90 ans de bons et loyaux services

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90 ans de bons et loyaux services
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90 ans de bons et loyaux services
Comédie délirante
de Ann ROCARD
90 ans de bons et loyaux services – Ann Rocard
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Caractéristiques
Durée approximative : 80 minutes.
Distribution :
Personnages qui ne sont pas ensemble sur scène (pour pouvoir regrouper certains rôles) :
Les cyclistes : jamais avec Théophile, le duc de Nevers, (il y en a au moins un avec Sherlok et Marin
dans la dernière scène).
Théophile : jamais avec les cyclistes, le duc de Nevers, Marin Dodousse.
Sherlok : jamais avec le duc de Nevers (peut jouer l’un des cyclistes).
Le duc de Nevers : jamais avec les cyclistes, Théophile, Sherlok, Marin Dodousse (mais peu de
temps pour se changer en Marin si nécessaire).
Marin Dodousse : jamais avec Théophile, le duc de Nevers (mais peu de temps pour se changer en
duc s’il le joue - peut jouer l’un des cyclistes).
• Marjolaine Louis épouse Mompiet : arrière-grand-mère de 90 ans, en pleine
forme, ancienne acrobate de cirque. Acariâtre, veuve d’un célèbre haltérophile.
• Théophile Mompiet : (courte intervention) porte de grosses moustaches ; ancien
haltérophile. Tatoué (un cœur transpercé d’une flèche + texte “à ma Marjo pour la
vie”, vêtu d’un pantalon et d’un débardeur, si possible une boucle d’oreille. Revient
provisoirement de l’au-delà grâce à Dorothée. (Même acteur, suggestion : un cycliste
sans moustaches et avec de grosses lunettes + un vêtement pour cacher le
débardeur et les tatouages, pour bien le différencier de Théo).
• Honorée Nevers : 65 ans, 1e fille de Marjolaine, femme du cordonnier Emile
Nevers. Toujours mal chaussée. A deux grands enfants : Marianne et Mathieu. (gros
rôle scène 1, puis peu d’interventions)
• Emile Nevers : 65 ans, mari d’Honorée, cordonnier tranquille, qui ne s’affole pas,
parle lentement.
• Désirée Dodousse : 63 ans, 2e fille de Marjolaine, veuve du navigateur Marin
Dodousse. Fleuriste.
A un fils : Robinson. (gros rôle scène 1, puis peu
d’interventions)
• Marin Dodousse : (courte intervention) 63 ans, mari de Désirée, navigateur
disparu vingt ans plus tôt. Vêtu de guenilles, barbu, poilu (barbe et perruque faciles à
mettre s’il joue aussi un cycliste). Revient de son île déserte grâce à Dorothée.
(Même acteur : un cycliste)
• Aimée Mompiet : 60 ans, 3e fille de Marjolaine, célibataire, prof de maths qui vient
de prendre sa retraite. (gros rôle scène 1, puis peu d’interventions)
• Dorothée Louis : 80 ans, sœur de Marjolaine, ex-voyante qui perd un peu la boule.
• Marianne Nevers : 46 ans, divorcée, reporter-photographe aux quatre coins du
monde. Fille aînée d’Honorée et Émile. A une fille, Audrey.
• Mathieu Nevers : 4O ans, infirmier, passionné d’escrime. Fils de Honorée et Émile.
Sa femme Delphine, enceinte, n’est pas là.
• Audrey Renaud : 27 ans, fille de Marianne, femme de Nico. A une fille de 10 ans
(Jeanne) et des triplés âgés de 1 mois. Active, marrante.
• Nico Renaud : 3O ans, mari d’Audrey. Passionné de cyclisme.
• Robinson Dodousse : 33 ans né un vendredi. Fils unique de Désirée, chouchou
de Marjolaine, copain de Clémence. Intermittent du spectacle.
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• Clémence Lefil : 25 ans, copine de Robinson, danseuse, intermittente du
spectacle. C’est la première fois qu’elle rencontre la famille de Robinson.
• Jeanne Renaud : 10 ans, fille d’Audrey et Nico (actrice de petite taille, doit faire
très jeune physiquement par rapport aux autres)
Personnages de passage :
• Soit les cyclistes sont des rôles à part, soit certains acteurs jouent plusieurs rôles
dont « les cyclistes » (en fonction du nombre d’acteurs disponibles - cf ci-dessus)
Les cyclistes, vêtus de vert (à cheval sur des mini-vélos ou des tricycles) :
suggestions : l’un des cyclistes peut jouer aussi Théophile (cycliste sans moustaches
et avec de grosses lunettes pour bien le différencier de Théo) ; un autre cycliste peut
éventuellement jouer Sherlok en mettant la cape et le chapeau sur son costume de
sportif ; un troisième cycliste peut aussi jouer le duc de Nevers ; au besoin d’autres
cyclistes.
• Sherlok : détective à la loupe, sandales aux pieds, sac en bandoulière (même
acteur, suggestion : un cycliste et éventuellement le duc de Nevers).
• L’ancêtre chevalier, duc de Nevers (même acteur, suggestion : un cycliste et
éventuellement Sherlok).
Accessoires :
arbre généalogique sur un grand panneau + photo d’acrobate souriante (Marjolaine),
tables (ou planches avec tréteaux), nappes, sièges, bouquets, banderole ou affiche
“Joyeux anniversaire, mamie Marjolaine !”,
vrai ou faux appareil photo, mini-vélos ou tricycles, landau, 3 poupons en plastiques
(pour figurer les triplés, âgés d’1 mois), sac, 3 biberons, 3 couches, corde à sauter,
feuilles (chanson photocopiée), maracas,
sac en bandoulière contenant 1 loupe + 1 bouteille + 1 feuille avec message et
portrait (Marin barbu et poilu griffonné en noir),
fauteuil roulant ou chaise à roulettes, boule en plastique dans laquelle se trouve une
lampe clignotante (enveloppée dans du papier crépon rouge ou orange),
bout de papier (pour l’autographe du cycliste), dessin d’une montgolfière, haltères
(bâton et deux boules de polystyrène peintes en noir), bande Velpeau, deux épées
en plastique ou carton, chapeau à plume, noix de coco, maillot jaune.
Pour le buffet : vraie ou fausse nourriture, serviettes en papier ; bouteilles, plats,
assiettes, verres, couverts, etc. en plastique. Enorme gâteau en carton dans lequel
l’acteur Marin peut se glisser par l’arrière (à moins qu’il ne reste assis dedans
pendant tout le spectacle !!).
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Arbre généalogique :
Dorothée Louis --------------------------- Marjolaine Louis - Théophile Mompiet
(80 ans)
(90 ans)
__________________________________!________________________________
!
!
Honorée Mompiet - Émile Nevers
(65 ans)
Désirée Mompiet - Marin Dodousse
(64 ans)
(63 ans)
_____________!____________
!
________!______
!
Mathieu Nevers - Delphine Ka
(46 ans divorcée)
(40 ans)
Aimée Mompiet
(60 ans)
!
Marianne Nevers
!
Robinson Dodousse - Clémence Lefil
(35 ans)
(33 ans)
(25 ans)
!
Audrey Li - Nico Renaud
(27 ans)
(30 ans)
_________!____________________________________
!
!
!
Jeanne Renaud
Pierre
Paul
(10 ans)
(1 mois)
(1 mois)
!
Jacques
(1 mois)
Public : tout public.
Synopsis : Toute la famille est réunie pour fêter les 90 ans de Marjolaine Louis
épouse Mompiet, une ancienne acrobate de cirque. La journée s’annonce
mouvementée... surtout en présence de sa sœur, l’ex-voyante Dorothée ! (création
2010)
L’auteure peut être contactée par courriel : [email protected] - ou par
l’intermédiaire de son site : http:/www.annrocard.com/
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Scène 1
(Honorée, Désirée, Aimée)
Musique. Honorée, Désirée et Aimée préparent la salle, installent les tréteaux et les
nappes, etc. Il y a déjà du matériel sur scène pour ne pas avoir à tout transporter (par
exemple, des cartons contenant assiettes, verres, etc. mais aussi certaines chaises et
tables...)
L’arbre généalogique est déjà fixé sur le mur (avec photos des différents personnages
tels qu’ils sont grimés sur scène pour que le public s’y retrouve facilement).
Le faux gâteau (gros carton) est caché sous une nappe ou derrière un rideau, un
acteur doit pouvoir se glisser à l’intérieur par l’arrière — penser à le dévoiler entre la
scène 1 et la scène 2.
HONORÉE : Je ne suis pas sûre que notre mère appréciera cette fête. Elle n’est
jamais contente.
DÉSIRÉE : 90 ans, ça compte ! De toute façon, si l’on ne fait rien, elle sera furieuse.
AIMÉE : Alors pourquoi se fatiguer !
HONORÉE : Comme ça, on n’aura rien à se reprocher.
DÉSIRÉE : Et c’est l’occasion de réunir la famille. On se voit si rarement.
AIMÉE : Que pensez-vous de mon arbre généalogique ?
Toutes les trois le regardent.
DÉSIRÉE : Je n’aurais pas fait mieux.
