DOSSIER D`INFORMATION Observation sur les pesticides

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DOSSIER D`INFORMATION Observation sur les pesticides
DOSSIER D’INFORMATION
Observation sur les pesticides
(2ème trimestre 2006)
Sommaire :
1 - Les pesticides, qu’est-ce c’est ?
2- Insecticides utilisés dans la maison : attention danger
-
Nouvelle tendance
Origine naturelle mais pas inoffensif !
Facilité d’utilisation et efficacité, à quel prix ?
Le premier réflexe : la prévention
Avons-nous peur de la nature ?
3- Les pesticides sont-ils dangereux ?
-
A priori, une aubaine
Environnement
Santé humaine
Organismes Génétiquement Modifiés (OGM)
Les pays du Sud, premières victimes
4- Rémanence des pesticides dans la maison
5- Quelles mesures de prévention ?
-
Recommandations générales
6- Modes de remédiation
-
Méthodes de lutte mécanique
Remèdes « maison »
Traitements chimiques de remédiation
Références
Pour des solutions alternatives aux pesticides, vous pouvez également télécharger sur
www.ecoconso.be ou commander au 071/300.301 :
-
« Je peux éviter d’utiliser des pesticides à la maison ! », fiche d’information de la série La Santé et
l’Habitat, édité par Espace Environnement et le Réseau Eco-consommation, juin 2003
la fiche-conseil n°22, « Lorsque l’utilisation d’un biocide est inévitable »
la fiche-conseil n°23, « La lutte naturelle contre les ‘pestes’ du jardin »
la fiche-conseil n°42, « Lutter contre les mauvaises herbes »
la fiche-conseil n°61, « La lutte contre les moustique n°1 »
la fiche-conseil n°69, « La lutte contre les moustique n°2 »
ainsi que d’autres fiches-conseil pour lutter contre les blattes, les poux, les limaces…
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1 - Les pesticides, qu’est-ce c’est ?
Le terme pesticide, dérivé du mot anglais pest, désigne les substances ou préparations utilisées pour la
prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes jugés indésirables, qu'il s'agisse de plantes,
d'animaux, de champignons ou de bactéries. Il s'agit donc, par définition, de substances toxiques.
Dans le domaine de l’agriculture, on les appelle "produits phytosanitaires" (ou "phytopharmaceutiques").
De manière plus générale, on parle parfois aussi de "biocides" ou "biopesticides", une appellation
ambiguë : d'aucuns pourraient penser qu'il s'agit de produits "bio". Mais il décrit pourtant bien ce qu'il
désigne : quelque chose qui tue (-cide) des organismes vivants (bio-).
Les pesticides sont connus depuis l’antiquité et sont répartis en plusieurs familles, selon la "peste" qu’ils
visent :
• les insecticides, tuent les insectes ;
• les herbicides, tuent les végétaux ;
• les fongicides, tuent les champignons ;
• les rodenticides, tuent les rongeurs.
On peut également citer : les germicides, qui tuent les graines, les molluscicides, qui tuent les
mollusques, les nématicides, qui tuent les nématodes (ou vers ronds), les raticides, qui tuent les rats…
Au départ, les pesticides ont été considérés comme une aubaine dans la lutte contre les vecteurs de
maladies et contre les ravageurs des cultures. Grâce à eux, on a pu augmenté de manière importante les
capacités de production agricole et nourrir une population en constante croissance. Mais, comme le
souligne dès les années '50 la biologiste américaine, Rachel L. Carson, dans son ouvrage intitulé "Le
printemps silencieux", un pesticide n’est pas spécifique à l’espèce visée, il en tue d’autres. De plus, la
persistance de ces substances et leur toxicité, ajoutées à une dispersion à l'échelle mondiale, entraînent
de nombreux effets négatifs, qui ne font que se multiplier depuis une cinquantaine d'années.
Aujourd’hui, on le sait, les pesticides sont des produits dangereux pour la santé de l'homme, pour la
faune et la flore. Ils perturbent les écosystèmes et menacent la biodiversité.
© PAN Belgium 2004
2- Insecticides utilisés dans la maison : attention danger
On a recours très facilement à des produits pour nous débarrasser des insectes qui pénètrent dans nos
habitations. Cela concerne aussi les parasites pour chiens et chats.
Ces insecticides doivent à la fois lutter contre les insectes nuisibles et être inoffensifs à l’égard de
l’homme. Mais en fait, ces exigences sont-elles conciliables ? Malheureusement elles ne le sont pas. Il a
été démontré que l’utilisation d'insecticides dans la maison est particulièrement dangereuses et peut être
à l’origine de maladies graves. De plus, à l'intérieur, ces insecticides se dégradent très lentement et
imprègnent pour longtemps les sols, les tapis, le mobilier, les tentures, la poussière... prolongeant notre
exposition à ces substances toxiques.
