand avez-vous décidé que les rôles de Clarissa,
Hermann, Anton et Ernst seraient joués, dans ce
troisième volet, par les mêmes acteurs que dans HEIMAT
ou HEIMAT 2 ?
En fait, le rôle de Clarissa pouvait difficilement être tenu par quelqu’un d’autre que Salome Kammer. Elle
joue le rôle d’une chanteuse et doit chanter “live” à plusieurs reprises. Si l’on montre Clarissa dans un
opéra, lors d’un concert, ou sur des scènes plus petites, le rôle ne sera véridique que si l’actrice peut
l’assumer entièrement. Il était dès lors logique que son partenaire soit encore joué par Henry Arnold
(Hermann Simon). Les dix-sept ans qui sont supposés s’être passés entre les suites des films étaient un
véritable défi pour le maquilleur Paul Schmidt qui a fait un travail fantastique sur Marita Breuer dans rôle
de Maria dans le premier HEIMAT. Michael Kausch (Ernst Simon) et Matthias Kniesbeck (Anton Simon)
avaient vieilli de 20 ans depuis HEIMAT mais ce n’était pas suffisant. Selon le scénario, 40 ans s’étaient
passés. Je pourrais passer des jours à vous raconter ce que le maquilleur, le costumier, et les acteurs ont
traversé pour pouvoir assumer les marques du temps et de leurs rôles. Tout cela s’est déroulé bien avant
que le tournage ne commence et a également influencé le casting.
Propos recueillis par Ingo Fließ
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HEIMAT 1 - SORTIE DU
COFFRET 6 DVD, 11 épisodes,
le 23 MARS 2006
P
résenté à la télévision allemande en 1984, le premier volet de la grande saga Heimat a battu les
records d‘audience outre-Rhin : deux fois par semaine, douze millions d’allemands ont ouvert leurs
postes pour suivre la vie des habitants de Schabbach. Beaucoup, beaucoup plus que pour Dallas !
Le chancelier Kohl a lui même évoqué cette saga, il a souligné que Heimat répondait aux questions :
« Qui suis-je ? D’ou suis-je ? Comment en suis je arrivé à être ce que je suis ? »
Infos :
*Heimat 1 fut l’évènement du Festival du Film de Venise en 1985, projeté sur la vive recommandation de
cinéastes allemands comme Werner Herzog, Wim Wenders et Margarethe Von Trotta.
*C’est grâce à Patrice Chéreau et son équipe, qui projetèrent les 11 épisodes de Heimat 1 au théâtre des
Amandiers à Nanterre, que la grande saga fut introduite en France. Ce fut un succès inattendu.
*Dans ce premier volet de la grande saga Heimat, on découvre les amours du jeune Hermann Simon avec
Klarcher, interprétée par la nouvelle star du cinéma allemand de l’époque : Gudrun Landgrebe.
Échos dans la presse lors de la sortie de HEIMAT 1 en 1984
« Heimat, œuvre novatrice, lucide, inspirée, sur le pays natal, la patrie historique et affective, est le grand film allemand du
siècle. »
Le monde 22 novembre 1984
« L’œuvre a l’élan et l’épaisseur de ces très bons romans qui vous donnent l’envie de se mettre au lit un samedi matin pour
s’y plonger jusqu’au dimanche soir »
Libération, septembre 1984
« Avec Heimat, le cinéma retrouve la noble fonction didactique qu’avait voulu lui donner Rossellini dans les grandes séries
télévisées qu’il tournait au soir de sa vie (…) »
L’humanité, 11 septembre 1984
« Au cours de discussions furieuses, de débats radiophoniques passionnés, d’empoignades mémorables, les Allemands se
sont, enfin, souvenus. Ils ont parlé. Heimat a été leur cure de psychanalyse. Et ses personnages les catalyseurs de la
mémoire. »
Télérama, 21 novembre 1984
« Le premier jour, la salle n’est pas pleine. Le second, il faut arriver en avance pour pouvoir entrer. Le troisième, des projections
de rattrapage doivent être organisées pour les confrères qui avaient raté le début. C’est ce qu’on appelle un bon bouche à
oreille, qui s’est conclu par une marée d’applaudissements le dernier jour (…). Si la publicité met un jour sur l’affiche : « la
critique unanime », pour une fois, elle ne mentira pas. »
L’humanité, 11 septembre 1984
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ENTRETIEN de EDGAR REITZ
pour les Cahiers du cinéma
lors de la sortie de HEIMAT 1 en 1984
Diriez-vous que Heimat est une psychanalyse, à l’échelle
d’un pays et de soixante ans de son histoire ?