AIMÉE : (en montrant la photo de mamie Marjolaine en vieille dame) Marjolaine Louis
épouse Mompiet, 90 ans de bons et loyaux services...
HONORÉE : Tu aurais dû utiliser une autre photo.
AIMÉE : Tu crois ?
HONORÉE : Une photo d’elle quand elle était jeune.
DÉSIRÉE : Elle a quand même été championne olympique de gymnastique à 17 ans !
HONORÉE : Puis acrobate dans un cirque où elle a rencontré notre père, Théophile
Mompiet. (montre la photo) Théo l’haltérophile, fort comme un bœuf et doux comme
un agneau.
DÉSIRÉE : Notre mère a dû le mener à la baguette... Pauvre papa ! J’aurais aimé le
connaître mieux.
AIMÉE : Moi, aussi. (soupire) Pauvre papa. À force de soulever des poids lourds, il
s’est fait écraser par un camion citerne.
HONORÉE : Tu changeras la photo ?
AIMÉE : D’accord, j’en ai une en acrobate sur laquelle elle sourit.
DÉSIRÉE : (surprise) Elle sourit ? Ça n’a pas dû lui arriver souvent. Elle est plutôt du
style acariâtre, notre mère.
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AIMÉE : Et pas maternelle pour deux sous, c’est le moins qu’on puisse dire. Quand je
pense aux prénoms qu’elle nous a donnés...
En ligne, face au public, avec le pied gauche levé :
HONORÉE : Honorée...
DÉSIRÉE : Désirée...
AIMÉE : Aimée...
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Mompiet.
Les trois sœurs font quelques mouvements de danse en bougeant leurs pieds
gauches.
HONORÉE : (en montrant la photo) C’est pour ça que j’ai épousé un cordonnier,
Émile Nevers... et que je suis toujours mal chaussée.
Tout en préparant la salle.
AIMÉE : Un cordonnier pantouflard, bientôt à la retraite, qui est souvent dans ses
petits souliers.
DÉSIRÉE : Et qui ne te lâche pas d’une semelle, Honorée !
HONORÉE : C’est vrai. Il a toujours été à ma botte.
DÉSIRÉE : Mon pauvre Marin, lui, n’avait rien d’un pantouflard. (montre la photo) Mon
navigateur solitaire, disparu il y a 20 ans. Dire que je n’ai même pas mis les pieds sur
son bateau...
AIMÉE : Tu n’as jamais eu le pied marin, Désirée.
DÉSIRÉE : Parfois, je rêve qu’il est sur une île déserte, attendant que je vienne le
chercher. (avec un grand geste) Je vois déjà les gros titres dans les journaux : MARIN
DODOUSSE ENFIN RETROUVÉ !
AIMÉE : Ne prends pas tes rêves pour des réalités.
HONORÉE : Au fait, Désirée, Robinson sera là pour la fête ?
DÉSIRÉE : Oui, avec sa nouvelle copine, Clémence. Ils ont pu se libérer.
AIMÉE : (montre les photos) J’ai ajouté la photo de Clémence Lefil à côté de celle de
ton fils.
HONORÉE : Mes enfants seront là aussi. Marianne et Mathieu ; (montre les photos)
Delpine, la femme de Mathieu, je ne sais pas ; elle doit accoucher d’un jour à l’autre.
(en montrant les photos) Marianne, sa fille Audrey avec son mari, la petite Jeanne et
les triplés.
AIMÉE : Ce ne sont pas eux qui vont nous faire faire des économies pour le buffet.
(Honorée lui jette un regard noir) Je plaisante !
DÉSIRÉE : Vous avez pensé à inviter tante Dorothée ?
HONORÉE : Oui, bien sûr.
AIMÉE : (proteste) Maman ne peut pas la supporter. Elles vont se crêper le chignon
toute la soirée. En plus, la pauvre Dorothée n’a plus toute sa tête.
HONORÉE : Ce n’est pas une raison. (en finissant d’installer) On a fait le tour de la
question ?
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AIMÉE : Je me charge du buffet. (à Désirée) En tant que fleuriste, tu as des prix pour
les fleurs, j’imagine ?
DÉSIRÉE : (approuve de la tête) Je fais la déco.
HONORÉE : Moi, je m’occupe du cadeau. Et je demanderai à ma petite-fille Audrey
d’écrire les paroles de la chanson d’anniversaire.
DÉSIRÉE : On se téléphone si on repense à quelque chose.
AIMÉE : Pas de problème.
Noir ou fermer les rideaux. Changer la photo de Marjolaine (en jeune acrobate
souriante). Penser à dévoiler le faux gâteau.
Scène 2
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu)
Musique. Tous installent les fleurs et le buffet. Pendant les différents échanges, tout le
monde travaille, même si Mathieu fait mine d’avoir une épée à la main.
MATHIEU : Tu as l’air en forme, tante Désirée.
DÉSIRÉE : 63 ans, c’est la fleur de l’âge, mon petit Mathieu. C’est une fleuriste qui
l’affirme ! Et toi, toujours infirmier à l’hôpital ?
MATHIEU : Et passionné d’escrime ! (mime comme s’il manipulait une épée) Tu peux
être fier de ton neveu. (salue comme dans une compétition d’escrime) Mathieu
Nevers vous te servir ! Le fils d’un cordonnier a remis la botte de Nevers au goût du
jour, la botte de mon ancêtre !
MARIANNE : Arrête un peu, Mathieu !
MATHIEU : (lève les yeux au ciel) Ma sœur a toujours été une rabat-joie.
MARIANNE : Notre soi-disant ancêtre n’était qu’un malheureux héros du roman de
Paul Féval. (mime) Le bossu !
MATHIEU : (en imitant Jean Marais dans le film) Touchez ma bosse, monseigneur...
MARIANNE : Le film, tiré du bouquin, avec Jean Marais : notre film préféré quand on
était enfants.
MATHIEU : Personne n’a jamais prouvé que le duc de Nevers, celui qui a inventé la
botte (mime)... n’avait pas existé. Moi, je parie le contraire ! N’est-ce pas, papa ?
ÉMILE : Si ça peut te faire plaisir, Mathieu. (à Honorée, en tenant un plat) Cendrillon,
mon chou, où est-ce que je mets ce plat ?
HONORÉE : Émile, je t’ai demandé cent fois de ne pas m’appeler comme ça en
public.
ÉMILE : Excuse-moi, mon chou, c’est affectueux. Et ce plat ?
HONORÉE : Ne mets pas les pieds dedans et pose-le où tu veux.
Tous continuent à installer les plats. En musique, sorte de ballet comique.
AIMÉE : Au fait, Mathieu, ta femme vient ou non ?
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MATHIEU : Elle doit accoucher bientôt, tante Aimée. Elle est fatiguée, mais elle nous
rejoindra peut-être.
AIMÉE : Et toi, Marianne, quoi de neuf ?
MARIANNE : Toujours aux quatre coins de la planète. Je n’ai guère le temps de
souffler.
ÉMILE : Une reporter-photographe célèbre et un escrimeur couvert de médailles... Je
me demande comment on a pu avoir des enfants pareils... Hein, Cendrillon ?
HONORÉE : (lui lance un regard noir) Émile !
ÉMILE : Pardon, mon chou.
MARIANNE : (montre la salle) J’ai l’impression que tout est prêt. (regarde sa montre)
Audrey et sa famille ne devraient plus tarder. J’espère qu’ils n’ont pas eu de problème
sur la route.
MATHIEU : Marianne, ne t’inquiète pas, ta fille Audrey est toujours en retard.
ÉMILE : Mais j’y pense... qui doit amener mamie Marjolaine ?
MARIANNE : Robinson et Clémence devaient passer la prendre chez elle.
ÉMILE : Clémence ?
MARIANNE : La nouvelle copine de Robinson. Elle risque d’être un peu affolée si
mamie Marjolaine fait des siennes. C’est la première fois qu’elle rencontre notre
famille de fous, la pauvre chérie.
ÉMILE : Famille de fous ? Tu exagères, Marianne. Nous sommes juste un peu
originaux. (écoute) J’entends du bruit. C’est sûrement Audrey, Nico et les enfants.
Scène 3
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne)
Arrivée d’Audrey qui pousse son landau (3 poupons en plastique à l’intérieur), de Nico
et de Jeanne (10 ans) qui saute à la corde.
AUDREY : Bonjour, tout le monde !
NICO : Bonjour !
JEANNE : (en soupirant) Bonjour...
Tous s’embrassent. Jeanne saute à la corde.
NICO : Jeanne, arrête de sauter !
JEANNE : (en continuant) Oui, papa.
NICO : Stop ! (Jeanne obéit) Tu embrasses ta grand-mère et tes arrière-grandsparents... avec le sourire !
Jeanne se force à sourire.
JEANNE : (embrasse Marianne) Bonjour, Marianou.
MARIANNE : Tout va bien, ma chérie ? (Jeanne fait oui de la tête)
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JEANNE : (embrasse Honorée et Émile) Bonjour, Maminorée. Bonjour, Papimil.
Jeanne embrasse les autres pendant que tout le monde s’attroupe autour du landau.
ÉMILE : Trois arrière-petits-fils d’un coup ! Ça ne nous rajeunit pas. Bravo, Audrey !