L’utilisation d’insecticides à l’intérieur est encore facilitée par le fait que de nombreux fabricants leur
attribuent des slogans tels que « parfaitement inoffensif », « naturel » ou « respectueux de
l’environnement ». Mais quelles sont les substances contenues dans ces nouveaux insecticides ? Se
limitent-elles à attaquer les insectes nuisibles et sont-elles vraiment inoffensives pour nous ?
Nouvelle tendance
Il y a quelques années encore, les insecticides contenaient des substances qui sans nul doute étaient
dangereuses pour l’homme (par exemple : Dichlorvos, Chlorpyrifos, Propoxur, Lindane). Aujourd’hui ils
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sont pour la plupart à base de pyrèthre, un produit d’origine végétale et de pyréthrinoïdes synthétiques de
la même famille. Ces substances sont sensiblement moins dangereuses, mais pas dénuées de risques
comme on le verra par la suite.
Les anciens Perses et Chinois savaient déjà, du moins de façon indirecte, que le pyrèthre agit contre les
insectes : ils broyaient les pétales d’une certaine espèce de chrysanthème contenant du pyrèthre pour
produire une poudre anti-puces. Aujourd’hui on obtient le pyrèthre en l’extrayant des fleurs. Ce pyrèthre
naturel se dégrade très vite, son effet anti-insectes ne persiste pas très longtemps. C’est pour compenser
cette caractéristique que l’industrie chimique a créé des substances analogues, les pyréthrinoïdes
synthétiques à toxicité variable. Les pyréthrinoïdes, tout comme le pyrèthre, agissent sur le système
nerveux.
Origine naturelle mais pas inoffensif !
Bien que la plupart des insecticides « intérieurs » qui sont aujourd’hui commercialisés soient à base de
substances qui sont moins toxiques, l’amélioration n’est donc pas suffisante. Des risques pour la santé et
l’environnement persistent. Les enfants en font souvent les frais, ainsi que les asthmatiques et les
allergiques. Au-delà, les intoxications sont souvent dues à des mauvais usages (il ne faut pas oublier de
lire la notice !).
Les extraits de pyrèthre peuvent contenir des impuretés de la plante, notamment des pollens,
susceptibles de déclencher des allergies. De plus, les insecticides à base de pyrèthre naturel contiennent
souvent des adjuvants pour en améliorer l’efficacité, adjuvants qui s’avèrent dangereux pour la santé.
En fait, pour prolonger la durée de vie des pyrèthres naturels (rapidement dégradés par la lumière) et de
certains pyréthrinoïdes de synthèse, on ajoute une substance appelée Piperonyl Butoxyde (PBO). Le
problème est qu’elle inhibe la désintoxication qui s’opère dans notre organisme en cas d’absorption de
pesticides, ce qui est négatif du point de vue toxicologique. Son absorption pourrait donc augmenter la
toxicité d'autres pesticides auxquels l'homme serait exposé.
En ce qui concerne les pyréthrinoïdes de synthèse, ils peuvent occasionner de graves problèmes de
santé en cas d’exposition prolongée : désordres cérébraux et de la locomotion, diminution de l'immunité
après intoxication aiguë ; certains sont classés cancérigènes possible pour l'homme selon l'Agence de
Protection de l'Environnement américaine (EPA) et/ou perturbent le système hormonal chez l'animal de
laboratoire et au niveau de la faune sauvage…
(http://www.pan-belgium.be/2_approfondir/proprietes_pesticides_1.htm)
En outre, ils peuvent être à l’origine de fourmillements intenses en cas de contact direct et prolongé avec
le corps. Les produits insecticides qui en contiennent (diffuseurs, moustiquaires imprégnées…) peuvent
aussi occasionner des irritations de la peau et des yeux, à cause des solvants organiques utilisés pour
dissoudre les substances actives.
Facilité d’utilisation et efficacité, à quel prix ?
On constate que l’efficacité et la facilité d’utilisation dans la lutte contre les insectes va en général de pair
avec une toxicité accrue pour l’homme.
Par exemple, les évaporateurs électriques contiennent des pyréthrinoïdes volatils qui s’évaporent dans
l’air ambiant tant que l’appareil est branché. L’exposition à ces substances est donc continue !
De même, le conditionnement en spray (bombe aérosol) est dépassé ! Du point de vue écologique, il est
déraisonnable puisqu’on emploie un grand emballage pour peu de contenu. Contrairement aux
vaporisateurs, les sprays ne peuvent pas être rechargés. En tant qu’insecticides, ils sont plus toxiques,
parce qu’ils produisent une brume très fine qui atteigne les poumons et, en outre, ils présentent un risque
d’explosion à cause du gaz propulseur (butane ou propane).