« Le film a beaucoup à voir avec la psychanalyse, beaucoup plus qu’avec des jugements politiques ou
moraux. L’importance était d’ouvrir les mémoires, c’est un problème capital en Allemagne. Après la
guerre, les Allemands ont réalisé qu’ils avaient participé à un système criminel, et ils ne savaient pas
jusqu’où ils étaient personnellement impliqués, tant ce système faisait partie de leur vie quotidienne. Ils ne
savaient pas si c’était compromettant d’avoir envoyé son fils faire du sport ou d’avoir voyagé avec un
organisme public…Du coup, les gens ont préféré tout oublier et recommencer une nouvelle vie. Et c’est
devenu un mécanisme. L’ensemble de la société a pris l’habitude de se passer de mémoire collective.
Quand ce mécanisme est déclenché, il se reproduit, c’est un phénomène bien connu en psychanalyse. Et il
ne se produit pas seulement chez les vieux, il se transmet aux générations suivantes. Heimat ne veut pas
seulement mettre en lumière une période occultée, mais s’attaquer au processus lui-même. »
Comment les Allemands ont-il réagi à la diffusion de
Heimat ?
« Le passage de Heimat à la télé allemande a eu des effets considérables. J’ai reçu énormément de lettres,
où les gens racontent leur propre histoire, sur le mode de Heimat. Le film leur a donné du courage. La
WDR a rassemblé plus de 1000 lettres de ce type, qui formeront la matière d’un livre. Heimat sert a
rappeler aux gens qu’ils ne sont pas seuls (…). Ces lettres représentent un échange, une remise en
circulation d’histoires privées. Le film a décloisonné les mémoires. Il me semble qu’il correspondait à une
attente : les gens étaient prêts, alors qu’ils ne l’étaient pas il y a 4 ou 5 ans. Sans doute grâce à l’ampleur
prise par les discussions sur l’écologie, les missiles, les risques d’une nouvelle guerre et le comportement à
adopter en ce cas. Quelqu’un m’a écrit qu’en voyant le film, il avait réalisé que le « Heimat », c’est
exactement le contraire de l’état. Je trouve ça très important. »
Qui est Marita Breuer qui joue Maria, le rôle pivot de tout
le film ?
« C’est une actrice de théâtre. Je ne l’ai pas engagée pour elle-même, que je ne connaissais pas, mais
parce qu’elle correspondait au type que je cherchais. Ce n’est qu’après quelques semaines de tournage
que j’ai réalisé qu’elle était extraordinaire. Curieusement, ça ne se voyait pas tellement au tournage. Mais
sur les rushes, c’est devenu évident. Elle travaille selon la méthode Stanislavsky, qui suppose une grande
concentration, presque un état de transe. Le résultat n’apparaît clairement que sur l’écran. A l’origine, elle
ne devait pas jouer tout le rôle, nous ne croyions pas possible qu’une femme de 28 ans interprète un
personnage de 70 ans. Et puis, très vite, j’ai été sûr qu’elle pourrait tout faire. Elle a eu énormément de
propositions depuis Heimat, mais n’a encore rien choisi. »
Heimat comporte des parties en noir et blanc et des
parties en couleur. Le passage de l’un à l’autre se fait-il en
fonction de principes définis à l’avance ?
« Non, c’est une expression de liberté. Tourner uniquement en noir et en couleur, c’est d’abord une
exigence de l’industrie. Moi, je voulais utiliser le matériel librement, en fonction des moments de l’histoire.
Le premier passage en couleur, les étincelles, correspond à une impression visuelle forte. Parfois la couleur
sert à souligner ce qui a frappé l’esprit, parfois elle est liée à l’arrivée d’éléments modernes, parfois elle a
une fonction encore différente. Il y a également la sépia, et des incrustations en couleur dans des images
en noir et blanc. C’est un procédé que j’aurais voulu utiliser plus souvent, parce que dans notre mémoire
beaucoup de choses perdent leur couleur et on ne se souvient bien que d’un détail marquant. Mais c’était
trop cher. En tout cas, je ne voulais pas systématiquement recourir à la couleur ou au noir et blanc. »
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Les 11 épisodes DE HEIMAT 1
Une chronique allemande
EPISODE 1
La nostalgie du voyage - (1919-1928) - disque 1 - 123 min.
