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synthèse Traitement de fond de la polyarthrite rhumatoïde L’évolution naturelle de la polyarthrite rhumatoïde, grevée jusque-là d’une forte morbidité, a pu fortement être modifiée grâce à des traitements adaptés. Un diagnostic et un traitement précoces ainsi qu’un suivi spécialisé, avec pour objectif l’atteinte d’une rémission ou d’une faible activité de la maladie, sont primordiaux pour le pronostic fonctionnel des patients. Le traitement de fond comprend des traitements dits «conventionnels» comme le méthotrexate, des traitements biologiques comme les anti-TNF, l’abatacept, le tocilizumab et le rituximab, et des traitements synthétiques ciblés comme le tofacitinib (inhibiteur de la kinase JAK). De nouveaux traitements sont en cours de développement, qui devraient permettre de traiter de façon adaptée un nombre de patients toujours plus large. Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 595-602 K. Luong Ba C. Gabay Dr Kim Luong Ba Pr Cem Gabay Service de rhumatologie Département des spécialités de médecine HUG, 1211 Genève 14 [email protected] [email protected] Disease modifying antirheumatic drugs The natural history of rheumatoid arthritis, previously burdened with high morbidity, has been strongly modified by appropriate treatment. Early diagnosis and treatment, and follow-up by a specialist, with the aim to achieve remission or low disease activity, are essential for the functional outcome of patients. Diseasemodifying anti-rheumatic drugs include «conventional» treatments like methotrexate, biologic therapies such as TNF-inhibitors, abatacept, tocilizumab and rituximab, and targeted synthetic therapies such as tofacitinib (a JAK kinase inhibitor). New treatments currently under study should allow rheumatologists to successfully treat even more patients than nowadays. INTRODUCTION La prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde (PR) a radicalement évolué ces dernières années, depuis les premières études observationnelles, 1 puis randomisées contrôlées,2 soulignant l’importance du rôle du méthotrexate dans le traitement dans les années 80, jusqu’à l’acceptation par la FDA (US Food and Drug Administration) du premier traitement biologique en 1998. Cet article a pour objectif de décrire les principaux traitements de la PR et les principes du traitement de fond en se basant en partie sur les recommandations de l’European League Against Rheumatism (EULAR) de 2013,3 en y ajoutant quelques développements récents de la recherche. PRINCIPES DE TRAITEMENT Diagnostiquer et traiter précocement L’introduction d’un traitement de fond rapidement après un diagnostic précoce est primordial d’une part, car les lésions articulaires suscitant ensuite une morbidité importante apparaissent déjà très tôt dans la maladie4,5 et d’autre part, car les patients semblent avoir une meilleure réponse à un traitement précoce que tardif.6 De nouveaux critères de classification ont été développés en 2010 par l’American College of Rheumatology (ACR) et l’EULAR, qui permettent un diagnostic plus précoce de la PR qu’avec les critères de 1987 de l’ACR (tableaux 1 et 2).7 Suivi spécialisé Le suivi par un spécialiste est indispensable, permettant une prise en charge plus conforme aux recommandations nationales et internationales et un meilleur pronostic fonctionnel.8,9 Objectif du traitement L’objectif du traitement de la PR est d’atteindre une rémission ou une activité faible de la maladie, telle que définie par différents critères (tableaux 3 à 6).10,11 L’EULAR recommande une évaluation clinique fréquente, surtout si la maladie est active (tous les un à trois mois), et des ajustements de traitement trois mois après 0 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 595 Tableau 1. Critères de classification de 1987 de la polyarthrite rhumatoïde (PR) selon l’American College of Rheumatology (ACR) Tableau 3. Définition de la rémission selon l’American College of Rheumatology/l’European League Against Rheumatism (ACR/EULAR) (Adapté de réf. 7). (Adapté de réf. 10). 