Si vous êtes néanmoins amenés à utiliser des insecticides en spray, pensez à quelques consignes de
sécurité :
• Utilisez un spray uniquement dans les pièces vides de tout occupant et aérez après.
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•
•
•
Une application précise signifie qu’il faut vaporiser là où les insectes se cachent (fissures,
derrière les armoires…) et pas en excès !
Dépoussiérer les pièces avant de vaporiser le produit. Les substances actives se logent dans les
poussières qui pourront ensuite être inhalées.
Il faut signaler que ces substances sont hautement toxiques pour les poissons ; penser à
protéger l’aquarium lors de vaporisation de produits en contenant.
Le premier réflexe : la prévention
Les insectes sont certes très importuns, voire nuisibles s’ils s’installent dans nos réserves alimentaires.
Mais il ne faut pas pour autant recourir immédiatement aux biocides. Quelques alternatives :
1. Les aliments secs (céréales, légumes secs, sucre, etc.) doivent être correctement stockés en un lieu
qui n’est ni trop froid ni trop humide et dans des récipients étanches.
2. Il y a moyen de prévenir l’entrée des moustiques dans la maison :
• Les toiles d’araignées sur les châssis des fenêtres constituent une excellente moustiquaire
naturelle. Lorsqu’il y a trop de moustiques, le placement d’une moustiquaire adaptée à la fenêtre
est la plus efficace des armes préventives (aussi valable pour les mouches).
• Mettez des pots avec des plants de tomates sur le rebord de la fenêtre. Les moustiques
n’apprécient pas du tout l’odeur dégagée par les feuilles. Ils n’apprécient pas non plus : la
citronnelle, la lavande (mettez de l’essence de lavande dans un gobelet), l’eucalyptus (l’huile et
les feuilles), les pelures d’oignon, le vinaigre.
• Les pièges ultraviolets n’ont pas recours à la chimie, mais ils ne sont pas recommandés. Ils
attirent bien d’autres insectes (utiles, un tout cas d’un point de vue humain) qui sont aussi
éliminés.
3. Les fourmis marquent leur chemin par des traces d’odeurs, elles ne peuvent plus s’orienter si celles-ci
manquent. On peut les chasser par un bon nettoyage (à l’aide d’un nettoyant universel). Mais on pourra
aussi les déranger en plaçant des feuilles de fougère ou de tomate , quelques gouttes d’huile de lavande
ou de citron sur leur trajet.
Avons-nous peur de la nature ?
Notre besoin de nature prend des airs grotesques lorsque nous attaquons cette même nature avec
d’importants moyens chimiques dès qu’elle nous touche de trop près. Pensons toujours aux méthodes de
prévention. Certes, cela demande un peu plus de temps ou de ressources pour changer notre mode de
vie, mais l’effort vaut la peine. La santé n’a pas de prix !
Dossier de « L’art d’éco…consommer ! », mai 2006
3- Les pesticides sont-ils dangereux ?
A priori, une aubaine
Il est important de souligner qu'à ce jour, des centaines de millions de personnes souffrent de la faim.
Pour assurer à la population mondiale assez de nourriture à un prix abordable, l'agriculture a été
envisagée de manière scientifique au siècle dernier déjà et industrialisée à grande échelle par la suite.
Pour atteindre la production nécessaire, il fallait développer des stratégies de cultures novatrices et
autoriser de nouveaux produits chimiques ou organiques, comme les engrais, les insecticides, les
fongicides et les herbicides. D'autre part, l'utilisation d'insecticides dans la lutte contre les vecteurs de
maladies ont permis une amélioration des indicateurs de santé. Ceux-ci reflètent le bon état de santé
général de la population, ainsi que la baisse de la mortalité précoce, une diminution des carences
vitaminiques, des maladies infectieuses et des troubles de la croissance.
La qualité des aliments a progressé et ne cesse de s'améliorer. Les variations de culture parviennent à
dépasser l'offre saisonnière, à améliorer le goût et à proposer de nouveaux fruits, pour le plus grand
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plaisir du consommateur de plus en plus exigeant et critique. Maintenant que l'offre, la qualité et la
diversité sont suffisantes, le consommateur accorde une plus grande attention à la sécurité du produit,
préoccupation récente et objet de la recherche scientifique appliquée actuelle. Le consommateur est
également de plus en plus attentif aux conséquences écologiques et éthiques de son mode de vie.
