ANNÉE 1846. ( i\° 1 5 3 . ) MERCREDI Z3 DÉCEMBRE. On peut

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ANNÉE 1846. ( i\° 1 5 3 . ) MERCREDI Z3 DÉCEMBRE. On peut
ANNÉE
(
1846.
i\°
1 5 3 . )
MERCREDI
Z3
DÉCEMBRE.
C e Journal parait le Lundi,
le Mercredi
et le Vendredi
de chaque semaine. — On reçoit les abonnemens et annonces an Bureau du J o u r n a l , à Bonrg,
place d ' A r m e s . et a l'aris, chez M M. L E J O L I V E T et C . Oflîce-iiorre«pondance . rue Notre-Dame-dcs-Victoiies . ùfî (place de la Bourse). — Prix d'Abonnement
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« M . Lacordaire est toujours le g r a n d orateur, \
« inégal, passionné, tour-à-tour médiocre et s u - j
« bliaie. » Admirez l'entente parfaite d u style et de
la pensée de ce faiseur d'Histoire
de la semaine. M .
fSOSJRCi, S S D É C E 5 8 K 5 S E .
Lacordaire, grandorateur
et inégal; heureuse c o m b i naison d'idées ! Tour-à-lour
médiocre et sublime. De
mieux en mieux ! Et cependant M . Lacordaire d e U S M O T A U F A I S E U R D ' H I S T O I R E S D E L A PrCSSC
meure toujours l e grand oratear bien connu et s u r Les conférences d u R. P . Lacordaire continuent à
tout bien apprécié d u feuilletoniste de l a Presse.
Notre-Dame de Paris avec un prodigieux, succès.
« Son geste n'a rien perdu de ia fébrilité
nerveuse
Les vastes nefs de l'antique basilique ne pourront
« qui lui est particulière. P r é c a i r e , accidenté, fanbientôt plus contenir la foule immense , avide d'entasque. » Est-ce îà de l'appréciation p o u r qui a e n tendre l'éloquent Dominicain. Sa dernière confétendu l e P . Lacordaire ? Mais passons; « Souvent ce
rence surtout a été marquée par u n concours des plus
« geste a le bonheur de tomber triomphant sur les
extraordinaires. Outre M g r l'archevêque de Paris qui
honore habituellement l'illustre prédicateur de sa « fronts qu'il courbe et fait pâlir.» Vraiment ! ce q u e
présence, o n r e m a r q u a i t , dans ce magnifique audi- vous dites vous l'avez ressenti. Votre front a pâli et
s'est courbé sous l e geste brûlant d u D o m i n i c a i n . —
toire, des hommes d'Etat, des écrivains illustres,
C'est hii reconnaître bien de la force et de l'inspides officiers-généraux, des magistrats, et en dehors
ration. — Notre feuilletoniste l'a c o m p r i s ; aussi se
de l'enceinte réservée plusieurs rangs de femmes
hâte-t-il d'ajouter, jK>ur se faire pardonner ce m o d u grand monde. Jamais plus intelligent auditoire,
ment de coupable faiblesse et de niaise admiration :
jamais orateur plus sublime! VUnivers
nous a fait
« Q u e d'autrefois le geste de l'orateur moins heuconnaître le sujet traité p a r cet incomparable défen« reux semble passer au-dessus des têtes, comme le
seur de ia foi. C'était toujours de la divinité de J.-C.
« plomb d ' a n chasseur n o v i c e , q a i vise au chevreuil
Quand on a e u le bonheur d'entendre le P . L a c o r « et envoie sa poudre a u x moineaux. »
daire , on reste long-temps saisi d'admiration devant
Le
JOURNAL
prochain,
DE L'AIN
ne
paraîtra
à cause de la solennité
pas
vendredi
de M O E L .
la force de ia parole et l'ascendant d u génie de ce
frère-prêckeur q u i , dominant le froid scepticisme de
son siècle , entraine de toutes p a r t s , jusqu'au sein
de la eapiîale, l'élite de la société à sa suite, dans les
églises; e t , du haut de Sa tribune catholique, dispose les intelligences les plus rebelles au j o u g de la
foi par la magnificence et. la solidité de son enseignement.
La profondeur de ses conceptions, îa nouveauté
de sa morale , ne vous étonnent pas moins que les
torrens d'éloquence q a e son cœur embrasé verse sur
tous les points de doctrine qu'il touche. Tour-à-tonr
ardent orateur, philosophe profond, dialecticien sévère , poète plein de sentissent, il passionne, il
s u b j u g u e , i! entraîne. Son action est aussi séduisante
que sa parole. Sublime comme B o s s a e t , il est tragique comme T a l m a .
Il n'est pas étonnant dès lors qme des faméliques o b scurs de la presse aient essayé de ternir cette renornœée b r i l l a n t e : Rome n'avait-elle pas des esclaves salariés qui insultaient ses grands ho «unes montant au
Capitale? Voici ce q u e nous lisons dans un feuilleton de la Presse,
intitulé Histoire de la
semaine,
comme introductioB a u x détails réjouissans qu'on
nous donne sur la vanité puérile d'un Y>. F ' o î t o w ,
compositeur d'une foule d'opérettes
et d'opéras.
