avant-propos
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AVANT-PROPOS La musique française, le piano français, choses « qui datent » ? Certes, ils ne datent pas d’hier mais d’avant-hier. Et avant-hier on avait fait aussi de belles choses en France que l’on peut aimer sans pour autant être chauvin ou encore nationaliste car on apprécie sans réserve les merveilles venues d’ailleurs. Mais le propos de cette étude est l’histoire d’une grande marque de pianos, de pianos français, justement, qui s’est déroulée au cours de sa dernière partie de son existence dans un climat musical étrange où le rejet du passé, de l’héritage musical français allait en croissant pour finir par tout balayer en peu de temps. Ainsi peut-on constater sur une très courte période la disparition du son français des orchestres ; du chant français, de la diction française, du style français et des chanteurs français de l’opéra ; de la technique française du toucher pianistique et du son du piano français des salles de concert ; et, pire encore, le répertoire français est devenu quasi-inexistant dans des salles de concert et des théâtres lyriques, pour être remplacé par un tout venant de loin. Ira-t-on chercher pour retrouver une certaine identité musicale propre, maintenant que le premier élan du rejet est passé ? Des habitudes ont été prises, l’oreille n’y est plus réceptive, l’esprit est ailleurs et, surtout, ce n’est plus à la mode, c’est du passé, c’est dépassé, « ça date ». En faisant les recherches sur l’histoire de la Maison Gaveau en particulier, nous avons été confronté rudement 7 à cette liquidation de l’héritage musical français en France et le naufrage de Gaveau y avait naturellement sa place. Dès lors une présentation de quelques éléments concernant cette liquidation nous a paru nécessaire pour tracer l’environnement culturel dans lequel évoluait la Maison Gaveau et ceci s’ajoute aux données recueillies sur son histoire et sur les développements de ses instruments. 8 INTRODUCTION Fondée à Paris en 1847 par Joseph Gaveau (18241903) la Maison Gaveau était une des trois grandes marques françaises de piano – avec la Maison Erard (fondée en 1780) et la Maison Pleyel (fondée en 1807) qui ont dominé la vie musicale française jusqu’au milieu du 20e siècle. Elle était arrivée la dernière, elle a pris son envol à partir du début du 20e siècle et c’est avec elle que la grande tradition nationale de piano a pris fin, un peu plus de cent vingt ans plus tard. A l’époque de la fondation de la Maison Gaveau, les grandes inventions qui ont façonné l’instrument ont été déjà accomplies. En effet, c’est dans les années 1820 que furent déposés les brevets les plus importants qui ont déterminé la structure de l’instrument moderne. Ainsi le principe du mécanisme utilisé actuellement dit « à double échappement » fut breveté par Erard à la fin de l’année 1821 à Londres et en début 1822 à Paris. Ensuite venait en 1825 le brevet du cadre métallique coulé d’une seule pièce déposé par Babcock à Boston aux Etats-Unis. Pape est l’inventeur d’un élément essentiel du piano moderne : les marteaux recouverts de feutre au lieu de cuir comme auparavant et le brevet fut déposé en 1826 à Paris. Le croisement des cordes des pianos actuels était une idée déjà fort ancienne. Le piano à ses origines appelé pianoforte pour avoir la possibilité de jouer doucement ou fort contrairement au clavecin - avait 9 comme ce dernier, dont il avait hérité le dispositif harmonique (mais non pas la mécanique !), des cordes disposées parallèlement les unes aux autres. L’idée de faire passer les cordes des graves par dessus du médium pour leur donner un peu plus de longueur (et donc un peu plus de volume sonore) était appliquée dans des petits pianos carrés déjà tout au début du 19e siècle : on la trouve dans des pianos à bon marché qui étaient un peu méprisés pour leur sonorité alors considérée