Environnement
La présence importante de résidus présents dans l'air, le sol, les rivières, les lacs et les mers, s'insinuant
tout au long des chaînes alimentaires, est à l'origine d'une réduction de la biodiversité et de profonds
bouleversements des écosystèmes. Ceci est dû notamment à la bioaccumulation des substances (c'està-dire la concentration croissante à chaque niveau de la chaîne alimentaire).
Par ailleurs, la multiplication des traitements par pesticide a pour effet de favoriser l'apparition de
résistances chez les organismes visés (insectes, acariens, ...), ce qui implique l'utilisation de doses de
plus en plus massives et de produits de plus en plus dangereux.
Par ailleurs, certains de ces produits se caractérisent également par leur rémanence, c'est-à-dire qu'une
fois qu'ils se retrouvent dans la nature ou dans un organisme vivant, ils disparaissent très lentement et
prolongent leurs effets toxiques.
Santé humaine
S'il est vrai que la toxicité immédiate des produits utilisés est généralement faible, il semble exister
actuellement des signes indiquant que l'utilisation de certains produits chimiques peut à long terme nuire
gravement à la santé publique.
Les travailleurs du secteur de la fabrication, les agriculteurs et autres utilisateurs, ainsi que toute la
population sont touchés suite à la manipulation des pesticides (à usage agricole ou ménager), ainsi que
par les résidus présents dans l'air, l'eau et les aliments. Aujourd'hui, les cas d'empoisonnement directs se
comptent par millions. Les pesticides sont aussi pointés du doigt comme cause de nombreuses
intoxications chroniques plus vicieuses :
• pathologies affectant certains organes (foie, reins, poumons)
• allergies
• effets neurotoxiques
• diminution de l'immunité
• effets cancérigènes
• effets tératogènes (malformations des embryons) et mutagènes (transformation du matériel
génétique)
• impact sur la fécondité
• troubles hormonaux
• ...
Organismes Génétiquement Modifiés (OGM)
Ces dernières années, l'agriculture fait de plus en plus souvent appel à des Organismes Génétiquement
Modifiés (OGM). Lorsqu'on parle d'OGM, cela signifie qu'un gène étranger a été introduit dans le génome
(l'ensemble des gènes, qui forment les chromosomes – c'est-à-dire le plan de construction et de
fonctionnement de l'organisme). Ce gène étranger confère à l'organisme une nouvelle propriété, comme
par exemple la résistance à un herbicide.
Le problème, c'est que la culture des plantes rendues résistantes à un herbicide a pour effet de ne plus
limiter l'épandage de cet herbicide, avec, comme conséquences un accroissement de tous les problèmes
expliqués plus haut :
• Augmentation du risque de résistance des plantes concurrentielles (résistance également
susceptible d'être transmise à partir de la plante modifiée)
• Présence d'importants résidus d'herbicide dans les plantes cultivées… et consommées ;
• Perte de biodiversité des écosystèmes
• Contrainte d'une double dépense pour l'agriculteur (semences modifiées + herbicide)
• Dans le cas où les plantes ont été modifiées pour produire elles-mêmes un insecticide, il y a un
risque d'augmentation de la vitesse d'apparition de résistance des insectes à cet insecticide
• Dans tous les cas de dissémination de plantes modifiées, il y a disparition de variétés locales.
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Les pays du Sud, premières victimes
Face aux pesticides et aux OGM, tout le monde n'est pas sur un même pied d'égalité. Le lobbying des
grands groupes industriels et le commerce mondial combinés à la situation économique et sociale des
pays du Tiers Monde font des ravages.
Alors que les pays industrialisés légifèrent pour interdire les produits les plus dangereux et protéger ainsi
leur population, les pays du Sud continuent à importer et fabriquer ces substances dangereuses et à en
subir les conséquences.
Du fait du manque d'information et d'infrastructure médicale, beaucoup d'accidents ne peuvent être
évités. Le climat décourage souvent aussi le port de vêtements de protection.
© PAN Belgium 2004
4- Rémanence des pesticides dans la maison
Les enquêtes réalisées aux USA pour évaluer la rémanence des pesticides dans la maison et leur impact
sur la santé des enfants ont montré que les poussières (remises en suspension) et l'air des maisons sont
de véritables réservoirs de résidus de pesticides (BERTEAU and MENGLE, 1986; ROBERTS and
CAMANN,1989; FENSKE et al.,1990; LEWIS et al., 1994; WHITMORE et al., 1994; PAUSTENBACH,
1997). De nombreux pesticides se dégradent moins vite à la maison que dans l'environnement extérieur
car ils sont protégés de la lumière solaire, de la pluie, des températures extrêmes et de la plupart des
actions microbiennes.
