Augan (56). Bellevue. Une ferme agricole de la Tène moyenne en
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Augan (56). Bellevue. Une ferme agricole de la Tène moyenne en
AUGAN MORBIHAN BEL LEVUE DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES BRETAGNE SERVICE RÉGIONAL DE L'ARCHÉOLOGIE Stéphan HINGUANT Une ferme agricole de La Tène Moyenne en Pays de Brocéliande. Rapport de fouille de sauvetage. n de site 56 006 019 AH. Déviation R.N24 Camp de Coëtquidan 19 9 2 Educatio SOMMAIRE I LES DONNEES GEOGRAPHIQUES : DES CONDITIONS NATURELLES TRES FAVORABLES AUX ETABLISSEMENTS HUMAINS. I 1 I 2 Page. 6 Situation géographique. Contexte topographique, géologique et géomorphologique général. 6 I 2a I 2b Topographie. Géologie et géomorphologie. 6 6 I 3 Contexte archéologique. 6 11 II METHODES DE FOUILLE ET DESCRIPTION DU SITE. 11 II 1 Méthodes de fouille. 11 II II II II 11 12 12 II le Décapage. Carroyage. Relevés topographiques. Numérotation des structures et des coupes stratigraphiques. Sondages. 15 15 II 2 Description du site. 18 la lb le ld III STRUCTURES EN CREUX : DESCRIPTION MORPHOLOGIQUE. 19 Avertissement. III 1 Les fossés. 19 III III III III Les fossés d'enceinte. Les fossés internes Le fossé de parcellaire. La structure 700. 19 21 22 23 III 2 Les fosses. 23 III 3 Les trous de poteau. 25 la lb le ld IV ETUDE DES REMPLISSAGES. 31 IV 1 Stratigraphies simples: 31 IV la IV lb Fosses et trous de poteau. Fossés. 31 32 IV 2 Stratigraphies complexes des fossés. 32 IV 3 Remarques sur les remplissages. 45 IV 3a IV 3b Processus et interprétation. Matériaux hétéroclites et allochtones divers. 45 45 V PROPOSITIONS DE RESTITUTIONS : TALUS, PALISSADES ET HABITAT. 47 VI MOBILIER ARCHEOLOGIQUE. 52 VI 1 Céramique. 52 VI 2 Fusaïoles et éléments lithiques. 52 VI 3 Briques. 53 ANNEXE. Anthracologie. 54 Bibliographie sommaire et documents consultés. 55 Liste des figures. 56 2 AVANT-PROPOS. L'opération de sauvetage programmé conduite à Bellevue (commune d'Augan) du 01/07/92 au 15/08/92 faisait suite à l'évaluation archéologique d'avril 1992 dirigée par J.C ARRAMOND et A PROVOST sur le tracé de la RN 24, déviation du Camp de Coëtquidan. Les vestiges découverts durant ces sondages ont en effet été jugés suffisamment dignes d'intérêt pour entrainer une fouille avant destruction complète du site par les travaux routiers. Soutenue financièrement par la Direction Départementale de l'Equipement du Morbihan, la réalisation du chantier a été menée à bien par une équipe de 8 personnes: Stéphan HINGUANT, archéologue contractuel responsable d'opération Philippe COCHEREL, archéologue contractuel Mathilde DUPRE, archéologue contractuelle Jean-Pierre COLLEU, archéologue contractuel Stéphane JEAN, Service Régional de l'Archéologie (Rennes) Régine MATTASSOLIO, bénévole Martine JOUBERT, bénévole Véronique CHAIGNE, bénévole L'opération de décapage des terres arables a été assurée par l'entreprise HOCHET de Guer durant 3 jours. Le présent rapport, consignant les principaux résultats de la fouille a été rédigé dans les locaux et grâce aux moyens techniques du Services Régional de l'Archéologie (Rennes) en décembre 1992. L'étude du mobilier archéologique fera l'objet d'une annexe complète ultérieure. Nous présentons ici succinctement les objets les plus représentatifs du site (chap VI). Les interprétations doivent beaucoup à l'expérience d'Yves MENEZ, Conservateur, les dessins des céramiques à l'art de Mathilde DUPRE. De même, une étude anthracologique sur les charbons de bois récoltés est en cours (D. MARGUERIE, U.P.R 403 CNRS). Nous en parlerons brièvement en fin de rapport car elle donnera lieu elle aussi à une annexe ultérieure. 3 Fig. 2 : Localisation du site sur la carte I.G.N 1/25 0 Coord. Lambert II : X = 259,150 ; Y - 334,90 I LES DONNEES GEOGRAPHIQUES : DES CONDITIONS NATURELLES TRES FAVORABLES AUX ETABLISSEMENTS HUMAINS. I 1 Situation géographique (fig.l et 2). Le site d'Augan-Bellevue (56 Morbihan) se localise au sud de l'enceinte du Camp militaire de Coëtquidan sur la commune d'Augan. Sa découverte est liée au tracé de la déviation de ce camp par la RN 24 dont les travaux ont été précédés par une étude d'évaluation archéologique réalisée en avril 1992 par A PROVOST et J.C ARRAMOND. Les coordonnées géographiques du site sont les suivantes : Coordonnées Lambert (zone II) : X = 259,150. Y = 334,900. Z = 99 m N.G.F. Coordonnées cadastrales : Section ZK, parcelle 120 (fig.3 et 4). Section Gl, parcelle 295 (édition cadastrale 1986). I 2 Contexte topographique, géologique et géomorphologique général. I 2a Topographie (fig.5 et 6). La ferme gauloise de Bellevue occupe les derniers mètres du flanc NNE de la colline de La Ville-Cué qui culmine à 107 m et se place juste entre les deux petites vallées des ruisseaux du Bois du Loup et de l'Etang du Vobulo que celle-ci sépare. La côte d'altitude moyenne du site est de 99 m N.G.F., les points côtés par le géomètre de la D.D.E sur l'emprise de la future nationale nous ayant servi de points de références topographiques. Les deux ruisseaux mentionnés ci-dessus sont des petits émissaires de la rivière de l'Oyon qui coule à environ 2500 m au sud de Bellevue. Cette dernière draine en fait toute la partie sud du vaste bombement de la fôret de Paimpont lequel culmine dans le secteur qui nous concerne à 187 m (La Grande Bosse). Le réseau hydrographique est donc particulièrement bien représenté autour de la ferme de Bellevue et la présence actuelle de nombreux points d'eau aménagés (étangs, fontaines, station de pompage...) vient en confirmer l'importance. I 2b Géologie et géomorphologie. Les roches qui se développent dans le secteur d'Augan-Bellevue appartiennent au paléozoïque sédimentaire caractéristique des grandes unités synclinales EW du Massif Armoricain. Nous sommes dans un faciès de schistes gris-bleuté prédominants, diaclasés et très friables, qui portent des sols riches et légers bien que de puissance moindre (de 15 à 40 cm dans l'aire de décapage du site). Des dépressions naturelles de petits volumes et des failles perpendiculaires à la stratification de la roche sont comblées de limon fin 6 4kms Ruisseau du Veau de Lorienf W tkms Fig. 5 : Profils topographiques NS et EW des environs de Bellevue. 9 Fig. 6 : Emprise routière et courbes de niveau du secteur de Bellevue. quaternaire, ocre-jaune. Nous verrons d'ailleurs que ces poches limoneuses ont dues dérouter quelque peu les hommes lorsqu'ils ont creusé leurs fossés car chaque fois qu'une structure traverse effectivement une de celles-ci, nous remarquons une irrégularité dans le tracé ou la forme des parois (courbure accentuée, dissymétrie des parois etc...). I 3 Contexte archéologique. Les prospections le long du tracé de la RN 24 ont permi à À PROVOST et J.C ÀRRAMOND de mettre en évidence des vestiges de différentes périodes dont les principaux restent sans conteste ceux du site gallo-romain de La Démardais à 4 kms vers l'est de la ferme de Bellevue. Il s'agit d'ailleurs du deuxième site ayant fait l'objet d'une opération de sauvetage programmé. Mais leurs investigations ont aussi été à l'origine de la mise au jour de séries de fossés aux alentours immédiats de notre secteur d'étude. Les remplissages révélaient des céramiques gallo-romaine et médiévales (ÀRRAMOND J.C, PROVOST A, 1992). Nous sommes en fait dans une aire géographique particulièrement riche concernant la période gallo-romaine, la vallée de l'Oyon constituant un axe est/ouest propice entre les hauteurs de Paimpont au nord et les Landes de Lanvaux au sud. Le nombre d'enclos, de villae et autres sites d'artisanats témoigne de cette présence. Immédiatement au sud de la ferme indigène de Bellevue ont d'ailleurs été détectées par prospections aériennes (M GAUTIER) des traces de fossés linéaires et curvilinéaires correspondant probablement à un établissement gallo-romain (présence au sol de tegulae et imbrices. Voir cadastre 1986, parcelles 29 et 121, fig.3). La seule commune d'Augan a livré trois sites importants de cette période : La villa et les thermes du Binio, le site du Bois du Loup (tegulae, four et puits), et celui de 1'Hotié-Gourié (atelier de tuilier). (ARRAMOND J.C, PROVOST A, 1992). II METHODES DE FOUILLE ET DESCRIPTION DU SITE. II 1 Méthodes de fouille. II la Décapage. L'opération n'a pas été d'une grande difficulté pour les terrassiers de l'entreprise HOCHET. Leur efficacité et les conditions même du gisement ont permi de réaliser le décapage des 2000 m2 en trois jours. A l'aide d'une pelle mécanique à godet sans dents il suffisait en effet de suivre minutieusement le toit du substratum géologique pour ôter les 15 à 40 cm de terre arable qui le surmontaient. Les déblais étaient évacués par benne sur les abords de l'emprise routière et le système de fossés ainsi que toutes les autres structures en creux apparaissaient très nettement au fur et à mesure de la progression du travail. En effet, les remplissages bruns homogènes et humides tranchaient particulièrement bien sur le fond bleuâtre des schistes (PL I, photo 1). Repérées et marquées continuellement (surlignage à la truelle et fiches d'identification) les structures ont ainsi révélé rapidement leur agencement général permettant à l'équipe d'évaluer l'aspect du site et de juger les priorités. Une extension du décapage face à "l'entrée est" sur environ 150 m2 n'a pas fait ressortir d'autres structures dans cette zone importante extérieure à l'enceinte. II lb Carroyage. Le type de structure à fouiller ne nécessitait pas un carroyage métrique. Il a été adopté un carroyage décamétrique matérialisé au sol par des piquets de bois colorés plantés dans le schiste. Nous avons appliqué la numérotation classique au repère orthonormé (lettres en abscisse et chiffres en ordonnée). Le carroyage ainsi réalisé couvre une surface de 2400 m2 de G10 à K13 dans lequel s'inscrit la totalité de la fouille. La mise en place rapide de celui-ci a permi de lever rapidements des plans généraux sur lesquels toutes les observations ultérieures pouvaient être notées (fig.7). La suite des opérations a consisté dans l'excavation de sections "stratégiques" des fossés : intersections, courbes, lieux de passages présumés et extrémités. La fouille à la pioche puis à la truelle dans ces sections a conduit à la réalisation de coupes stratigraphiques indispensables pour comprendre les remplissages et à se faire une première idée du profil général des fossés. Le mobilier archéologique recueilli était classé par carré et par structure. Parallèlement, la fouille des trous de poteau, des fosses et autres poches limoneuses douteuses a été conduite de façon exhaustive. Au fur et à mesure que les priorités de fouille étaient menées à bien, les autres portions de fossés ont été "vidangées" afin de recueillir le maximum de données et de mobilier sur l'ensemble du site. Cela a également permi de limiter les pertes d'informations toujours liées à ce type de fouille (MENEZ Y, 1992). \ Au total, 175 m linéaires de fossés et 56 autres structures en creux ont été excavées, représentant 1'ensembles des éléments du site à l'exception de deux petites sections au sud du fossé 500 (fig.7). II le Relevés topographiques (fig.8). La topographie a été réalisée à l'aide d'un niveau de chantier et d'une mire à partir des points côtés sur l'emprise de la route sur lesquels nous avons calé notre niveau de référence Les côtes prises sur les structures correspondent respectivement à l'altitude N.G.F. du fond de celles-ci (en mètre) et à leur profondeur en centimètre par rapport au I T r ________________J co £ F Fig. 7 : Plan général du site et carroyage. 1, limite du décapage ; 2, fossé ; 3, trous de poteau ; 4, zone non fouillée. \ £2 CNJ Topographie et nivellement N.G.F des structures. ^ Nivellement par rapport au niveau N.G.F e a Structure dP l m). 