1. Raideur matinale Raideur au niveau des articulations et autour, pendant au minimum une heure jusqu’à l’amélioration maximale Définition selon l’analyse booléenne A chaque évaluation, le patient doit satisfaire tous les points suivants : • Nombre d’articulations douloureuses 울 1 • Nombre d’articulations tuméfiées 울 1 • CRP 울 1 mg/dl • Evaluation globale du patient sur une échelle de 1 à 10 울 1 2. Arthrite de 욷 3 articulations 욷 3 articulations ayant eu une synovite objectivée par un médecin 3. Arthrite des articulations des mains Au moins une articulation tuméfiée au niveau du poignet, de l’articulation métacarpophalangienne, ou de l’articulation interphalangienne proximale 4. Arthrite symétrique Atteinte simultanée des mêmes articulations de chaque côté 5. Nodules rhumatoïdes Nodules sous-cutanés sur les protubérances osseuses, les extenseurs ou les régions proches des articulations Nombre d’articulations douloureuses (28TJC) 0 à 28 6. Facteur rhumatoïde Positivité du facteur rhumatoïde Nombre d’articulations tuméfiées (28SJC) 0 à 28 7. Modifications radiographiques Modifications typiques de la PR dans les radiographies de face des mains et poignets Paramètres inflammatoires Ou définition selon les index A chaque évaluation, le patient doit avoir un score SDAI (Simplified Disease Activity Index score) 울 3,3 Tableau 4. Disease Activity Score 28 (DAS28) (Adapté de réf. 11). 4/7 critères nécessaires pour la polyarthrite rhumatoïde, avec critères 1 à 4 depuis 욷 6 semaines. Vitesse de sédimentation (VS) en mm/h ou CRP en mg/dl Evaluation globale par le patient de l’activité de sa maladie (PtGA) Tableau 2. Critères de classification de la polyarthrite rhumatoïde de 2010 de l’American College of Rheumatology et l’European League Against Rheumatism (ACR/EULAR) (Adapté de réf. 7). Population cible : patients avec – au moins 1 articulation atteinte de synovite clinique (tuméfaction) – avec une synovite qui n’est pas expliquée par une autre maladie Score 0 à 10 Articulations à évaluer : épaules, coudes, poignets, métacarpo-phalangiennes (MCP), interphalangiennes proximales (IPP), genoux. Activité de la polyarthrite rhumatoïde selon score DAS28 : – Selon VS : 0,563(28TJC) + 0,283(28SJC) + 0,70 ln(VS) + 0,014 PtGA – Selon CRP : 0,563(28TJC) + 0,283(28SJC) + 0,36 ln(CRP+1) + 0,014 PtGA + 0,96 Calculateur en ligne : www.das-score.nl/ 쏝 2,6 : rémission 욷 2,6 – 쏝 3,2 : faible activité 욷 3,2 – 울 5,1 : activité modérée 쏜 5,1 : activité haute/sévère A. Atteinte articulaire (articulation sensible/tuméfiée) • • • • • 1 grande articulation 2-10 grandes articulations 1-3 petite(s) articulation(s) 4-10 petites articulations 쏜 10 articulations (au moins 1 petite) 0 1 2 3 4 B. Sérologie • Facteur rhumatoïde (FR)/anticorps anti-peptides citrullinés cycliques (anti-CCP) négatifs • FR / anti-CCP faiblement positif • FR/ anti-CCP fortement positif 0 2 3 C. Réactif de phase aiguë • CRP et vitesse de sédimentation dans la norme • CRP/vitesse de sédimentation élevée(s) 0 1 D. Durée des symptômes • 쏝 6 semaines • 쏜 6 semaines 0 1 Polyarthrite rhumatoïde définie : score 욷 6/10. Grosses articulations : épaules, coudes, hanches, genoux, chevilles. Petites articulations : articulations métacarpo-phalangiennes, interphalangiennes proximales, métatarso-phalangiennes II à V, interphalangiennes du pouce, poignets. son introduction en cas d’absence d’amélioration, ou après six mois de suivi si les cibles thérapeutiques (rémission ou activité faible de la maladie) ne sont pas atteintes. Ce 596 