comme pauvre. Le brevet fut déposé par Pape en 1828, également à Paris, cette fois-ci pour son application dans des petits pianos droits. Une trentaine d’années plus tard, en 1859, Steinway allait breveter aux Etats-Unis l’idée d’une combinaison du cadre métallique coulé d’une seule pièce et du croisement des cordes destinée maintenant au grand piano à queue de concert et on l’a appelée la « nouvelle technologie ». Elle allait concurrencer l’ancienne méthode des cordes parallèles soutenues par un cadre composite que l’on pourrait alors appeler la « technologie classique ». La « nouvelle technologie » allait s’imposer et déterminer l’avenir du piano et profondément modifier la sonorité de l’instrument, la technique d’exécution ainsi que l’interprétation pianistique. La Maison Gaveau n’était donc pas pionnière dans le développement du piano comme l’étaient ses aînés Erard et Pleyel ; elle appartenait à cette deuxième vague de grands facteurs de pianos qui se sont installés à la seconde moitié du 19e siècle pendant laquelle l’industrialisation prenait le pas sur l’artisanat. Outre le chef de file de la « nouvelle technologie », Steinway, cette vague comportait des facteurs très importants tels que Bechstein et Blüthner en Allemagne (par un curieux trait du hasard, ces trois sociétés ont été fondées en 1853). Les deux facteurs allemands ont adopté 10 assez rapidement cette « nouvelle technologie » de Steinway et ensemble ils en ont fait une promotion d’une telle force et efficacité que la « technologie classique » (surtout défendue par Erard en France, par la firme Broadwood [fondée en 1769] en Grande-Bretagne et par la firme Chickering [fondée en 1823] aux Etats-Unis) était progressivement poussée dans une situation d’infériorité qui a fini par l’éliminer totalement. Les deux technologies ont leurs points forts et leurs faiblesses. La « nouvelle technologie » donne aux instruments une solidité exceptionnelle qui permet une tension des cordes extrême donnant une puissance sonore inégalée mais au détriment des harmoniques, du timbre. Avec sa sonorité homogène et immédiatement jolie, plus percutante mais moins personnelle, le piano moderne est aussi plus passe-partout que l’instrument classique : il peut servir (et il sert) pour exécuter la musique de Bach jusqu’au Jazz. La sonorité produite par les instruments construits selon la « technologie classique », même dans son état le plus évolué, a des qualités plus variées : elle est plus riche en harmoniques, plus chantante, plus délicate mais ayant besoin d’une technique pianistique plus complexe pour faire ressortir toutes ses possibilités. Ceci va avec des performances de puissance sonore à peu près semblables à celles de la « nouvelle technologie » tout au moins au stade de son développement à cette époque. On peut constater pour les deux catégories des dimensions accrues, une grande solidité, une puissance sonore fortement augmentée (mais, en ce qui concerne les pianos fabriqués selon la « technologie classique », sans doute insuffisante pour les salles surdimensionnées et les orchestres hypersonores de notre époque, auxquels la « nouvelle technologie » s’est naturellement adaptée). Précisons que la Maison Erard, un des défenseurs acharnés de cette « technologie classique », a construit dès 11 1850 des grands pianos à queue de concert ayant un cadre composite complet, solide mais assez léger, portés à l’étendu de 90 notes (au lieu de 88 notes adoptées habituellement) et à la longueur de 2m60 (au lieu de 2m40 auparavant) mais, bien sûr, toujours à cordes parallèles. Ces pianos à queue de concert ont été qualifiés comme les plus accomplis jamais construits (1). Il faut comprendre par là qu’il s’agit d’un piano équilibré, avec des basses très présentes et sonores (mais qui ne dominent pas comme dans des pianos modernes), un médium ayant des timbres très variés où il est possible