12 : Profondeur de la structure par rapport au niveau de décapage (en cm). Il * »Lî ï niveau de décapage. Il est évident que cette seconde mesure ne correspond qu'à un état ultime de la structure puisqu'elle fait abstraction des sols archéologique et actuel qui la surmonte. La plupart des mesures ont été vérifiées sur le terrain à l'aide d'un simple mètre ruban notamment les sections à coupes stratigraphiques ainsi que les trous de poteau et les fosses. II ld Numérotation des structures et des coupes stratigraphiques. Une convention de numérotation a été adoptée dès le début du décapage, différente de celle utilisée par ARRAMOND et PROVOST lors des sondages d'évaluation pour des raisons pratiques évidentes. Chaque fois que nécessaire, il sera néanmoins précisé les deux nomenclatures afin d'éviter toute confusion. Ainsi, par exemple, le trou de poteau noté 140 lors des sondages correspond à la structure 46 de notre numérotation continue. Celle-ci commence, concernant les trous de poteau et les fosses, avec la structure 9 et se termine par la 65. De même, les fossés ont reçus une numérotation à trois chiffres (de 100 à 900) indépendante de celle qui classe les tranchées de sondage de l'évaluation archéologique. Les stratigraphies levées lors des deux campagnes dans les zones de recoupement seront donc également dotées de deux numérotations. Ainsi la coupe 430 devient-elle la 403. Mais pour plus de clarté, le présent rapport fera toujours référence au classement de la fouille (fig.9). Précisons enfin que les coupes stratigraphiques sont affectées du numéro de la structure où elles se localisent augmentées d'une unité qui les individualise. Ainsi, le fossé 500 par exemple, possède 5 levés stratigraphiques numérotés de 501 à 505. La figure 10 montre l'emplacement de ces coupes sur le site. II le Sondages. En fin de campagne, a été décidé la réalisation de sondages au delà du talus sud, dans la parcelle 120, zone également concernée par l'emprise routière mais hors de l'enceinte militaire. Un premier sondage d'environ 1,80 m de long et 0,50 m de large visait à retrouver le prolongement du fossé 400. La tranchée, creusée jusqu'au substratum, n'a révélé aucune structure mais a permi de noter une épaisseur de terre arable très supérieure à celle décapée sur la partie est du site (70 cm pour 25 cm). L'effet de retenue du talus est ici indéniable. Un deuxième sondage fut réalisé légèrement au nord du premier afin de retrouver l'angle SE de l'enceinte gauloise. La tranchée (1,20 m x 0,50 m) a cette fois révélé l'empreinte du fossé 400 (mais malheureusement pas l'angle, probablement entre les deux sondages !) de dimension et d'allure très similaires à celles notées sur le site. Seule sa position semble indiquer une légère courbure du tracé, l'orientation des parois n'étant pas tout à fait dans l'axe quasi rectiligne du fossé 400. lisation des coupes stratigraphiques dans les fossés. Le troisième sondage devait se positionner logiquement entre les deux premiers, légèrement décalé vers l'ouest dans le but de retrouver l'éventuel fossé sud de l'enceinte (900). Nous avons choisi de le placer également dans l'axe du fossé de parcellaire 600 pour savoir si celui-ci se prolongeait vers le sud. Les deux structures attendues sont effectivement apparues. L'allure de ces deux fossés est très similaire à celle décrite sur le site; il faut néanmoins noter que contrairement à son pendant nord, l'intersection présente une inversion quant au recoupement. C'est en effet 600 qui est surcreusé ici de 10 cm par rapport à 900. Aucun mobilier archéologique n'a été retrouvé dans ces trois sondages. II 2 Description du site (se référer au plan général, fig.7). Dès le début de la campagne, le plan général du site était déjà bien cerné. Mais des découvertes en cours de fouille ont modifié certains détails de celui-ci. La description qui suit correspond bien évidemment à l'état du complexe à l'issue de notre étude. L'ensemble est constitué d'un réseau de fossés formant une enceinte quadrangulaire, pratiquement carrée, dont seule l'arête sud nous est inconnue (exceptée une toute petite section en sondage). Cette enceinte mesure environ 40 m x 30 m son plus grand axe (le fossé nord) étant orienté pratiquement est/ouest. Les deux fossés est et ouest sont subparallèles et l'on note la présence très nette d'une entrée (?) à l'est, marquée par un décrochement dans l'alignement du fossé et une remontée sensible du fond de la structure. Au nord ouest, l'enceinte n'est pas fermée, les fossés nord et ouest ne se rejoignent pas. Ce dernier, en effet, se rétrécie et oblique vers l'est environ 4 m avant la jonction supposée. Un fossé beaucoup moins large et moins profond se poursuit, adoptant un tracé légèrement courbe qui se rapproche petit à petit du fossé nord jusqu'au milieu de celui-ci. Cet ensemble forme une sorte de goulet d'étranglement à l'intérieur de l'enclos sur 22 m de longueur dont l'ouverture à l'ouest, large de 4 m, est occupée par deux grandes fosses. L'intérieur de l'enceinte est subdivisé en trois parties principales par deux fossés profonds se recoupant perpendiculairement. Quatre ensembles de trous de poteau et de fosses se trouvent également dans l'enclos, le principal se situant dans le tiers sud-ouest de celui-ci. Enfin, une tranchée elle aussi creusée dans le substrat, vient oblitérer l'ensemble dans son tiers est, dépassant les limites de l'enceinte au-delà des fossés nord et sud. Nous verrons qu'il s'agit en fait probablement d'un fossé de parcellaire protohistorique antérieur à la ferme. On notera également à l'extérieur de celle-ci la présence de deux fosses devant l'entrée est. Précisons pour terminer cette rapide présentation qu'aucune élévation (mur ou autre) n'a été découverte ou repérée sur le site. L'étude des profils, des remplissages et de l'agencement des différentes structures évoquées sera l'objet des chapitres suivants. III STRUCTURES EN CREUX : DESCRIPTION MORPHOLOGIQUE. Avertissement. Le descriptif qui suit va peut-être paraître fastidieux au lecteur. Il s'agit de l'enregistrement de toutes les données chiffrées prises sur le terrain concernant les dimensions, l'orientation et l'aspect des fossés, fosses et trous de poteau. Le plan général du site, les photos, les figures et les profils des coupes stratigraphiques aideront à la compréhension des formes, toujours délicates à restituer sur le papier. Cette présentation s'avérait néanmoins indispensable compte tenu du fait que le site est aujourd'hui totalement détruit et que notre seul but était donc de recueillir le maximum de données. III 1 Les fossés. III la Les fossés d'enceinte. Quatre fossés sont concernés par cette définition mais trois d'entre eux seulement ont pu être étudiés presque complètement. Le fossé sud n'est en effet visible que sur 1.20 m de long dans le sondage 3. Nous le décrirons néanmoins brièvement plus loin. Le fossé ouest, n°100. Longueur mise au jour : 22,80 m. Orientation générale NNW/SSE. Fossé légèrement incurvé vers l'intérieur de l'enclos, d'une ouverture au sommet a peu près constante de 1,20 m dans le tiers sud passant progressivement à 1,15 m/1,10 m dans sa partie nord. Le fond est plat (20 à 30 cm de large) et les parois moyennement inclinées, donnant à l'ensemble un profil en auge assez régulier. La profondeur restante est en moyenne de 45 à 50 cm. Au nord, sur les 3,50 derniers mètres, le fossé change brusquement de profil. L'ouverture au sommet se rétrécie de moitié et la profondeur restante se réduit à 20 cm. On observe en fait un seuil qui se marque dans le fossé comme un décrochement vers l'extérieur de l'enclos contrairement à celui que nous décrirons plus loin pour le fossé est (400). L'angle avec 200 est parfaitement droit à l'extérieur et légèrement courbe à l'intérieur. Le fossé nord, n 300. Longueur mise au jour : 39,40 m. Orientation générale WSW/ENE. Fossé rectiligne, complet, que l'on peut diviser en 3 sections morphologiques distinctes. De son amorce à l'ouest et sur une longueur de 2 3,40 m, tracé rectiligne et profil caréné soigné. Le fond est plat (largeur moyenne 35 cm) mais moins régulier sur les trois derniers mètres à cause de diaclases naturelles particulièrement prononcées. Ouverture au sommet : de 1,00 m au départ à 90/80 cm sur les derniers mètres (rétricissement progressif). L'extrémité ouest est anguleuse. Profondeur restante moyenne de 40 cm avec surcreusement par endroit jusqu'à 50 cm. Les derniers mètres présentent un réhaussement progressif du fond à 30 cm. De 23,40 m à 29,40 m, soit sur une longueur de 6 mètres, un décrochement élargie de nouveau le fossé à 90 cm au sommet. Le fond plat passe à 40 cm de large et garde le même aspect irrégulier dû aux diaclases de la roche. Profondeur restante moyenne 35 cm. De 29,40 m à l'angle avec 400 (ouest) le fossé se rétrécie beaucoup plus et son fond se surrélève. Les parois sont un peu plus inclinées et l'aspect moins caréné du profil rappelle plutôt le fossé 200 (voir plus loin). Elles sont également très altérées par endroit donnant au tracé un aspect sinueux dont l'axe reste néanmoins dans le prolongement général du fossé. Ouverture moyenne au sommet : 30 à 50 cm. Profondeur restante : 20 à 30 cm. Largeur du fond : 20 cm. Le fossé 300 recoupe 600 en J13 entre 31,50 m et 32,20m (300 est surcreusé de 08 cm). La terminaison ouest de 300 se présente comme un surplomb avec 400. L'angle extérieur est droit, l'angle intérieur également mais les parois en sont fortement arrondies. Le fossé est, n 400. Longueur mise au jour : 22,60 m. Orientation générale NNW/SSE. Fossé très régulier quant à son tracé et à son profil général par rapport aux autres structures. L'ouverture au sommet est assez régulière, passant de 1,00 m au nord à 1,30 m au sud. Largeur au fond du fossé : de 30 cm au nord à 60 cm à l'aplomb du seuil de "l'entrée" (évasement progressif). De l'autre côté du seuil, le fond se rétrécie à nouveau, de 40 cm à 3 0 cm de large. Profondeur restante : de 55 cm au nord à 65 cm au sud. Les parois sont très inclinées et extrêmement bien tracées. À 15,40 m de l'angle nord débute le seuil de "l'entrée". Il se poursuit sur 4,30 m de long jusqu'à la reprise du fossé. Son tracé est un peu moins soigné que celui du fossé et pas tout à fait dans l'alignement de celui-ci. Largeur moyenne : 80 cm. Profondeur restante moyenne : 20 cm. Un ressaut de roche naturelle sectionne sa partie sud, à 60 cm du bord du fossé et sur une largeur de 60 cm. En plan, ce seuil se présente donc comme un décrochement dans le fossé rentrant vers l'intérieur de l'enceinte (PL I photo 3). Le fossé sud, n°900 (sondage 3). Longueur mise au jour : 1,20 m. Orientation générale probable SW/NE. Fossé de 80 cm d'ouverture au sommet. Son profil est arrondi et légèrement dissymétrique (paroi nord plus inclinée) ce qui décale le fond vers le sud. Profondeur restante : 20 cm. III lb Les fossés internes. Ils sont au nombre de trois, d'aspect complètement différents. Le fossé 200 (PL I photo 2). Longueur mise au jour : 22 m. Orientation générale WSW/ENE dans ses deux tiers ouest puis s'incurve SW/NE dans son dernier tiers. Fossé complet au tracé curviligne adoptant un profil caréné régulier. Ouverture au sommet : de 50 à 60 cm de large sauf dans la courbure où le fossé traverse une langue naturelle de limon où elle atteint 80 cm. Le fond est plat, de 15 à 20 cm de large. Le profil dans la poche limoneuse est beaucoup plus arrondi et le fond passe à 30 cm de large. Profondeur restante moyenne : 2 3 cm et 28 cm dans la courbure. La terminaison orientale de ce fossé est anguleuse. Le fossé 500. Longueur mise au jour : 19,20 m. Orientation générale pratiquement NS. Fossé complet, rectiligne au tracé très soigné. Les parois sont abruptes et les extrémités arrondies. Le fond plat, large de 3 0 cm, ajoute au profil très caréné de cette structure. Ouverture au sommet : de 1,20 m à 1,30 m sauf aux extrémités où elle se réduit à 1,00 m. Profondeur restante : 80 cm. A 6,20 m de l'extrémité nord et sur une largeur de 1,10 m au sommet et 0,50 m à la base, le fossé 800 rejoint le fossé 500. Les angles sont arrondis et le fond au même niveau. Ces deux fossés semblent contemporains. Le fossé 800. Longueur mise au jour : 16,80 m. Orientation générale WSW/ENE. Fossé complet au tracé sub-rectiligne de forme très différente de celle de tous les autres fossés. De son départ à l'ouest de 20 cm de large il s'évase en effet progressivement sur toute sa longueur pour atteindre 1,40 m vers son extrémité est, se réduisant néanmoins à 1,10 m sur les deux derniers mètres avant sa jonction avec 500. Son aspect est très irrégulier, les parois plus ou moins inclinées suivant qu'elles traversent la roche en place ou une poche limoneuse. Le fond est arrondi sauf sur les deux derniers mètres où il devient légèrement plus plat (15 cm de large). Le dénivelé entre son départ et 500 est important. A trois mètres de l'amorce, on passe effectivement de 3 0 cm de profondeur restante à 65 cm deux mètres plus loin. Profondeur restante à l'extrémité est : 84 cm. Les parois qui traversent des zones schisteuses sont très altérées tandis que des ressauts plus ou moins larges déforment le profil du flanc nord un peu avant le fond (impression de surcreusement). III le Le fossé de parcellaire (600). Longueur mise au jour : 33,80 m. Orientation générale NW/SE. Fossé rectiligne oblitérant l'enclos dans son tiers est. Malgré son tracé rectiligne, sa finition est loin de ressembler à celle des autres fossés : parois dentelées, fond irrégulier sectionné sporadiquement par des seuils rocheux affleurants (5 au total), profondeur restante variable avec une tendance à la surrélévation du fond dans la partie sud. La forme générale des profils est globalement la même si l'on ne tient compte