Audrey et Nico sortent les poupons du landau et les confient aux uns et aux autres.
AUDREY : Pierre...
NICO : Paul...
AUDREY : et Jacques Renaud.
NICO : Un mois aujourd’hui. La fierté de leurs parents !
DÉSIRÉE : Ils sont à croquer, ces petits bonshommes.
JEANNE : (à l’écart) Croquez-les... J’en serais bien débarrassée. Trois frères alors
que je n’en avais demandé qu’un, y a de quoi craquer ! (se remet à sauter sans bruit)
Surtout quand ils se mettent à hurler.
AUDREY : (jette un coup d’œil aux quatre coins de la salle) Il manque l’héroïne de la
fête. Vous avez caché mamie Marjolaine dans un placard ?
MARIANNE : Elle ne devrait pas tarder. C’est Robinson qui doit l’amener.
NICO : Et Tati Dorothée ?
Un temps de silence ; tous se regardent, perplexes, sauf Jeanne qui mime Dorothée
en train de regarder dans sa boule de cristal.
ÉMILE : (à Mathieu) Ce n’est pas toi, Mathieu, qui devais t’en occuper ?
MATHIEU : Non. Personne ne m’a rien demandé.
AIMÉE : J’ai eu ta femme au téléphone la semaine dernière...
MATHIEU : Elle ne m’a rien transmis. Je te le jure.
HONORÉE : Catastrophe...
MARIANNE : Ce n’est pas trop tard. La maison de retraite n’est pas très loin.
Quelqu’un peut y aller ?
NICO : Je suis garé juste devant l’immeuble. Je vais la chercher.
MATHIEU : Je viens avec toi, Nico.
JEANNE : Moi aussi, papa !
NICO : Pas question, Jeanne. Je fais juste l’aller-retour.
JEANNE : Je m’embête ici...
NICO : Sois polie ! Tais-toi et saute !
Jeanne se remet à sauter. Nico et Mathieu sortent en courant.
HONORÉE : Il faut absolument répéter la chanson avant l’arrivée de mamie
Marjolaine.
ÉMILE : Tu as pensé aux paroles, Audrey ?
AUDREY : Oui, Papimil. Les photocopies sont sous le matelas, dans le landau. Le CD
aussi (ou s’il y a des musiciens et qu’on n’utilise pas le CD : Les partitions aussi) ;
c’est un air que vous connaissez tous.
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S’il y a des acteurs-musiciens présents à ce moment-là, ils peuvent sortir leurs
instruments et accompagner les chanteurs (avec ou sans CD, et au besoin supprimer
ce qui concerne le CD).
Honorée cherche les feuilles photocopiées, puis les distribue.
ÉMILE : Joue les chefs d’orchestre, Marianne !
Marianne prend le CD et fait mine de le mettre (ou : le met) dans un lecteur.
AUDREY : Jeanne, prends les maracas, dans le sac sous les biberons et les
couches.
JEANNE : Oh, là, là... ils commencent tous à stresser. Ça s’annonce mal... (pose sa
corde et prend les maracas) Je les distribue ?
AUDREY : Pas tout de suite, ma puce, seulement quand mamie Marjolaine sera là.
On va répéter sans les maracas pour l’instant.
JEANNE : Et moi, maman ?
AUDREY : Toi, tu peux les garder, parce que tu connais déjà la chanson par cœur.
JEANNE : (manipule les maracas) Yessssssssss !
Scène 4
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Audrey, Jeanne, cyclistes)
Tous se placent « comme une chorale », une feuille à la main. Ceux qui tiennent un
poupon le bercent en même temps.
AIMÉE : Je n’arriverai pas à chanter sans me chauffer la voix.
HONORÉE, DÉSIRÉE : Moi, non plus.
MARIANNE : (l’œil sur la montre) Pas le temps. Mamie Marjolaine va arriver d’un
instant à l’autre. Musique, maestro !
Marianne met la musique. Audrey entraîne la chorale improvisée. Jeanne gigote en
agitant les maracas. Honorée, Désirée et Aimée se déhanchent.
Chanson (début) : Vive mamie Marjolaine !
refrain : Joyeux anniversaire !
Viv’ mamie Marjolaine !
Joyeux anniversaire !
Tu es vraiment la reine !
Sur la musique, plusieurs cyclistes traversent la scène sur des mini-vélos ou des
tricycles. Tous arrêtent de chanter et écarquillent les yeux.
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Couper la musique. Jeanne continue d’agiter les maracas, puis elle arrête pour ne pas
couvrir les voix.
ÉMILE : Qu’est-ce que c’est que ça ?
JEANNE : Des vélos, Papimil ! Ça n’existait pas de ton temps ?
ÉMILE : Du respect, Jeanne !
Jeanne grimace.
AUDREY : Vélos ? Mais, bien sûr ! C’est le Tour de France en ce moment. Nico est
fan ; je suis au courant de tout.
MARIANNE : Et alors ? Ces coureurs cyclistes n’ont rien à faire dans cette salle !
ÉMILE : (aux cyclistes) C’est un lieu privé, ici, messieurs. Que faites-vous chez
nous ?
CYCLISTE : On a perdu le peloton.
Les autres CYCLISTES : Savez-vous comment le retrouver ?
AUDREY : Facile ! (en mimant) Première à droite, deuxième à gauche. Un bon petit
coup de pédale... Traversez le rond-point et brûlez le stop !
CYCLISTES : Merci. Vous êtes très aimable.
AUDREY : Bonne chance ! Et rapportez-nous le maillot jaune, petits poussins !
Les cyclistes sortent de la salle.
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Et la chanson ?
ÉMILE : (sans s’affoler) Il faut toujours qu’on s’y prenne à la dernière minute. Ça va
cafouiller, je sens que ça va cafouiller.
HONORÉE : Émile, pas de mauvais esprit !
ÉMILE : Oui, Cendrillon... heu, pardon, mon chou.
MARIANNE : (l’œil sur la montre) Vous êtes prêts ? Musique, maestro !
Marianne met la musique et entraîne la chorale improvisée. Jeanne gigote en agitant
les maracas. Honorée, Désirée et Aimée se déhanchent.
Chanson : Vive mamie Marjolaine !
refrain : Joyeux anniversaire !
Viv’ mamie Marjolaine !
...
Enregistrement : les bébés se mettent à hurler. Ceux qui les tiennent les secouent
pour essayer de les calmer.
ÉMILE : (fort) Ils n’aiment pas cette chanson !
MARIANNE : (fort) Audrey, fais quelque chose !
ÉMILE : (fort) Ils sont peut-être allergiques à la musique.
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AUDREY : (fort) Mais non ! C’est l’heure du biberon !
Les bébés crient, Jeanne secoue les maracas. Audrey va chercher les biberons dans
le landau et les lance à ceux qui tiennent les poupons.
En même temps, les trois acteurs qui tiennent les poupons placent le biberon sur la
bouche... Les hurlements s’arrêtent.
JEANNE : Ça fait du bien quand ça s’arrête !
ÉMILE : (épuisé) À qui le dis-tu...
JEANNE : À toi, Papimil !
On frappe trois coups à la porte.
Scène 5
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Audrey, Jeanne, Sherlok)
JEANNE : Super ! Les trois coups, comme au théâtre ! (en courant vers la porte)
Yesssssssss ! Voilà mamie Marjolaine !
Musique style “Agents secrets” ou “La panthère rose”. Entre un type, vêtu comme
Sherlok Holmes, loupe en l’air, sandales aux pieds. Tous le regardent, éberlués.
MARIANNE : (à Sherlok) C’est à quel sujet ?
SHERLOK : Ne faites pas attention ! Je brouille les pistes...
Musique. Sherlok examine toutes les personnes présentes à la loupe.
AUDREY : Si vous cherchez le peloton, c’est facile ! Première à droite, deuxième à
gauche. Un bon petit coup de pédale...
SHERLOK : (en montrant ses sandales) Pédale ?
AUDREY : Sandale ! Un bon petit coup de sandale... Traversez le rond-point et brûlez
le stop !
SHERLOK : Brûler le stop ? (fait non de la tête) Y a pas le feu, ma petite dame. Mais
je le trouverai.
JEANNE : Vous cherchez quelqu’un, m’sieur ?
SHERLOK : Bien vu, gamine ! Je le trouverai, foi de Sherlok.
En musique, Sherlok sort, l’œil sur la loupe.
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Et la chanson ?
MARIANNE : Prêts ? (s’apprête à mettre le CD en marche) Musique, maestro !
Trois coups retentissent.
TOUS : (mécontents) Encore ?
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Scène 6
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Audrey, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Cécile)
Pendant les scènes suivantes, ceux qui parlent moins s’occupent des poupons,
d’autres arrangent un peu le buffet ou s’assoient. Marianne prend quelques photos.
Entre mamie Marjolaine (dynamique, vêtue de façon moderne), suivie de Robinson et
Clémence. Tout le monde a encore l’air mécontent.
MADELEINE : Eh bien, vous en faites une tête ! Vous avez l’air ravis de me voir !
TOUS : (en changeant d’expression) Joyeux anniversaire, mamie Marjolaine !