Des contrôles et mesures effectués dans l'air ambiant intérieur, sur les mains des jeunes enfants, sur le
mobilier, les tapis, tentures… ont mis en évidence que ce sont les tapis qui renferment le plus haut taux
de résidus. L'enfant qui court "à quatre pattes" sur un tapis respire un air où la concentration en résidus
est bien supérieure à celle trouvée dans l'air respiré par l'adulte. Il absorbe également des résidus en
portant ses mains à la bouche. Même les jouets en plastique se sont avérés être une source de
contamination comme le montrent les mesures effectuées dans deux appartements traités avec du
chlorphyriphos, cet insecticide à large spectre fréquemment détecté dans d'autres enquêtes
(GURUNATHAN, 1998). Il convient de remarquer que certains résidus peuvent persister jusqu'à quatre
ans dans les tapis et que ni le nettoyage à sec ni les aspirateurs ménagers ne sont capables d'en réduire
significativement la concentration (WHITMORE, 1994). A cause de son poids plus faible et de son
absorption plus importante de poussières, certains auteurs (dont HAWLEY, 1985) estiment que les
enfants courent un risque associé à l'exposition au moins 12 fois supérieur à celui des adultes lorsqu'ils
sont confrontés à des substances toxiques présentes dans les poussières de maison.
« Pesticides à usage domestique. Risques pour la santé. »,
Pesticides Action Network (PAN) Belgium, 1999
5- Quelles mesures de prévention ?
Recommandations générales
La prévention regroupe les différents gestes à mettre en place par la population pour éviter l’apparition
des nuisibles.
Obturer les fissures
Le premier moyen de défense est de s’assurer que les organismes nuisibles ne s’introduisent pas dans
les habitations. Les insectes rampants passent par les fissures tandis que les insectes volants passent
par les portes et les fenêtres ouvertes.
Il est avisé de procéder à une inspection annuelle des fondations et des revêtements extérieurs pour
calfeutrer les fissures. On doit veiller particulièrement à sceller les sorties extérieures des fils électriques
et des tuyaux de plomberie. S’assurer que les coupe-bise des seuils de porte sont en bon état et que les
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portes et fenêtres ferment de façon hermétique. Vérifier si l’état des grillages des vides sanitaires et les
moustiquaires des évents d’entre toit sont en bon état. S’assurer qu’ils sont scellés à la périphérie.
Utiliser des moustiquaires
Les moustiquaires des fenêtres constituent un excellent moyen de couper l’accès de la maison aux
insectes, mais les portes moustiquaires sont moins efficaces. Les mouches et les moustiques sont attirés
par l’odeur des aliments ou par les personnes.
C’est pourquoi ils se tiennent autour des portes moustiquaires et pénètrent à l’intérieur chaque fois
qu’elles s’ouvrent. Lorsqu’on installe ces portes, il faut les équiper d’un mécanisme de fermeture à ressort
assez puissant pour fermer la porte rapidement et la garder fermée de façon étanche.
Gérer l’éclairage
Pour éviter d’avoir des problèmes avec les insectes, il est important de concevoir et de gérer l’éclairage
extérieur de façon appropriée. On doit éviter de laisser allumées les lumières de portique pendant toute la
soirée parce que les insectes s’assemblent autour d’elles. Chaque fois que s’ouvre la porte, ils sont
entraînés à l’intérieur. On doit réduire le plus possible la durée d’éclairage en n’allumant que lorsque c’est
nécessaire.
Les dispositifs d’éclairage à détection, qui se déclenchent lorsqu’ils perçoivent un mouvement, sont
idéaux parce qu’ils permettent d’éclairer le terrain lorsque des visiteurs s’approchent et qu’ils s’éteignent
quelques minutes plus tard. Au moment d’installer de l’éclairage autour de la maison, ne pas installer de
dispositifs d’éclairage directement au-dessus des portes.
Installer les projecteurs pour illumination et à lumière dirigée à environ 1 m de la porte et orienter
l’éclairage vers l’escalier ou vers le portique. Cela permet de bien éclairer ces surfaces et tient le nuage
d’insectes éloigné de la porte. Utiliser des ampoules jaunes pour l’éclairage du terrain. Les mouches et
les papillons de nuit sont moins attirés par ces ampoules que par les ampoules blanches. Pour éloigner
les araignées des murs extérieurs et les empêcher de tisser leur toile près de la porte, il est conseillé de
placer les dispositifs d’éclairage à une certaine distance de celle-ci car ils attirent les insectes en grand
nombre.
Gérer les ordures
Conserver les ordures dans des contenants résistants qui ferment de façon étanche et laver
régulièrement ces contenants. De cette façon, les mouches ne s’y reproduisent pas et les insectes y sont
moins attirés. S’il est possible de mettre quotidiennement les déchets domestiques au compostage, les
ordures contiendront peu de matières susceptibles d’attirer les insectes.