des dimensions, à savoir : Ouverture moyenne au sommet ; 80 à 90 cm. Parois plus ou moins verticales et parfois faiblement inclinées (partie sud). Fond plat peu soigné de 40 à 50 cm de large. Une fosse (64) recoupe ce fossé en K12 qui se prolonge par ailleurs au-delà de l'enceinte au nord et au sud. Profondeur restante moyenne dans sa partie centrale : 30 cm. Profondeur restante au sud : 13 cm. Profondeur restante au nord (au-delà du recoupement avec 300) 20 cm. III ld La structure 700 (fig. 11). Cet ensemble n'est pas réellement un fossé mais nous le plaçons ici en transition avec l'étude des fosses et des trous de poteau qui suivra. Il s'agit plutôt de deux tranchées parallèles juxtaposées situées à environ un mètre derrière le fossé 400 au niveau de "l'entrée". Longueur totale : 4,40 m. Longueur tranchée est : 3,55 m. Profondeur restante moyenne : 15 cm. se réduisant légèrement vers le nord. Largeur moyenne : 27 cm. Longueur tranchée ouest : 2,60 m. Profondeur restante : 11 cm. au sud, 3 3 cm. au nord. Largeur au sud : 20 cm. Largeur au nord : 50 cm., cette partie semblant être un profond trou de poteau sub-circulaire placé en bout de tranchée. Les deux parties de tranchées juxtaposées présentent un fond de trou de poteau possible (tranchée est) et deux pierres probablement issues d'un calage. Les deux trous de poteau 53 et 54 paraissent associés à cet ensemble, mais le lien avec "l'entrée" reste difficile à établir. III 2 Les fosses. Elles sont au nombre de sept et leur position sur le site ne semble pas obéir à un agencement particulier. Deux se situent à l'entrée du "goulet d'étranglement" au NW de l'enceinte (11 et 13), deux autres devant "l'entrée est" à l'extérieur de celle-ci (55 et 56), les trois dernières se repartissant dans l'enclos, isolée (64) ou à proximité de trous de poteau (16 et 65) . Fosse n° 11 (carré G13). Circulaire, diamètre 90 cm. Parois abruptes et fond plat. Prof, restante : 35 cm. Fosse n° 13 (carré G13). PL II, photo 2. Fosse quadrangulaire aux angles arrondis, orientée NS. Longueur max. : 1,60 m. Largeur moyenne : 1 m. Prof, restante moyenne : 33 cm. Présente trois surcreusements sur le fond (trous de poteau ?) de 5 à 9 cm. Un central et deux autres dans les angles sud. Fig. 11 : Détail de la structure 700. Fosse n 16 (carré J13). Ovale à paroi abrupte et fond plat, orientée NS. Longueur max. : 1 m. Largeur max. : 80 cm. Prof, restante : 3 2 cm. Amorces de creusement sur le bord nord. 24 Fosse n 55 (carré L12). Grande fosse ellipsoïdale avec surcreusement circulaire au nord, orientée NS. Fond plat. Longueur totale : 1,90 m. Largeur nord : 90 cm. Largeur sud : 1,20 m. Prof, restante moyenne : 45 cm. La paroi orientale présente un ressaut sur toute sa longueur (ancien fond de fosse recoupé ou amorce de creusement de la fosse principale ?). Prof, restante moyenne : 20 cm. L'amorce circulaire au nord présente elle aussi un ressaut avant le fond d'une profondeur restante de 31 cm. Fosse n° 56 (carrés L12 et LU). Grande fosse similaire à 55 mais plus volumineuse, orientée NS, subdivisée en plusieurs niveaux. La fosse principale est quasi rectangulaire à paroi très abrupte et s'inscrit dans un ensemble moins profond de forme ovale. Longueur totale grande fosse : 1,50 m Largeur : 80 cm. Prof, restante : 60 cm. La paroi orientale présente le même ressaut que celui observé dans 55 donnant à l'ensemble une largeur totale de 1,40 m. Prof, restante du replat : 2 3 cm en moyenne. Au sud, une amorce de creusement quadrangulaire déforme 1'ensemble. Longueur : 70 cm. Largeur : 60 cm. Prof, restante : 37 cm. Fosse n° 64 (carré K12). Fosse oblongue de 2,30 m de long et 80 cm de largeur maximale orientée NE/SW. Sa partie orientale recoupe le fossé 600. Parois assez inclinées. Prof, restante : 2 0 cm à l'ouest, 23 cm au niveau du recoupement. Fosse n° 65 (carré 111). PL II, photo 1. Fosse rectangulaire aux angles arrondis de 70 cm de long et 4 cm de large. Parois abruptes et fond plat. Orientation ENE/WSW. Prof, restante : 19 cm. III 3 Les trous de poteau. Ils sont au nombre de 49. la plupart sont les ultimes fonds des structures qui servaient à soutenir les poteaux. La forme la plus fréquemment observée est circulaire à fond plat et paroi verticale. Quelques exemplaires bien préservés ont gard leurs pierres de calage. L'association éventuelle de ces structures entre-elles ainsi que l'étude de leur remplissage seront abordées plus loin. Trou de poteau n° 9 : Circulaire, profondeur restante 7 cm. Diamètre 3 5 cm. n° 10 : Circulaire, profondeur restante 12 cm. Diamètre 40 cm. n° 12 (PL III, photo 1): Circulaire, profondeur restante 10 cm. Diamètre 35 cm. n° 14 : Sub-circulaire, profondeur restante 14 cm. Diamètre moyen 3 0 cm. n° 15 : Sub-triangulaire orienté EW. Longueur max. : 80 cm Largeur max. : 50 cm Prof, restante : 18 cm. Parois peu accentuées. 3 pierres de calage. n° 17 : Circulaire, profondeur restante 10 cm. Diamètre 3 0 cm. n° 18 : Deux fonds de trous de poteau juxtaposés, ovales, orientés EW. Au nord : longueur 40 cm, largeur 30 cm, prof, restante 10 cm. Au sud : longueur 55 cm, largeur 30 cm, prof, restante 14 cm. n° 19 : Circulaire, profondeur restante 12 cm. Diamètre 45 cm. n° 20 : Ovale, orienté NNW/SSE, légèrement surcreusé dans sa partie méridionale. Longueur 60 cm , largeur 40 cm, profondeur restante 15 cm. n° 21 : Circulaire, paroi très abrupte. Profondeur restante 23 cm. Diamètre 25 cm. Pierres de calage en place. n° 22 : Ovale, orienté NNE/SSW. Accolé au fossé 600. Longueur 36 cm, largeur 27 cm, profondeur restante 11 cm. n° 23 : Structure en creux plus ou moins arrondie, fond de trou de poteau probable. Parois assez floues, peu abruptes. Profondeur restante 13 cm. Diamètre moyen 55 cm. Accolée au fossé 600. n 24 : Ovale, orienté EW. Longueur 30 cm, largeur 23 cm, profondeur restante 25 cm. Amorce de creusement à l'est. Accolé au fossé 600. n° 25 : Sub-circulaire. Profondeur restante 11 cm. Diamètre moyen 30 cm. Amorce de creusement au nord. n° 26 : Trou de poteau profond, ovalisé. Longueur 24 cm, largeur 20 cm, profondeur restante 30 cm. Creusement conique se rétrécissant au fond. n° 27 : Fond de trou de poteau probable, situé juste au bord du fossé 300. Ovale, orienté NS. Longueur 43 cm, largeur 30 cm, profondeur restante 19 cm. n° 28 : Circulaire, profondeur restante 12 cm. Diamètre 28 cm. Au SE se juxtapose une légère forme en creux dans le schiste, également circulaire, probablement un ultime fond de trou de poteau. Diamètre 20 cm, prof, restante 3 cm. n° 29 : Ovale, orienté NNE/SSW. Longueur 43 cm, largeur 30 cm, profondeur restante 24 cm. Surcreusement circulaire à paroi abrupte à mi-profondeur. n° 30 : Circulaire, profondeur restante 29 cm. Diamètre 34 cm. Paroi très abrupte. Légère amorce à l'est. n° 31 : Forme en creux plus ou moins ovale orientée EW. Trou de poteau douteux. Longueur 52 cm, largeur 40 cm, profondeur restante 11 cm. n° 32 : Grand trou de poteau (ou peut-être petite fosse !) creusé dans le limon. Ovale, orienté NNW/SSE. Fond plat légèrement incliné vers le nord. Longueur 80 cm, largeur 60 cm, profondeur restante 19 cm. n° 33 : Grand trou de poteau quadrangulaire aux angles arrondis, creusé dans le limon. Longueur 67 cm, largeur, 60 cm, profondeur restante 16 cm. 27 n 34 : Trou de poteau probable sub-circulaire à paroi abruptes. Profondeur restante 18 cm, diamètre moyen 45 cm. Contour flou dans sa partie NW, avec pierre de calage (?). Creusé dans le limon sauf la bordure est, taillée dans le schiste. n° 35 : Large trou de poteau de 50 cm x 60 cm, orienté NNW/SSE. Profondeur restante : 13 cm. Paroi abrupte. n° 36 : Reste probable de fond de trou de poteau circulaire. Profondeur restante 5 cm, diamètre 30 cm. n° 37 : Ovale, similaire à 35, orienté WNW/ESE. Longueur 60 cm, largeur 50 cm, profondeur restante 12 cm. Présence de calage sur le bord sud avec masse de terre cuite à la base. n° 38 : Juxtaposition probable de deux trous de poteaux ovales. Orientation générale EW. A l'ouest : longueur 57 cm, largeur 40 cm, profondeur restante 12 cm. A l'est : longueur 48 cm, largeur 40 cm, profondeur restante 14 cm. Léger creusement extérieur à l'ensemble à quelques centimètres vers le NE. n° 39 : Grand trou de poteau circulaire similaire à 35, à fond moins plat et paroi moins abrupte. Profondeur restante 15 cm. Diamètre 60 cm. n° 40 : Sub-circulaire à paroi abrupte et fond surcreusé. Profondeur restante moyenne 16 cm. Diamètre moyen 40 cm. n° 41 : Circulaire similaire à 35 à paroi très abrupte et fond plat. Profondeur restante 17 cm. Diamètre 50 cm. n° 42 : Circulaire similaire à 35 à paroi un peu moins verticale et fond plat. Profondeur restante 18 cm. Diamètre 60 cm. n° 43 : Trou de poteau possible creusé dans le limon similaire à 32, à paroi faiblement inclinée (forme en vasque). Profondeur restante 13 cm. Diamètre moyen 50 cm. 28 n 44 : Large creusement sub-circulaire. Fond de fosse ou de trou de poteau probable. Paroi abrupte au nord et assez inclinée au sud. Profondeur restante 14 cm. Diamètre moyen 65 cm. Amorce de creusement sur le bord est. n° 45 : Sub-circulaire, profondeur restante 23 cm. Diamètre moyen 50 cm. Paroi nord très abrupte et sud moins inclinée. n° 46 : Circulaire, profondeur restante 10 cm. Diamètre 40 cm. Correspond au n° 140 de l'évaluation archéologique. n° 47 : Ovale, orienté EW. Longueur 42 cm, largeur 27 cm, profondeur restante 15 cm. n° 48 (fig.12): Fond de trou de poteau probable, patatoïde, orienté EW. Longueur 64 cm, largeur à l'ouest 3 6 cm, à l'est 48 cm. Profondeur restante 13 cm. Deux pierres de calage plaquées sur la paroi au nord et au sud. n° 49 (fig.12): Circulaire, profondeur restante 16 cm. Diamètre 3 0 cm. n° 50 (fig.12): Circulaire, profondeur restante 29 cm. Diamètre 29 cm. n° 51 (fig.12): Ovale, orienté EW. Longueur 60 cm, largeur 38 cm, profondeur restante 21 cm. Se situe dans la moitié ouest d'une petite tranchée de 1,80 m de long et 28 cm de large en moyenne (structure 52) creusée dans le schiste, et de profondeur restante de 8 cm. L'ensemble des structures 48 à 52 semble composé d'éléments associés. n° 52 : Voir ci-dessus. Fig. 12 : Détail des structures 48 à 52. 29 n° 53 : Circulaire, profondeur restante 8 cm. Diamètre 20 cm. n° 54 : Circulaire à paroi abrupte. Profondeur restante 16 cm. Diamètre 35 cm. n° 57 : Circulaire, profondeur restante 24 cm. Diamètre 45 cm. Paroi abrupte et amorce de creusement sur la partie ouest. Une pierre de calage en place. n° 58 (PL III, photo 2): Circulaire, profondeur restante 29 cm. Diamètre 45 cm. Paroi abrupte. Grosse pierre de calage en place sur le fond. n° 59 (fig. 13 et PL III, photo 3) : Circulaire, profondeur restante 33 cm. Diamètre 50 cm. A conservé la totalité de ses pierres de calage, guasiment parementées sur toute la paroi, ce gui permet d'estimer le diamètre du poteau à environ 20 cm, placé en plein centre du trou. Le démontage des pierres n'a pas fourni d'indications particulières si ce n'est la présence de plagues de schiste pourpre gui ont visiblement servies de coin entre la paroi et le calage. i i n° 60 : Circulaire, profondeur restante 12,5 cm. Diamètre 40 cm. Paroi obligue. Une pierre de calage volumineuse en place. 