La capture du carbone – un autre moyen de
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La capture du carbone – un autre moyen de
La capture du carbone – un autre moyen de lutter contre le changement climatique Commentaire (photos de la centrale électrique Schwarze Pumpe au sud de Berlin) Lorsque la centrale électrique Schwarze Pumpe au sud de Berlin fut construite en 1998, il s’agissait de la plus grande centrale électrique alimentée au lignite du monde. Elle fournit en électricité deux millions de foyers en Allemagne. Mais elle émet 10 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Le CO2 résultant de la combustion des combustibles fossiles joue un rôle prépondérant dans l’élévation de la température de l’atmosphère. L’augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans l’air empêche la chaleur de s’échapper et entraîne le réchauffement de la planète. Et si ce dioxyde de carbone pouvait être capté avant de s’échapper et provoquer les dommages environnementaux.? C’est précisément ce que les ingénieurs et les scientifiques de la société de services énergétiques Vattenfall projettent de faire à l’aide d’un procédé appelé capture et stockage du carbone. Interview : Staffan G rtz, Vattenfall (anglais) Le procédé de capture et de stockage du CO2 consiste à récupérer le CO2 émis par les centrales électriques au charbon, à le transporter et à le stocker en toute sécurité dans le sol. L’idée de stocker le dioxyde de carbone sous terre vient de nos connaissances sur l’aptitude de certains types de formations géologiques à stocker le gaz naturel et le pétrole pendant des millions d’années. C’est ainsi que cette idée a vu le jour et nous savons aujourd’hui que nous pouvons la mettre en œuvre en toute sécurité. Commentaire (Images de la construction d’une centrale sans CO2 à Schwarze Pumpe) La société Vattenfall construit à Schwarze Pumpe une centrale électrique expérimentale de taille réduite qui fonctionnera sans rejet de CO2. Les émissions de carbone seront piégées pendant la combustion du charbon. Commentaire (séquence graphique montrant le fonctionnement du procédé de capture du carbone) Par un procédé appelé oxycombustion, on utilise de l’oxygène au lieu de l’air au cours de la combustion du lignite ou houille brune. Ce procédé produit des gaz de fumées composés de vapeur d’eau et d’une concentration élevée de dioxyde de carbone. Le CO2 est ensuite purifié et comprimé, puis transporté par pipeline sous forme liquide – une version concentrée de l’eau gazéifiée que nous buvons – pour être stocké très profondément dans le sous-sol. Commentaire (Images du site de stockage de CO2 GFZ, Ketzin, Allemagne) Voici un centre de recherche sur le stockage du carbone qui bénéficie du soutien de la Commission européenne et est situé à Ketzin, à l’est de Berlin. La technologie qui y est mise en œuvre n’est pas nouvelle. Elle a été utilisée pendant des décennies par l’industrie du pétrole et du gaz. Les experts s’accordent pour dire que les meilleurs lieux d’investigation pour le stockage à échelle commerciale sont des gisements de gaz épuisés dont les formations géologiques sont bien comprises. À cet endroit, on fore à 800 mètres sous le niveau du sol à l’endroit où le gaz naturel était stocké jadis et l’injection de CO2 dans le grès poreux commencera l’an prochain. Interview: Professeur Frank Schilling - GFZ - Centre National de Recherche de Géosciences, Allemagne (allemand) Pour la capture vous avez besoin de deux roches différentes. L’une d’entre elles est la roche de stockage proprement dite – à cet égard, le grès est idéal parce qu’’il ne réagit pas avec le CO2 et est souvent hautement poreux. Le CO2 est en fait stocké dans les pores du grès. La couche de roche qui se trouve au-dessus est également très importante car elle fait office de couvercle – c’est la roche de couverture du gisement – et elle doit être étanche au gaz. Commentaire (Images GFZ - Centre national de recherche en géosciences, Potsdam, Allemagne) Lorsque le dioxyde de carbone est injecté dans le grès, l’eau gazéifiée est