Lorsque le compostage est impossible, fermer les sacs d’ordures de façon hermétique et ne pas les
laisser traîner longtemps avant de les mettre dans une poubelle fermée. Si le compost n’est pas fabriqué
dans un composteur, il faut éviter de laisser à découvert les déchets domestiques qu’on y a ajouté;
couvrir ces déchets de terre, de compost transformé de feuilles ou d’autres matières qui attirent moins les
organismes nuisibles. Ne pas laisser s’accumuler de vieux vêtements, de journaux et de déchets dans
les pièces d’entreposage, le garage et les endroits peu fréquentés, car ce sont de bons abris pour les
organismes nuisibles qui s’y réfugient et s’y reproduisent.
Éliminer les milieux humides
Les problèmes d’humidité ont souvent pour origine la vapeur d’eau qu’on produit dans la maison.
Dans la maison, nous produisons beaucoup de vapeur d’eau en respirant et en transpirant. Mais aussi,
lorsque nous prenons un bain ou une douche, préparons les repas, faisons la lessive ou la vaisselle.
Ainsi, l’air de la maison contient toujours de la vapeur d’eau invisible.
Voici quelques idées pour produire moins de vapeur d’eau :
• Un couvercle sur une casserole permet de garder la vapeur d’eau à l’intérieur de la casserole.
• Il est préférable de faire sécher le linge à l’extérieur. En hiver, s’il est bien aéré, un local séparé des
pièces de vie est un bon endroit pour pendre le linge. Les séchoirs à linge devraient toujours avoir un
conduit d’évacuation vers l’extérieur (sauf les séchoirs à condensation qui produisent beaucoup
moins de vapeur d’eau).
• 1 litre de pétrole brûlé dans un poêle non raccordé à une cheminée produit 1 litre d’eau dans la pièce.
Evitez l’usage prolongé du poêle sans aérer la pièce.
• Pour empêcher les moisissures de s’installer derrière les meubles et les objets, évitez d’adosser
ceux-ci contre les murs froids et aérez régulièrement les armoires.
• Pour éviter la condensation de la vapeur d’eau, l’idéal est de maintenir en hiver une température
moyenne de 19°C dans les pièces de vie (salon, salle à manger, cuisine...) et de 15°C à 17°C dans
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•
les chambres à coucher. Pendant vos périodes d’absence, mettez le chauffage de la maison en
veilleuse sur 15°C.
Aérer les pièces de la maison pour en chasser l’humidité
Nettoyer régulièrement
Le fait de faire le ménage régulièrement à l’eau et de passer l’aspirateur abaisse la probabilité d’invasions
d’organismes nuisibles. Ne pas oublier de remplacer les sacs d’aspirateur car ce sont des milieux
propices à la reproduction de certains organismes nuisibles.
Pour en savoir plus sur la prévention par type de nuisibles, n’hésitez pas à contacter le Réseau
Eco-consommation ou à surfer sur www.pan-belgium.be
6- Modes de remédiation
Comment peut-on éviter ou remédier à la présence de certains “nuisibles” sans trop nuire à la santé et
l’environnement ? Dans le questionnaire de recherches, le Réseau Eco-consommation propose une liste
de produits acceptables. Ci-dessous, quelques explications sur les méthodes de lutte, les types de
produits retenus et leurs composants.
Méthodes de lutte mécanique
Les techniques utilisées sont basées sur trois principes:
-
Les piéges physiques : comme les pièges collant. L’exemple plus connu est le papier tuemouches.
-
La congélation : de nombreux insectes, particulièrement les teignes des vêtements et les
insectes trouvés dans les aliments entreposés, peuvent être détruits par le froid. Il suffit
d’envelopper les denrées dans des sacs de plastique fermés et de les laisser au congélateur
pendant quelques jours. De cette façon, on détruit la plupart des stades de vie de ces animaux et
on n’endommagera pas les tissus. Le temps que les denrées sont au congélateur ou après avoir
jeté les aliments infestés, passer l’aspirateur à fond et nettoyer les aires de rangement comme
les armoires pour empêcher toute nouvelle infestation.
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Les pièges lumineux et dispositifs à ultrasons : ces dispositifs ne sont pas conçus pour être
utilisés au foyer. Ils sont plutôt destinés à un usage intérieur dans les restaurants, les laiteries et
les installations industrielles.
Remèdes « maison »
Les recettes de confection maison de remédiation contre les indésirables font état du savoir populaire.
L’efficacité de la méthode dépend en grande mesure de la gravité de l’infestation. Il est conseillé de
doubler ces traitements par des méthodes de prévention pour renfoncer l’effet.