30 n° 61 : Circulaire, profondeur restante 18 cm. Diamètre 55 cm. Creusé pour partie dans la roche et pour partie dans le limon, ce côté semblant plutôt être une amorce au creusement du trou de poteau lui-même. n° 62 : Circulaire, profondeur restante 3 6 cm. Diamètre 45 cm. S'incrit dans le milieu du fossé 800, parfaitement visible en coupe (fig.19, coupe 803). n° 63 : Circulaire, profondeur restante 15 cm. Diamètre 40 cm. IV ETUDE DES REMPLISSAGES. IV 1 Stratigraphies simples. IV la Fosses et trou de poteau. Les remplissages entraînant des stratigraphies simples s'observent bien sûr plus fréguemment dans les structures de faibles volumes. Apports massifs de matériaux hétéroclites ou homogènes, ces sédiments concernent particulièrement les trous de poteau, structures destinées à être rebouchées immédiatement après leur excavation. Les pierres de calage de poteau sont peu fréguente sur le site de Bellevue. Quelgues blocs volumineux ont été rencontrés dans certaines structures (15, 37, 58, 60, PL III photo 2) ainsi gu'un cas de calage particulièrement consistant (59, fig.13 et PL III photo 3). Le plus souvent, le remplissage est constitué de limon fin plus ou moins argileux, brun-jaune, assez compacté. Cependant la présence de plaguettes de schiste local en vrac, également compactées, reste le type majoritaire, notamment dans les structures les plus profondes. Les sept fosses montrent des remplissages très similaires et nous verrons également gu'elles n'ont fourni gu'une infime partie du mobilier archéologigue. Les fosses 11, 13 et 16 étaient comblées par un sédiment limoneux compact, brun-jaune, mêlé de nodules de terre cuite, de charbon de bois et de guelgues fragments de brigue. Les plaguettes de schiste, rares, étaient de petites dimensions et très altérées. Des plagues de schiste pourpre ont été retrouvées dans la fosse 16. La fosse 64 contenait, dans une matrice argilo-limoneuse brune, des plaguettes de schiste en plus grand nombre associées à guelgues blocs de la même roche. Le fond de la fosse, parallèle aux diaclases naturelles du substrat, était tapissé d'une couche gris-jaunâtre de sédiment correspondant probablement à une altération de type pseudogley (eau stagnante ?). Aucun mobilier n'a été recueilli dans cette structure. Le comblement de la fosse 65 était composé de plaguettes de schiste en vrac dans une matrice limoneuse très indurée. De petits charbons de bois, des nodules de terre cuite et un fragment de céramigue inexploitable en constituaient les seuls éléments archéologigues. Les fosses 55 et 56, gui ressemblent fort à de simples fosses d'extraction, montraient un remplissage entièrement constitué de grosses plaguettes de schiste local dans une matrice limoneuse très pauvre, avec guelgues blocs volumineux de la même roche (une dizaine en tout). Ces deux structures étaient vierges de tout mobilier. IV lb Les fossés. Les stratigraphies observées dans les fossés de petit volume sont toutes similaires (un ou deux types de matériau, homogénéité des éléments). Il s'agit des coupes 101, 102, 103 (fig.14), 201 à 204 (fig.16), 301 à 305 (fig.16), 404 (fig.17) et 601 (fig.21). Les remplissages sont principalement constitués de limon fin, brun-jaune à ocre-jaune, et ne laissent apparaître aucun litage excepté dans le cas de la coupe 404, où de petites plaguettes de schiste trahissent le comblement progressif. Parfois, les limons observés sont plus ou moins graveleux et guelgues pierres viennent troubler l'homogénéité de l'ensemble (coupes 103, 204, 301, 601). Le cas le plus fréguent reste néanmoins celui gui présente deux couches distinctes, en l'occurence un ensemble de petites plaguettes de schiste plus ou moins litées gui tapisse le fond de la structure, surmonté des limons fins (201 à 203, 302, 304 et 305). La matrice de la couche à plaguettes est toujours limoneuse et un peu plus brune gue celle de la couche sus-jacente. Seul le cas de la coupe 303 est guelgue peu différent puisgue la couche limoneuse supérieure est ici remplacée par des plaguettes de schiste et des pierres en vrac. Le remplissage du fossé de parcellaire est très homogène (coupe 601) sur l'ensemble de son tracé. À l'intersection avec 300, la stratigraphie ne permet cependant pas de juger de l'antériorité de l'un sur l'autre. Seuls deux tessons de céramigue d'aspects Néolithigue final/début Bronze ancien retrouvés dans 600 semblent indiguer gue ce dernier est antérieur à l'enceinte. De petits charbons de bois, des éléments de terre cuite (clayonnage) ou de brigue constituent les rares objets archéologigues retrouvés dans ces remplissages gui globalement n'ont fourni gue très peu de céramigue sur l'ensemble du site. Seuls les premiers mètres ouest de 300 ont été généreux ! IV 2 Stratigraphies complexes des fossés. Elles concernent toutes les sections gui n'ont pas été abordées ci-dessus et d'une manière générale tous les fossés de largeur et de profondeur conséguente. La coupe 106 (fig.15 et PL IV, photo 1) fera à ce titre exception et transition puisgu'elle montre un remplissage relativement homogène, similaire à ceux évogués précédemment, dans un profil large et assez profond. Les différentes coupes étudiées ont toutes montré un comblement de fond traduisant une sédimentation lente, typigue du fossé ouvert ; limon fin homogène ou plaguettes de schiste 32 (souvent de grosses dimensions) dont le litage est très perceptible. Ces strates sont parfois plaguées sur une des parois, ce gui indigue probablement le côté où se situait le talus gui a fourni les matériaux. Le fond de ces structures est parfois très organigue, en particulier dans le cas du fossé 500 (matrice limoneuse noire et nombreux radicelles). On a guelguefois l'impression d'un comblement plus rapide, où les matériaux sont hétéroclites ou moins organisés (coupes 104, 105 fig. 14). À partir de ce fond commun à tous les fossés relativement profonds, nous observons deux types de stratigraphies différents. Soit le fossé a continué de se combler progressivement et l'on a dans ce cas une stratification continue avec un litage assez perceptible des couches (surtout lorsgue des plaguettes de schiste s'orientent naturellement sur les pentes en fonction de leur plus grande longueur). C'est le cas des coupes du fossé 800. Seule la coupe 803 (fig.22) montre une coupure dans le litage, dû a un recreusement correspondant à un trou de poteau (62). (voir aussi PL III photo 3). La coupe 802 présente une strate de terre cuite et ce même secteur a également livré un rejet de foyer à 30 cm de profondeur (dimensions 100 cm x 40 cm x 4 cm). Le fossé 500 (fig. 19 et 20 et PL IV, photos 2 et 3) pourrait aussi être placé dans cette première catégorie si ce n'était le recreusement observé en sommet de stratigraphie gui vient interrompre la régularité du remplissage. Ce recreusement est particulièrement prononcé au sud du fossé (coupes 505 et 504) et s'amenuise progressivement vers le nord de celui-ci (coupes 503 à 501). Il est caractérisé par un remplissage de matériaux hétéroclites (graviers, plaguettes de schiste, nodules de terre cuite, pierres et charbons de bois) dans une matrice limoneuse brunjaune plus soutenue gue celle des couches sus-jacentes. La céramigue contenue dans les fossés 800 et 500 se situait plutôt dans les strates intermédiaires, en milieu de comblement, ainsi gu'en surface, notamment dans le fossé 500. Le deuxième type de stratigraphie complexe concerne essentiellement le fossé 400. Il s'agit du cas des tranchées de palissade à comblement dissymétrigue reposant sur le fond d'un ancien fossé ouvert. Cette césure dans la stratification est particulièrement nette sur les coupes 402 et 403 (fig.16 et PL V photos 2 et 3) mais ne se retrouve curieusement pas au nord du fossé (coupe 401). Au sud du seuil de "l'entrée est" la coupe 405 diffère guelgue peu de ce schéma, comme si la palissade avait été décalée vers la paroi ouest de la tranchée, occassionnant un comblement plus homogène du côté opposé. La phase ultime du remplissage peut s'expliguer par deux phénomènes différents ; soit la tranchée a terminé de se combler après la destruction de la palissade, soit le fossé à de nouveau été curé comme semble l'indiguer la stratigraphie 402 où les sédiments dissymétrigues sont trongués par un profil en auge rempli de matériaux fins (fossé ouvert) puis hétéroclites (apport massif d'éléments variés dont guelgues gros blocs). 33 LEGENDE DES STRATIGRAPHIES T^l'l'l Sol actuel, horizon Ao, Limon fin ocre-jaune, Limon brun-jaune. • .a ■ : ■ : o. ' >• '.o ". Limon graveleux brun-jaune. Terre argilo-limoneuse brun foncé. Plaguettes de schiste de petites dimensions ou très altérées. Plaguettes de schiste > 5 cm. o Pierres. Scorie. Charbons de bois. il j»* Nodules de terre cuite. ^ Tesson de céramigue. tS3 Brigues Note : les combinaisons de graphismes sont possibles. La matrice essentielle de la plupart des couches est une terre limoneuse claire plus ou moins argileuse. Le graphisme indigue également le pendage éventuel des couches et le litage plus ou moins prononcé de celles-ci. 34 Fig. 15 : Fossé 100, coupe stratigraphigue 106. Fig. 17 : Fossé 400, coupes stratigraphigues 401 à 404. : Fossé 400, coupe stratigraphique 405. Fig. 20 : Fossé 500, coupes stratigraphiques 504 et 505. Fig. 22 : Fossé 800, coupes stratigraphigues 801 à 803. ig. 23 : Fossé 800, coupe stratigraphigue 804. IV 3 Remarques sur les remplissages. IV 3a Processus et interprétation. Les processus de mise en place des sédiments dans les fossés sont, d'après les stratigraphies étudiées, de deux ordres. Comblement naturel plus ou moins rapide (donc plus ou moins homogène) selon le talus ou la pente qui alimente en matériaux. Comblement massif souvent d'origine anthropique, caractérisé par des sédiments hétérogènes dont le litage n'est pas perceptible. Une remarque générale s'impose néanmoins quant à la sédimentation dans les fossés ouverts. Il faut en effet rester prudent sur la vitesse de celle-ci. S'il est certain qu'un talus non végétalisé et qui plus est de pendage assez conséquent peut fournir des colluvions comblant rapidement le fossé, il faut relativiser le phénomène dès lors que l'on considère une couverture végétale, même basse, sur les pentes de ce talus. Végétation qui devait d'ailleurs se mettre en place petit à petit peu de temps après l'édification. Des fossés très analogues sur les bords de toutes nos routes de campagne fonctionnent ouverts depuis des décennies sans avoir jamais été curés. La végétation les protège effectivement du colluvionnement même si à long terme, il est vrai que le remplissage est inévitable. Mais dès lors, la stratification devient souvent perceptible, même dans des matériaux homogènes. Inversement, un comblement très rapide peut se produire lors d'une averse d'orage violente. A plus forte raison si la topographie du site accuse une certaine pente. Le phénomène a d'ailleurs été observé sur le site voisin de la Démardais où les tranchées de sondages, parallèles au courbes de niveau, ont été comblées en une nuit par les colluvions dévalant la pente mise à nue lors du décapage archéologique. 70 cm de sédiment en moins de six heures, voilà de quoi fournir une stratigraphie effectivement homogène dans un profil ! IV 3b Matériaux hétéroclites et allochtones divers. La relative homogénéité des comblements observés dans les structures de la ferme de Bellevue à localement été pertubée par des éléments d'origine anthropique variés. Il n'est pas question ici de la céramique et du mobilier archéologique en général mais d'objets méritant d'être mentionné comme liés aux activités humaines. Il s'agit des rejets de foyer et charbon de bois (voir annexe anthracologie), d'amas de pierres, de blocs isolés, de rejets de four (scories, pierres chauffées et rubéfiées) ainsi que de matériaux d'origine étrangère au site (plaques de schiste pourpre, galets). La figure 2 4 montre l'emplacement de ces diverses découvertes. Deux rejets probables de four ont été retrouvés dans les fossés 100 et 300, le premier étant plus volumineux que le second. Ils constituaient le comblement final des structures (fig. 14 coupe 105) et étaient composés de pierres plus ou moins CNJ 24 Localisation des rejets de matériaux divers. 1, amas de charbons de bois ou rejet de foyer. 2, amas de blocs ou bloc isolé. 3, rejet de four (scories, pierres brûlées, charbons...). chauffées, de scories, de terre cuite, le tout dans une matrice argilo-limoneuse brune. Un morceau de scorie trouvé dans le fossé 500 a une forme moulée sur une de ses faces, caractéristique d'un fond de creuset (dimensions 10 cm x 09 cm x 03 cm). Les pierres (schiste), brutes et non équarries, ont subis un chauffage plus ou moins important, simple rubéfaction sur une face ou éclatement en pelure d'oignon. Elles sont de dimensions variées, les plus gros blocs atteignant une vingtaine de centimètres. De grosses pierres isolées ou en amas ont également été mises au jour. Il s'agit toujours de schiste local qui n'a visiblement pas été travaillé mais dont l'importance de certain bloc reste notable (> 50 cm de long pour le bloc isolé du fossé 100 en carré Hll). Un amas de pierres, sur deux mètres de long, comblait la partie supérieure du fossé 300 à l'aplomb de l'extrémité est du fossé 200, justement à l'endroit où le profil de la structure change d'aspect. Coïncidence ou comblement volontaire suite à un aménagement de l'enceinte ? L'amas n'était en tout cas pas appareillé et les pierres de dimensions très diverses (blocs et dalles de schiste). Nous avons vu par ailleurs que certaines fosses contenaient dans leur remplissage des blocs de schiste local et de schiste pourpre (str. 55 et 56 notamment). Enfin, quelques galets (marins ou de rivière ?) sont remarqués sur le site, essentiellement dans les fossés 300 et 500. Certain ont subi une chauffe et présente une desquamation caractéristique. Un morceau de galet de quartz est fortement rubéfié. Nous verrons plus loin (chap VI 2) qu'un de ces galets a été utilisé. V PROPOSITIONS DE RESTITUTIONS : TALUS, PALISSADES ET HABITAT. Il ne s'agit pas dans ce court chapitre de restituer l'ensemble des élévations de la ferme de Bellevue mais simplement de proposer des étapes possibles de celles-ci au cour de son occupation. Toutes ces propositions sont établies à partir des stratigraphies des fossés, des éventuels agencements de trous de poteau entre-eux et d'exemples de sites