Tous veulent l’embrasser. Elle les écarte, furieuse, et montre le buffet et la déco.
MADELEINE : Qu’est-ce que c’est que ce bazar ?
HONORÉE : Une petite fête...
DÉSIRÉE : ... Surprise...
AIMÉE : ... Pour tes 90 ans !
MADELEINE : (furieuse) Je déteste les surprises. Vous le savez bien.
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Mais, maman...
MADELEINE : C’est un piège. Je repars immédiatement.
Marjolaine fait demi-tour et se trouve face à Robinson qui était resté derrière elle.
Robinson lui fait les yeux doux et l’amadoue.
ROBINSON : Mamie Marjolaine, reste un peu pour me faire plaisir.
MADELEINE : (se calme) C’est bien parce que c’est toi qui me le demandes, mon
petit Robinson.
Pendant que Robinson continue d’amadouer mamie Marjolaine :
JEANNE : Chouchou, chouchou !
ÉMILE : (discrètement) Jeanne, ne mets pas d’huile sur le feu.
JEANNE : Y a pas le feu, Papimil ; m’sieur Sherlok l’a dit.
Marjolaine fait le tour de la salle en grimaçant.
MADELEINE : Quel gâchis ! Vous auriez dû utiliser des fleurs en plastique ; elles
auraient resservi à mon enterrement.
DÉSIRÉE : Des fleurs en plastique ? Quelle horreur !
ÉMILE : (discrètement) C’est notre fleuriste qui s’exprime... et elle a raison.
MARIANNE : Après tous ces compliments et ces mots doux, a-t-on le droit de te dire
bonjour, mamie Marjolaine ?
ROBINSON : (en lui faisant les yeux doux) Un petit effort, s’il te plaît. Un moment de
gêne est vite passé.
MADELEINE : (attendrie) C’est bien parce que c’est toi qui me le demandes, mon
petit Robinson.
90 ans de bons et loyaux services – Ann Rocard
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Pendant que Robinson continue d’amadouer mamie Marjolaine :
JEANNE : Chouchou, chouchou !
ÉMILE : (discrètement, l’index sur la bouche) Jeanne... chut !
Tous s’approchent ; Marjolaine lève les bras et recule. Clémence reste à l’écart, non
loin de Robinson, et observe, amusée.
MADELEINE : Vous voulez m’étouffer ? Vous voulez ma mort ? (ordonne) En rang
d’oignon... et présentez-vous, même si je vous connais !
ROBINSON : Tu te souviens de tout le monde, mamie Marjolaine ?
MADELEINE : J’ai toute ma tête, mon p’tit gars. 90 ans de bons et loyaux services.
Jamais malade et le cerveau en ébullition ! Qui dit mieux ?
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : (discrètement, aux autres) Et la chanson ?
MARIANNE : Plus tard, quand Nico et Mathieu seront de retour.
Marjolaine va s’asseoir. Les autres se placent en rang d’oignon.
MADELEINE : Bon, alors ?
Honorée, Désirée et Aimée s’avancent et font quelques pas de danse comme dans la
scène 1.
Puis en ligne, face au public, avec le pied gauche levé :
HONORÉE : Honorée...
DÉSIRÉE : Désirée...
AIMÉE : Aimée...
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Mompiet.
Les trois sœurs font quelques mouvements de danse en bougeant leurs pieds
gauches.
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Joyeux anniversaire, maman. (veulent embrasser
Marjolaine)
MADELEINE : (recule) J’ai horreur des baisers. Vous le savez bien.
ROBINSON : (étonné) Ah, oui ?
MADELEINE : (attendrie) Sauf des tiens, mon petit Robinson. (lui caresse la joue) Tu
ressembles tellement à ton arrière-grand-père Théophile.
JEANNE : Chouchou, chouchou !
ÉMILE : Jeanne... chut !
Trois coups retentissent. Jeanne court vers la porte.
90 ans de bons et loyaux services – Ann Rocard
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Scène 7
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Audrey, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Sherlok)
AUDREY : Qui est-ce, ma puce ?
JEANNE : Y a personne, maman !
MADELEINE : (à Aimée) Alors, Aimée, soixante ans et toujours célibataire ?
AIMÉE : Célibataire et fière de l’être.
MADELEINE : Tu n’as pas trouvé chaussure à ton pied comme ta sœur Honorée
avec son cordonnier ?
AIMÉE : Je suis très bien dans mes baskets.
MARJOLAINE : 999 x 999 ? Allez ! Fais fonctionner tes neurones !
Aimée a l’air excédée.
ROBINSON : Tante Aimée n’est plus prof de maths ; elle vient de prendre sa retraite.
MARJOLAINE : Ça n’empêche pas de réfléchir !
Trois coups retentissent. Jeanne court vers la porte.
Musique. Entre Sherlok, l’œil sur la loupe. Les autres le suivent des yeux, éberlués,
sauf Jeanne qui marche derrière lui en l’imitant.
SHERLOK : 999 x 999 = 998 001... Le compte est bon ! Je le trouverai, foi de
Sherlok.
ROBINSON : (aux autres) Qui est-ce ? Un nouveau cousin ?
SHERLOK : Cousin ? Insecte diptère, une des espèces courantes de moustique. À ne
pas confondre avec le coussin gonflable de sécurité ! (fronce les sourcils) Ai-je l’air
d’un insecte, monsieur ?
ROBINSON : Heu... non, je n’ai rien dit.
Sherlok examine à la loupe Robinson, puis Clémence.
CLÉMENCE : Moi, non plus. Je n’ai pas ouvert la bouche.
SHERLOK : Tant mieux ! Ne faites pas attention... Je brouille les pistes.
Sherlok fixe Marjolaine à travers sa loupe. Celle-ci lui donne un coup sur la tête.
SHERLOK : À coup sûr, 998 001 est le nombre fatidique ! L’autre n’est plus très loin.
Sherlok sort en musique.
MARJOLAINE : Quel est cet hurluberlu ?
JEANNE : Il ne s’appelle pas Hubert et il n’a pas la berlue ! C’est m’sieur Sherlok ; il
cherche quelqu’un.
MARJOLAINE : Et toi, qui es-tu ?
JEANNE : Jeanne Renaud.
ROBINSON : (explique) La fille de Nico et Audrey Renaud...
90 ans de bons et loyaux services – Ann Rocard
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AUDREY : (fait un grand geste) You-ouh !
ROBINSON : Petite-fille de Marianne Nevers...
MARIANNE : (fait un grand geste) You-ouh !
ROBINSON : Arrière-petite-fille d’Honorée et d’Émile Nevers...
HONORÉE, ÉMILE : (en faisant de grands gestes) You-ouh !
ROBINSON : Ton arrière-arrière-petite-fille, mamie Marjolaine.
MARJOLAINE : Quelle famille ! Pitié ! N’en jetez plus !
Scène 8
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Audrey, Jeanne, cyclistes,
Marjolaine, Robinson, Clémence)
Émile saisit une bouteille.
ÉMILE : Et si je vous servais quelque chose à boire ?
TOUS sauf Marjolaine : Bonne idée !
MARJOLAINE : Non ! Les présentations d’abord.
JEANNE : (soupire bruyamment) On a soif...
MARJOLAINE : C’est ma fête, oui ou non ? (tous font oui de la tête) Donc je décide.
Les présentations d’abord.
ROBINSON : D’accord, mamie Marjolaine, mais on accélère.
MARJOLAINE : (fait oui de la tête) Si c’est toi qui me le demandes, mon petit
Robinson.
JEANNE : Chouchou, chouchou !
ÉMILE : Jeanne... chut !
Désirée, Robinson et Clémence s’avancent. Pendant ce temps, Émile remplit les
verres sur le buffet pour n’avoir plus qu’à les distribuer. Quelqu’un peut l’aider.
ROBINSON : (à Marjolaine en montrant Désirée) Maman se porte comme une fleur,
tu ne trouves pas ?
MARJOLAINE : Normal pour une fleuriste. (évacue Désirée d’un geste) Parle-moi
plutôt de toi, mon petit Robinson.
ROBINSON : (salue) 33 ans et toutes mes dents. Robinson, né un vendredi...
Intermittent du spectacle, heureux comme un poisson dans l’eau.
MARJOLAINE : Tu aurais fait un tabac dans un cirque. Ton arrière-grand-père
Théophile t’applaudit du haut du ciel... Écoute !
On entend applaudir (c’est Jeanne hilare qui applaudit dans un coin de la scène).
Émile lui fait signe d’arrêter. Marjolaine jette des coups d’œil méfiants de tous côtés.
ROBINSON : Et j’ai la joie de vous présenter mon amie Clémence.
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CLÉMENCE : Clémence Lefil. (se met à danser - danse moderne ou classique au
choix) Danseuse, intermittente de spectacle. (s’immobilise) Charmée de faire votre
connaissance.
TOUS sauf Marjolaine : (applaudissent pas trop fort) Nous, aussi.
Trois coups retentissent.
TOUS : Encore ?
Jeanne court vers la porte. Les cyclistes traversent la scène.
CYCLISTES : Ne vous dérangez pas ! On connaît la sortie.
