Whiskies la gamme ascendante

Transcription

Whiskies la gamme ascendante
Entreprendre
Le magazine des actionnaires
Dossier
Whiskies
la gamme
ascendante
N° 39 mai - juin 2001
Seagram
Recentrage
sur le métier d’origine
Photo : Dominique Sarraute
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
[
4
S
O M M A I R E
]
ENTRETIEN
Recentrage sur les spiritueux et vins
Interview de Patrick Ricard, président du Groupe.
Commentaires sur les résultats 2000
Entretien avec Richard Burrows et Pierre Pringuet, directeurs généraux
de Pernod Ricard.
12
PRIVATISATION
Avancées à l’Est
Le rachat annoncé de la distillerie Poznan en Pologne et la prise de contrôle
de la société Jan Becher en République tchèque marquent l’intérêt
de Pernod Ricard sur deux marchés en plein essor.
14
DOSSIER
Whiskies : la gamme ascendante
Déjà numéro un du whiskey irlandais grâce son légendaire Jameson, le Groupe accède à la
troisième place du scotch whisky avec l’acquisition du prestigieux Chivas Regal 12 ans d’âge.
Tour d’horizon des marques du Groupe.
24
26
MONDE
3
La nouvelle implantation de Pernod Ricard
3
1
1
1
3
1
1
2
2
3
3
1
2
2
1
1
3
2
Asie, Europe, Amériques : l’offensive permet au Groupe d’étendre ses positions
3
3
3
1
2
3
2
3
3
3
2
2
3
3
1
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2
3
1
sur tous les continents.
1
2
MARQUES
Un portefeuille dopé
Le Seagram’s Gin, le scotch Chivas Regal, le cognac Martell et le rhum Montilla
viennent compléter la liste des sept millionnaires que Pernod Ricard comptait déjà
dans son portefeuille.
34
Entreprendre
en actions
Seagram, les coulisses du rachat
Récit de Nicholas Bull, managing director à la Société Générale, et
de Guillaume d’Angerville, directeur général adjoint de JP Morgan et Cie SA.
3
2
3
3
1
Les informations concernant
l’acquisition des spiritueux
et vins de Seagram dans
ce numéro sont publiées
sous réserve de l’approbation
des autorités chargées de
la concurrence dans les pays
concernés.
Photo de couverture : photothèque Pernod Ricard.
ENTREPRENDRE N° 39 MAI-JUIN 2001
3
3
« Avec l’acquisition des marques
de Seagram, nos profits pourraient
doubler en quatre ans »,
PATRICK RICARD, PRÉSIDENT DU GROUPE.
Seagram
Photothèque Pernod Ricard
recentrage sur
le métier d’origine
EN ATTENDANT L’ACCORD DES AUTORITÉS DE LA
CONCURRENCE, DONT CELLES DES ÉTATS-UNIS, DU CANADA ET
DE L’UNION EUROPÉENNE, PATRICK RICARD, PRÉSIDENT DU
GROUPE PERNOD RICARD, S’EXPRIME SUR LES DIVERS ASPECTS DE
L’ACQUISITION DES MARQUES DE SEAGRAM, MENÉE
CONJOINTEMENT AVEC DIAGEO.
4
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
[
E
N T R E T I E N
Entreprendre : Pourquoi l’opération menée avec Diageo sur les
spiritueux et les vins de Seagram
est-elle un événement considérable pour Pernod Ricard ?
Patrick Ricard : Nous allons doubler de taille sur le marché des spiritueux. Les grandes marques ne
sont généralement pas à vendre :
avec Seagram, nous sommes dans le
cas de figure exceptionnel d’un opérateur cédant en bloc un pan entier
de son activité. C’est une occasion
unique pour un groupe comme le
nôtre d’acquérir des marques d’exception.
Cette opération a un caractère également remarquable puisqu’elle
nous amène à nous recentrer sur les
spiritueux et les vins qui sont notre
métier d’origine. Un retour à notre
vraie vocation, en quelque sorte.
Ce recentrage implique la cession
d’autres activités. Lesquelles et
pourquoi ?
Pour acquérir 38,6 % de l’activité
spiritueux et vins de Seagram, notre
mise de fonds est de 3,15 milliards
de dollars (sur un investissement
total de 8,15 milliards de dollars)
que nous devrons financer. Nous
aurons recours à l’emprunt, à
l’émission d’obligations convertibles ainsi qu’à la cession de
nos activités périphériques non
stratégiques.
Outre le pôle « boissons sans alcool »
(Orangina-Pampryl et Yoo-Hoo
aux États-Unis), destiné à rejoindre
Cadbury-Schweppes, nous allons
céder l’activité « cidres » (CSR)
ainsi que SIAS-MPA, leader mondial des « préparations de fruits »
destinées à l’industrie laitière. Nous
souhaitons aussi nous séparer de
BWG, important opérateur de la
« distribution de gros » en Irlande
et dans une moindre mesure en
Grande-Bretagne ; c’est une affaire
en forte croissance, offrant un
important retour sur investissement, qui devrait trouver facilement acquéreur.
D’ici à deux ans, et une fois ces cessions effectuées, nous réaliserons en
fait un chiffre d’affaires comparable
à celui d’aujourd’hui, mais dans un
seul métier, les spiritueux et les
Comment le partage des marques
s’est-il décidé avec votre partenaire Diageo ?
Dès notre première réunion en
juillet dernier, nous avons constaté
la parfaite complémentarité de nos
objectifs : nous voulions en priorité
les marques de scotchs que ne pouvait acquérir notre partenaire, nous
ne pouvions pas nous intéresser au
rhum du fait de nos accords avec
Havana Club International ; enfin,
notre partenaire étant déjà bien
implanté en Amérique du Sud et
en Asie, il nous revenait tout naturellement de prendre les réseaux de
Seagram dans ces parties du monde.
]
PERNOD RICARD
« Road show » :
bon accueil sur les
places financières
Le Groupe Pernod Ricard, en tant
que holding, se « montrait » encore
peu sur la scène internationale :
l’opération Seagram le positionne
au troisième rang mondial
des spiritueux et vins et le place
sous les feux de la rampe.
La nécessité de communiquer, tant
aux États-Unis et au Canada qu’en
Grande-Bretagne, en Allemagne
et en Suisse, s’est traduite sur le
terrain par un « road show »
auprès des gestionnaires de fonds.
Une présentation bien accueillie par
la communauté financière mondiale.
Globalement, les analystes financiers
ont prévu la croissance du titre et
conseillé son achat. Déjà, la Bourse
a réagi positivement, l’action
ayant augmenté de 50 à 75 euros
dès l’annonce de l’opération.
AUJOURD’HUI
Le numéro cinq mondial des spiritueux et vins,
et le numéro un dans la zone euro
75 sites de production, 14 000 salariés
10 marques clés qui réalisent 70 % du profit du secteur
spiritueux et vins
Des réseaux propres de distribution sur tous les marchés
importants
2 secteurs de diversification en cours de cession :
les fruits transformés et la distribution de gros en Irlande
et au Royaume-Uni
77 % de l’activité en dehors de la France
ENTREPRENDRE N° 39 MAI-JUIN 2001
5
[
E
N T R E T I E N
Le financement
de la transaction
vins. Notre marge opérationnelle
sera passée de 16,5 à 21,5 %. Nos
profits pourraient ainsi doubler en
quatre ans.