bretons où des reconstitutions ont été tentées (Le Boisanne à Plouer-sur-Rance, Graibusson à Corps-Nuds). La relative homogénéité typologique des céramiques du site plaide en faveur d'une occupation sur quelques centaines d'années (cf infra) et l'on peut raisonnablement penser, vu ses dimensions, que l'enceinte a existé dès l'origine avec le tracé que nous lui connaissons aujourd'hui. Des aménagements (recreusement ou curage de fossé, édification de palissades et de talus différents etc..) ont probablement dû modifier la ferme dans ses détails mais la chronologie des événements reste difficile voire impossible à établir aux seules vues de l'étude du mobilier. C'est pourquoi nous nous en tenons à des restitutions ponctuelles lorsque les preuves sont suffisantes puis à des restitutions hypothétiques sur les parties où elles manquent. Les stratigraphies des fossés ont révélés dans la plupart des cas des remplissages aux litages très perceptibles, indiquant un fonctionnement ouvert et un approvisionnement en sédiments espacé dans le temps. Les matériaux récupérés dans ces fossés lors de leur creusement ont certainement servi à édifier les talus qui constituaient l'enceinte de le ferme. Et il est fort logique de croire, pour des raisons techniques évidentes, que chaque fossé fournissait le talus immédiatement adjacent. Cette hypothèse est d'ailleurs confortée dans le fait que les sédiments qui comblent les fossés correspondent aux matériaux extraits de ceux-ci. Dans le fossé 800 par exemple, le remplissage est tantôt schisteux, tantôt limoneux, suivant que la structure traverse tel ou tel type de faciès. Comparez à ce titre, par exemple, la stratigraphie 802 (fig. 23) levée au droit d'une grande poche limoneuse naturelle et les coupes 801, 803 et 804 levées dans des zones où le fossé est creusé dans des faciès schisteux. Tout porte à croire que les talus étaient donc édifiés au fur et à mesure de la progression du travail d'extraction, quelque soit les matériaux rencontrés. La hauteur de chacune de ces clôtures est bien sûr proportionnelle au volume des fossés respectifs. Ces derniers n'étant pas très profonds à Bellevue (aucun ne dépasse le mètre), on peut penser que l'enceinte n'a jamais du être très importante même si les talus ont pu à un moment être surmontés d'une palissade ou simplement complantés. Il est cependant intéressant de noter que les deux structures les plus volumineuses du site sont les fossés est et ouest (respectivement 400 et 100), sans doute parce que les talus correspondants (avec une palissade?) étaient sensés protéger des vents dominants. Afin de ne pas multiplier les typologies, nous avons pris pour référence celle établie par Y MENEZ sur le site du Boisanne à Plouer-sur-Rance à partir des comblements de fossés, similaires à ceux de Bellevue, bien qu'un peu plus volumineux (MENEZ Y, 1992) . La figure 25 présente les six types et leurs subdivisions. Trois d'entre-eux ont probablement concerné la ferme de Bellevue à un moment où un autre de son occupation. Le type 3b, correspondant à un simple talus jouxtant un fossé peu profond a du concerner l'enclos primitif dont seuls sont restés le fossé 200 et la partie orientale de 300. La structure 100, dans son état initial, devait prolonger 200 et être aménagée de la même manière. Mais elle a été visiblement recreusée et élargie postérieurement pour fournir un talus plus conséquent de type 3a. Le fossé 400, quant à lui, a du fonctionner ouvert pendant un temps (type 3a probable) puis a été palissadé en son milieu pour donner un type 6a comme le laissent penser les stratigraphies 402, 403 et 405. Cette dernière est d'ailleurs légèrement différente et fait plutôt penser au type 2 avec une palissade décentrée. La figure 26 se propose, à titre d'hypothèse, de reconstituer les étapes possibles de l'aménagement de l'enclos à partir d'un état primitif à petits fossés. 48 1ère phase : système simple de fossés peu profonds. Au nord, 300 n'est que le prolongement oriental de 200 séparé par une entrée probable comme le suggère la rupture de ce dernier. A l'est, le fossé 400 doit être le seul véritablement important, fonctionnant encore ouvert et également marqué par une entrée formant déjà un seuil dans son tracé. 2ème phase, 1ère hypothèse : recreusement et élargissement des fossés concernant les façades les plus exposées. Au nord, on prolonge 300 en le dissociant de 200. L'entrée est supprimée et il se forme un "goulet d'étranglement" avec ouverture à l'ouest. Le fossé 100 est élargi mais on note un départ de celui-ci seulement quelques mètres après l'angle avec 200. On peut donc supposer cette partie déjà comblée et l'aménagement d'une entrée plus petite à cet endroit. 2ème hypothèse : les prolongements et recreusements restent identiques mais 200 est supprimé (comblement total et disparition du talus). Le "goulet d'étranglement" n'a jamais existé et l'on a une large ouverture au NW de l'enclos. Les deux fossés internes 500 et 800, quant à eux, sont probablement contemporains de la deuxième phase, vu leur importance. 800 doit même représenté une phase ultime de l'occupation du site, son creusement n'étant effectivement pas achevé. Ces deux fossés ont en tout cas permi de diviser la ferme en trois parties à un moment de son exitence, séparants probablements des aires d'habitats et des enclos à bestiaux. On peut supposer que les aires d'habitats sont les zones où les concentrations en trous de poteau sont les plus importantes. Il faut noter à ce sujet que la partie méridionale de l'enceinte est assez riche de ces structures mais que la fouille n'a malheureusement pas été conduite jusqu'au fossé sud, limitant les investigations concernant l'agencement de celles-ci. On peut cependant relever la possible contemporanéité de quelques structures formant la base de deux constructions. Il s'agit, dans le tiers SW de l'enclos, des trous de poteau 39 à 42, très similaires et constituant un carré dans lequel le trou 38 peut suggérer un poteau central. Mais les dimensions de cette construction restent très réduites et donc problématiques. Un peu plus vers l'est, les structures 3 2 à 34, 46, 29, 30 et 65 forment un ensemble assez organisé qui a peut-être composé un édifice. Plus au nord, dans l'angle entre les fossés 300 et 600, les structures 16 à 27 présentent également une disposition assez claire, notamment les alignements 17 à 22 et 22 à 24, 25 constituant là aussi un poteau central. Les autres structures en creux, et en particulier l'ensemble 47 à 52 ainsi que la tranchée 700 restent quant à elles totalement énigmatiques. Gageons que les principaux habitats sont effectivement dans le secteur de l'enclos qui n'a pas été fouillé. Fig. 25 : Type de clôtures proposés à l'issue de l'étude des profils et des comblements des fossés du Boisanne (Plouer-sur-Rance, Ille-et-Vilaine). D'après Y MENEZ, 1992. 20 m A : 1ère phase ; enclos simple à deux entrées. B-i Bl 2ème phase ; prolongements, recreusements et ajouts de fossés. Ba identique à Bl mais fossé 200 disparait Fig. 26 : hypothèses chronologiques du creusement et de l'aménagement des fossés de la ferme. En noir: modifications. 51 VI MOBILIER ARCHEOLOGIQUE. Nous ne présentons donc ici que quelques éléments caractéristiques du mobilier récoltés dans les comblements des structures en creux de la ferme. Une étude exhaustive du matériel sera l'objet d'une annexe jointe au rapport après analyse et dessins des tessons concernés. Tous les fossés ont fourni des pièces archéologiques mais avec une inégale régularité. Le fossé de parcellaire 600, par exemple, n'a livré que trois tessons sur l'ensemble de son tracé, dont un fragment avec bouton de préhension de type Néolithique final/age du Bronze (analyse J.Y TINEVEZ, S.R.A Rennes). Le fossé 400 à quant à lui dévoilé la plus grande concentration de tessons du site notamment dans les carrés Kl2 et K13 où le mobilier abondait dans la couche limoneuse à l'est de la palissade et dans le comblement supérieur (cf fig. 17). Remarquons tout de suite que, vue la superficie modeste du site, la quantité et la variété des céramiques intéressantes (archéologiquement complètes ou inédites) sont loins d'être négligeables. Elles sont essentiellement caractérisées par la prédominance des lèvres à cannelures internes, des gobelets à bords droits et par l'utilisation du graphitage. Une première analyse du matériel (Y MENEZ) laisse présumer une occupation au Laténien moyen, et sa relative homogénéité permettra sans doute d'affiner la chronologie après étude. VI 1 Céramique. La variété de la céramique de Bellevue n'est pas le moindre des intérêts du site. On observe effectivement une association de poteries alliant le montage au colombin et l'utilisation du tour, ainsi que des pâtes très différentes, soit fortement micassées, soit très fines ou à dégraissant important (quartz essentiellement), soit encore très cuites (noires). L'aspect de surface dénote la même variété puiqu'on trouve un nombre assez important de pièces avec un fin graphitage associées à des poteries plus frustes mais souvent bien travaillées. Les décors sont également diversifiés, souvent incisés ou lisses, quelquefois estampés (deux exemplaires). A titre indicatif, les deux planches en fin de rapport présente un échantillonnage de formes et de décors caractéristiques du site. L'étude exhaustive des céramiques de la ferme de Bellevue sera consignée dans l'annexe réalisée par M DUPRE. VI 2 Fusaïoles et élément lithique. Deux fusaïoles en terre cuite ont été respectivement trouvées dans le comblement supérieur du fossé 500 (carré 112) et dans le trou de poteau 61, ce dernier contenant également quelques fragments de brique et de tessons de céramique. Elles sont toutes deux de sections biconvexes. La première présente un chanfrein assez prononcé à l'amorce du trou central sur une de ses faces. La seconde, un peu plus grosse, montre une perforation de très petit diamètre. Un galet aplati d'aspect ovale présente une tentative d'utilisation sous la forme de deux cupules opposées sur chacune des faces. On a visiblement voulu percé la pierre de part en part mais le travail est resté inachevé. Il s'agit d'un galet grossier de roche métamorphique (à déterminer) mis au jour dans le fossé 100 (carré Hll) et qui était probablement destiné à servir de peson. VI 3 Briques. Un nombre assez important de fragments de briques vient s'ajouter aux découvertes réalisées sur le site. Plusieurs types peuvent être distingués selon leur épaisseur et la forme de leur bord, la caractéristique commune étant cependant l'absence de trace de carbonisation. Aucune n'est archéologiquement complète et il est donc difficile de s'avancer sur les dimensions finales de chaque type. Notons toutefois que les angles sont arrondis et que les cassures se sont essentiellement formées au niveau des zones de faiblesse dues au montage en plaques jointives. La fonction de ces briques reste problématique même s'il est certain qu'il ne s'agit pas d'éléments d'architecture. ANTHRACOLOGIE Une étude va être effectuée par D MARGUERIE (À.G.O.R.A, UPR 403 du CNRS) sur les charbons de bois prélevés dans les comblements des structures. La plupart des remplissages montraient des esquilles de bois carbonisés mais des charbons plus importants (certains atteignent 10 cm de longueur) ont été essentiellement recueillis dans les fossés 100-300-500 et 800 ainsi que dans la fosse 13 et le trou de poteau 51. Une première analyse sur les plus gros fragments permet à D MARGUERIE de reconnaitre le chêne (Quercus). Le rapport final apportera bien sûr des indications plus complètes sur les bois en question. Il sera joint ultérieurement à la présente étude. La palynologie n'a par contre pas fait l'objet de prélèvements particuliers. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ARRAMOND J.C, PROVOST A, 1992; Axe Rennes-Lorient RN24. Déviation du Camp de Coëtquidan. Evaluation archéologique. S.R.A Rennes. En particulier l'annexe 2, Augan-Bellevue, site gaulois et gallo-romain. LEROUX G, 1992; Fouille archéologique sur la déviation de Corps-Nuds (35). L'habitat gaulois et galloromain de Graibusson. S.R.A Rennes. Rapport de fouille dactylographié. MENEZ Y, 1992; Une ferme de l'Armorique gauloise : le Boisanne à Plouer-sur-Rance (Côtes d'Armor). Rapport de fouille pluriannuelle dactylographié. 223p., D.A.F à paraître. DOCUMENTS CONSULTES Carte topographique I.G.N au l/25000e. Feuille Paimpont, 1987. Carte géologique de la France, B.R.G.M, l/80000e. Feuilles Pontivy et Rennes. PHOTOS 91 diapositives du site en cours de fouille sont disponibles auprès du Service Régional de l'Archéologie (Rennes). Clichés Stéphan HINGUANT. LISTE DES FIGURES. Page. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 : Localisation géographique de la région d'Augan. : Localisation du site sur la carte I.G.N au 1/25 000e. : Position du site sur le cadastre de 1986. : Position du site sur le cadastre ancien. : Profils topographiques NS et EW des environs de Bellevue. : Emprise routière et courbes de niveau du secteur de Bellevue. : Plan général du site et carroyage. : Topographie et nivellement N.G.F des structures en creux. : Numérotation des structures en creux lors de la fouille. : Localisation des coupes stratigraphiques dans les fossés. : Détail de la structure 700. : Détail des structures 48 à 52. : Structure 59, coupe schématique. : Fossé 100, coupes stratigraphiques 101 à 105. : Fossé 100, coupe stratigraphique 106. : Fossé 200 et 300, coupes stratigraphiques 201 à 204 et 301 à 305. : Fossé 400, coupes stratigraphiques 401 à 404. : Fossé 400, coupe stratigraphique 405. : Fossé 500, coupes stratigraphiques 501 à 503. : Fossé 500, coupes stratigraphiques 504 et 505. : Fossé 600, coupe stratigraphique 601. : Fossé 800, coupes stratigraphiques 801 à 803. : Fossé 800, coupe stratigraphique 804. : Localisation des rejets de matériaux divers : Type de clôtures proposés à l'issue de l'étude des profils et des comblements des fossés du Boisanne (Plouer-sur-Rance, Ille-etVilaine). D'après Y MENEZ, 1992. : Hypothèses chronologiques du creusement et de l'aménagement des fossés de la ferme. 4 5 7 8 9 10 13 14 16 17 24 29 30 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 46 50 51 56 PLANCHE I PHOTO 1 : Décapage en cours. Les structures au sol apparaissent nettement. PHOTO 2 : Le "goulet d'étranglement", vue vers l'ouest. A gauche, fossé 200. A droite, fossé 300. PHOTO 3 : "l'entrée est", fossé 400. Vue vers le nord. PLANCHE II PHOTO 1 : Carré 111, Fosse n° 65. PHOTO 2 : Carré G13, fosse n° 13. PLANCHE III PHOTO 1 : Carré H13, trou de poteau n 12. PHOTO 2 : Carré Jll, trou de poteau n° 58 avec pierre de calage en place. PHOTO 3 : Carré Jll, trou de poteau n° 59 avec son calage particulièrement important. PLANCHE IV PHOTO 1 : Carré H10, fossé 100. Coupe 106. PHOTO 2 : Carré 112, fossé 500. Coupe 503. PHOTO 3 : Carré 111, fossé 500. Coupe 505. PLANCHE V PHOTO 1 : Carré K13, fossé 400. Coupe 401. PHOTO 2 : Carré K13, fossé 400. Coupe 402. PHOTO 3 : Carré K12, fossé 400. Coupe 403. PLANCHE VI PHOTO 1 : Carré Hll, fossé 800. Coupe 801. PHOTO 2 : Carré H11/H12, fossé 800. Coupe 802. PHOTO 3 : Carré 112, fossé 800. Coupe 803. ANNEXE ETUDE CERAMOLOGIQUE Mathilde DU PRE (Dessins) Stéphane JEAN Elven LE GO FF REPARTITION DU MOBILIER CERAMIQUE SUR LE SITE REPARTITION DU MOBILIER CERAMIQUE SUR LE SITE Le comptage a été réalisé tesson par tesson dans chaque carré de chaque structure fossoyée = 10 tessons. Les fosses et troux de poteaux ne sont pas représentés. La céramique s'y trouve en trop faible quantité; De plus, elle est fragmentaire et abimée. Les concentrations les plus importantes se situent à proximité de ce qui semble être des zones de passage (carrés K-12 et 13, G-13,1-12). CLASSIFICATION TYPOLOGIOUE Si l'on considère l'ensemble du mobilier dessiné, on distingue trois larges catégories typologiques: les jattes, les pots et les gobelets tronconiques. . Au sein des deux premières "familles", des sous-groupes apparaissent, caractérisés par des formes, des décors semblables ou associés. Leur étude comparée à celle d'autres lots de sites armoricains permet d'établir certaines équivalences et nous renseigne sur leur datation. L'étude des décors sera menée séparément de celle des formes. Les deux caractéristiques se combinent néanmoins pour confirmer la chronologie relative au matériel. LES JATTES. Cet ensemble est composé de trois types de formes: jattes basses, semi-ouvertes, au profil en S orné de cannelures internes larges ou fines, jattes à haut col. C'est l'ensemble typologique qui comporte le plus grand nombre d'exemplaires étudiés et qui nous fournit les meilleures indications chronologiques. AJ Au seiii du premier groupe (100.1 et 100.11), la cannelure interne relativement large est située assez loin du bord ( cf. Y. Menez, rapport de fouille de Plouer-sur-Rance, p. 118, lèvre 13). Associée à un profil en S fortement marqué (cf. Plouer-sur-Rance, p. 116, forme 19), cette forme trouve de nombreux parallèles dans des sites de la fin de la Tène ancienne au début de la Tène moyenne: dans les souterrains d'Enez-Vihan à Saint-Vougay (29) (M.Clément-1985, datés fin IVe siècle av. J.C.), au Paou à Kerien (22) (Giot -1971, . 7 à 11, début Tène moyenne). B/ Le deuxième groupe est le plus important par le nombre d'exemplaires (11). Il comprend des jattes au profil en S également très prononcé doté d'une lèvre fortement éversée. Cette dernière est ornée d'une fine cannelure interne assez proche du bord de la céramique (cf. Plouer-sur-Rance, p. 120, forme 23 et p. 124, lèvre 17). Il s'agit aussi d'une céramique fréquemment découverte en Armorique dans des contextes de la Tène moyenne, parfois plus tardifs (début Tène finale). Les souterrains de Bellevue à Plouegat-Moysan (29) (Giot-1968, n° 1 et 2) ont livré ce type de matériel ainsi que celui de Grohan à Quessoy (22) (Guyader-1969, B.1,B 2, B.30). La forme 300.18 semble plus tardive. L'absence de cannelure et la fabrication au tour rapide l'inscrivent plutôt dans la période de transition entre la Tène moyenne et la Tène finale (exemple à l'Ile d'Agut à Saint-Briac (35),n°l; site datable à partir du 1er siècle av. J.C). C/ Les jattes à haut col sont présentées ici de façon fragmentaire. Le large cordon est néanmoins présent à la base du col (cf. Plouer-sur Rance, pl26, forme 27) et permet d'établir des correspondances avec des formes approchantes: celles de l'excavation A du site des Ebihiens (22) (Daire-1989, pl. 16, n° 9 et 10; pl. 17) ou celles du Braden à Quimper (29) (Le Bihan-1984, fïg.50, n°6). Ce type de céramique se situe dans des contextes de la Tène moyenne. LES POTS Deux grands ensembles se détachent au sein de cette forme: les pots d'aspect généralement frustre, aux formes variées et les pots à stries, tournés. A/ On note une pérennité dans les formes en ce qui concerne les pots frustres: les formes 400.12, 13 et 14 sont comparables à celles découvertes dans des contextes de la fin de la Tène ancienne (cf. Litiez à La Feuillée, n° 4, 5, 6). Cependant, elles perdurent au moins jusqu'à la fin de la Tène moyenne (cf. Bellevue à Plouegat-Moysan, pl. 4/6, n°30). Les céramiques 300.5, 13 et 15 forment un ensemble cohérent dans leurs formes mais, malgré leur parenté avec les céramiques précédentes, les parallèles manquent... On rencontre des exemplaires comparables aux grands pots 400.2 et 400.6 à Bellevue à Plouegat-Moysan (pl.3/6, n° 21 et 22), site daté de la Tène moyenne. B/ Les pots 100.2 et 300.6 correspondraient à une période plus tardive puisque les stries dont ils sont ornés semblent avoir été réalisées à l'aide d'un tour rapide (cf. Plouer-surRance, p. 127, décor 36.a): on en trouve beaucoup au début du 1er siècle av. J.C. Pourtant, ce type de décor est présent dès la Tène moyenne sur le site du Boisanne à Plouer-sur-Rance. De plus, les stries des deux céramiques ne sont pas parfaitement régulières et peuvent correspondre à unepériode située entre 250 et 150 av. J.C. LES GOBELETS Ce sont des formes basses, sans col, qui possèdent toutes un profil tronconique. Comme les pots frustres, ces gobelets ne présentent pas de modifications dans leur forme depuis le Hallstatt (exemplaire à Saint-Uriac à Corseul (22), n°4). Ils restent très fréquents pendant toute la Tène moyenne et même à la Tène finale (cf. Bellevue à Plouegat-Moysan, pl. 2/6, n°6 ou Saint-Donan (22), n°9). Ces récipients s'inscrivent donc parfaitement dans le contexte d'Augan-Bellevue. LES DECORS On dénombre quatre grands types de décors: Les Les Les Les décors décors décors décors estampés. lustrés ou graphités, rayonnants ou à croisillons. lustrés curvilinéaires. incisés. AI Les motifs estampés en arceaux sont employés dès la Tène ancienne mais certains d'entre eux perdurent. C'est le cas de l'arceau pointillé (300.17) qui peut être comparé à un exemplaire mis au jour sur un site de la Tène moyenne (Saint-Jean à Plouhinec (29), pl. 1/2, n°5). L'arceau à pendentif (100.12) est lui aussi présent dans des contextes de la Tène moyenne (exemples aux Ebihiens, pl.3/8, n°3 ou au Braden, pl.3/5, n°8). B/ Les décors lustrés à stries rayonnantes (intérieures et extérieures) ou à croisillons sont très courants pendant la Tène moyenne jusqu'à la Tène finale (cf. Plouer-sur-Rance, p. 121, décors 21a à 28). On recense de nombreux exemplaires similaires sur des sites régionaux comme le souterrain de Plabennec (29) (Le Roux-1973, n°16) attribué au Illème siècle av. J.C, Grohan à Quessoy (22) (Guyader-1969, Bl,1031, B25, B38, B38a et 1193) également daté de la Tène moyenne. On trouve quelques exemplaires plus tardifs au Braden ou aux Ebihiens par exemple. Cl Le décor curvilinéaire (100.8) se situe dans le même esprit que celui de la jatte à haut col découverte à Ker-Groas à Quimper. Cette dernière est datée de la Tène moyenne. D/ On rencontre des décors incisés pendant toute la Tène. On en trouve au début de la Tène moyenne (un exemplaire au Bourg à Saint-Glen (22) (n°4) et au début de la Tène finale (Kercaradec à Quimper, n°7). Le décor sur cordon 400.11 est à rapprocher de celui de la jatte à haut col 100.12, datée de la Tène moyenne. ETAT DE SURFACE C'est le cas pour la majeure partie de ces types de formes découverts à cette époque (Tène moyenne, début Tène finale), les jattes d'Augan-Bellevue sont graphitées ou lustrées à la différence du reste du mobilier mis au jour sur le site. Les pots et les gobelets sont, en effet, assez frustres et, pour la plupart d'entre eux, bruts en surface. Les pots 100.6, 300.5, 300.6, 300.13, 300.15, 300.20 et 400.6 ainsi que le gobelet 300.4 présentent des traces de suie et ont donc eu à un moment donné une fonction de cuisson. On observe également sur un exemplaire, le pot 300.1, des traces d'éclatement sur la surface interne qui peuvent être dues à la conservation de sel. Des expériences recréant ce type d'usure sont actuellement en cours sous la responsabilité d'Y.Menez (S.R.A. Bretagne) et de D.Dufournier (laboratoire du C.R.A.M.). PROPOSITION DE DATATION L'étude des décors confirme celle des formes: l'occupation de la ferme s'étale sur une ÏT^okuonZTvVc déhutdekTènemoyenneetletoutdébutdeIaTènefmale<environ LES JATTES. OTS — LES GOBELETS — LES DECORS 11 i 400-7 _ \ » ' 100-8 _ , 400-1 400-6 DESCRIPTIF 100.1 : Extérieur lustré avec faibles traces de graphite; Cannelure légèrement graphitée. 100.2: Graphitée entre la lèvre et l'épaulement, brute sur la panse (éxtérieur); Brute à l'intérieur. 100.3: Brute à l'intérieur et à l'extérieur. 100.4: Lustrage très usé à l'extérieur; Brute à l'intérieur. 100.5: Lustrée à l'extérieur (traces d'usure sur l'épaulement); Traces de lustrage à l'intérieur; Décor lustré rayonnant intérieur et extérieur. 100.6: Lustrée avec traces de suie sur la lèvre; Lustrage intérieur assez usé. 100.7: Extérieur et intérieur brut 100.8: Lustrage usé (intérieur et extérieur); Décor lustré curvilinéaire. 100.9: Graphitée à l'intérieur et à l'extérieur (graphitage usé à l'intérieur). 100.10: Lissée à l'extérieur; Brute à l'intérieur. 100.11 : Graphitée à l'extérieur et à l'intérieur. 100.12: Lustrage très abimé à l'extérieur, mieux conservé à l'intérieur. Décor éstampé. 100.13: Hématite de la lèvre à l'épaulement, abimé sur la panse; Brute à l'intérieur. 100.14: Graphitée a l'extérieur; Brute à l'intérieur. 100.15: Brute à l'extérieur et à l'intérieur. 100.16: Lustrée à l'extérieur et à l'intérieur. 100.18: Lustrée à l'extérieur (lustrage usé sur la lèvre et la panse); Lustrée à l'intérieur. 100.19: Extérieur légèrement graphité; Intérieur brut. 100.20: Lustrée à l'extérieur et à l'intérieur 300.1 : Brute à l'intérieur et à l'extérieur (traces d'éclatement sur la surface interne). 300.2: Graphitée à l'extérieur et à l'intérieur. 300.3: Lustrée à l'intérieur et à l'extérieur. 300.4: Brute à l'extérieur et à l'intérieur ; Traces de suie sur lèvre et fond (extérieur). 300.5: Extérieur brut; Intérieur brut avec suie sur la moitié supérieure. 300.6: Extérieur lissé avec traces de suie; Intérieur brut avec suie au fond. 300.7: Lissée à l'extérieur avec traces de chauffe; Lissée à l'intérieur. 300.8: Graphitée à l'extérieur; Lustrée à l'intérieur. 300.9: Lustrage abimé à l'extérieur et à l'intérieur; Décor rayonnant lustré extérieur et intérieur. 300.10: idem. 300.9 (lustrage mieux conservé). 300.11 : Lustrée à l'extérieur et à l'intérieur (usure sur la lèvre). 300.12: Lustrée à l'extérieur et à l'intérieur. 300.13: Lustrée à l'extérieur (traces de suie sur toute la surface); Brute à l'intérieur (suie sur le col). 300.14: Graphitée à l'extérieur, lustrée à l'intérieur; Décor graphité à croisillons (intérieur). 