AUDREY : Et le peloton ?
CYCLISTES : Dépassé ! Maintenant, le peloton, c’est nous !
ÉMILE : (leur tend une bouteille) Un petit remontant ?
CYCLISTES : Merci ! Pas besoin ! (en sortant) Il ne reste que de la descente...
AUDREY : (en prenant deux verres et les bougeant en l’air) Allez, les verts ! Allez, les
verts !
MARJOLAINE : Je n’ai pas tout suivi... On vient de voir passer des vélos ? Je n’ai
pas rêvé ?
ROBINSON : Non, non, c’est vrai.
MARJOLAINE : C’était juste pour avoir confirmation. On continue.
Trois coups retentissent.
MARIANNE : Cette fois-ci, je crois que c’est Tatie Dorothée.
MARJOLAINE : (furieuse) Quoi ? Vous avez invité cette pimbêche de Do-ratée ?
HONORÉE : Dorothée Louis, ta sœur chérie, que tu n’as pas vue depuis trois ans...
DÉSIRÉE : ... Alors que vous habitez dans la même ville.
AIMÉE : Tu as toujours eu le sens de la famille, maman.
MARJOLAINE : Do-ratée ! Je ne peux pas la voir en peinture. (la mime en faisant
semblant de manipuler une boule de cristal) Gnagnagna... Une ex-voyante... C’est
d’un ridicule ! Elle me sort par les yeux.
ROBINSON : (l’amadoue) Un petit effort, mamie Marjolaine ! Ne lui crève pas les
siens.
MARJOLAINE : (se calme) C’est bien parce que c’est toi qui me le demandes, mon
petit Robinson.
JEANNE : Chouchou, chouchou !
ÉMILE : Jeanne... chut !
Trois coups retentissent de nouveau. Jeanne court vers la porte.
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Scène 9
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée)
Arrivée de Dorothée sans son fauteuil roulant (ou chaise à roulettes), poussé par Nico
et Mathieu. Dorothée somnole en tenant sa boule clignotante sur les genoux.
AUDREY : (se précipite vers eux) Ah, vous voilà enfin !
NICO : On était coincés dans un embouteillage à la maison de retraite.
MATHIEU : Un embouteillage de fauteuils roulants.
NICO : Concert de klaxons assourdissant ! Tout se passe bien ici ?
AUDREY : (ironique) Mamie Marjolaine est pareille à elle-même. (embrasse
Dorothée) Bonjour, Tatie Dorothée.
NICO : Elle s’est endormie dans la voiture. (discrètement) Elle perd un peu la boule,
(en montrant la boule clignotante) mais elle n’a pas lâché la sienne.
MATHIEU : On ne l’a pas voulu la contrarier.
TOUS sauf Marjolaine : Bonjour, Tatie Dorothée !
MARJOLAINE : Do-ratée pour les intimes.
NICO : Elle ne vous entend pas, elle dort encore. Elle n’est pas très en forme, la
pauvre Tatie.
Pendant que Nico et Mathieu saluent Marjolaine, Robinson et Clémence :
AUDREY : (discrètement, à Jeanne) Distribue les maracas, ma puce ! (à Marianne)
Maman, la musique ! (aux autres en brandissant la feuille photocopiée) Tous en
place !
Tous s’installent rapidement ; ceux qui n’ont pas la feuille regardent sur la feuille du
voisin. Les acteurs-musiciens prennent leurs intruments. Ceux qui tiennent les bébés
les bercent en même temps tout en agitant les maracas (certains se trompent et
secouent les poupons).
MARIANNE : Musique, maestro !
Pendant la chanson, Dorothée se réveille et ne comprend pas ce qu’il se passe.
Chanson : Vive mamie Marjolaine !
refrain : Joyeux anniversaire !
Viv’ mamie Marjolaine !
Joyeux anniversaire !
Tu es vraiment la reine !
90 ans de bons et loyaux services – Ann Rocard
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1- C’était une acrobate
qui vivait dans un cirque.
(au besoin le bis est chanté par ceux qui ont plus de mal)
Pas de fil à la patte,
elle était fantastique.
2- C’est là qu’ell’ rencontra
un bel haltérophile.
Celui qu’elle épousa
s’appelait Théophile.
3- À 90 ans,
pas besoin de béquille !
À 90 ans,
on dirait un’ jeun’ fille !
finir par 2 refrains de suite.
TOUS sauf Marjolaine et Dorothée : Joyeux anniversaire, mamie Marjolaine !
MARJOLAINE : J’ai horreur des chansons débiles, vous le savez bien.
TOUS sauf Marjolaine et Dorothée : Joyeux anniversaire quand même !
DOROTHÉE : Et moi ? Et moi ?
NICO : Ce n’est pas ton anniversaire aujourd’hui, Tatie Dorothée.
DOROTHÉE : Ce n’est pas juste. Personne ne m’aime.
NICO : Mais si, Tatie, on t’aime tous.
DOROTHÉE : Enfin une bonne nouvelle ! Pour te remercier, je vais lire ton avenir
dans ma boule de cristal interplanétaire.
NICO : Tout à l’heure, Tatie. Tout à l’heure !
Scène 10
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne, cyclistes,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée)
Marianne installe son appareil photo sur un tabouret haut ou sur le buffet.
MARIANNE : Attention, s’il vous plaît ! Mettez-vous tous là ! (montre l’endroit) Les
plus petits devant. Je vais immortaliser cette journée.
Marianne installe les uns et les autres.
DOROTHÉE : Qui est-ce ? Qu’est-ce qu’elle dit ?
MATHIEU : C’est Marianne, ma mère. Tu la reconnais, Tatie ?
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DOROTHÉE : Évidemment, quelle question ! Marianne, le bonnet phrygien, la statue
de la liberté.
MATHIEU : Elle est reporter-photographe.
DOROTHÉE : Il n’y a pas de sot métier.
MATHIEU : Elle va nous prendre en photo.
DOROTHÉE : On nous verra tous dans les journaux ?
MATHIEU : Qui sait ?
Marianne installe Marjolaine au centre du groupe.
MARJOLAINE : J’ai horreur des photos, vous le savez bien !
ROBINSON : Un petit effort, mamie Marjolaine. Pour me faire plaisir.
MARJOLAINE : C’est bien parce que c’est toi qui me le demandes, mon petit
Robinson.
JEANNE : Chouchou, chouchou ! (Émile lui fait signe de se taire)
MARJOLAINE : Que dis-tu ?
JEANNE : Des choux ! Des choux !
MARJOLAINE : Quels choux ?
JEANNE : À la crème, mamie Marjolaine !
Marianne frappe dans ses mains.
MARIANNE : Attention ! Un, deux, trois... on ne bouge plus !
Marianne déclenche l’appareil et court se mettre en place dans le groupe.
Les cyclistes passent entre l’appareil photo et le groupe immobile.
CYCLISTES : On ne fait que passer ! On cherche la ligne d’arrivée.
NICO : (montre l’un des cyclistes, et gesticule) Mais c’est Poulimondodor, le vainqueur
du Tour de France de l’an dernier !
AUDREY : Évidemment, Nico ! Qui veux-tu que ce soit d’autre ? (désabusée) Un
cycliste traverse la salle où l’on fête les 90 ans de mon arrière-grand-mère, ce ne peut
être que lui. (rit)
Pendant l’intermède Nico, Marianne va regarder la photo sur son appareil photo
numérique, et secoue la tête en soupirant.
NICO : (court derrière les cyclistes) Attendez-moi ! Je suis l’un de vos fans ! Un
autographe ! Un vélographe ! (continue à crier dans les coulisses) Un motographe !
AUDREY : Il a la tête dans le guidon. Nico, le vélo, ça le déchaîne ! Il en connaît un
rayon.
MARIANNE : La photo est ratée. On recommence.
AUDREY : Pas sans Nico, maman !
MARIANNE : On ne va pas y passer la journée. (frappe dans ses mains) S’il vous
plaît, reprenez vos places ! (tous obéissent) Attention ! Un, deux, trois... on ne bouge
plus !
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Marianne déclenche l’appareil et court se mettre à sa place dans le groupe. Nico
revient en courant, un bout de papier à la main.
NICO : (en se plaçant dans une position acrobatique pour la photo) Je l’ai ! Un
vélographe de Poulimondodor en bonne et due forme !
Pendant la photo, Dorothée pousse un cri perçant, tous se bouchent les oreilles.
DOROTHÉE : (en levant sa boule) Aaaaaaaaaah !
MARJOLAINE : (ricane) Ça y est, Do-ratée pique sa crise. Elle va pourrir la fête.
J’adore les fêtes pourries, c’est meilleur que les pommes.
DOROTHÉE : (en levant sa boule) Aaaaaaaaaah !
MARJOLAINE : (ricane) Heureusement que Mathieu est infirmier. Il va vite nous en
débarrasser d’un coup de somnifère... Aux oubliettes, sœurette !
Marianne va regarder son appareil photo et hoche la tête, excédée. Puis elle prendra
des photos des uns et des autres.
Audrey et Nico changent les couches des 3 bébés, puis les recouchent dans le landau
pendant le passage suivant.