Avant l’opération, Pernod Ricard
avait un niveau d’endettement de
900 millions d’euros, soit 40 % de
ses capitaux propres. Le Groupe a
choisi de financer ses acquisitions
par l’endettement – 1 million
d’euros de prêt-relais en
attendant la cession de ses
activités non stratégiques ;
3,5 milliards d’euros de dette
senior ; 500 millions d’euros
par émissions d’obligations
convertibles – pour un prix
d’achat de 3,15 milliards de
dollars, ce qui lui laisse la capacité
d’effectuer d’autres opérations.
La syndication de l’emprunt
bancaire a été souscrite plusieurs
fois en raison des perspectives
d’amélioration considérable du
résultat opérationnel du Groupe
dès le premier exercice suivant
l’intégration.
En quatre ou cinq ans, le Groupe
aura remboursé l’essentiel de
ses emprunts et retrouvé le
niveau d’endettement antérieur
à l’opération.
Doit-on s’attendre à d’autres
investissements à l’avenir ?
Déjà présent en Pologne, avec
37 % du groupe agroalimentaire
Agros, le Groupe prendra la totalité
du capital de cette société. Parallèlement, nous participons à la privatisation de Polmos Poznan qui
élabore de grandes marques de
vodka polonaises, dont la Wyborowa. Cela nous permettra de réunifier cette marque dont nous
détenons déjà les droits à l’exportation et de disposer d’un réseau de
distribution plus vaste en Pologne.
Ce renforcement sur l’un des marchés les plus importants d’Europe
orientale nous permettra de mieux
développer nos marques internationales grâce à une structure com-
]
merciale dont les effectifs vont
quadrupler.
En République tchèque, nous
devrions acquérir la majorité de la
société Jan Becher dans le cadre de
la dernière phase de la privatisation.
Nous sommes depuis trois ans
l’opérateur de cette société qui
élabore l’amer Becherovka, très
apprécié dans cette région du
monde. Une acquisition qui dopera
ses ventes sur des marchés de proximité, allemand et autrichien.
Aux yeux du consommateur, que
va changer cette acquisition ?
Cette acquisition va nous donner la
possibilité d’améliorer notre offre à
nos consommateurs par le double
effet d’une gamme de marques de
plus en plus complète et d’un réseau
commercial plus étendu. P r o p o s r e c u e i l l i s p a r A n n e Le f k o t
CRÉATION DU NUMÉRO TROIS MONDIAL
DES SPIRITUEUX ET VINS *
Volumes en millions de caisses
100
95
90
80
70
Volumes ajoutés après
l’acquisition de Seagram
60
50
40
38
81
20
39
24
10
32
16
13
Fortune
Brands
BrownForman
0
Diageo
Allied
Domecq
Pernod
Ricard
Bacardi
*Sous réserve de l’approbation des autorités chargées de la concurrence.
6
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Sources : IWSR
30
Photo : Dominique Sarraute
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
[
E
N T R E T I E N
]
2001
une année
de promes
« Nous sommes confiants dans le succès du développement du Groupe »,
RICHARD BURROWS (à gauche) et PIERRE PRINGUET (à droite),
DIRECTEURS GÉNÉRAUX DE PERNOD RICARD.
Photothèque : Pernod Ricard
8
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
pleine
ses
2000
AURA
ÉTÉ
L’ANNÉE
D’UN
TOURNANT AUDACIEUX : L’ANNONCE SPECTACULAIRE DE L’ACCORD
AVEC VIVENDI UNIVERSAL SUR LE
RACHAT D’UNE PARTIE DES SPIRITUEUX ET VINS DE SEAGRAM, LA
PRÉPARATION DES PRIVATISATIONS EN
* Taux de croissance annuel moyen
Dividende total : 1,6 €
(dont solde de 0,80 € mis en paiement
le 10 mai 2001)
Avoir fiscal : 0,80 €
Entreprendre : Avec un bond de 22 %, le
chiffre d’affaires hors droits et taxes
du Groupe, en 2000, atteint près de
4,4 milliards d’euros. Comment s’est
comporté votre cœur de métier ?
Pierre Pringuet : L’année passée a été
marquée par l’excellente performance de ce
secteur, les spiritueux et vins, tout particulièrement sur les marchés internationaux. Le
résultat opérationnel s’établit, pour ce secteur,
à 302 millions d’euros, ce qui représente une
augmentation de 15 % en 2000 par rapport à
1999. Nos dix marques stratégiques, qui
contribuent à hauteur de 70 % au résultat
de l’activité spiritueux et vins, ont progressé
de 6 % en volume. Globalement, nos résultats
dans ce secteur enregistrent depuis trois
Source : Pernod Ricard
POLOGNE ET EN RÉPUBLIQUE
TCHÈQUE… DIRECTEURS GÉNÉRAUX
DU GROUPE, PIERRE PRINGUET
ET RICHARD BURROWS, SE PRÉPARENT À EN RÉCOLTER LES FRUITS.
ENTREPRENDRE N° 39 MAI-JUIN 2001
9
[
E
N T R E T I E N
]
France, mettant ainsi en commun leur savoir-faire et
leurs équipes pour améliorer leurs résultats. En
Pologne, Agros a regroupé ses activités de transformation de fruits et légumes dans le pôle Fortuna. Et la
wodka Wyborova a rejoint notre réseau mondial de
distribution.
R. B. : Sur le continent américain, les participations de
Diageo et du Groupe ont été décroisés dans les sociétés Heublein do Brasil et Boulevard Distillers (ÉtatsUnis). En Europe, BWG a poursuivi ses acquisitions
dans le secteur de la distribution en gros.
P. P. : Et le Groupe a entamé son désengagement dans
le secteur des préparations de fruits en cédant la société
italienne Italcanditi.
* Taux de croissance annuel moyen
ans une croissance annuelle de 11 %. Et cette tendance
justifie pleinement la volonté du Groupe de se concentrer sur son cœur de métier.
Quels sont les résultats financiers du Groupe tous
secteurs confondus ?
Richard Burrows : Le résultat opérationnel s’élève à
421 millions d’euros et enregistre une progression de
13 % par rapport à 1999, ce qui est une belle croissance. Le résultat courant atteint 369 millions d’euros
et marque lui aussi une progression de 8,4 %. Le résultat net part du Groupe s’établit à 195 millions d’euros.
Il enregistre un recul de 8,5 % par rapport à 1999, car
il prend en compte trois éléments exceptionnels : la
réorganisation du secteur des fruits transformés en
France et en Europe, le désengagement du Groupe en
Chine et la dépréciation de notre participation dans la
société Saresco, l’un des principaux opérateurs français
du « duty-free ». Mais, globalement, le Groupe
Pernod Ricard confirme sa capacité à se développer.
Quels sont les grands événements qui ont marqué
l’année 2000 ?
P. P. : L’exercice s’est clos tout d’abord par l’offre de
reprise conjointe avec notre partenaire Diageo du portefeuille des spiritueux du groupe canadien Seagram,
une opération majeure que le marché attendait et qui
a fait aussitôt remonter le cours de Pernod Ricard.
Orangina et Pampryl ont par ailleurs fusionné en
10
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Quelle appréciation portez-vous sur l’année
2001 ?
P. P. : L’activité a démarré avec d’excellentes perspectives. L’année 2001 sera marquée par la finalisation de
l’opération Seagram, prévue pour les prochains mois.
Nous sommes confiants pour le bouclage de l’accord.
De même, à l’est de l’Europe, nous devrions finaliser
l’acquisition de Jan Becher, qui élabore la Becherovka
en République tchèque, et du Polmos de Poznan, qui
distille la vodka polonaise Wyborowa dans le cadre de
privatisations. Propos recueillis par M.-O.D.
