Félix Leclerc

Transcription

Félix Leclerc
Exposition
Félix Leclerc
Témoignages de Léo Ferré, Raymond Devos, JeanJean-Pierre Chabrol, Anne Sylvestre, Luc Bérimont, Jacques Bertin par des
photos, textes, chansons, portraits et divers documents. Tout un chacun se souvient du « Petit bonheur » et de « Moi, mes
souliers », mais qui connaît l’homme qui a toujours voulu, par son authenticité, se démarquer de la vedette ? Cette
exposition, réalisée à partir de documents rares et personnels, appartenant à Jean Dufour, se propose de révéler le vrai
visage de Félix Leclerc : celui d’un homme libre, « Je ne suis pas un chanteur, disait
disait--il, mais un homme qui chante. »
Installée au théâtre LeSilo à MontoireMontoire-sursur-lele-Loir du 23 au 29 février 2007
l’exposition Félix Leclerc connaitra un grand succès et attirera plus de 1000 personnes.
En tout une trentaine de tableaux 30 X 40, une centaine d’objets rares,
disques vinyle, livres, partitions et photos.
Riche d’une enfance prodigieuse, de dons et d’expériences de la vie, tourmenté de toutes les vigueurs
latentes de son pays, pionnier (au Québec) de la littérature radiophonique, du troubadourisme
et même du théâtre, Félix Leclerc, Le Canadien,
Canadien, mérite à juste titre cette appellation que les Français
lui ont donné. Il est l’auteur d’une trentaine de livres (poèmes, contes, romans, fables)
d’une quinzaine de pièces de théâtre et d’environ deux cents chansons.
Selon le sentiment généralement admis, Félix Leclerc a été l’initiateur de la chanson canadienne. Son rôle semble
avoir été déterminent : « (…) avant Leclerc, si l’on excepte les chansons et la personnalité de la Bolduc, ce qui
se faisait au Québec en chanson ressemblait étrangement à ce que chantaient en France les Tino Rossi,
Rina Ketti et Maurice Chevalier. Effectivement, Félix Leclerc est pour la chanson canadienne, ce que fut
Trenet pour la chanson française : un révolutionnaire, un point tournant et un chef d’expédition.
La première et la plus belle offrande du Québec à la France fut sans conteste Félix Leclerc. Mais n’oublions pas que,
si Félix Leclerc fut le plus beau cadeau du Québec à la France, il fut aussi le plus beau cadeau de la France au Québec.
Les Canadiens en sont conscients. Lorsqu’en avril 1951, Félix Leclerc, déjà connu en France depuis cinq mois, fait un
bref séjour dans son pays pour y chanter (au « Café Continental » à Montréal), l’animateur de la soirée le présente ainsi :
« Avant de vous faire entendre le célèbre chansonnier canadien,
permettez--moi de remercier la France et les critiques français qui nous ont révélé Félix Leclerc. »
permettez
Le souvenir de Félix Leclerc s’inscrit depuis vingt ans dans nos mémoire. Il a été l’un des plus grands de sa génération,
avec Brassens, Barbara, Brel, Ferrat, Nougaro, et Ferré. Ses plus grands succès Le petit bonheur,
bonheur, et Moi, mes souliers
figurent depuis longtemps au patrimoine culturel de notre pays, au cœur d’une œuvre discographique exceptionnelle
qui lui a valu les plus hautes distinctions. Le personnage et ses chansons survivent à l’épreuve du temps comme
une grande fresque lyrique et profondément humaine, un chant fraternel. Ce grand poète qui a éclairé son pays se
définissait comme « un homme qui chante », simplement, humblement.
Une guitare, une voix. Il touche terre le premier et annonce la plus belle des moisson de poètes chantant du siècle.
Peut--être qu’un jour dans cette nation complexée par son manque de repères guerrier, on dira que le Québec
Peut
a inauguré une nouvelle ère, qu’il a gagné les plus grandes batailles, celles qu’un peuple gagne contre
luilui-même avec ses poètes troubadours. Yannick Jaulin : conteur
Les chansons qu’il inventait n’était pas de celles que l’ont avait l’habitude d’entendre aux coins des rues. Elles semblaient
s’être échappées de quelque mystérieuse forêt enchantée dont seul Félix aurait connu l’existence. Un tel magicien
comprenait et parlait tous les dialectes du langage des animaux. Il avait de longues conversations avec son chien,
échangeait en « cheval » quelques banalités avec la jument, sifflait un message de bienvenue au rossignol. Dès sa première
apparition sur une scène parisienne, s’accompagnant à la guitare, ce poète chaleureux, passionné, avait conquis le public en
lui racontant de sa voix grave les merveilleuses histoires qu’il portait dans son cœur. Francis Lemarque : chanteur
Rarement un homme m’a fait autant rire que Félix. Possédant un sens de l’humour peu ordinaire et parfois un brin
sarcastique, il ne ratait jamais une occasion de placer une répartie étonnamment drôle pour un poète pourtant si sérieux
dans l’exercice de son métier. Un soir à la fin de l’un de ses récital, un couple s’approche à la porte de la loge de Félix et,
et,
tout discrètement, frappe trois petits coups. Le géant entrouvre à peine la porte, jette un regard au couple et de sa belle
voix grave : « Bonsoir, comment ca va ? » La dame en pâmoison devant l’artiste de lui dire : « Monsieur Leclerc, mon mari
et moi avons été vraiment impressionnés par votre spectacle ». Elle avait à peine terminé son compliment que Félix
rétorque : « J’vous comprend… j’vous comprend… ». La dame en était complètement paralysée.