Et
cependant à voir celte citation dans quelques feuilles,
on croirait qu'il s'agit d'an jugement s é r i e u x , extrait
des hautes colonnes de la Presse :
( Suite. — Voir les n * des U . 16, i S et 21 décembre. )
0
La manœuvre était habile ; îa petite terre dont se déssîsîssr.il sir Richard en faveur de son jeans purent. n'avait \ Ai une
grande importance, ce.a r.e dér.usseait auctiureienl sa fortune
e t , en faveur de ce sacrifice, ii se conciliai'. la î,:ctiveiifance des
T o w e r et faisait admettra Lucy dar.s ia famine. Voyant que son
offre n'él3 .l pas refusée, i! ecr.lirtua :
— J'espère , ajouta-i-îi . que voire Piari voudra bien ne pas
rcfyssrà mistress Grandviî'e ce qu'il n'a pas cru da voir accorder
à Lucy S o n a i e r s ; lejeune Die!: n'a plus besoin d'apprendre un
métier, et îe eon'rat dont Lucy demandait ia résiliation il y a
quelquss heures, sera déchira '.
:
— Sans dente , Iticuard, dit rais'rofs T o w e r , sans docle . et
si vous voulez ctee je vous ottvre mot! c o u r , j ' a i trouvé î ï .
T o w e r bien d u r p o u r rai/lriss L'iey ; j e voasréaond» que '.oui
ceci sera arrangé drreain et qne i'eni'a:./ era rendu à sa taère.
A n moment où cette grave a.Taire pieuait :i.e tournure aussi
pacifique, ':<!. '1 o w e r èntrf : ct ruand o:i !':a'. mis au fait des
prijels de r r ïlic'nard, il raii'.'a i'-s promesses de sa femme. Le
jeune officier sortit en disant q;!'il ne voulait instruire Lucy que
te lendemain, et ii laissa les deux époux étonnés en même temps
que blessés de ce qu'ils venaient d'apprendre.
;
Quelle excellente saillie ! Comiae ce r a p p r o c h e ment est de bon goût,! L e P . L a c o r d a i r e , novice dans
l'art de prêcher,
envoyant sa poudre aux
moineaux!
Celui qui parie ainsi a probablement reçu cn pleine
poitrine quelques-uns de ces plombs perdus que îe
P. Lacordaire n'envoie q u ' a u x moineaux. O n n e
saurait pousser plus loin l'inconvenance dans les
termes. L'écrivain qui essaie ainsi de bafouer u n
g r a n d homme est j u g é .
de la semaine p o u r la Presse, on peut fort bien i g n o rer les faits de l'histoire contemporaine et en p a r l e r ,
q u a n d même.
Nous regrettons que cette feuille, ordinairement
g r a v e , admette, même en f e u i l l e t o n d e s appréciations aussi légères. C'est perdre non-seulement dans
l'esprit d e ses lecteurs, mais encore fournir d e s
armes à certains esprits, dont les attaques, sans son
n o m , n'auraient pas d e valeur.
P.
P a r ordonnances royales rendues sur la p r o p o s i tion de M . le ministre de l'intérieur :
M . Besson, secrétaire-général de la préfecture d u
R h ô n e , a été n o m m é préfet d u département de l ' A i a
en remplacement de M . M a r q u i e r , a d m i s , s u r sa
d e m a n d e , à faire valoir ses droits à la retraite.
M . Pelvey, sous-préfet de l'arrondissement de V i l lefranche (Rhône),a été nommé secrétaire-général de
la préfecture d u R h ô n e , en remplacement de M . Besson , appelé à la préfecture de l ' A i n .
(Moniteur.)
r
M . Marquier avait été nommé préfet de l'Ain l e
9 juillet 1843 ; il a donc été pendant trois ans et « i x
mois à la tête des affaires de notre département. I l
est à regretter qu'une santé chancelante et dont o n
espérait toujours la rétablissement, ne lui ait pas permis de réaliser tout le bien qu'il avait le projet d ' o pérer dans notre p a y s , o ù il voulait rester l o n g temps, o ù l'attachaient des liens d'amilié et de s y m pathie pour les habilans.
N é a n m o i n s , le département de l'Ain conservera
bon souvenir d u passage de M . M a r q u i e r , que l'on
n'a point oublié non plus dans le département d e
Vaucluse où il a été préfet pendant quelques armées.
O n peut passer auprès de quelques lecteurs et de C'était un magistrat expérimenté, intègre, et q a i
certains journalistes pour feuilletoniste habile el
envisageait toujours les affaires sous leur point de
digne de la reproduction, quand on est si adroit dans
vue le plus s é r i e u x , le pius juste. Il y avait dans son
îe choix des comparaisons qu'on veut lancer ; mais
administration quelque chose de grave et de paterquiconque j u g e ainsi îe P. Lacordaire n'inspirera
nel , q u i en rehaussait l'autorité.
aux gens sensés que de la pitié.