de faire des mélanges sonores infinis, et dont l’aigu est une peu court mais scintillant qui complète bien les harmonies de l’instrument qui a conservé ce halo moiré des anciens pianofortes. Il est donc permis d’admettre que les pianos construits selon la « technologie classique » après 1850, instruments solides, ayant une étendue et une puissance sonores augmentée, et que l’on pourrait appeler des « pianos classiques » pour les différencier des pianofortes, plus délicats et fragiles, sont tout de même plus proches des instruments du temps des compositeurs dits « classiques » et « romantiques » que les pianos modernes. Les cordes parallèles ont gardé par ailleurs la préférence de certains compositeurs jusqu’à la première moitié du 20e siècle, notamment, de Gabriel Fauré qui a gardé son quart de queue Erard à Maurice Ravel qui est resté fidèle à son demi-queue Erard jusqu’à sa disparition en 1937. A l’heure actuelle quelques adeptes rares existent toujours et qui vont revivre ces « pianos classiques » de façon très marginale en concert et quelques fois aux disques. La Maison Gaveau était en fait peu concernée par ces rivalités entre la « technologie classique » et la « nouvelle technologie ». Au départ elle aurait suivi la grande et prestigieuse Maison Erard en adoptant les cordes 12 parallèles. Mais malheureusement peu de documents peuvent attester avec précision de l’évolution des pianos de cette marque pendant les premières décennies qui suivent sa fondation : les registres de fabrication antérieurs à l’année 1908 ont disparu probablement dans l’incendie qui a ravagé l’usine de Fontenay-sous-Bois en banlieueEst parisienne le 12 mars 1908. Il nous reste les brevets détenus à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Ceux qui datent de 1880 et de 1883 donnent en exemple des figures qui montrent les pianos droits à cordes parallèles obliques. Le passage aux cordes croisées se situerait aux alentours de l’année 1890. Le catalogue de 1899 montre une quasi-totale conversion à la « nouvelle technologie ». L’ascension de la Maison Gaveau est assez lente, ce que démontrent les récompenses successives aux Expositions Universelles de Paris : la médaille de Bronze à celle de 1855, Argent en 1867 et la médaille d’Or en 1878 et en 1889, Gaveau était hors concours à l’Exposition Universelle de 1900. Il n’y a pas eu de concerts de présentation avec les instruments de Gaveau pendant les Expositions Universelles comme c’était le cas avec les marques prestigieuses Erard et Pleyel ou encore avec ceux des firmes alors fort connues telles que celle de Henri Herz ou Mangeot, ce qui indique que Gaveau n’était pas encore dans la cour des grands à la fin du 19e siècle. Il est à noter que les succès obtenus par Steinway et Bechstein furent immédiats. En effet, les grands virtuoses comme Paderewski et Anton Rubinstein ont soutenu Steinway dès le départ et c’est sur un piano de concert de Bechstein qu’a été créée la sonate de Franz Liszt à Berlin en 1857 (donc 4 ans après la création de la firme et cet instrument était encore équipé de cordes parallèles). On a affirmé que Gaveau aurait pris les instruments de Bechstein comme modèle pour concevoir 13 ses pianos modernes (et Pleyel se serait tourné vers Steinway) (2). Le vrai démarrage des pianos de concert Gaveau se situe en 1903 où pour la première fois un instrument de cette marque sonne lors d’un concert avec l’Orchestre Lamoureux : le fait a été signalé par « La Revue Musicale » du 15 juillet 1903. A cette époque les pianos à queue de cette firme étaient tous équipés de cordes croisées et de cadre en fonte ; pour certains modèles de pianos droits, on pouvait encore choisir entre cordes croisées et cordes parallèles et ces dernières étaient parfois tendues sur un cadre en fonte (cf. tarif 1899). L’ouverture de la Salle Gaveau en 1907 a confirmé et amplifié le succès de la marque. Elle