plus lourde que l’eau qui l’entoure de sorte qu’elle se précipite vers le fond de la roche poreuse où le CO2 est piégé pour une durée illimitée. Ici au Centre de recherche en géosciences les scientifiques étudie les effets du stockage de millions de tonnes de CO2 dans le sous-sol. si le dioxyde de carbone est naturellement présent dans des formations géologiques, ils pensent qu’il est nettement plus sûr de le stocker dans le sol plutôt que de le laisser s’échapper dans l’atmosphère, où ce gaz entraîne des modifications inquiétantes de notre climat.. Commentaire (images: désert, fonte des glaciers, victimes d’inondations, dirigeants arrivant au sommet de l’UE – mars 2007, Bruxelles, voitures, gaz d’échappement, cheminées émettant de la fumée) Depuis 1990, on a enregistré les 12 années les plus chaudes jamais répertoriées. Les calottes polaires fondent et le niveau des océans s’élève. Lors de leur sommet de printemps à Bruxelles, les dirigeants des 27 États membres,se sont mis d’accord sur un catalogue de propositions capitales en matière d’énergie et de climat. Ils se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à 2° Celsius au-dessus des niveaux antérieurs à l’ère industrielle. Ils ont appelé les pays développés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% par rapport aux niveaux d’émissions de 1990. Et si aucun accord mondial ne peut être conclu, l’Union s’est engagée à réduire ses émissions d’au moins 20% d’ici 2020. Il s’agit d’objectifs ambitieux qui ne pourront être atteints sans la mise en œuvre de nouvelles technologies telles que la capture du carbone. Interview : Matti Vainio, Unité Energie & Environnement, Commission européenne (anglais) Ceci va revêtir une importance considérable parce qu’en Europe, par exemple, les producteurs d’électricité ont estimé que la capture et le stockage de carbone pourraient représenter jusqu’à 40% de l’effort de réduction requis d’ici 2030. Et sur le plan mondial, en particulier dans les pays qui utilisent beaucoup de charbon, comme les États-Unis et la Chine, la capture et le stockage de carbone sont susceptibles de constituer un volet très important de leur arsenal de lutte contre le changement climatique. Commentaire (images de la réunion des experts pour l’Initiative transatlantique relative aux techniques de capture et de stockage du carbone, mai 2007) La capture du carbone stimule les esprits des décideurs politiques et des scientifiques du monde entier. Des experts des États-Unis se sont rendus à Bruxelles en mai dernier à l’occasion d’un échange transatlantique d’idées et de vues sur les meilleures pratiques en la matière et pour débattre du cadre réglementaire de l’utilisation future de cette technologie. Interview : Boyden Gray, Ambassadeur des Etats-Unis auprès de L’Union européenne (anglais) Ceci ne revêt pas seulement une importance en termes de réchauffement climatique planétaire, mais également en termes de sécurité énergétique. Le charbon est une ressource très abondante, majoritairement aux mains de pays amis alors que pour le pétrole, 90% des réserves mondiales ne se trouvent pas dans des pays amis. Par conséquent, le charbon est une ressource que nous souhaitons utiliser. Et si cette utilisation peut se faire proprement, tant mieux. Commentaire (Images de l’installation de forage gazier Statoil Sleipner West, Mer du Nord. Animation du projet de capture du carbone Statoil) En mer du Nord au large de la Norvège, un gisement de gaz naturel exploité par Statoil a été le premier endroit au monde où l’on a procédé à la capture et au stockage de carbone à une échelle commerciale. Depuis 1996, le CO2 extrait lors de la production de gaz du gisement de Sleipner a été stocké à 1000 mètres sous le fond marin au lieu d’être éjecté dans l’atmosphère. Interview : Arve Thorvik, Statoil (anglais) Nous avons éliminé de l’atmosphère un million de tonnes de CO2 par an. Il s’agit certes d’une quantité considérable, mais ce qui à mon avis revêt une importance encore plus grande c’est que nous avons démontré que le stockage était sûr, qu’il