Fait prisonnier en France, Paul revient à Schabbach. Tout le village l’accueille. Pendant la guerre, il s’est
pris de passion pour les radios. Un monument aux morts est inauguré dans le village. La belle Appolonia,
la serveuse de l’auberge, est prise pour une gitane à cause de ses cheveux noirs et s’enfuit du village. Paul
tombe amoureux de Maria et ils se marient. En échange d’essence, Paul a la chance de pouvoir faire un
vol en biplan et c’est ainsi qu’il découvre pour la première fois Schabbach du ciel. Paul et Maria ont un
premier fils, Anton, et Ernst naît un an plus tard. Pauline, la soeur de Paul, épouse Robert, l’horloger.
Eduard, le frère de Paul, va chercher de l’or à Goldbach. Le corps d’une jeune femme est retrouvé dans le
bois tout proche du village. Et Paul disparaît sans laisser de traces.
EPISODE 2
Le centre du monde - (1929-1933) - disque 2 – 90 min.
Personne ne sait que Paul est parti en Amérique. Son frère Eduard fait soigner sa maladie des poumons à
Berlin. Lors d’une promenade nocturne, il se laisse attirer dans une maison close. Il y fait la connaissance
de Lucie, qui pense qu’il est propriétaire du Hunsrück. Ils se marient et il l’emmène à Schabbach, où elle
est accueillie avec des sentiments mitigés. Lorsqu’elle se rend compte qu’Eduard n’est pas aussi riche
qu’elle le pensait, elle fait pression sur lui pour qu’il devienne membre du Parti. Le riche fermier Wiegand
inscrit son fils chez les SS.
EPISODE 3
Un Noël exceptionnel - (1935) - disque 2 – 58 min.
Le téléphone fait son apparition à Schabbach. Eduard est devenu bourgmestre de Rhaunen grâce aux
« contacts » de Lucie avec le gauleiter local. Grâce à un « prêt » accordé par la « Banque juive » de
Mainz, Eduard se fait construire une villa. La famille fête Noël et apprécie le « Nouvel Ordre ». Seule
Katharina, la mère de Paul et d’Eduard, a un mauvais pressentiment. Le jeune Wilfried Wiegand rentre
de Berlin en uniforme d’officier SS. Il annonce la visite de trois hauts membres du Parti. Lucie et Eduard
nourrissent de grandes attentes.
EPISODE 4
La grand-rue du Reich - (1938) - disque 3 – 52 min.
Maria et Pauline vont voir un film dans lequel joue Zarah Leander. Le jeune ingénieur Otto Wohlleben, qui
loge chez les Simon, porte, comme beaucoup d’autres, une bague populaire à tête de mort. Il construit
des maquettes d’avions avec le jeune Ernst. Maria s’éprend de lui. Un jour, Martina, une ancienne «
collègue » de Lucie, arrive à Schabbach. Lucie ne se sent pas tranquille.
EPISODE 5
Aller et retour - (1938-1939) - disque 3 – 56 min.
Une lettre arrive d’Amérique, alors que Maria a fini par oublier Paul et mène une vie heureuse avec Otto.
L’en-tête de la lettre mentionne « Simon Electric Company, Detroit, USA ». Il écrit qu’il veut venir lui rendre
visite. Maria ne sait pas quoi faire. Otto est cantonné à Trêves. Maria et Anton vont attendre Paul à
Hambourg. Mais il n’obtient pas de visa d’entrée parce qu’il ne peut pas prouver son origine aryenne.
Même l’aide d’Eduard et de Wilfried Wiegand ne servent à rien. Il retourne en Amérique. À la radio,
Hitler annonce que « l’agression de la Pologne sera vengée à partir d’aujourd’hui ». La guerre a
commencé.
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EPISODE 6
Le front au village - (1943) - disque 3 – 59 min.
La guerre ne passe pas inaperçue dans le Hunsrück. L’épave d’un avion britannique abattu gît tout près de
Schabbach. Les enfants racontent que le pilote est blessé. Wiegand et ses SS tuent le pilote de sang froid.
Otto tombe en disgrâce parce que les Nazis apprennent qu’il a de lointains ancêtres juifs. Ses services
d’ingénieur ne sont plus souhaités. Il ne sait pas qu’entre-temps, Maria a accouché de son fils, Hermann.