ENTREPRENDRE N° 38
OCTUBRE
- NOVIEMBRE 2000
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é . C o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
[
EN
P
R I VAT I S AT I O N
]
PROPOSANT DE RACHETER LA TOTALITÉ DU
CAPITAL D’AGROS,
PERNOD RICARD CONFIRME SON
INTÉRÊT POUR LA WYBOROWA. D’AUTANT QUE
LE GROUPE A REÇU L’EXCLUSIVITÉ DU TRÉSOR
POLONAIS POUR LA PRIVATISATION DU POLMOS DE
POZNAN, L’UNE DES PLUS IMPORTANTES DISTILLERIES
EN VOIE DE PRIVATISATION QUI ÉLABORE CETTE
VODKA. EXPLICATIONS SUR CES DEUX OPÉRATIONS.
Wyborowa
l’avancée en Pologne
P
ar une offre publique d’achat Wyborowa. Élaborée à 100 % à par(OPA) lancée en mars à la tir de seigle et distillée trois fois,
Bourse de Varsovie, Pernod selon une recette multicentenaire.
Ricard va prendre le contrôle de la C’est la vodka polonaise la plus
totalité du capital d’Agros dont il connue en dehors de son marché
détenait déjà 37 % des actions et domestique, sur lequel elle représente
74 % des droits de vote.
d’importants volumes.
L’acquisition
de
Le Groupe deviendra ainsi
Parallèlement, Pernod
Wyborowa devrait
l’unique actionnaire de
Ricard s’est porté candidat
permettre
au
Groupe
l’un des principaux acteurs
à la privatisation du
du secteur agroalimentaire d’exploiter la marque « Polmos » de Poznan,
sur son marché
en Pologne, avec une
l’une des plus importantes
domestique
et
à
importante activité de
distilleries du pays, celle
l’étranger.
transformation de fruits et
qui élabore précisément,
légumes (le pôle Fortuna,
entre autres spiritueux,
récemment restructuré). Mais, sur- la Wyborowa. Cette acquisition
tout, Agros détient les droits de dis- devrait permettre au Groupe d’unitribution à l’exportation de la fier l’exploitation de la marque sur
marque de wódka (vodka polonaise) son marché domestique et à l’étran-
12
AVRIL-MAI
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Photothèque Pernod Ricard
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
Photothèque Pernod Ricard
Becherovka
ger. Autre avantage : le réseau de
distribution du Polmos Poznan, en
Pologne, servira de tête de pont aux
marques internationales du Groupe
sur cet important marché de 39 millions d’habitants dont le niveau de
vie ne cesse d’augmenter depuis ces
dix dernières années.
Sur certains marchés d’exportation,
Pernod Ricard distribue également
la Zubrówka, autre vodka polonaise
d’exception, célèbre pour le brin
d’herbe de bison visible dans chaque
bouteille. N. Z.
contrat rempli
L
a dernière phase de la
privatisation de Jan
Becher se confirmait à
l’heure où nous mettons
Entreprendre sous presse.
Pernod Ricard devrait
bientôt contrôler la société
qui élabore, depuis deux
siècles, l’amer tchèque
Becherovka. Les conditions fixées par l’État
tchèque, notamment en
termes d’exportations et de
réunification de la marque,
sont en effet remplies.
Fidèle à sa stratégie d’acquisition de marques régionales fortes, Pernod Ricard
est entré dans le capital de
la société Jan Becher au
cours de la première phase
de sa privatisation, en 1997,
grâce à une prise de participation dans le holding
tchèque SALB, lui-même
présent dans le capital de
Jan Becher, à hauteur de
30 %. Le Groupe était
donc aux commandes
depuis cette époque, l’actionnaire majoritaire de Jan
Becher restant l’État
tchèque. En 1998, le rachat
par Jan Becher de la société
allemande Johann Becher a
permis au Groupe de
réunifier les droits de la
Becherovka et, du coup,
de la distribuer dans la
région.
Véritable symbole national
en République tchèque,
ce spiritueux de caractère
est, en effet, très prisé dans
d’autres pays d’Europe centrale comme la Slovaquie,
la Pologne, la Russie, la
Hongrie, l’Autriche, mais
aussi l’Allemagne, qui pourrait bientôt devenir son
principal marché à l’export.
Grâce au réseau de Pernod
Ricard dans ces pays,
Becherovka, née en 1804
à Karlovy Vary, une petite
ville célèbre pour ses eaux
thermales et son ambiance
nostalgique de l’ancien
empire, est aujourd’hui une
marque millionnaire en
caisses. M.- O. D.
ENTREPRENDRE N° 39
AVRIL-MAI
2001
13
Whiskies
La gamme
SUR
UN MARCHÉ MONDIAL
PLEINE EFFERVESCENCE, PERNOD RICARD
MET EN AVANT SES ATOUTS :
UNE QUALITÉ D’ÉLABORATION
DANS LE RESPECT DES TRADITIONS ET LA GAMME DE WHISKIES LA PLUS COMPLÈTE
DU MONDE. DÉSORMAIS,
ELLE COMPRENDRA LE PRESTIGIEUX CHIVAS REGAL.
EN
14
AVRIL
- MAI 2001 N° 39 ENTREPRENDRE
[
D
O S S I E R
]
L
Photothèque Pernod Ricard
ascendante
a légende voudrait que des
moines venus d’Orient, au
VIe siècle, aient apporté en
Irlande le secret de la distillation. Les
Irlandais fabriquèrent alors des alambics à la manière locale, les « pot
stills », et les utilisèrent pour obtenir
l’uisge beatha, « eau-de-vie » en gaélique, l’ancêtre du whiskey. Mais la
première trace de l’existence du whiskey nous vient d’archives… écossaises
et remonte au XVe siècle. Les origines du whiskey (irlandais) ou du
whisky (écossais) se perdent donc
dans le charme des brumes celtiques.
Au fil des siècles, les techniques de
distillation et de maturation se sont
affinées pour faire de cette boisson
ancestrale l’un des spiritueux les plus
appréciés dans le monde. Pernod
Ricard, héritier de cette tradition,
possède les plus anciennes distilleries
d’Irlande et d’Écosse.
La distillerie Old Bushmills, avec la
patente de distillation de 1608, située
dans le pittoresque comté d’Antrim,
dans le nord de l’Irlande, est la plus
ancienne distillerie encore en activité.
On y élabore la gamme des whiskeys
Bushmills, à base de grain d’orge
maltée et d’eau pure selon des traditions séculaires. Les autres whiskeys
irlandais du Groupe, dont le fleuron,
Jameson, est numéro un mondial
dans sa catégorie (voir page 22), sont
élaborés dans la distillerie de
Midleton, dans le comté de Cork. Le
maître assembleur veille scrupuleusement sur les secrets de fabrication
hérités de celui qui a fondé la maison
à Dublin, il y a deux siècles, John
Jameson. Tout l’art est dans la triple
distillation caractéristique des whiskeys irlandais, puis dans le subtil
dosage entre différents crus, assemblés pour obtenir un produit final
d’une douceur et d’une finesse exceptionnelles.
ENTREPRENDRE N° 39
MAI-JUIN
2001
15
Whiskies
La gamme ascendante
]
Photos : Studio Pernod Ricard
[
LA CUBANÍA, C’EST LE MODE DE VIE À LA CUBAINE.
Photothèque Pernod Ricard
Le musée du Rhum, créé sur l’initiative du Groupe, entend promouvoir la vie culturelle cubaine en invitant les meilleurs artistes du
moment.
IRISH WHISKEY, en croissance constante depuis 1985, représente
plus de 2 millions de caisses vendues dans le monde.
GARDIEN DE LA TRADITION ET GARANT D’UNE HAUTE QUALITÉ,
Photothèque : Pernod Ricard
Pernod Ricard détient 90 % du marché mondial des Irish whiskeys.