Traitements chimiques de remédiation
Proposition de définition de biocides alternatifs
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Fin 2004, on recensait quelque 450 biocides comprenant à peu près 100 substances actives sur le
marché belge. Des études plus poussées sur l’offre devant encore voir le jour, nous baserons nos
affirmations sur les résultats d’études françaises. L’organisation « 60 Millions de consommateurs » révèle
que les substances actives des produits biocides de grande consommation ne sont pas rassurantes.
Peut-on proposer aux consommateurs des produits à moindre risque pour la santé et l’environnement ?
En dehors de toute discussion relative à l’utilisation raisonnée des produits biocides traditionnels, la
question que nous tenterons de clarifier est : comment appliquer le principe de précaution ? Quelles sont
les substances actives problématiques ? Sur quelles bases ou critères sélectionner des biocides
alternatifs ?
L’offre et la demande
Les consommateurs ont recours à des biocides de manière ponctuelle, lorsqu’ils sont confrontés à un
problème d’insectes importuns ou d’organismes nuisibles et qu’ils veulent s’en débarrasser. La demande
fluctue en fonction des saisons et, parallèlement, le chiffre de ventes est conditionné par les conditions
climatiques qui influencent la multiplication des insectes.
Les produits biocides présents sur le marché sont soit à large spectre d’action, ciblant plusieurs familles
d’insectes (par exemple rampants et/ou volants) ou s’attaquant à un organisme en particulier, au rayon
d’action délimité. Les produits remportant le plus de succès parmi les consommateurs ont récemment
évolué et suivent deux tendances principales :
-
la facilité d’utilisation, lié au confort et même à l’esthétisme,
le retour aux arguments du « naturel » et « traditionnel », le tout lié à des méthodes anciennes,
souvent associé à une moindre nocivité.
Les produits phares sont les diffuseurs électriques longue durée (remplaçant les plaquettes), les
autocollants décoratifs (pièges anti-mouches), les aérosols remplacés progressivement par des pistolets.
Les autocollants sont des pièges à phéromones ou avec un appât alimentaire. L’insecte attrapé par la
glue est mis en contact avec un biocide. Aucune substance active n’est diffusée dans l’air et les appâts
sont enduits d’une substance au goût aigre pour éviter l’ingestion par des enfants.
Les extraits de plantes entrent de plus en plus dans la composition des produits (citronnelle, lavande,
reconnues par leur effet répulsif) et des allégations publicitaires vantant leur caractère naturel sont
courants. Ces produits pourraient faire penser à une nouvelle génération de biocides alternatifs. Pourtant,
certains de ces produits ne sont ni inoffensifs ni sans danger pour l’environnement.
Prospection d’alternatives et grille de critères
La recherche de produits biocides alternatifs a été basée sur la communication publicitaire du produit.
Des termes tels que « biologique », « naturel », « écologique » ou « alternatif » ont guidé la prospection
sur Internet.
Les critères généraux pris en compte sont de trois ordres : l’information disponible sur le produit
(composition, effets sur la santé et l’environnement), la facilité d’utilisation et l’efficacité.
Les informations disponibles pour le consommateur ont attiré notre attention. Rarement l’information sur
le produit est complète. La formulation n’est guère détaillée.
L’efficacité du produit dépend de sa formulation, le principe actif est important mais les adjuvants jouent
souvent un rôle décisif au niveau de la toxicité.
Le critère sur l’origine de la substance active soulève plusieurs questions : faut-il privilégier des
substances d’origine naturelle par rapport aux synthétiques ? Peut-on considérer les produits à base de
substances naturelles moins à risque ?
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Au niveau des critères de sécurité d’utilisation pour l’homme et l’environnement, trois niveaux d’analyse
ont été pris en considération :
Le premier élément tient compte de la formulation du produit. Certains adjuvants augmentent le risque.
C’est le cas du pipéronyl butoxyde, utilisé pour prolonger l’efficacité du pyrèthre et de quelques
pyrétrinoïdes.
Ensuite, une attention particulière doit être portée à l’étiquetage. La présence de pictogrammes désignant
les catégories de danger et/ou de phrases de risque est importante pour le consommateur. Ces
informations aident à prendre conscience de la prise de risque.
Enfin, un critère d’exclusion a été défini sur base de la liste élaborée par le PAN-UK, afin d’écarter les
substances actives dont la dangerosité a été prouvée scientifiquement.
Conclusions
La définition de biocides « alternatifs » ou « écologiques » est extrêmement difficile à établir. Il existe des
outils scientifiques pour l’analyse du risque qui devraient s’appliquer aux différents produits répertoriés.