était réalisable techniquement et c’est ainsi que nous avons ouvert les portes, si l’on peut dire, de notre plateforme afin de permettre au monde entier de venir voir ce qui s’y passe. Commentaire (Images de l’installation de forage Statoil, Mer du Nord. Scientifiques du GFZ (GeoForschungsZentrum) Potsdam) Statoil affirme qu’en théorie le gisement de gaz serait suffisamment vaste pour stocker les émissions de toutes les centrales électriques d’Europe pendant 600 ans. Et les experts expliquent qu’il existe dans le monde entier un nombre très important de sites sur la terre ferme qui seraient aptes au stockage de millions de tonnes de C02. Ils réfutent par ailleurs catégoriquement les arguments selon lesquels ce procédé équivaudrait à jouer avec les forces de la Nature. Interview: Professeur Frank Schilling - GFZ - Centre National de Recherche de Géosciences, Allemagne (allemand) Que nous construisions des éoliennes ou que nous extrayions du pétrole, du gaz ou du charbon – dans tous les cas, nous exerçons une influence sur la nature. Nous avons acquis 30 ans d’expérience dans le stockage souterrain du méthane gazeux, du gaz naturel ou du gaz de ville , c’est une configuration similaire à celle du stockage du CO2 que nous étudions en ce moment. Commentaire (images de voitures, d’ouvriers du textile en Chine) Dans les pays qui connaissent une croissance industrielle massive tels que la Chine, il est plus que probable que cette technologie prometteuse acquière rapidement une importance cruciale dans la lutte contre les gaz à effet de serre. La Chine dépend en effet fortement des combustibles fossiles. Elle va très probablement supplanter les États-Unis en tant que plus gros producteur de CO2 du monde. L’Union européenne a signé avec Pékin un partenariat sur le changement climatique qui inclut un engagement sur le transfert de la technologie de la capture du carbone vers la Chine. Commentaire (photos d’éoliennes, de panneaux solaires) Les critiques s’inquiètent que l’expansion des combustibles renouvelables et l’efficacité énergétique soient mises au second plan si trop d’attention est accordée à la capture du carbone. L’Union déclare cependant que celles-ci feront partie intégrante d’une ' combinaison de mesures'visant à réduire les gaz à effet de serre. La lutte contre le changement climatique doit être menée sur tous les fronts et la capture du carbone doit être considérée comme une importante technologie d’appoint pendant que d’autres solutions énergétiques seront développées. Interview: Matti Vainio, Unité Energie & Environnement, Commission européenne (anglais) Il est très rare de voir de nouveaux défis mobiliser tant l’industrie que les organismes de réglementation des deux côtés de l’Atlantique et stimuler à ce point l’industrie pour réaliser des choses qu’elle n’a jamais accomplies auparavant. C’est un peu comme envoyer des gens sur la Lune, c’est quelque chose de totalement nouveau, qu’on n’a jamais fait et qui requiert la coopération de beaucoup de monde à des endroits très différents –je suis donc très optimiste pour l’avenir de cette technologie. Commentaire (Images du site de stockage du CO2 de GFZ, Ketzin, Allemagne) Plusieurs projets de capture et de stockage du carbone sont en cours en Europe. Comment affiner la technologie pour la rendre viable commercialement. L’UE espère que plus de 90% des centrales électriques au charbon seront équipées de cette technologie d’ici 2050 . Un autre avantage considérable de la capture du carbone est qu’elle réduit également la pollution atmosphérique. Les émissions de dioxyde de soufre pourront ainsi être réduites de 75%. L’oxyde nitreux et les particules peuvent être réduits dans des proportions significatives. L’Union met à disposition 400 millions d’euros pour la recherche sur l’utilisation durable des combustibles fossiles – en particulier sur le charbon propre et la capture et le stockage du carbone. Lorsque le stockage débutera ici en Allemagne l’an prochain, commencera une ère révolutionnaire : celle d’une économie à faible émission de carbone.