16
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Un art qui permet aujourd’hui au
Groupe de détenir 90 % du marché
mondial des Irish whiskeys avec
ses quatre marques principales :
Jameson, Power’s, Bushmills et
Paddy, toutes élaborées par sa filiale
Irish Distillers. Un marché porteur
qui enregistre une croissance continue depuis 1985 et représente aujourd’hui plus de 2 millions de caisses
vendues dans le monde.
Dans l’autre pays du whisky, l’Écosse,
Pernod Ricard a su aussi mettre des
moyens modernes de production au
service du savoir-faire traditionnel.
La gamme de scotch whiskies du
Groupe s’étend des single malts d’exception, tels Aberlour et Edradour, à
des blended à vocation internationale
tels que Clan Campbell. Des whiskies
qui ont pour caractéristique commune un goût légèrement fumé, car
Photothèque Pernod Ricard
Le whisky dans
tous ses états
LE BOURBON WILD TURKEY, élaboré dans le comté du Kentucky, est vieilli dans des fûts de chêne dont
l’intérieur a été préalablement brûlé, d’où son léger arrière-goût de fumée et de caramel.
le malt incorporé dans la recette est mondial des whiskies. Grâce, notamdepuis toujours séché sur des feux de ment, à des marques phares telles que
tourbe. Chaque whisky est unique. le Chivas Regal (voir page 20), les
L’orge utilisée, l’eau de source, l’art malts Glen Grant et Glenlivet, partidu maître distillateur, le bois des fûts culièrement appréciés par les connaisemployés pour la maturation : chaque seurs en Europe et aux États-Unis,
élément joue dans la subtile alchimie Pernod Ricard vient en effet de passer au troisième rang mondial sur
du spiritueux.
Gardien de la tradition et garant le marché stratégique du scotch,
d’une haute qualité, Pernod Ricard alors qu’il se situait auparavant au
l’est aussi sur le marché des whiskeys huitième. « Les nouvelles marques
acquises sont parfaitement
américains, celui des bourPernod Ricard
complémentaires de notre
bons. Sa marque Wild
vient de passer
gamme traditionnelle, souTurkey dans le Kentucky
au troisième rang
ligne Francesco Taddonio,
où se trouve le comté de
mondial sur le
directeur marketing du
Bourbon, est devenue au fil
marché stratégique
Groupe. Chivas Regal, par
des ans un véritable symdu scotch.
son image de haute qualité,
bole de l’Amérique et une
marque stratégique pour le Groupe. sera une fantastique locomotive pour nos
Ce qui a permis à ce bourbon, élabo- autres marques premium dans le monde
ré majoritairement à base de maïs, de comme le Jameson ou même la vodka
devenir le numéro deux mondial des Wyborowa et nos rhums Havana. »
bourbons premiums dans le monde. « Le marché mondial du scotch qui repréUn portefeuille de marques presti- sente 76 millions de caisses est principagieux qui a permis au Groupe de lement dominé par les blended avec de
commercialiser la gamme la plus grandes marques comme Chivas Regal,
précise de son côté Patrick O’Driscoll,
complète du monde.
Avec l’arrivée des nouvelles marques General Manager de Campbell
de whiskies de Seagram, le Groupe Distillers. Le marché du malt, réservé
renforce aujourd’hui considérable- aux connaisseurs, se partage en un beaument ses positions sur le marché coup plus grand nombre de marques :
Le whisky (ou whiskey en Irlande
et en Amérique du Nord) est
une eau-de-vie de la distillation
de céréales qui est ensuite vieillie
en fûts de chêne.
Le malt whisky, au goût puissant
et typé, est élaboré exclusivement
à partir d’orge germée. Les single
malts sont le produit d’une seule
distillerie. Les pure malts sont
un assemblage de plusieurs
malts provenant de différentes
distilleries.
Le blended whisky (blend) est un
mélange de malt et d’eau-de-vie
de grain (blé, seigle, maïs) en
différentes proportions selon les
marques. Les blends sont plus doux
que les malts, ils se divisent
en blends standard et blends haut
de gamme, 12 ans d’âge et plus,
comme Chivas Regal.
Le scotch est le whisky élaboré en
Écosse. Sa particularité est d’avoir
un goût plus ou moins fumé,
car avant la distillation l’orge
est séchée sur des feux ouverts.
Les scotchs peuvent être des
blends ou des malts.
L’Irish whiskey provient d’un
mélange de grains et d’orge
maltée. Ce mélange sera ensuite
distillé trois fois. Avant la
distillation, l’orge maltée est
séchée dans des fours fermés. Le
whiskey est vieilli en fûts de chêne
pendant au moins cinq ans.
Le bourbon est un whiskey américain, essentiellement à base
de maïs, élaboré dans le Kentucky
où se situe le comté de Bourbon.
Le bourbon est vieilli dans des fûts
de chêne neufs dont l’intérieur
a été préalablement brûlé, ce qui
lui confère son arôme particulier.
Le rye est un whiskey d’Amérique
du Nord à base de seigle.
ENTREPRENDRE N° 39
MAI-JUIN
2001
17
[
Whiskies
La gamme ascendante
]
L’après Seagram :
les principaux
whiskies de
Pernod Ricard *
Aberlour (malt),
Chivas Regal (blended),
Clan Campbell (blended et malt),
Edradour (malt),
Glen Grant (malt),
Glenlivet (malt),
Glenforres (malt),
Highland Clan (blended),
House of Lords (blended),
Longmorn (malt),
Passport (blended),
Queen Anne (blended),
Royal Citation (blended),
Royal Salute (blended),
St Leger (blended),
Something Special (blended),
Strathisla (malt),
Treasury (blended),
100 Pipers (blended),
White Heather (blended).
Irish whiskey
Bushmills (blended et malt),
Jameson (blended),
Midleton Very Rare (blended),
Paddy (blended),
Power’s (blended),
Red Breast,
Crested Ten.
Bourbon
Wild Turkey (12 years old, Kentucky
Spirit, Rare Breed, Rye, 80 Proof),
101.
Whiskies canadiens
5 Five Stars, 83, Royal Canadian.
Whiskies locaux
Blender’s Pride, Dunbar,
Natu Nobilis, Royal Stag, Tilsbury.
* Sous réserve de l’approbation
des autorités chargées de la concurrence.
18
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Photothèque Pernod Ricard
Scotch
CHAQUE WHISKY EST UNIQUE. L’orge utilisée, l’eau de source, l’art du maître distillateur, le bois
des fûts employés pour la maturation : tout joue dans la subtile alchimie du spiritueux.