M . Besson , ancien sous-préfet et secrétaire-généNous ne poursuivrons pas pius loin l'esquisse de
ral de la préfecture du Rhône, est appelé à le r e m p l a mauvais goût tracée par le feuilletoniste de la
cer. De telles fonctions indiquent déjà un h o m m e
Presse.
Quant à l'analyse sommaire des conférences , il la capable et habitué au maniement des affaires.
« Cet avancement auquel applaudiront nos confait en six lignes. Encore se réserve-t-ii de prendre
sur cet espace pour accuser le savant Dominicain de citoyens , dit ie Courrier de Lyon, n'est que ia juste
récosipeasc de quinze ans de services intclliîens et
citer, sur iadivinitéde J.-C,un lémoignageapocryphe
dévoués rendus à l a chose publique nar ce fonctionde i'en/pereur. Et cependant ce témoignage est certin a i r e , pendant u n e carrière administrative de seize
fié authentique par le général Montholon , dans uss
a
n n é e s , en qualité de sous-préfet et de secrétaireo u v r e g * eue nous avons entre les mains -'1;. Ce qui
prouïe que toul cn laissai les fonctions d'historien général. »
Bientôt M . Besson viendra au milieu de nous p r e n dre en mains ies rênes de l'administration. S'il cal
(\) Voir le Mémorial de St-Hôlène, pur Lasca^es el Sentimens de Xapoléonsur Sa divinité de Jésus-Lhr. In-8"
un vœu général dont nous devions nous rendre l ' i n -
— E l vous avez accepté ia petite terre du comté de F i f e î dit
ZI. T o w e r .
— San* doute, qu'auriez-vous fait à ma place?
— 'cl ciistr&ss Lucy va s'asseoir à votre table, continua ie
rar.ri.
— Sans cloute, ct probablement demain . dit ia femme ; 1011driez-voi.s voiu brouiller avec sir Richard?
Le lendïnirin . qaand sir Richard vint cîipi les T o w e r poer
s'ouvrir erain à cette femme qu'il aimait depuis si iorer-iemps
et à laquelle . s..«s qu'elle îe sût, ii avait été
fatal, ii trouva
is maison er.'lère troublée par un événeiiiar-l imprévu. Les d o mcsliaees couraient de ia cave an grenier, effares , ils allaient,
ils venaient, el 'oui au pins s'ils purent dire à sir Richard îe
scjel de leur tt'Vci génère!.
— On avait perdu le petit Alfred , le fils de I I . et mistress
T o w e r avait disparu.
— Depuis quanti? demanda sir Kichrrd.
C e » ! ee qu'en i:e put lui dire ; on s'était aperçu de sa disparition le math: seulement, miss Lucy pouvait seuls dire depuis
qua'id eile î'a-.aii .reilté , comn.eiil it iai avait échappé, et eile
s'cl.stiiiait à ne rieti dire.
.
if '
Sir Iviehard , qui se sou.'int pfcj^ilenf";:'. d'avoir vu Sa vrille
Lucy et l'enfn: t dans la vue, ne sortît pas de Sa gravité anglaise
do.:t ii avait contracté l'habitude. et il prit lentement le c b e inir. du rarlolr. Lucy occupait lo milieu ds la pièce, et debout,
elliecoetr.it froidement les iev ectives furibondes un'il. T o w e r
el regardait sans ésisotioa couler les pleurs de mistress T T er.
v
*— A h ! vous voilà , dil ie manufacturier en vovsnt entrer sir
Richard, vous voilà.' Eh bien .' venez ; approchez': voyez si vous
pouvez tirer un mot da cette femme, j e veux dire da ruisiress
Sommers.
don de la lerre du comté de Fife, faisaient changer da'ton à
M . T o w e r ; ce qui le lui fît surtout deviner, ce fut la pâleur de
Lucy et le regard presque suppliant qa'elie lui jeta.
— J l . Graridviile , dit i ï . T o w e r , qui contenait à peine sa
colère, qu'e'iie dise où est mon enfant, j e le lui ai confié, qu'elle
me le rende.
Ii y avait dans la Sgure ce L u c y , dans l'immobilité de ses
traits el jusque dans sa pâleur, non uns e\pressio« de méchanceté, mais néaBîrsoIns quelque chose qui laissait voir qu'e-ie
a-.ait exercé une vengeance et que cetie vengeance était s . ' s faile. T.tis'r >s» T o w e r frémissait :
— Vit-il ? s'écriait-elle, ô Lucy, mon fils vit-i! t--u' >; r^ ?
— Lucy, dit sir Richard après un moeaent de M i e i . J j , e » t i n capable d'avoir fait ie moindre mal à Àlficed.
— J ? . vonsremercie, répondit Lucy eh s .Tàrn--sr.r:t à i l „ . a r j .
— S i r s qu'en avez-vous fait? disait 3 1 Tov,er.
— Ja l'ai traité comme mon fils. ^
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— O ù est-il? où e s t - i l , Luey ? dit nisiress "Jower en joignent
ses mains d'une façon suppliante.
^
• — îi est m apprentissage àla, rrtanu^âclàre.
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