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 Tableau 5. Simplified Disease Activity Index (SDAI) (Adapté de réf. 11). Nombre d’articulations douloureuses 0 à 28 Nombre d’articulations tuméfiées 0 à 28 Evaluation globale par le patient de l’activité de sa maladie 0 à 10 Evaluation globale par le médecin de l’activité de sa maladie 0 à 10 CRP CRP en mg/dl Articulations à évaluer : épaules, coudes, poignets, métacarpo-phalangiennes (MCP), interphalangiennes proximales (IPP), genoux. Activité de la polyarthrite rhumatoïde selon score SDAI : addition de tous les items (0-86) 울 3,3 : rémission 쏜 3,3 – 울 11 : faible activité 쏜 11 – 울 26 : activité modérée 쏜 26 : activité haute/sévère contrôle serré permet de mieux prévenir les dégâts structurels ainsi que le handicap fonctionnel, sans augmenter les coûts globaux (directs et indirects).12-14 Coûts Le coût du traitement de la PR peut être élevé, en particulier lors de l’utilisation d’agents biologiques, et son prix Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 0 NOUVEAU 2 x par jour – Puissant – Bien toléré ® PALEXIA retard En cas de douleurs chroniques Admis aux caisses-maladie Palexia ® retard (tapentadol) I : traitement des douleurs sévères prolongées et qui ne peuvent être contrôlées de façon adéquate par des antalgiques non-opioïdes. Pos. : la posologie doit être adaptée à l’intensité des douleurs. Palexia® retard doit être pris 2 fois par jour, toutes les 12 heures environ. Des doses quotidiennes moyennes de Palexia® retard supérieures à 500 mg/jour de tapentadol n’ont pas été étudiées et ne sont, par conséquent, pas recommandées.CI : chez les patients présentant une hypersensibilité au tapentadol ou à l’un de ses excipients. Patients souffrant d’une dépression respiratoire importante, souffrant d’asthme bronchique aigu ou sévère ou encore en hypercapnie. Iléus paralytique. Intoxication aiguë par l’alcool, des hypnotiques, des antalgiques à action centrale ou par des substances psychotropes. Épilepsie insuffisamment contrôlée par un traitement. Préc. : conformément à une administration d’opioïdes puissants dans le traitement de la douleur, il est imposé au médecin d’appliquer les précautions requises. IA : Palexia® retard est contre-indiqué en cas de traitement concomitant par inhibiteurs de la MAO. Prévoir une potentialisation réciproque des effets de substances agissant elles aussi sur le système nerveux central. Dans des cas isolés, un syndrome sérotoninergique a été rapporté lors de l’utilisation thérapeutique de tapentadol en combinaison avec des autres médicaments sérotoninergiques. EI : nausées, vertiges, vomissements, somnolence, céphalées, perte d’appétit, anxiété, états confusionnels, hallucinations, troubles du sommeil, rêves étranges, tremblements, rougissements, constipation, diarrhée, dyspepsie, sécheresse buccale, prurit, hyperhidrose, éruption cutanée, spasmes musculaires, asthénie, fatigue, sensation de changement de température corporelle. P : Palexia® retard 50 mg, 100 mg, 150 mg, 200 mg et 250 mg tapentadol à 30 et 60 comprimés retards. Admis aux caisses-maladie. Liste A+. Pour de plus amples informations, veuillez consulter www.swissmedicinfo.ch. Grünenthal Pharma SA, 8756 Mitlödi, tél. 055 647 31 31, www.palexia.ch 1006966 retard Tableau 6. Clinical Disease Activity Index (CDAI) (Adapté de réf. 11). Nombre d’articulations douloureuses 0 à 28 Nombre d’articulations tuméfiées 0 à 28 Evaluation globale par le patient de l’activité de sa maladie 0 à 10 Evaluation globale par le médecin de l’activité de sa maladie 0 à 10 Articulations à évaluer : épaules, coudes, poignets, métacarpo-phalangiennes (MCP), interphalangiennes proximales (IPP), genoux. Activité de la polyarthrite rhumatoïde selon score CDAI : addition de tous les items 울 2,8 : rémission 쏜 2,8 – 울 10 : faible activité 쏜 10 – 