Aberlour, Glen Grant, Glenlivet, etc. »
teurs. « La consommation en Europe
Pernod Ricard a, par ailleurs, renforcé continentale continue de se développer,
ses positions dans les zones géogra- notamment en France et en Espagne,
phiques à fort potentiel en s’appuyant poursuit Francesco Taddonio. Les
sur le succès de marques locales telles marchés d’Asie et d’Amérique latine
que les scotchs 100 Pipers, particu- représentent aussi des potentiels de croislièrement appréciées en Australie, sance importants, grâce à l’amélioration
au Venezuela, en Thaïlande, ou la de la situation économique et à la baisse
des taxes d’importation des
marque Something Special
Malgré leur
pays candidats à l’Organidistribuée en Corée et au
grande
diversité,
sation mondiale du commerce
Venezuela. Le Groupe a
les whiskies de
(OMC). »
également étendu son porPernod
Ricard
Même dans les marchés
tefeuille de marques avec de
partagent les
traditionnels que sont les
nouveaux whiskies locaux
mêmes valeurs :
États-Unis et les pays anglotels que Royal Stag en Inde,
qualité
et
saxons, certains types de
Natu Nobilis au Brésil,
authenticité.
whiskies sont en forte croisDunbar au Venezuela, et
Blender’s Pride, produit au Venezuela sance (irish, malt…), ce qui ne peut
et vendu en Argentine. Une politique que favoriser Pernod Ricard, qui disd’achat de marques locales qui touche pose de la gamme la plus étendue et
des consommateurs qui n’ont pas la couvre tous les segments de marché.
possibilité d’acheter les whiskies d’im- Désormais, les whiskies représentent
portation.Le renforcement du secteur quasiment un tiers (31 %) du portedes whiskies de Pernod Ricard est feuille de Pernod Ricard en volume
d’autant plus prometteur que la de vente. Malgré leur grande diverconsommation de whisky s’est généra- sité, tous partagent les mêmes valeurs :
lisée depuis une vingtaine d’années la qualité et l’authenticité. Un gage de
dans le monde entier, car le whisky succès pour le XXIe siècle. est aussi une boisson jeune qui
N é g a r Zo k a
conquiert de nouveaux consomma-
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
[
]
Whiskies
La gamme ascendante
Chivas Regal
200 ans
de succès
N OUVELLEMENT ACQUIS PAR P ERNOD R ICARD *, LE SCOTCH
WHISKY C HIVAS R EGAL CONSTITUERA DÉSORMAIS LE FER DE
LANCE DE LA GAMME : DESTINÉ AUX FINS CONNAISSEURS ,
PRÉSENT SUR TOUS LES CONTINENTS, IL RENFORCE CONSIDÉRABLEMENT LES POSITIONS DU GROUPE.
20
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Photothèque Pernod Ricard
L
e secret du succès de De New York à Tokyo en passant par
Chivas Regal depuis sa créa- Paris, Chivas Regal véhicule une
tion en 1801 ? C’est peut-être image de plaisir raffiné. C’est en effet
son arôme à la fois complexe et moel- l’une des rares marques de spiritueux
leux, ce léger goût fumé, caractéris- réellement présentes sur tous les
tique des scotchs, et qu’équilibre une continents.
saveur suave. Douceur et caractère En 2000, il s’est vendu 2,9 millions de
font de Chivas Regal un whisky haut caisses de Chivas, ce qui classe la
de gamme que l’on peut apprécier marque parmi les vingt-cinq premiers
aussi bien « on the rocks » qu’en spiritueux du monde en volume de
cocktail.
vente. C’est aussi le seul
Chivas Regal
Élaboré dans la distillerie
scotch « blended » à être
est classé parmi
de Strathisla, dans les
exclusivement commerciales vingt-cinq
Highlands écossais, Chivas
lisé dans la catégorie des
Regal est un « blended » premiers spiritueux premiums. Il ne rentre donc
du monde,
de différents whiskies âgés
pas en concurrence avec des
en volume.
au minimum de 12 ans et
marques de cœur de gamme
mûris séparément en fûts
comme Clan Campbell.
de chêne. L’un des principaux malt « La marque Chivas Regal, après la
whiskies utilisé dans l’assemblage du crise asiatique et l’abolition du marché
Chivas est le Strathisla, également du duty-free en Europe, est maintenant
vendu sous forme de single malt. bien placée pour repartir à la hausse,
Chivas Regal est décliné en plusieurs explique Francesco Taddonio, direcversions, dont un « super premium », teur marketing de Pernod Ricard.
le Royal Salute, de 21 ans d’âge. Dans les marchés traditionnels, il y a de
CHIVAS REGAL est présent dans de nombreux pays,
comme l’illustre la publicité polonaise ci-dessus,
à gauche.
ÉLABORÉ DANS LA DISTILLERIE DE STRATHISLA DANS LES
HIGHLANDS ÉCOSSAIS, Chivas Regal est un blended
de différents whiskies âgés au minimum de
12 ans et mûris séparément en fûts de chêne.
L’orge entre dans sa composition.
plus en plus de connaisseurs. Ils sont à la
recherche de whiskies moins rugueux et
tourbés. C’est d’ailleurs une évolution
générale dans le monde : les consommateurs s’orientent vers un goût plus suave
mais toujours complexe, ce qui explique
le succès croissant des Irish whiskeys, ainsi que le fort potentiel de Chivas Regal,
caractérisé par son goût moelleux. »
Pas étonnant donc que Chivas Regal
soit une marque prioritaire pour
Pernod Ricard. Grâce à son savoirfaire dans le domaine du marketing
international et à son formidable
réseau mondial de distribution, le
Groupe devrait développer avec
succès tout le potentiel de ce spiritueux d’exception. N. Z.
* Sous réserve de l’approbation des
autorités chargées de la concurrence.
ENTREPRENDRE N° 39
MAI-JUIN
2001
21
[
Whiskies
La gamme ascendante
]
Jameson
une valeur sûre
WHISKEY IRLANDAIS
DE RENOM, JAMESON EST
UN DES PLUS BEAUX FLEU RONS DE LA GAMME
HISTORIQUE DU GROUPE.
DÉGUSTATION.
22
MAI-JUIN
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Photothèque Pernod Ricard
J
ameson est une marque exceptionnelle. Numéro un mondial
des Irish whiskeys, présent
dans plus de cent pays, il a été distribué à raison de 1,3 million de
caisses en 2000. Les ventes progressent de manière constante
depuis les dix dernières années. Et
il bénéficie de l’une des meilleures
rentabilités par caisse du Groupe…
Ce « blended », issu d’un assemblage des meilleurs whiskeys irlandais, se caractérise par un arôme
velouté, ponctué d’accents de bois
grillé et de xérès, qui s’entremêle
de légères notes boisées et d’un
soupçon de noisette, avec une finale en bouche d’un incroyable moelleux.
À la différence des méthodes écossaises, en Irlande, le malt qui entre
dans la composition du whiskey
n’est pas fumé sur des feux ouverts,
mais séché dans un four fermé.
À LA DIFFÉRENCE DU SCOTCH, l’Irish whiskey bénéficie d’une triple distillation.
Cette méthode naturelle fait retrouver dans les whiskeys irlandais le
goût de miel caractéristique du
malt, sans aucune note fumée.
« Le Jameson est un whiskey plus
facile à boire que beaucoup d’autres,
grâce à cette douceur caractéristique,
explique Eily Kilgannon, responsable des relations publiques d’Irish
Distillers, la filiale de Pernod
Ricard qui produit le Jameson. En
Irlande, nous aimons le boire allongé
d’un peu d’eau. » D’ailleurs, lorsque
l’on commande un Jameson dans
cette partie du monde, il est toujours accompagné d’un petit pichet
d’eau fraîche. Quelques gouttes suffisent pour donner aux parfums
complexes du Jameson une ampleur
supplémentaire. Il ne reste plus qu’à
savourer en prenant son temps… à
la manière irlandaise. N. Z.
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
[
M
O N D E
]
La nouvelle impl
du Groupe*
AVEC LE RACHAT DES MARQUES DE SPIRITUEUX DE SEAGRAM,
PERNOD RICARD DEVIENT LE NUMÉRO TROIS MONDIAL DES
SPIRITUEUX ET VINS ET CONSOLIDE SA PLACE DE LEADER DANS
LA ZONE EURO. LE POINT SUR LES NOUVELLES POSITIONS DE
PERNOD RICARD.
En Europe, Pernod Ricard était le
premier groupe de spiritueux en
France et en Irlande. Avec le rachat
des marques de spiritueux de Seagram, le Groupe gagne trois nouvelles places de leader : l’Italie, la
Pologne et la Russie. Il consolide
ainsi sa position de numéro un qu’il
détenait déjà dans la zone euro (avec
la Russie), une région stratégique qui
représente 58 % de son chiffre d’affaires en l’an 2000.
