Christophe Sevilla un rêve en Arc en Ciel

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Christophe Sevilla un rêve en Arc en Ciel
Christophe Sevilla est toujours un des joueurs majeurs du circuit national.
Pourtant, un regret subsiste dans le cœur de cet enfant gâté de la pétanque :
n'avoir encore jamais pu défendre les couleurs de son pays lors d'une
compétition internationale.
L'entretien du mois
Christophe Sevilla, un rêve
arc-en-ciel
Vainqueur de trois titres nationaux en l'espace d'une seule année, auteur de
plusieurs autres beaux résultats lors d'une excellente saison 2012, Christophe
Sevilla est toujours l'un des joueurs majeurs du circuit national.
Pourtant, un regret subsiste dans le cœur de cet enfant gâté de la pétanque : n'avoir
encore jamais pu défendre les couleurs de son pays lors d'une compétition
internationale. Un rêve qui se réalisera un jour ?
Après ton départ de Damville, tu as intégré l'an dernier un club ancien et
prestigieux, le Star's Masters de Barbizon. Est-ce que tu y restes cette année
encore et quelles sont les équipes dans lesquelles on te verra évoluer en
2013 ?
Oui, je reste, et je reconduis mon association avec Eric Sirot : nous jouerons en
doublettes ensemble. D'autre part, Eric Dasnias a quitté l'Allier et jouera avec nous
en triplettes. J'aime bien ce joueur : nous avons fait la finale à Poitiers l'an dernier
avec Stéphane Bassinet, et une demi-finale à Bar-le-Duc en compagnie de Matthieu
Gasparini.
Et tu as eu envie de le faire venir en Seine-et-Marne...
Exactement. Je trouve que c'est un joueur régulier, un très bon milieu qui n'est pas
reconnu à sa juste valeur. C'est quelqu'un de très calme, très posé, et c'est, je
pense, le milieu idéal pour compléter notre équipe.
Quels sont tes objectifs pour 2013 ?
Déjà, une qualification pour les différents championnats de France. Le niveau en
Seine-et-Marne est très relevé et ce ne sera pas facile. Ensuite, essayer de parvenir
au minimum dans le dernier carré du ou des championnats de France. Cà, c'est
l'objectif en triplettes, et aussi en doublettes et en tête-à-tête : j'y suis presque arrivé
l'an dernier (demi-finaliste en TAT et en quart de finaliste en doublettes avec Eric
Sirot NDLR) et ce serait bien d'y arriver cette année. J'ai fait perdre Eric l'an dernier,
et ça m'a fait bizarre : il avait été monstrueux au point durant tout le championnat, et
je ne me sentais pas très bien après ce quart de finale perdu.
Alors, un mot sur Eric Sirot : tu as beaucoup joué avec de jeunes partenaires et
là, tu t'es associé à un très grand joueur de la génération qui a précédé la
tienne. Comment tu vis ça, qu'est-ce que ça change ?
Eh bien... Eric, ça reste une référence au point, et il est bien sûr capable de taper sa
boule. La meilleure preuve, c'est que quand il a gagné les Masters, il avait tapé
gagné, manqué perdu en n'ayant pas tiré une boule de la partie, et il l'a frappée.
C'est quelqu'un de solide, de calme et c'est très agréable : on sent une certaine
sérénité chez lui, comme celle que j'ai sentie l'an dernier en jouant avec Philippe
Quintais. Même en retard de boules, on sent qu'il peut toujours se produire quelque
chose. C'est un grand joueur, un grand pointeur, et il a marqué l'époque où il était en
équipe de France : il a beaucoup fait le remplaçant, certes, mais c'était derrière les
meilleurs joueurs du monde, et il a formé avec Michel Loy et Didier Choupay une des
meilleures équipes de l'époque.
Dans le passé, j'ai plutôt joué avec de jeunes joueurs, certains assez provocateurs,
et je trouve beaucoup plus enrichissant de bénéficier du calme et du vécu boulistique
de joueurs comme Eric.
Ca ne m'empêche d'ailleurs pas, comme je le fait avec Maxime Drouillet, de tenter
d'apporter moi-même un peu d'expérience à de jeunes joueurs qui débutent.
Tu n'as plus le sentiment de faire partie des jeunes ?
Non. On m'assimile souvent à la génération des Darodes, des Sarrio, des Fournié,
mais j'ai trente-deux ans, et je fais plutôt partie de celle d'Henri Lacroix ou de Bruno
Le Boursicaud.
Il y a sept ou huit ans, un de nos jeunes boulistenautes, braso de oro,
commençait à rêver de grands résultats. Aujourd'hui, après trois titres
nationaux, un record du monde au tir de précision, deux finales à Millau et une
des Masters, ce jeune homme que tu étais doit être comblé. C'est le cas, tu es
comblé ?
Oui, on peut dire ça. A l'époque, je rêvais d'un titre national : alors, en gagner trois en
l'espace d'une année calendaire... J'étais le premier surpris de cette réussite. Mais
c'est vrai que gagner le premier maillot débloque quelque chose, fait disparaître
beaucoup de pression : ça fait passer un cap. Alors, c'est vrai que je suis assez fier,
mais aussi assez surpris, d'avoir réalisé tout ça.
Après, ce que j'espère au fond de moi, c'est d'avoir un jour une sélection. J'ai été
intégré assez tôt dans le club France, pour les Masters 2006, mais je n'ai jamais
disputé de compétition internationale. C'est un regret, c'est sûr...