Martha, la fiancée d’Anton, arrive de Hambourg. Elle est sur le point d’accoucher. Anton se bat sur le front
de l’Est.
EPISODE 7
L’amour des soldats - (1944) - disque 4 – 58 min.
Anton est muté au ministère de la propagande et réalise des prises de vue d’exécutions de masse. Otto rentre à Schabbach et voit son fils Hermann pour
la première fois. Mais le lendemain, il est tué par une grenade qu’il est occupé à désamorcer. Les batteries de défense antiaérienne situées près de
Schabbach sont bombardées. Il y a beaucoup de morts et de blessés. Peu après, les Américains envahissent le Hunsrück. Lucie sait qu’elle va devoir plier
bagage. Wilfried se suicide et Eduard voit encore juste arriver deux soldats noirs et regarde le portrait de Hitler pendu au mur...
EPISODE 8
L’Américain - (1945-1947) - disque 4 – 106 min.
Dans le sillage des soldats américains, un grand homme coiffé d’un chapeau et accompagné d’un
chauffeur privé arrive également à Schabbach. Katharina reconnaît Paul. Tout le village célèbre son retour,
sauf Maria. Klärchen, la fiancée d’Ernst, fait également son apparition dans le village. Mais celui-ci évite
le village car il projette de faire fortune sur le marché noir. Entre-temps, Anton, le fils aîné de Maria,
s’enfuit de Russie et rentre à Schabbach en passant par la Turquie, la Grèce et les Alpes. Fatiguée,
Katharina va se coucher tôt et meurt paisiblement dans son sommeil.
EPISODE 9
Le petit Hermann - (1955-1956) - disque 5 – 146 min.
Hermann fait du vélo le long du Rhin avec ses camarades de classe. Il veut rendre visite à son demi-frère
Ernst. Le soir, ils se rendent tous deux à la kermesse du village, où il rencontre Schnüßchen. Anton est
devenu entrepreneur de la « Simon Optik Werke » établie dans les faubourgs du village. L’affaire tourne
bien et la plupart des villageois travaillent dans son usine. Hermann et Klärchen, qui est bien plus âgée que
lui, flirtent ensemble et tombent amoureux l’un de l’autre. Il lui écrit des poèmes et leur liaison fait scandale
dans le village. Sous la pression d’Anton, Klärchen quitte le village. Lorsqu’il apparaît qu’elle est enceinte
de lui, les tensions dans la famille et le village s’intensifient...
EPISODE 10
Les fières années - (1967) - disque 6 – 94 min.
Deux hommes mystérieux roulent dans les bois de Schabbach. Ils vont voir Anton dans le but de lui acheter
son brevet pour 60 millions de DM. Anton demande conseil à Paul, son père, qui vit chez Hermann à
Baden Baden. Paul lui conseille de le vendre pour qu’il puisse dorénavant consacrer son temps à ses
hobbies. Mais Anton ne suit pas l’avis de son père. Ernst a trouvé une nouvelle source de revenus : il achète
des façades, des vieilles portes et des meubles aux habitants du Hunsrück et les vend comme antiquités. En
échange, il leur vend des châssis de fenêtres en aluminium, de nouvelles portes et des façades ornées de
motifs en grès.
EPISODE 11
La Fête des vivants et des morts - (1982) - disque 6 – 87 min.
Maria est morte. Toute la famille est rassemblée à ses funérailles. Pendant les funérailles, des domestiques
d’Ernst fouillent la maison de Maria à la recherche d’antiquités. Anton les surprend et les chasse de la
maison. Mais peu après, il passe la maison au peigne fin avec Hermann et Ernst pour retrouver des
souvenirs d’enfance. Maria est en chemise de nuit dans la salle des banquets de Schabbach. Elle est
accueillie par tous les morts... Pour les vivants, c’est la kermesse à Schabbach. Anton s’effondre tout à
coup, à la grande inquiétude de Martha. Hermann découvre son style musical...
Spécificités techniques
Coffret 6 DVD 9 - Durée totale: 940 min. (11 épisodes) - Zone 2 – PAL - Image: 1,33 -N&B et couleur
Son : Mono, v.o. allemand - Sous-titres français - Allemagne, 1984 - Prix public : 44,99 € TTC

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