En Asie, Pernod Ricard a enregistré
l’an passé un volume global de vente
légèrement inférieur au million de
caisses grâce à son propre portefeuille de marques locales – en particulier, la liqueur à base de litchi Dita
– ou internationales. Avec l’opération
Seagram, le Groupe devient le
deuxième producteur étranger en
Inde, où il va désormais distribuer le
whisky Royal Stag. Les autres nouvelles marques clés sont les whiskies
Chivas Regal au Japon, Something
Special en Corée et Royal Salute à
Taïwan. Le cognac Martell est également très apprécié en Chine, à Singapour et en Malaisie.
24
AVRIL- MAI
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
En Amérique latine, le Groupe
atteint désormais sa taille critique.
Les volumes des ventes, légèrement
inférieurs à 2 millions de caisses, vont
atteindre près de 6 millions de
caisses. Déjà présent dans six pays –
Argentine,
Brésil,
Colombie,
Mexique, Venezuela, Uruguay –,
Pernod Ricard devient le numéro
deux des groupes étrangers sur le
marché brésilien. Ses nouvelles
marques sont Blender’s Pride en
Argentine, Chivas Regal, Montilla,
Natu Nobilis et Orloff au Brésil,
Dunbar et 100 Pipers en Uruguay.
Enfin, il va commercialiser les
marques Blender’s Pride, Dunbar,
Something Special et 100 Pipers au
Venezuela.
En Amérique du Nord, où trois
marques étaient déjà solidement
implantées – le bourbon Wild
Turkey, ainsi que les deux Irish whiskeys, Jameson et Bushmills –, les
nouvelles marques du portefeuille
sont les scotch whiskies Glenlivet et
Chivas Regal, le cognac Martell. Et,
surtout, Seagram’s Gin, une marque
trois fois millionnaire en caisses. 1
3
2
3
3
3
1
3
3
2
3
3
3
2
3
1
ASIE, AMÉRIQUE, EUROPE, AUSTRALIE.
Avec Seagram, Pernod Ricard
acquiert des positions fortes
sur tous les continents.
* Sous réserve de l’approbation des
autorités chargées de la concurrence.
1
2
antation
PERNOD RICARD
Position podium*du Groupe après
l’intégration des marques de Seagram,
sous réserve de l’accord des autorités
en charge de la concurrence.
Autres régions
3
2
3
du secteur des spiritueux.
1
1
1
3
1
1 2 1er, 2e ou 3e opérateur international
3
3
1
3
Source : Pernod Ricard
*
3
SUR LE PODIUM *
1
2
2
3
3
1
2
2
3
2
1
2
2
3
2
3
3
3
2
1
3
3
Photothèque Pernod Ricard
ENTREPRENDRE N° 39 AVRIL-MAI 2001
25
[
L
E S
M A R Q U E S
]
Un por
26
OCTOBRE
- NOVEMBRE 2000 N° 38 ENTREPRENDRE
[L
ES MARQUES
rtefeuille
dopé*
U NE GAMME
DE
MARQUES
]
ENRICHIE
MONDIALES
PRESTIGIEUSES ET DE MAR -
QUES
RÉGIONALES
TRÈS
PRISÉES.
TEL EST L’OBJECTIF
P ERNOD
ATTEINT
PAR
R ICARD GRÂCE À L’ ACQUI SITION D ’ UNE PARTIE DE
SEAGRAM *. UNE OPÉRATION
SANS FAUSSE NOTE
QUI PROPULSE LE G ROUPE
SUR LE HAUT DES PODIUMS.
Photo : Studio Pernod Ricard
Photothèque Pernod Ricard
A
u moins un million de
caisses l’an : rares sont les
marques mondiales pouvant
s’enorgueillir d’un tel volume de
ventes. L’accord signé à la fin de
2000 par Pernod Ricard et Diageo,
pour acheter les spiritueux et vins
Seagram au groupe Vivendi Universal, témoigne de la volonté du groupe français de doper son portefeuille
à forte croissance et d’ajouter quatre
marques millionnaires aux sept déjà
en sa possession.
Parmi elles, le scotch Chivas Regal,
le cognac Martell, le Seagram’s
Gin et le rhum Montilla apporteront chacune des volumes supérieurs au million de caisses l’an : des
performances commerciales
* Sous réserve de l’approbation des
autorités chargées de la concurrence.
ENTREPRENDRE N° 39
AVRIL-MAI
2001
27
Photo : Dominique Sarraute
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
[
dans un même panier », Pernod
Ricard compte ainsi rééquilibrer sa
gamme. Le whisky devient le premier spiritueux du Groupe, en volume, devant les anisés puis les alcools
blancs, qui se renforcent en poids
relatif avec l’arrivée du Seagram’s
Gin et du rhum brésilien Montilla.
Recentrage, rééquilibrage, refonte
du réseau de distribution… Ces
grands mouvements menés pour
faire prospérer le nouveau Pernod
Ricard témoignent d’une stratégie
symbolisée par la formule « racines
locales, ambitions globales », à
]
laquelle le Groupe reste fidèle. La
stratégie de Pernod Ricard consiste,
en effet, à acquérir, d’une part, des
marques mondialement connues
comme Chivas Regal et Martell et,
d’autre part, des marques régionales
telles que celle du premier producteur indien de whisky, Royal Stag, ou
les trois marques portugaises qui font
aujourd’hui de Pernod Ricard le
numéro deux du pays : le brandy
Macieira, le marc Aldeia Velha et la
liqueur Licor Beirao.
C’est la même stratégie qu’a déjà suivie le Groupe en ajoutant à son
s’additionnant à celles des marques
« millionnaires » déjà exploitées par
le Groupe que sont les anisés Ricard
et Pastis 51, le gin Larios, le whisky
Clan Campbell, l’Irish whiskey Jameson, le rhum Havana Club, ainsi que
les vins australiens Jacob’s Creek. Au
total, l’acquisition de Pernod Ricard
porte sur 14 millions de caisses.
Au-delà des volumes de vente, ces
nouvelles venues constitueront un
complément stratégique déterminant
en termes de produits et d’implantation mondiale.
Plutôt que de « mettre tous ses œufs
Un portefeuille dopé
PERNOD RICARD SUR LES HUIT PODIUMS
Déjà leader mondial des anisés grâce à Ricard, Pastis 51, Pernod et Ouzo Mini, ainsi que des amers
avec Suze, Ramazzotti et Becherovka, Pernod Ricard était aussi numéro un pour les whiskeys irlandais
grâce à Jameson, Bushmills, Power’s et Paddy. Le voici renforçant toute sa gamme des scotchs avec
Glenlivet, Glen Grant et 100 Pipers, mais surtout avec le spectaculaire achat de Chivas Regal, leader
du scotch premium qui hisse le Groupe au troisième rang mondial des scotch whiskies.
En cognac, la progression du sixième au deuxième rang mondial est signée Martell, la marque s’ajoutant à
celles de Bisquit et de Renault.
Sur le marché du gin, où le Groupe était seulement représenté par Larios, Seagram’s Gin lui permet
d’accéder à la deuxième place mondiale.