ROBINSON : (entraîne Marjolaine à une table) Viens, mamie Marjolaine. Laissons
Mathieu s’occuper de Tatie Dorothée. C’est l’heure de déjeuner.
MARJOLAINE : Je déteste les buffets, vous le savez bien.
ROBINSON : (discrètement) Ça va, Clémence ? (Clémence approuve de la tête, mifigue mi-raisin) C’est toi qui as insisté pour venir.
CLÉMENCE : Je sais. (montre Marjolaine discrètement) Elle est toujours comme ça ?
(Robinson fait oui de la tête et grimace)
MARJOLAINE : (se retourne, méfiante) Qui ?
Trois coups se font entendre. Jeanne court vers la porte.
CLÉMENCE : (soupire, en aparté) Sauvée par le gong.
Scène 11
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée, Sherlok)
HONORÉE : (en montrant les tables aux uns et aux autres) Qui est-ce, Jeanne ?
JEANNE : Personne, Maminorée.
DOROTHÉE : Ça vient de là-haut. (montre le plafond) On a besoin de mes services.
J’ai vu un drôle de truc dans ma boule... C’est pour ça que j’ai crié.
ÉMILE : (regarde dans la boule) Je ne vois rien, Dorothée.
DOROTHÉE : N’est pas voyant qui veut, Émile ! Chacun son métier.
Musique. Tous s’assoient après avoir pris assiettes, verres, couverts et serviettes sur
le buffet.
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HONORÉE : Nous allons faire passer les plats de table en table, ce sera plus simple.
Émile... (mime le fait de verser à boire)
ÉMILE : Tout de suite, Cendrillon... (Honorée lui jette un regard noir)
Émile sert à boire. Honorée, Désirée et Aimée déposent des plats sur les tables.
MATHIEU : Je propose que nous levions tous notre verre !
Tous lèvent leurs verres, Dorothée lève sa boule.
TOUS sauf Marjolaine : Joyeux anniversaire, mamie Marjolaine !
MARJOLAINE : (regarde sa montre) Je n’ai pas que ça à faire. J’ai mon entraînement
d’Aïkido. Il y en a encore pour longtemps ?
AUDREY : Au moins deux heures. Nous avons une patience d’ange, digne du livre
des records. Tu devrais nous imiter, mamie Marjolaine.
MARJOLAINE : (grimace) Tu n’aurais pas un diplôme d’insolence, toi, par hasard ?
AUDREY : Si, bien sûr. (tape sur un verre pour obtenir le silence) Comme mamie
Marjolaine n’aime pas ouvrir les paquets, nous le savons bien, nous n’en avons pas
préparé.
MARJOLAINE : (vexée) Je vous reconnais bien là...
JEANNE : C’est une farce ! (tend à Marjolaine le dessin d’une montgolfière) On t’offre
un tour en montgolfière. (rit)
TOUS sauf Marjolaine : Joyeux anniversaire, mamie Marjolaine !
MARJOLAINE : En montgolfière ? Pas très moderne comme moyen de transport...
DOROTHÉE : Moi aussi, j’ai une surprise.
MARJOLAINE : Non, pitié. Je me méfie des bêtises de Do-ratée.
ROBINSON : (l’amadoue) Un petit effort, mamie Marjolaine ! On n’a pas tous les jours
90 ans.
MARJOLAINE : (se calme) C’est bien parce que c’est toi qui me le demandes, mon
petit Robinson.
JEANNE : Chouchou, chouchou !
ÉMILE : Jeanne... chut !
NICO : Alors, Tatie Dorothée, qu’as-tu préparé ?
DOROTHÉE : Baissez la lumière. Je dois me concentrer.
Nico baisse la lumière. Musique bizarre. Dorothée bouge les mains au-dessus de sa
boule clignotante. Trois coups retentissent.
DOROTHÉE : Qui êtes-vous, visiteur de l’au-delà ?
En musique, Sherlok arrive, loupe à la main.
SHERLOK : Ne faites pas attention, je brouille les pistes...
DOROTHÉE : (pousse un cri strident) Aaaaaaaaaah ! (tous se bouchent les oreilles) Il
est là ! Il veut se joindre à nous...
SHERLOK : De qui parle-t-elle ?
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NICO : On ne sait pas.
DOROTHÉE : Il veut te rencontrer, Marjolaine.
MARJOLAINE : Faites-la taire ou je vais l’étrangler de mes propres mains.
DOROTHÉE : Il se tient sur le pas de la porte... Il va sauter dans la pièce...
Bruitage étrange, lumière bizarre.
Scène 12
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée, Sherlok, Théophile)
Théophile bondit sur scène en brandissant ses haltères (deux boules de polystyrène
plantées de part et d’autre d’un bâton). Tous sursautent, puis s’immobilisent.
Marianne prendra discrètement quelques photos.
THÉOPHILE : Salut, la compagnie !
HONORÉE, DÉSIRÉE, AIMÉE : Papa !
MARIANNE : Papi Théo, le retour !
THÉOPHILE : (monstre ses mucles) Et ouais ! Ça vous épate ?
JEANNE : L’homme le plus fort du mon-on-onde !
MARJOLAINE : (debout, furieuse, les poings sur les hanches) Ça ne me fait pas rire
du tout ! Vous avez embauché un sosie de 2e catégorie pour faire me une mauvaise
blague !
CLÉMENCE : (à Robinson) Quelle force de la nature pour un intermittent du
spectacle.
ROBINSON : Un bon acteur.
CLÉMENCE : Tu l’as déjà vu jouer ? (Robinson fait non de la tête)
MARJOLAINE : (tend l’index vers la porte) Dehors, l’imitateur ! Dehors, imposteur !
THÉOPHILE : Ne dis pas n’importe quoi, Marjo ! (montre le ciel) Mon sosie est déjà
là-haut. Un ramollo, incapable de soulever le moindre kilo.
Théo fait quelques pas en brandissant les haltères d’une main.
THÉOPHILE : Y a-t-il un costaud parmi mes descendants ? (s’arrête devant Sherlok)
Toi, l’homme à la loupe !
SHERLOK : Faites comme si je n’étais pas là. Je ne suis pas de votre famille.
THÉOPHILE : C’est bien ce que je me disais, mon gars ! (l’assomme d’un coup
d’haltères) La raison du plus fort est toujours la meilleure : c’est ce que dit un type qui
est toujours assis près d’une fontaine, sous le chapiteau céleste. (fait quelques pas)
Alors, c’est qui le champion ?
Théo montre du doigt Nico qui mime « Non, pas moi ! ». Théo s’approche de Nico qui
recule ; il lui passe les haltères que Nico lâche aussitôt sur l’un de ses pieds (en
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faisant comme s’ils étaient très lourds). Nico hurle de douleur en sautant à clochepied et en tenant son pied blessé.
NICO : Aaaaaaaaaaaïe ! Ça pèse des tonnes !
THÉOPHILE : (ramasse les haltères et jongle avec) Peuh... mauviette !
JEANNE : Papa, il t’a traité de mauviette !
NICO : (en souffrant) Tais-toi et saute !
Jeanne prend sa corde, saute un peu, puis arrête et boude.
THÉOPHILE : Tu veux une autre preuve, Marjo ?
MARJOLAINE : (méfiante) Tu connais notre duo ?
Musique. Jeux de lumière, si possible projecteur sur Théo et Marjolaine, les autres
acteurs restent comme hypnotisés. Sorte de duo mi-acrobatique mi-sport de combat
comique de Théo (qui a posé les haltères par terre) et Marjolaine.
MARJOLAINE : (émue, face à Théo) C’est bien toi, Théophile ?
THÉOPHILE : (roule des mécaniques) Le roi des haltérophiles.
MARJOLAINE : (émue) Tu m’as manqué.
THÉOPHILE : Toi aussi. Mais ça m’a fait de la peine de te voir devenir de plus en plus
vipère.
MARJOLAINE : (fronce les sourcils) Moi, une vipère ?
THÉOPHILE : Désolé de te le dire, Marjo... Tu n’as jamais été facile, mais maintenant
c’est le pompon. Tu es pire qu’une vipère, pire qu’une sorcière...
MARJOLAINE : Moi, une sorcière ?
THÉOPHILE : J’ai dit : pire, Marjo ! Pire ! Je te surveille du haut de mon chapiteau
céleste. Je ne te quitte pas des yeux ni des oreilles... (montre son cœur tatoué) J’en ai
le tatouage qui me démange. Fallait que je te parle, Marjo ! Ça ne peut plus durer. (il
prend les mains de Marjolaine) Tu vas faire un petit effort pour me faire plaisir ?
MARJOLAINE : Si c’est toi qui me le demandes, mon Théo.
JEANNE : Chouchou, chouchou...
THÉOPHILE : (grimace et regarde de tous côtés) Quoi ?
JEANNE : Des choux, des choux !
THÉOPHILE : (se détend) J’aime mieux ça.
Théo embrasse les mains de Marjolaine, puis ramasse les haltères et les tient à bout
de bras en faisant le tour de la salle.
THÉOPHILE : (à Dorothée) Merci, Do, pour le coup de boule. Tu m’as rendu un fier
service.
DOROTHÉE : De rien, Théophile. Tout le plaisir était pour toi.