울 22 : activité modérée 쏜 22 : activité haute/sévère doit être pris en compte dans la décision thérapeutique, mais un traitement efficace peut diminuer les coûts indirects liés à l’invalidité et au manque de productivité. Les effets positifs d’un traitement efficace sur le maintien de l’emploi et la réduction des absences liées à la maladie ont été démontrés dans plusieurs études.3,15 TRAITEMENTS DE FOND Il existe deux classes majeures de traitement de fond de la PR : les traitements de fond dits «synthétiques» (sDMARD pour synthetic modifying antirheumatic drugs) et les traitements de fond «biologiques» (bDMARD). Une nouvelle nomenclature propose encore de diviser les traitements synthétiques en traitements «conventionnels» (csDMARD) et «ciblés» (tsDMARD).16 Ces derniers incluent les traitements ciblant les voies de signalisation intracellulaire tels que les inhibiteurs de kinase. Traitements de fond non biologiques Traitements conventionnels (csDMARD) Le méthotrexate a été développé comme antagoniste du métabolisme de l’acide folique. Cependant, l’un des mécanismes d’action principaux dans la PR implique probablement un effet inhibiteur de la libération d’adénosine, qui aurait ensuite un effet anti-inflammatoire en se liant aux récepteurs A2R et A3R.17 Le léflunomide est un inhibiteur sélectif de la synthèse des pyrimidines, qui prévient l’expansion des lymphocytes, la pyrimidine étant utilisée par ceux-ci en quantité importante lors de leur prolifération. D’autres mécanismes antiinflammatoires sont également postulés.18 La sulfasalazine est un sulfonamide dont le mécanisme d’action anti-inflammatoire dans la PR n’est pas clair, mais implique possiblement aussi l’adénosine 19 et l’inhibition du facteur nucléaire kappa B (NF-kB).20 Traitement synthétique ciblé (tsDMARD) Le tofacitinib (Xeljanz) est un inhibiteur de la kinase JAK, bloquant ainsi notamment la transmission de signaux par les récepteurs de certaines cytokines participant normalement à l’activation, la prolifération et la fonction des lymphocytes, ainsi qu’à d’autres activités inflammatoires, provoquant ainsi une modulation de différents aspects de la réponse immunitaire.21 598 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 Traitements biologiques (bDMARD) Une revue détaillée sur les différents traitements biologiques ainsi que leur nomenclature sont disponibles ailleurs.22 Anti-TNF Le facteur de nécrose tumoral (Tumor Necrosis Factor ; TNF) est l’une des cytokines proinflammatoires majeures impliquée dans la pathophysiologie de la PR. Cinq anti-TNF sont acceptés par Swissmedic actuellement dans le traitement de la PR. Contrairement aux autres, l’étanercept (Enbrel) n’est pas un anticorps monoclonal, mais un récepteur soluble du TNF qui inhibe compétitivement la liaison du TNF à ses récepteurs de surface. L’infliximab (Remicade) est un anticorps monoclonal chimérique humain-murin. L’adalimumab (Humira) et le golimumab (Simponi) sont des anticorps monoclonaux complètement humanisés. Le certolizumab pegol (Cimzia) est une molécule recombinante pégylée, composée de la fraction de liaison à l’antigène (Fab), mais sans domaine Fc. Autres traitements biologiques Le rituximab (MabThera) est un anticorps monoclonal chimérique murin/humain qui cible la molécule de surface CD20, présente sur les cellules B et entraînant leur lyse. L’abatacept (Orencia) est une protéine de fusion soluble qui se lie à des molécules costimulatrices (CD 80 et CD 86) sur les cellules présentatrices d’antigène, inhibant ainsi la stimulation des lymphocytes T. Le tocilizumab (Actemra) est un anticorps monoclonal humanisé antirécepteur de l’IL-6. L’anakinra (Kineret) est un antagoniste du récepteur de l’IL-1, un médiateur de l’inflammation qui a plusieurs effets comme la dégradation du cartilage, ou la