carla bruni-sarkozy, la veritable histoire
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carla bruni-sarkozy, la veritable histoire
azeroual carla bruni:int 26/02/09 16:23 Page 9 Prologue Vendredi 23 novembre 2007, onze heures. Le chef de l’État reçoit à l’Élysée Javier Solana. Le Haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’Union européenne doit le précéder en République populaire de Chine où Nicolas Sarkozy se rend du 25 au 27 novembre en visite d’État. Les deux hommes souhaitent harmoniser leurs discours. « Avec les Chinois, nous voulons traiter franchement les sujets qui fâchent mais dans une approche constructive, y compris la question des droits de l’homme », commente-t-on à l’Élysée à moins d’un an des Jeux olympiques. Le président écoute d’abord avec intérêt le diplomate européen, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères. Très vite, il a l’esprit ailleurs. Vers ses prochains rendez-vous. Ou plutôt, un rendez-vous avec son avenir intime. Une ombre à l’Élysée Ce jour-là, Denis Olivennes, alors PDG de la Fnac, rend au chef de l’État son rapport sur le téléchargement illégal, tandis que celui-ci doit décorer Arno Klarsfeld, sarkozyste engagé et ancien compagnon de la nouvelle 9 azeroual carla bruni:int 26/02/09 16:23 Page 10 conquête du président ! Carla est à son domicile avec un ami et n’ignore rien des deux temps forts de l’agenda de son compagnon. Elle s’en amuse. Elle a pour Denis Olivennes une grande admiration. « C’est un vrai et un pur homme de gauche. Je sais que certains lecteurs du Nouvel Observateur lui reprochent d’avoir fourni ce travail pour le chef de l’État. J’ai lu les violentes réactions via le courrier des lecteurs. Ils sont incroyables, c’est un homme de gauche, droit dans ses baskets 1. » Devant un parterre de célébrités, à midi, Denis Olivennes remet à Nicolas Sarkozy son rapport sur le développement et la protection des œuvres culturelles dans les nouveaux réseaux de communication. Outre les ministres Rachida Dati, Christine Lagarde et Christine Albanel, le président de la République est entouré d’artistes – Patrick Bruel, Calogero, Thomas Fersen, Didier Barbelivien, Jean Reno, Christian Clavier, Liane Foly, Roland Magdane, le journaliste Pierre Sled, l’animateur Nikos Aliagas –, de dirigeants des grands groupes audiovisuels – Patrick de Carolis, pour France Télévisions, Nicolas de Tavernost pour M6 –, de patrons des fournisseurs d’accès Internet, des maisons de disques ou encore des producteurs de cinéma comme Claude Berri. On y aperçoit aussi Françoise de Panafieu, candidate UMP pas encore malheureuse à la mairie de Paris, et Georges-Marc Benamou, toujours conseiller spécial à l’Élysée en charge des médias. De son côté, le dirigeant de la Fnac aurait dû être accompagné de Carla Bruni. En tant qu’artiste à succès dont l’œuvre est, elle aussi, piratée, l’interprète de Quelqu’un m’a dit a, sur ce sujet, une opinion en demi-teinte. « Bien sûr, c’est mieux 1. Conversation avec les auteurs. 10 azeroual carla bruni:int 26/02/09 16:23 Page 11 quand une musique voyage, c’est toujours mieux pour les artistes, pour la longévité d’une œuvre et son audience. Mais ce qui n’est pas bon, c’est le côté out of control. Le côté “on peut se servir sans payer”. Ce n’est pas à l’honneur de la France de laisser faire sans réagir. Tant mieux si les gosses se débrouillent et sont malins, mais il faut sanctionner celui qui en fait trop. Par une amende peut-être… Souvent, il m’arrive de soumettre des maquettes de disques de copains musiciens très doués à ma maison de disques. En vain : l’industrie musicale est à la peine 1. » Mais les événements et les rencontres en ont décidé autrement. L’ex-mannequin Carla Bruni a déjà franchi les grilles de l’Élysée quelques jours auparavant en tant que compagne non encore officielle de Nicolas Sarkozy. Le patron de la Fnac n’ignore pas que Carla Bruni partage désormais la vie du président de la République depuis le mardi 13 novembre 2007, jour du fameux dîner chez les Séguéla, où, contrairement à la légende, il n’était pas présent. Cette date n’a jamais été révélée à ce jour. « C’était effectivement le 13 novembre, je m’en souviens pour des raisons sentimentales mais aussi parce que c’était un jour de grève 2 », précise Carla BruniSarkozy. Jusqu’à présent, tout et souvent n’importe quoi a été dit sur ce dîner. La date, les hôtes, les préparatifs, le déroulement et ses suites. « Jacques Séguéla m’a téléphoné un mois auparavant pour m’inviter à dîner à cette date. Il ne m’a alors pas parlé des convives. J’ai donné un accord de principe 3 », affirme la première dame. 1. Idem. 2. Idem. 3. Idem. 11 azeroual carla bruni:int 26/02/09 16:23 Page 12 Un flou, comme si l’on voulait préserver un secret d’État. Un homme divorcé depuis le 16 octobre 2007 qui clame son désespoir à qui veut l’entendre ne peut-il connaître une rapide et sérieuse reconquête amoureuse ? Celle-ci risque-t-elle