Les critères proposés ici ne permettent pas d’arrêter une définition précise à cause du caractère évolutif
des évaluations des produits et du manque d’informations complètes sur les produits.
Néanmoins, la priorité peut être accordée aux substances actives d’origine naturelle, excluant celles qui
sont connues scientifiquement comme nocives (basé sur des études toxicologiques). Dans l’optique
d’une application du principe de précaution, nous excluons les substances soupçonnées d’être la cause
d’effets sur la santé et l’environnement. Par suspicion, les substances considérées potentiellement
problématiques sont également écartées.
Par ailleurs, les recommandations suivantes peuvent être faites :
-
préférer des solutions aqueuses par rapport aux solvants hydrocarbures (dérivés du pétrole) qui
peuvent causer des irritations de la peau ou des yeux ;
-
éviter les formules contenant du piperonyl butoxyde (PBO) dangereux pour la santé. Les huiles
végétales peuvent le remplacer sans nocivité, mais alors il faut savoir que l’activité du pyrèthre ou
du pyrétrinoïde associé, sera prolongée ;
-
bannir l’emploi d’aérosols qui augmentent l’exposition par inhalation du produit. Le brouillard
dispersé reste en suspension plus longtemps et le diamètre des gouttelettes est tel qu’elles
peuvent atteindre les poumons. En outre ce type de conditionnement n’est pas rechargeable et
nécessite l’emploi de gaz propulseurs. Il est donc préférable l’emploi de sprays à pompage
manuel.
-
Les produits à base de perméthrine sont à éviter. Cette substance est interdite pour l’utilisation
en agriculture et est suspectée cancérigène.
Insecticides alternatifs
Les produits actifs mentionnés sont principalement le pyrèthre et les pyréthrinoïdes synthétiques. Les
fabricants basent leur publicité sur l’affinité naturelle de ces composés, arguant l’innocuité du produit pour
l’être humain et l’environnement. Pourtant, ces allégations doivent être nuancées.
Le pyrèthre naturel (pyréthrum) d’origine végétale présente une toxicité à court terme puisqu’il est
photosensible et se dégrade rapidement sous l’action des rayons UV. La molécule n’est pas persistante
dans l’environnement ni dans l’organisme. C’est donc un choix logique pour limiter les risques mais qui
peut poser problème au niveau de l’efficacité du produit.
Pour palier à cet inconvénient, les pyréthrinoïdes de synthèse ont été crées et utilisés comme argument
de vente car elles ont la même structure moléculaire que le pyrèthre naturel, mais avec des variantes
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pour les rendre photorésistantes et persistantes (toxiques à long terme). Il existe un très grand nombre
de pyréthrinoïdes synthétiques à toxicité variable. Voir le site www.pesticides.be :
« Les pyréthrinoïdes sont très toxiques à extrêmement toxiques pour les poissons et la faune aquatique.
Dans cette famille, la perméthrine, la cyfluthrine et la tétraméthrine sont également toxiques pour les
abeilles. La d-alléthrine, l’esbiothrine, la bioalléthrine, la perméthrine, la cyfluthrine, la d-phénothrine, la
transfluthrine et la tétraméthrine sont suspectés d’être des perturbateurs du fonctionnement des
hormones. La perméthrine, la tétraméthrine sont qualifiés de cancérigènes possibles. La perméthrine
aurait des propriétés immunotoxiques. Les pyréthrines sont très probablement cancérigènes. »
Et concernant l’adjuvant pipéronyl butoxyde :
« Le pipéronyl butoxyde n’a pas d’activité insecticide propre mais il est ajouté aux produits pesticides
pour prolonger l’action des pyréthrinoïdes car il inhibe leur dégradation dans l’organisme. C’est un
cancérigène possible et un immunotoxique suspecté. Il inhibe également la dégradation des pesticides
organophosphorés comme le dichlorvos. Le dichlorvos est très toxique pour le système nerveux. C’est un
cancérigène possible. Il est suspecté d’être immunotoxique. Il est également très toxique pour la faune
aquatique. ».
Références
-
« Insecticides utilisés dans la maison : attention danger » , dans L’Art d’éco… consommer !,
mai 2006
-
« Les pesticides, qu’est-ce que c’est ? », Pesticides Action Network (PAN), 2004
-
« Consommation de biocides », dans Pesticides à usage domestiques. Risques pour la
santé., Pesticides Action Network (PAN) Belgium, 1999
-
« Les pesticides sont-ils dangereux ? », Pesticides Action Network (PAN), 2004
-
« Rémanence des pesticides dans la maison », dans Pesticides à usage domestiques.
Risques pour la santé., Pesticides Action Network (PAN) Belgium, 1999
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