Amers
Anisés
Cognac
Gin
Whiskey irlandais
Scotch Whisky
Malt Whisky
Vodka
Sous réserve de la privatisation de Poznan
ENTREPRENDRE N° 39
AVRIL-MAI
2001
29
[
Seagram’s Gin
place le Groupe
au deuxième rang
mondial des
alcools blancs*
L’acquisition de Seagram’s Gin,
leader sur le continent nordaméricain avec 28 % de part
de marché et un volume de vente
de 3 millions de caisses, est
une avancée stratégique
outre-Atlantique pour Pernod
Ricard. Cette marque est, en
effet, la pièce maîtresse du
renforcement des positions
du Groupe aux États-Unis et au
Canada. Elle s’insère dans le pôle
alcools blancs de Pernod Ricard,
qui comprend également les
vodkas Wyborowa et Zubrówka
en France, ainsi que les rhums
Havana Club et Montilla, et la
tequila Viuda de Romero.
Avec Seagram’s Gin, qui s’ajoute
à la marque espagnole Larios, le
Groupe devient le deuxième
producteur mondial de gin
de marque internationale.
Au plan géographique,
Seagram’s Gin, aidé du
scotch Chivas Regal,
permettra à Pernod
Ricard de quintupler
ses ventes aux ÉtatsUnis. En effet, avec les
autres marques
achetées,
les volumes
américains vont
passer de 1 à
5 millions de caisses
par an : un puissant
effet de levier pour
les autres marques
du Groupe présentées
sur ce marché.
30
AVRIL-MAI
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
Un portefeuille dopé
portefeuille de grandes marques à
vocation mondiale, des leaders
locaux, tels le gin espagnol Larios,
l’amer italien Amaro Ramazzotti ou
la liqueur tchèque Becherovka et
la vodka polonaise Wyborowa.
Car l’acquisition de marques et de
réseaux locaux offre un double avantage : elle permet au Groupe d’établir de solides têtes de pont sur les
marchés domestiques pour ses
grandes marques mondiales. Parallèlement, les marques locales
acquises bénéficient de l’accès au
réseau international du Groupe.
UNE
Ainsi, Larios a-t-il franchi avec succès les Pyrénées puis les Alpes pour
séduire Français et Italiens, Ramazzotti s’est imposé aux terrasses des
cafés suisses, autrichiens, et surtout
allemands, tandis que la bicentenaire
tchèque Becherovka trouvait amateurs jusqu’à Moscou, Varsovie et
Budapest !
De précieuses synergies qui profitent
globalement à l’ensemble du Groupe,
en passe de devenir le numéro trois
mondial des spiritueux et vins, tandis
qu’il se plaçait jusqu’alors au cinquième rang. Les ventes de spiri-
GAMME BIEN ÉTOFFÉE *
LES ANISÉS
Ricard, Pastis 51, Pernod,
Ouzo Mini, 8 Hermanos,
Alaska, Sambuca Ramazzotti.
l’armagnac Marquis de
Montesquiou, les eaux-de-vie
de fruits La Duchesse et l’eau de
vie Ruavieja, le brandy Dorville,
le brandy arménien Ararat,
le brandy portugais Macieira,
le marc Aldeia Velha.
LES SCOTCH WHISKIES, IRISH
WHISKEYS ET BOURBONS
Chivas Regal, Jameson,
Wild Turkey, Clan Campbell,
Aberlour, Glenlivet, Glen Grant,
Bushmills, 100 Pipers, White
Heather, Edradour, House of
Lords, Paddy, John Power,
Royal Canadian, Highland Clan,
Royal Salute, Something Special,
Strathisla, Longmorn,
Blender’s Pride, Benriach,
Royal Stag, Natu Nobilis,
Red Breast, Crested Ten,
Cutty Sark en France.
]
LES EAUX-DE-VIE
Les cognacs Martell, Bisquit et
Renault, le calvados Busnel,
LES ALCOOLS BLANCS
Les rhums Havana Club
et Montilla, les gins Larios,
Seagram’s Gin, Cork Dry Gin,
les vodkas Wyborowa, Zubrówka
en France, Altaï et Orloff,
la tequila Viuda de Romero.
LES AMERS
Suze, Amaro Ramazzotti,
Becherovka.
LES LIQUEURS
Soho/Dita, les liqueurs Cusenier,
Royal Dutch Advocaat, Eoliki
et Zoco et la Licor Beirao.
* Sous réserve de l’approbation des autorités chargées de la concurrence.
** Ces chiffres n’incluent pas les volumes
de Wyborowa et Becherovka.
LA RÉPARTITION
DU PORTEFEUILLE
DE PERNOD RICARD
AVANT SEAGRAM
Whiskies
Alcools blancs
Anisés
20 %
22 %
Rhums
1%
7%
Amers
Cognac
13 %
5%
Autres
32 %
APRÈS SEAGRAM
LES APÉRITIFS À BASE DE VIN
Whiskies
ET VINS DOUX NATURELS
Alcools blancs
Dubonnet, Ambassadeur,
Cinzano, Byrrh, Americano,
Vabé, Bartissol, Porto Cintra,
Padilla.
LES VINS DU MONDE
Jacob’s Creek,
Wyndham
Estate (Australie) ;
Etchart, Rio de Plata
(Argentine) ;
Long Mountain
(Afrique du Sud) ;
Alexis Lichine, Cruse (France) ;
Palacio de la Vega (Espagne).
LES VINS EFFERVESCENTS
Jacob’s Creek Sparkling, Canei,
Café de Paris, Carrington.
LES BOISSONS FAIBLEMENT
Anisés
Rhums
Amers
15 %
3%
5%
30 %
8%
Cognac
Autres
22 %
17 %
Grâce à l’acquisition du cognac
Martell, Pernod Ricard, déjà
présent à travers ses deux marques
Bisquit et Renault, passe du sixième
au deuxième rang mondial sur ce
marché à nouveau porteur,
d’autant que ses cognacs trouvent
naturellement leur place dans les
vitrines réservées aux spiritueux de
luxe tel le fameux whisky Chivas
Regal, l’autre grande marque de
Seagram acquise par Pernod Ricard
(voir page 20). Des atouts au
plan international auxquels
s’ajoutent d’importantes
percées régionales : Martell
bénéficie ainsi d’un prestige
particulier aux États-Unis,
au Royaume-Uni et dans
les pays très consommateurs
du Sud-Est asiatique.
Photothèque : Pernod Ricard
tueux du Groupe atteindront au total
38 millions de caisses**.
Avec un meilleur accès au continent
asiatique et le triplement de l’activité
en Amérique du Nord et du Sud –
cinq fois plus de ventes sur le seul
marché des États-Unis –, Pernod
Ricard verra ses ventes hors de
France passer de 62 à 75 % : une
répartition, par produit, par pays,
parfaitement calquée sur la consommation mondiale.
Martell hisse
Pernod Ricard
au deuxième
rang mondial
des cognacs*
ALCOOLISÉES
Two Dogs, Suze Tonic, Wild
Turkey and Cola, West Coast
Cooler, E 33.
TRÈS PRISÉ dans les pays du Sud-Est
asiatique, Martell hisse le Groupe au
deuxième rang mondial des cognacs.
ENTREPRENDRE N° 39
AVRIL-MAI
2001
31
[ Un portefeuille dopé ]
PERNOD RICARD
Havana Club
A LARGE-
MENT DÉMONTRÉ SA CAPACITÉ
À
DÉVELOPPER
LES
MARQUES QU’IL A ACQUISES
Le rhum cubain Havana
Club dépasse désormais
1,4 million de caisses
grâce à une progression
de 12 % l’an passé, la
plus forte sur cinq ans.
COMME EN TÉMOIGNE LA
Jacob’s Creek
FORTE CROISSANCE QU’ONT
ENREGISTRÉE HAVANA CLUB,
JAMESON ET JACOB’S CREEK.
