Avril Lavigne - JUKEBOX MAGAZINE

Transcription

Avril Lavigne - JUKEBOX MAGAZINE
Avril Lavigne est le
genre de chanteuse
dont personne ne
parle, sinon pour
se moquer. Son
public, ce sont
avant tout des
adolescents.
La presse rock
la snobe. Et
pourtant elle
est douée. Bien
qu’ayant des
ancêtres et un
nom français,
Avril Lavigne
est une anglophone. C’est
une Canadienne
de 24 ans, née
en 1985 dans
l’Ontario,
connue dans
le monde
entier. On
lui doit
trois
albums
fort
honnêtes,
entre
rock et
teen
punk.
Ce n’est pas
vraiment du rock
FM : c’est bien
mieux et ça reste
toujours personnel. Moins
arriviste que
Madonna ou
Kylie Minogue,
nettement plus
douée que
Britney Spears
ou Lily Allen,
moins
formatée
que Janet
Jackson
ou Mariah
Carey,
bref, une
vraie
chanteuse.
A b s olu t e ly S w e e t A v r i l
A
vril est une jolie poupée punk-rock, malgré
une bouche amère qui révèle des blessures secrètes. Sa voix rappelle par moments celle de Dolores O’Riordan, la chanteuse
des Cranberries, sur « My World », par exemple,
quand elle essaie d’iodler. Mais l’album solo de
Dolores, « Are You Listening ? », est moins intéressant que ceux d’Avril Lavigne. On pense également au timbre de Lene Marlin, dont le « Sitting
Down Here » a connu un grand succès en 1999.
La voix de Miss Lavigne est comme les pluies
d’avril ! Elles ont la fraîcheur du printemps mais
elles ont encore la froideur de l’hiver. Elle est
moins sucrée que celle de Lene Marlin, plus
amère. Pourtant Avril reste ignorée, considérée
comme une chanteuse pour ados attardés. On
ne parle jamais d’elle dans les magazines de rock
alors que c’est parfois une grande voix, charismatique. Ses morceaux sont prenants : « Losing
Grip », « Together », « Girlfriend »... Elle peut
composer des rocks, des valses, des ballades.
Son écriture est intéressante, certaines mélodies
auraient pu être signées Paul McCartney carrément !
LET GO (2002)
Sur le livret de son premier album, Avril Lavigne,
toute de noir vêtue, a une allure de skateuse, un
pantalon baggy. Elle paraît petite, mais bien
campée sur ses jambes, les bras croisés. Derrière elle, la photo est floue. On devine une
grande ville. « Losing Grip », avec ses chœurs
lancinants, est un thème sur la solitude : Es-tu
conscient de ce que tu me fais ?/ Je me sens invisible, j’ai l’impression que tu ne me vois pas/
Comme si je n’étais pas réelle. Elle fait des reproches à un homme, ce qui est typiquement féminin : Tu n’étais pas là quand j’avais peur/ J’étais
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si seule. Un grand titre, malgré des paroles un
peu geignardes. Dans « Complicated », son premier grand succès, elle critique son petit ami : il
était cool, elle aimait se promener avec lui, mais
il est devenu trop compliqué, trop coincé, avec
ses vêtements BCBG : Tu regardes derrière toi/
Comme si tu n’arrivais pas à te détendre. Elle se
moque de lui : Tu me fais rire quand tu prends la
pose. Avec son orthographe déficiente, « Skater
Boi » parle d’une histoire entre un punk et une