DÉSIRÉE : (s’approche de Théo) Papa...
THÉOPHILE : Ah, ma fille Désirée ! Que désires-tu ?
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DÉSIRÉE : Comment va mon mari, Marin ? Tu as dû le voir sous ton chapiteau
céleste.
THÉOPHILE : Pas vu pas pris ! (s’en va) Salut, la compagnie ! (sort)
Scène 13
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée, Sherlok, cyclistes)
De nouveau éclairage normal. Marjolaine reste debout, statufiée, sourire aux lèvres.
Honorée, Désirée et Aimée l’entourent.
MARIANNE : (affolée, montre Marjolaine) Mathieu, elle va nous faire une crise
cardiaque.
MATHIEU : (en s’occupant de Marjolaine) Non, aucun symptôme. C’est simplement
un choc émotif. (la fait asseoir)
ÉMILE : Elle est sur son petit nuage, souriante, détendue... Je ne l’ai jamais vue
comme ça. C’est reposant...
Musique. Sorte de ballet. Mathieu donne à boire à Marjolaine qui restera dans un état
second, presque jusqu’à la fin de la pièce.
Nico se bande le pied (il boitera jusqu’à la fin de la pièce). Audrey et Marianne
s’occupent des bébés. Émile remplit les verres. Aimée et Honorée ramassent les
assiettes...
Dorothée somnole. Jeanne saute à la corde.
Sherlok commence à bouger, Clémence et Robinson l’aident à se relever.
CLÉMENCE : Ça va, monsieur ? Voulez-vous boire quelque chose ?
Sherlok approuve de la tête, Robinson lui donne un verre d’eau.
SHERLOK : (chancelant) Ne faites pas de pension... Je brouille les œufs...
ROBINSON : Vous ne voulez pas rester un peu ?
SHERLOK : Non, non... J’ai la moquette qui m’attend...
CLÉMENCE : Votre enquête ?
SHERLOK : C’est cela...
Musique “qui cafouille”. Sherlok reprend sa loupe et sort en zigzaguant.
Dorothée se réveille. Désirée lui apporte un verre.
DOROTHÉE : Merci, Désirée. Ma boule me dit que tu as quelque chose à me
demander.
DÉSIRÉE : Tu es vraiment douée, Tatie Dorothée. Est-ce que tu pourrais essayer de
contacter Marin pour moi ?
DOROTHÉE : Ton mari ? Le navigateur qui s’est noyé dans un verre d’eau il y a vingt
ans ?
Désirée approuve de la tête. Robinson dresse l’oreille et la rejoint, Clémence le suit.
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ROBINSON : Enfin, maman, tout ça n’existe pas.
CLÉMENCE : Robinson, tu as bien vu ce qui vient de se passer.
ROBINSON : Le clown avec ses haltères ? C’était un bon numéro de cirque.
CLÉMENCE : Mais Nico est vraiment blessé !
ROBINSON : Il était dans le coup. C’était du cinéma, un excellent trucage.
Nico entend Robinson et réagit depuis l’endroit où il est assis.
NICO : J’ai le pied en compote et il parle de trucage !
CLÉMENCE : (à Robinson) Si ça fait plaisir à ta mère d’essayer, laisse-la donc.
ROBINSON : Elle ne peut qu’être déçue.
Robinson hausse les épaules, agacé.
DÉSIRÉE : Tatie Dorothée, s’il te plaît. Fais-le pour moi.
DOROTHÉE : Ça ne mange pas de pain ni de boursin. On verra bien... Baissez la
lumière.
Jeanne baisse la lumière. Musique bizarre. Dorothée bouge les mains au-dessus de
sa boule clignotante. Trois coups retentissent.
Les cyclistes traversent la scène (sans Poulimondodor qui peut être celui qui joue le
duc, comme l’acteur est en train de se préparer).
AUDREY : Vous avez trouvé la ligne d’arrivée ?
CYCLISTE(S) : Oui, mais on a (ou : j’ai) perdu Poulimondodor.
NICO : (catastrophé) Oh, non... Mon idole !
CYCLISTE(S) : Ne pleurez pas, on va (ou : je vais) vous le ramener !
Les cyclistes sortent.
DOROTHÉE : Il y a de la friture sur la ligne. Des parasites qui pédalent dans la
choucroute.
DÉSIRÉE : Essaie encore, Tatie, je t’en prie.
Musique bizarre. Dorothée bouge les mains au-dessus de sa boule clignotante. Trois
coups retentissent.
Scène 14
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée, le duc de Nevers)
DOROTHÉE : Marin, m’entends-tu ? Marin, que fais-tu ?
Voix du DUC : J’enfile mes bottes.
DÉSIRÉE : Je ne reconnais pas sa voix.
DOROTHÉE : Marin, m’entends-tu ? Marin, que fais-tu ?
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Voix du DUC : Je mets mon chapeau à plume et je prends mon épée.
MATHIEU : Oncle Marin faisait de l’escrime ? Il avait une épée de Damoclès ?
DÉSIRÉE : Mais non ! De toute façon, je suis sûr que ce n’est pas sa voix.
DOROTHÉE : Marin, m’entends-tu ? Marin, que fais-tu ?
Bruitage bizarre. Le duc de Nevers (vêtu en chevalier) bondit sur scène, une épée à la
main et une épée au fourreau. Éclairage coloré sur le duc et Mathieu. Marianne prend
des photos.
DOROTHÉE : (pousse un cri strident) Aaaaaaaaaah ! (tous se bouchent les oreilles)
DUC : Cesse de crier ! Et arrête de m’appeler Marin, ça me donne le mal de mer.
MATHIEU : Vous ressemblez au...
DUC : Duc de Nevers, jeune homme !
MATHIEU : Mon ancêtre ! Je savais bien que vous existiez !
DUC : Parbleu ! Je suis à la page...
MATHIEU : À la mode ?
DUC : À la page, jeune homme ! Je suis un héros de papier, mais j’existe dans
l’imagination des lecteurs, c’est déjà beaucoup.
MATHIEU : Incroyable ! Touchez ma bosse, monseigneur !
DUC : L’apparition du faux bossu, c’est après ma mort, jeune homme. Relis le
bouquin ! Il ne faut pas tout mélanger.
MATHIEU : Et la botte de Nevers ?
DUC : La vraie ou celle que tu utilises ?
MATHIEU : La vraie, bien sûr !
DUC : (lui lance son épée et sort celle qui se trouve dans son fourreau) En garde,
jeune homme !
MATHIEU : Avec plaisir, monsieur le duc.
En musique, le duc et Mathieu font une sorte de ballet d’épées. Puis ils se saluent.
DUC : Compris, jeune homme ?
MATHIEU : Oui, monsieur le duc ! La vraie botte de Nevers n’a plus de secret pour
moi.
DUC : Alors, adieu ! Et relis tes classiques : « Le bossu » de Paul Féval... Une
référence ! (s’éloigne)
MATHIEU : Et votre épée ?
DUC : Cadeau ! En souvenir de moi !
MATHIEU : Merci ! Adieu, monsieur le duc !
Le duc disparaît. Éclairage normal.
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Scène 15
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée, Marin)
Les autres écoutent, intrigués.
MATHIEU : Tu as vu ça, Marianne ?
MARIANNE : Au point où on en est... on peut s’attendre à tout !
MATHIEU : Tu l’as pris en photo, j’espère ?
MARIANNE : (manipule son appareil) Oui, mais on ne voit que toi. Nous avons tous
été victimes d’un mirage.
MATHIEU : Et tu avais photographié Théophile ?
MARIANNE : Idem ! Pas l’ombre d’un haltérophile dans l’appareil.
MATHIEU : Je ne comprends pas. (montre l’épée) Et cette épée ? Je l’ai bien en
mains...
CLÉMENCE : On est peut-être en train de rêver et on va se réveiller ici ou dans notre
lit...
JEANNE : Ah, non, je n’ai pas envie de me réveiller, c’est trop cool !
AUDREY : Jeanne a raison. C’est la première fois qu’on ne s’ennuie pas dans une
fête de famille.
DOROTHÉE : Ça ne marche pas à tous les coups... Je l’ai toujours dit. Mais vous ne
rêvez pas, mes petits chéris... (regarde dans sa boule et pousse un cri strident)
Aaaaaaaaah ! (tous se bouchent les oreilles) Je le vois !
TOUS sauf Marjolaine : Qui ?
Désirée écoute, tétanisée.
DOROTHÉE : Il erre sur une plage, une noix de coco sous le bras... Coco, mon coco !
AIMÉE : Pauvre Tatie. Elle a dû oublier de prendre ses gouttes ce matin...
MARIANNE : Mais de qui parle-t-elle ?
DOROTHÉE : Barbu, poilu... Il est méconnaissable. Il n’y a pas de coiffeur sur cette
île minuscule, perdue au milieu du Pacifique. En plein dans le mille, mon coco ! Tout
le monde te croyait mort, Kiki-le-ressort !
NICO : De qui s’agit-il, Tatie Dorothée ? Dis-le-nous.
DOROTHÉE : Marin Dodousse, j’ai reconnu sa frimousse !