300.15: Extérieur brut avec traces de suie sur toute la surface; Intérieur brut avec suie sur le col. 300.16: Lustrée à l'extérieur; Brute à l'intérieur. 300.17: Graphitée au dessus de l'épaulement, lustrée sur le décor éstampé. Intérieur brut. 300.18: Intérieur et extérieur lustré (traces de tour à l'intérieur). 300.19: Extérieur et intérieur brut (intérieur légèrement micassé). 300.20: Extérieur lustré avec traces de suie; Brut à l'intérieur. 400.1 : Extérieur et intérieur brut. 400.2: idem. 400.1 (pate micassée). 400.3: Graphitée à l'extérieur; Lustrée à l'intérieur. 400.4: Graphitage extérieur abimé sur la panse; Intérieur lustré avec décor rayonnant. 400.5: Extérieur et intérieur brut. 400.6: Extérieur brut avec traces de suie; Traces de lustrage à l'intérieur. 400.7: Extérieur lustré; Intérieur lustré avec décor à croisillon. 400.8: Idem. 400.7. 400.9: Extérieur et intérieur brut. 400.10: Extérieur graphité; Traces de graphitage à l'intérieur. 400.11 : Extérieur graphité (usure sur le motif); Intérieur lustré. 400.12: Extérieur et intérieur brut. 400.13: idem. 400.12. 400.14: idem. 400.12 400.15: idem. 400.12. 400.20: idem. 400.12 400.21: idem. 400.12. 500.1 : Extérieur et intérieur brut. 600.1 : Extérieur et intérieur brut. 600.2: idem. 600.1. 800.1 : Extérieur lustré; Intérieur lustré sur col, brut sur panse. 100-18 100-19 100-20 100-16 \ 300-11 400.21 LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE, PREHISTOIREjPROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS Université de Rennes I U.P.R. n° 403 du C.N.R.S. A.G.O.R.A. Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences L'ETABLISSEMENT AGRICOLE DE LA TENE MOYENNE DE BELLEVUE (AUGAN, MORBIHAN) ETUDE ANTHRACOLOGIQUE Dominique Marguerie 1993 LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE, PREHISTOIRE,PROTOHISTOHŒ ET QUATERNAIRE ARMORICAINS U.P.R. n°403 du C.N.R.S., Université de Rennes I, Campus de Beaulieu 35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09 dans le cadre d'A.G.O.RA. Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences L'ETABLISSEMENT AGRICOLE DE LA TENE MOYENNE DE BELLEVUE (AUGAN, MORBIHAN) Rapport d'étude anthracologique Dominique Marguerie mai 1993 Illustration de la page de couverture : Charbon de chêne à feuilles caduques (Quercus sp.) Coupe transversale vue au microscope électronique à balayage (X 40) 1 - INTRODUCTION Stéphane HINGUANT, suite aux travaux d'évaluation archéologique menés par A. PROVOST et J.C. ARRAMOND sur le tracé de la déviation du camp militaire de Coëtquidan par la RN 24, a effectué une fouille de sauvetage en juillet et août 1992 sur les restes d'une ferme gauloise au lieu dit Bellevue situé dans la commune d'Augan (Morbihan). Les structures en creux nombreuses et variées renfermaient de bonne quantité de charbons de bois souvent de forte taille et en bon état de conservation. Travaillant sur les charbons de bois, vestiges de combustible ou de bois d'oeuvre, nous aborderons ici les rapports que les gaulois entretenaient avec le milieu forestier environnant et, dans la mesure des limites de la méthode anthracologique (en l'absence de données polliniques), nous essaierons d'apprécier l'état du milieu végétal soumis aux ponctions anthropiques dans les environs de l'installation agricole. Nous intégrerons à la fin de ce rapport les résultats de cette étude anthracologique à l'ensemble des données jusqu'alors obtenues dans le Massif armoricain sur l'environnement et les relations homme-milieu à l'Age du Fer. 2 - INVENTAERE DES PRELEVEMENTS ET ELEMENTS CHRONOLOGIQUES Neuf lots ont été étudiés. Ils renfermait des quantités de charbons de bois très variables. Ils correspondent tous à des prélèvements effectués par les fouilleurs en divers secteurs du site (fig. 1) et portent les appellations suivantes : - Augan, fossé 100, carré G12, - Augan, fossé 100, carré Hll, - Augan, fosse 13, carré G13, - Augan, décapage fossé 300, carré H13, - Augan, fossé 300, carré G13. - Augan, fossé 500, carré 112, - Augan, fossé 500, carré 111, - Augan, trou de poteau n°51, carré Kl 1, - Augan, rejet foyer, fossé 800, carré 112, Sur la base de l'étude céramologique, S. HINGANT propose un fonctionnement de la ferme vers La Tène moyenne. 3 - BREF APERÇU DU PRINCIPE DE L'ETUDE ANTHRACOLOGIQUE Chaque ligneux, qu'il appartienne au sous-embranchement des Angiospermes (feuillus) ou des Gymnospermes (dont les conifères), produit un bois particulier, spécifique et héréditaire, présentant une organisation particulière des tissus ligneux. La structure du bois s'étudie dans les trois plans anatomiques (Margueric et Hunot, 1992) (fîg. 2) : - plan transversal, - plan longitudinal radial, - plan longitudinal tangentiel. Il est ainsi possible d'observer dans l'espace (les trois plans) les vaisseaux, les trachéïdes (chez les conifères), les fibres, le parenchyme transversal et longitudinal (rayons du bois). Sur les bois gorgés d'eau, l'observation au microscope se fait à partir de coupes minces, translucides obtenues au microtome ou à la lame de rasoir. Sur les charbons de bois, des cassures fraîches sont faites à la main et au scalpel. Celles-ci sont directement observées sous microscope optique à réflexion, voire au microscope électronique. Cette technique d'observation présente l'énorme avantage de ne pas "polluer" l'échantillon par une imprégnation en résine de synthèse et le laisse donc tout à fait susceptible d'être daté par radiocarbone après étude anthracologique. Les charbons que nous pouvons déterminer présentent au minimum des côtés de l'ordre de 2 à 5 mm. IJCOUPE TANGENTIELLE J Fig. 2 - Schéma montrant les trois coupes d'étude du bois Le genre des ligneux carbonisés (combustion partielle) se détermine à coup sûr et souvent l'espèce. Toutefois, il est délicat voire impossible de distinguer spécifiquement les chênes à feuillage caduc. Il en est notamment de même pour le saule et le peuplier. Les variations biotopiques au sein d'une même espèce sont souvent plus importantes que les différences interspécifiques au sein du genre. De plus, toute une série d'espèces a été réunie dans les Pomoïdées, sous famille des Rosacées. Les espèces suivantes s'y retrouvent : Amélanchier (Amelanchier ovalis), Cotonéaster (Cotoneaster sp.), Aubépine (Crataegus sp.), Néflier {Mespilusgermanicà), Poirier-Pommier (Pyrus sp.) et Sorbier-Cormier-Alisier (Sorbus sp.). Nos résultats sont consignés dans des tableaux où les taxons sont rangés par groupement écologique. Le nombre et la masse de chaque taxon sont mentionnés par souci d'accessibilité à tous les paramètres de notre étude. Toutefois, nous nous abstenons, dans un essai de reconstitution paléo-environnementale, de prendre en compte l'aspect quantitatif de nos analyses anthracologiques. Les données phyto-écologiques que nous dégagerons de notre étude reposeront donc uniquement sur les informations écologiques intrinsèques à chaque taxon attesté et sur les groupements végétaux mis en évidence. Il sera cependant fait parfois référence aux données quantitatives (effectifs et masses) afin de souligner dans nos commentaires la dominance affirmée de certains taxons. Nous complétons la détermination des essences ligneuses par un examen du plan ligneux transversal effectué à plus faible grossissement (loupe binoculaire) (Marguerie, 1992a). Ainsi, il est possible de collecter de précieuses informations sur : - l'allure des limites de cernes (de courbure très faible, intermédiaire ou nettement courbe), pour connaître la section du bois d'origine : troncs ou branches plus ou moins grosses, - la zone du bois dans laquelle on se situe. En effet, la partie centrale morte d'un tronc se transforme peu à peu. Certains auteurs parlent de "duraminisation". Cette transformation s'accompagne entre autres de sécrétions ou dépôts de gommes et d'excroissances cellulaires appellées thylles obstruant peu à peu les vaisseaux du duramen ne fonctionnant plus. Les thylles se conservent après carbonisation. Leur observation chez les charbons de bois indique que ceux-ci proviennent du duramen et non de l'aubier et reflète l'emploi de bois âgés, si toutefois les thylles ne résultent pas de traumatismes d'origine mécanique, physique ou chimique, - la présence ou l'absence d'écorce et/ou de moèlle, - le bois de réaction propre aux branches car résultant de l'action de la pesanteur sur ces éléments non perpendiculaires au sol, - les traces de galeries laissées par les insectes xylophages, - la largeur moyenne des cernes figurés sur le charbon pour apprécier les caractères biotopiques, - la présence ou l'absence de fentes radiales de retrait pour savoir si le bois fut brûlé vert ou sec, - la saison d'abattage, - le travail du bois (traces d'abattage, d'élagage, de façonnage ...). L'observation de la largeur des cernes d'accroissement peut notamment renseigner sur l'état du peuplement végétal au sein duquel le bois a été récolté. En forêt dense, l'intensité d'assimilation et de transpiration des individus est telle que les arbres connaissent une pousse lente et régulière (cernes étroits). Un milieu plus ouvert est, en revanche, riche en bois à croissance rapide (cernes larges). En dehors des strictes informations environnementales, l'anthraco-analyse a des retombées d'ordre ethnographique. L'identification des restes ligneux renseigne sur le choix et la sélection des essences destinées au bois d'oeuvre (charpente, planchers, huisseries...), à l'artisanat des objets domestiques (emmanchements, récipients, meubles...) et aux structures de combustion. De plus, grâce aux observations dendrologiqucs, des données peuvent être collectées sur les techniques de travail et de débitage du bois, sur l'âge et les périodes d'abattage des arbres, sur les traditions vernaculaires... Cette discipline permet donc une approche de la vie quotidienne, des relations de l'homme avec son milieu végétal et une information de l'environnement des alentours des sites archéologiques. 4 - RESULTATS D'ANALYSES 4.1 - Inventaire des essences observées Les différents lots anthracologiques, dont l'étude est évoquée ici, renferment des variétés taxonomiques très différentes (flg. 3 à 11) allant, selon les lots, de 1 à 6 taxons. Au total, 7 taxons ont été identifiés. Le chêne à feuilles caduques est systématiquement présent et dominant, voire écrasant. Lorsqu'on fait l'inventaire des conditions auto-écologiques des différentes essences attestées, on constate qu'elles peuvent appartenir aux biotopes suivants (Rameau et al, 1989) : - le chêne à feuilles caduques (limite de détermination cf. paragraphe 3) peut correspondre indifféremment au chêne sessile ou pédonculé, Il s'agit d'espèces héliophiles pouvant croître dans des bois clairs, des friches ou des haies. On verra, dans les paragraphes suivants, que le taux de croissance annuel apprécié sur un bon nombre de charbons grâce à la lecture de la largeur des cernes, indique pour les chênes d'Augan une provenance d'un biotope plutôt forestier, - le noisetier, les Pomoïdées (cf. définition paragraphe 3), le genêt, l'ajonc et le Prunus sont des essences héliophiles ou de demi-ombre susceptibles d'être rencontrées aussi bien en lisière de bois, dans des bois clairs, des landes ou en forêts caducifoliées de type QuercoFagetea. Ce sont pour la plupart des essences de terrains découverts, envahissantes, considérées comme des pionnières de la reconquête forestière, s'installant sur des terrains déboisés, dégradés. En résumé, la liste des espèces attestées par l'analyse anthracologique souligne l'existence dans les environs de Bellevue, au Second Age du Fer, de zones boisées assez denses dans lesquelles poussent des chênes à feuilles caduques et des zones plus ouvertes d'où provient toute une série d'essences de reconquête. Caractères technologiques des essences représentées Si l'on s'attarde sur les caractères technologiques des essences représentées dans les charbons de bois mis au jour (Brongniart, 1877 ; Pillet, 1982 ; Sell et Kropf, 1990 ; Venet, 1974) se référant aux activités artisanales révélées sur le site d'Augan-Bellevue, il est ici important de signaler que : - le chêne à feuillage caduque possède un bois à combustion lente à flammes courtes et haut pouvoir calorifique. Il est propice au "petit feu" servant à une montée lente en température du four évacuant ainsi progressivement l'eau de l'argile à céramique. De plus, nous avons pu vérifier que, dans la zone de rejet de four (Cf. supra), le chêne avait été utilisé sous forme de bûches provenant de grosses branches ou troncs et non de fagots (fig. 3). Ce sont vraisemblablement les vestiges de bûches utilisées pour obtenir le "petit feu", - le noisetier, les Pomoïdées, les génistées et le Prunus sont de bons combustibles qui, sous forme de fagots, fournissent