d’en troubler plus d’un ? Ou plutôt une : Cécilia, l’ex-épouse du président ? Et puis les langues se délient. Le temps, sans doute, a fait son affaire. Ce vendredi 23 novembre, quand Denis Olivennes franchit les portes de l’Élysée, pénètre dans le salon Murat en se mêlant aux artistes et aux professionnels de la musique et s’adresse au président de la République, nul dans l’assemblée n’a connaissance de la relation du chef de l’État avec Carla Bruni, qui a débuté depuis dix jours seulement. Ne sont dans la confidence que Denis Olivennes, « un homme très bien », insiste Carla Bruni, et une poignée de fidèles des deux tourtereaux. Précédés d’une solide réputation de séducteurs, l’un et l’autre sont les seuls à savoir qu’ils sont en train de vivre une véritable histoire d’amour. Alors, qu’importe le flacon des exposés de Denis Olivennes qui, deux mois durant, a auditionné tous les acteurs du secteur afin d’aboutir à un accord sur le piratage sur Internet, pourvu que Nicolas savoure l’ivresse de ce moment. Accord signé par l’État, les professionnels de l’audiovisuel, du cinéma, de la musique, et que la ministre de la Culture qualifie d’« historique ». Ce mot résonne aux oreilles du président mais pour d’autres raisons. La séance s’éternise, le président serre quelques mains, mais il n’est déjà plus là, par l’esprit en tout cas. Pressé de revoir sa bien-aimée, il souhaite la présenter au monde et s’en ouvre à son ami Séguéla, qui lui conseille de patienter. Nicolas Sarkozy devra encore 12 azeroual carla bruni:int 26/02/09 16:23 Page 13 attendre plusieurs jours, bienséance et agenda présidentiel obligent. Le chef de l’État retourne à ses obligations. En cette journée du 23 novembre, à dix-huit heures – nouvel heureux hasard du calendrier –, il remet à la chasseuse de nazis, Beate Klarsfeld, la Légion d’honneur, et à son fils, Arno – collaborateur de François Fillon – l’ordre national du mérite. « Comme ta mère, tu es un militant qui agit, pas un militant qui déclame. […] Je suis très fier de t’avoir comme ami. » Et comme prédécesseur dans le cœur de Carla, songe-t-il peut-être à cet instant précis ? Le surlendemain, dimanche 25 novembre 2007, Nicolas Sarkozy s’envole pour la Chine. Dans l’avion présidentiel, il garde précieusement sur lui deux objets : une liste d’opposants transmise, la veille, à l’Élysée, par les écrivains Bernard-Henri Lévy, Pascal Bruckner, André Glucksmann et Christophe Ono-dit-Biot, inquiets de la situation en Birmanie et en particulier du sort réservé au prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, retenue en résidence surveillée par la junte militaire, proche de Pékin. Et une compilation de chansons de sa nouvelle compagne qu’il fera écouter à ceux qui le suivent au cours de ce voyage. Quelques jours après la remise de son rapport, Denis Olivennes dîne avec des amis. Son téléphone portable sonne. Une voix lui lance, solennelle : « Bonjour, ne quittez pas, on vous passe le président de la République. » Le correspondant du président de la Fnac est visiblement lui aussi en train de dîner. Denis Olivennes perçoit des bruits de couverts et d’assiettes. Le président se contente de lâcher un lapidaire et à ce jour incompréhensible : « Bonjour, Denis. Je vais très bien, je t’embrasse très fort. » Et il raccroche. Denis Olivennes n’a même pas 13 azeroual carla bruni:int 26/02/09 16:23 Page 14 le temps d’esquisser une réponse, de saluer son interlocuteur ni même de l’interroger. Surpris à la fois par cet appel impromptu auquel Nicolas Sarkozy ne l’a guère habitué, par ce tutoiement ainsi que par le « je t’embrasse », très familiers, Denis Olivennes cherche à décrypter ce mystère. En vain. Souvent, il interroge des amis, à qui il raconte la scène pour tenter de comprendre la logique de ce coup de fil. Tous, comme lui, sont intrigués. Les interrogations restent encore nombreuses quant aux circonstances réelles de l’apparition de Carla Bruni dans la vie du président. Aujourd’hui, la première dame de France Carla Bruni-Sarkozy s’est installée dans son rôle. « Un couple au pouvoir », écrit L’Express 1. Une parenthèse personnelle et politique semble s’être refermée. À moins qu’il ne s’agisse d’une nouvelle étape dans le quinquennat d’un Nicolas Sarkozy en quête d’une nouvelle image. Même s’il tente de renouer avec la sobriété pour reconquérir une opinion déçue, l’action politique du président Sarkozy continue de mêler l’amour et le glamour à la marche de l’État. Afin de suivre les fortunes de ce couple, on désigne désormais au sein de chaque rédaction importante, à l’instar de Paris Match, un « correspondant Bruni ». Internet n’y échappe pas qui a contribué à faire bouger les lignes. La Toile, on le verra, a démocratisé l’accès aux coulisses de la politique. C’est l’histoire inédite de ce nouveau cycle sentimental et politique du mandat de Nicolas Sarkozy que retrace ce livre. Pour le meilleur et pour le pire. 1. 2 avril 2008.