C`est « Tout le bonheur du monde

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C`est « Tout le bonheur du monde
Planète Paix n°504 – Culture : Pour Sinsémilia :
C’est « Tout le bonheur du monde »
Culture
Pour Sinsémilia : C’est « Tout le bonheur du monde »
Sinsemilia, c’est ce groupe grenoblois aux sonorités reggaeragga qui écume les scènes françaises depuis plus de dix ans.
Avec plus de 800 000 albums vendus, près de 600 concerts pour
3,5 millions de spectateurs, le groupe revient tambours
battants avec son dernier album « Debout les yeux ouverts »
sorti fin 2004 et un titre plein d’espoir dédié aux
générations futures « Tout le bonheur du monde ». Toujours
aussi engagé, le groupe continue de développer une musique
colorée sur fond de revendications. Depuis le mois de mai,
Sinsemilia est reparti sur les routes et, entre deux concerts,
Mike le chanteur-compositeur-guitariste du groupe a accepté de
répondre à quelques questions.
Vous êtes actuellement en tournée en France. Comment cela se
passe-t-il?
Super bien. On était à Caen hier soir, on est au Havre ce
soir. Tout se passe vraiment très bien.
C’est par la scène que l’histoire s’est construite. On fait
une centaine de dates par an depuis des années, et on a fait
plus de mille concerts depuis nos débuts. Sinsemilia est
clairement un groupe fait pour la scène, et qui prend toute
son ampleur comme ça.
Au bout de 13 ans, n’y a t-il aucune lassitude ? Y a-t-il des
changements après le succès du dernier album « Debout les Yeux
Ouverts » ?
Au niveau lassitude vraiment pas du tout, c’est encore plus
agréable aujourd’hui. On a plus la pression que l’on avait il
y a quelques années, et maintenant on peut en profiter
pleinement. Et c’est vrai que même si l’album se vend très
bien, les deux albums précédents s’étaient eux aussi très bien
vendus. Donc il n’y a pas vraiment de changements, l’affluence
est toujours au rendez-vous et l’ambiance aussi.
En 98, vous sortiez une chanson sur le commerce des armes.
Sept ans après, votre point de vue est-il toujours le même ?
Il n’a pas changé énormément. C’est un morceau qui soulignait
l’hypocrisie d’un pays qui se présente comme défenseur de la
paix dans le monde, mais qui est en fait un puissant
producteur et exportateur
l’hypocrisie demeure.
d’armes.
Sept
ans
après,
Et concernant le conflit Israélo-Palestinien, comment vous
situez-vous ?
Dans le camp de la paix ! La chanson « non sens » sur le
dernier album traite d’ailleurs plus ou moins de ce sujet là.
On aspire à voir la paix arriver même si on a beaucoup de mal
à y croire. Mais tant qu’il y a de l’espoir, il faut le
conserver. Maintenant, c’est un conflit bien trop compliqué
pour pouvoir prendre le risque d’être manichéen. Tant qu’on
n’aura pas réussi à sortir de la spirale « je te tue, tu me
tues », attentats contre représailles, représailles contre
attentats. Je ne vois pas comment on s’en sortira là-bas.
Dans une autre chanson, vous dites que vos convictions
demeurent mais que vous avez perdu vos illusions. La révolte
serait-elle moins grande ?
Non, la révolte est la même. Peut-être que les espoirs de voir
le monde changer rapidement se sont évanouis. Ce n’est pas la
révolte qui est moins grande, mais on a pris conscience que
les choses n’allaient pas changer comme ça, et elles n’ont pas
réellement changé ces dernières années, si ce n’est vers le
pire.
Vous êtes révoltés contre beaucoup de choses…
On pourrait y passer des heures ! Cela va des révoltes
quotidiennes, avec le comportement individualiste des gens
dans la vie de tous les jours. A la politique menée par les
divers gouvernements depuis des années, qui ne fait
qu’enfoncer les gens et protéger les puissants. Au niveau
mondial, on pourrait parler de l’écologie, des armes, des
guerres, du non-soutien entre les peuples… la liste est sans
fin.
Et vous pensez que la musique peut faire bouger les choses ?
A un tout petit niveau seulement. Si les choses changent,
elles changeront grâce à des actes, pas grâce à des paroles.
La musique, c’est principalement des paroles. Après, les
paroles peuvent sensibiliser, donner envie de s’investir.
C’est pour cela que vous avez choisi la musique?
Non. A la base, on a fait de la musique parce qu’on kiffait le
reggae, mais on a lié les deux très vite. Ce n’est pas la
seule motivation bien sûr, sinon on ferait des discours et pas
de la musique. Après, c’est vrai qu’on sait que ça peut être
un élément déclencheur, et ça, c’est bien.
Apres tant de succès, votre vision du monde a-t-elle changé ?
Oui bien sûr, mais ça n’a rien à voir avec le succès. Il y a
des choses qu’on comprend mieux : l’être humain grandit, et là
ça n’a plus rien à voir avec le musicien.
Interview réalisée par Jean-Philippe Lecot et Pierre Mellet
Biographie
Sinsémilia naît au début des années 90 de l’amour de trois
potes pour le reggae. Et c’est à dix, après avoir réuni
d’autres amis, que la bande se retrouve rapidement sur scène à
partir de 1992, et écume la région grenobloise. Après quatre
années à sillonner l’hexagone, ils se décident à enregistrer
un premier album, Premières récoltes , en 1996. De
l’enregistrement à la distribution le groupe gère tout. Les
titres sont tous chantés en anglais et l’album s’écoule à
40 000 exemplaires, un bon début. Ils passent ensuite au
Summum, la plus grande salle de Grenoble, en mars de la même
année. Sinsémilia conquiert petit à petit un large public,
autour de textes militants et d’une ambiance joyeuse et
festive. En 1998 sort leur deuxième opus, Résistances , qui
est cette fois chanté en français. La flamme , titre anti-FN,
ou leur reprise de la mauvaise réputation de Brassens, tout
comme défenseurs de la paix , chanson traitant de l’hypocrisie
d’Etat comme la France, soutenant la paix d’un côté et vendant
des armes de l’autre, laisse apparaître leur fougue
revendicative et combative. Mais c’est la scène qui est le
meilleur atout des grenoblois. Avec plus de 100 concerts par
an, Sinsemilia poursuit sa route vers le succès, vendant plus
de 200 000 exemplaires de Résistances . En 2000 sort leur
troisième album, auto produit, Tout c’qu’on a . Plus mature de
l’aveu même des intéressés, leur militantisme n’en reste pas
moins omniprésent. Après avoir fêté leur dix ans sur les
routes de France, le groupe s’accorde une pause en 2003, le
temps de préparer leur dernier album, Debout, les yeux ouverts
. Toujours aussi revendicatif avec des titres comme Bienvenue
en chiraquie , plus de flic ou encore simple d’esprit . Entre
temps, un onzième membre s’est glissé dans le groupe, résultat
des divers changements d’instrument entre les membres.
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www.Sinsemilia.com

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