Et cette année, je pense que ce ne sera encore pas le cas. Dylan a été intégré à la
liste, et au moment de choisir un tireur de tête, entre un champion d'Europe et du
Monde et quelqu'un qui n'a aucune expérience internationale, j'ai peur que le choix
ne soit vite fait.
Alors voilà... J'aimerais avoir une bonne surprise, je crois avoir prouvé que j'avais le
niveau, et j'aimerais un jour avoir la chance de représenter mon pays. Mais je ne me
fais pas trop d'illusions.
Pour toi, comment est-ce que ça a commencé ? Qu'est-ce qui t'a poussé vers
la pétanque et fait aimer ce jeu ?
Ca s'est fait tout seul : mes grands-parents jouaient, mon père et ma mère
jouaient. J'ai commencé à six ans, et j'ai eu ma première licence à huit ans. En
parallèle, je faisais du hand-ball, mais ça me prenait aussi beaucoup de temps, et j'ai
dû choisir. J'ai retenu la pétanque, parce que je n'étais déjà pas maladroit.
J'ai commencé en FFST, où j'ai été vice-champion de France tête-à-tête. A dix ans,
j'ai battu le vice-champion de ligue seniors FFPJP tête-à-tête, un de mes grands
souvenirs, et puis j'ai changé de fédération. On a monté une grosse partie de
copains en juniors, avec Thomas Avice et Jérôme Labionda, nous avons été
champions de ligue et même si nous n'avons pas été champions de France, ça m'a
fait un petit peu connaître ; j'ai joué dans l'Essonne avec Hervé Mathias et Hervé Pin,
j'ai commencé à me faire un nom en Ile-de-France, j'ai glané des titres dans six
départements différents... Tout s'est enchaîné.
Tu as grandi en Ile-de France, une région qui a fourni à la pétanque beaucoup
de grands champions. A l'époque, est-ce que tu avais des modèles, des
joueurs qui t'ont marqué et dont tu voulais suivre les traces ?
Mon idole, c'était Didier Choupay. Pour moi, c'était le plus grand tireur de tous les
temps, il avait un geste de rêve. J'allais le voir jouer, je me faisais prendre en photo
avec lui. Ce qui est bizarre, c'est qu'aujourd'hui, je joue à ses côtés en Coupe de
France, et je joue avec Eric, qui est son ancien partenaire. C'est une grande fierté
pour moi de le côtoyer.
D'ailleurs, quand je vois çà et là des critiques sur lui, je trouve que c'est un manque
de respect pour le joueur qu'il a été. Dans la pétanque, on peut vous monter très
haut, et vous descendre très rapidement. Choupay n'est peut-être plus ce qu'il a été,
mais ça reste un très grand compétiteur et ce sera toujours mon idole.
Après, il y en a d'autres, bien sûr, comme Philippe Quintais : j'ai été très fier de
disputer les Masters avec lui, et j'ai été sensible à ses propos sur le fait que je
méritais une sélection. Ca m'a fait très plaisir et chaud au cœur.
Si je ne me trompe pas, on ne t'a encore jamais vu au Mondial la Marseillaise.
Est-ce qu'on peut penser te voir un jour dans les allées du parc Borély ?
Effectivement, je n'y suis jamais allé. Je ne te cache pas que beaucoup de gens
m'ont déconseillé de la faire. C'est un concours qui est énorme, c'est sûr, mais à
choisir entre la Marseillaise et Millau, je préfère me focaliser sur Millau.
Tu n'es peut-être pas obligé de choisir ?
Oui, mais la Marseillaise, c'est quatre ou cinq jours de compétition, il n'y a pas
d'invitations, beaucoup de frais, c'est compliqué. On me dit aussi souvent qu'il faut
jouer avec quelqu'un du Sud, c'est sûrement des on-dit, mais bon... C'est un
concours que je ferai un jour, je pense, mais là, ce n'est pas une priorité.
Tu préfères aller à Millau ?
Voilà. Millau, c'est le concours le plus dur du monde. L'année où j'ai perdu en finale
contre Maison Durk, j'avais enchaîné la triplette avec Dylan et Bruno Rocher où nous
avons perdu en quart. Le lendemain, j'avais perdu en huitièmes du doublettes avec
Jérémy Darodes : j'avais dû dormir une dizaine d'heures en trois jours, j'avais fait
trente-cinq ou trente-sept parties de pétanque, j'étais complètement cuit.
En plus, Millau, c'est le summum, c'est là qu'on se fait connaître, c'est là qu'on perce.
Mais bon, encore une fois, je n'ai rien contre la Marseillaise, et je suis sûr que j'irai un
jour.
Il y a, depuis quelques mois, un certain nombre de débats autour du tête-à-tête,
et du nombre de boules avec laquelle on doit le disputer. Tu as été champion
de France de la discipline, deux fois finaliste du Mondial de Millau : quel est ton
avis sur la question ?
Ce qui risque de se produire à quatre boules, c'est de voir les parties durer plus
longtemps, notamment entre des joueurs qui tirent bien au bouchon. Par contre, ce
serait certainement plus spectaculaire. On aurait également plus de défense :
actuellement, lorsqu'on perd une boule, on a du mal à se rattraper. Mais
honnêtement, je suis assez partagé sur cette question.
Par contre, je crois que les fabricants seraient d'accord : ça relancerait le business.
De toute façon, j'adore le tête-à-tête. C'est un exercice particulier, où l'on est obligé
de se recentrer très vite, où on ne doit sa performance qu'à soi-même, j'aime
beaucoup. Même si la triplette reste le plus beau jeu...
Entretien réalisé par Pierre Fieux "BOULEGAN"