stimulation de la résorption osseuse, mais dont les effets dans la PR semblent moindres que les autres traitements de fond biologiques. INTRODUIRE ET ADAPTER LE TRAITEMENT DE FOND Introduction du traitement de fond Le méthotrexate (MTX) est le traitement de première ligne, en monothérapie ou combiné à d’autres csDMARD (figure 1). En cas de contre-indication au MTX, l’introduction du léflunomide ou de la sulfasalazine à la place peut être discutée. Une combinaison de csDMARD comprenant le MTX semble être plus efficace qu’une monothérapie,23 voire peut-être aussi efficace qu’une combinaison avec un traitement biologique,24 mais la décision de traiter en première intention par une combinaison est à évaluer en tenant compte d’un risque plus important d’effets secondaires. Réponse insuffisante au traitement de première intention En cas de réponse insuffisante au traitement de première intention après trois à six mois, le choix d’un nouveau traitement dépend de la présence de facteurs de mauvais pronostics (activité de la maladie élevée, positivité des auto-anticorps facteurs rhumatoïdes et/ou anticorps antipeptides cycliques citrullinés, ou apparition précoce de Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 0 s la n a d t men é l t de p n e m o m c e t i e c o m m ion et le tra e carence t n préven orose et d’u m p u l’ostéo ine D/calci m en vita soutient la tendance en cours1 calcium: 500 mg vitamine D3: 800 UI comprimé pelliculé prix modique2 chercher sous «K» Kalcipos ® -D3 500/800 (calcii carbonas, cholecalciferolum): supplément de calcium/vitamine D. Indications: traitement et prévention d’une carence en vitamine D et en calcium chez l’adulte. Traitement complémentaire dans la prévention et le traitement de l’ostéoporose. Posologie: 1 comprimé pelliculé 1 fois par jour. Contre-indications: hypersensibilité au composants; hypercalcémie, hypercalciurie, hyperphosphatémie, hyperparathyroïdie primaire, lithiase calcique (néphrocalcinose), insuffisance rénale sévère, calculs rénaux; traitement par des métabolites de la vitamine D; hypervitaminose D; ostéoporose due à une immobilisation prolongée; plasmocytome diffus; métastases osseuses; sarcoïdose; allergies aux cacahuètes ou au soja. Mises en garde et précautions: dans le cas d’un traitement au long cours, surveiller les taux sériques et urinaires de calcium ainsi que la fonction rénale (taux plasmatique de créatinine). Déficience en sucrase-isomaltase. Grossesse. Interactions: digitaliques, bisphosphonates, fluorure de sodium, préparations de fer, diurétiques thiazidiques, tétracyclines, antibiotiques du groupe des quinolones, phénytoïne, barbituriques, corticostéroïdes, lévothyroxine, acide oxalique et acide phytique, cholestyramine, paraffine. Effets indésirables: hypercalcémie, hypercalciurie. (<0,1%: voir AIPS). Présentation: comprimés pelliculés à 30 et 90. (D). Admis par les caisses-maladie. Informations détaillées: notice d’emballage, AIPS (www.swissmedicinfo.ch) ou MEDA Pharma GmbH, 8602 Wangen-Brüttisellen. Mise à jour de l’information: décembre 2011. 1006984 1) Recommandations de l’Office fédéral de la santé publique concernant l‘apport en vitamine D. PDF à télécharger sur: http://www.bag.admin.ch/themen/ernaehrung_bewegung/05207/13246/index.html?lang=fr. 2) Liste des spécialités (LS), état au 1.1.13. Diagnostic de polyarthrite rhumatoïde Pas de contre-indication : introduction du MTX, seul ou en combinaison avec csDMARD Contre-indications au MTX : introduction léflunomide ou sulfasalazine, seul ou en combinaison Amélioration à 3 mois* et cible** atteinte à 6 mois : continuer le traitement Amélioration à 3 mois* et cible** atteinte à 6 mois : continuer le traitement Absence d’amélioration à 3 mois* ou cible** non atteinte à 6 mois Absence de facteur de mauvais pronostic*** Présence