Jean Lapointe : chanteur, comédien, humoriste
C’est lui, c’est bien lui qui m’a donné envie de chanter. Brel m’a ému aux larmes avec Ne me quitte pas.
pas. Brassens, c’était la
petite révolution de la chanson, un anar au grand cœur, notre génération en avait bien besoin. Mais, c’est lui, Félix, qui m’a
m’a
donné envie de faire des chansons. Peu importe qu’elles soient restées pour la plupart dans les cartons, l’important, ce fut le
message reçu de lui : la chanson aide à vivre. Roger Gicquel : journaliste de télévision
J’ai peu de choses à révéler de ma fréquentation privilégiée avec Félix. La plupart du temps, c’était une séance de photos,
suivie de la lecture que Félix me faisait de certains textes en vrac, parfois une dernière chanson, puis des marches
silencieuses vers les battures du StSt-Laurent où Félix a créé les personnages du Fou de l’île.
l’île. Notre amitié m’a laissé le
souvenir de deux vertus qu’a pratiquées notre artiste national. Celle de la fidélité qu’inspire la foi dans un lieu, dans l’amit
l’amitié,
ié,
dans un pays. Celle aussi de la liberté qui impose l’obligation d’agir dans les mots partagés dans la solitude. J’ai eu le
bonheur de partager quelques moments de cette liberté chez Félix. Un homme libre, un homme inspirant…
Jean--Louis Frund : photographe et cinéaste québécois
Jean
Chansonnier à tous vents, fabuleux conteur, féérique enchanteur… Ton chant l’asl’as-tu assez tourné et retourné ? Toujours
accompagné de ta fidèle amie ta compagne enchantée… Tu en pinçais pour elle, couchée sur ton genou absolument
d’accord… Tu lui pinçais le cœur pour qu’on la reconnaisse à son air de guitare… De ton œil d’écurieux jamais sevré
d’images, tu l’as bien visité le fonds de ton terroir… Parcouru ses sentiers, ramé sur ses étangs et fouillé ses soussous-bois… Tu
as poussé si bien fréquenté farfadets, grillons et feux follets compagnons de la nuit… Nuits SaintSaint-Georges en ballon…Tu as si
loin poussé. Poussé ta renommée entraînant le pays dans ton sillage ému… Maintenant que le bruit sourd de ton pas s’est
tu, inlassable arpenteur, que tes souliers sont là, à tout jamais rangés seraitserait-ce que tu l’as retrouvé capturé ce tout petit
bonheur qui te faisait défaut ? Grand chêne prolifique, les fruits que tu nous laisses longtemps longtemps encore nous les
dégusterons. Grand chêne soit loué et surtout remercié surtout, tout simplement, surtout d’avoir été.
Marc Favreau : comédien et auteur
Un soir Félix est en scène et je suis en coulisse. En fin de récital, il s’approche dans l’obscurité et tend sa guitare, confian
confiantt et
certain qu’on viendra bien la prendre. Seule, je suis donc la main qui prend le précieux instrument… Pendant qu’il salue le
public, je remarque que la guitare est poussiéreuse et ça m’étonne, comme si tout ce qui appartient à Félix devait être
parfait, et je suis émue de voir que, pour lui, ce n’est pas important… Une leçon de vie. Calme, paisible et tranquille. Sa
présence unique, sa façon à lui d’être vivant, de cette vie qui bout dans des veines porteuses d’éternité, toute la grandeur
de la vie est là, dans la simplicité. Elise Boucher : Chanteuse, auteur, compositeur
En 1948, j’avais 16 ans et, par hasard, j’ai entendu à la radio un journaliste québécois qui venait parler de son pays à ses
cousins, les Français. Il parlait de tout ce qui concerne le Québec, en particulier des artistes québécois et, pour illustrer so
son
n
propos, il avait apporté la bande magnétique d’un chanteur qui commençait à être célèbre au Québec. C’était Félix Leclerc
dans Le train du Nord dans sa version avec écho : « Le train du Nord, le train du Nord, le train du Nord »… et ce moment de
2 minutes ½ a décidé de toute ma carrière d’auteurd’auteur-compositeur
compositeur--interprète. J’ai couru tous les disquaires de Paris pour
dénicher un disque, mais les disquaires : « Comment vous dites ? Félix Leclerc ?... Connais pas ! »… J’ai dû attendre 1950,
date à laquelle Jacques Canetti, directeur artistique chez Philips, a fait venir Félix à Paris pour le faire enregistrer et j’ai
j’ai enfin
pu réentendre mon Train du Nord,
Nord, puis Moi, mes souliers,
souliers, Le petit bonheur et surtout Notre sentier,
sentier, Mac Pherson, La drave,
drave,
etc. J’avais 18 ans, étudiant bien sûr, et ma mère m’a promis de m’offrir une place au Théâtre des 3 Baudets où Félix
chantait...si j’avais mon premier baccalauréat à la fin de l’année, et je l’ai eu !
Ricet Barrier : auteur, compositeur, interprète
Que dire qui soit plus important que l’homme « Félix Leclerc », son œuvre et sa manière d’être ! Rien qui soit chez lui
artificiel ou apprêté. Il fut mon plus grand réconfort dès 1952 quand il apparut sur scène à Paris et, depuis, il le reste.
Notre chance, c’est que ses chansons et ce qu’elles disent demeurent avec leur poids ! Elles disent la vérité, humaine,
sensible, profonde, authentique ! Que souhaiter de mieux ? Elles nous comblent, et il est irremplaçable ! Grâce à
l’enregistrement, il est plus qu’un souvenir, il demeure parmi nous, impérissable pour les vivants que nous sommes, mais
aussi pour ceux qui nous succéderont ! Il nous rassemble parce qu’il nous révèle à nousnous-mêmes bien auau-delà des
apparences. Félix tu es éternel ! Jacques Douai : chanteur