Mise en page 1 - Ibis Rouge Editions

Transcription

Mise en page 1 - Ibis Rouge Editions
Extraits croustillants (la larme à l’œil ou l’eau à la bouche, au choix)
« C’est comme le regard du Blanc sur la fesse créole, un mélange de surprise et de désir…
Claude éclata de rire.
— Tu prépares une nouvelle thèse ? Moi, je suis Créole, je ne peux donc pas avoir de regard étonné ! »
Il regarda attentivement le petit morceau de citron vert au fond de son verre et le fit tourner doucement
d’un mouvement souple et expérimenté du poignet, signe incontestable d’une longue pratique du verre de punch,
avant de boire une gorgée de rhum guyanais. Il fit passer lentement le liquide parfumé contre ses joues puis il
claqua discrètement la langue. Satisfait, Claude se tourna vers Mika et avec un grand sourire.
— Bon Dieu ! Que c’est bon !
Ils étaient installés à la terrasse d’un petit café, sur la place des Amandiers à Cayenne. Ce n’est pas vraiment
une place, mais plutôt une sorte de vaste terre-plein planté d’arbres anciens à larges feuilles et d’une pelouse
rase qui lutte contre la brûlure du soleil, exactement là où toute la ville butte d’un seul coup contre l’océan gris.
C’était l’heure où, comme chaque soir, venait mourir le jour, et de la mer toute proche montaient d’improbables
vagues d’air tiède. Des jeunes gens passaient en riant et des couples d’amoureux enlacés guignaient vers l’obscurité rampante des vieux bancs peints de vert qui font face à la mer. Une bande d’oiseaux marins passa en
criant, puis s’abattit sur les écueils noirs du rivage.
Mika se mit à rire doucement.
« Non, je ne prépare pas une nouvelle thèse de psychologie ! Mais le regard du Blanc sur la fesse créole…
J’aime bien cette expression que j’ai plusieurs fois entendue, elle est tellement vraie… On dit que quand ils arrivent, c’est la première chose qu’ils font, regarder les hanches des femmes d’ici. Enfin, j’exagère un peu, ils ne
sont pas tous obnubilés par la forme de nos fesses ! C’est vrai qu’ici toutes les femmes sont belles ! Cette façon
qu’elles ont de parler, de rire, de marcher, ce déhanchement subtil qui fait qu’elles glissent plutôt qu’elles ne
marchent…
Mika se leva et fit quelques pas sur la terrasse, la main plaquée sur le haut de ses fesses..
— Tiens, comme ça !
Elle éclata de rire.
— Mais celles de mon pays sont encore plus belles que les Guyanaises ! Hein, Claude, toi qui connais le
Surinam, dis-le pour une fois que les filles de Paramaribo sont plus belles que les Guyanaises ! »
Claude observa sa silhouette mince de jeune femme. Il connaissait Mika depuis six mois et savait qu’elle
était originaire du Surinam et avait une trentaine d’années. Elle travaillait comme psychologue à l’hôpital de
Cayenne et dans les dispensaires des villages éloignés.
« Toutes les filles d’ici sont belles, Mika, celles de la Guyane et celles du Surinam, mais les plus belles sont
celles de chez moi. Ah ! si tu connaissais la Martinique ! (page 9)
Je baiserai ton cœur parce que je te veux… Oui, Marie, je baiserai ton cœur… Baciro il tuo cuore, et je baiserai ton corps aussi…
Julien posa sur le bras du fauteuil le livre que Marie lui avait prêté. L’histoire folle et à la fois pudique d’un
désir, pour une femme qui peut-être n’avait jamais existé réellement. Qu’elle était belle cette phrase, et pleine et
dure, et si douce aussi ! Elle venait intimement en lui, emplir la place vacante des cicatrices anciennes. Oui, mais
maintenant, il y avait Marie. La cicatrice, c’était à elle de la refermer, pour toujours. Julien pensa à son corps,
il était si beau, si fin, et tellement fragile, qu’il aurait voulu n’avoir lui-même ni consistance ni poids, être immatériel, au moment de s’y glisser, sans la toucher, rien que le désir, être le désir immense d’un sexe sans chair,
juste pour qu’elle sente à ce moment où il la pénétrait combien il pouvait l’aimer.
Une nuit elle l’avait touché, sa main, ses doigts refermés sur lui, si tendres, alors il avait fermé les yeux, un
peu de pudeur mais tant de plaisir, et il l’avait attendue dans des retranchements inouïs, jusqu’au moment de
l’immense jouissance qu’il avait laissé s’exhaler contre elle, en n’ayant plus peur ni du monde ni de lui. Et puis
elle avait souri. C’était Marie. C’était Marie aussi qui se faufilait ensuite vers la salle de bains et fuyait son appartement un samedi matin de grand soleil.
Extraits croustillants (la larme à l’œil ou l’eau à la bouche, au choix)
Il n’y a plus de temps pour fuir, ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, et cet
instant sera maintenant et jamais, il sera jusqu’à la fin… encore Alessandro Barrico… Julien pensa qu’en lui
prêtant ce livre, c’était comme un message, un signe, qu’elle avait voulu lui adresser. Ou bien c’était lui qui le
voyait comme cela, et ce n’était peut-être qu’une simple coïncidence, mais si surprenante. Il le sentait qu’elle le
cherchait parfois le temps pour fuir, et aussi la force pour résister, il les avait vus ces yeux qui devenaient plus
sombres quand elle s’enfuyait. (page 57)
Mika s’était levée et s’approcha de l’écran.
— Je peux voir ? ‘‘Chair nue qui s’est offerte…’’
Elle rit.
— C’est dans une boucherie ? ‘‘sous le drap froissé, chair apaisée, chair rassurée…’’ elle dort avec Paul ?
Non, je sais, elle est avec Julien, je le faisais exprès… J’aime cette phrase, elle est si pleine de désir.
— Ce n’est pas moi qui l’ai écrite, c’est Hélène.
— Hélène ? Mais c’est toi aussi ! Et même si c’est Hélène, elle est quand même pleine de désir ! Bon, j’en
peux plus… Dis tu me prêtes un tee-shirt pour dormir ? »
Il resta un long moment à contempler l’écran. Puis, en silence, il entra dans la chambre et s’approcha du
lit. Elle dormait toute en travers, forme dessinée sous le drap, masse sombre des cheveux étalés, respiration lente
de sa bouche sur son poing à demi fermé. Il lui sourit et silencieusement il éteignit la lampe qu’elle avait oubliée.
(page 138)
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