de facteurs de mauvais pronostic*** Changement de csDMARD Ajout d’un agent biologique – Anti-TNF – Abatacept – Tocilizumab (– Rituximab en cas de contre-indications aux autres traitements) Absence d’amélioration à 3 mois* ou cible** non atteinte à 6 mois Amélioration à 3 mois* et cible** atteinte à 6 mois : continuer le traitement Absence d’amélioration à 3 mois* ou cible** non atteinte à 6 mois Changement de traitement biologique ou changement pour tofacitinib Amélioration à 3 mois* et cible** atteinte à 6 mois : continuer le traitement Absence d’amélioration à 3 mois* ou cible** non atteinte à 6 mois * Amélioration : diminution de l’activité, au moins d’une activité haute/sévère à modérée ** Cible : rémission ou faible activité si rémission pas possible *** Facteurs de mauvais pronostic : – activité de la maladie élevée – positivité des auto-anticorps facteurs rhumatoïdes et/ou anticorps antipeptides cycliques citrullinés – apparition précoce de lésions érosives Figure 1. Introduction et adaptation du traitement de fond (Adaptée de réf. 3). MTX : méthotrexate ; csDMARD : synthetic modifying antirheumatic drugs. lésions érosives). En cas d’absence de ces facteurs, un autre csDMARD seul ou en combinaison peut être introduit, et la situation réévaluée trois à six mois plus tard. Par contre, s’il existe des facteurs de mauvais pronostic, il est recommandé d’introduire un traitement biologique. Initiation des traitements biologiques Il n’y a pas de préférence dans le choix du bDMARD à introduire en premier lieu, à part le rituximab qui est considéré comme traitement biologique de deuxième ligne (c’est-à-dire en cas d’échec des autres biologiques) ou en première ligne en cas de contre-indication aux autres biologiques (par exemple, lors de lymphome, de cancer récent, de maladie démyélinisante, de tuberculose latente non traitable). Peu d’études ont comparé l’efficacité et la sécurité des traitements biologiques. En combinaison avec le MTX, l’abatacept a démontré une activité similaire à celle de 600 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 l’adalimumab.25 Il est recommandé, avec tous les bDMARD, d’associer le MTX en raison d’une meilleure efficacité, en particulier pour les inhibiteurs du TNF. Chez les patients qui ne tolèrent pas les csDMARD motivant l’utilisation de bDMARD en monothérapie, il a été montré que le tocilizumab est supérieur à l’adalimumab en monothérapie.26 Echec de la première ligne de traitement biologique En cas d’échec, de manque d’efficacité ou de toxicité d’un premier bDMARD, un autre agent biologique peut être utilisé. S’il s’agit d’un anti-TNF, un autre anti-TNF peut être introduit ou un bDMARD avec un autre mécanisme d’action, ou éventuellement le tofacitinib, dont les effets secondaires à long terme sont encore peu documentés. Toutefois, le tofacitinib peut également être utilisé en première ligne après échec du MTX. Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 12 mars 2014 0 Rémission et sevrage des traitements En cas de rémission, il peut être discuté avec le patient de stopper les bDMARD après sevrage de la corticothérapie, surtout si des csDMARD sont associés ; cette décision doit être contrebalancée avec le risque de poussée, notamment dans la PR établie. En cas de rémission soutenue à long terme sous csDMARD uniquement, une réduction prudente du traitement peut être considérée, en particulier chez un patient ayant reçu un traitement très précoce et ayant atteint une rémission rapidement. PERSPECTIVES Biosimilaires Les biosimilaires sont des traitements biologiques qui partagent la séquence d’acides aminés avec le traitement de «référence». Toutefois, les biosimilaires ne sont pas totalement identiques aux produits originaux. L’introduction des biosimilaires pourrait permettre de diminuer les