AQDC Montréal, le 19 octobre 2011 Ariane

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AQDC Montréal, le 19 octobre 2011 Ariane
 Montréal, le 19 octobre 2011 [email protected] [email protected] Madame Lacoursière, Je fus très surpris voir choqué de lire votre article intitulé Médicaments : la nouvelle drogue des junkies paru dans l’édition du 15 octobre dernier de votre quotidien. L’AQDC est une association de patients pour les patients dont la mission est d’améliorer la condition et de réduire l’isolement des personnes qui souffrent de douleur chronique au Québec. Nous comptons plus de 4 500 membres qui souffrent, souvent en silence. Il est estimé que 1 500 000 personnes souffrent de douleur chronique au Québec (référence 1). La première semaine complète de novembre est consacrée Semaine québécoise de la douleur par l’Assemblée nationale depuis 2005. Vous comprendrez que nous craignons qu’un tel article augmente l’incertitude et la crainte des gens qui ont vraiment besoin de prendre des opiacés pour réduire leur souffrance physique. Ce ne sont pas tous les patients souffrant de douleur chronique qui nécessitent une médication analgésique. Selon une étude publiée dans le journal de l’Association canadienne de la douleur en 2007, 49 % prennent un analgésique, soit un patient souffrant de douleur chronique sur deux. Les analgésiques prescrits sont dans 17 % du temps un anti‐inflammatoire, 13 % prennent de l’acétaminophène, 23 % consomment de la codéine et 28 % prennent un opiacé plus puissant. Ces médicaments peuvent offrir aux gens qui souffrent de douleur chronique un meilleur contrôle de l’intensité de la douleur et une certaine qualité de vie. . Il faut savoir que la famille des opiacés, qui inclut la morphine et la codéine, est une pierre angulaire dans le traitement de la douleur aiguë et cancéreuse, et qu’elle est régulièrement utilisée pour le traitement de la douleur chronique. Les chiffres que vous rapportez dans votre article sont le reflet de la pratique médicale pour toutes ces populations. Il aurait été intéressant d’explorer si les augmentations de prescriptions ont ciblé un de ces groupes en particulier. Le risque de toxicomanie chez les personnes qui souffrent de douleur chronique est généralement moindre qu’on le pense. 2… AQDC 7400, boul. Les Galeries d’Anjou, bureau 410 (Québec) H3B 3J5 „ Téléphone 514‐355‐4198 „ Téléc. 514‐355‐4159 www.douleurchronique.org „ [email protected] 2 Dans le guide de pratique produit par le Collège des médecins du Québec en 2009, on y rapporte que la prévalence de la toxicomanie chez les patients qui consomment des opiacés n’est pas connue. Il est estimé que le risque d’abus ou d’accoutumance serait de 3,27 % chez les patients souffrant de douleur chronique. Lorsque les questionnaires pour identifier les patients à risque d’abus sont appliqués, il est estimé que 0,19 % des patients ont un risque de comportement aberrant lorsque les questionnaires sont négatifs alors que le risque s’élève à 11,5 % lorsque les tests sont positifs. Même si les questionnaires pour estimer le risque sont positifs, est‐il éthique de refuser un analgésique à un patient qui souffre? Évidemment, l’encadrement autour d’un patient qui a des tests positifs est certainement plus rigoureux que chez celui qui a un risque plus faible. Mais comme vous l’avez rapporté dans votre article, il est difficile de piéger les tricheurs qui magasinent de médecin en médecin. Il ne faut toutefois pas généraliser, 97 % des patients prennent leur médication de façon légitime et appropriée. Souvent, ces patients sont victimes de leurs propres tabous, des préjugés de leur entourage et parfois des craintes de leur médecin traitant et souffrent inutilement. Il faut plutôt encourager l’usage approprié des opiacés. Un article alarmiste comme celui paru samedi dernier réduit nos efforts d’éducation que nous faisons auprès de la population au sujet des bienfaits des opiacés et autres médicaments contre la douleur. Nous travaillons ardemment à éduquer la population à l’effet que l’utilisation des antidouleurs n’est pas la seule voie vers le soulagement. Les dangers d’un usage inapproprié sont certes présents, mais lorsque prescrit par le médecin et pris selon les recommandations de ce dernier, les médicaments peuvent contribuer à un mieux‐être. En terminant, il serait plus qu’intéressant de démontrer le bon côté de l’utilisation appropriée des médicaments antidouleur plutôt que de marginaliser son utilisation pour s’assurer que les personnes souffrantes n’aient pas à payer le prix pour la minorité des abuseurs. À cet effet, nous vous invitons à visiter notre site Internet qui regorge d’informations pertinentes pour les personnes souffrant de douleur chronique, mais aussi leur entourage, les professionnels de la santé ou même toute personne désireuse d’en apprendre plus sur la douleur chronique. Visitez le www.douleurchronique.org Jacques Laliberté Président ___________________________________ Références: Boulanger et al. Chronic pain in Canada : Have we improved our management of chronic noncancer pain? Pain Research & management, 2007: no 12, p 39‐47. Collège des médecins du Québec, Douleur chronique et opiacés : l’essentiel, mai 2009 

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