Volumes en millions de caisses
Jameson
1,5
Volumes en millions de caisses
1,5
1,2
1,2
0,9
0,9
0,6
0,6
0,3
0,3
TC A M * : + 1 8 , 7 2 %
Jacob’s Creek, le
numéro un du vin
australien, a connu une
hausse record de 19 %
en 2000, portant ainsi
ses ventes à 4,4 millions
de caisses.
TCA M * : + 1 9 , 4 1 %
0
0
94
95
96
97
98
99
00
91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
* Taux de croissance annuel moyen
Jameson, leader des Irish
whiskeys, réalise aussi
l’une des meilleures
croissances sur cinq ans,
toutes catégories
confondues : 1,3 million
de caisses vendues en l’an
2000 et une progression
de 11 % hors duty-free.
Photothèque : Pernod Ricard
Volumes en millions de caisses
1,5
1,2
0,9
0,6
0,3
TCA M * : + 8 , 9 6 %
0
91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
D o s s i e r r é a l i s é p a r A n n e Le f k o t
32
AVRIL-MAI
2001 N° 39 ENTREPRENDRE
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .
Entreprendre
en actions
Seagram, les coulisses
Quelques mois pour
P OUR
P ERNOD R ICARD , D IAGEO ET DE
LEURS SOCIÉTÉS - CONSEILS – S OCIÉTÉ G ÉNÉRALE ET
JP M ORGAN ET C IE SA–, LE SECOND SEMESTRE 2000
A ÉTÉ INTENSE . R ETOUR SUR LES DISCUSSIONS
MARATHON QUI SE SONT ACHEVÉES À N EW Y ORK
LE 19 DÉCEMBRE .
DR
E
NICHOLAS BULL, Managing Director à la Société
DR
Générale.
GUILLAUME D’ANGERVILLE, directeur général adjoint
de JP Morgan et Cie SA.
34
MAI-JUIN
2001 - N° 39 ENTREPRENDRE
LES ÉQUIPES DE
ntre l’examen du dossier, au chaque partenaire avait des objectifs
cours de l’été 2000, et la signa- bien précis : Pernod Ricard souhaiture de l’accord d’acquisition, il se tait en priorité compléter la gamme
sera écoulé quatre mois. Un laps des scotchs et renforcer ses poside temps relativement court au tions aux États-Unis, au Brésil et
regard du contenu des négociations. en Asie ; Diageo cherchait à étoffer
Nicholas Bull, Managing Director sa gamme de rhums, de whiskies
à la Société Générale, et Guillaume, canadiens et de vins –, le tandem
d’Angerville, directeur général annonçait, à la fin août, leur accord
adjoint de JP Morgan et Cie SA, pour présenter une offre conjointe.
qui accompagnèrent Pernod Ricard Un second semestre durant lequel les
tout au long de l’opéradeux équipes reconnaissent
Le nombre et
tion, en rappellent l’agenda.
n’avoir pas « chômé » !
l’importance des
De fait, le rapprochement
Une fois les marques valomarques
à
céder
a
entre Vivendi et Seagram
risées, l’heure est venue,
conduit Pernod
Universal a vite fait appaà l’automne, de chiffrer la
raître que les spiritueux et Ricard à trouver un proposition et de finaliser
vins n’avaient pas vocation partenaire : Diageo. la répartition de l’investisà rester dans le nouvel
sement entre Pernod
ensemble. Et le nombre et l’impor- Ricard et Diageo.
tance des marques à céder a conduit Au début d’octobre 2000, leur offre
tout aussi rapidement Pernod indicative était sélectionnée par
Ricard à chercher un partenaire Seagram Universal en même temps
ayant intérêt à compléter son porte- que celle des autres concurrents.
feuille de marques. Une analyse Ensuite, une offre « ferme », prépartagée par les dirigeants du bri- sentée au début de décembre, allait
tannique Diageo.
faire l’objet d’ultimes négociations
Après un été studieux consacré à la à New York. « Trois ou quatre jours
répartition des marques à acquérir – intenses, dont une dernière nuit…
[
L
E
T I T R E
]
Une hausse de 20%
DEPUIS LA MI-DÉCEMBRE
blanche, bien évidemment », rappelle
Guillaume d’Angerville, qui garde
surtout en mémoire l’enthousiasme
de toute l’équipe entourant Pernod
Ricard. « Nous allions jusqu’à repérer
la présence des produits du Groupe au
bar de l’hôtel avant d’aller dormir ! »
Ces journées new-yorkaises furent
encore ponctuées d’allers-retours
vers les avocats respectifs : une ultime « ligne droite » pour résoudre les
questions les plus délicates et…
laissées « pour la fin ».
Le 19 décembre, l’opération aboutissait à l’accord. Les instants de
découragement et les tensions
de dernière heure n’étaient plus
qu’un souvenir.
La Société Générale et JP Morgan
se sont engagées d’en assurer, paritairement, le financement.
Dernière étape : Pernod Ricard et
Diageo attendent l’aval des autorités chargées du respect de la
concurrence pour mettre en œuvre
l’accord. ■
A n n e Le f k o t
DIRECTEUR ADJOINT DES OPÉRATIONS FINANCIÈRES SUR
ACTIONS À LA
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE.
Le cours de l’action Pernod
Ricard a enregistré une hausse
de 20 %, alors que le Cac 40
reculait d’environ 12 % sur la
même période. Pour Florent
Mahé, directeur adjoint des opérations financières sur actions
pour la Société Générale, les
milieux financiers, témoins d’une
période de fusions-acquisitions,
attendaient de Pernod Ricard qu’il
réalise une opération de grande
envergure. Ils ont donc apprécié
l’opération Seagram, accueillant
favorablement son recentrage sur
les spiritueux et les vins.
Les places boursières attendent désormais la cession annoncée par Patrick Ricard de la
société Orangina-Pampryl, d’autant qu’il donnait le nom de son
DR
r aboutir
2000, DATE DE L’ANNONCE DU
RACHAT DES MARQUES DE S EAGRAM , P ERNOD R ICARD
FAIT PARTIE DES VALEURS BOURSIÈRES EN CONSTANTE
PROGRESSION. COMMENTAIRE DE FLORENT MAHÉ,
FLORENT MAHÉ, directeur adjoint des
opérations financières sur actions
à la Société Générale.
acquéreur potentiel, le groupe
Cadbury-Schweppes. Parmi les
atouts relevés par les analystes
financiers, la taille critique du
Groupe, la diversification de son
portefeuille de marMoyenne du cours de l’action Pernod Ricard
ques et une meilleure
répartition de son
et du Cac 40 depuis décembre 2000
implantation mondiale.
euros
Les « road shows » réa80
PR
lisés en Europe et
outre-Atlantique ont,
70
en outre, permis au
CAC sur base ajustée
Groupe de faire mieux
60
connaître sa stratégie
et ses perspectives. ■
50
déc. 2000
jan. 2001
fév. 2001
mar. 2001
ENTREPRENDRE, le magazine des actionnaires du groupe Pernod Ricard.
142, bd Haussmann, 75379, Paris Cedex 08. Tél. : 01 40 76 77 78.
Directeur de la publication : Alain-Serge Delaitte. Coordination : Lucie Hittka, Élisabeth Ricard. Service photo Pernod Ricard : Daniel Dewalle, Marc-André
Desanges. Conception-réalisation :
9, rue du Helder, 75431 Paris Cedex 09. Chef d’édition : Marie-Odile Durrande. Direction artistique : Héloïse Tissot.
Secrétaire de rédaction : Frédérique Disant. Maquettiste : Laurent Turquin. Correcteur-réviseur : Dominique Joubert.
ENTREPRENDRE N° 39
MAI-JUIN
2001
35
Photo : Dominique Sarraute
L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é , c o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .

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