Désirée s’évanouit. Robinson et Clémence la rattrapent à temps.
ROBINSON : Tatie Dorothée, arrête d’inventer des trucs pareils !
DOROTHÉE : Taratata ! J’ai toujours dit la vérité, mon petit bonhomme. Ce n’est pas
à mon âge que je vais changer.
DÉSIRÉE : (se relève) Si tu ne mens pas, Tatie chérie, fais-le venir ici... Je t’en
supplie.
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ROBINSON : Maman, ne te fais pas d’illusion. C’est du pipeau !
DOROTHÉE : Je vais essayer, Désirée... mais je n’ai jamais déplacé de vivant d’un
point à un autre. Point à la ligne et gardez l’hameçon pour vous ! (agite les mains)
Baissez la lumière !
Quelqu’un baisse la lumière. Musique bizarre. Dorothée bouge les mains au-dessus
de sa boule clignotante. Trois coups retentissent. Tous sont attentifs, sauf Marjolaine
qui est sur son petit nuage, et Robinson que la situation exaspère.
DOROTHÉE : Tire la chevillette et la bobinette cherra !
De nouveau, trois coups retentissent. Jeanne court vers la porte.
JEANNE : Y a personne !
CLÉMENCE : (en montrant le côté buffet) Ça vient de là !
DOROTHÉE : C’est la crème des hommes. Il lui avait conté fleurette à notre fleuriste.
On l’a cru mort, sans fleurs ni couronnes... Il va enfin avoir sa part du gâteau.
De nouveau, trois coups retentissent.
CLÉMENCE : Oui, ça vient du gâteau ! Il y a quelqu’un à l’intérieur.
Musique. Mathieu, Clémence et Robinson poussent le gâteau (énorme carton dans
lequel l’acteur Marin s’est glissé par l’arrière) vers le milieu de la scène.
Clémence prend l’épée de Mathieu et fait semblant de couper le haut du gâteau. Il en
sort Marin, barbu, poilu, vêtu de guenilles et qui tient une noix de coco sous le bras.
Marianne prend des photos.
DÉSIRÉE : Marin !
ROBINSON : Clémence, pince-moi ! (Clémence le pince) Ouille !
MARIN : (na pas l’air de comprendre ce qu’il lui arrive) Qu’est-ce que je fais là ? Mais
qu’est-ce que je fais là ?
DÉSIRÉE : (s’approche de Marin à pas lents) Marin, regarde-moi !
MARIN : Désirée ! Comme chaque nuit depuis vingt ans, je suis en train de rêver de
toi.
DOROTHÉE : Ça a marché, je n’en reviens pas. Il faudra que j’en parle à mon cheval
de bataille. (regarde Marin et hoche la tête, tout en caressant sa boule de cristal) Il
aurait besoin d’un bout de coup de ciseaux, ce drôle de zigoto... La boule à zéro, ça
lui irait bien.
Marin lance la noix de coco à Marjolaine qui la rattrape au vol. Désirée et Marin
tombent dans les bras l’un de l’autre.
DÉSIRÉE : Marin !
MARIN : Désirée !
ROBINSON : (demande à Émile, Aimée et Honorée) C’est vraiment mon père, Marin
Dodousse, le célèbre navigateur disparu il y a vingt ans ?
ÉMILE : Sans l’ombre d’un doute, bien que toute cette histoire soit abracadabrante.
N’est-ce pas, Cendrillon ? (Honorée lui lance un regard noir) Pardon, mon chou.
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MARIANNE : (montre les photos qu’elle a prises avec son appareil numérique)
Regarde, Robinson... Pas d’illusions d’optique, il apparaît sur toutes les photos. C’est
hallucinant. (Robinson reste les bras ballants) Alors, qu’est-ce que tu attends ?
Musique. Robinson embrasse son père, tout ému.
Scène 16
(Honorée, Désirée, Aimée, Émile, Marianne, Mathieu, Audrey, Nico, Jeanne,
Marjolaine, Robinson, Clémence, Dorothée, Marin, Sherlok, cyclistes)
Trois coups retentissent.
TOUS sauf Marjolaine, Marin et Désirée : Encore ?
Les cyclistes arrivent sur scène, l’un d’eux est Sherlok ; et s’arrêtent. S’il n’y a que 16
acteurs, il ne reste qu’un seul cycliste — à part Sherlok — celui-ci porte le maillot
jaune, Nico va lui serrer la main. S’il n’y a que 15 acteurs, pas de cycliste dans la
dernière scène à part Sherlok (supprimer ce qui le concerne).
Sherlok saute de vélo ; l’autre cycliste va ranger les vélos sur le côté de la scène, puis
boit un verre offert par Émile.
SHERLOK : 998 001 pas et 999 coups de pédale ! C’est ici qu’il doit se trouver. Plus
besoin de brouiller les pistes. (montre Marin) C’est lui !
MARIN : Moi ?
SHERLOK : Vous avez bien jeté une bouteille à la mer, un appel au secours avec
votre portrait griffonné dessus ?
MARIN : C’est exact.
SHERLOK : (sort la bouteille, puis le message de son sac) La voici ! Je l’ai trouvée le
mois dernier... (montre le message à tout le monde) et j’ai suivi mon instinct qui ne me
trompe jamais, foi de Sherlok. 998 001, le compte est bon !
Marjolaine se lève, toute souriante, et jongle avec la noix de coco.
MARJOLAINE : (aperçoit Marin) Marin, tu es de retour ? Tu arrives du paradis avec
ton look d’enfer ?
MARIN : Je suis un peu perturbé. Il faut me laisser le temps d’atterrir.
MARJOLAINE : Ah, tu es venu en avion. Ce doit être le décalage horaire.
(chantonne, toute guillerette) 90 ans de bons et loyaux services !
MARIN : (surpris, s’adresse aux autres) Qu’est-ce qu’elle a changé en 20 ans, ma
belle-mère. Elle n’a plus rien d’une sorcière...
DÉSIRÉE : Je t’expliquerai, Marin. Je t’expliquerai...
Désirée et Marin vont s’asseoir, yeux dans les yeux, main dans la main.
JEANNE : Alors, ça t’a plu, ton anniversaire, mamie Marjolaine ?
MARJOLAINE : Je n’ai jamais vécu une journée aussi extraordinaire.
TOUS sauf Sherlok, les cyclistes et Marin : (étonnés) Extraordinaire ?
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MARJOLAINE : Et je vous dis merci.
TOUS sauf Sherlok, les cyclistes et Marin : (étonnés) Merci ?
DOROTHÉE : Je commence à croire que les miracles, ça existe ! (lève la tête) Merci,
Théo... et chapeau sous ton chapiteau !
JEANNE : Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
MARJOLAINE : C’est ma fête, oui ou non ? (tous font oui de la tête, s’attendant au
pire) Alors, c’est moi qui décide ! (tous grimacent, catastrophés) On finit par une
chanson ! (tous soupirent, ils l’ont échappé belle)
Les acteurs musiciens prennent leurs instruments (s’il y en a). Jeanne distribue les
maracas, Audrey les feuilles, Nico prend les trois bébés dans ses bras, Marianne
prépare la musique (s’il y a des musiciens, ils peuvent accompagner la chanson), tous
se mettent en place face au public.
MARIANNE : Musique, maestro !
Chanson (début) : Vive mamie Marjolaine !
refrain : Joyeux anniversaire !
Viv’ mamie Marjolaine !
...
Enregistrement : les bébés se mettent à hurler. Ceux qui les tiennent les secouent
pour essayer de les calmer.
Les bébés crient, Jeanne secoue les maracas. Audrey va chercher les biberons dans
le landau et les lance à ceux qui tiennent les poupons.
En même temps, les trois acteurs qui tiennent les poupons placent le biberon sur la
bouche... Les hurlements s’arrêtent.
MARIANNE : Musique, maestro !
Chanson : Vive mamie Marjolaine !
refrain : Joyeux anniversaire !
Viv’ mamie Marjolaine !
Joyeux anniversaire !
Tu es vraiment la reine !
1- C’était une acrobate
qui vivait dans un cirque.
(au besoin le bis est chanté par ceux qui ont plus de mal)
Pas de fil à la patte,
elle était fantastique.
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2- C’est là qu’ell’ rencontra
un bel haltérophile.
Celui qu’elle épousa
s’appelait Théophile.
3- À 90 ans,
pas besoin de béquille !
À 90 ans,
on dirait un’ jeun’ fille !
finir par 2 refrains de suite.
Sonnerie de portable. Mathieu prend son portable et répond.
MATHIEU : Allô ? Delphine ?..... Oui, je t’entends..... J’arrive tout de suite. (raccroche)
HONORÉE : Un problème, Mathieu ?
MATHIEU : (à tous) Les contractions ont commencé ! Je file ! (embrasse Marjolaine)
Ma femme va accoucher d’une petite fille. Elle va naître juste 90 ans après toi. On va
l’appeler Marjolaine, qu’en dis-tu ?
MARJOLAINE : (prend les maracas de Jeanne) Yessssssssssssssss ! (grand sourire)
Ça, c’est un super cadeau ! (elle peut finir par une figure acrobatique)
Noir.
Fin
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