était la première vraie salle de concert à Paris qui peut contenir 1000 auditeurs et elle prenait tout de suite une place centrale dans la vie musicale parisienne. On y jouait naturellement sur des pianos de concert Gaveau mais dans de rares cas les pianistes y introduisaient d’autres marques – on peut trouver dans les annales de cette époque quelques Erard ou Pleyel pour les français et un rarissime Steinway pour un pianiste étranger. Dans ce cas il fallait alors louer l’instrument ce qui pouvait être très onéreux et donc dissuasif (3). Alfred Cortot, par exemple, y jouait sur Pleyel mais Arthur Rubinstein, encore en début de carrière, devait accepter (à contrecœur) le Gaveau maison (4). Il est donc intéressant de noter que les pianos de la Maison Gaveau ne faisaient pas l’unanimité, ils avaient leurs supporteurs mais également des adversaires farouches. Le fait que la marque avait été fondée plus tardivement qu’Erard et Pleyel – qui avaient développé chacune une personnalité sonore très marquée, fortement liée aux compositeurs et pianistes du passé – la sonorité des pianos Gaveau paraissait à cette époque un peu impersonnelle (4). On a rapporté que Clara Haskil avait refusé aux années 1920 l’offre très attractive de la Maison 14 Gaveau de la soutenir dans sa carrière : cependant, bien plus tard, au Festival de Besançon en 1956, où elle avait accepté de jouer sur un Gaveau, le témoignage sonore, pris sur le vif, fait entendre un très beau concert et quelques fausses notes pour lesquelles le piano n’y était pour rien (cf. CD 8 et sa notice). D’un autre côté, plusieurs pianistes ont accepté de jouer pour la Maison Gaveau. En premier lieu Marguerite Long, pianiste-concertiste et pédagogue célèbre, par exemple. Il y a eu aussi José Iturbi, un pianiste virtuose très connu internationalement avant la Seconde Guerre mondiale qui faisait des tournées en Asie avec des pianos Gaveau. (Décédé en 1980 et au moment de la liquidation de son héritage, son quart de queue Gaveau (de 1m77 de long) construit en 1948, qu’il avait gardé, a été mis à prix aux enchères en avril 2008 en Californie pour 1 680 dollars au bénéfice de la Fondation Iturbi, le demi-queue Steinway en valait 16 800…) (5). Il y eut aussi Georges Cziffra qui collabora même à l’amélioration de la sonorité des pianos de concert Gaveau (il en a possédé lui-même un, construit en 1948). Notons également que deux célèbres pianistes allemands, Wilhelm Backhaus et Wilhelm Kempff, ont joué sur Gaveau et pas uniquement à la Salle Gaveau. En 1955 Wilhelm Kempff a accepté de jouer sur un Gaveau à Nancy (où l’instrument avait été loué) et même à l’étranger, à Istanbul (où la Maison Gaveau avait vendu un piano à queue de concert en 1948). Comme c’est le cas pour le pianoforte et le « piano classique », les pianos de concert de la Maison Gaveau sont actuellement utilisés sporadiquement pour des enregistrements discographiques récents et d’une façon marginale mais ceci complète une discographie d’avant la Deuxième Guerre mondiale et des deux décennies qui l’ont suivie où les pianos français ont abondamment servi pour des enregistrements en France, souvent sans en préciser la marque. 15 Somme toute, les pianos de la Maison Gaveau étaient d’excellents instruments, les exemplaires de pianos de concert restants avec lesquels sont faits des enregistrements discographiques récents en témoignent. Pourquoi cette marque a-t-elle alors sombré, aussi bien qu’Erard et Pleyel ? La réponse à cette question est difficile à donner et nécessite une étude socioculturelle approfondie. Toutefois, après avoir présenté des documents que nous avons pu rassembler concernant la marque et, ensuite, tracé un bref rappel de l’histoire du piano français, nous allons tenter d’y apporter l’ébauche d’une explication en plaçant ce naufrage dans une esquisse du climat musical très particulier dans lequel il s’est produit. 