coûts des traitements biologiques. Dans une étude randomisée et contrôlée, un biosimilaire de l’infliximab, le CT-P13, a démontré une efficacité, des caractéristiques immunogéniques et pharmacocinétiques, et un profil d’innocuité équivalents à l’infliximab.27 Ce traitement a récemment été approuvé par l’Agence européenne des médicaments sous les noms commerciaux de Remsima et Inflectra. Des biosimilaires du rituximab (anti-CD20) et de l’étanercept sont également en cours de développement et sont déjà utilisés dans certains pays émergents. Autres traitements en développement Des anticorps monoclonaux ciblant l’IL-6 (clazakizumab, sirukumab) ou son récepteur sont actuellement en études cliniques de phase III.28-30 L’IL-17A est la cible de plusieurs traitements biologiques comme le secukinumab, actuellement en phase III et l’ixekizumab qui vient de passer la phase II.31,32 Le brodalumab 33 est un anticorps monoclonal contre le récepteur IL-17RA et inhibe les effets biologiques des IL-17A, IL-17F et IL-25. Les agents bloquant l’IL-17 ont montré une grande efficacité dans le traitement du psoriasis en plaques. L’efficacité dans la polyarthrite rhumatoïde est par contre plus modeste ou absente. Il se pourrait par contre que ces traitements soient efficaces pour la spondylarthrite ankylosante. Ils sont aussi à l’étude dans le rhumatisme psoriasique.34 D’autres traitements non biologiques sont en cours de développement, par exemple, le baracitinib, un inhibiteur JAK actuellement en phase III.35 CONCLUSION La prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde est complexe et nécessite un suivi spécialisé par un rhumatologue, afin de garantir un diagnostic et un traitement précoces. Le patient doit pouvoir activement participer à la prise en charge de sa maladie, et ceci de façon éclairée. L’offre thérapeutique est large, mais des recommandations claires sont disponibles, développées sur la base de nombreuses études de bonne qualité. De nouveaux traitements sont en cours de développement, offrant des choix toujours plus grands, et donc adaptés à un plus large panel de patients. Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article. Implications pratiques > La polyarthrite rhumatoïde est une maladie grave, associée à une morbidité importante et une augmentation de la mortalité > Un diagnostic et un traitement précoces sont essentiels, car les lésions articulaires suscitant ensuite une morbidité importante apparaissent très tôt et la réponse au traitement semble meilleure à un stade précoce > Le suivi par un spécialiste est nécessaire, permettant une prise en charge plus conforme aux recommandations et un meilleur pronostic fonctionnel > Il existe plusieurs types de traitements pour la polyarthrite rhumatoïde, des traitements synthétiques aux biologiques. Des recommandations internationales et nationales quant à l’utilisation de ces traitements sont disponibles > L’objectif du traitement est d’atteindre une rémission ou au moins une faible activité de la maladie Bibliographie 1 Willkens RF, Watson MA, Paxson CS. Low dose pulse methotrexate therapy in rheumatoid arthritis. J Rheumatol 1980;7:501-5. 2 Weinblatt ME, Coblyn JS, Fox DA, et al. Efficacy of low-dose methotrexate in rheumatoid arthritis. N Engl J Med 1985;312:818-22. 3 ** Smolen JS, Landewé R, Breedveld FC, et al. EULAR recommendations for the management of rheumatoid arthritis with synthetic and biological diseasemodifying antirheumatic drugs : 2013 update. Ann Rheum Dis 2013 ; epub ahead of print. 4 Fuchs HA, Kaye JJ, Callahan LF, et al. Evidence of significant radiographic damage in rheumatoid arthritis within the first 2 years of disease. J Rheumatol 1989; 16:585-91. 5 Heijde DM van der, Leeuwen MA van, Riel PL van, 0 et al. 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