de grandes flammes sur une courte durée. C'est un combustible utile à l'amorçage d'un feu, utilisé pour le "grand feu" des artisans potiers par exemple, car livrant à la combustion une température importante indispensable à l'évacuation de l'eau de l'argile à céramique. Il semble évident que dans certains lots étudiés, anthracologiques étudiés correspondent à un choix technologique. les spectres AUGAN BELLEVUE, fossé 100, carré G12 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 29 9,77 15 0 9 1 0,50 0 0 1 30 10,27 Quercus sp. Genêt TOTAL Fig. 3 AUGAN BELLEVUE, fossé 100, carré Hl 1 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 1 0,80 0 0 1 1 3,28 0 0 1 2 4,08 Quercus sp. Genêt TOTAL Fig. 4 AUGAN BELLEVUE, fosse 13, fossé, carré G13 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 73 51,58 48 1 4 2 0,39 0 0 1 1 0,08 0 0 1 2 0,48 0 0 2 3 0,24 0 0 3 1 0,17 0 0 1 82 52,94 Quercus sp. Pomoïdée Prunus sp. Genêt Ajonc Ulex sp. Genistae TOTAL Fig. 5 AUGAN BELLEVUE, fossé 300, carré G13 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 156 502,97 137 2 16 1 0,72 0 1 0 157 503,69 Quercus sp. Pomoïdée TOTAL Fig. 6 AUGAN BELLEVUE, fossé 300, carré H13 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 15 81,20 6 1 8 15 81,20 Quercus sp. TOTAL Fig. 7 AUGAN BELLEVUE, fossé 800, rejet foyer, carré 112 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 101 27,56 2 2 85 12 0,76 0 0 12 1 0,05 0 0 2 2 0,01 0 0 1 2 1,01 0 0 2 2 0,08 0 0 2 120 29,47 Quercus sp. Pomoïdée Prunus sp. noisetier Corylus avellana Ajonc Ulex sp. Genistae TOTAL Fig. 8 AUGAN BELLEVUE, fossé 500, carré 112 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 8 1,84 0 0 6 8 1,84 Quercus sp. TOTAL Fig. 9 AUGAN BELLEVUE, fossé 500, carré 111 Courbure des cernes Taxons Nombre chêne caducifolié Masse (g) faible intermédiaire 2,71 forte 0 Quercus sp. TOTAL 2,71 Fig. 10 AUGAN BELLEVUE, trou de poteau n°51, carré Kl 1 Courbure des cernes Taxons chêne caducifolié Nombre Masse (g) faible intermédiaire forte 1 11,50 0 1 0 1 11,50 Quercus sp. TOTAL Fig. 11 4.2 - Observation macroscopique du plan ligneux 4.2.1 - étude des cernes d'accroissement Une observation des cernes d'accroissement du bois a été effectuée à loupe binoculaire sur les charbons. Elle est venue compléter, dans la mesure possible, la détermination des essences. Tous les charbons présents n'i toutefois pu donner lieu à une observation du plan ligneux ou dendrologiq Certains d'entre eux, trop fragmentés ou mal conservés, présentaient, en efi des plans ligneux indéchiffrables. La largeur moyenne des cernes à très faible courbure des charbons de chêne caducifolié a pu également être calculée sur certains individus afin de tenter de constater une homogénéité ou hétérogénéité dans les biotopes d'approvisionnement et afin de déterminer la nature du peuplement d'où ont été extraits les charbons. Dans le fossé 100 (carré G12), dans la fosse 13 (carré G13) et dans le fossé 300 (carré G13), les charbons de chêne dont la coupe transversale a pu être examinée dans le détail, présentent, dans leur très grande majorité, des cernes de faible courbure et sont donc issus de pièces de bois de fort calibre (fig. 3, 5 et 6). Parmi les 152 charbons de chêne provenant du fossé 300, carré G13, une grande quantité de fragments provient de planches d'une épaisseur variant de 12 à 21 mm obtenues par débit sur maille de pièce de bois de très gros calibre. Il est très probable que nous soyons là en présence de restes de bois d'oeuvre ayant été utilisé dans la construction d'un bâtiment de la ferme. Le lot de charbons récolté dans le fossé 800 (carré 112) présenté par l'archéologue comme étant le reste d'un rejet de foyer est à l'opposé des ensembles évoqués ci-dessus. Quasiment 100 % des charbons sont à cernes courbes parmi ceux présentant un plan ligneux susceptible d'être déchiffré. Les charbons de chêne sont à 96 % issus de branches (fig. 8). Parmi eux, plusieurs proviennent de branchettes d'un diamètre de 3 à 12 mm âgées de 2 à 7 ans. La courbure prononcée des cernes est également notable chez les autres essences. Toutefois ce phénomène peut tenir là aussi aux faibles diamètres originels atteints par les troncs de ces arbres voire de ces arbustes (fig. 8). La largeur des cernes d'accroissement chez les chênes à cernes peu courbes a pu être calculée sur trois lots de charbons de bois. Dans le fossé 300, carré G13, 106 charbons de chêne ont pu être pris en compte pour le calcul d'une largeur moyenne de cerne d'accroissement égale à 2,33 mm avec un écart type de 1,00 (fig. 12). Toujours dans le fossé 300, 5 charbons de chêne provenant du carré H13 montrent une largeur moyenne de cerne de 2,88 mm avec un écart type de 0,32 (fig. 13). L'ensemble des charbons de chêne provenant du fossé 300 montre une largeur moyenne de cerne égale à 2,35 mm avec un écart type de 0,99. L'histogramme de fréquences de la figure 14 montre une distribution des largeurs bien centrée autour de 2,5 mm avec HISTOGRAMME DE FREQUENCES 35 30 S 25 E 20 Q U E N 15 C n ni II 1 2 3 4 5 6 7 8 10 rnm LARGEUR DES CERNES A FAIBLE COURBURE Fig. 12 - Charbons de chêne du fossé 300, carré G13 HISTOGRAMME DE FREQUENCES 3 2.5 F R E Q E N C E S 2 - 1* *v .„ 'h h ; 1 "t. s- 0.5 ~i - :■ n 1 2 3 - 4 5 6 7 8 9 10 mm LARGEUR DES CERNES A FAIBLE COURBURE Fig. 13 - Charbons de chêne du fossé 300, carré H13 toutefois un apport de charbons aux cernes larges compris entre 4 et 5,5 mm . Dans le fossé 13, carré G13, 37 charbons de chêne ont été pris en compte pour calculer la largeur moyenne de cerne. Celle-ci est de 2,11 mm avec pour écart type de 0,89 (fig. 15). HISTOGRAMME DE FREQUENCES 35 30 R E 25 Q 20 u E N C E 15 10 ni n in 2 3 4 5 6 7 10 mm 8 LARGEUR DES CERNES A FAIBLE COURBURE Fig. 14 - Charbons de chêne du fossé 300 HISTOGRAMME DE FREQUENCES n —\ 1 M 1 2 3 4 ■ 5 6 7 8 9 10 mm LARGEUR DES CERNES A FAIBLE COURBURE Fig. 15 - Charbons de chêne du fossé 13, carré G13 L'unimodalité des histogrammes de fréquences construits sur les classes de largeurs de cernes (fig. 12 à 15) nous indique que les charbons de chêne observés dendrologiquement proviennent d'un même biotope. Les données armoricaines actuelles sur l'étude des cernes des charbons de chêne Il est intéressant de replacer ces analyses de cernes au sein des deux diagrammes reprenant l'ensemble des données actuelles obtenues dans le Massif armoricain du Néolithique au Second Age du Fer sur les charbons de chêne prélevés au sein de structures de combustion ou de rejets de combustion (Marguerie, 1992b) (fig. 16 et 17). L'évolution, en fonction du temps, de la largeur moyenne des cernes (avec son écart type) figurés sur les charbons en provenance de troncs est portée sur la figure 16. La largeur moyenne des cernes chez les troncs est de l'ordre de 1,5 mm durant le Néolithique moyen armoricain, vers 4000 cal BC (5200 à 5000 BP). A l'Age du Bronze ancien, vers 2300 à 1700 cal BC (3600 BP), sur une exemple malheureusement unique, ce paramètre augmente pour atteindre 2,2 mm. Ce taux d'accroissement a doublé et se situe donc autour de 3 mm, au Second Age du Fer, vers 200 cal BC (2000 BP). Parallèlement, on constate une évolution vers l'utilisation nettement plus fréquente dans les foyers domestiques au Second Age du Fer qu'au Néolithique moyen, de bois de chêne de faible calibre issus de branches ou de jeunes troncs d'arbres (fig. 17). Sur la base de ces données, malheureusement discontinues dans le temps, deux lots d'échantillons s'opposent nettement et indiquent une ouverture du milieu forestier armoricain entre le Néolithique et le second Age du Fer. Lors de l'installation des Néolithiques en Armorique, des arbres de futaie furent les premiers à être abattus ou récoltés morts au sein de la forêt primitive dense pour servir de combustible. Avec l'expansion démographique considérable que connaît l'Armorique durant le Second Age du Fer, la demande accrue en matière première ligneuse entraîne d'importants déboisements et une pratique plus intense du taillis. largei r cernes (mm) 3J 40O0 cal BC (5200 BP) 2500 cal BC (4000 BP) 150 cal BC (2100 BP) 1250 cal BC (3000 BP) A : Barnenez ; B : Er Grah I ; C : Er Grah II ; D : Carn ; E : Saint-Just ; F : Le Rouick ; G : table des Marchand PM ; H : Table des Marchand foyer ; I : Meudon ; J : Jardin aux Moines ; K : Boisanne ; L : l'Armorique ; M : Kersigneau souterrain ; N: Kersigneau habitat : P: Yoch ; Q: Ebihens c.3 ; R: Ebihens c.2 Fig. 16 - Evolution de la largeur moyenne des cernes à faible courbure sur les charbons de chêne issus de foyers domestiques % cernci courbes i rqz 4000 cal BC (5200 BP) 2500 cal BC (4000 BP) 1250 cal BC (3000 BP) n 150 cal BC (2100 BP) A : Barnenez ; B : Er Grah ; C : Cam ; D : Saint-Just ; E : Le Rouick ; F : table des Marchand PM ; G : Table des Marchand foyer ; H : Meudon ; I : Jardin aux Moines ; J : Boisanne K : l'Armorique ; L : Kersigneau souterrain ; M : Kersigneau foyer : N : Yoch ; P : Ebihens c.3 Q : Ebihens c.2 Fig. \1 - Evolution du taux de charbons de chêne à cernes à forte courbure dans les foyers domestiques En général en Bretagne, on constate que dans les foyers domestiques, le chêne est très fréquemment utilisé aux périodes néolithiques. Puis à l'Age du Fer, les essences en provenance de la lande sont davantage mises à contribution. Il semblerait que l'on assiste là à un souci d'économie de la matière première destinée aux constructions ; les branches de fort calibre et les troncs de chêne deviennent beaucoup plus rares dans les foyers. L'étude anthracologique effectuée sur le site d'Augan-Bellevue peut être directement intégrée parmi ces résultats armoricains. Il est alors intéressant de constater que les largeurs moyennes de cernes calculées sur le chêne d'Augan sont faibles (entre 2,1 et 2,5 mm) par rapport à celles jusque là enregistrées pour le Second Age du Fer (3 mm).. Ceci tendrait à indiquer l'existence dans ce secteur géographique d'un milieu forestier demeuré assez dense. Il convient de noter ici que ce même phénomène a été également remarqué à l'extrémité orientale de la Bretagne, sur les sites de la forêt de la Guerche fouillés par J.-C. Meuret, K. Gruel et A. Villard. Dans le rejet de foyer du fossé 800 (carré 112), la diversité des charbons de bois rencontrés et l'utilisation préférentielle de branches de chêne (fig. 8) cadre, en revanche, complètement avec le schéma proposé dans le paragraphe ci-dessus. 5 - CONCLUSIONS Ce rapport renferme les résultats de la seule étude anthracologique. Il est regrettable que des tests polliniques n'aient pas été effectués. Ainsi, les interprétations paléoenvironnementales avancées n'en sont que plus frileuses. Toutefois, l'existence d'une chênaie assez dense est attestée à proximité du site, ainsi que des zones ouvertes où croît une végétation de reconquête. C'est dans de tels secteurs qu'il est tentant de localiser les zones agricoles. Au regard de la position topographique actuelle du site (Cf. paragraphe I 2a du rapport de fouille), il est étonnant de ne pas constater, à travers les charbons de bois, l'exploitation de la végétation hygrophile typique des zones humides (comme le frêne, le saule ou l'aulne poussant dans la ripisylve des bords de cours d'eau). Des données archéo-ethnographiques intéressantes ont pu être extraites des charbons étudiés. La structure 300, carré G13 renferme à l'évidence les restes incendiés de planches en chêne. Le trou de poteau n°51, carré Kll contient les restes carbonisés d'un pieu en chêne obtenu dans une branche de calibre moyen. De plus, il est intéressant de constater la nette différence dans le combustible ayant alimenté d'une part un four dans le fossé 100 et d'autre part un foyer domestique dans le fossé 800. Nous ne pouvons qu'encourager la poursuite de ce type d'étude en Bretagne. BIBLIOGRAPHIE Les données autoécologiques et biotopiques mentionnées dans ce rapport sont extraites de : RAMEAU J.C., MANSION D. et DUME G, 1989 - Flore forestière française, guide écologique illustré. T.l, plaines et collines, Institut pour le développement forestier, Paris, 1785 pages. BRONGNIART A., 1877 - Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie. Fac-similé de l'édition d'origine, 1977, Dessain et Tolra, Paris, 2 vol. GUERIFF F., 1973 - Les potiers d'Herbigtiac : l'art du feu dans un coin de Bretagne. Ed. les Paludiers, La Baule. MARGUERIE D., 1992a - Charbons de bois et paléoenvironnement atlantique. Dossier A.G.O.R.A. Les bois archéologiques, n°2, p. 15-20. MARGUERIE D., 1992b - Evolution de la végétation sous l'impact humain en Armorique du Néolithique aux périodes historiques. Trav. Labo Anthropologie Rennes, n°40, 313 pages. MARGUERIE D. et HUNOT J.-Y., 1992 - Le bois : évolution, structure et détermination. 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