16 MATERIEL et METHODE Le matériel présenté ici comporte des documents qui ont été trouvés dans des bibliothèques : la Bibliothèque nationale de France et la Médiathèque Gustav Mahler à Paris, ainsi qu’au Musée de la Musique à Paris, au Centre des Archives Contemporaines des Archives nationales de France à Fontainebleau, à la Chambre de Commerce de Paris, au Tribunal de Commerce de Paris et chez des particuliers. Ces sources sont mentionnées aux documents présentés. La méthode de présentation est la suivante : Les documents rassemblés sont présentés dans la partie RESULTATS des RECHERCHES de DOCUMENTS qui est suivi d’une DISCUSSION où sont développés la place qu’a occupée la Maison Gaveau dans le monde musical et les conditions dans lesquelles elle s’est débattue pour survivre et où, finalement, elle a sombré. Dans la partie RESULTATS des RECHERCHES de DOCUMENTS, une Chronologie générale de la Maison Gaveau est présentée, reprenant des faits saillants. Dans la Chronologie des modèles est également mentionné le nombre d’exemplaires du modèle produit. Pour les Figures nous avons cherché d’y faire représenter autant que possible tous les modèles produits par la marque. Les Fonds des pianistes Yvonne Lefébure et Reine Gianoli sont très parlants au sujet des habitudes d’utilisation des pianos de concert avant et après la Deuxième Guerre mondiale. 17 Au cours des trois premières décennies du 20e siècle, les programmes de concert à Paris portaient systématiquement la mention de la marque du piano qui sera utilisé : ceci nous a permis d’évaluer l’importance de la place qu’occupaient chacune des trois grandes marques françaises dans le monde des concerts parisiens et en particulier celle de la Maison Gaveau. Les Publicités publiées par la Maison Gaveau donnent une idée des efforts de la marque pour s’imposer. Puis va suivre la place qu’elle a occupée dans les Achats de pianos par les Ecoles nationales de Musique. Les données des Statuts Juridiques successifs de la marque proviennent des Archives du Tribunal de Commerce de Paris et les Brevets de l’Institut National de la Propriété Industrielle. La DISCUSSION qui suit présente un survol de l’histoire du piano français pour marquer son importance dans l’histoire du piano en général et une esquisse du climat musical très particulier qui régnait en France après la Deuxième Guerre mondiale dans lequel la Maison Gaveau se débattait pour survivre. Dans une ANNEXE sont présentées une liste des quantités de pianos produits par année depuis 1909 et celle des dates de fabrication selon les numéros de série que porte les pianos. Y sont ajoutées les dates de fabrication des pianos MAG, une sous-marque de Gaveau (MAG est une abréviation de Marcel André Gaveau). 18 RESULTATS des RECHERCHES de DOCUMENTS Chronologie générale de la Maison Gaveau Chronologie des modèles de pianos, leur taille et les nombres d’exemplaires produits depuis 1908 Les figures des pianos Programmes de concert mentionnant les marques de pianos utilisées présents dans : (I)Le fonds de la pianiste–concertiste Yvonne Lefebvre (II)Le fonds de la pianiste-concertiste Reine Gianoli Nombres de pianos de concert Gaveau, Pleyel, Erard utilisés pour des concerts à Paris de 1910 à 1932 Publicités de la Maison Gaveau parues dans « Le Courrier Musical » « Gaveau est partout dans le monde » Extrait de la brochure « Les Pianos de Concert Gaveau : Technique te Tradition » Rapport sur les instruments de musique exposés à l’Exposition Universelle de Liège en 1905 Achats de pianos par les Ecoles nationales de Musique par année 19 La Manufacture de la Maison Gaveau Dans : « L’Etat de la Commune de Fontenay-sous-Bois » La Salle Gaveau a cinquante ans Dans : le « Guide du Concert et du Disque » n° 155 du 10 mai 1957 Les Statuts Juridiques Les Brevets d’Invention de la Maison Gaveau Obtenus aux années 1858 / 1871 / 1880 / 1883 / 1912 / 1922 20